• Comme pour le texte avec le 100e singe, il m’est arrivé ces jours-ci une aventure similaire.

    Au cours de quelque divagation sur la toile, j’avais entendu parler d’un livre, La Société toxique de Pryska Ducoeurjoly, je l’avais réservé au Médiabus puis oublié. Lors du dernier passage, il était disponible et j’en entamai la lecture (un compte- rendu viendra dans le flot de toutes mes lectures et écoutes débordant de partout, en son temps). Dans la deuxième partie, je fus interpellée par un chapitre sur le chlorure de magnésium et ses propriétés. Largement utilisé avant l’apparition de la pénicilline (à laquelle je suis allergique d’ailleurs), il est peu coûteux et soigne une foule de maladies, tracas et troubles. En référence, l’auteur citait un petit bouquin de Marie- France Muller, Le chlorure de magnésium, un remède miracle méconnu, Jouvence éditions 2010. Je me renseignai auprès de la pharmacie pour en connaître les différentes formes, leur prix, je prévus d’en discuter sérieusement avec mon médecin traitant. Les jours passèrent, sans plus.

    Lundi dernier, en raison d’un rendez- vous médical, je me trouvai non loin d’un magasin bio où j’aime aller acheter des produits en vrac nettement moins chers et sans emballage plastique. Je dis non loin mais je ne sais comment tout à coup, j’ai bifurqué sur des routes inconnues, tourné quelque part, retrouvé une route connue pour arriver à ce magasin presque inopinément. J’y divaguais puisque j’avais forcément oublié ma liste à la maison, n’ayant pas prévu ce détour. Je remplis mon panier trop petit, toute heureuse de faire des réserves de légumineuses, graines, riz et autres babioles introuvables ailleurs. Comme il devenait trop lourd (et porter lourd = pipi urgent immédiat), je le laissai dans un coin afin de parcourir le magasin, histoire de faire le tour. Et là, devant moi, sur le rayon des livres largement garni, un tout petit livre me sauta aux yeux… Son titre : le chlorure de magnésium ! Ni une, ni deux, je l’embarquai.

    95 pages de lecture fort intéressante pour 4.90 euros et des solutions à bien de mes petits et grands maux ! Depuis, je n’arrête pas d’en parler autour de moi, d’éveiller les esprits à son existence. Bientôt viendra l’expérimentation car si la vie a placé ce petit livre en telle évidence, sous mes yeux, par hasard, c’est p’têt bien parce qu’il y a là quelque chose de bon pour moi.

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    Si vous tentez l’expérience, voulez- vous bien m’en dire quelques mots ? D’ici là, quelques renseignements se proposent aux curieux par ici

     


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  • Jacques Benveniste et ses travaux sur la mémoire de l’eau sont au cœur d’un débat virulent et je n’ai aucune connaissance scientifique valable pour juger de sa véracité ou non ; en tant qu’humaniste, j’aime cependant y lire une belle découverte. En gros et très schématiquement, j’explique ce que j’en ai compris :

    -       Du point de vue scientifique, si deux cellules se rencontrent, c’est un pur hasard miraculeux.

    -       Selon Benveniste, l’eau conserve la mémoire de ce qui a été à son contact et en véhicule les modes vibratoires, créant un champs d’ondes qu’elle transmet et amplifie. Pour lui, si deux cellules se rencontrent, ce n’est pas par hasard, c’est parce qu’elles se répondent l’une l’autre via leur mode vibratoire.

    Au regard de nos conversations ici, chez elle, ailleurs, en commentaires et rares courriels, je pense à Annie, à ce qu’elle pratique, explique quotidiennement.  Etrangement, cette rencontre se fait en parallèle de celles de Nadine et Yolande, camarades de communication bienveillante et de ces autres croisés depuis 2006 et son raz de marée. Si le choc de la maladie a été violent, la vague s’est transformée depuis en onde porteuse et je m’y vois courir telle Ponyo sur la mer déchaînée. Logiquement, cette évocation de la mémoire de l’eau a toute sa place.

     Les humains, depuis la nuit des temps pressentent ces forces qui nous échappent, ils lui donnent mille et un visages, mille et une interprétations mystiques. Changer de mode vibratoire dans nos pensées est le but de la médiation et d’ailleurs, les plus heureux sont les moines bouddhistes méditant longuement. Sur les imageries médicales, les neurologues constatent que la zone stimulée par la méditation est la même que celle stimulée par le bonheur.

     

     

    Par une extrapolation qui m’appartient, j’étends ce chant vibratoire à l’énergie que nous créons par nos pensées, nos fonctionnements internes, notre ensorcèlement du monde.

     Facebook ne m’attirait pas, je m’en méfiais. Des amis lointains me l’ont demandé, j’y suis allée et j’ai sécurisé de partout, j’ai pris un pseudo, je limite grandement mes amis,  les liens ou infos personnelles ainsi que les photos (une fois publiées sur Facebook, elles ne nous appartiennent plus !). C’est un lieu de rendez- vous régulier avec ceux que je ne peux voir facilement, un contact malgré les distances et les décalages horaires, j’y milite vaillamment et ardemment, je m’en détache facilement tout en appréciant d’y faire quelques belles rencontres. J’ai  raconté ici mes échanges incroyables avec Yves Blanc, il y en d’autres.  Tous m’ont repérée sur un mur ailleurs, par l’image, les mots laissés en commentaires et m’ont invitée à les rejoindre. D’écho en écho, de vibration en vibration, nous partageons et dans mes réflexions, sans les avoir abordées sur mon mur, ils me répondent.

    En exemples concrets, voici quelques-uns de ces liens.

    Emilie avec qui je pratique le Qi Gong a laissé cette trace :

    http://www.liberation.fr/monde/01012326481-la-lecon-de-tchernobyl-n-a-pas-ete-apprise

    Ce fut la lumière sur une toile de pensées : j’ai écrit un article à propos du traitement de l’info sur cette centrale nucléaire du Japon, les deux émissions de la planète bleue suivantes évoquent la folie des décideurs qui imposent le nucléaire sans débat démocratique, nous prennent pour des gogos débiles (la première), la réalité de l’ampleur de la catastrophe qui s’opère là- bas (la seconde). Pendant quelques minutes, Yves Blanc cita une écrivain biélorusse dont je n’ai pas noté le nom. Quelques jours après, je trouve ce lien grâce à Emilie. L’info qui me manquait est venue, naturellement.  La lucidité de Svetlana Alexievitch est une nécessité dans l’opacité où nous sommes maintenus et me renvoie aux seuls mots trouvés pour titrer mon article, Vanitas vanitatum. La course effrénée des humains au pillage de la planète, leur vanité et leur illusoire puissance, forcément, font écho à Pierre Rabhi, que j’ai pitoyablement présenté à Yves Blanc. Belle toile non ?

    Et puis, il y a Moh, étrange et mystérieux jeune homme. Il parle peu de lui, de sa vie, il est discret tout en ayant des publications et des commentaires très profonds et riches. Sur son mur, j’ai découvert cette vidéo :

     


     

    Touchée par le message si juste de cette femme, écho espagnol de mes pensées, je l’ai reprise afin de la partager et sur Facebook et sur le blog. J’ai évidemment chaleureusement remercié Moh pour ce beau cadeau. Quelques heures après,  il m’e répondis qu’il l’avait trouvée sur une publication de mon mur, celui où apparaissent mes publications  et celles de mes amis mêlées.  D’instinct, j’ai su… et j’avais raison ! C’était Annie qui avait renvoyé à cette vidéo en publiant le lien vers un blog où elle se promène.

    Alors, bien sûr, la technologie nous permet de passer bien des frontières, elle n’empêche pas nos énergies de circuler et nos modes vibratoires de s’ignorer, de se cogner, de se reconnaître. Inconsciemment, se tissent des liens qui parlent de ce qu’il se passe au plus profond de soi.

    C’est une joie profonde que d’aller vers ces autres dans la sérénité, le partage, l’authenticité, d'être en relation. C’est une joie de réaliser que vraiment, concrètement, mon mode vibratoire a changé, évolue vers du toujours plus positif et sain. Cela renforce mes espérances.

    Le monde est ce que nous en faisons, il est ce que nous pensons.

    (Je vous réserve encore un autre exemple de circonstances de ces derniers jours, héhé !)


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  • « Demandez et vous recevrez » répétait souvent sœur Thérèse dans la grâce de ses actes. D’abord interdite et dubitative, je laissai cheminer en moi cette pensée peu à peu. Elle devint ainsi fréquente, fugace, au gré des circonstances.  Accompagnée du lâcher prise magique, j’en ai fait mon quotidien.

    La demande est une étape importante ; précédée de celles de l’identification des sentiments, des besoins qu’ils expriment, elle devient naturelle et saine.  Faite à soi- même, à un interlocuteur, claire, concrète et négociable, elle ouvre les portes grandement. Libérée des travers du flou, elle n’engage plus les mêmes enjeux destructeurs et violents qu’elle soit acceptée ou non, suivie ou non d’actes dans son sens. Ainsi, concrètement, ces jours- ci, j’ai pu en mesurer la force. Si fréquents en soient les effets, les circonstances actuelles en ce blog s’y prêtent et j’ai envie de partager cette expérience avec vous.

    D’abord, je renvoie aux articles concernant notre capacité à s’indigner et à agir au quotidien afin de sortir de l’infantilisation et du  sentiment d’impuissance engendrés par les discours généraux (ici et , entre autres) Je renvoie également aux commentaires qui sont constamment intéressants, multiples, enrichissants. Dans ma démarche toute personnelle, je m’interroge grandement, il m’arrive d’être désorientée parce que confrontée à des aléas quotidiens surtout sur le plan matériel et financier. En l’occurrence, je me suis interrogée sur la portée de nos actes, de nos pensées devant l’immensité du monde, la diversité des humains et le poids gigantesque de certaines problématiques qui semblent nous échapper. Cependant, la vie répond aux modes vibratoires et des éléments de réponse viennent, je reçus donc un clin d’œil.

    Je suis abonnée à la revue, Le colibri solidaire et distributif par choix militant dans le but conscient de nourrir mon esprit et mon âme de pensées constructives. En effet, cette revue est celle « des expériences d’économie durable, distributive et solidaire » ; à chaque publication, s’y exposent des réflexions sur les possibles changements de mentalité, de représentation, d’économie, de société et judicieusement, la présentation de réalisations concrètes existants parfois depuis plusieurs années. Cette revue est une preuve par l’évidence de l’existence d’alternatives à ce que les dogmes actuels disent être nos uniques solutions. Le dernier numéro de mars traînait sur un coin de table, j’avais tellement d’autres trucs en cours de lecture de ci de là qu’il resta fermé ; et puis, j’y vins juste quelques jours après avoir publié ces articles militants. A la page 5, je découvris un extrait de livre, Le centième singe de Ken Keyes. Immédiatement, je le liais à Annie, à l’énergie que je lançais autour de moi, constamment, opiniâtrement et je décidai de le publier.

    Une histoire à propos du changement social.
    Par Ken Keyes, Jr.

    Une espèce de singe japonais, le macaque japonais ( macaca fuscata ), a été observée à l'état sauvage sur une période de 30 ans.

    En 1952, sur l'ile de Koshima, des scientifiques nourissaient les singes avec des patates douces crues en les jetant sur le sable. Les singes aimaient le goût des patates douces, mais trouvaient leur saleté déplaisante.

    Une femelle âgée de 18 mois appelée Imo pensait qu’elle pouvait solutionner le problème en lavant les patates dans un ruisseau tout près. Elle enseigna ce truc à sa mère. Leur compagnes de jeu apprirent aussi cette nouvelle façon de faire et l'enseignèrent aussi à leur mère.

    Cette innovation culturelle fut graduellement adoptée par différents singes devant les yeux des scientifiques. Entre 1952 et 1958 tous les jeunes singes apprirent à laver les patates douces remplies de sable pour les rendre plus agréables au goût. Seulement les singes adultes qui imitèrent leurs enfants apprirent cette amélioration sociale. Les autres singes adultes conservèrent leur habitude de manger des patates douces sales.

    Alors quelque chose d'étonnant se produisit. À l'automne de 1958, un certain nombre de singes de Koshima lavaient leurs patates douces -- leur nombre exact demeure inconnu. Supposons que lorsque le soleil se leva un matin, il y avait 99 singes sur l'île de Koshima qui avaient appris à laver leurs patates douces. Supposons encore qu'un peu plus tard ce matin-là, le centième singe appris à laver les patates.

    ALORS LA CHOSE ARRIVA !

    Ce soir-là presque tous les singes de la tribu se mirent à laver les patates douces avant de les manger. L'énergie additionnelle de ce centième singe créa une sorte de percée scientifique !

    Mais notez ceci: la chose la plus surprenante observée par ces scientifiques fut le fait que l'habitude de laver les patates douces fit alors un saut au-dessus de le mer... pour rejoindre des colonies de singes habitant d'autres îles ainsi que la troupe de singes de Takasakiyama sur le continent qui commençèrent aussi à laver leurs patates douces. C'est ainsi que le macaque japonais a été surnommé le "laveur de patates".

    Ainsi, quand un certain nombre critique d'individus accompli une prise de conscience, cette nouvelle prise de conscience peut être communiquée d'un esprit à un autre.

    Bien que le nombre exact peut varier, ce "Phénomène du Centième Singe" signifie que lorsque seulement un nombre limité de gens apprend une nouvelle façon de faire, celle-ci peut devenir partie intégrante de la conscience de ces gens.

    Cependant, à un moment donné, si seulement une personne de plus se met à adopter une nouvelle prise de conscience, son champ d'action s'étend de telle sorte que cette prise de conscience est adoptée par presque tout le monde !

    Ce texte a été tiré du livre "Le Centième Singe" par Ken Keyes, Jr. libre de droits d'auteur ( copyrights ) et le matériel peut être reproduit en tout ou en partie.

    ( Anecdote trouvée et publiée ici)

    Logiquement, je fis le lien avec ce phénomène étrange de l’histoire de l’humanité où  des populations très éloignées sur le globe eurent les mêmes idées aux mêmes périodes : la fabrication d’outils, la maîtrise du feu, les constructions mégalithiques, par exemple. Jung parle d’un inconscient collectif, est- ce cela dont il est question ici ? Ne serait- ce pas plutôt une conscience collective?

    Alors, oui, je le confirme, nous avons tous la possibilité d’agir, de changer le monde car chacun d’entre nous nourrit cette conscience collective. La peur engendre la peur, le sentiment d’insécurité, l’insécurité, l’égoïsme, l’égoïsme, la violence, la violence. Le monde est ce que nous pensons. Ce dont nous n’avons pas conscience n’existe pas pour nous, aussi, il est vital d’éveiller nos esprits, d’ouvrir nos cœurs et de vivre intérieurement, extérieurement le monde que nous voulons. Donnons-nous les moyens de vivre cette vie et ce monde auxquels nous aspirons. Quant à la petite voix qui nous obsède constamment avec des « Je ne peux pas », je lui souffle simplement un mot qui se glisse en elle, petit mot qui change beaucoup : « Je ne peux pas MAINTENANT ». Ainsi, je lui laisse sa place, elle qui exprime peurs, désamour et autres pensées négatives, restrictives, je ne m’y attarde pas, elle n’a plus d’emprise. Je m’accorde le droit d’avoir peur, de douter, je me donne également le droit de ne pouvoir le faire immédiatement et celui de le faire plus tard. Se donner cette empathie à soi- même, c’est sortir de l’impasse et de l’impuissance, c’est devenir autonome, responsable. Naturellement, cette impossibilité d’agir de suite s’étiole et spontanément, déjà, nous agissons.  Notre énergie, notre mode vibratoire se métamorphose, nous devenons autre et le monde également devient autre. Mon monde est déjà autre.


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  • A l’occasion d’une consultation mercredi à l’hôpital, je rendis visite à mon cher Michel en ADELO. Il prendra sa retraite en décembre et volera vers des cieux plus éloignés, je profite donc au maximum de notre proximité géographique. Etant venue avec ma propre voiture dans ce but, j’ai pu rester avec lui près d’une heure en dégustant un thé qu’il me prépara avec beaucoup d’attention. Nous avons discuté de nombreux sujets avec enthousiasme, dans l’écoute mutuelle, en cheminement partagé, une heure intense et enrichissante dans un partage généreux et authentique.

    Il me relata notamment quelques épisodes révélateurs du mal- être et de ses conflits consécutifs dans l’hôpital. A l’écoute de ces situations violentes où chacun hurle son malaise, revit son histoire personnelle, souffre dans un flou général, je fus enchantée de mon intervention en première année. Je lui racontai dans la foulée  les thèmes que j’avais abordés et l’insistance que j’avais mise à répéter l’attention nécessaire à avoir envers soi, consciente que cela pût être déroutant. Je vis son visage s’éclairer et il s’exclama : «Quelle leçon de vie ô combien nécessaire pour eux, futurs soignants ! » En effet, dans aucune des formations médicales, ce thème n’est abordé réellement et avec son expérience, il connaissait, mesurait les dégâts engendrés par cette criante absence. Entre des infirmiers, aide- soignants confrontés aux difficultés multiples liés à des conditions de travail pénibles , des médecins désagréables avec leurs collègues, ceux balançant de graves diagnostics dans des termes particulièrement violents et tant d’autres schémas relationnels, le panel des besoins  non identifiés est immense et ces personnes chargées de soigner autrui n’ont souvent pas conscience de leurs propres sentiments et besoins.  « C’est pourtant la base essentielle de la relation d’aide » renchérit Michel. Me revint en mémoire, instinctivement, cet échange avec Yolande et Nadine. Je leur racontais joyeusement comment je prenais soin de  mon médecin, lui donnant de l’empathie, longuement lors des consultations, paradoxalement quand il était normalement question de ne parler que de moi, de ma santé, de mes traitements.  Et Yolande rit en formalisant cette évidence « Si cette personne est médecin, c’est qu’elle a certainement grandement besoin d’empathie ». Bé voui.

     Aide- toi toi- même et le ciel t’aidera dit l’adage. Dans des représentations obnubilées par l’individualisme ressassé, il est possible de n’y voir qu’un nouvel appel à l’égoïsme forcené en unique solution protectrice contre un autre dont il faut se méfier. Il n’est pourtant pas question de cela, fondamentalement. En prenant soin de soi, en s’accordant la place qui est la nôtre, en étant au clair quant à ses sentiments, ses besoins, en ayant de l’empathie pour soi, nous prenons soin des autres. Ni la place qu’ils occupent, ni leurs sentiments et besoins ne sont plus menaçants, il n’y a plus lieu d’avoir peur constamment.  C’est une bulle et non plus une carapace qui protège et cela change tout.

     

    La guérison intérieure, Colette Portelance.


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  • L’année dernière, j’avais commencé à la demande de Solange (voir ici pour rappel). L’expérience fut enrichissante et belle, je me réjouissais de la réitérer. Je m’étonnai de la rapidité avec laquelle je fus contactée, je pensais plutôt y revenir en juin.  Je me demandais comment allait se dérouler la séquence selon mon état, le groupe, l’énergie circulant à cet instant. Autant ne pas s’en faire. Je m’y rendis plus fatiguée qu’à la première et les idées étaient donc moins claires ; un flou étreignant ma p’tite tête, je craignais quelque peu d’être brouillonne.

    L’accueil fut aussi plaisant qu’en juin, il y  eut seulement un cafouillage de salle à l’arrivée. Changement in extrémis alors que la personne s’était déjà présentée. « On efface tout et on recommence » lançai- je taquine. Dans cette salle, je n’étais pas face aux élèves, les chaises étant en cercle et seules deux étudiantes avaient une table, chargées de prendre des notes. Je m’installai remarquant que le tableau était loin derrière, tant pis. Présentation générale et rapide, explication succincte de la maladie, récit de mon parcours : diagnostic difficile, le choc et l’éventualité d’une mort rapide, la perte des capacités physiques, le cataclysme dans la vie tant interne qu’externe, la relation aux soignants, aux médecins, la violence institutionnelle, les aléas avec l’entourage, la lutte âpre pour changer les modes relationnels, le quotidien, la volonté de vivre pleinement le temps qui m’est imparti et le combat permanent, long, opiniâtre afin de retrouver ce qui avait été perdu physiquement, les deuils et ruptures, la souffrance de mon fiston, la psychanalyse, les rencontres réelles et virtuelles, la méditation, le Qi gong, la danse orientale, les limitations physiques persistantes, la communication non violente… En vrac, jalonné de « Que vous dire ? » signe de ma fatigue.

    Quelques questions survinrent, j’y répondis avec l’impression vague que la fatigue était là, subtile, fugace encombrant ma volonté de clarté. Ce ne devait pas être flagrant ou gênant puisque je vis des visages intéressés, interpellés, en réflexion, des larmes, des sourires béats.

     La question du handicap invisible fut heureusement largement abordée et la prise de conscience évidente.

    -       Nous avons tous des mythes sur le handicap, j’en avais aussi avant la maladie. Avec ma petite vessie, j’ai souvent utilisé les toilettes pour handicapés quand je ne pouvais plus attendre. Seulement, quand j’étais en fauteuil, j’ai mesuré bien des aberrations : les crochets pour vestes ou la réserve de papier trop hauts par exemple. Et surtout, une personne handicapée est obligée de s’asseoir sur la cuvette, elle ne peut pas faire d’acrobaties pour se l’éviter et pour peu qu’elle ait besoin de se sonder, il suffit qu’une dizaine de personnes soient passées avant, elle attrape de suite un germe. Dans mon cas, par exemple, tout usage de toilettes publiques entraine une infection. Je ne vous parle même pas de l’état de certains lieux que j’ai vus, inondés, sales, inaccessibles…

    -       Là où j’habite, des travaux importants ont été faits devant la gare pour la rendre accessible, ils ont mis des clous pour les aveugles aux passages... et à côté de cela, ailleurs, absolument rien n’est aménagé et AUCUN logement dans la bourgade n’est adapté pour une personne en fauteuil. Qu’est- ce à dire ?   

    -       Quand je titube sur mes jambes ou que je perds l’équilibre, j’en ai entendu des « Tu as bu ou quoi ? » pas méchants, certes mais révélateurs du manque de conscience. Tout comme au travail où malgré mes demandes répétées, certains, me voyant sur pieds, agile et pleine d’énergie oublient mes limites et ont repris, par exemple, l’habitude d’écrire au stylo bleu fin sur des étiquettes rouges ou verte les rendant quasi illisibles pour moi.

    -       Que ce soit au Qi Gong ou à la danse orientale, j’explique d’entrée mes soucis et demande du temps, un rythme propre afin de pratiquer certains exercices ; je ne dis pas que les profs s’en fichent, je dis seulement qu’ils n’ont pas conscience de la réalité de mes handicaps quand ils insistent et insistent en répétant que j’ai à m’entrainer plus. Ils ont raison, je le sais, j’ai seulement besoin d’un temps supplémentaire, demande qu’ils n’entendent pas véritablement d’emblée.

    Une femme pensa à voix haute, éclairée par mes récits :

    -       Quand j’arrive aux caisses du supermarché et que la prioritaire pour femmes enceintes et personnes handicapées a la file la plus courte, je regarde autour et j’y vais si je ne vois personne. Si quelqu’un concerné arrive, je lui cède bien sûr la place. Mais chez vous, ça ne se voit pas !, reconnaissant ainsi l’illusion de nos représentations.

     

    -         Et je n’ai pas forcément envie de brandir ma carte d’invalidité pour justifier de ma place. (Oui, oui Annie  ), lui répondis- je tranquillement.

    Elle fit une autre remarque dont j’ai oublié la formulation (était- ce sur l’utilité d’être égoïste ?) qui me permit d’aborder la réflexion de Yolande. «  Demandons- nous, avant de choisir, ce qui motive véritablement notre choix : est- ce la peur qui nous guide ou ce dont nous avons besoin véritablement ? ». Les airs interrogateurs m’invitèrent à développer :

    -       Il parait que nous vivons dans une société de plus en plus égoïste et individualiste. Ce sont nos peurs de perdre, d’être spolié, trompé, écrasé qui gouvernent notre société parce que nous n’occupons pas notre place et que cela arrange bien les dirigeants (je jouais la scène physiquement en me recroquevillant sur moi- même) « Olala, j’ai peur de celui- là, il m’en veut, il envahit mon espace, il m’agresse, j’ai peur, j’ai peur ». Ce n’est pas mon cas. J’accueille l’autre, je lui laisse sa place car je sais que j’ai la mienne (je lâchais la tension et occupai l’espace de mes bras, de mes jambes étendus).

    J’ai également beaucoup insisté sur la présence à l’instant : «  Soyez à ce que vous êtes* ».  Les perceptions du temps varient :

    Pour l’inconscient, le temps n’existe pas, c’est pourquoi ce qui nous arrive par exemple dans la petite enfance reste d’actualité tout au long de notre vie.

    Notre mental nous promène des millions d’années avant, des millions d’années après, il nous trimballe à tout bout de champ d’un temps à l’autre, d’hier à demain, de l’avant à l’après.

    Le corps est le seul à vivre au présent, il nous y ramène constamment et grâce à lui, nous pouvons vivre l’ici et maintenant pleinement et sortir ainsi des spirales infernales du quotidien.

    -  Voyez- vous, je suis choquée quand j’entends « Je ferai ça quand je serai à la retraite » parce que la vie est fragile, elle ne tient qu’à un fil et tout peut basculer à tout moment, elle passe très vite et nous croyons avoir le temps. Nous n’avons pas le temps. Ce qu’il y a vivre, il y a à le vivre maintenant.

    Cependant, et j’espère que ce message est passé, le plus important à mes yeux fut le bénéfice apporté par la communication non violente. J’ai répété et répété l’importance des besoins, de la prise de conscience que l’agressivité, l’injure, l’attitude désagréable d’autrui ne sont que le reflet d’un besoin non satisfait, besoin qui n’a pas besoin d’être satisfait mais simplement d’être entendu et reconnu. «  Dans votre pratique professionnelle, vu l’évolution de vos conditions de travail, vous y serez confrontés, c’est certain. Il est fondamental de comprendre que ce que vous vous prenez dans la figure de la part des patients, des collègues, de la hiérarchie n’a rien de personnel, ce ne sont que des foules de besoins non identifiés, non satisfaits. Alors, d’abord et en priorité, il s’agit d’être au clair avec vous- même, de reconnaître vos propres besoins, leur accorder leur place, vous écouter, vous accorder de l’empathie, prendre soin de vous non de la façon hyper narcissique et égoïste telle que nous le vend la société actuelle mais pleinement, profondément. Comment voulez- vous être relié aux autres si vous n’êtes pas relié à vous- même ? Comment avoir conscience des besoins d’autrui quand on n’a pas conscience des siens ? Comment accorder de la place à l’autre quand on n’occupe pas la sienne ? ». Telle fut ma réponse à un jeune homme qui me demanda ce que j’avais à dire à eux, futurs soignants. Déroutant peut- être bien d’entendre combien il est important de s’occuper de soi pour pouvoir s’occuper d’autrui.

    J’espère m’exprimer clairement afin de ne pas laisser croire que je suis à donner des leçons, des directives. Comme tout ce que j’écris ici, plus ou moins maladroitement, je ne parle que ce que je vis, expérimente et de mon ensorcèlement du monde. Je réfléchis, médite et aime à le partage en témoignage d’un parcours de vie personnel. D’ailleurs, je n’ai pas l’impression que les élèves infirmiers l’aient pris pour des leçons de morale, au contraire, c’est un moment très particulier de partage, sincère, puissant et riche. Authentique.

    A la fin des deux heures, la prof résuma en évoquant des séquences de cours : «  Nous sommes passés de la une – elle m’expliqua : celle de la prise en charge physique de la personne- à la six- celle concernant la psychologie. » reconnaissant que c’était la façon d’enseigner en séparant artificiellement. Je souris et remarquai :

    « Un bébé humain nourri, soigné, habillé et qui n’est pas regardé ou caressé se laisse mourir. Quand la mort est là, nous ne nous posons pas la question de savoir : vais-je d’abord mourir émotionnellement, psychiquement, mentalement ou physiquement ? » Quand nous mourons, nous mourons entièrement et notre univers disparait. C’est la globalité de l’être humain qui est à prendre en compte. »

    Il y eut quelques échanges plus proches avec quelques-uns à la fin de la séance et je fus heureuse de voir que les deux garçons du groupe étaient particulièrement intéressés, ouverts.  A nouveau, j’insistai sur mon envie d’avoir un retour des élèves, de ce qu’ils en avaient retenus, de ce qu’ils en faisaient. L’aurai- je cette fois-ci ? En tout cas, je les remercie tous grandement de  ce partage chaleureux et foncièrement humain. Magnifique bain d'énergie. 

     

    * En me relisant, je constate que je me suis trompée en écrivant l'article, je voulais dire "Soyez à ce que vous faîtes"... Intéressant, n'est- ce pas?


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  • Dans la lignée des films de Marie- Monique Robin, j’invite également qui le voudra à regarder cet autre documentaire : Mâles en péril  (reportage d’Arte primé en 2008)

    première partie, deuxième partie.

    S’y retrouvent des données similaires à celles exploitées par Marie- Monique Robin dans Notre poison quotidien, certains passages identiques, notamment celui concernant l’équation folle découverte par cette équipe dont-j’ai-oublié-le-nom: 0+0+0+0= 5 c’est-à- dire comment des molécules chimiques inoffensives isolément deviennent très toxiques dès qu’elles sont associées à d’autres. Nos produits alimentaires sont ainsi des bombes chimiques à retardements qui non seulement nous rendent malades sur le long terme, nous promettent une espérance de vie en baisse (ceux qui vivent longtemps actuellement n’ont pas mangé de nourriture industrielle du ventre de leur mère jusqu’à l’âge adulte) mais en plus, ils compromettent la capacité des humains à se reproduire.

    Depuis le milieu du XXe siècle, le nombre de spermatozoïdes des hommes a chuté de 50%, leur qualité s’est fortement dégradée, le nombre des malformations génitales et du cancer des testicules a explosé très probablement parce que les composants chimiques des aliments ainsi que les plastiques les contenant sont des perturbateurs endocriniens qui conduisent à une féminisation du monde. Les animaux sauvages ne sont pas épargnés, inévitablement puisqu’ils récoltent nos résidus. Le Danemark a déjà  interdit certains composants, les escargots de mer ont été sauvé in extrémis sur les côtes françaises, la communauté européenne commence lentement à s’interroger sur le phénomène. Chacun à son échelle a le pouvoir de s’informer et d’agir en conséquence. Ce film a le mérite de montrer des exemples concrets de réussite suite à une information qui permit une prise de décision salvatrice. En cela, je le lie au film de Colline Serreau, à celui de Jean-Paul Jaud.

    Parallèlement, dans ma caboche, résonne cette citation entendue aux Amanins lors d’une vive discussion nocturne : le propre de l’intelligence n’est-il pas de s’autodétruire ? attribuée à Hubert Reeves. J’ai farfouillé sur la toile et ai trouvé ce document: http://lejourdelaterre.free.fr/reeves.pdf

    Quel monde souhaitons- nous véritablement ? Quelle vie voulons- nous vivre ?  Quel avenir voulons- nous pour nos enfants ? Bien sûr qu’homo sapiens sapiens disparaitra un jour de l’univers, comme tant d’autres espèces avant lui, sera-t-il néanmoins la première espèce vivante à s’auto- détruire ?

    Je refuse d’y contribuer par mon inertie, c’est mon choix d’intégrité et L’homme révolté de Camus n’a pas marqué ma vie intérieure pour rien, logiquement.


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  • Marie- Monique Robin est une journaliste engagée et ses films sont des références nécessaires aux débats. Je vous invite vivement à voir ces deux documentaires afin de simplement se poser des questions fondamentales sur les fonctionnements de nos sociétés.

    Il n’est pas question d’alimenter les peurs et les sentiments d’impuissance ressassés, il s’agit de s’informer, de prendre conscience de la situation, de confronter les idées et ensuite d’agir, à notre échelle, en éclairant nos choix quotidiens par l’idée de ce que nous voulons comme monde. Rester perpétuellement victime des autres, de l’environnement, de l’économie, des circonstances politiques, géo- stratégiques, de la fatalité et autres bla-bla, c’est mettre notre cerveau en veille, renoncer à être vivant et ouvrir la porte à toutes les manipulations, tromperies, exploitations, dictatures plus ou moins insidieuses.

    Dans Le monde selon Monsanto, elle expose les méthodes de voyous de cette entreprise chimique, menteuse et avide de pouvoir qui aspire, excusez du peu, à prendre le contrôle de la question alimentaire sur la planète !

     

     


    le_monde_selon_monsanto.avi

     

    J’y ai retrouvé quelques uns des sujets et des visages du film de Colline Serreau, Solution locale pour un désordre global. Le combat de Pierre Rabhi prend toute son importance, fondamental et nécessaire.

     

    Notre poison quotidien montre comment les industries agro-alimentaires profitent des vides et/ ou complicité des politiques et décideurs pour gaver leurs produits de substances chimiques aux conséquences inconnues ou connues (stratégie pour démonter ces conclusions dérangeantes). Les agriculteurs en paient le prix fort et lentement, insidieusement, nous en faisons TOUS les frais.

    De temps en temps, j’ai décroché car il est très technique ; je n’en garde pas moins les idées importantes et la ferme résolution de continuer sur ma lancée malgré les difficultés financières et sociales qui sont les miennes.

    Parce que cela relève de ma responsabilité, je refuse de cautionner ce qui me semble néfaste, injuste, révoltant  selon mes idéaux humanistes. Aussi infime soit mon action, elle n’en garde pas moins toute son importance à mon petit niveau et au- delà.

    N’en déplaise aux esprits chagrins, j’ai l’intuition profonde que ma maladie est due à la pollution environnementale, aux produits chimiques dont sont chargés les produits alimentaires, l’eau, l’air. Je suis entourée de personnes dépressives, d’autres aux soucis de fertilité, ma mère a eu deux cancers, ma plus jeune tante à 51 ans et une ancienne collègue à 44 ans sont mortes d’un cancer des poumons en n’ayant jamais fumé et vécu une vie saine, entre autres.

     La mort est notre lot à tous, fatale, inévitable. Nous sommes indignés de celle causée par les faits de guerre, de violence, il est temps de nous indigner de celle insidieuse causée par l’avidité de certains jouant aux apprentis sorciers dans le seul but de ramasser toujours plus d’argent et du pouvoir qu’il donne.


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  • Longtemps, je me suis cru en colère. Elle est dite toxique dans bien des spiritualités et philosophies, je ne comprenais pas pourquoi. Finalement, ce fut Pierre Rabhi qui, dans un article de son blog, m’éclaira : je ne suis pas en colère, je suis indignée.

    Je ne suis pas de ceux qui tournent la tête, font mine de ne rien voir, qui s’effraient, se tétanisent ou se disent impuissants, je suis militante dans l’âme, révoltée, engagée dans la mesure de mes possibilités parce que je crois en la communauté humaine et en la responsabilité de chacun. Je ne regarde quasiment pas la télévision, j’écoute la radio au plus une heure par jour, je ne lis pas de journaux. Par contre, je déambule sur la toile quotidiennement et lis beaucoup. Ainsi, je m’informe et m’offre la possibilité de sortir du médiocre, du sensationnel, de l’émotionnel incessamment servis par les médias. 

    L’actualité donne du grain à moudre, constamment. Ces jours- ci, je me réjouis de la marche vers la démocratie des populations de culture musulmane, je suis écœurée de ce qu’il se passe en Libye, je n’aime toutefois pas aborder ces questions ici parce que sur Internet, les débats prennent souvent des tours malsains. Il m’arrive de faire quelques exceptions quant aux événements en cours et aujourd’hui, j’aborderai la question du traitement de l’information concernant le Japon. Je souligne parce que je ne parlerai pas de la tragédie humaine consécutive à la catastrophe naturelle ou de la problématique du choix du nucléaire (mon avis est auprès de Greenpeace et du réseau Sortir du nucléaire).

    En 1986, j’avais 14 ans et je me souviens des informations, des images de la catastrophe de Tchernobyl. A cette époque, si l’incident ne pouvait être occulté, la réalité des faits et ses conséquences ont été soit niés soit amoindris. A postériori, que ce soit pour nous en France ou pour les habitants des pays de l’ex- URSS directement concernés (Ukraine, Biélorussie, Russie), nous savons qu’il y a eu mensonge généralisé et c’est un long combat que de connaître réellement l’impact de cet événement sur l’environnement et les humains. Le saurons- nous jamais d’ailleurs puisque les répercussions du nucléaire se mesurent à des échelles dépassant notre entendement, notre conception du temps à hauteur d’humain ?

    Aujourd’hui, nous sommes constamment informés de ce qu’il arrive au Japon, majoritairement dans cette centrale emballée et quasiment hors contrôle. Nous sommes noyés sous un flot d’informations terrorisantes, effrayantes d’autant que des experts, à la demande des journalistes, multiplient les pires scenarii. En parallèle, les politiques y vont de leurs déclarations variables, fermes, volontaires, faussement rassurantes, empathiques, catastrophistes et vagues. Baladant entre émotions, principalement peur et angoisse ou dans l’incompréhension avec ces explications techniques qui nous échappent, les médias assomment l’auditoire, captent les esprits et les conditionnent, ils attirent l’attention sur des sujets déterminés et  ne laissent pas de place à la réflexion, au recul, à une vision plus large.  Le public y est victime et passif parce que ces discours le ramènent incessamment à son impuissance, infantilisé parce qu’apparemment incapable de comprendre, qu’il faut constamment expliquer… et donc, c’est à ceux qui savent de décider pour notre bien à tous.

    A mes yeux, les questions de fond ne sont pas abordées. Par- delà les événements, il y a une réflexion générale à avoir en décalant son regard des voies officiellement exposées. La question fondamentale, à mon humble et dérisoire avis, est l’expropriation de notre intelligence, de notre bon sens, de notre capacité à décider en connaissance de cause, à devenir adulte et responsable, à mesurer notre pouvoir.

    Qui a décidé de mettre les centrales nucléaires en place ? Qui a décidé de nous fournir toujours plus de gadgets et de créer de faux- besoins nécessitant une consommation incessante d’énergie? Qui nous laisse croire que nous avons tout pouvoir sur le monde et que la nature est au service de notre insatiable soif de possession et de consommation ?

    La soumission tacite, l’inertie permettent aux plus voraces, aux plus vaniteux de prendre en main nos destinées. L’humain préfère suivre le flot général, c’est confortable, rassurant et en prime, le cerveau est en repos (cf. Boris Cyrulnick, Autobiographie d’un épouvantail). Quelle conscience mettons- nous dans nos actes, dans nos choix ?

     Il est temps de se réveiller de nos torpeurs et d’agir, à notre échelle, selon nos possibilités ! Que chacun fasse sa part comme le colibri de la légende rapportée par Pierre Rabhi ! Par- delà les événements en Libye ou dans d’autres pays dont les médias ne parlent pas, c’est notre citoyenneté qui est à mobiliser ! Par- delà les événements au Japon, c’est notre solidarité, notre coopération qui sont à étendre !  La vanité des vanités est de croire que nous sommes au- dessus de notre condition d’être humain fragile, faillible, mortel, incapable de vivre sans le lien à l’autre, son pendant étant cette illusion que nous sommes petits, faibles, impuissants.

     Que faire alors ?

    D’emblée, je dirais s’informer ! En dehors des sentiers battus, à tous les horizons, sous des angles différents afin d’aiguiser notre esprit critique.

     Prendre le temps et le recul nécessaire à une vision globale, pointue de ce qui se joue sur Terre, au loin, tout près.

    Agir aux échelles qui nous sont accessibles avec des objectifs réalisables donnant le sentiment du possible et la satisfaction d’agir en pleine conscience pour le bien de tous, présents et à venir.

    Refuser la médiocrité qui détourne nos attentions, nos veilles vers des divertissements mercantiles, poubelle, faits divers et autres monnaies- courantes des médias pendant que des décisions importantes sont prises en catimini.

    Faire la paix en nous, autour de nous, prendre conscience de son pouvoir et de ses limites, s’accorder sa place et accorder celle d’autrui.

    Nous avons tous les mêmes structures mentales depuis environ 150 000 ans et nous sommes tous différents. C’est de la variabilité des cultures et des êtres uniques que naissent la richesse, la force de notre espèce. Nous sommes tous reliés parce que de même essence, ce qui arrive à l’autre bout de la planète résonne dans l’humanité toute entière. Alors, allons-y !

    J’expose mes opinions, je prends position parce qu’ Etre vivant, c’est s’engager. S’engager c’est rendre hommage à la vie, le minimum que l’on puisse lui rendre pour le cadeau fantastique et improbable qu’elle nous fait d’être là. Savourer chaque seconde de l’instant présent et braver les stéréotypes stériles et sans issue de la bonne pensée de ceux qui ont peur. Les mondes personnels qui se croisent et se décroisent. Tenter d’aller vers l’autre pour ne pas passer à côté de sa beauté, de la sienne, de la nôtre. Accepter le changement, élément inhérent à la vie. Prendre conscience de soi, de sa valeur, car  rien en ce monde n’en aura si nous ne voyons pas la nôtre, intime et profonde (copié de mon article sur le magnifique livre de Christiane Singer, Eloge du mariage, de l’engagement et autres folies).

     

     criirad 

    Greenpeace,   

    Sortir du nucléaire,

    Amnesty international,

    communication non violente,

    le colibri de Pierre Rabhi, 

    le colibri solidaire et distributif

    sosesf,

    amap

    la croix rouge


    liste non exhaustive évidemment.

    A ceux- là, je participe.

     

    Je n'aime pas Zazie en général, cette chanson -là oui:



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  • Le précédent article a réveillé en moi des sujets que je souhaitais aborder ici et débordée par la vie, son quotidien, je ne trouve pas le temps nécessaire à leur écriture chronophage d’autant que mon fiston ado monopolise l’ordinateur dès qu’il a du temps libre.  Il me serait difficile de m’y mettre là aujourd’hui, j’ai la tête encore engourdie par une crise de migraine certainement provoquée par un délicieux chocolat blanc nougat- nougatine- noisette auquel je n’ai pu résister ces derniers jours. Mon attitude vis- à- vis de la nourriture peut paraître excessive, la mésaventure d’hier me rappelle cependant via le corps combien j’ai à prendre grand soin de moi en conscience. Je pourrais dire : « J’ai des années de maltraitance à rattraper », je préfère penser : « Merci la vie de me rappeler à l’ordre avant qu’il ne soit définitivement trop tard. Il était temps. ». Pourtant, il y a une réflexion qui me trotte en tête depuis une conversation avec mon amie Sabine en vacances dans la région et que j’ai envie d’aborder ici, aujourd’hui.

    Nous discutions de nos expériences, de nos parcours, de nos vies et rencontres, de nos passés communs ou séparés et constamment, revenait l’évocation de certaines personnes. Je m’entendais parler d’eux en bla- bla incessants, répétant mes opinions, mes conclusions aléatoires à leur égard, mes analyses de leurs attitudes. Dans ce flot de paroles à propos d’autres, j’entendis une petite voix me rappeler les connaissances acquises par la communication non violente : l’évocation d’autrui parle de ce qui s’il se passe en soi, reste chez toi. Je lançai cette évidence à voix haute : «  Je me rends compte que je parle tout le temps d’eux alors que franchement, dans ma vie quotidienne, je n’y pense pas, je les oublie. Les circonstances font qu’ils reviennent constamment à mon esprit quand j’aborde certains sujets et ça me ramène à ce que j’ai vécu, aux sentiments que j’ai ressenti à cette époque. Parler d’eux, finalement, ce n’est toujours que parler de ce que j’étais à ce moment et des questions que je me pose sur les raisons de ma propre attitude à cette époque ». Et oui.

    Comment ai- je pu m’embarquer dans ces relations malsaines ? Comment ai- je pu me détruire, me vicier en acceptant qu’ils entament cette danse destructrice avec moi ? Parce que je me mésestimais, parce que je me suis soumise à la mauvaise image qu’ils me collaient du fait de leur propre désamour d’eux- mêmes. Parler d’eux, c’est chercher à comprendre ce que j’étais ainsi que les raisons profondes de mes choix et acceptations tacites.

    En commentaire à l’article précédent, Annie évoquait des jugements. Ce poison des relations auquel nous sommes tous conditionnés dès notre venue au monde nécessite une prise de conscience importante et un long cheminement pour en sortir. Je me suis naturellement interrogée sur mon discours. J’avoue, je ne suis pas au clair, j’hésite. Il est probable que je juge ces attitudes variables quant à nos façons de vivre nos foyers- nos intérieurs, tel n’était néanmoins pas mon but. J’ai observé, je me suis interrogée.  Car, oui, longtemps, avant de connaître la communication non violente, je cherchais à comprendre le pourquoi de l’attitude des gens croisés au hasard de la vie. D’emblée, dès mon plus jeune âge, j’ai refusé l’idée que le mal était une fin en soi et j’ai cherché à comprendre pourquoi ces personnes me rabaissaient, me critiquaient, me violaient, me maltraitaient, pourquoi donc m’en suis- je pris plein la tête et le corps toutes ces années ? Ce fut un très long parcours douloureux, pénible, tordu avec mes voies de traverse, mes impasses, mes erreurs, mes hésitations, mes peurs, mes doutes et mes réussites.

    Il y eut d’abord cette remarque d’un thérapeute alternatif croisé dans ma vingtaine: «  Très tôt, vous avez cherché à comprendre parce que vous êtes bonne et intelligente » Le souci est que la douleur est profonde et que le mental seul n’en viendra pas à bout. Survint la maladie, abominable cerise sur le gâteau empoisonné précipitant mon désir de psychanalyse. Je pris conscience que ma mère m’avait donné un prénom christique me chargeant inconsciemment de nous sauver, mission que j’ai acceptée et endossée jusqu’au sacrifice si proche de la mort, ultime. J’ai appris surtout et principalement, grâce à ceux qui ont pris soin de moi sur ce chemin de croix que j’étais une personne estimable, aimable. Dans mon grand dénuement physique, ces parfaits inconnus m’ont soutenue, aimée, appréciée, le partage fut entier, fort et riche. Ils m’ont marquée autant que je les ai marqués, moi, celle qui pensait que je ne méritais pas de vivre parce que je n’étais qu’une merde.  Du récit de ma vie, s’entamait la déconstruction (pensée fugace pour Derrida). Tout était à reconstruire. Logiquement, je rencontrai Nadine et Yolande qui m’initièrent à la communication non violente et je compris enfin. Si j’étais dans l’empathie depuis longtemps avec autrui, je n’en avais aucune pour moi, je ne m’accordais pas de place. Comment pouvais-je véritablement faire la part de chacun dans les événements ? Comment pouvais- je sortir de ces fusions toxiques où chacun confond ce qu’il vit avec l’autre, coupable, responsable, échappatoire, défouloir ou déversoir ?

    En l’occurrence, ce dernier mot me revint en mémoire il y a quelques mois alors que je farfouillais dans je ne sais plus quel texte. Tel un éclair, je le liais à mon chapitre Dévidoirs et règlements de contes. M’étais- je trompée dans la formulation ? N’était- ce pas ce mot- là, déversoir auquel je pensais ? Du coup, je me jetai sur un dictionnaire et cherchai les définitions. Ce fut magique. Déversoir crache, jette, vomit alors que dévidoir rassemble et construit. Dans mon lapsus, je verbalisais ma démarche générale. Il n’est pas question de salir, condamner qui que ce soit, il n’est que volonté d’observer, comprendre, sentir, éclaircir mon parcours de vie, d’ensorceler mon monde autrement, dans une démarche saine, constructive, positive et non plus mortifère. C’est déstabilisant tant pour moi que pour d’autres ; je n’évite pas tâtonnements, maladresses, erreurs pourtant, l’énergie est transformée et inévitablement, naturellement l’entourage change. Je rencontre des nouvelles personnalités dans des démarches complètement différentes, ma relation à d’anciennes évolue sur d’autres plans autrement plus positifs et il en est qui ne supportent pas le changement. Pour des raisons qui leur appartiennent, ils fuient ces changements, ils ont refusé d’aller plus loin que les maladresses, bouleversements. J’ai essuyé les colères, les hurlements, les jugements incessants, les menaces de poursuites judiciaires, entre autre et la relation s’est perdue, irrémédiablement. J’en suis certes attristée parce que s’est fermée la possibilité d’avancer ensemble sur l’éclaircissement de notre histoire commune, je sais cependant qu’ils parlent maladroitement de ce qu’il se passe en eux et  qu’en parlant d’eux, je parle de ce qu’il se passe en moi.

     Remuer le passé pour y creuser amertume, revanche, culpabilité, sentiment d’échec, de désamour de soi et des autres n’a aucun intérêt si ce n’est d’engendrer des souffrances perpétuelles. Puissé-je faire en sorte qu’à chacun de mes texte, j’arrive à exposer que  c’est dans la connaissance de soi, dans la clarté du regard posé sur notre passé et notre histoire que nous pouvons trouver la voie de l’autonomie réelle, de la prise en main de notre existence et ainsi se libérer des prisons où nous nous sommes enfermés.

    Je ne suis ni dogmatique, ni croyante. J’ai simplement foi en l’humain VIVANT.

     

    D'un messager du feu*

     

    Article dédié spécialement aux élèves infirmiers rencontrés le 25 février. ( Amis lecteurs, je vous raconterai dès que possible)

     

    * anagramme de fée des agrumes trouvé par Taneb qui m'honore de sa présence ici


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  •  

    « Maman, nous allons ranger TOUTE la maison ! Tu es d’accord ? Là, j’en ai assez de ce bazar! ».

    Tout a commencé avec ces quelques mots du fiston.                                                                          

    Je suis méfiante vis- à- vis de ces déclarations hâtives parce que souvent, elles restent lettre morte. Je sais cependant que quand garçon s’y met, il est excellent homme de ménage. « Tu sais maman, ce n’est pas parce que je ne fais pas que je ne sais pas. J’observe comment tu fais et ce n’est pas compliqué à retenir ». J’avais eu effectivement quelques preuves notamment ce jour où il récura toute la maison en effectuant les huit professionnels du balai consciencieusement et avec une efficacité incroyable. Mon souci est que ces envies ménagères ne sont pas aussi fréquentes que je le souhaiterais et je fais ce que je peux chaque jour, seule, malgré mes fatigues et handicaps. Ce n’est d’ailleurs souvent que du surfaçage puisque j’attends encore et encore cette bibliothèque Napoléon III. Ainsi, l’appartement est encombré de cartons, d’entassements de bric- et de broc destinés à être rangés dans cette bibliothèque et/ ou occupant une place en attente de libérer la place du truc qui irait là et donc plus ici… et bla- bla.

    Et puis, il y a cette évidence : avec ma curiosité insatiable et mes tortillons du ciboulot, j’ai des livres, documents, revues en pagaille, des notes, des classeurs, des boites de bricoles et matériaux d’une multitude de travaux manuels et intellectuels. Et des Cd en nombres insensés (alors que je me retiens). Bref, je n’ai guère un lieu de vie socialement conventionnel, j’ai un immense atelier où à chaque coin, des travaux sont en cours d’élaboration, fabrication, perfectionnement PLUS les trucs machins chouette  à transformer, réparer, adapter. Un gros bazar. Ajoutez-y le propre bazar de mon garçon.

    Autant l’avouer de suite, je déambule dans mon foutoir en fermant les yeux sur ces étalements perpétuels et pète un câble quand vraiment, ça déborde trop. Question propreté, je suis intraitable mais alors question rangement, je me pensais incapable de le gérer jusqu’à ce que je trouve cette remarque fort judicieuse et dont j’ai oublié l’auteur : dans les magazines de décoration, de présentation de maison et appartement, les lieux sont épurés et ordonnés parce qu’ainsi, nous pouvons tous nous les approprier. Nos bazars personnels, familiaux marquent le territoire et empêchent autrui de se représenter personnellement et intimement dans ces lieux. J’en souris jusqu’aux oreilles.  Ces intérieurs impeccables ne sont- ils donc que des façades, des vitrines vides ? Ceux qui s’astreignent à cette rigueur s’interdisent –ils d’occuper le lieu ? A moins qu’ils n’expriment leur souci permanent de l’apparence et du qu’en dira-t-on ? S’interdisent- ils d’exprimer ce qu’ils sont ? En ont- ils peur ? Que jouent-ils dans l’image de leur intérieur ? …

     Je me souviens de ma surprise en croyant trouver chez une poupée tirée à quatre épingles des livres d’art. En les sortant de l’étagère, je restai bouche bée quand je découvris que c’étaient des albums- photos dont la tranche avait été couverte d’une copie couleur d’un livre sur la peinture ; celle- là même s’excusait constamment de la vieille cuisine pas encore refaite. Ou ces gens qui exposent des livres reliés que personne dans la famille n’a lus, qui ne sont touchés que pour dépoussiérage. Ces autres qui ont une cuisine en bois massif immaculée où ils reçoivent les visiteurs alors qu’eux mangent et préparent les repas dans la cave où avaient été descendus les anciens meubles de cuisine. Je n’ai jamais compris ces pièces où tout est millimétré, où il est gênant de s’asseoir, de se mouvoir.  Je suis certainement stupide après tout, non ?

     

    Bref, j’en étais à mon bazar et au ras le bol du fiston. En raison des travers de Devic, j’ai besoin de temps pour envisager des grands travaux, les pauses étant obligatoires. Sans aide, franchement, je ne me lance pas. Avec le travail, la nourriture, la paperasse, l’éducation du fiston, le linge, la vaisselle, le nettoyage Et mes activités, le temps qu’il reste est nécessaire au repos. Néanmoins, la simple idée que quelqu’un soit là pour prendre le relai ou donner un coup de pouce me donne des ailes. Au jour de sa déclaration,   fiston m’aida grandement et ce fut avec joie que je découvris notre salon impeccable en rentrant du travail. Maline, j’ai entamé la valse des rangements de fond : armoire, commode, derniers cartons, placards. Ma chambre par exemple devint un capharnaüm, le couloir un parcours du combattant, l’appartement un champ de bataille. Le lendemain, fiston s’occupa de ses jeux et je me retrouvai seule avec mon dérangement omniprésent. Comme je bougonnais chaque jour plus fort, il m’expliqua : « Je n’arrête pas, je fais une PAUSE. Je reprendrai plus tard. » Mouai. Avec la reprise des cours, je doutais qu’il s’y remît vraiment. Je continuai mes allers- et- venues incessants d’un bout à l’autre de l’appartement avec mes tas de trucs, de boites, de cartons, heureuse de sortir de la maison pour mes heures de travail salarié (Et oui, aussi incroyable que cela paraisse, j’ai cette chance inouïe d’avoir un emploi qui me repose la tête et le corps, qui me ramène à la maison plus heureuse que quand j’en suis partie). Au bout de quatre ou cinq jours de ce capharnaüm, fiston me gronda :

    -        MAMAN !!!! Le salon était rangé et regarde dans quel état il est maintenant!

    -       Oui, oui, je sais ! Seulement, vois- tu, si je range ces trucs correctement dans ma chambre, ça fait de la place pour ces machins qui traînent dans des cartons depuis que nous avons emménagé. Et pour les mettre dans ma chambre, j’ai besoin de ranger mon armoire et les placards du couloir, et puis j’ai aussi mes livres à ranger ENFIN correctement, et mes CD, et les DVD, et les cassettes… et puis… et puis…

    -       M’enfin, moi, je voulais seulement ranger ce qui se voit ! D’accord, Maman, je sais que les commode- armoire- placard- étagères sont à ranger AUSSI, mais là, c’était peut- être trop d’un coup non ?

    -       Ah mais tu connais ta mère !

    -       Oui, quand elle commence quelque chose, il faut qu’elle fasse tout, entièrement et complètement, de suite.

    Finalement, j’ai mis plus d’une semaine. J’ai dormi dans un coin de lit, j’ai slalomé dans le couloir, la salle de bains, d’une pièce à l’autre, déplacé quelques meubles tout en continuant à gérer le quotidien, les visites, les pannes de chaudière, le linge, le bastringue quotidien, le boulot.  Et Ô MIRACLE, j’ai (presque) tout rangé !

    Je suis particulièrement fière de mon armoire à travaux manuels où chacune des activités a désormais sa boite avec étiquette de repérage.

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    Les tissus et pelotes de laine sont rassemblés dans des housses plastique sous- vide (sans aspirateur, je me suis étalée dessus au mieux afin d’en extirper le max d’air),

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     les chutes de tissus sont dans un énorme sac dans le placard

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    et dans un coin de ma chambre, j’ai mis tous les raccommodages/ transformation/ arrangements à faire urgemment ! (Certains attendent depuis des années).

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    J’ai pu aligner plusieurs étagères de livres constatant toutefois que le manque de la bibliothèque reste criant, les cassettes, dvd et cd sont rangés, les derniers cartons du déménagement ont disparus ou sont rangés dans les placards.

    Fiston n’en revenait pas quand, au soir, tard, j’ai pu nettoyer tous les sols… sauf ceux de sa chambre qui, elle, n’a pas bougé d’un iota.

    Quelle aventure !

    Je n’en voyais pas le bout, éreintée par la tâche, le sentiment d’être condamnée à ranger les lieux telle une Danaïde. Et malgré tout, j’ai réussi.

    «  Le comble, ce serait que l’ébéniste m’appelle maintenant pour me dire que la bibliothèque est terminée et qu’il peut me la ramener prochainement » m’exclamai- je à mon garçon hilare. Parce que cela voudrait dire recommencer chambardements et déplacement ! Bien que…  Le gros ouvrage ayant été achevé, il nous/ me sera plus aisé de la  remplir. Déjà les idées, dans ma caboche, fourmillent pour faire de notre intérieur un lieu adapté à notre mode de vie.

     En l’occurrence, je ne vis pas sous la tyrannie des murs, je ne suis pas à la solde des apparences, des modes, j’investis les lieux où que je sois, malgré mes déménagements incessants et mes locations sans propriété.  Systématiquement, j’adapte l’aménagement intérieur à notre poésie. Est- ce pour cela que nos visiteurs se sentent si bien chez nous ? Envers et contre tous les principes habituels, nous accueillons chaleureusement. Combien de maniaques de l’ordre se sont sentis si tranquilles dans nos bazars ? Je ne saurais le dire.

    Enfin, ces péripéties expliquent les jours sans écriture d’autant que le fiston en vacances accapare l’ordinateur aux heures où l’envie me prend de m’asseoir devant l’écran. Maintenant que se termine l’écriture de cet énième long article, je songe à cette réflexion récurrente qui me poursuit depuis des années : dis- moi comment tu te meubles, organises ton foyer, je te dirai qui tu es.

    Le champ sémantique de notre mobilier tient en  tables, bureaux, armoires- commodes- placards- buffet, étagères- bibliothèques, chaises, pas de canapé ou fauteuil, un vague futon où nous ne nous asseyons pas, pas de télévision, les lits n’y sont que par nécessité (J’ai souvent réfléchi à des montages, structures, aménagement pour les rendre moins envahissants ou du moins plus pratiques avec nos piles de bouquins, BD, doc ou disques qui s’étalent alentour). J’en ai croisé qui transforment chaque espace libre en salon ou chambre à coucher, d’autres qui affichent du standing dans les lieux publics et se réservent la pire médiocrité dans l’intimité, certains qui tirent la maniaquerie jusque dans les moindres détails (plutôt acheter cher le truc qui ira avec le tout- de la voiture à la poussette en passant par la serviette de toilette- que de risquer un élément non aligné et ce jusqu’à jeter des cadeaux), celle- ci qui refuse toute fioriture et chasse la moindre saleté par peur du jugement d’autres, elle qui n’a pour horizon que son intérieur ou celle- là dont j’ai entendu tant de critiques sur son incapacité à garder un intérieur propre parce qu’elle privilégiait ses bêtes et dont je découvrais des armoires lumineuses d’ordre, de propreté avec du linge de grande qualité, choyé et parfaitement entretenu. Une multitude de choix de vie quotidienne. Enracinés, en transit, attachés aux apparences, au passé, aux habitudes, à des souvenirs, nomades modernes, coincés, névrosés, bricoleurs, extravertis, à la merci de papa-maman ou du qu’en dira-t-on. Comme les livres que nous lisons, nos foyers sont les reflets de ce que nous sommes, de ce que nous vivons, de nos ensorcèlements du monde.

    Allez, zou, je retourne à mon bazar, joyeusement.

     

     

    Epilogue :

    Impressionné par l’organisation de mon armoire à travaux manuels, mon garçon se demanda s’il n’allait pas jeter toutes ses affaires au milieu de la chambre afin de mieux ranger ses moindres recoins. Alors que j’eus l’envie de hurler « NOOON ! Pitié ! Surtout pas ça ! », je restai calme et lui démontrai simplement qu’en posant des étapes claires, il lui serait plus facile d’arriver au bout de sa tâche. Il m’écouta silencieusement puis réfléchit quelques instants. «  Oui, tu as raison. Me connaissant, je risquerais de tout mettre en vrac et de me décourager devant la quantité à ranger. » OUF !  Tant qu’à faire, je préfère de loin le chantier actuel plutôt que des grands travaux interminables.  


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