• Néanderthal, une autre humanité, Marylène Patou- Mathis.

    Notre espèce a environ 150 000 ans, elle serait apparue quelque part au Moyen- orient et a migré à travers la planète en s’adaptant aux différents climats et géographies. En Europe et au Proche- Orient, elle a rencontré une autre espèce d’hommes bien plus ancienne que la sienne : Homo néanderthalis depuis disparue. Au XIXe siècle, la découverte de ses traces a été interprétée à travers le prisme de la mentalité de l’époque dressant un portrait rustre et sauvage de cette autre humanité. Actuellement, si bien des questions restent en suspens, notre regard a changé et ce livre est à la pointe des dernières découvertes, interprétations, propositions.

    Ouvrage érudit et universitaire, empli de références et données techniques, pointues, exigeantes, il est ponctué de reconstruction de saynètes de la vie de notre cousin humain élaborées à partir des données observées lors des fouilles archéologiques. Ainsi, ce soit- disant rustre chassait, construisait, élaborait, parlait, ritualisait, s’ornait, transmettait.

    Il connaissait la nature et son environnement, il a su s'adapter à différents biotopes et climats, il percevait le temps et l’espace. A la chasse, il utilisait des techniques et des outils complexes, il se nourrissait de beaucoup de viande cuite car il maîtrisait le feu, il pêchait occasionnellement. Ses prises étaient rationnalisées au maximum par la fabrication d’outils, de vêtements, d’ornements. Les relations au sein du groupe étaient structurées, chacun ayant sa place et son rôle, les tâches étaient partagées,  les malades, les blessés, les handicapés soignés. Face à une mortalité (en particulier infantile) effrayante pour nous aujourd’hui, il survivait et enchantait son univers grâce à des rites, l’enterrement de ses morts, des parures, des éléments purement décoratifs ; il est probable qu’il ait eu le culte des ancêtres.Nomade sur d’immenses territoires quasiment vides, il rationnalisait ses déplacements. Il rencontrait rarement d’autres groupes et si cela arrivait, il échangeait matériel, pratiques et savoirs. En Europe, il a certainement été très déstabilisé par l’arrivée de Sapiens évitant d’ailleurs souvent la confrontation.

    Sa physionomie était parfaitement adaptée à son environnement, il supportait le froid comme notre espèce ne le peut, il était un athlète avec une force inégalée parmi nous dans les bras, capable de lancer et porter de lourdes charges, de marcher longtemps, de grimper, s’accroupir, se tourner avec une plus grande agilité que nous. Son cerveau était gros, il était capable d’anticipation et d’abstraction, de projection, il était intelligent et avait une conscience.

    La disparition d’Homo neanderthalis est un mystère, il n’y a que des hypothèses. Il a rencontré Sapiens, ils ont partagé et échangé des savoirs, des femmes ont engendré probablement des enfants stériles du fait de la différence d’espèce mais rien n’est certain, les quelques fossiles trouvés ne permettant pas d’affirmer des idées arrêtées. Peu à peu, les groupes se sont rétrécis, peu à peu néanderthalis se perdit dans l’histoire de l’évolution. En Europe comme au Proche- Orient, il s’est éteint, lentement, longuement. Pourtant, si à postériori, nous pouvons nous, Sapiens étudier les traces qu’il a laissées, nous n’avons pas atteint la longévité de son espèce. Néanderthal, lui, a vécu 300 000 ans en parfaite communion avec son environnement.

     



    J’aime me pencher sur ce genre d’études parce qu’elles soulèvent des questions importantes quant à notre identité, nos origines. Elles nous replacent dans un contexte général bien au- delà des égos et prétentions qui se contentent d’analyser le devant du nez ou le tour du nombril.  Nous ne sommes rien d’autre qu’une espèce parmi d’autres à travers le temps et l’espace ; il est bon de s’en souvenir. Et toute notre intelligence ne pourra rien contre notre simple condition  humaine, condition qui ne nous est nullement exclusive, Néanderthalis en est la preuve.

    Au- delà des inventaires de fouilles, de sites archéologiques, de l’exigence scientifique, c’est véritablement une merveilleuse aventure que de plonger dans cet ouvrage, à la rencontre de cette autre humanité, perdue dans la nuit des temps.

    Si le cœur vous en dit.

    « Homo disparitus, Alan WeismanEntrée en traitement de suite. Juillet 2007. »

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  • Commentaires

    1
    Coq
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 11:59
    Coq

    Eh ben, tu en fais, des fiches de lecture !! Ils ont tous l'air intéressant, ces bouquins. J'en ai tellement à lire, je sais pas si j'arriverai à lire tout ce que je veux lire dans cette vie.

    2
    moi- même
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 11:59
    moi- même

    Vite, profitez- en tant que c'est visible sur le site: http://videos.arte.tv/fr/videos/x_enius-3994876.html

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