• Concours de circonstances. Deuxième.

    En titubant, je franchis le seuil des urgences. Le bureau d'accueil était vide, quelques personnes y discutaient assises sur les chaises à propos d'un accident de deux roues dont les protagonistes étaient là pour quelques éraflures et un bras froissé, l'ambiance était légère. Une grande affiche indiquait qu'avant de sonner, il fallait aller à l'accueil demander une fiche de circulation. N'ayant vraiment aucune envie de traverser les longs couloirs, je demandai s'ils avaient sonné- Oui, oui, c'est bon pour nous- et appuyai sur le bouton. Une femme en blouse bleue arriva, je lui tendis l'enveloppe de Colette et ma carte vitale:

    - Mon médecin m'a déposée, elle pense que je fais une colite néphrétique ( c'était sorti comme ça, sans réfléchir, parce que c'est tout ce qui me vint).

    - Vous avez votre fiche de circulation?

    - Je ne suis pas en état de la chercher.

    - Oh, mais il nous la faut absolument. Asseyez- vous dans la salle d'attente, on va voir.

    Elle était contrariée, je grelottais et vacillais, décidée à prendre la place nécessaire dans mon état présent. Je m'assis dans un coin avec l'envie folle de me coucher, il n'y avait pas de quoi le faire. Elle revint quelques minutes après en insistant sur l'obligation de chercher cette fiche de circulation; excédée, je me levai en lui répondant:

    - J'y vais alors! C'est le système qui veut ça, veuillez m'excuser, ça n'a rien à voir avec vous.

    Je me rendis donc péniblement à l'autre bout de l'hôpital, puisant dans mes réserves pour y arriver droite. Là- bas, une jeune femme était sur le départ, un homme farfouillait dans les tiroirs.

    - J'ai besoin d'une fiche de circulation pour les urgences.

    - Un instant s'il vous plaît - s'adressant à la jeune femme: où sont les papiers? ça fonctionne maintenant?

    - Non, il n'y en a plus et de toute façon, tu ne peux pas imprimer, répondit- elle

    - Désolés madame, nous ne pouvons pas vous la donner, dites- leur que nous vous la ferons plus tard.

    Mon attente avait duré plusieurs minutes et j'avais résisté pour ne pas m'affaler et pendant qu'ils s'affairaient, je ne pouvais lâcher du regard la chaise placée plus loin. A l'intérieur, je souriais de cette situation grotesque puis repartis bredouille. De retour aux urgences, j'expliquai le souci informatique apparemment plus recevable que mon état. Je retournai m'asseoir dans la salle d'attente, recroquevillée et tremblante, les yeux pleurant constamment. Après une bonne dizaine de minutes insupportables entre les conversations des autres personnes et la télévision, je fus appelée. Installée dans un box, une infirmière m'invita à me mettre en blouse.

    - Je suis frigorifiée

    - Voilà un drap et une couverture, servez- vous en cas de besoin.

    Je me changeai et m'allongeai sur la table d’auscultation pliée sous drap et couverture, somnolente. Le portable en mode silence vibrait souvent, je n'avais pas la force d'y répondre. Une soignante vint remplir un dossier, prendre température, tension, pulsation cardiaque. La fièvre montait visiblement à grande vitesse, j'avais mal partout, elle m'invita à ne pas trop me couvrir pour contenir la température. Elle sortit, j'entendis vaguement discuter au loin de mon cas. Le médecin du service vint me voir, tâtonnant et questionnant:

    - Qu'est- ce qui vous arrive?

    - C'est à vous de me le dire, répondis- je hilare.

    - Vous avez mal où? Ça brûle quand vous uriner?

    Il faisait son travail, l'enveloppe de Colette avait largement débroussaillé le terrain, j'avais plus d'impression qu'il s'agissait de formalités et c'était tant mieux parce qu'à l'arrivée, j'eus été incapable de gérer en plus de la fièvre et des douleurs les questions, les obligations.

    Une infirmière adorable posa une perfusion. J'avais tellement froid que mes veines se contractaient; la première cassa, elle recommença en s'excusant. « Ne vous excusez donc pas de faire votre travail». Les aiguilles me faisaient très mal, je ne les supporte plus depuis les événements d'entrée en Devic. Elle m'expliqua: «Une infection urinaire, c'est une chose, mais quand ça touche les reins, on ne rigole plus. C'est qu'ils sont précieux, nos reins. Vous serez hospitalisée le temps de vous soigner.» Analyse d'urine mouvementée en raison de mon état, de la potence, j'en arrivai à faire le nettoyage des toilettes; heureusement, le paracétamol faisait rapidement effet, je retrouvai mes moyens. J'eus à expliquer, ré-expliquer la maladie de Devic, mon parcours, mes allergies. L'infirmière comprit alors mieux mon détachement face à ce qui se révélait être une pyélonéphrite. J'évoquai également la phrase de Christiane Singer: « Ce qu'il y a à vivre, je vais le vivre» avant de monter en chambre en fauteuil roulant.

    Je réussis à prévenir mon fils pour qu'il ne s’inquiétât pas, découvris qu'une de mes copines de la danse était depuis une heure dans la salle d'attente. Ils ne l'avaient pas laissée me rejoindre, je lui demandai de rentrer chez elle, il était 23h et trop tard pour envisager quoique ce fut. J'allais mieux, j'avais faim et l'envie folle de dormir, je n'avais donc aucune difficulté à reporter au lendemain sauf que je songeais amusée qu'arrivée sans rien, j'allais passer une nuit les dents sales et sans quoi que ce fut pour me laver ou me changer hormis une blouse d'hôpital, de superbes slips jetables façon boxer, des protections taille 1950 ( dixit l'infirmière). Il valait mieux en rire. Après tout, j'étais calme, aucunement stressée, j'observais les événements simplement.

    A suivre.

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  • Commentaires

    1
    Cinochette
    Samedi 12 Octobre 2013 à 12:42
    Cinochette

    Bonjour petite fée,


    Je constate que tu es encore agressée par ta maladie; j'ai lu les derniers articles mais cela me fait trop mal.... et quand on ne peut rien pour quelqu'un il faut éviter de se torturer car chacune de nos cellules emmagasine cette résonnance. La seule chose primordiales que nous puissions faire envers notre prochain c'est la bienveillance, tout le temps, à tout le monde. J'ai beaucoup de compassion pour toi tu le sais, mais je préfère que tes écrits soient surtout pour toi une façon de sortir tout cela, c'est bénéfique pour ton corps et ton esprit. Au sujet de la planète quantique, tu trouvera tout sur : LATELEDELILOU. Peut-être y trouveras-tu l'étincelle de ta guérison car elle existe forcément quelquepart. Il y a un congrès à Reims le 16 et 17 novembre prochains.(parmi les intervenants notre cher Pierre Rabhi entre autres ouvreurs de conscience).Je ne sais si je pourrais y aller mais de toute façon nous aurons tout sur internet après.....


    bizzzz Gina

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