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Parce que je suis constamment titillée par la curiosité et la soif de découverte, je ne suis pas forcément adepte de l’unanimité et du consensus, j’aime à découvrir d’autres ensorcèlements du monde, à partager et m’enrichir d’être déstabilisée, conduite vers d’autres angles de vue. Aussi, si vous n’êtes pas d’accord, n’hésitez pas à le dire en commentaire, sans violence il va s’en dire (en outre, excellent exercice de communication non violente ! ).
Je l’avais d’ailleurs noté en préambule dans l'Accueil.
Pensée spéciale pour Mag.
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Les deux tours, Peter Jackson.- Vous êtes adroite avec une lame.
- Les femmes de ce pays ont appris à les manier; celles qui n'en ont pas meurent par elle. Je ne crains ni la douleur, ni la mort.
- Que craignez- vous, gente dame?
- Une cage. Rester derrière des barreaux jusqu'à ce que l'usure et l'âge les acceptent et que toute forme de courage ait disparu irrévocablement.
- Vous êtes fille de roi, damoiselle protectrice du Rohan, alors ceci ne sera pas votre destin.
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Look no further
Look no further
I look no further
Cruelest, almost
Always to ourselves
It mustn't get
Any better, off
It's in our hands
It always was
It's in our hands
In our hands
It's all there
In our hands
It's all there
In our hands
Well, now aren't we
Scaring ourselves
Unnecessarily?
Aren't we trying too hard?
'Cause it's in our hands
It's in our hands
It's all here
It's in our hands
Look no further
I look no further
It's in our hands
It always was
It's in our hands
It's in our hands
It's in our hands
It's in our hands
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Après l’entrevue au jardin, je revins vers Nadine car nous parlions à notre dernière réunion de ces relations interpersonnelles houleuses. Nos expériences respectives conduisent à la réflexion et ensemble, nous cherchons des alternatives à la violence en partant de situations concrètes. Mes esclandres avec SeN sont parfaits sur ce point. A nouveau, elle m’accompagna, me souffla des pistes de réflexion sur lesquelles je méditai ; en parallèle, j’entamai l’écriture de mes articles sur la colère. Doucement, au fur et à mesure, sans violence, reproche, accusation, culpabilité/ culpabilisation, mes besoins insatisfaits trouvent leur place et sont entendus. Les voici sur une trame quasi chronologique :
- besoin de constance: les doutes, changements d’avis, avancées puis reculs dans l’expression des sentiments, buts et projets de SeN m’ont laissée dans le désarroi. Chacun des revirements me conduisaient à proposer des solutions en vaines négociation, j’en fus épuisée.
- besoin de reconnaissance, d’acceptation de mes besoins, de mes aspirations, de mes rêves, de mes espérances.
- besoin de concertation, de discussion, de partage, d’écoute
- besoin de sécurité et d’avoir des repères, des projets, des buts, de savoir où j’allais.
- Besoin de cultiver le beau autour de moi. La guerre de tranchée autour des travaux de la maison et du jardin ne permettait nullement une approche saine de ce besoin. Là-dessus, et pour d’autres points, le besoin d’avoir un impact sur l’environnement et les événements resta lettre morte.
- Le besoin d’être acceptée pour ce que j’étais. Les remarques, critiques acerbes et perpétuelles sur mes tenues, mes coiffures, mon maquillage, mes chaussures, mes choix de couleur et d’association me tapaient sur les nerfs et provoquaient des réactions viscérales, emplies de colère, de révolte. Le besoin d’estime de soi n’était pas folichon avant, ce genre d’attitude à mon égard l’enfonça d’autant plus violemment que nous étions censés être un couple fondé sur des sentiments réciproques. J’évoque également rapidement cette récurrence à nous positionner fiston et moi en dehors de la famille.
- Les besoins de rituels, d’officialisation, de naissance. Rien que de les évoquer, j’ai comme un écœurement général. Refus du mariage, du pacs, de l’enfant. Pourquoi fêter les anniversaires ? En dehors de la famille (majoritairement la sienne puisque la mienne est riquiqui), nous n’avions quasiment pas de sorties ou d’invitation. De toute façon, nous étions loin de tout et tous. Souvenons- nous également de cette fête de Noël 2006 que je crus être la dernière.
- Le besoin de réalisation de soi était non seulement insatisfait mais en prime complètement nié par la réponse sempiternelle des « Pourquoi faire ? Ça sert à quoi ?»
- Le besoin de relation et d’authenticité dans la relation ainsi que celui de clarté. Bien des informations m’étaient cachées, je ne savais rien de certains points pourtant intimement liés à la vie commune. Nos véritables rencontres étaient tellement rares que je me demandais ce que je fichais là, avec le sentiment que fiston et moi étions de trop, à peine tolérés à côté de SA famille.
- Besoin de découvrir. Trois voyages- vacances en 8 ans et la bataille fut rude pour partir. Tant que cela ne l’intéressait pas pleinement dans ses domaines connus, il ne venait pas et je partais seule avec fiston en visite au loin, aux expositions, au cinéma, aux spectacles. D’ailleurs, lui, partait souvent seul de son côté ne souhaitant pas nous traîner parce que nous étions trop pénibles dans notre comportement avant la maladie et ensuite parce que mes handicaps étaient trop lourds.
Il y en aurait encore d’autres, je n’en doute pas. Ce sont néanmoins des plans grandement négociables, aux possibilités multiples et variables à l’infini. Avec un tant soit peu d’échange, de partage, de discussion, d’honnêteté, de respect mutuel, d’imagination aussi, nous aurions pu trouver des solutions… ou j’aurais pu partir sur un constat d’échec relationnel notoire (ce que j’envisageais avant d’être malade). Mais là où je crois que la plus grande souffrance s’est faite, ce fut l’insatisfaction et la non considération de mes besoins VITAUX aux heures terribles de la maladie !
- Besoin de boire et manger. Clouée au lit, je ne pouvais plus m’occuper de quoi que ce fut, j’étais tributaire d’autrui pour la préparation des repas, pour la découpe des aliments, très mal- voyante, pour la séparation des parties abimées ou grasses, entre autres exemples. Pendant des mois, mes envies et désirs alimentaires étaient à peine entendus. Quand je proposais quelques arrangements, c’était mal supporté. Les achats m’échappaient, la composition des repas également. Honnêtement, ces semaines passées à manger ces préparations rapides et fades ne furent guère agréables. Pour simple constat, quand j’entrai à l’hôpital en janvier 2007, je ne pesais plus que 49 kg. La fonte des muscles due à mon inactivité totale n’explique pas tout.
- Besoin d’éliminer les déchets. Voilà certainement un des points les plus délicats inhérent au précédent. J’étais complètement paralysée, les systèmes d’évacuation détraqués par l’atteinte sur la moelle épinière nécessitaient des attentions toute particulières. Les protections étaient mal supportées parce que coûteuses et encombrantes dans la poubelle. L’idée que des urines et des selles s’évacuassent en dehors des sentiers habituels était insupportable. Les écoulements nocturnes me valaient des protestations et des reproches et/ ou quand j’avais tenté de me rendre aux toilettes seule et qu’il était nécessaire de nettoyer les accidents. L’évacuation des selles telle qu’elle était opérée étaient une torture et une humiliation qui me laissaient fréquemment en larmes tourmentée par la culpabilité d’infliger un tel spectacle. Instinctivement, j’avais compris que les irrigations coloniques m’étaient bénéfiques mais j’eus à combattre âprement pour y être conduite malgré mon état et les oppositions. Le refus des travaux pour aménager les toilettes ne fut que l’ultime surdité à l’égard de mon besoin vital d’évacuation. S’il fabriqua des rampes avec des accoudoirs de bancs récupérés, ce fut de loin insuffisant au regard de mon état aux pires heures. Souvent, je tombais sans pouvoir me relever, souvent j’échappais aux bras qui me portaient et un jour, un ambulancier dut même venir m’en tirer car ma mère n’avait plus de force pour me rhabiller et me transférer sur le fauteuil roulant.
- Être propre. Quand j’étais à la maison en mauvais état, des travaux furent recommandés pour aménager la salle de bains. Refus cinglant. D’abord il y eut une planche en travers de la baignoire rapidement inexploitable, les ergos nous prêtèrent ensuite un siège pivotant. Sœur Thérèse fit part du besoin d’avoir deux personnes pour me laver, elle ne pouvait me porter seule. Il ne voulait pas d’étrangers dans la maison, il la toléra elle quand il travaillait du matin et elle ne venait pas quand il était présent. Devant la difficulté de la tâche avec mon corps en contorsion au contact de l’eau chaude et ou glissant sur le siège, j’entrais en combat quotidien pour exiger d’être lavée. L’arrivée d’une équipe supplémentaire exigea un front commun de toute l’équipe de l’hôpital à mon retour.
- Se vêtir, se dévêtir. Quand le corps échappe, les membres deviennent ballants et il est difficile d’habiller un corps récalcitrant, incontrôlable. Je subis donc rapidement les tenues peu avenantes. Je dus batailler chaque matin avec SeN pour ne pas traîner en vêtements de nuit ou survêtement difforme toute la journée. Que dire alors de la coiffure, de l’épilation, du parfum et autres futilités ? La moindre des choses que je demandai était de sentir bon… demande constamment répétée comme si elle n’avait pas valeur à être retenue.
- Maintenir sa température. Dans la maison aux multiples possibilités, régnaient les courants d’air. Avant la maladie, ils étaient désagréables , dans la douleur physique, ils devinrent abominables. J’avais beau me couvrir de couches de laines et autres textiles chauds, mon corps était transpercé d’airs cinglants et pointus. Le changement des portes et fenêtres effectués par les parents- propriétaires fut insuffisant. Et il n’était pas question de déménager.
- Bouger, avoir une activité, maintenir une bonne posture, être stimulé. Mes envies de sortir, de voir et/ ou sentir autre chose que ce qui se trouvait entre les quatre murs conduisaient à des conflits. Comme il avait refusé les travaux de mise en accessibilité, je restais tributaire du bon vouloir de porteurs. Constamment enfermée, j’étais heureuse des séances à l’hôpital, je voyais du monde, je discutais, j’avais des relations, je bougeais, je respirais. En dehors de celles- là, aux pires heures de la fin d’année 2006, je me retrouvais souvent complètement seule pendant des heures, incapable de changer les stations de radio ou les cd sur la chaîne puisque je ne voyais rien des touches de la télécommande et que l’appareil était trop éloigné de moi, incapable de bouger sur un matelas et un lit inadaptés. N’ayant personne pour me tourner dans le lit régulièrement, je commençai à avoir des escarres.
- Être en sécurité. Que ce fut par le non aménagement de la maison, de son intérieur et de son extérieur, les refus et barrages aux aides techniques et humaines, ma solitude pendant des heures alors que j’étais incapable de bouger, d’appeler ou de répondre au téléphone, d’ouvrir ou fermer les portes, les fenêtres, je fus dans une très grande insécurité. Il y eut en plus cette foutue incapacité à prendre une décision, ne serait- ce que pour contacter un médecin en urgence alors que j’étais complètement effondrée, dans des douleurs incommensurables, clouée au sol, au canapé, au lit. En ces moments terribles, je devais hurler à SeN de le faire car il était tétanisé à l’idée d’exécuter cet acte.
Evidemment, dans cette non- considération de mes besoins vitaux, comment pouvait—il y avoir de la place pour les besoins moins élémentaires ?
- Avoir de l’aide pour l’entretien de la maison, du linge pour les besoins d’ordre et de propreté.
- Accéder à ma demande d’ordonner les choses avec constance afin que je pusse compenser ma déficience visuelle.
- Avoir une vie sociale, culturelle, nourricière d’âme et d’esprit. Seul fiston âgé de 9 ans prit le temps de me faire la lecture et de mettre des films en audio vision. Mes limites physiques étaient souvent prétexte au refus de sorties parce que c’était trop compliqué à gérer. Les quelques-unes effectuées le furent par mon opiniâtreté et mes prises de décision face aux adaptations nécessaires.
- Alors que je me sentais mourir, que je me préparais à cette fin ultime, j’ai passé outre mes besoins parce que je pensais que bientôt je ne serais plus là, je ne me souciais que de mon entourage et de leur vie par- delà ma mort. J’avais besoin d’être soutenue, accompagnée, considérée, de faire la paix, de partager des instants précieux de profonde communion, de régler nos vieilleries et la vie d’après moi afin d’être sereine quant à l’avenir de mon fils, de mes affaires. Je voulais pouvoir mourir en paix, apaisée et autour de moi, se multipliaient les conflits, les cris, les colères, les fuites, l’inconstance et l’incapacité à prendre des décisions ou de changer des habitudes. Quand j’allai mieux, j’aspirai à une vie pleine et entière, à la joie d’être présente au monde, de partager dans l’authenticité des relations assainies et positives ... et je me retrouvai face à un mur.
Certes la dégringolade fut fulgurante et tout est allé si vite que l’adaptation nécessitait des décisions rapides. Si SeN fit de son mieux avec l’énergie du désespoir, il n’entendit pas mes besoins, il alla jusqu’à les nier refusant les aides, les aménagements. Dépassé, choqué, il cherchait à tout contrôler afin d’apaiser SES angoisses. Seulement, avec cette attitude, je subis des conséquences dignes de la maltraitance par négligence ou obstacle aux soins. Là, maintenant, réside la raison fondamentale de ma colère.
Quand il était présent, attentionné, à l’écoute de mes besoins, j’étais heureuse, je me répétai à l’envi « Ca y est, il a compris ! Nous l’aurons notre belle vie ensemble désormais » ce qu’il me promit lui aussi à plusieurs reprises lors des crises de larmes et de peurs. Et puis, si peu face à l’ampleur de la déferlante, le pire étant certainement l’absence de discussion, de négociation ; les seules réponses étaient des ultimatums, des menaces, des jugements, des colères conjugués à des longs intervalles d’indifférence, de silence, de renfermement, de mutisme ou de plaintes en victime.
« Je ne te pardonnerai jamais ! » lui ai- je répété à plusieurs reprises. Grâce à Nadine, j’y ajoute « tant que je n’aurai pas le sentiment que toi et tes parents aurez mesuré le mal que vous nous avez fait à fiston et moi ! ». Pourtant, rester dans cette rancœur n’a pas d’issue et je n’y songe que lorsque les circonstances m’y ramènent, de moins en moins, en parfait règlements de contes.
Je sais dorénavant que ce chambardement interne est le reflet confus d’une notion clairement définie : la peur terrible de me retrouver complètement dépendante de personnes tellement empêtrées et aveuglées par leurs propres sentiments et besoins insatisfaits qu’elles en deviennent maltraitantes par incapacité à entendre mes besoins vitaux .
Enfin, j’ai identifié mes sentiments, mes besoins insatisfaits, arrive maintenant la dernière étape fondamentale et en dynamique vivifiante, celle de la demande.
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