• Stéphane Hessel est mort. Il était très âgé, c’est dans l'ordre de la vie.

    Je l'ai su très vite ailleurs sur la toile, là où je milite, là où je croise d'autres engagés et militants. Je tiens à le saluer pour son dernier voyage indéfinissable.

    J'aimais entendre cet homme. Ses paroles, ses positions avaient un parfum exaltant empreint de clarté, de lucidité, de conviction. J'aimais sa force intérieure, son goût de l'autre, des autres, de l'au- delà soi. Il était pleinement vivant, tourné constamment vers la vie.

    Je n'ai pas son livre Indignez- Vous, je l'avais lu, prêté par quelqu'un il y a quelques années sans qu'il provoquât en moi d'enthousiaste, j'ai même été surprise qu'il ait tant d'écho puisqu'à mon goût, je le trouvai somme toute consensuel. Est- ce parce que la tâche me paraît si gigantesque que je mets la barre haut dans l'engagement?

    Il n'était qu'un homme. L'immortalité n'étant pas de notre ressort, il sombrera dans les méandres de l'oubli, inévitablement... A moins d'une transmission? Qui saura garder vivante la flamme qu'il animait?

    J'ai foi en l'humain vivant. Elle m'aide à supporter la médiocrité, la lâcheté, les peurs, les fuites, l'illusion et la frénésie généralisées. Elle s'alimente de présences comme celle de Stéphane Hessel. Puisse t-elle ne jamais se tarir.

    Au revoir monsieur, vous allez nous manquer.

     Indignez- vous, Arte

     

     


    votre commentaire
  •  Régulièrement et chaque jour, les centimètres s'accumulent surtout là où il n'y a pas de dégagement. Certains passages se transforment en patinoire, les trottoirs sont peu dégagés, beaucoup oubliant leur responsabilité. Ce n'est déjà pas évident d'y évoluer quand on est valide, qu'il est épique de s'y mouvoir quand les troubles de l'équilibre sont réels, que le corps ne répond pas si naturellement. En fauteuil, je n'en parle même pas. Bah, hors nécessité, le repli chez soi est une solution. Ainsi, étant affaiblie par l'angine, je ne me remue pas à forcer la marche. Il m'est d'ailleurs souvent arrivé ces derniers jours de prendre la voiture pour faire quelques mètres, ce qui m'est habituellement aberrant. Là, je n'avais pas la force de marcher... encore moins dans la neige. Et j'ai constaté.

    Parce que bien des aires de stationnement ne sont pas dégagées, les lignes de marquage deviennent invisibles. Les voitures sont placées aléatoirement, au gré des allées et venues, de la bonne volonté des conducteurs aussi. Et pour les places handicapées, nombreuses sont celles qui n'ont pas de panneaux alors, elles disparaissent sous la neige. Étrangement, leur présence est oubliée. Certes, il suffit de quelques inhabitués des lieux, d'une ignorance sincère pour que la place soit occupée par un valide. Seulement, quand arrive quelqu'un ayant besoin de cette large place pour sortir, évoluer avec un fauteuil, des difficultés à se mouvoir ou encore de la fatigabilité, qu'est- ce qu'elle fait? Occasionnellement, j'ai à me garer plus loin; quand je suis en forme, c'est une expérience positive permettant de réaliser ce que je récupère. Par contre, quand je sais que je vais piétiner un certain temps à tel ou tel endroit ( faire les courses par exemple), avoir à marcher plus loin en sortant demandera à puiser dans les ressources profondes- et je ne parle pas des éventuelles conséquences sur ma vessie capricieuse ou alors, là, en l'occurrence, quand je suis affaiblie par quelque autre maladie de saison, je passe par quelques secondes de profonde lassitude. Surtout au retour. Reprendre la conduite de suite n'est pas judicieux alors, ma foi, je prends du temps, quelques minutes pour me reposer. Sur le plan individuel, ce n'est pas bien grave, je m'adapte, j'ai la chance d'en avoir les moyens. Au delà, je me soucie de ceux qui sont plus entravés et surtout, je m'interroge sur le sens de ces petits riens du quotidien pourtant si révélateurs des choix de société au sens de vivre ensemble. Et oui, je reste fidèle à moi – même. Force est de constater qu'en cas de neige, la priorité est donnée aux grands axes routiers puis aux routes. Les aires de stationnement sont négligées sauf devant les grandes surfaces; dans les villes, les villages, les trottoirs ne sont pas dégagés et les piétons n'ont qu'à se débrouiller surtout que le chasse- neige renvoie sur les côtés ce qu'il a enlevé de la route. Pareillement, que dire du chemin de fer? Combien de retards, d'annulations parce que les voies ne sont pas dégagées? Combien de déplacements quotidiens en train grandement contrariés alors que les voitures circulent allègrement?

    Évidemment, les responsabilités sont variables et multiples ce qui ne permet pas de décision concertée générale, je relève toutefois combien ces choix, dans leur globalité, révèlent les priorités: le véhicule qui va vite pour un humain (hyper?) actif.

    Pourtant, en hiver, il neige et tous ne vivent pas au royaume de la voiture individuelle munis d'une énergie débordante sous le règne de la vitesse.

    Nous aurions tant besoin de prendre le temps de vivre, d'accepter que physiologiquement, l'hiver est la saison du ralenti, du repos, que autrui, à côté, devant, a lui aussi besoin d'être en sécurité sur la voie publique à pied, à vélo, en fauteuil, agile, jeune, âgé, valide, handicapé. L'humanité est multiple, certainement pas stéréotypée. L'oublier, c'est s'amputer soi- même.

     


    2 commentaires
  • A la maison, il accepte sans juger mes cris, tempêtes et pleurs imprévisibles, mes élucubrations et péripéties, ma maladresse, mon joyeux foutoir, mon ado affreux jojo. Il veille sur moi, m'accompagne, fidèle, bon et généreux, dur et ferme pour poser des limites ( ce dont bénéficie grandement mon fiston … et moi par la même occasion). Il est ouvert à mes expériences, mes pistes de réflexions, nous cheminons ensemble alors qu'absolument rien ne nous y prédestinait. Une rencontre par hasard a tout bouleversé.

    Dans le précédent article, je n'ai pas fait mention de son existence. Il est pourtant là pour me soutenir quand je vacille, il m'encourage dans le doute, me remet les pendules à l'heure quand je déraille, s'adapte à mes handicaps constamment, se charge de prendre en charge ce qui m'est trop lourd à gérer, écoute la réalité de ma vie chaotique, me fait rire de ce qui me terrorisait. Bien que souvent loin pour des raisons professionnelles , il se soucie de moi à distance et me gronde gentiment quand je m'obstine dans le n'importe quoi. Si nous nous en faisons voir de toutes les couleurs, ça pétille, fuse, s'accroche et repart car lui comme moi avons décidé, avant de se rencontrer, que la vie méritait d'être vécue pleinement, que désormais les relations seraient authentiques.

    Bé voui, c'est lui, c'est mon amoureux.

    Certes, il baigne encore- un peu, je suis rude- dans l'émerveillement des débuts mais son attitude décidée me déroute complètement, je n'ai pas l'habitude et j'apprends beaucoup de lui. Mes amies qui le rencontrent sont enchantées car un homme comme lui ne court pas les rues. Je n'exagérai pas en disant que j’étais déroutée « parce que ce n'est déjà pas évident de rencontrer une personne au clair avec elle- même mais là, en plus, c'est un homme!». Chaque jour, je me pince pour me rappeler que c'est vrai, que cet homme qui ne ressemble en rien à mon type existe, est présent dans ma vie. De toute façon, quoi qu'il advienne, lui et moi savons que nous partageons là une expérience de transformation irrémédiable.

     A vous qui vous souciez de mon bien- être, sachez donc concrètement, qu'en chair et en os, avec toute sa tête, un homme attentionné, bienveillant, intelligent, ouvert et tolérant veille sur moi.


    3 commentaires
  • J'ai une angine.

    Il y a trois semaines, ma gorge se serra et enfla, je passai cette sensation désagréable à coup de granules homéopathiques contre le rhume en deux jours. Continuant de subir des caprices de pipi, je mis sur eux la raison de ma grande fatigue persistante. A la danse, il y a quinze jours, je me traînais par terre après 45 minutes de pratique laborieuse et finis pas m'asseoir le long du mur, les jambes cassées, répétant des passages hâtifs aux toilettes. Dans les jours suivants, ma gorge se remit à enfler, avaler ma salive devenait un calvaire et j'y jetai un œil distrait à l'occasion d'une belle lumière dans le dos.. Ola, des points blancs et un fond de bouche triplé de volume... Ferais- je une angine? Je ne me souviens pas en avoir faite; il y a longtemps? Dans l'enfance? J'étais plutôt championne en sinusite. J’essayai quelques remèdes à la maison, sans grand résultat. Un rendez- vous se libéra chez notre médecin très chargée pour fiston se plaignant de douleurs au dos, j'en profitai pour lui demander de jeter un œil sur ma gorge... et elle me gronda de ne pas être venue plus tôt.

    - Tu ne voudrais pas faire une pause?

    - Une pause, comment ça?

    Lever le pied au travail

    - Bah, je fais trois fois trois heures par semaine et je me fatigue plus à la maison alors, je préfère y aller.

    Premier traitement efficace deux jours puis rebelote. Mes heures de travail étaient très spéciales, entre ma gorge serrée, ma tête vaseuse et mon corps traînant. Je demandai de la sollicitude et doucement, je tins le cap avec la coopération de mes apprenants. En plus, la super ventilation pompe à chaleur à la maison ne fonctionne pas, il fait frais ou étouffant selon les pièces, la chaudière d'une salle au travail est en panne depuis presque un mois. Nous y étudiâmes dans le froid trois semaines et desormais, je transporte à travers la rue mon bardas de livres, cahiers, paperasses, stylos, magnétophones en allers- et- venues fréquents. J'y mets un cœur vaillant tout en passant par des phases amorphes à bailler et errer dans la salle, parmi les stagiaires, sans énergie. Dans une autre, c'est surchauffé. Après quatre jours et une après- midi de somnolence au travail, je retournai chez le médecin.
    Qu'est- ce que je suis fatiguée! Je pourrai dormir toute la journée
    Ce n'est pas étonnant vu ton état.
    Nouveau traitement et une ordonnance d'antibiotiques s'il ne fonctionne pas. Étant allergique à certaines pénicillines, c’est à réfléchir et trouver. Constatant une amélioration avec le deuxième traitement, je ne cherchai pas les antibiotiques, heureuse de les éviter... et la nuit dernière fut particulièrement pénible. J'étouffais, ne pouvais plus respirer couchée sur le dos. J'ai peut- être dormi trois heures et inondé le lit au matin. Aujourd'hui, je traîne, me repose et pleure pour rien, épuisée, appréhendant d'avaler quoi que ce soit tellement c'est douloureux. II est temps de passer aux antibiotiques avec l'espoir de sortir de ce fatras.

    Les hivers précédents, j'étais peu malade, est- ce parce que je prends moins le temps de pratiquer le taï chi ou le Qi gong? Je suis lasse, préparer le concours dans l'agitation des derniers mois a été éprouvant. En outre, avoir connu une maladie grave et la sensation de mourir m'amène à relativiser les bobos du quotidien et qui sait, à minimiser certaines affections. Me voilà donc en bel état. La situation est d'autant plus paradoxale qu'à côté de mes traitements contre le rhume, les infections urinaires, l'angine et autres banalités, je continue celui contre la maladie de Devic, immunosuppresseur. Comment voulez- vous que le corps s'y retrouve? J'ai probablement un grand besoin de calme et de repos. Tiens, mon programme est déjà chargé, j'ai à puiser des forces pour aller à la pharmacie alors que je n'ai qu'une envie : me légumer au lit ou sur le canapé... ZZzzz  smile_dormir.gif


    3 commentaires
  • Zou! Au lieu d'entamer la corvée du repassage que j'ai de toute façon reportée à ce soir, je jette une bafouille par ici. Je me suis peu montrée ces temps- ci parce que bien que mon quotidien habituel se caractérise par des péripéties et aventures permanentes, il s'y est rajouté des événements qui n'ont pas manqué de m'accaparer. Pour ceux que cela intéresse, je donne quelques pistes succinctes qui mériteront de plus amples écritures quand je me serai décidée. D'abord, j'ai fait une rencontre par hasard fin novembre qui a tout bousculé et ouvert des portes incroyables. Pour résumer, j'ai l'impression d'être un enfant sauvage ayant grandi parmi les bêtes dans la nature rencontrant pour la première fois un humain. Ensuite, j'ai lutté ferme pour organiser un voyage à Paris, au Zénith, voir Björk le 8 mars, pied de guerre pour acheter les places vendues à grande vitesse, trouver de bons trains et un plan dodo du soir. Enfin, sur un coup de tête et pour m'y frotter, je me suis inscrite à un concours interne de l’Éducation nationale ( où je travaille depuis 15 ans).

    Épisodes des dernières semaines:

    8 janvier:

    Mais qu'est- ce qu'il m'a pris de me mettre à ce concours interne 15 jours avant la date limite??? !!!! Quand je dis que ma vie est une aventure pleine de péripéties, je ne mens pas! C'est même presque un euphémisme... (j'avais bien griffonné sur quelques brouillons mais passer au traitement de texte, c'était autre chose!)

    Annie: Bisous!

    Sabine:Tu travailles peut-être mieux dans l'urgence? Enfin, n'y pense pas trop, STAY FOCUSED et fonce! Je sais de quoi je parle!

    Moi: Non, l'urgence, c'est pas mon truc. Et pas facile avec un ado qui fiche rien à la maison à part du foutoir... J'ai lâché le ménage et le linge ( bonjour les dégâts) mais question nourriture, c'est toujours omniprésent et chronophage... Et il y a le travail, les formations ... Un véritable défi!!!

    15 janvier:

    ps: je rame, rame, rame pour mon concours. C'est pas gagné cette histoire d'autant qu’apparemment je suis trop passionnée par mon métier au point d'en être effrayante pour un correcteur de l’Éducation Nationale...

    18 janvier:

    J'ai appris que j'avais 8 jours supplémentaires pour mon concours... Du coup, je fais le ménage!! Je ne supporte plus la saleté et le désordre!!!!!!!!!!

    23 janvier:

    Mon écrit est enfin fini, ma supérieure est ravie! Pas gagné quand même avec l'Education Nationale... Je suis curieuse de voir quelle note j'aurai.
    Maintenant, j'attends de l'imprimer ( aucune imprimante ne fonctionne à la maison, c'est la course), le papier signé du chef supérieur et l'envoi en recommandé pour Paris... Un peu de repos et après, je bosse les programmes de concours et des lycées, des filières...Quel cirque aberrant que ces concours!

    Sabine : Quel courage tu as de te lancer là dedans!

    Moi : A moins que je ne sois folle?

    Annie : "La seule manière d'échouer c'est d'abandonner avant d'avoir réussi" O. Olivier Lockert

     

    Heureusement, j'ai le corps qui suit... enfin.. à peu près... parce que ces derniers jours, j'en suis à changer les draps une à deux fois par nuit tellement la vessie se lâche, je suis si assommée que je ne l'entends pas se manifester. Autant dire qu'au matin, j'ai un mal fou à me tirer de sous la couette. Se reposer la journée? Vous voulez rire!

     

    A la prochaine pour de plus amples déclarations.


    3 commentaires
  •  


    1 commentaire
  • Dans la cohue de ces dernières semaines ( et oui, ça ne change pas), je me décide enfin à glisser une bafouille pour la nouvelle année. Alors, vite fait et sans grande recherche, je NOUS souhaite à tous d'être heureux et en harmonie. Je dis NOUS parce que si je suis heureuse, je rends heureux les autres alentour, si je suis en paix, je sème la paix alentour. Allions- nous pour générer une vague de bienveillance envers soi- même, envers autrui, rendons- nous la vie légère en lâchant prise, en savourant le moment présent. Et puis, il est hors de question de demander le moindre compte, de faire le moindre bilan, l'important est de simplement y songer quand nous prenons le temps de sortir de l'agitation générale.

     

    Que 2013 nous soit donc légère !

     

     

    A bientôt pour de nouvelles péripéties ici ou là.

     


    1 commentaire
  •  

     

    Dans mon entourage, je côtoie différents ensorcellements du monde autour de cette bestiole. Ceux- là les ignorent, ceux- ci leur laissent de la place, les observent, cohabitent avec elles en connivence. Les uns y voient un signe de négligence ménagère et les chassent sans vergogne, d'autres y fixent leurs angoisses, développent de l’arachnophobie avec des comportements irrationnels, des stratégies de défense ou d'attaque. Quant à moi, elles me permettent de méditer sur la marche du monde, m'ouvrent même des portes insoupçonnées.

     

    L'environnement urbain- urbanisé- hygiénique favorise l'ignorance et l'indifférence; les araignées ne font- elles pas de même avec nous, humains? Nous les dérangeons dans leur instinct de vivre avec nos balais, plumeaux, nos produits, notre agitation; elles finissent par se mettre à l'abri, à l’écart, dans des coins tranquilles, secrets, abandonnés des humains, où prolifèrent la nourriture et la sécurité pour perpétuer l'espèce. La toile d'araignée d'ailleurs est devenue une représentation du temps arrêté, suspendu , perdu , oublié quand usée, elle se remplit de poussière. Elle est également à l'image de la nature résistant à nos obsessions humaines de contrôle et de maîtrise. Avec force et obstination, les araignées s'installent dans les endroits probables et improbables en quête de nourriture, d'espace à vivre. Je me demande souvent comment certaines se nourrissent quand elles persistent à s'installer dans des pièces confinées ou au contraire dans des lieux de passage multiples. Elles envahissent si facilement des endroits que nous négligeons, elles s'y essaient, peut- être sommes – nous aveugles à ce qui grouille dans ces lieux?

     

    La toile d'araignée m'émerveille de par sa matière, sa transparence, ses dessins. Je la sais piège à proie, je l'aime pourtant en piège à rosée, illuminée de la lumière du soleil levant ou irisée des gouttes de pluie s'y attardant. A l'évocation ménagère, je souris intérieurement car me revient en pensée ce livre pour enfant, Chloé l'araignée., d'Antoon Krings Après une vie isolée dans un grenier, Chloé part à l'aventure et découvre une magnifique salle à manger; devant tant de beauté, elle décide d'ajouter sa plus belle toile au lustre de cristal afin de participer à cette beauté. Son ouvrage accompli, elle est fatiguée, fière et heureuse quand tout à coup, un balai vient détruire son chef d’œuvre. Elle repart fâchée, outrée devant tant d'incompréhension. Tout n'est décidément qu'un point de vue.

     

    A l'arachnophobe, je donne de l'empathie car je sens qu'elle n'est que le reflet de tourments intérieurs. Carabosse, parfois, je m'en amuse tant les récits et attitudes sont si exagérés ou irrationnels qu'ils en deviennent drôles (je sais, ce n'est pas malin) . Mon garçon commençait à en être contaminé du fait de récits et comportements de proches arachnophobes, j'ai tâché de l'en dépêtrer en remettant chaque fonction à sa place, de démêler ce qui relevait de l'angoisse, de la transposition de tourments internes, de la fonction des araignées, de leur place parmi nous, des différentes espèces, de la non dangerosité des celles de notre environnement. Il y a peu, il m'avoua en laisser une dans un coin de sa chambre car il savait qu'elle s'occuperait des insectes volants et piquants qui le dérangent. Il ne l'aime pas, c'est certain mais j'ai été heureuse de l'entendre dire leur cohabitation pacifique, coopérative.

     

    Quand je regarde Mariev respecter les araignées, leur parler, les inviter à se déplacer afin de leur éviter quelques dégâts je suis touchée par son univers à bébêtes car il fait écho à mes heures passées à observer le monde dans ce silence intérieur très loin de l'agitation chimérique humaine. Je sens la présence de la vie dans ce qu'elle a de vif et frais avec une conscience aiguë qui résonne fortement en moi.

     

    Chez moi, je ne touche pas aux toiles et aux araignées. Je les observe souvent, les taquine ou m'excuse quand vraiment, leurs toiles sont mal placées et que je les abîme ou efface malencontreusement, volontairement. Je les éloigne des dangers et m'émeus de leur agitation, de leur danse. D'un point de vue purement pratique, je les aime parce qu'elle mangent les mouches, les moustiques, les moucherons. Contrairement à la plante carnivore fragile, elles résistent et persistent sans intervention de ma part, je leur suis reconnaissante pour cela. D'un point de vue complètement irrationnel, celles de ma salle de bains m'ont donné une belle leçon.

     

    Dans la tradition populaire, existent ces adages: araignée du matin, chagrin; araignée de l'après- midi, souci; araignée du soir, espoir. J'y sais des superstitions ancestrales sans toutefois grandement les comprendre en dehors de la musique des sons. Bêtement, l'apparition d'une araignée à tel ou tel moment de la journée ravivait ces adages, fugaces pensées à énergie et impact variables. Évidemment, quotidiennement, je croisais les araignées de la salle de bains la matin, l'après- midi, le soir en raison des allers-et- venues habituels. Au matin, je pensais chagrin, le soir, espoir et rapidement, l'aberration de ces contradictions m'interpella. Je laissai cheminer ces pensées insensées quelques temps et soudain, j'entendis la petite voix intérieure me souffler sa formule magique:

     

    «Chaque matin, l'araignée annonce les agitations, les aléas, les contrariétés, les mouvements du jour à venir car la vie est faite de ces éléments. Et chaque soir, elle rappelle combien ce jour passé fut un cadeau par ce qu'il a donné et permis d'apprendre puis surtout que demain, est une nouvelle page à écrire avec ses promesses et ses espérances.»

     

    Je souris doucement à ces mots, la joie m'emplit puis baigna de gratitude ces araignées de salle de bains. Bien que tout cela n'ait aucune forme d'importance, je suis véritablement ravie de vivre dans cet ensorcellement du monde, il respire et regorge de vie. C'est simplement beau.

     

     


    votre commentaire
  •  Mon grand nigaud a presque 16 ans et bien souvent, l'envie de lui arracher la tête traverse mes pensées. Depuis notre rencontre, nous nous affrontons, nous disputons et nombreux sont les surpris ou les déstabilisés par nos relations tumultueuses. J'ai tout entendu, en jugements et sentences fatalistes sur nous, nos attitudes, nos relations, mes choix éducatifs. Nous avons traversé ensemble des épreuves pénibles, nous sommes passés par des phases en pagaille je me permets néanmoins de penser que nos relations sont authentiques et vivantes. J'aurais des milliers de textes à écrire à ce propos et certains viendront probablement mais aujourd'hui, j'ai envie de dire combien il m'arrive d'être fière de lui.

    Mon bébé est désormais plus grand que moi, plus lourd et bien plus costaud; trois fois par semaine, il fait de la musculation au lycée et s'amuse à me porter régulièrement pour tester sa force. Je me sens tellement légère et ne peux m'empêcher de penser qu'il a trouvé là une réponse à des angoisses, des peurs d'autrefois quand, petit, il m'a vue à terre et face à notre incapacité à me remettre en fauteuil ou sur le lit. En véritable geek, il vit une grande partie de sa vie sur la toile dans ses jeux, ses programmes et ses échanges avec quelques copains ou autres geeks et ne fiche rien à la maison... sauf quand il s'agit de porter, déplacer du lourd, de faire quelques réparations informatiques ou électroniques.

    Vendredi matin, je suis partie pour une réunion de travail; à la sortie, dix à quinze centimètres de neige recouvraient tout. Aïe Aïe! J'ai des pneus neige... évidemment dans le garage et donc pas du tout sur la voiture. Je mis quarante cinq minutes pour parcourir les quelques kilomètres ramenant à la maison et glissai à plusieurs reprises malgré ma grande prudence. Une glissade en particulier me remua car, dans un village, ma vieille voiture glissa vers l'unique véhicule garé dans toute la rue; en voulant l'éviter, je fonçai vers une camionnette en face. Heureusement, j'échappai à l'accident et pris la décision de changer les roues rapidement. J'y songeai depuis belle lurette mais je ne trouvais pas le temps de demander l'aide à qui que ce soit, c'est malin, je sais. « Et puis, zut! J'ai bien la théorie, autant la mettre en pratique. » L'après- midi, je vérifiai encore sur une vidéo comment procéder et quand mon garçon rentra, je lui demandai s'il était d'accord de m'aider; il accepta immédiatement et nous descendîmes au garage. La clef fut trouvée assez rapidement, je ne l'avais jamais remarquée sur le côté du coffre, par contre, rien à faire avec le cric. Je filai chez un voisin et nous nous retrouvâmes tous les trois autour de la voiture. Alors que j'étais si décidée, je ne fis rien, absolument rien, mon garçon prit tout en main. Grâce aux conseils de notre voisin, il s'occupa de placer le cric, lever la voiture, desserrer et serrer les écrous, chercher les roues à pneus neige, les mettre en place, ranger les autres. L'affaire fut réglée en une heure. Bien qu'un peu frustrée de ne pas avoir fait l'expérience moi- même, je lui fus très reconnaissante car ce soir- là, j’avais un immense coup de fatigue, une vessie capricieuse. C'était en ordre.

    En le regardant s'activer de si bon cœur ouvert aux paroles du voisin, des images d'autrefois me revenaient avec notamment tout ce que nous avions vécu avant la maladie, quand il était petit, que j'étais seule, me battais pour nous offrir une vie digne ce dont il ne garde que très peu de souvenirs. J'ai eu des moments de détresse, de culpabilité, des remises en questions constantes surtout quand j'entendais les remarques et les critiques fusant de partout, j'ai lutté avec l'énergie du désespoir si longuement et là, mon fiston prenait soin de moi, naturellement, généreusement, sans attente de retour.

    Finalement, j'en arrive à me dire timidement que j'ai été dans le juste, que ce que je lui ai offert lui a donné des bases saines et claires pour faire de lui un homme digne; dans un monde où les jugements sont rois, l'authenticité réprimée, je ne me suis peut- être pas si mal débrouillée. Certes, parfois, régulièrement, les circonstances, les éclats de voix, les attitudes m'ébranlent, sèment le doute et soulèvent les questions, alors j'entends la voix de mon amie Yolande qui en entendant mes inquiétudes aime me rappeler qu'elle- même ne se fait pas de souci pour lui car: « Tu lui as appris l'essentiel, tu lui as appris à être vivant.».


    3 commentaires
  • Je vous propose d'écouter cette magnifique émission radio: Sur les épaules de Darwin de Jean- Claude Ameisen.

    Celle du 8 décembre 2012 m'est toute particulière car elle évoque un thème qui m'interpelle grandement. J'ai déjà lu et relu des articles sur ce sujet, j'ai recoupé ces constations avec ma propre expérience de non- vision, j'en reste toujours autant ébahie et interloquée. Immédiatement, dans ma caboche s'y allient mes petites connaissances en physique quantique, mes lectures de Boris, tant de pistes autres dont je vous épargne la liste. Ma tête grouille ( ce qui en soit mériterait aussi quelques tartines) et je parle trop. Qui voudra écoutera l'émission et nous en reparlerons, ou pas.

    Ce qui m'est certain, c'est que j'ai encore bien à  penser,  méditer, reporter sur mon parcours en ces terres indistinctes.

     


    votre commentaire