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Cette année, j'ai participé à trois jours sur quatre; arrivée, comme d'habitude avec un programme précis, j'ai fait de belles découvertes grâce à la coopération des accompagnateurs du stand de la MDPH. Voilà donc la matière fournie de ces trois jours avec des avis évidemment tout personnels.
Jeudi.
Gary Clarck Jr
Un régal! Un beau tour de la musique noire américaine en un concert. Blues, soul, guitare façon Hendricks! Diversité, puissance, profondeur. Bon, allez, j'avoue, je suis grande amatrice du genre.
Asaf Avidan
Je le connaissais de loin grâce à sa voix particulière. Une magnifique surprise! Belle présence sur scène, généreux, joueur, cabotin, séducteur, de bons morceaux variés, un vrai plaisir! Je l'ai entendu depuis sur France Inter en entretien où il m'a enchantée, mes premières impressions se confirmaient. J'ai écouté depuis quelques albums sur la toile sans y retrouver cette énergie; j'y reviendrai, j'ai peut- être besoin de m'y plonger plus profondément.
Alt- J
Je n'en garde pas un souvenir marquant. Musique et spectacle agréables, sans plus.
M
Je n'aime pas M. Sa voix m'insupporte et ses textes m'agacent. Mes accompagnateurs avaient envie d'aller y jeter un coup d'oreille et d’œil je crois parce qu'ils insistèrent légèrement pour y faire un tour expliquant que sur scène il était vraiment très bien. Ouverte et soucieuse d'eux, j'acceptai. Nous arrivâmes en fin de concert... et je n'ai pas regretté. Très présent, joueur, généreux et en mouvement interactif avec son public, il vaut vraiment le coup d'être vu sur scène. Beau moment de partage et de gaieté.
Le Chapelier fou.
Je suis venue ce jour pour lui principalement. Dans une salle en fond de site, petit comité, petite scène, il semblait presque étonné lui- même d'avoir été convié à cette édition « malgré sa non- actualité musicale» (sic). Entre son violon, ses claviers, son ordinateur, il joua sa musique si particulière dans des jeux de lumière enchanteurs. C'était beau, enfin, du moins, j'ai aimé, c'était magique et ses bidouillages m'ont transportée. Un artiste original à découvrir.
Jamiroquai
Pour finir la soirée, j'étais curieuse d'aller voir ayant entendu quelques échos positifs sur ses spectacles. Je ne suis pas spécialement fan de sa musique, quelques titres invitent à danser mais je n'écoutais pas plus que ça. Et ben, je me suis ennuyée. D'abord vêtu d'un costume de cow- boys bleu avec chapeau vert, il a fini en survêtement de sport, je l'ai trouvé négligé d'emblée. Je n'ai pas aimé son attitude non plus, il m'a paru blasé, détaché presque hautain avec le public. Il était là pour faire un spectacle, fournir son lot de chansons et basta. Sensation d'avoir perdu mon temps.
Vendredi
Matthew E. White
J'avoue, j'ai oublié. C'est révélateur.
Lilly Wood and the Prick.
Chouette concert avec ces Français pleins d'énergie et de joie d'être sur scène. Musique pleine d'entrain, une belle surprise. J'ai presque eu des regrets à les quitter pour le concert que j'avais prévu ensuite et auquel je tenais à aller.
Jupiter and the Okwess
Il n'y avait pas foule au départ mais l'ambiance devint si vite chaleureuse, joyeuse et entraînante que le public enfla rapidement. Super moment! J'ai dansé avec bonheur dans une ambiance du tonnerre! Le public a fini en rondes géantes et vagues endiablées, c'était magnifique.
Skip the use
Je ne connaissais qu'un ou deux titres et je suis venue par curiosité entre deux concerts. Belle énergie, un parterre de public conquis, une belle ambiance mais j'avoue que ce concert ne m'a pas spécialement marquée.
Woodkid
MAGNIFIQUE! Du grand spectacle! Le disque à la base est déjà une épopée, sur scène, c'est encore plus fort. Il y en a pour les oreilles, les yeux. J'étais transportée dans un monde fantastique. Un de mes accompagnateurs, qui ne connaissait pas, avoua en partant qu'il avait été bouleversé au point d'avoir la larme à l’œil. Imaginez donc l'ambiance. Un grand moment, un univers riche à découvrir.
Spectacle complet non pas aux Eurock mais à Lyon si quelqu'un est intéressé ici.
The Smashing Pumpking
Très connus, j'étais curieuse de les voir en concert. Leur musique étant mouvementée, je m'attendais à quelque chose de vivant, j'ai été déçue. Ils étaient statiques, alignant les titres dans une sorte d'indifférence. Aucune interaction. Après Woodkid, c'était laborieux de rester jusqu'à la fin.
Electric electric
Sans plus. Saturée ou le concert ne me convenait pas. Je suis partie rapidement. Il était aussi tard et il me restait à rentrer, le jeu n'en valait pas la chandelle. En prime, je n'ai rien trouvé pour vous faire découvrir.
Dimanche
Hyphen Hyphen.
C'était chouette. Ils se donnaient de la peine et l'ambiance a suivi devant leur enthousiasme.
Keny Arkana.
Je n'aime pas le hip hop aussi n'avais- je pas prévu d'y aller. L'accompagnateur qui m'avait emmenée voir M expliqua qu'elle était particulière et que nombre de ceux qui n'aimaient pas le hip hop l'appréciaient. J'avais du temps d'attente jusqu'au prochain programmé aussi, nous y allâmes. Une belle découverte. Une présence incroyable sur scène que ce petit bout de femme. Une conviction, un engagement chevillés au corps, des textes humanistes et revendicatifs prônant la tolérance, la résistance du peuple. Elle est une des seules artistes que j'ai vue donner de l'eau au public écrasé par la chaleur. Elle m'a émue, vraiment.
The Vaccines.
Pas de souvenir. Tout est dit. Un passe- temps.
Chvrches.
Concert sur une petite scène avec une chanteuse à l'allure adolescente. Elle a fait l'effort de parler le français, s'excusant de son petit niveau. Un bon moment très agréable avec ce groupe écossais prometteur.
Skunk Anansie.
Je connaissais les titres phares- sans m'y être penchée plus. Ce fut un moment particulier car la chanteuse a une présence très forte sur scène. Elle saute, avance, recule et affole la sécurité en se mêlant à la foule. Impressionnant.
The Bloody Valentine.
Étrange et hypnotique. Je crois que je vais me plonger dans leurs albums, c'est suffisamment particulier pour m'intéresser.
Je les ai quittés plus tôt pour aller sur la grande scène et son concert final.
Blur
Je suis une grande fan de Gorillaz, il est naturel d'avoir du penchant pour Blur. J'ai quelques albums d'eux et il y a des titres que j'aime énormément (dont Out of time ci- dessus) . Je suis venue pour eux ce jour- là, j'ai été ravie. Le chanteur a fait son show et s'est jeté dans la foule loin de la mégalomanie, du dédain ou de l'indifférence d'autres. Une belle clôture de festival.
Vous trouverez sur la toile de nombreuses vidéos des Eurockéennes 2013. Si le cœur vous en dit :)
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Dans mes précédents articles sur le dernier concours de circonstances, j'ai oublié de mettre les photos prises à l'hôpital. J'y remédie aujourd'hui afin de partager les accessoires qui m'ont amusée.
D'abord, vous reconnaîtrez la protection 1950:
Conjuguée à ce boxer jetable, vous imaginez bien le confort et l'esthétisme global en telle tenue:
Bon, d'accord, l'hôpital n'est pas un lieu de mode. Notons toutefois qu'un mouvement a été lancé pour en finir avec les blouses qui restent ouvertes dans le dos (pétition de l'été 2012) . La protection de l'intimité et de la dignité du patient est l'argument pour demander d'autres modèles. Déjà que les personnes sont malades ou blessées, souvent en détresse, cela me semble judicieux d'autant que nous avons tous besoin de beau. Il y a donc du travail. J'entrevois des efforts avec la réfection des lieux, la mise en place de tableaux et de jolis papiers décorés:
De la deuxième chambre, j'avais cette vue:
Elle augmentait mon envie de sortir au plus vite, représentait l'appel de la vie, cette vie à vivre pleinement avant de n'avoir plus la possibilité de sortir. Tout peut basculer tellement vite.
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Le retour à pieds ne s'avéra pas si simple. Après un quart d'heure, je m'arrêtai, à cause du sac lourd gênant. Malin. Bornée, je continuai ainsi jusqu'à une centaine de mètres de la maison où la vessie se manifesta subitement. J'appelai mon garçon à la rescousse, accroupie au sol pour maintenir fermée les écoutilles, il vint de suite et ne me lâcha plus de la journée à faire des câlins et partager tout et n'importe quoi... sauf les tâches laborieuses. C'est qu'à la maison, le repos ne se présenta pas d'office, il y avait mes affaires et le bazar généré par l'adolescent du cru seul pendant deux jours. L'énergie suffit pour surmonter désordre et saletés insupportables. Ceci fait, j'avalai une pâtisserie en réconfort, me reposai quelques minutes puis filai à la pharmacie chercher l'antibiotique, à pieds, utiliser la voiture étant plus compliqué que de marcher. Au soir, je ne traînai pas, vite fait au lit trop heureuse de retrouver la douche, les habitudes, le lit chaleureux, les odeurs familières. Le lendemain, je m'activai à l'accoutumée déterminée notamment à préparer des repas savoureux. Mon garçon resta bouche bée quand vers 11h 30, je lâchai tout pour aller m'allonger: « Je ne me sens pas bien ». Dans son inquiétude, il me sermonna à tout va, critiquant mon obstination à travailler tout le temps sans pour autant m'aider. Heureusement, je sais de qui cela vient et dans quel contexte. Il ne fut d'ailleurs pas le seul à me bombarder de jolies remarques très constructives: mais pourquoi tu ne prends pas un arrêt de travail? Pourquoi tu ne te reposes pas? Ce retour à pieds était irresponsable, stupide. Bla bla. J'y entendis de l'inquiétude à mon égard et surtout d'autres enjeux plus ou moins clairs. Un déclencheur. Mon besoin impérieux de quitter l'hôpital au plus vite n'avait pas de place d'autant que je riais en racontant cet épisode. Rester à la maison, voir toutes les tâches à effectuer, supporter un ado en vacances monopolisant l'espace entre l'ordinateur et le téléphone, à hurler avec les copains sur Skype devant ses jeux.. Euh... non merci. Au travail, je ne pense qu'à une seule chose et me vide la tête. Tranquillement, sans que quiconque ne remarquât fatigue, douleurs et pâleur, je tins jusqu'au mercredi matin, jour prévu pour le bilan uro- dynamique renonçant de temps en temps à quelques sorties ou effort. La veille, l'infirmière vérifia si la pyélonéphrite ne posait pas de souci à l'examen puis elle m'invita à venir une heure plus tard que prévu en raison des décalages d'examens avec la vessie pleine de préférence. Je m'exécutai ravie de ne pas traîner en salle d'attente, confiante, le précédent épisode bouclé à mon avis et mes soucis urinaires bien arrangés ces derniers mois. Arrivée dans la salle d'examen, l'envie- pipi se fit pressante, j'entrevis Solange en pleine discussion avec un jeune homme autour d'une machine. Salut chaleureux, invitation à me préparer, j'attendis plusieurs minutes en serrant les écoutilles. Pendant ce temps, j'entendis les vifs échanges entre les interlocuteurs et compris qu'un nouvel appareil était en test et malgré les certitudes du jeune homme, représentant commercial de la société , Solange certifiait que la machine faisait défaut et ne donnait pas de résultats fiables. Le précédent examen avait été lamentable et en plus de la perte de temps pour tous, elle ne pouvait se fier aux données de la machine. Le jeune homme revenait constamment aux tests en laboratoires, leur véracité, leur fiabilité, etc. Pressée, j'eus enfin le droit de me soulager mais avec tout ce bardas, je sentis que la vidange ne fut pas efficace; le sondage suivant confirma mon intuition. Installation des sondes et tuyaux. l'infirmière et moi devisions joyeusement sur ces circonstances particulières pendant que les deux interlocuteurs continuaient à ne pas être d'accord. Les premiers résultats sur ma condition marquaient de fortes pressions abdominales et sur les tuyauteries internes, les estimations de la machine high-tech approuvée par les tests en labo donnaient des indications complètement fausses sur la vessie. « Je connais ma patiente, elle a une vessie neurologique hyperactive et hypersensible, vos chiffres ne sont pas corrects». Et le jeune homme de revenir aux études en labo, de mettre en doute l'installation des sondes par l'infirmière (« J'ai 30 ans d'expérience et ce jeunot voudrait m'apprendre mon métier.» me souffla cette dernière alors que j'observai les scènes hilare). J'attendis ainsi les jambes en l'air. Le jeune homme était gêné, n'osait me regarder, Solange ne lâchait rien et avec l'infirmière, nous observions ce cirque en riant. Les premiers essais après plus d'une demi- heure pattes en l'air et tuyaux en place agitèrent ma vessie, j'inondai la place. Vraiment, les circonstances ne se prêtaient pas à un examen serein. Après près d'une heure de discussions, de coups de téléphone et d'argumentation, Solange décida que cela suffisait. « Je ne prendrai pas votre machine si elle ne fonctionne pas correctement surtout au prix où elle coûte et ma patiente a assez attendu. C'est une patiente en or, on n'en fait pas beaucoup des comme ça alors vraiment, maintenant, ça suffit! Nous allons faire l'examen comme avant! ». Cocasse. Retrait des premières sondes, transformation de la machine à coup de tournevis et autre bras, nouvelles sondes et enfin, quelques résultats valables. Après seulement quelques secondes de remplissage, j'inondai à nouveau et Solange tira une impression avant de me montrer les courbes: «Cette ligne là est une limite, tout ce qui dépasse ( activité de la vessie) est le signe que les reins sont en danger.» Évidemment, chez moi, la vessie grimpait en flèche de suite, restait au- dessus tout du long et chutait ensuite. Autant dire que ce n'était pas bon. Je n'avais plus rien à discuter, Solange prit les décisions: « Je vous prescris un médicament pour calmer la vessie, il faudra vous sonder cinq fois par jour systématiquement et vous aurez des injections de toxine botulique rapidement, nous allons vous programmer une intervention ». Elle en profita pour changer l'antibiotique, rédigea une longue lettre pour son collègue ( j'appris plus tard qu'elle m'envoyait chez le chef de service d'urologie), m'expliqua que désormais, ces étapes étaient nécessaires. Nous partageâmes sur ma fatigue depuis plusieurs semaines et évoquâmes l'éventualité d'une reprise de la maladie manifestée par l'état dégradé de mon système urinaire. Nous convînmes de contacter neurologue et professeur pour signaler ces péripéties et connaître leur avis. Avant de partir, elle me proposa un arrêt de travail «Vous devez être épuisée» que je refusai en riant, expliquant que je me fatiguais plus à la maison puis nous nous quittâmes joyeusement. Au bureau d'accueil, les secrétaires me trouvèrent un rendez- vous in extremis au plus vite et je rentrai chez moi après deux heures de vaudeville. Au regard des circonstances et surtout parce que je rentrai tard, j'annulai un cours particulier dans l'après- midi me sentant fatiguée, quand même. Le soir, je changeais d'antibiotique et entamai le traitement pour bloquer la vessie. Branle- bas le combat dans les jours suivants pour obtenir une ordonnance et la livraison de sondes en nombre suffisant. Rapidement, je sentis la différence. Au fil des jours, les impériosités devinrent exceptionnelles, uniquement liées à des efforts physiques en portant lourd, grimpant des côtes ou parce que j'avais beaucoup, beaucoup bu, les nuits complètes se multiplièrent. Je ne rencontrai de contraintes que dans le calcul des intervalles entre deux sondages, en raison du manque de propreté de certains lieux ou l'absence d'un lavabo dans les toilettes ( je suis devenue championne du pipi debout dans un petit pot). L'idée de tenter ce dont je me prive depuis des lustres me traversa rapidement l'esprit: le roller et tout ce qui secoue ( zumba, danse à saccade, courir). Fiston me regarda ahuri quand je lui en parlai et d'autres à l'identique m'invitèrent à plus de mesure. Mouai. Je sais pertinemment que quand la mouche me pique, j'y vais ( j'ai en l'occurrence déjà essayé la zumba à la maison, avec des vidéos sur la toile). Comme je ne cours plus pareillement aux toilettes les mains entre les jambes, certains s'en inquiétèrent et je les rassurai sur le calme retrouvé. Certes, les premiers jours ne furent guère aisés avec une vessie très réactive peu encline à se taire mais je persistai et les résultats sont évidents. Dans ma tête trottait la phrase de mon garçon au retour de l'hospitalisation en urgence: «Peut-être que cette histoire permettra de résoudre tes problèmes de pipi, qui sait?». L'angoisse d'une nouvelle crise de Devic me poursuivit plusieurs jours jusqu'à ce que j'envoyai un message au professeur de Sèze évoquant mes aventures; après deux jours, il me rassura. La priorité était de s'occuper de mes soucis urinaires puis de laisser passer le temps. Au moindre signe visuel ou moteur, les boli de cortisone étaient à prendre mais sans eux, inutiles de s'inquiéter. Ouf. Quinze jours après le bilan uro-dynamique, je m'entretins avec le médecin urologue; Solange avait préparé le terrain en expliquant mon cas et elle insista encore en nous croisant avant mon entrée dans le bureau le jour du rendez- vous. La consultation fut rapide, en bon entente. Il m'expliqua l'intervention, en vanta ses mérites. En quelques minutes, tous les rendez- vous furent pris, j'avais un bon de transport pour l'aller, le retour et mon hospitalisation programmée. Le 19 décembre, je me ferai piquer en 30 points la vessie sous anesthésie pour la bloquer. Juste avant les vacances de Noël, chouette. L'aventure étant en cours, je ne conclurai pas sur ce sujet maintenant, la suite viendra en son temps et d'ici là, je vous en raconterai d'autres. Je termine seulement ces épisodes concours de circonstances par les observations suivantes: je suis allée en août chez Solange pour chercher confirmation de l'amélioration de mon état et lui demander son avis sur un sujet particulier, le bilan uro-dynamique a été programmé dans ce but par hasard, l'analyse d'urine en préambule est arrivée par hasard alors que j'avais une infection, les résultats du labo sont arrivés exceptionnellement en retard, j'étais chez mon généraliste pour y chercher un antibiotique et mon état s'est dégradé par hasard dans sa salle d'attente, j'ai fini à l'hôpital en catastrophe peut- être bien avant que la pyélonéphrite ne devienne trop méchante. Ensuite, le bilan uro- dynamique a suivi, programmé depuis deux mois, par hasard, avec les conséquences évoquées ci- dessus. Tout ceci n'est qu'une suite de hasards qui confirme une intuition que je sens depuis belle lurette: quand il m'arrive quelque chose de grave, voire très grave, j'ai une chance incroyable. Je ne ferai pas la liste car il y en a plus que les épisodes Devic mais ces concours de circonstances en sont un nouvel exemple. Bon, d'accord, il m'arrive des trucs pas drôles souvent mais franchement, ce qui m'importe, c'est de rester dans la VIE, c'est elle, très probablement qui s'exprime avec ces hasards, ces circonstances. J'aime mieux ensorceler le monde ainsi plutôt que de m'angoisser. Des études montrent que cette attitude fait gagner sept ans de vie, je ne vais pas me gêner et ce serait un comble que moi, malade, je vive plus longtemps que d'autres en pleine santé pétris d'angoisses et tristes.
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Au repas de midi, nous avions de la rosette en entrée, du poisson blanc en filet accompagné de légumes, un yaourt et des pruneaux au sirop. Je mis la charcuterie de côté pour fiston, il est amateur et j'en achète très peu, je mangeai sans entrain le plat, c'était fade, je rêvais d'épices pour le relever. Une femme entra alors que j'en étais à ces pensées et me dis: « Vous avez mangé votre poisson». Surprise, je me tournai vers elle et lus sur sa blouse que c'était la diététicienne; elle semblait rassurée.
- Oui, je mange bien que ce soit différent de ce que je prépare à la maison; j'aurais voulu un peu de curcuma pour relever.
- Vous avez l'habitude de manger épicé?
- Oui.
- Nous ne pouvons pas véritablement le faire en collectivité.
- Je comprends, ce ne serait pas au goût de tous, il n'empêche que les légumes sont trop fades pour moi.
- Ils sont cuits à la vapeur et je tiens à ce que ce soit des légumes frais et non des tout préparés à simplement réchauffer.
- Vous essayez de faire de votre mieux
- Oui, ce n'est pourtant pas facile avec les impératifs d'économie permanents.
- Malheureusement, c'est encore l'argent qui fait la loi. J'avais entendu une émission sur l'alimentation à l'hôpital où quelqu'un se révoltait des choix actuels considérant que c'était honteux de si mal nourrir les malades; il préconisait la généralisation du bio et des aliments vivants.
Les vannes s'ouvrirent et pendant plusieurs minutes, elle m'expliqua combien il lui était pénible de conjuguer au quotidien les impératifs financiers et sa volonté de proposer une alimentation de qualité. Il émanait d'elle le même sentiment que celui de l'aide- soignante du matin, une sorte d'exaspération, de lassitude et une opiniâtreté de continuer malgré tout pour faire au mieux dans un contexte délétère. Qu'avais- je à faire d'autre que de lui laisser de la place? Elle repartit plus légère et j'en fus bienheureuse.
L'après- midi, je continuai d'écouter la musique sur le téléphone, gigotant à certaines plus entraînantes car le corps a besoin de se mouvoir; les ondulations débloquent tellement de tensions, je n'allais pas me priver. De même, m'impatientant de l'arrivée de mes visiteurs et de quelques affaires, je fis des allées-et- venues dans les couloirs, traînant la potence et ses bidons encombrants dont j'ignorais la raison. Mon bras se remettait péniblement des piqûres de la veille quand les veines étaient contractées et récalcitrantes, il me tardait de virer ce bardas. L'infirmière d'après- midi vint vérifier le débit et changer le bidon. Comme elle se présentait chaleureusement en donnant son identité et son statut, je lui répondis de même spontanément ce qui la fit sourire; ce n'était peut-être pas habituel. Je lui demandai ce qu'était cette eau en perfusion, « Le médecin tient à ce que vous soyez bien hydratée afin de protéger les reins. » Bien. Sa tâche effectuée, elle m'invita à continuer les déambulations tout sourire; elle respirait la bonté.
Après quelques échanges téléphoniques familiaux pour savoir qui venait et quand, je préparai le sac à distance avec mon garçon ahuri par tant de demandes: « Maman, tu as besoin de tellement? Tu ne restes qu'un jour ou deux, c'est quoi quand tu pars une semaine alors?! ». Bienvenue dans l'univers débordant de ta mère au cas où tu ne t'en étais pas encore rendu compte, garçon. Affaires de toilette et en particulier la brosse à dents, quelques sous- vêtements de rechange, des chaussons, les médicaments, un livre, un tricot, la console de jeu DS ( tiens, là, il ne râla pas, il ajouta de lui- même le chargeur au cas où). Étant très impliqué dans la vie domestique, j'eus à lui expliquer souvent où se trouvaient les divers objets. Cela nous prit une bonne demi- heure dans une agitation joyeuse et tumultueuse, qu'il m'était bon d'échapper à l'ambiance des lieux!
Peu après, je changeai de chambre et m'y retrouvai sans voisine. Quand fiston débarqua avec un sac bien plein, je me hâtai d'étaler mes affaires. Je constatai dépitée qu'il m'avait apporté une pièce de tricot terminée, tant pis. Zelda, spirit tracks sur DS et Le trône de fer en lecture avaient de quoi m'occuper pour les heures à venir. Ma mère, comme à son habitude tapa dans le surréalisme: elle avait acheté DIX pâtisseries avant de venir: mille- feuilles, religieuses, éclairs, charlottes. Fiston accepta d'aller chercher des boissons à la machine puis nous discutâmes de choses et d'autres en grignotant ou engloutissant ces sucreries selon les envies de chacun. J'eus droit évidemment à toute une série de vidéos Geek, fiston ayant vraiment besoin de partager avec sa mère insupportable. En même temps, Colette, médecin généraliste hors compétition m'appela pour prendre des nouvelles, s'excusant de ne pas l'avoir fait plus tôt. Je la rassurai sur mon état, mon hospitalisation et lui racontai en riant l'épisode avec le médecin dénigrant les pratiques homéopathiques. Elle connaissait l'énergumène et m'expliqua qu'elle ne se permettait pas de juger ses pratiques alors que lui ne se gênait pas. « Bah, il a probablement besoin de se donner de l'importance, va savoir. ». Elle me connaît bien, elle en sourit.
A peine la familia partie, ce fut une amie adorable de la danse orientale qui partagea un bon moment avec moi, malheureusement, les gâteaux étaient partis aussi alors nous nous désolâmes de l'occasion ratée à quelques minutes près. Toute à la joie d'avoir retrouvé ma brosse à dents, je terminai la journée calmement entre Zelda et la lecture puis je tâchai de dormir, fatiguée de la courte nuit précédente. Il ne fut plus question de ronflement, bien sûr, restaient les visites discrètes des soignantes de nuit, et surtout l'eau ingérée conjuguée au bidon qui provoquait des levers fréquents aux toilettes. Déjà que ce n'est pas évident en temps normal, la potence rajoutait un élément et je sentis que le retour à la maison devenait un besoin de plus en plus prégnant.
Au matin, l'infirmière entra tonitruant parlant fort avec sa machine. Réveil agréable, cela va sans dire. Je ne bronchai pas et traînai au lit jusqu’au petit déjeuner. Acrobatie à la toilette, avec les bidons et la potence, au moins j'avais mon savon et non plus celui de l'hôpital dont l'odeur me rappelle les événements pénibles de 2006. Le va- et- vient des agents de nettoyage se fit alors que j'étais en pleine séance de Qi Gong. Entrée sans toquer, la porte laissée grande ouverte, elles étaient dans leurs tâches, je préférai rester à mes mouvements entravés par la perfusion qui me faisait mal. A la visite de l'infirmière, je lâchai mon envie de rentrer, « J'en ai marre». Il faisait tellement beau dehors, le soleil illuminait les couleurs automnales et je n'avais pas trouvé d'endroit où sortir prendre l'air.
Ensuite, j'écoutai religieusement Sur les épaules de Darwin de Jean- Claude Ameisen, France Inter racontant le monde des abeilles et leurs incroyables capacités puis, dans l'heure suivante, La planète bleue d'Yves Blanc, Couleur3, bulles merveilleuses et nécessaires. Au moment du repas, le médecin, tout sourire, agréable arriva. Il avait eu vent de mon ras- le bol et approuva ma sortie dans les heures suivantes. Youpi!! Il me demanda de prendre les antibiotiques encore six jours et de faire une échographie abdominale pour vérifier les reins. C'était déjà fait, lui répondis- je, tout allait bien donc, aucune raison de s'en faire. A ma grande joie, l'infirmière vint enlever la perfusion et je constatai que le bidon était presque plein. Poubelle. Comme tout le plastique omniprésent. Libérée, je rangeai mes affaires consciencieusement dans un sac somme toute lourd. Quand elle revint m'apporter l'ordonnance, l'infirmière me demanda si j'avais les moyens de rentrer. Envahie par mon besoin de partir au plus vite, je ne demandai rien et expliquai que n'habitant pas loin, je rentrais à pieds. Avant de partir, je refusai de remplir le questionnaire sur mon hospitalisation laissant le tout en plan sur le lit. Je ne veux pas juger de l'attitude des personnels, de leur amabilité, du respect de mon intimité et compagnie alors que je sais que leurs conditions de travail se dégradent, qu'il leur en est demandé toujours plus avec moins. En plus, demander à sourire, dire bonjour, toquer avant d'entrer sont des consignes répétées et exigées du personnel, chacun y met de soi ou pas. Non intériorisées, ces consignes sont des automatismes vides qui ne satisfont personne.
A 13h, je rejoignis les soignants regroupés dans leur salle pour leur signifier mon départ et les saluer. Je sillonnai les longs couloirs et sortis enfin au soleil, à l'air. Soulagée et déterminée, je me mis en marche savourant chaque pas. Je pensai l'épisode clos, j'aspirai à retrouver la normalité du quotidien. Je pensai... le corps lui, ne pense pas, il vit. Il allait vite me le rappeler.
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Vêtue d'une blouse d'hôpital, jupette, collants, sous-pull et gilet dans un sachet plastique, je montai accompagnée d'une aide- soignante en fauteuil au service de médecine. Bien que des travaux aient été effectués depuis, je reconnus, indifférente, le service où j'avais été hospitalisée en 2006. Pesée, piqûre, dossier rempli à 23h, serviettes et gants de toilette me furent fournis. « Cette nuit, vous serez avec une petite mamie qui dort tout le temps. Elle n'utilise pas même la salle de bain », soit. J'avais faim, partie de la maison l'estomac vide, en laissant gonfler une pâte à pizza et égoutter des tomates dans l'évier. Un plateau avec quelques bricoles me fut porté, un antibiotique en gélule était à prendre en fin de repas. Je mangeai tranquillement, avec parcimonie, les produits n'étant pas ceux auxquels je suis accoutumée. J'envoyais quelques messages rassurants aux rares personnes averties, fiston m'ordonna de ne pas m'inquiéter pour lui et de m'occuper de moi ( par moments, qu'est- ce que je suis fière de lui! ... par moments). Je rangeai mes affaires puis me glissai dans les draps, m'amusant de mes dents sales et de l'absence du lavage habituel en proximité soudaine avec l'ado de la maison.
Malgré les chambardements d'une longue journée, impossible de trouver le sommeil. Le paracétamol avait fait grand effet et le temps passé à dormir précédemment m'était peut- être déduit des heures de la nuit. Je ne la voyais pas, séparée que nous étions par un rideau, mais la voisine était très présente dans tout l'espace. Elle ronflait fort, respirait difficilement, produisait des bruits divers et multiples , une grande souffrance émanait d'elle et jusqu'à 3h du matin, je ne savais que faire. Tout à coup, je me souvins que des bouchons d'oreilles traînaient dans mes poches depuis les Eurockéennes et je me hâtai de les installer. Je m'endormis dans les minutes immédiates.
A plusieurs reprises, des soignantes virent la surveiller, la soigner puis, il y eut les constantes. Autant dire que je n'étais pas très reposée et regrettai mon lit, ma chambre et le vacarme de mon garçon. Ce dernier m'envoya une volée de sms dès 6h30 paniqué parce qu'il ne retrouvait plus ses clefs, prêt à partir. Lui qui n'a rien habituellement à me dire m'en inonda sous tous les prétextes pendant toute mon hospitalisation; tant pis pour ce vendredi manqué et les évaluations d'anglais qui le préoccupaient, les circonstances expliquaient ses maladresses et il évacuait stress et inquiétudes à sa façon.
Aux premiers soins de l'équipe du matin à ma voisine, je rapportai aux soignantes combien elle respirait mal.
- Elle est très encombrée, oui, confirma l'une d'elle et de suite s'excusa: Ce n'est pas facile d'être à côté d'une personne dans cet état mais nous n'avions pas d'autre chambre hier soir quand vous êtes arrivée, vous en aurez une autre aujourd'hui.
- C'est surtout difficile pour elle, elle est en grande souffrance, répondis- je.
- Et vous avez de la chance, la personne précédemment à votre place ne pouvait fermer l’œil de la nuit tant elle hurlait de douleurs! C'est pourquoi elle a un traitement pour dormir.
A l’heure de la toilette, je glissai d'une petite voix que je n'avais pas de savon, les aide- soignantes m'en procurèrent et je fus ravie d'aller me débarbouiller tant bien que mal avec la potence, ses tuyaux, ses bidons. Il n'était pas évident de s'habiller avec des manches étroites, une aiguille qui me tourmentait sous ses plastiques mais je tenais à ne pas traîner en chemise d'hôpital. Je m'amusais de ma tenue slip jetable et protection 1950 terriblement mode. Je fus émue par les petites affaires de ma voisine posée là, déodorant, eau de Cologne, brosse à cheveux dans une trousse quasi neuve. Ces modestes coquetteries me touchèrent alors que je la savais mal en point juste à côté.
En pleine acrobatie avec les bidons de la perfusion, un brancardier arriva pour me conduire à l'échographie abdominale. Il me passa les vêtements restés sur le lit et je filai dès la sortie avec lui à travers les couloirs, trop heureuse de pouvoir marcher bien qu'encombrée de la potence.
La médecin chargée de l'examen se révéla délicieuse. Nous discutâmes tout du long dans une ambiance douce et authentique. Elle m'interrogea sur la raison de mon hospitalisation, de cet examen et je racontai rapidement Devic. Elle s'étonna de mon acceptation à revenir dans le même service où l'expérience avait été si mauvaise. « Les médecins de 2006 ne sont plus là, nous savons ce que j'ai, c'est infectieux et facilement soigné, la situation n'a rien à voir, c'est simple. ». Elle m'interrogea également sur les tests concernant la maladie de Lyme et comprit rapidement que je connaissais cette problématique. A son tour, elle me raconta l'expérience de son mari touché à plusieurs reprises par cette saloperie. Nous étions d'accord sur la nécessaire modestie des médecins, la complexité du corps humain. C'était un beau moment de partage. Et en prime, mes reins allaient bien. A mon départ, elle me remercia, je fus ravie de la savoir si heureuse que moi.
Alors que je cheminai seule vers le service, tranquille, un brancardier très loquace avec tout collègue croisé proposa de me raccompagner. Dans l'ascenseur, il me demanda si l'examen s'était bien passé.
- Oui, très bien, merci.
- C'est que ce sera bientôt mon tour.
- J'ai vaguement entendu que vous alliez être en arrêt de travail longtemps
- Un mois. Et pas le droit de bouger, de soulever. Repos total! Canapé et télé. Je vais me faire opérer d'une hernie ici même.
- Et vous êtes inquiet ( J'avais deviné qu'il avait besoin de parler, je lui offris mon empathie avec joie)
- C'est la première fois que je me fais opérer. Je sais que ça va bien se passer, que c'est idiot de s'en faire.
- C'est normal, ils vont couper et vous trifouiller à l'intérieur quand même.
Il sourit, la bienveillance et l'écoute le soulageaient un tout petit peu.
De retour dans la chambre, je passai le temps grâce à mon téléphone capable de me fournir radios et musiques en plus des fonctions communication, somnolai, déambulai au gré des envies et observai l'environnement: agitation laborieuse, échanges entre patients, le poids des souffrances, préoccupations, inquiétudes, quêtes de légèreté, d'oubli. La télévision bourdonnait de ci de là, je n'aspirais qu'à sortir d'ici au plus vite.
Plus tard, deux aide- soignantes vinrent s'occuper de mettre la voisine en fauteuil, je réalisai que l'une d'elles était élève en stage. Elle avait sur le visage une joie d'être en soins, une compassion indéniable. De par ma profession, je prépare aux concours d'entrées des écoles de soignants, aussi, je saisis l'occasion pour prendre un avis en situation directe: «Vous êtes en stage? Vous êtes à quelle école? Vous aimez ce que faîtes? Ce métier vous plaît vraiment alors.» C'était indéniable. Je lâchai:
- Le plus important, je crois, c'est de ne pas être blasé.
- Oh, vous savez, ce n'est pas la relation aux patients qui nous dérange, au contraire, répondit la soignante expérimentée, c'est plutôt la société.
- C'est- à- dire?
- Le comportement des familles, des proches, la solitude, la violence des relations, ce qu'on nous demande, toujours plus avec moins.
- Vous voulez dire les conditions de travail?
- Oui, c'est ça. Plus le reste. C'est que nous en voyons tous les jours et franchement, ce qu'il se passe actuellement, ce n'est pas joli, joli.
J'étais triste de ces souffrances et violences, laissai alors de la place à l'empathie pour les personnes en présence. «Vous faîtes vraiment un métier difficile» dis- je simplement.
Vers midi, le médecin de service arriva. Il était tendu, trépignait. Il m'interrogea sur mon infection urinaire et s'emballa vite fait à me sermonner sur mes choix de traitements qu'évidemment il ne connaissait pas
- Pour les infections urinaires, vous pouvez les faire disparaître sans médicament, il suffit de boire beaucoup. Éventuellement, il y a la canneberge qui a fait ses preuves mais tout votre bardas, c'est n'importe quoi.
- J'ai tenu 7 ans avec ça sans qu'il m'arrive quoi que ce soit. Là, c'est un concours de circonstance malheureux avec des résultats de labo arrivés tard.
Il n'entendait rien, agacé. Je lui expliquai alors que j'étais blessée à la moelle suite à la maladie de Devic parente de la sclérose en plaques. Il se lança dans une explication sur ces pathologies, je le laissai marmonner patiente puis ajoutai que cela entraînait des soucis urinaires entre vessie hyper active, hyper sensible conjuguée à des sphincters atones d'où une exposition plus importante et une résolution plus complexe des infections urinaires. Il commença à s'énerver, dédaigneux: « Et qui vous a posé ce diagnostic de Devic? Votre homéopathe? ». Au fond de moi, je souris habituée à ce genre de réaction tout en restant calme et ferme: « Le diagnostic clair, ferme et définitif a été posé par le professeur de Sèze à Strasbourg» ce qui lui coupa la chique et le calma immédiatement. Je demandai combien de temps j'allai rester car pour prendre des comprimés, oraux je pouvais le faire chez moi. Il m'expliqua qu'il me gardait en observation jusqu'au lendemain et qu'il aviserait alors. Dommage. Il se tourna ensuite vers ma voisine dormant au fauteuil, l’appela plusieurs fois en criant puis repartit exaspéré. A sa sortie, ma première réaction fut de penser « Quel connard! ». Plus tard, je le vis au loin, courbé, comme écrasé et je me décidais à lui donner de l'empathie, seule solution constructive et efficace à mes yeux. Je mesurai combien la souffrance était omniprésente en ces lieux, le poids qu'elles représentaient, la responsabilité des soignants, leurs tâches parfois ingrates, c'était bien triste. Le petit vieux immobile, le regard lointain, les yeux mi- clos laissé pendant des heures devant la télévision dans le salon du couloir ou ma voisine endormie, souffrante et encombrée avec ses jolis chaussons, sa belle robe de chambre neufs me serraient le cœur. «La vie tient à si peu de choses» pensai- je. J'avais tellement envie de partir, de sortir. L'après- midi se consacra heureusement à la venue de mon garçon avec des affaires pour m'occuper l'esprit, voir et entendre autre chose, retrouver rapidement le quotidien.
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En titubant, je franchis le seuil des urgences. Le bureau d'accueil était vide, quelques personnes y discutaient assises sur les chaises à propos d'un accident de deux roues dont les protagonistes étaient là pour quelques éraflures et un bras froissé, l'ambiance était légère. Une grande affiche indiquait qu'avant de sonner, il fallait aller à l'accueil demander une fiche de circulation. N'ayant vraiment aucune envie de traverser les longs couloirs, je demandai s'ils avaient sonné- Oui, oui, c'est bon pour nous- et appuyai sur le bouton. Une femme en blouse bleue arriva, je lui tendis l'enveloppe de Colette et ma carte vitale:
- Mon médecin m'a déposée, elle pense que je fais une colite néphrétique ( c'était sorti comme ça, sans réfléchir, parce que c'est tout ce qui me vint).
- Vous avez votre fiche de circulation?
- Je ne suis pas en état de la chercher.
- Oh, mais il nous la faut absolument. Asseyez- vous dans la salle d'attente, on va voir.
Elle était contrariée, je grelottais et vacillais, décidée à prendre la place nécessaire dans mon état présent. Je m'assis dans un coin avec l'envie folle de me coucher, il n'y avait pas de quoi le faire. Elle revint quelques minutes après en insistant sur l'obligation de chercher cette fiche de circulation; excédée, je me levai en lui répondant:
- J'y vais alors! C'est le système qui veut ça, veuillez m'excuser, ça n'a rien à voir avec vous.
Je me rendis donc péniblement à l'autre bout de l'hôpital, puisant dans mes réserves pour y arriver droite. Là- bas, une jeune femme était sur le départ, un homme farfouillait dans les tiroirs.
- J'ai besoin d'une fiche de circulation pour les urgences.
- Un instant s'il vous plaît - s'adressant à la jeune femme: où sont les papiers? ça fonctionne maintenant?
- Non, il n'y en a plus et de toute façon, tu ne peux pas imprimer, répondit- elle
- Désolés madame, nous ne pouvons pas vous la donner, dites- leur que nous vous la ferons plus tard.
Mon attente avait duré plusieurs minutes et j'avais résisté pour ne pas m'affaler et pendant qu'ils s'affairaient, je ne pouvais lâcher du regard la chaise placée plus loin. A l'intérieur, je souriais de cette situation grotesque puis repartis bredouille. De retour aux urgences, j'expliquai le souci informatique apparemment plus recevable que mon état. Je retournai m'asseoir dans la salle d'attente, recroquevillée et tremblante, les yeux pleurant constamment. Après une bonne dizaine de minutes insupportables entre les conversations des autres personnes et la télévision, je fus appelée. Installée dans un box, une infirmière m'invita à me mettre en blouse.
- Je suis frigorifiée
- Voilà un drap et une couverture, servez- vous en cas de besoin.
Je me changeai et m'allongeai sur la table d’auscultation pliée sous drap et couverture, somnolente. Le portable en mode silence vibrait souvent, je n'avais pas la force d'y répondre. Une soignante vint remplir un dossier, prendre température, tension, pulsation cardiaque. La fièvre montait visiblement à grande vitesse, j'avais mal partout, elle m'invita à ne pas trop me couvrir pour contenir la température. Elle sortit, j'entendis vaguement discuter au loin de mon cas. Le médecin du service vint me voir, tâtonnant et questionnant:
- Qu'est- ce qui vous arrive?
- C'est à vous de me le dire, répondis- je hilare.
- Vous avez mal où? Ça brûle quand vous uriner?
Il faisait son travail, l'enveloppe de Colette avait largement débroussaillé le terrain, j'avais plus d'impression qu'il s'agissait de formalités et c'était tant mieux parce qu'à l'arrivée, j'eus été incapable de gérer en plus de la fièvre et des douleurs les questions, les obligations.
Une infirmière adorable posa une perfusion. J'avais tellement froid que mes veines se contractaient; la première cassa, elle recommença en s'excusant. « Ne vous excusez donc pas de faire votre travail». Les aiguilles me faisaient très mal, je ne les supporte plus depuis les événements d'entrée en Devic. Elle m'expliqua: «Une infection urinaire, c'est une chose, mais quand ça touche les reins, on ne rigole plus. C'est qu'ils sont précieux, nos reins. Vous serez hospitalisée le temps de vous soigner.» Analyse d'urine mouvementée en raison de mon état, de la potence, j'en arrivai à faire le nettoyage des toilettes; heureusement, le paracétamol faisait rapidement effet, je retrouvai mes moyens. J'eus à expliquer, ré-expliquer la maladie de Devic, mon parcours, mes allergies. L'infirmière comprit alors mieux mon détachement face à ce qui se révélait être une pyélonéphrite. J'évoquai également la phrase de Christiane Singer: « Ce qu'il y a à vivre, je vais le vivre» avant de monter en chambre en fauteuil roulant.
Je réussis à prévenir mon fils pour qu'il ne s’inquiétât pas, découvris qu'une de mes copines de la danse était depuis une heure dans la salle d'attente. Ils ne l'avaient pas laissée me rejoindre, je lui demandai de rentrer chez elle, il était 23h et trop tard pour envisager quoique ce fut. J'allais mieux, j'avais faim et l'envie folle de dormir, je n'avais donc aucune difficulté à reporter au lendemain sauf que je songeais amusée qu'arrivée sans rien, j'allais passer une nuit les dents sales et sans quoi que ce fut pour me laver ou me changer hormis une blouse d'hôpital, de superbes slips jetables façon boxer, des protections taille 1950 ( dixit l'infirmière). Il valait mieux en rire. Après tout, j'étais calme, aucunement stressée, j'observais les événements simplement.
A suivre.
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Solange, médecin de rééducation, est déterminée à trouver une solution à mes problèmes urinaires sur lesquels nous nous penchons depuis plus de six ans. Pour se faire, elle programma un troisième bilan uro- dynamique cette semaine. Le protocole habituel est de faire une analyse des urines dix jours avant afin de vérifier qu'il n'y ait pas d'infection, cette dernière étant incompatible avec l'examen. Je déposai donc mon échantillon samedi 23 septembre, rassurée de les voir claires et limpides. Les règles survinrent le lendemain. Comme d’habitude, j'en supportais les aléas, cette période étant particulièrement délicate sur le plan urinaire. Granules, teinture- mère et compagnie calmèrent le jeu. Lundi après- midi, au travail, j'étais fatiguée, je me traînais un peu, me secouai. Au soir, alors que je me réjouissais d'essayer un cours de danses bretonnes avec une copine, je ne me sentis pas bien, le corps était tendu, je m'emmêlais les pieds et ne retenais pas les pas de gavottes; deux fuites acides me contrarièrent et je me retrouvai à regarder la troupe danser pendant que je séchais mes fesses en collants mouillés sur un radiateur heureusement allumé. Le retour fut plus que bienvenu, j'étais épuisée. Nouvelles prises de granules, teinture- mère pour calmer ces contraintes, dodo.
Mardi, je réussis à travailler malgré une fatigue persistante, à participer à une réunion de communication non violente le soir. Mes résultats de laboratoire n'arrivaient pas.
Mercredi, je courus à gauche à droite, prenant granules et teinture- mère au moindre chatouillement suspect. Je ne me rappelle plus si les résultats arrivèrent ce jour- là ou le lendemain, toujours est- il que j'avais une infection.
Jeudi matin, je tentai à plusieurs reprises de contacter mon médecin généraliste, Colette, en vain. Vers midi, je sentis un énorme coup de massue sur mon corps; je résistai toutefois pour aller travailler. Deux fuites me dérangèrent sur place, je me liquéfiai également devant ma porte d'entrée. Épuisée, je pris de la teinture- mère et allai me coucher ce qui chez moi est exceptionnel. Je restai une demi heure dans un état entre veille et sommeil, trop faible pour réagir et bouger, trop éveillée pour me couper de l'extérieur. A 18h, je me levai afin de chercher les paniers d'AMAP, à pied, pas loin de chez moi. Fiston m'y rejoignit. Je lui racontai combien j'étais raplapla puis le laissai au retour avec tous les paniers à ranger, j'avais réussi à obtenir un rendez- vous chez Colette.
J'y allai à pied, c'est à dix minutes. A peine assise dans la salle d'attente, je fus incapable de tenir les yeux ouverts et je sombrai dans cet état de mi- sommeil. Quelques minutes plus tard, les larmes coulèrent des yeux sans que j'y puisse réagir. Je finis par prendre une deuxième chaise afin de m'allonger un peu. Quelqu'un était en consultation, une famille attendait avant moi, il y en avait pour au moins une heure et demie. Quand Colette invita la famille à entrer, elle me trouva couchée et assommée. Soucieuse, elle me demanda si j'étais dans cet état depuis mon appel téléphonique, si je voulais passer en priorité. Je lui dis simplement le visage couvert de larmes que je ne me sentais pas bien, que je ne savais pas ce que j'avais, que j'attendais mon tour en dormant, le temps m'échappait. La famille partie, elle me mit immédiatement sur la table d’auscultation, je tenais à peine debout. Je m'excusai de ne pouvoir garder les yeux ouverts, je bafouillai sur les ganglions, les douleurs dans tout le corps, principalement derrière les oreilles, dans les épaules et au bas du dos. Elle regarda d'abord ma gorge, évoqua un état grippal puis piquée par l'une de mes remarques, tâta le bas du dos. Certains points me faisaient si mal qu'ils tiraient jusque dans les épaules. «Je crois que c'est ton infection urinaire qui s'est aggravée, il faudrait refaire une prise de sang et une échographie abdominale, un autre traitement me semble nécessaire.» Elle réfléchissait, m'interrogeait sur ma situation: venue à pied ( Quelle d'idée! - Ce n'aurait pas été différent en voiture, répondis- je), seule à la maison avec seulement mon ado de fiston. Elle partit au bureau et chercha à contacter un ami médecin de l'hôpital évidemment déjà parti ( il était près de 20h). A cet instant, je me mis à avoir froid et trembler comme une feuille au vent. « Si je t'envoie aux urgences de l'hôpital local, tu acceptes d'y aller?». C'est celui où j'étais en 2006 alors, il y avait de quoi me poser la question, pourtant, mon état était tel que je n'aspirais qu'à être soignée et acquiesçai. Colette posait des tas de questions sur mes possibilités à aller à l'hôpital, pourrais- je y aller seule? - Ce qui signifiait rentrer à pied chez moi, prendre ma voiture- quelqu'un pourrait- il m'emmener? J'étais incapable de réfléchir. «Bon, je te place en salle d'attente, je prends la dame suivante et je te retrouve après quand nous aurons réfléchi». Je réussis à envoyer un sms à deux amies sur qui je peux compter avec une phrase très neutre pour n'affoler personne, un autre à mon fils pour lui dire que c'était compliqué et qu'il ne m'attendît pas pour manger puis aller aux toilettes. Colette sortit de son cabinet pour vérifier si j'allai bien, « Ne ferme pas la porte à clé pour que je puisse rentrer si tu fais un malaise!». Oui, oui. Après sa consultation, elle décida de me conduire elle- même aux urgences tout en s'excusant tout le trajet que fait exprès ce soir- là, elle avait de la famille à chercher à la gare plus loin impérativement, qu'elle ne pouvait rester parce qu'ils l'assailliraient de questions et ne la lâcheraient plus.
- Arrête donc! Ne t'en fais pas! Tu ne m'abandonnes quand même pas au bord de la route! Et puis vois- tu, le médecin de ma mère l'a renvoyée à l'hôpital alors qu'elle préparait un infarctus,- Si vous montez chez vous, vous allez mourir, lui avait- il dit et elle est rentrée avec sa voiture à son garage, a appelé elle- même l'ambulance qui l'a conduite à l'hôpital où avec l'ambulancière, elles ont tourné une heure avant de trouver quelqu'un qui sache s'occuper d'elle et zou, débouchage d'artère en urgence
- C'est intéressant, répondit Colette dont c'est la phrase pour exprimer sa surprise.
Nous arrivâmes enfin à l’hôpital et elle me déposa devant l'entrée avec une lettre en s'excusant encore, se préoccupant de ma capacité à marcher jusqu'à l'accueil: «Je suis une dure à cuire» lui lançai-je en souriant, elle promit de me téléphoner dès le lendemain. Je passai la porte des urgences en titubant, puisant des forces pour rester debout et communiquer, j'étais de toute façon seule.
A suivre.
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D'abord, je remercie ici toutes les personnes ayant eu un mot d'encouragement après mes nouvelles raplapla. Je n'ai pas la tête à répondre individuellement, ne vous y attardez pas, s'il vous y plaît, cela n'a rien de personnel. Je suis en effet dans une nouvelle expérience ( ajoutée à toutes les autres évoquées ici ou non) depuis ma dernière visite chez le médecin dont voici le récit:
Mercredi dernier, j'allai donc chez Colette, médecin généraliste hors compétition. A mon arrivée, elle s'émerveilla de ma robe, de ma démarche, de mon allure et me déclara «lumineuse» ce qui me surprit vu mon état des dernières semaines. Bon, j'accorde pour sa décharge avoir repris le traitement contre les ganglions enflés deux jours avant ma venue et j'étais un peu mieux globalement. Je ne dis rien de suite, nous avions du pain sur la planche.
Blabla administratif avec les certificats médicaux de rentrée pour les pratiques sportives de la maisonnée, blabla autour de la famille, échange d'informations sur l'agenda à venir commun ou séparé, de la place à son état ( bé voui, je fais partie de ces patients qui prennent soin de leur médecin) puis j'amenai mes péripéties des dernières semaines. J'expliquai d'abord que l'ordonnance du dernier rendez- vous avait eu quelque effet bénéfique, des tensions s'étaient lâchées ( nous avions remarqué que le gonflement des ganglions correspondait à une date anniversaire d'un truc familial bien pourri, avec de l'argent demandé, des crises et des promesses non tenues) mais tout était revenu le mois suivant. Ensuite, je lui montrai la prise de sang qu'elle jugea très bonne surtout au regard du contexte.
- Ben alors, qu'est- ce que j'ai? d'où est- ce que ça vient? Une dent de sagesse qui pousse?, lui demandai- je, perdue dans ces brumeuses circonstances
- Il est possible que cela provienne de douleurs articulatoires.
N'ayant pas à priori l'expérience de ce genre de réjouissances, je la regardai ahurie. Elle se leva et vint poser ses mains sur les articulations des mâchoires. Un de ses doigts manqua me faire bondir au plafond tant j'eus mal et je me souvins alors que deux jours auparavant, j'avais eu la mâchoire coincée et douloureuse nécessitant une reprise lente du mouvement d'ouverture- fermeture de la mandibule. Il n'y avait pas lieu de chercher plus loin, c'était trouvé. Elle me dit que ces douleurs pouvaient expliquer les ganglions, lançaient dans toute la tête, et fatiguaient énormément, ajoutant au passage que c'était souvent lié à des colères retenues. Je lui racontai dans la foulée comment vers 13 ans, j'avais eu la mâchoire coincée pendant des mois. Les radios n'avaient rien relevé et le radiologue m'avait même malmenée parce que je n'ouvrais pas assez la bouche à son goût pour le cliché ( j'avais mal Ducon). Je ne pouvais plus croquer ni mâcher des aliments durs, c'était très douloureux. Je fus débloquée et soulagée par des infiltrations de chaque côté, tous les samedis pendant deux mois. L'accumulation des événements des années suivantes n'avaient forcément rien arrangé. Je repartis avec une ordonnance pour me requinquer et lâcher ces foutues tensions.
De retour à la maison, une expression- éclair me traversa l'esprit: SERRER LES DENTS. C'est ce que nous disons et très probablement faisons pour retenir, ravaler nos colères, douleurs, cris, pleurs et autres émotions. A force, sur la longue durée, les tensions s'accumulent dans la mâchoire et donc, les douleurs surviennent. Génial! Me voilà vernie.
Par hasard, les jours suivants, alors que nous nous retrouvions entre copines de la danse, nous discutâmes des dents, l'une d'entre nous étant dentiste. Elle découvrait la dentosophie et nous expliqua l'importance des dents dans notre vie non pas seulement pour manger mais également parce qu'elle reflètent ce qui se joue en nous. Je caricature au maximum, qui voudra se renseignera ailleurs, mais ceci est logique: à chaque ressenti, nous réagissons avec notre bouche en serrant les dents, en bougeant la langue, en avalant ou respirant différemment, ces mouvements font bouger nos dents et changent notre mâchoire. Il existe une interaction donc entre notre état psychologique et l'état de notre bouche. Inversement, des dents mal plantées, tordues, manquantes, une mâchoire décalée, trop petite, trop grande, déséquilibrée en somme engendrent des douleurs, des maladies, des troubles du sommeil, de l'attention, entre autres. La dentosophie est une méthode non mutilante, non violente qui permet de rééquilibrer les dents, la mâchoire grâce à une gouttière en caoutchouc portée chaque nuit et plusieurs fois par jour.
Merde alors! C'est que j'ai un conflit avec mes parents dans la bouche moi, un révélateur de bien des enjeux passés et présents.
Vers 10 ans, le dentiste avait signalé le mouvement de mes dents: en haut vers l'avant, en bas vers l'arrière. Il préconisa une orthodontie urgente... ce que ma mère ne jugea pas important et que le père refusa avec des explications du genre « ça abîme les dents, ça ne sert à rien» et autres conneries. A l'époque, les frais étaient pris en charge jusqu'à 12 ans et rien ne se fit. Mes dents continuèrent à bouger et rapidement, je commençais à comprendre la rancune que j'avais contre ces parents inopérants, cette histoire de dents n'étant qu'un révélateur de bien d'autres travers. Quand je commençai à travailler une décennie plus tard, je fis faire des devis et je me pris une grosse claque: deux ans de traitement, arrachage des dents de sagesse, 25 000F de frais non pris en charge par la Sécurité sociale. Rage renouvelée. N'ayant vraiment pas les moyens, je laissai tomber d'autant que je refuse de faire enlever des dents saines. Un deuxième avis préconisa une intervention chirurgicale, non prise en charge également: casser la mâchoire intérieure pour avancer toutes les dents du bas et bloquer ainsi l'avancée des dents du haut. C'en fut fini de mes rêves d'ordre et je tâchai de m'accommoder de ce maigre souci esthétique.
Peu à peu, j'appris que certaines affections orl répétées pouvaient être dues à des dents mal placées. Récemment, ma mère a été envoyée par ses spécialistes se faire arracher toutes les dents. Abîmées et mal plantées, elles seraient responsables des douleurs qui la tenaillent depuis des lustres. Et là, ma mâchoire se remet à faire des siennes plus criantes.
Samedi soir, j'assistai à une conférence sur la dentosophie où un médecin pratiquant la neuroposture était invité également, les deux pratiques étant indissociables. Il nous expliqua comment nous maltraitons notre corps avec des gestes et postures contre nature liés à la culture ce qui, à répétition depuis la naissance et à la longue, engendre troubles et maladies. Il m'est impossible de faire le tour de ces questions, pourtant, je vous assure que sincèrement, j'ai été époustouflée par ce que j'ai vu et entendu. Certains points sont d'une évidence flagrante et je suis principalement choquée de constater que notre système de santé prend en charge des traitements lourds, chers, coûteux pour chacun sans efficacité réelle alors que des méthodes simples et peu / moins onéreuses existent. Grâce à des gestes quotidiens, certains exercices appropriés dans le cas de maladie plus lourde, nous pouvons corriger ces erreurs, permettre à notre corps de se mouvoir pour quoi et comment il a été conçu. Nous avons quasiment tous à virer oreiller, station assise, chaussures trop serrées à talon, soutien- gorge pour les femmes et réapprendre à marcher. Rien que ça. En fin de soirée, je m'entretins avec ce médecin expliquant vaguement mon cas, il demanda à voir mes dents, me prit par les épaules puis droit dans les yeux affirma: «Change de chaussures et occupes- toi de tes dents ma grande! Tu verras, ça ira beaucoup mieux.». Vlan, dans le dents! Avec le dentiste, je discutai du coût d'un traitement en dentosophie.. Aïe aïe! Entre 1500 et 1800 euros l'année. Vlan, dans les dents! Il reconnut que c'était un frein pour beaucoup, qu'il faisait au mieux pour faciliter les paiements et qu'avec ces tarifs, lui- même ne gagnait pas d'argent, ce temps particulier empiétant sur son activité de dentiste traditionnel. Olala, me voilà rentrée dans une nouvelle auberge.
Depuis ces entrefaites, mes ganglions se manifestent à répétition, j'ai mal aux articulations de la mâchoire, surtout à gauche et je suis parfois tellement fatiguée que je résiste pour ne pas pleurer sans raison, pour continuer à travailler, créer, danser, marcher, sortir, vivre. Je prends le traitement de fond sur les tensions et applique quelques préceptes de la neuroposture au quotidien comme lâcher le soutien- gorge à la maison, dormir sans oreiller, éviter la station assise, marcher selon les indications du médecin de samedi, je mets également de la conscience dans ma bouche constatant combien je serre les dents constamment; la dentosophie fait son chemin dans ma caboche. Le corps s'exprime, je tâche de l'écouter, lui laisser de la place et j'apprends. Surtout, je lâche. Résister, s'opposer ne ferait qu'aggraver mon cas. Une nouvelle étape dans la transformation est en marche, je le sens. Celle- ci s'exprimera dans les gestes et surtout sur ma structure physique. Je sais que cela viendra, c'est déjà là et pour la mesurer, je prendrai des photos. De toute façon, notre corps se transforme tout le temps, le mien a dérouillé ( dixit un kiné réflexologue), il mérite que je lui laisse la place qui lui a été refusée des lustres.
A suivre.
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Des ganglions enflés dans la gorge chaque mois depuis mai avec systématiquement un traitement pour calmer la douleur, pouvoir simplement avaler ou ouvrir la mandibule, traitement dont l'effet d'ailleurs dure au mieux quinze jours.
Une grande fatigue depuis début août qui me fait traîner chaque jour parce que je suis bornée sinon, je resterais au lit ou au fauteuil pendant des heures sans même manger.
Dans la logique suite, une grande tristesse qui ne me quitte pas, me tire des larmes n'importe quand pour n'importe quoi ou sans raison.
Un visage très pâle au quotidien, livide certaines heures au point que je m'effraie moi- même. En prime, des cernes violettes ou noires sous les yeux creusant plus ou moins mes traits selon mon état de fatigue plus ou moins marqué.
Quelques kilos en moins perdus apparemment vite puisque j'ai trouvé de nouvelles vergetures très marquées.
Le dernier contrôle sanguin dans le cadre du suivi des traitements à endormir Devic note des globules blancs à la limite de la barrière maximale alors que je prends un immunosuppresseur ( surtout les monocytes qui la dépassent).
Au travail, je passe mon temps à lutter pour ne pas aller dormir quelque part, je baille constamment et les stagiaires ne cessent de me demander si je suis fatiguée ou si je vais bien.
Et il y a des rêves, étranges, histoires violentes de querelles, incestes, agressions, accidents, fuites, chutes. Par expérience, je sais que ce n'est pas bon signe d'autant que j'ai fait un cauchemar ( dont j'ai oublié le contenu) qui m'a réveillée presque dans un cri, en sursaut il y a quelques semaines.
Je tâche d'éviter les films- catastrophes dont est capable le mental bien qu'il m'arrive de pleurer à l'idée d'avoir à affronter une nouvelle épreuve lourde et difficile parce que cela m'effraie grandement; je sais par expérience que la vie peut basculer d'une minute à l'autre.
Si j'ai enfin réussi à nettoyer la maison, à faire quelques travaux manuels hier et aujourd'hui, j'en ai assez parce que chaque activité me coûte. Il est temps d'insister auprès du médecin pour aller voir où se trouve la raison de mon état et y remédier. Pourvu qu'il ne s'agisse que d'une infection quelconque à soigner avec un traitement basique efficace! Demain, j'appelle. Quitte à dire que c'est urgent.
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Encore un grand qui s'en va...
Puissent son énergie et sa conviction perdurer longtemps!!!
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