• Cette année, j'ai participé à trois jours sur quatre; arrivée, comme d'habitude avec un programme précis, j'ai fait de belles découvertes grâce à la coopération des accompagnateurs du stand de la MDPH. Voilà donc la matière fournie de ces trois jours avec des avis évidemment tout personnels.

    Jeudi.

    Gary Clarck Jr

    Un régal! Un beau tour de la musique noire américaine en un concert. Blues, soul, guitare façon Hendricks! Diversité, puissance, profondeur. Bon, allez, j'avoue, je suis grande amatrice du genre. 

    Asaf Avidan

    Je le connaissais de loin grâce à sa voix particulière. Une magnifique surprise! Belle présence sur scène, généreux, joueur, cabotin, séducteur, de bons morceaux variés, un vrai plaisir! Je l'ai entendu depuis sur France Inter en entretien où il m'a enchantée, mes premières impressions se confirmaient. J'ai écouté depuis quelques albums sur la toile sans y retrouver cette énergie; j'y reviendrai, j'ai peut- être besoin de m'y plonger plus profondément.

     Alt- J

    Je n'en garde pas un souvenir marquant. Musique et spectacle agréables, sans plus.

      

    M

    Je n'aime pas M. Sa voix m'insupporte et ses textes m'agacent. Mes accompagnateurs avaient envie d'aller y jeter un coup d'oreille et d’œil je crois parce qu'ils insistèrent légèrement pour y faire un tour expliquant que sur scène il était vraiment très bien. Ouverte et soucieuse d'eux, j'acceptai. Nous arrivâmes en fin de concert... et je n'ai pas regretté. Très présent, joueur, généreux et en mouvement interactif avec son public, il vaut vraiment le coup d'être vu sur scène. Beau moment de partage et de gaieté.

    Le Chapelier fou.

    Je suis venue ce jour pour lui principalement. Dans une salle en fond de site, petit comité, petite scène, il semblait presque étonné lui- même d'avoir été convié à cette édition « malgré sa non- actualité musicale» (sic). Entre son violon, ses claviers, son ordinateur, il joua sa musique si particulière dans des jeux de lumière enchanteurs. C'était beau, enfin, du moins, j'ai aimé, c'était magique et ses bidouillages m'ont transportée. Un artiste original à découvrir.

    Jamiroquai

    Pour finir la soirée, j'étais curieuse d'aller voir ayant entendu quelques échos positifs sur ses spectacles. Je ne suis pas spécialement fan de sa musique, quelques titres invitent à danser mais je n'écoutais pas plus que ça. Et ben, je me suis ennuyée. D'abord vêtu d'un costume de cow- boys bleu avec chapeau vert, il a fini en survêtement de sport, je l'ai trouvé négligé d'emblée. Je n'ai pas aimé son attitude non plus, il m'a paru blasé, détaché presque hautain avec le public. Il était là pour faire un spectacle, fournir son lot de chansons et basta. Sensation d'avoir perdu mon temps.

     

     Vendredi

    Matthew E. White

    J'avoue, j'ai oublié. C'est révélateur.

     Lilly Wood and the Prick.

    Chouette concert avec ces Français pleins d'énergie et de joie d'être sur scène. Musique pleine d'entrain, une belle surprise. J'ai presque eu des regrets à les quitter pour le concert que j'avais prévu ensuite et auquel je tenais à aller.

    Jupiter and the Okwess 

    Il n'y avait pas foule au départ mais l'ambiance devint si vite chaleureuse, joyeuse et entraînante que le public enfla rapidement. Super moment! J'ai dansé avec bonheur dans une ambiance du tonnerre! Le public a fini en rondes géantes et vagues endiablées, c'était magnifique.

    Skip the use

    Je ne connaissais qu'un ou deux titres et je suis venue par curiosité entre deux concerts. Belle énergie, un parterre de public conquis, une belle ambiance mais j'avoue que ce concert ne m'a pas spécialement marquée.

       Woodkid

    MAGNIFIQUE! Du grand spectacle! Le disque à la base est déjà une épopée, sur scène, c'est encore plus fort. Il y en a pour les oreilles, les yeux. J'étais transportée dans un monde fantastique. Un de mes accompagnateurs, qui ne connaissait pas, avoua en partant qu'il avait été bouleversé au point d'avoir la larme à l’œil. Imaginez donc l'ambiance. Un grand moment, un univers riche à découvrir.

    Spectacle complet non pas aux Eurock mais à Lyon si quelqu'un est intéressé ici

    The Smashing Pumpking

    Très connus, j'étais curieuse de les voir en concert. Leur musique étant mouvementée, je m'attendais à quelque chose de vivant, j'ai été déçue. Ils étaient statiques, alignant les titres dans une sorte d'indifférence. Aucune interaction. Après Woodkid, c'était laborieux de rester jusqu'à la fin.

    Electric electric

    Sans plus. Saturée ou le concert ne me convenait pas. Je suis partie rapidement. Il était aussi tard et il me restait à rentrer, le jeu n'en valait pas la chandelle. En prime, je n'ai rien trouvé pour vous faire découvrir. 

     Dimanche

    Hyphen Hyphen.

    C'était chouette. Ils se donnaient de la peine et l'ambiance a suivi devant leur enthousiasme.

    Keny Arkana.

    Je n'aime pas le hip hop aussi n'avais- je pas prévu d'y aller. L'accompagnateur qui m'avait emmenée voir M expliqua qu'elle était particulière et que nombre de ceux qui n'aimaient pas le hip hop l'appréciaient. J'avais du temps d'attente jusqu'au prochain programmé aussi, nous y allâmes. Une belle découverte. Une présence incroyable sur scène que ce petit bout de femme. Une conviction, un engagement chevillés au corps, des textes humanistes et revendicatifs prônant la tolérance, la résistance du peuple. Elle est une des seules artistes que j'ai vue donner de l'eau au public écrasé par la chaleur. Elle m'a émue, vraiment.

    The Vaccines.

    Pas de souvenir. Tout est dit. Un passe- temps.

    Chvrches.

    Concert sur une petite scène avec une chanteuse à l'allure adolescente. Elle a fait l'effort de parler le français, s'excusant de son petit niveau. Un bon moment très agréable avec ce groupe écossais prometteur.

    Skunk Anansie.

    Je connaissais les titres phares- sans m'y être penchée plus. Ce fut un moment particulier car la chanteuse a une présence très forte sur scène. Elle saute, avance, recule et affole la sécurité en se mêlant à la foule. Impressionnant.

    The Bloody Valentine.

     

    Étrange et hypnotique. Je crois que je vais me plonger dans leurs albums, c'est suffisamment particulier pour m'intéresser.

    Je les ai quittés plus tôt pour aller sur la grande scène et son concert final.

    Blur

    Je suis une grande fan de Gorillaz, il est naturel d'avoir du penchant pour Blur. J'ai quelques albums d'eux et il y a des titres que j'aime énormément (dont Out of time ci- dessus) . Je suis venue pour eux ce jour- là, j'ai été ravie. Le chanteur a fait son show et s'est jeté dans la foule loin de la mégalomanie, du dédain ou de l'indifférence d'autres. Une belle clôture de festival.

     

    Vous trouverez sur la toile de nombreuses vidéos des Eurockéennes 2013. Si le cœur vous en dit :)

     


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  • Au milieu de la salle, trônait une petite scène. Depuis nos places, je craignai l’obstruction par deux espèces de grands poteaux et observai de loin l'artiste d'entrée, une amie de Björk bidouillant ses ordinateurs puis au dessus, un cercle d'écrans montrèrent les constellations de l'univers de Biophilia. La salle se remplit lentement, l'ouverture n’intéressait pas grand monde, il régnait un brouhaha de pas plus ou moins hâtifs, de paroles échangées. Certains mangeaient, d'autres buvaient, certains se promenaient, s’installaient, repartaient, revenaient, beaucoup discutaient. Le temps passa doucement et quand tout à coup, la lumière changea, des cris montèrent en vague, les choristes entrèrent en scène dans une quasi obscurité puis ce fut le tour de Björk. Les lumières étaient faibles, quelques rayons illuminaient les vêtements, la perruque monumentale, les musiciens, les instruments. Les écrans passaient des animations terrestres, galactiques, sanguines, végétales, marines au gré des chansons. Se succédaient des tableaux divers où les artistes se plaçaient en ordre différents selon les chansons: en cercle, concentrés au milieu de la scène, en face de l'un ou l'autre côté de la scène. Björk était loin, je ne voyais pas beaucoup de détails, je me dis que décidément, il serait grand temps que je me trouve une paire de jumelles de théâtre, la maladie a endommagé ma vue et je passe à côté de bien des éléments. Enfin, là, en l'occurrence, Björk se faufila, se mêla, gesticula, dansa, souvent dans des recoins, dans l'obscurité, des lumières faibles ou au contraire éclatantes. Elle entonna tous les titres de son dernier album dans un ordre choisi pour le spectacle entrecoupés de quelques titres de précédents albums: Unravel de Homogenic, Mouth's Craddle, where is the line de Medulla, One day de Debut, Declare independance de Volta. Comme à son habitude, les titres montaient en puissance et le final explosa avec Nattura. Elle salua et disparut comme elle était apparue. Il y avait eu une petite pause de quelques minutes entre- temps, la présentation des choristes et musiciens. Je m'amusai à noter que son accent islandais est particulièrement prononcé quand elle parle alors qu'il est bien plus discret quand elle chante, une spécifié commune à de nombreux chanteurs.

    Les deux poteaux étaient en fait des instruments avec des bras dont le mouvement engendre des sons d'air et nous étions finalement bien placées; de loin, j'ai aperçu les autres instruments fabriqués pour l'occasion avec leurs sons particuliers dont une espèce d'orgue inédit. Elle a modifié les orchestrations de certains titres comme One Day avec seulement sa voix et une percussion déjà entendue dans son concert débranché de Londres.

    J'ai été surprise par le public: quasiment statique et silencieux mis à part quelques agités très localisés. Majoritairement, personne ne bougeait et presque toute la foule écoutait religieusement. Les applaudissements, les cris étaient ponctuels sur les moments d'arrivée, de sortie, après chaque chanson. En fin de concert, Björk fit se lever le public et l'invita à danser, sans grand succès. A Declare independance, les bras se levaient, évidement, en chœur mais les corps ne sautaient ou ne dansaient pas véritablement. Avec ses musiques, je suis pleinement dedans, ma familiarité est telle que je vis les notes, les rythmes, les paroles, je sais ce qui arrive, quand, comment aussi, c'est plus fort que moi, j'ai envie de chanter à tue tête, de danser. Là, je me suis ( un peu) retenue au milieu du silence et du calme alentour, c'était étrange.

    J'avais mon appareil photo dans le sac à main et je n'en ai faite aucune. La seule tentative n'aboutit pas car j'étais à chaque seconde dans le concert et n'en voulais rien manquer. Nous avions été invités à ne pas filmer ou photographier en entrée, des photos étant disponibles sur le site bjork.com en téléchargement gratuit ( elles ne sont pas terribles d'ailleurs je trouve pour des soit- disant photos professionnelles). Quelques appareils se levaient sporadiquement et des vidéos sont visibles sur la toile, vous trouverez facilement, si cela vous intéresse, des extraits du Cirque en chantier par exemple. Je constatai de ce fait que la programmation des titres n'était pas identique à chaque date et je savourai d'autant plus ce 8 mars car elle y joua certains de mes morceaux préférés comme One Day, Mouth's cradle ou Unravel.

    Pour conclure, je dirai que j'ai été enchantée, ravie et heureuse d'avoir fait le déplacement. Si des impondérables liés à sa personnalité se répètent, Björk change complètement l'ambiance de ces concerts selon l'album dernièrement sorti et ce sont des découvertes constamment renouvelées avec sa capacité à transformer ses morceaux plus anciens d'autant qu'elle a de l'audace et tente des expériences originales, hors des sentiers communs. Certains qualifient sa musique et ce concert de cérébral. Il est vrai que la symbolique y est forte, peu commune, il y a une profonde réflexion derrière chacun des éléments et pourtant, je trouve qu'elle touche à ce qu'il y a de plus primitif en l'humain et son rapport à la terre, la nature, sa propre nature. Les émotions sont puissantes, voire exacerbées, les images du corps, des cellules, des couches ou plaques terrestres, des océans, des étoiles, des constellations renvoient du plus petit au plus grand et ramène l'humain à sa place d’élément d'un tout. «I’m no fucking Buddhist but this is enlightenment» dit -elle dans Alarm Call d'Homogénic, elle se déclare sans religion, je la sens païenne, elle transpire la foi en tout ce qui est vivant, bouge, se transforme. Enfin, quoi qu'il en soit, je suis conquise depuis vingt ans, elle me déçoit rarement, mon avis n'a alors absolument aucune valeur parce que je suis totalement partiale. J'avais simplement envie de partager avec qui voudra s'attarder en ces terres conquises. 

     


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  • Ça y est! Enfin! Fiston est parti pour 5 jours de camp. OUF! C'est la fête et je respire.

    J'avais envie de m'abrutir devant des feuilletons ou des émissions de télévision mais les programmes m'ont vite rebutée. Chassez le naturel, il revient au galop. Du coup, je passe de temps en temps dans la zone sinistrée- chambre du fiston où les surprises se multiplient ( classeurs vides et feuilles étalées sous le lit, bibliothèques clairsemées et livres en vrac partout, nourritures en décomposition ou séchage, déchets en tout genre, montagnes de linge sale, poussière à n'en plus finir et j'en passe), j'ai terminé une couette dont je vous parlerai plus tard en regardant des émissions et reportages sur Arte TV+7. Je me suis ainsi régalée avec:

    Erectionman

    http://videos.arte.tv/fr/videos/erectionman-6609808.html

    Tout à fait approprié dans mes curiosités sur ce qu'être un homme ( humain de sexe masculin) . Mon garçon de 15 ans est certes un cas d'étude, ce sont surtout ses manques qui m'interpellent. Et comme je suis de sexe féminin, cet autre est un champ d'étude fort intéressant.

    Puis, par hasard ( merci la vie!), cette émission avec mon ami Boris.

    28 minutes, Sans les animaux, notre monde serait- il humain?

    http://videos.arte.tv/fr/videos/28_minutes-6607430.html

    Tellement éclairant, tellement instructif sur ce qu'est notre condition.


    Comme la question de mon précédent article a soulevé les masses, j'ai décidé de mon propre chef, arbitrairement de faire au petit bonheur la chance, selon les circonstances avec des articles plus ou moins creusés et travaillés plutôt que de m'astreindre à des exigences stylistiques. Quoi qu'il en soit, avec ces 5 jours de tranquillité, j'arriverai peut- être à rattraper – un peu- le retard existant entre mes idées- expériences- ouvrages et les articles d'ici. Qui sait?

    Zou! Je repars en vous laissant à ces liens pour regarder une série ou un film en crochetant les manches d'un gilet bordeaux. A moins que je ne me mette à danser comme une folle la musique à fond?


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  • Et bon vol vers les étoiles...   

     

     

     


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  • Perdre la vue était l’une de mes plus grandes peurs et j’y suis tombée en moins d’une semaine. Malgré les limitations et empêchements d’autres, j’ai tâché de m’adapter en jouant sur les lumières, quelques accessoires, principalement sur l’écoute de mon corps et la volonté de ne pas rester en fatalité subie. Fort heureusement, j’ai eu la chance inouïe de la récupérer lentement.  De cette expérience initiatique, m’est resté le plaisir d’écouter des livres lus que je dégotte avidement à la médiathèque. Est- ce un réflexe boulimique post famine ?  Grande lectrice que je suis depuis plusieurs décennies, j’y vois une continuité logique. Et puis, ce support me permet de lire en travaillant de mes mains ou en m’endormant, ce qui multiple mes lectures. Bien des œuvres lues ou écoutées attendent leur article, je ne suis pas, débordée par les péripéties  et expériences quotidiennes, un fiston accaparant l’ordinateur pendant les vacances. Pourtant, je bouleverse mes chronologies et profite des grasses matinées interminables du fiston- ado pour vous parler de ce livre aujourd’hui.

     

    David Servan- Schreiber est jeune médecin aux Etats- Unis quand il apprend qu’il a une tumeur au cerveau, cataclysme dans une vie pleine de projets et d’ambition. En plus des traitements habituels, il décide d’expérimenter d’autres voies curatives et s’en sort. Dans ce livre, il explique les processus du cancer, comment s’alimenter, vivre pour s’en prémunir ou accompagner les traitements quand il est déclaré. Il évoque ses expériences personnelles, ses rencontres avec des médecins, des thérapeutes, des patients qu’il a lui- même accompagnés. Il donne de nombreuses références, des pistes de réflexion et surtout invite à l’amour de la vie que nous avons à vivre.

     

    Vous trouverez beaucoup d’informations à ce propos sur la toile, en librairie d’autant que David Servan- Schreiber, après s’en être sorti à deux reprises (la deuxième était dite fatale) est actuellement en terrible rechute et prépare sa mort. Je n’ai donc pas tellement le goût de vous le résumer ou d’en faire une analyse critique, j’ai seulement envie d’en parler pour ce qu’il a de résonnance en moi.

     

    En le découvrant par hasard parmi les autres, j’ai pris ce disque pour ma mère. Elle a eu deux cancers et a réchappé de justesse au deuxième. Je n’étais pas présente à sa maladie et de toute façon, elle ne m’en a quasiment rien montré, ni dit. Je ne culpabilise pas, notre famille est particulièrement touchée et l’hécatombe est évidente ; le cancer fait partie de notre patrimoine, il nous est familier et nous savons que la prévention est essentielle pour chacun d’entre nous en priorité. Par contre, j’ai, grâce à la communication bienveillante, ouvert mes esgourdes à sa souffrance psychologique, à sa profonde solitude, son chagrin, ses peines, ses angoisses quant au gâchis d’une vie par défaut d’accompagnement, de solidarité. Elle n’a d’ailleurs pas prêté attention à ce livre régulièrement évoqué, ce n’est après tout pas de la maladie, de la douleur dont elle a le plus peur ou le plus souffert. J’ai donc écouté ce livre- lu pour moi, pour mes proches, pour qui voudra le partager.

     

    Si la maladie de Devic n’est pas un cancer, elle est aussi contrecarrée par des chimiothérapies, elle est aussi une maladie chronique dont les origines sont similaires à celles des cancers, il y est aussi question d’inflammation. Il ne me fut guère difficile de réfléchir à ces parallèles tant qu’il était dans des questions médicales, alimentaires, environnementales ; une autre attention s’éveilla quand il entama la question de la corrélation entre corps et psychisme et je vibrai avec lui dès lors qu’il aborda des questions fondamentales de présence à soi, au monde, à la vie. Les passages concernant les fins de vie me bouleversèrent et j’ai pleuré dans ma cuisine en faisant la vaisselle alors que je l’écoutai. Je vivais, je vibrais avec lui (il lit lui- même cette version audio). Parce que nous avons la même expérience de la proximité de la mort, parce que ce vécu métamorphose profondément, parce que c’est une expérience initiatique au- delà de tout ce que les sociétés humaines peuvent imaginer, j’étais reliée.

    J’ai trouvé en ses mots un écho similaire aux miens, d’autres illustrations verbalisant et concrétisant les  raisons fondées de ma colère, de mes souffrances relationnelles à SeN notamment et cette volonté farouche de vivre pleinement ce temps qui nous est imparti sur Terre non sur un plan narcissique d’égo désireux de contrôler pour vivre l’éternité mais bel et bien en tant qu’être, partie intégrante d’un tout, d’un monde, d’un univers, de la vie.

     

    David Servan- Schreiber est un cas clinique qui a démenti les pronostics des médecins, il a gagné de nombreuses années de vie et couru le monde pour partager ses expériences. Certaines polémiques existent quant à sa démarche, certains de ses choix et de ses positionnements, je ne m’y attarde pas. A mes yeux, ne comptent que son engagement et cette humanité vécue pleinement dans sa vibration essentielle, sa finitude, son positionnement dans l’univers.  Il renforce cette pensée récurrente à mon esprit : peu importe ce qui nous arrive, ce qui compte, c’est ce que nous en faisons. (Mon ami Boris évoque constamment cette nécessité de sens et de verbalisation sur nos parcours de vie)

    Nul n’échappe à la mort, c’est notre lot commun, notre destinée à tous. La maladie, la douleur, la souffrance sont des réalités auxquelles nous ne pouvons échapper. Longtemps, j’ai répété : en dehors de la mort et la maladie, il n’y a de limite que celles que l’on s’impose. Depuis la maladie, le handicap, la douleur, la dépendance, la souffrance, le sentiment d’imminence de la mort, je sais que même dans la maladie et la mort, nous avons la possibilité d’être et de devenir. C’est également ce que répète David Servan- Schreiber dans ce livre et je suis heureuse de le partager avec lui, avec Christiane Singer, Colette Portelance et tant d’autres anonymes.


     

    Si certains d’entre vous croisent cet ouvrage, vous penserez peut- être à moi à partir du chapitre 9. 


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  • Notre espèce a environ 150 000 ans, elle serait apparue quelque part au Moyen- orient et a migré à travers la planète en s’adaptant aux différents climats et géographies. En Europe et au Proche- Orient, elle a rencontré une autre espèce d’hommes bien plus ancienne que la sienne : Homo néanderthalis depuis disparue. Au XIXe siècle, la découverte de ses traces a été interprétée à travers le prisme de la mentalité de l’époque dressant un portrait rustre et sauvage de cette autre humanité. Actuellement, si bien des questions restent en suspens, notre regard a changé et ce livre est à la pointe des dernières découvertes, interprétations, propositions.

    Ouvrage érudit et universitaire, empli de références et données techniques, pointues, exigeantes, il est ponctué de reconstruction de saynètes de la vie de notre cousin humain élaborées à partir des données observées lors des fouilles archéologiques. Ainsi, ce soit- disant rustre chassait, construisait, élaborait, parlait, ritualisait, s’ornait, transmettait.

    Il connaissait la nature et son environnement, il a su s'adapter à différents biotopes et climats, il percevait le temps et l’espace. A la chasse, il utilisait des techniques et des outils complexes, il se nourrissait de beaucoup de viande cuite car il maîtrisait le feu, il pêchait occasionnellement. Ses prises étaient rationnalisées au maximum par la fabrication d’outils, de vêtements, d’ornements. Les relations au sein du groupe étaient structurées, chacun ayant sa place et son rôle, les tâches étaient partagées,  les malades, les blessés, les handicapés soignés. Face à une mortalité (en particulier infantile) effrayante pour nous aujourd’hui, il survivait et enchantait son univers grâce à des rites, l’enterrement de ses morts, des parures, des éléments purement décoratifs ; il est probable qu’il ait eu le culte des ancêtres.Nomade sur d’immenses territoires quasiment vides, il rationnalisait ses déplacements. Il rencontrait rarement d’autres groupes et si cela arrivait, il échangeait matériel, pratiques et savoirs. En Europe, il a certainement été très déstabilisé par l’arrivée de Sapiens évitant d’ailleurs souvent la confrontation.

    Sa physionomie était parfaitement adaptée à son environnement, il supportait le froid comme notre espèce ne le peut, il était un athlète avec une force inégalée parmi nous dans les bras, capable de lancer et porter de lourdes charges, de marcher longtemps, de grimper, s’accroupir, se tourner avec une plus grande agilité que nous. Son cerveau était gros, il était capable d’anticipation et d’abstraction, de projection, il était intelligent et avait une conscience.

    La disparition d’Homo neanderthalis est un mystère, il n’y a que des hypothèses. Il a rencontré Sapiens, ils ont partagé et échangé des savoirs, des femmes ont engendré probablement des enfants stériles du fait de la différence d’espèce mais rien n’est certain, les quelques fossiles trouvés ne permettant pas d’affirmer des idées arrêtées. Peu à peu, les groupes se sont rétrécis, peu à peu néanderthalis se perdit dans l’histoire de l’évolution. En Europe comme au Proche- Orient, il s’est éteint, lentement, longuement. Pourtant, si à postériori, nous pouvons nous, Sapiens étudier les traces qu’il a laissées, nous n’avons pas atteint la longévité de son espèce. Néanderthal, lui, a vécu 300 000 ans en parfaite communion avec son environnement.

     



    J’aime me pencher sur ce genre d’études parce qu’elles soulèvent des questions importantes quant à notre identité, nos origines. Elles nous replacent dans un contexte général bien au- delà des égos et prétentions qui se contentent d’analyser le devant du nez ou le tour du nombril.  Nous ne sommes rien d’autre qu’une espèce parmi d’autres à travers le temps et l’espace ; il est bon de s’en souvenir. Et toute notre intelligence ne pourra rien contre notre simple condition  humaine, condition qui ne nous est nullement exclusive, Néanderthalis en est la preuve.

    Au- delà des inventaires de fouilles, de sites archéologiques, de l’exigence scientifique, c’est véritablement une merveilleuse aventure que de plonger dans cet ouvrage, à la rencontre de cette autre humanité, perdue dans la nuit des temps.

    Si le cœur vous en dit.


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  • Le postulat de base est simple : imaginons que l’humanité disparaîsse subitement de la surface de la Terre et que le monde continue son aventure sans nous. Qu’adviendra-il ?

    Ce titre m’avait interpellée parce qu’en résonnance avec cette question récurrente de la finitude. Je l’ai lu en avril et mai 2009. Depuis, si le temps a trié la mémoire, cet ouvrage ne me quitte pas et j’envisage souvent avec un autre regard les agitations humaines quant à des certitudes, des affirmations, des proclamations à toujours et à jamais sur des valeurs immortelles et/ ou  éternelles (J’ai décidément une grande interrogation vis- à- vis de la vanité humaine, me dépêtrant plus ou moins bien avec ma faille narcissique).

    Nos constructions, au gré des circonstances climatiques et d’ensoleillement, seront balayées par la nature, inondées, envahies par les bactéries, les moisissures, les champignons, les bestioles; les matériaux pollueront plus ou moins longtemps, certains retrouvent leur état d’origine dans les couches géologiques pendant que d’autres résisteront sous les couches d’humus.  En 20 ans, New York redeviendra le marécage qu’il était, par exemple. A Chypre, la zone abandonnée séparant la partie turque et la partie grecque montre concrètement ce qu’il advient de nos villes sans la présence des humains. Entre puanteur et silence assourdissant se développent plantes et bêtes. Au fil du temps, disparaissent d’abord les constructions les plus récentes puis c’est notre histoire qui s’étiolera à l’envers. Etonnement, ce sont les constructions souterraines qui résisteraient le plus longtemps.  

    Les végétaux se réguleront eux- mêmes selon les adaptations des uns et des autres. Ceux que  l’homme a introduits d’ailleurs souvent ne résisteront pas à l’absence de ses soins ; l ’Afrique seule retrouvera un visage primitif presque pur. Nos successeurs d’évolution pourraient très bien être les chimpanzés grâce à leur gène de l’adaptation. Notre impact sur la faune est irrémédiable. Weisman expose par exemple la théorie selon laquelle l’arrivée des humains a provoqué l’extermination de la mégafaune en Amérique, pas en Afrique parce que les grands animaux y ont côtoyé l’hominidé depuis la nuit des temps et se sont adaptés à ce prédateur. La vache à gros pis, les poules, le chien depuis si longtemps apprivoisé ne survivront pas à l’humain contrairement aux chats qui retrouvent plus rapidement leur état sauvage

    Le vide engendré par notre disparition sera rempli par les animaux sauvages. Les moustiques pulluleront, nourriront les poissons, poloniseront les fleurs. Les oiseaux seront ravis de notre disparition (peu la remarqueront en outre) bien que les chats largement répandus se régaleront d’eux. Des espèces introduites par l’homme sur certaines îles contrarieront grandement les oiseaux y nichant parce que proliférant sans la régulation des hommes (cochons et rats par exemple).  Pigeons, serpents, castors investiront les refuges offerts par les bâtiments abandonnés. Dans ce registre, la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées est très révélatrice de cette réappropriation par la nature car là, en cette fine frontière, des espèces rares ont trouvé leur ultime refuge ; sans elle, elles auraient disparu depuis longtemps.  Par contre, les poux et acariens, certaines bactéries nous regretterons grandement voire disparaitront avec nous.

    L’engrenage du réchauffement climatique ne cessera guère et les eaux monteront partout à la fonte des glaces, le méthane libéré du permafrost en décongélation l’accélèrera. L’océan mettrait 1000 ans à se renouveler, la terre 100 000 ans. Les glaciers se reformeraient en au moins 15 000 ans. Les plastiques resteront quasi éternellement incrustés partout se dégradant en particules toujours plus petites et plastifiant l’environnement jusqu’au plus profond des cellules, des océans. De nombreuses espèces marines auront d’ailleurs disparu à cause de lui.

     Les lacs artificiels s’enliseront, les terres cultivées retourneront à la forêt, les rivières changeront leurs cours. L’érosion aplanira les constructions humaines, bien des milieux humides et biotiques seront soulagés de l’arrêt de l’utilisation des engrais et en quelques années se purifieront naturellement.  Le paysage sera complètement transformé, de nombreuses espèces migreront du fait de ces changements. Surtout, les installations pétrolières exploseront, brûleront pour certaines pendant des siècles, les centrales nucléaires pareillement en irradiant les alentours, se transformant en lave alors que des tonnes de déchets radioactifs émettront pendant des milliers d’années de sous la terre. Nos produits chimiques infiltrés dans les sols, les eaux résisteront : le zinc 37 000 ans, le plomb 35 000, le chrome 70 000. La faible couche d’ozone n’arrangera rien et forcément, certaines espèces disparaîtront, d’autres s’adapteront… La vie continuera, comme l’atteste la zone interdite de Tchernobyl devenu un laboratoire d’observation.

    Il est peu probable que notre espèce disparaisse rapidement et totalement ; même le pire des virus finit par préserver quelques-uns des corps qu’il infecte pour survivre lui- même. Le danger est plus probable du côté de nos technologies, de la destruction de notre environnement, de la surpopulation. Néanmoins, bien que l’idée d’une terre soulagée de notre espèce puisse séduire, l’homme a créé tellement de merveilles que l’idée de sa disparition conduit à un sentiment profond de deuil. Que resterait- il alors de nos créations ? Nos œuvres d’art ne résisteront pas au temps sauf les statues de bronze, de nous ne resteraient finalement que les sondes envoyées dans l’espace, les ondes hertziennes émises depuis la terre et en perpétuelle route reflet uniquement d’un siècle d’existence de l’espèce humaine. La vie elle continuera sans nous, quoi qu’il en soit et c’est de l’océan que viendront les ressorts de la vie, avec l’Afrique.

    Un jour, le soleil explosera et la terre avec lui ; plutôt que d’envisager des scénarii catastrophes sur notre avenir, n’avons- nous pas mieux à rendre le présent meilleur, à retrouver le sens de la mesure, à  prendre soin de la nature, à ne pas nous exclure nous- même d’un monde magnifique ? Nous sommes redevables à la terre, à toutes les espèces de notre existence, ne l’oublions pas.

    Voilà un petit tour NON exhaustif de ce livre très intéressant. L’immense bibliographie en fin d’ouvrage est à l’image de la méticulosité avec laquelle l’auteur a travaillé et abordé la question. C’est un voyage à travers l’espace et le temps, une vision globale de nous humains en tant qu’espèce parmi d’autres, dans son environnement,  nous humains, si intelligents et capables de tant de folies, d’aveuglement, d’avidité, de courte vue. Par contre,  il y a un point qui m’a fortement déplu. L’auteur est nord-américain et cela transpire dans son approche et son analyse. Ses références, ses représentations sont celles d’un américain et j’étais circonspecte devant l’absence des représentations d’autres pays. Bien des éléments qu’il décrit sont révélateurs des comportements et choix américains loin d’être universels. En Europe, notamment, certaines dispositions existent afin de ne pas sombrer dans la démesure nord-américaine et il n’y en a quasiment aucune mention. Dommage.

    Indubitablement, c’est un livre à réfléchir et principalement une invitation à la sortie de l’auto destruction. Il élargit le champ de nos perceptions sur une vision globale, à grande échelle, sur la longue durée ce dont, je trouve, manquent cruellement nombre d’humains, et particulièrement  ces contemporains obnubilés par le mythe de la vitesse, de la toute- puissance, de la maîtrise, du contrôle, en quête illusoire d’éternité face à leur angoisse de la mort.  


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  • Ce que nous attirons est le reflet de l’énergie que nous émettons.  Certains y voient des signes du destin ou de dieu guidant sur une voie, d’autres la fatalité ou la chance ; je pense bien plus pragmatiquement que nos pensées nous rendent attentifs à certains signes en résonnance avec nos pensées en conscience, instinctivement ou inconsciemment. Ainsi, alors que j’écrivais l’article précédent, j’eus un éclair de lucidité quant à mon appétence à la série Survivors (disponible en DVD ou en streaming ici). Ce fut Yves Blanc qui attira mon attention sur elle lors de sa dernière émission de la Planète bleue. Je m’y suis jetée avide et curieuse.

    Un virus extermine la quasi-totalité de l’humanité en des délais très courts ; l’électricité, l’eau courante disparaissent, la vie moderne et technologique s’envole. Quelques rares survivants se retrouvent confrontés à cette vie post- apocalypse coupés de ce qui fut leur vie d’avant.  

     


     

     

    Il n’est pas question d’images à grand renfort d’effets spéciaux, ni de scènes épiques, fantastiques, terribles ou larmoyantes. Non. Dans cette série, l’accent est mis sur la psychologie et les ressources de chacun des protagonistes. Ils se retrouvent à survivre à leur famille, leurs amis, leurs collègues, leurs voisins, leur environnement quotidien, la civilisation, choqués par l’hécatombe absolue. Il est question de la re-construction de soi, de la personnalité, des choix face à son passé, son devenir, surtout son présent et d’adaptation aux circonstances d’extrême dénuement. A chacun de se reconstruire intérieurement, à chacun de  se positionner dans le groupe des survivants en nombre très restreint.  Parce que tout s’est arrêté, que les dirigeants, les institutions, les cadres d’avant se sont écroulés, tout est possible. Certains deviennent des bêtes sauvages guidés uniquement par la quête de nourriture, d’eau, d’abri, d’autres s’arrogent des droits et des pouvoirs de par leur possession d’armes, de ressources, de ravitaillement, d’autres se regroupent et s’organisent selon des projets idéologiques variés : anarchie, dictature, démocratieS, communauté, coopération, domination, ordre, sécurité, liberté… Les questions soulevées au fil des épisodes m’ont passionnée.

    En classe de quatrième, nous avions étudié Ravage de R. Barjavel. Je ne l’avais pas aimé en ce temps, le considérant violent et âpre ;  il a été toutefois marquant au point de continuer à m’habiter, je l’ai même relu depuis et songe à le relire prochainement. Il y est question d’une civilisation où la technologie qui assurait le quotidien des humains s’arrête en raison d’un panne générale irrémédiable. Qui y survit ? Et comment ?

    Dans la Route, de John Hillcoat, inspiré du livre de Cormac McCarthy, c’est une explosion, un éclair qui a tout balayé. Quelques humains survivent dans un univers totalement anéanti sans eau potable ou nourriture. La loi du plus fort et la barbarie sont devenues les règles dominantes.

     

     

     

    Entre autres.

    Ces récits m’interpellent. Ils soulèvent des questions qui me préoccupent : par- delà la culture, la civilisation, qu’est- ce qu’être humain ? Dans le ron- ron et le confort du quotidien, nos cadres habituels, parmi les nôtres, au sein d’un environnement social connu, savons- nous véritablement qui nous sommes et ce dont nous sommes capable ?

    Je n’ai pas de réponse.

    Seule dans ma tête persiste une idée: et si finalement l’aventure principale de notre existence était la quête, la connaissance de soi ? Sur le fronton du temple d’Apollon de Delphes, les Grecs n’ont pas mis d’autre injonction : Connais- toi toi- même. Dans l’adversité, le dénuement, l’épreuve, bien des masques tombent, ce miroir de vérité est implacable.

     

     


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    Quelques films ont marqué profondément ma vie et celui- ci est en tête de liste. Je l’ai vu une dizaine de fois, je le retrouve systématiquement avec bonheur, il parle à mon cœur et illumine mes espérances. Au regard de l’actualité, je ressens l’envie d’en parler aujourd’hui.

    Au XIIème siècle, dans le Languedoc, un jeune homme, Joseph, assiste impuissant à la mort de son père, torturé puis brûlé sur le bûcher, condamné par l’Inquisition pour avoir traduit Averroès. En danger, sa mère et lui fuient vers l’Espagne ; elle meurt en route et il trouve refuge à Cordoue auprès d’ Averroès. Au même moment, le calife Al Mansour fête sa victoire sous les acclamations. Vaniteux, il ne se préoccupe que de lui- même. Ses fils ne le satisfont pas, l’aîné court les filles, son cadet passe son temps chez les gitans avec qui il danse. Un soir, ce dernier est flatté et embrigadé par des hommes dans une secte extrémiste. Il y subit lavage de cerveau, manipulation et est fanatisé sous l’égide d’un émir.

    Le philosophe, penseur, grand juge, médecin, conseiller du calife, reconnu pour sa sagesse, sa magnanimité, sa tolérance est la cible des agents de l’émir. Avides de pouvoir, ils cherchent à le décrédibiliser car il contrarie leurs plans de conquête en invitant à la réflexion, à la raison. Un de ses amis, le chanteur, Marwan est attaqué à la gorge et sauvé in extrémis grâce à Nasser, le fils aîné du calife. Al- Mansour refuse d’admettre qu’un complot existe ; aveuglé par sa vanité, il n’écoute pas les avertissements d’Averroès, il n’entend, ni ne voit les changements chez son propre fils cadet, évoque un acte isolé et ordonne la mise à mort des agresseurs. Averroès découvre les techniques d’embrigadement de la secte sur ces jeunes hommes et tente, en tant que grand juge, de ne pas les condamner à mort. Le calife réfute son jugement et les fait exécuter, Averroès sent que le danger approche et envisage de démissionner, Nasser l’en empêche.

    Marwan et sa femme Manuela remarquent le comportement étrange d’Abdallah alors que la sœur de Manuela leur apprend qu’elle est enceinte de lui. Dans la maison d’Averroès, alors que Marwan leur fait la surprise de chanter à nouveau, la bibliothèque du philosophe est incendiée, ses travaux semblent perdus ; sa vie est sauve grâce à Nasser, ses livres grâce à Joseph qui les avait cachés auparavant à la cave. Nasser tente d’ouvrir les yeux de son père en vain. Il organise la copie en plusieurs exemplaires des livres d’Averroès afin de les mettre à l’abri, sans le lui dire, Joseph part vers la France. Manuela révèle à Averroès qu’Abdallah est victime de la secte ; ils décident de le surveiller et manu militari, Marwan l’en délivre. Il restera enfermé et ligoté parmi les gitans tant qu’il est sous l’emprise de la secte. Nasser mesure l’ampleur des dégâts et se fâche avec son père.

    Lors d’un second traquenard de l’émir et ses sbires, Marwan est gravement blessé; il meurt dans les bras de Manuela, sous les yeux d’Abdallah qui enfin commence à comprendre, Averroès se met en colère. Le deuil de Marwan permet la réconciliation des fils d’Al Mansour. Au même moment, en France, Joseph réalise que les livres sont perdus à cause de l’eau, il décide de retourner en Andalousie où la dissension entre Averroès et le calife est consommée. La traitrise contre ce dernier s’organise et des soldats espagnols de mèche avec les traitres menacent le califat. Al Mansour se dispute avec son frère, accuse Averroès de ses maux, se jette dans les bras du traitre dont il ignore les plans. Nasser, désormais amoureux de la fille d’Averroès part vers l’Egypte sauver ses œuvres ; là-bas, il apprend qu’une fatwa est lancée contre Averroès et rentre urgemment. Il est alors contacté par les traitres qui lui font miroiter le trône. Joseph arrive quand les livres sont brûlés. Abdallah interpelle son père, Nasser lui raconte pour quoi et par qui il a été sollicité ; le père et ses fils font front contre les traitres. Ils rusent et Al Mansour les désigne pour partir en guerre contre les espagnols tout en préparant une attaque surprise ailleurs. Le calife reconnait son excès d’orgueil et Averroès est réhabilité.

    Ce film n’a rien à voir avec la réalité historique, c’est un acte engagé, un plaidoyer. Youssef Chahine  y explique les mécanismes de l’embrigadement, dénonce le fanatisme religieux qui sert les ambitions de personnes avides de pouvoir absolu et écrase des victimes tant dans ses rangs que dans celui de ceux qui n’adhèrent pas à son idéologie.  Le film est jalonné de pensées philosophiques appelant à la réflexion, à la mobilisation de notre intelligence pour ne pas ingurgiter n’importe quoi d’emblée (il y  aurait de quoi prendre des notes et des notes tout du long !!). C’est un appel à la résistance contre les intégrismes par les forces de l’amour de la vie, de l’intelligence, de la générosité, de la tolérance, de la loyauté, de la fidélité au- delà de nos appartenances.

    En l’occurrence, il expose de multiples visages et ce par-delà la religion, la culture, la couleur, l’origine. Les personnages sont chrétiens, musulmans, hommes, femmes, français, maghrébins, gitans, riches, pauvres. Ils ont droit à l’erreur, à la colère, à l’orgueil, certains sont à la solde de leurs ambitions illimitée, aveuglés de vanité, d’autres restent intègres jusqu’à en payer un prix très lourd. Dans l’entourage du personnage d’Averroès, ils se mêlent, s’entraident, s’aiment sans se poser la question de qui est qui ou quoi, une démonstration par l’évidence des bienfaits de l’accueil, de la tolérance et des méfaits de l’intolérance, de la fermeture d’esprit.

    Surtout, ce film démontre que la fatalité n’existe pas. Constamment, nous avons le choix d’agir et de décider. Notre libre arbitre est une réalité et si nous nous soumettons, c’est parce que nous le voulons.  Par la pensée, la réflexion, la comparaison, l’observation, l’ouverture aux autres, l’étude et aussi le cœur, nous avons les moyens de ne pas accepter ce que d’autres voudraient nous imposer. Nous avons également le droit de nous tromper, de réviser notre avis et de changer de voie.

    Je suis étonnée que si peu connaissent ce film, il a pourtant été reconnu, loué, primé et en plus de nous conduire à une réflexion du cœur, il est vivant, rebondissant. La musique y tient une place particulière et les chants de Marwan permettent par exemple des scènes de  danses joyeuses :

     
    Alli Soutak (B.O.F. Le Destin Youssef Chahine) par tealk3


     

    J’ai tenté à plusieurs reprises de partager cette magnifique leçon de vie, en vain. Certains n’y virent rien de plus qu’une curiosité pour la culture orientale qui ne les intéresse pas et ne mirent aucun effort à s’attarder sur le contenu. Tant pis pour eux. 

     

     Je ne doute pas, amis lecteurs que vous apprécierez les trésors de cette œuvre magnifique.

     

    Il est possible de le voir ici mais certaines scènes manquent. N’hésitez pas à partager votre avis, je serai heureuse de vous lire.


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  • Classé parmi les plus beaux villages de France, ses toits en particulier, je fus ravie de le visiter avec mes camarades de séjour.

     

    Première rue, montante:

    PICT3236-copie-2.JPG

    Des fameux toits et un bout de vue:

    PICT3240

    Son église sur le sommet que j’ai pu atteindre à pied sans peine:

    PICT3241

    J’ai beaucoup aimé les petits jardins au moindre détour et les plantes omniprésentes parmi ces maisons et rues de pierre :

    PICT3239 PICT3242

    J’aime les ruelles avec leurs lignes et contre- lignes, elles me donnent systématiquement envie de m’asseoir et de dessiner des esquisses à des peintures ultérieures :

    PICT3238-copie-1.JPG

    Et ce balcon aux petits personnages :

    PICT3237-copie-1.JPG

    Je veux les mêmes !!

     

    En raison d’un arrêt pipi urgent et la quête d’une cachette, j’expliquai mes difficultés avec une pointe de fantaisie ; le message passa sans encombre bien que j’eus préféré ne pas avoir à parler de la maladie et ses conséquences.

     Comme au temps jadis, oui, j’ai pissé dans le caniveau trop heureuse d’avoir prévu une robe dans les bagages bien plus pratique que les pantalons vite inondés.


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