•  Il est coutumier d'entendre des phrases du type: « Si tu parles encore de cette histoire, c’est que ce n'est pas réglé. ». Je l'ai dite moi- même, souvent, titillée par les répétitions de certains. Dans ma caboche de Carabosse, je cherche à comprendre et sonder le pourquoi du comment des pensées et sensations non parce que je veux contrôler, savoir pour apaiser une curiosité mal placée, mais bien parce que c'est un réflexe né de mon histoire personnelle lointaine et profonde. Tant autour de moi souffraient, se déchiraient, se détruisaient et inévitablement faisaient souffrir, détruisaient alentour que j'avais besoin de comprendre, de mettre de la clarté, de sortir de la confusion, des fusions malsaines. Ce fut long, laborieux et chèrement payé. Depuis quelques années, je n'ai pas tout éclairé mais la paix et la bienveillance ont remplacé les peurs, les auto- destructions, les dénigrements, les colères ( bon d'accord, pas tout à fait, après tout, je suis affreusement humaine) . De fait, je m'observe, m'écoute, observe et écoute les autres.

    La communication non violente m'apporta une théorie globale, éprouvée, logique dans ce parcours longtemps empirique et elle m'aide grandement, m'écarte des écueils. Pourtant, ce ne fut pas elle qui provoqua une interrogation, un déclic, lorsque j'entendis pour la énième fois cette phrase à propos d'une conversations entre amis. Mon interlocutrice s'étonna de ses répétitions sur une histoire passée et je m'étonnai de mes propres répétitions. Au final, nous étions frustrées toutes les deux d'avoir parlé de ce passé malsain alors que notre présent était bien plus intéressant et riche. Que se passait- il donc dans ces circonstances? Pourquoi s'éterniser sur ce temps révolu dont nous étions sorties? Je laissai ces pensées cheminer tranquillement sans chercher de réponses toutes prêtes, rapides, faciles. Pendant des semaines, elles se rappelèrent à moi, je mesurai leur parcours et attendis jusqu'à ce que finalement, mon ami Boris me souffla un indice; immédiatement, l'écho de la voix de la psychiatre suivit. La réponse se structura dans ma caboche et je décidai de la partager ici avec qui voudra s'y pencher.

    Nous sommes tous d'accord que la psychologie, la psychiatrie et son jargon ont imprégné nos quotidiens, nos visions nos paroles. Malheureusement, comme dans tout domaine, il est des raccourcis ( parfois de bas étage) utilisant ces données importantes et intéressantes pour juger, éviter, fuir, prendre l'ascendant, enfermer dans des schémas faciles très éloignés de la réalité d'une réflexion sérieuse sur le psychisme et notre humanité. Afin d'éviter la fatigue cérébrale, nous humains prenons souvent des voies de paresse. Et je pense que cette phrase en est une... à moins qu'elle ne soit le reflet d'une approche différente nécessitant une autre formulation. Il n'est pas question d'en donner, elles sont liées à des circonstances aléatoires impossible à définir, je crois, de manière globale et systématique ( l'importance du ici et maintenant). Je m'interroge plutôt sur les fondements, la nature de ces répétitions incessantes d'évocation du passé.

    Certes, quelque chose n'est pas réglé quand nous en parlons sans cesse mais pas au sens où cette affirmation est globalement entendue car il est une évidence fondamentale et essentielle: quand nous souffrons, nous débattons avec notre passé ( ou notre présent, cela arrive également), que nous sommes tourmentés, nous ne trouvons pas de mot pour la définir, nous nous taisons. Le silence, le refus de dire est la caractéristique de tous ceux qui affrontent une blessure béante, énorme, vive, indicible si insupportable qu'ils l'occultent. Les secrets de famille, les fonctionnements inconscients, automatiques souvent insensés ne se disent pas, ils n'ont pas de mot. Il n'y a ni paroles, ni évocation, rien, mutisme, déni, mille et un chemins d'occultation de ce qui fait mal. En outre, quand la parole suit, en énergie de survie, rapidement le choc, la blessure, beaucoup alentour ne peuvent l'entendre, alors, le blessé se ferme à son tour et enterre sa parole, ses sentiments, ses émotions.

    Ainsi, je pense que lorsque nous répétons nos discours sur ces épisodes de vie non réglés nous sommes en marche, en quête. Par notre voix, la relation à l'autre, nous cherchons à comprendre, à trouver ce petit truc qui permettra de se libérer enfin de ce labeur auquel nous nous attelons depuis qu'il a traversé la paroi de notre silence face au choc, à la douleur, la tristesse ou autre sentiment désagréable. Ces répétitions sont le signe de notre incompréhension, notre désarroi, notre sentiment d'impuissance et un appel à l'aide: « Et toi, aide- moi! Je suis coincé-e, je n'y vois pas clair, je ne comprends pas ce qui s'est passé, comment j'y suis entré-e, resté-e et sorti-e ( ou pas), je ne sais pas comment conclure ce parcours douloureux » Ce TOI, c'est l'autre à qui je parle, c'est aussi moi- même en besoin d'évacuer, de prendre du recul face aux interrogations intérieures qui me laissent, pour l'instant sans réponse. Après tout, nous sollicitions la bienveillance et certainement pas les conseils, les « Tu dois», « Il faut». Ces situations parlent de nos questionnements internes, de la trop fréquente non- communication généralisée, des carences indéniables d'éducation à nos fonctionnements humains.

    Ainsi, je suis arrivée à cette clarté, cette compréhension de ce qui se passe sous nos yeux, à nos oreilles directes et que nous cataloguons trop rapidement et facilement. Je ne veux plus utiliser ce genre de phrase parce qu'il n'y a de place sensée que pour la bienveillance, envers moi- même et l'autre. Grâce à l'écoute, sans jugement ni volonté de contrôle, des silences bien plus toxiques pourront alors se fissurer, une autre parole s'ébranler et naître. Ce sera certainement bien plus salvateur que de remuer et contribuer à entretenir la nocivité, même avec la meilleure volonté du monde.


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  • J'ai reçu hier ma première contravention pour excès de vitesse en 18 ans de permis. Je n'ai pas contesté, l'événement est inscrit dans ma mémoire profondément, je connais ma responsabilité.

    C'était samedi dernier, 8h54, sur une portion de route limitée à 70 km/h. J'étais très fatiguée après une nuit courte, agitée, cumulée à d'autres nuits identiques.

    Depuis plusieurs jours, je sentais en moi un tumulte interne, une grande exaspération, un bord de précipice où j'étais poussée malgré moi. Des cauchemars inhabituels apparaissaient, souvent liés à des jeux vidéos: les lapins crétins devenaient des monstres dévoreurs à la tombée de la nuit m’astreignant à rester enfermée avec mon fiston dans la seule pièce sécure de cette grande bâtisse délabrée que nous restaurions la journée, le refus de combattre face à un gros monstre de fin de niveau me conduisait à des couloirs sombres à multiples portes et niveaux où, souris à deux pattes, des chats de plus en plus féroces m’entravaient, me mordaient, me dévoraient. J'étais sans échappatoire, acculée. Au réveil, j'avais peur, j'étais en nage, effrayée que ce ne fut le signe d'une recrudescence de la maladie, des rêves ayant marqués ses prémices en 2006. Que se passait- il donc? Je n'arrivais pas à sortir de ce mal- être global tout en le regardant d'un œil détaché, interloquée. Était- ce parce que j'étais inquiète pour ces trois week-ends de formation seule à 150 km de chez moi? La logistique me tétanisait, entre des transports en commun irrationnels, éprouvants au regard de mon état physique, une vieille voiture à carburant cher et la question du sommeil sur place entre deux. Je ne me reconnaissais pas dans ces inquiétudes, j'ai lancé des aventures bien plus épiques et incertaines que celle- ci. Il était hors de question de flancher, cette formation me tient à cœur et j'ai tout mis en œuvre pour y participer. Pourquoi alors? Évidemment, il y a les graves soucis de santé de ma mère, tétanisée au point de s'enfermer dans des lieux et attitudes destructrices pour elle, il y a ma sœur en bataille constante et désespérée contre la terre entière, il y a les perpétuels enjeux avec le fiston... et la maladie, les handicaps, les médicaments, le quotidien matériel, les questions d'avenir professionnel avec son lot d'engagement sur la voie du concours, la plongée dans les désirs ou non de s'aligner sur une normalité formelle... J'avoue que je ne trouve pas. C'est un ensemble.

    Ce samedi matin donc , je me réveillai fatiguée, inquiète et dans un flou général . La vaisselle tirée du lave- vaisselle n'était pas très propre, je commençai à la rincer et la ranger alors que le temps m'était précieux, simplement parce que je ne faisais pas confiance à mon garçon négligent et très peu coopératif au ménage, je craignais également de retrouver un bazar insupportable en rentrant le lendemain. Un verre cassa, entailla mon pouce droit qui ne cessa de saigner pendant des heures malgré mes pansements. Je partis en retard, remuée et bousculée d'emblée chargée de mes affaires pour deux jours dans une valise et un gros panier « Le voyage en train- tram- à pied eut été trop difficile dans ces conditions» pensai- je sur le pas de la porte. La route habituellement plus rapide s'avéra barrée et je fis des détours à travers la campagne sur des kilomètres pour reprendre la voie proche de mon domicile, un quart d'heure plus tard. Il pleuvait des cordes, je traversais des murs d'eau, la visibilité était mauvaise et des fous du volant jouaient de leur vie et de celles des autres avec leurs comportements dangereux à grande vitesse, débordements et déboitages intempestifs. Il y eut des embouteillages, inévitablement, Murphy étant là, omniprésent, omnipotent, ne lui avais- je pas ouvert grand la porte? Sur ce fameux tronçon de route limité à 70, je vis les panneaux de limitation, celui annonçant un radar automatique, le radar indiquant la vitesse (j'étais à 65); j'étais noyée sous des trombes d'eau, mon retard était important et j'étais désorientée; je ne savais plus si j'accélérai ou freinai et tout à coup, au milieu des flots, mes yeux se prirent un flash cinglant de plein fouet. J'étais bonne pour l'amende. Cela n'arrangea pas mon cas, je loupai la sortie d'autoroute au milieu des camions, des murs de pluie, me perdis et errai encore dans des zones industrielles glauques pour finalement m'y retrouver grâce à mon cher sens de l'orientation. J'entrai en catastrophe pour filer in extremis aux toilettes car bien sûr, à ces circonstances, s'ajoutaient les cris de ma vessie. J'avais une demi- heure de retard après deux heures de route éprouvantes et six heures de formation devant moi. Au soir, le corps était rouillé, douloureux de ces longues assises en un tout petit espace, je n'avais plus de force pour espérer visiter quoi que ce fut et je m'écroulai sur le lit réservé à l'auberge de jeunesse après la longue journée à remue- méninges et un énième bouchon interminable.

    Le lendemain, les routes s'ouvrirent, je regardai passer le temps; l'après- midi, je ne me sentis plus capable de réfléchir à notre sujet. En fin de journée, je me demandai comment trouver la force physique de rentrer sur les prochains 150 km de nuit et finalement, j'y parvins sans encombre. A l'arrivée, le bazar était là, malgré mes précautions, fiston passa ses nerfs sur moi mais j'étais dans un tel état de fatigue que je me contentai de faire des demandes claires. Tout s'apaisa et je m'écroulai à nouveau.

    Le lendemain, j'étais tiraillée; les événements, les éléments de la formation, le quotidien, les tâches domestiques, la semaine qui s'annonçait, tout, tout se bousculait dans la tête et j'étais perdue. Je regardai ce mental se tourmenter, s'agiter, me miner, cherchant le contrôle tout en me jugeant avec les voix de fantômes. C'était décidément trop et je lâchai. «Puisque c'est ainsi, je vais faire du taï chi et du Qi gong. ». Alors qu'alentour et au dedans, tout croulait et s'écroulait, je pris la matinée entière à pratiquer lentement, à mouvoir le corps en conscience, à ne vivre que cet instant présent et je me sentis libérée, heureuse du vide et du silence retrouvés.

    Hier, le procès- verbal est arrivé. J'ai été flashée à 76 km/h. Recalculé cela donne un excès à 71 km/h, c'est ridicule et néanmoins si révélateur. J'étais à mon volant, j'avais connaissance de tous les éléments et je me suis laissée submerger par les eaux, les émotions, les tourments, l'agitation intérieure. Débordée, j'ai fait ce pas de trop en poussant à l'exact mauvais endroit la pédale d’accélération. Je souris en lisant les papiers, je ris en racontant cette histoire à mes proches et envisageai même d'encadrer cette contravention afin qu’elle me rappelle, dans ces instants d'oubli, que véritablement, quand tout s'écroule, s'accélère, s'agite, me tourmente, il y a à lâcher prise, à ralentir, à faire le vide, à revenir au présent, au corps, à cette réalité que le monde est ce que nous pensons. J'avais besoin d'une limite, je l'ai cherchée, je le l'ai trouvée. C'est tant mieux.


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  • Dans la cohue et le remue- ménage consécutifs au déménagement, j'avais décidé de me mettre, en plus, à mes travaux. La bazar pas du tout convenable dans les représentations actuelles avec ces designs épurés à la mode a tout de même de grands avantages pour ma démarche créative. Au hasard des déplacements et entassements, je trouve par hasard des idées fulgurantes. Ce fut le cas lors de l'élaboration de la bibliothèque à bascule, également pour la séparation du séjour entre le côté cuisine et l'autre, salle à manger.

    J'avais un grand bureau que je n'arrivais pas à caser dans notre nouvel appartement; en prime, d'y voir affalé et collé mon fiston ado en permanence m'énervait grandement: toute cette place monopolisée quand les mètres carrés sont réduits, non merci! J'envisageais alors de le transformer en séparation du séjour.

    Premiers essais:

    depart bazarrecherche

    Il n'aboutit pas du tout; ni les hauteurs , ni les longueurs, ni les largeurs ne collaient à mon projet d'adaptation des lieux et mobiliers. Je partis vers d'autres matériaux et repris mes croquis, annotations et autres gribouillis au gré des avancées d'idées et travaux en cours puisque j'ai tout fait en même temps, pour rappel.

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    Je montai des caissons auxquels j'ajoutai des pieds de cuisine.

    Le premier était fait d'une planche trouvée dans mes reliquats; pour rester cohérente, j'en achetai une autre identique. Heureusement, elle me fut coupée avec la machine, bien droite... ce qui n'est évidement pas le cas de celle que j'avais coupée à la scie sauteuse.

    Avec un reste de tasseau et une porte récupérée de mes donateurs, je montai le support à poser entre les deux fenêtres. Voyez les épisodes:

    DSC00876 coteenplace


    essai1


      

    Ensuite, je repris la longue planche qui avait fait office de bureau auparavant, en coupai les arrondis aux quatre coins afin de la mettre aux bonnes dimensions du mur de fond et éviter les coins typiques à se cogner. Dans ce cas, la scie sauteuse est merveilleuse:

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    Je m'évertuai à placer les trous au bons endroits pour la fixer à l'aide de tourillons et laborieusement, j'y parvins:

    piedsetplateaux surpiedsbissurpieds avecplateau

    Au- dessus de la partie vide, j'avais prévu un tiroir récupéré dans une armoire démantibulée, seulement, je n'avais pas de glissière à tiroir compatible. Je fabriquai donc mes propres supports en m'inspirant de mon buffet ancien. Deux tasseaux assemblés puis fixés sur les côtés font désormais leurs office:

    equerremaison fixee

    tiroir

    Normalement, le caisson de gauche était prévu pour recevoir des tiroirs récupérés dans un hangar par une copine, j'avais même acheté les glissières spéciales pour finalement constater qu'il manquait un ou deux millimètres de largeur, rageant! Je farfouillai alors dans les restes de planches et y coupai des étagères... en attendant de trouver d'éventuels autres tiroirs. Et oui, mes constructions sont en évolution constante.

    L'ensemble se mit en place et se remplit:


    remplissage1 presquefini

    Chaque visiteur passé par chez moi y a jeté un coup d’œil et en a testé la solidité. Ces messieurs s'en trouvent épatés et parlent bricolage avec moi en d'autres termes dorénavant.

    A l'usage, cette construction est très pratique et je l'ai rapidement intégrée dans mes activités. Toutefois, dans la masse d'ouvrages en cours et l'épuisement de mes ressources en matériaux, j'ai été stoppée. En effet, il manque un fond solide que je tiens également à organiser en rangement pour bricoles du quotidien ( papiers, courriers, stylos, brochures, catalogues); je réfléchis également à l'ajout de portes, tiroirs et autres systèmes afin de la rendre encore plus pratique et belle. Si les mesures s'y prêtent, je puiserai dans des façades de cuisine avec visseries et éventuelles glissières vendues dans un magasin de bricolage ou de meubles en kit , autrement, je continuerai mes recherches.

    Je ne manquerai pas de vous le montrer au fur et à mesure des avancées.

    D'ici là, j'ai d'autres surprises sous la main.


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  • Quand j'ai commencé à me meubler ( voir ici), j'ai refusé le pas cher de médiocre qualité; avec une fixation qui m'appartient, je ne voulais que du bois et certainement pas de ce compressé de colles et autres solvants à cov. Je ne connaissais pas – ou ils n'étaient pas si fréquents- les dépôts- vente. Mon passage par Emmaüs ne fut guère heureux et je fis selon les circonstances et mes moyens en son temps.

    Avec la pagaille de livres qui me suivent, se lisent, se relisent, se griffouillent et se farfouillent, j'avais besoin de supports solides; j'optais donc pour ces étagères par dépit puisque les meubles à portes et fond étaient trop coûteux pour mon petit budget.

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    Pourtant, avec ma caboche de Carabosse, me vint rapidement l'idée de les transformer en les fermant à l'arrière et avec des portes vitrées ou pleine à l'avant. Je ne fus pas soutenue et quelques machines comme une raboteuse pour aplanir les montants de l'arrière me manquaient. Rien ne se fit pendant des années... dix ans au moins.

    Au déménagement précipité de 2009, je n'eus pas le temps de m'y pencher me contentant de répartir les quatre étagères au fur et à mesure de leur arrivée. Dans le dernier, où nous sommes actuellement, se souleva grandement la question puisque tout était à réorganiser. Je trouvai donc le moment opportun de m'y mettre, un plus gros bazar pour quelques semaines n'étant pas dramatique.

    Je commençai par griffonner des esquisses, des vues de faces, de côtés, en perspectives, ajoutant au fur et à mesure des cotes et des notes, sur cahier, feuilles volantes, à côté de la liste des courses et j'en passe.

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    Parallèlement, je me renseignais sur le coût des accessoires, je récupérais des bouts de bois, des tasseaux, des vis, des broutilles. C'était l'aventure.

    Je me lançai avec une vision globale gardant à l'esprit que dans ces processus créatifs, je suis piquée ou non par des mouches variées, que je m'accommode et m'adapte aux fulgurances, retards ou pannes, aux problématiques techniques ou physiques, aux manques de matériel. Nous sommes véritablement loin des projets structurés, arrêtés et appliqués selon des normes ou codes définis.

    Voilà la base de tout mon parcours, une simple étagère couchée sur le côté:

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    La première étape fut de déplacer le renfort de base. Démontage, nouveau perçage puis mise en place de pieds récupérés au bas des étagères d'origine. Remarquez que le perçage fut délicat tout juste à côté des vis de construction.

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    Mine de rien, sous mes airs de bricoleuse hasardeuse, je me débrouille de travers et anarchiquement, au grand dam des bricoleurs avertis.

    Ensuite, je gardai les étagères initiales vissées sur les côtés comme montants de ma structure, en simple bascule et coupai des étagères dans des anciennes portes de cuisine fabriquées maison par un jeune ménage il y a 30 ans ce qui explique les peintures que je conservai et par flemme de ponçage et par hommage à mes donateurs.

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    Deux étagères me firent de l’œil dans le bazar général posées négligemment contre mon premier ouvrage, j'en fis un essai de porte.

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    Zou! Dans les jours qui suivirent, j'achetai de très simples crémaillères afin de les fixer.

    Arriva le temps de poser les plaques de fond de meuble. Heureusement, j'en trouvai des pré découpées, ce qui limita mes propres découpes pas droites... et ma petite voiture n'a, de toute façon, pas la place pour accepter les grandes. Je n'avais toujours pas de raboteuse et aucune envie d'attendre d'en avoir une à l'usage, par prêt ou achat. Tant pis! Je clouai malgré le léger bombé des tranches. Un petit renfort me parut nécessaire en haut et en bas afin d'éviter les défonçages intempestifs pour un livre jeté trop violemment ( on ne sait jamais); j'ajoutai alors ces petits tasseaux:

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    Voici les fonds simplement cloués... Je les visserai ( ou pas) quand la raboteuse aura fait son œuvre ( ou pas) .

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    Pour l'élément intermédiaire, je me basai sur les tiroirs que j'avais des étagères originales.

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    Comme les mesures étaient particulières, je rebouchai les trous initiaux et en perçai de nouveau aux bons endroits.

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    Raconté ici et vite fait, c'est simple.. et pourtant, j'ai recommencé je ne sais combien de fois, à m'arracher les cheveux pour un millimètre dévié quand il s'agissait d'enfoncer les tourillons de dessus, de dessous sur les trous des planches simultanément ... Mes petits bras pas musclés me jouent des tours en ces cas, je n'arrive pas à contrôler suffisamment la machine pourtant pas très grosse... c'est le risque du jeu. Il en fut de même pour la scie sauteuse...

    Il n'est guère aisé de couper droit avec ce genre de truc. J'ai bien essayé l'astuce avec les tasseaux et les serre- joints, en vain. Du fait de mon manque de force, les serre- joints lâchent et la découpe vacille. Comme véritablement, le guingois était trop gênant dans ma structure, je butais sur l'avancée des travaux. Mon sauvetage arriva de la main de celui qui m'avait fourni le bois pour les jardinières géantes; il a des machines, ayant monté sa maison lui- même et continuant son ouvrage de bois régulièrement. Il embarqua mes planchettes de travers et en deux jours, j'eus de belles découpes bien droites. Je continuai donc mon château de planche ravie.. malgré quelques éclats peu esthétiques, lot de ces apprentissages empiriques autodidactes.

    Se posa la question de la partie supérieure. Désirant une niche spécifique pour ma statue de dieu du maïs précolombien, je reconsidérai les mesures de la partie supérieure et jouai sur les étagères avec un minimum de découpe

    (j'avoue, j'étais dégoûtée et craintive d'avoir à nouveau des découpes de travioles contrariantes) . La seule à être coupée est la petite placée au- dessus de la niche du centre, j'ai jonglé avec les étagères aux mesures initiales. Je n'ai d'ailleurs pas mis de fixation entre les montants et les étagères, le tout ne tient que par les pressions et forces des unes et des autres ( Dire que je n'ai rien compris à la leçon sur les forces en physique! J'en ai cependant une connaissance empirique indéniable).

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    J'avais deux options, en raison de l'interrupteur et du cadran de contrôle du chauffage: soit j'avançais le meubles en créant un petit couloir d'accès aux commandes à l'arrière formant ainsi une cloison, soit je laissai le côté concerné ouvert. Après discussion avec le fiston, nous optâmes pour la deuxième acceptant de fait la contrainte du zig- zag d'accès. L'ensemble fut ainsi mis en place ce qui donna cela après fixation d'un fond sur la partie de gauche:

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    J'ai bien la possibilité de faire des découpes dans le fond à hauteur des commandes mais étant donné ma capacité au guingois et aux déplacements, je n'ai pas envie de gâcher la jolie plaque de fond. Le meuble restera donc dans ce demi- achevé.

    Vint le temps du remplissage. Hum... Vive le Médiabus qui me permet de freiner les achats! J'ai véritablement une curiosité intellectuelle et manuelle envahissante alors que je vis dans des espaces restreints par l'idéologie de la possession selon la finance et non l'usage.

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    Puis, je pris le temps laborieusement de poser les dernières étagères en portes avec les chevilles achetées dans un recoin de quincaillerie.

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    Il est évident que les largeurs sont insuffisantes, ces portes font néanmoins leur office vu que le canapé est glissé devant non en cache misère mais en cache trésors et idées rocambolesques de tout genre.

     

    Dans mes remue- méninges, je ne me contentai pas de cet ouvrage achevé. Des montants d'étagères initiaux étaient prévus en étagères dans la chambre du fiston, il m'en restai toutefois encore deux. Zou ! Je pris mes mesures, découpai à nouveau des étagères qui n'avaient pas les mesures adaptées à d'autres fonctions et fabriquai ce dessus de bibliothèque (découpes réussies parce que je n'étais pas fatiguée ce jour- là, grande leçon répétée dans ces travaux que d'écouter le corps):

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    Au final ( si le terme est adapté dans mes circonstances), nous avons désormais ce coin à trésors :

     

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    Pas mal, n'est- ce pas ?

    Et ce n'est pas fini ! Si, si.



     




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  •  Où que je m'installe, j'ai besoin de terre à gratter afin d'y faire pousser quelques verdures à fleurs ou non. Dans le précédent appartement, j'avais installé des pieds d'iris, sauge, géranium vivace, groseiller devant le balcon un compost caché et ilicite en plus des plantes d'intérieur. J'espérais un bout de jardin dans le nouvel immeuble; il en fut autrement et j'obtins une grande terrasse couverte de 13m². La question du rapatriement des plantes se posa inévitablement car je ne voulais pas les laisser derrière moi.Le grand froid en acheva quelques unes car dans la cohue du déménagement et de notre installation, je ne pris pas le temps de les mettre à l'abri. Ce fut une grande leçon parce que non seulement je réalisai que ce n'était pas si dramatique, que cela faisait de la place pour des nouvelles et que quoiqu'il en soit, si certaines plantes se trouvaient mal, c'était bien parce qu'à déménager sans cesse, je leur infligeai un contexte contre nature. Enfin, je mis la main à la pâte en vue d'adapter notre nouvel environnement à mes aspirations, envies et possibilités de verdure. Curieuse, je visitais quelques jardineries et autres boutiques du genre afin d'étudier le prix des pots, jardinière et autres contenants. Je fus déçue, comme à l'accoutumée, les prix ne se justifiant pas à mes yeux et revins naturellement à mes petits bras pas musclés et ma caboche de carabosse.

    Il y avait cette caisse récupérée des années auparavant par ma mère.

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    Longtemps, elle servit de pied à sapin de Noël puis je l'avais embarquée suite à des visites sur le site esprit cabane avec des projets de mobilier d'extérieur. Mon siège ne vit pas le jour, pour cause de blocage technique, de conception trop floue ou inappropriation à mes exigences. Je décidai donc d'en faire une jardinière géante.

    Consciente du poids global, je renforçais le dessous avec un bout de planche des anciens carrés du jardin de la maison aux multiples possibilités: coupée en deux, vissée, elle convenait parfaitement.

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    Dans la foulée, je farfouillais mes placards à la recherche d'une vieille nappe percée en plastique pour isoler le fond, quelques trous d'évacuation à la perceuse, une couche de gravier ramassés à l'extérieur sur un tas à l'abandon, DSC00852des seaux de terre de jardin, de vieux terreaux usés et d'un terreau extra- riche, le tour était joué. Opération jardinière géante à zéro euro, récup maximum.

    J'étais tellement contente que je continuai pour une deuxième dans la foulée. Elle fut élaborée avec le reste des planches des carrés du jardin effacé... sauf que je manquai de bois.DSC00857

    Pendant quelques semaines, le projet resta en veille inachevé. Je guettai la moindre palette au gré de mes pérégrinations, étrangement, je n'en trouvai pas. Et puis, au détour d'une conversation, j'appris qu'un camarade de taï chi avait construit sa maison en bois lui- même et avait donc des chutes en pagaille. Il vint, prit les mesures et dans la semaine, je reçus de quoi renforcer ma construction avec en prime des pieds.

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    L'aménagement intérieur est identique au précédent grâce à la redécouverte par hasard d'une autre vieille nappe gardée en bâche de peinture.

    Désormais, j'y cultive quelques pieds d'aromatiques, des fraises des bois, des fleurs, y jette régulièrement des graines, au hasard. C'est une sorte de culture en carré, permaculture hasardeuse tout à fait dans mon esprit de lâcher prise.

    DSC01102 S'ajoutèrent des pots pour le groseillier à maquereaux, les iris, des jardinières. Le chèvrefeuille creva mais des tomates spontanées venues du compost extra- riche s'y épanouirent joyeusement quand dans les jardins, l'humidité les abîmaient.

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    Mon balcon devint remarquable et remarqué, un monsieur âgé qui passait devant l'immeuble quotidiennement me félicita pouce levé pour mon jardin.

    Cette entrée en matière ouvre les portes d'aménagements plus travaillés, il ne me reste plus qu'à trouver le matériel adéquat et quand la mouche me piquera, j'envisagerai d'aller encore plus loin dans la verdure. C'est qu'il y a des hauteurs à exploiter et des hivers à passer. D'ici là, je m'informe et j'observe. Chaque chose en son temps.


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  • J'ai récupéré, en partie, mes documents, fiston est au lycée de longues journées, j'ai donc enfin du temps pour revenir à mes péripéties à retranscription épistolaires. Comme je l'expliquais précédemment, j'ai trié mes photos et récits de menuiserie 2012 par thème et non chronologiquement. Mes travaux étant éparpillés dans l'espace et le temps, je butinais de l'un à l'autre au gré des circonstances.

    Ici, je m'en vais vous parler des étagères.

     

    Je suis coutumière de cette conception élémentaire du mobilier. Je les installe à chacun de mes lieux de vie, selon leur géographie, mes besoins et capacités. En général, il n'y a que les murs en béton très durs qui me résistent, ma perceuse étant moyennement puissante ( je ne suis pas certaine que la percussion soit une réalité chez elle). Mes petits bras pas musclés ne sont pas le souci car j'ai déjà fondu quelques mèches en insistant sur certains murs, tout est une question de machine. Ainsi, j'ai des étagères qui me suivent depuis près de 15 ans, cuisine, salon, chambre, elles varient et évoluent dans leurs fonctions. Chacun des renfoncements ou placards non aménagés côtoyés a eu son ouvrage et là, je n'ai pas manqué à l'appel.

    Dans la salle de bains, une chaudière avait été prévue puis l'idée a varié lors des installations, j'avais donc un placard à portée de main. Heureusement d'ailleurs, parce que si sur le plan, il y a un beau cercle pour la rotation du fauteuil roulant, le reste de place est si réduit qu'il n'y a RIEN pour ranger quoi que ce soit. (Vous ne saviez pas? D'après leurs plans et calculs, quand vous êtes en fauteuil, vous n'avez qu'un lit, un lave- vaisselle, un frigo, une cuisinière, une machine à laver, une télévision). Voici donc mon atelier :

    DSC00821



    J'étais très fière de moi quand j'ai pris cette photo et finalement, j'appris rapidement à mesurer ma joie car, l'autodidacte que je suis avec ses apprentissages empiriques revient constamment à l'humilité. Les murs sont en placo- plâtres, j'avais les mèches et les chevilles appropriées... pas la pince spéciale. Jusqu'à présent, je n'avais pas eu de souci, mes chevilles se mettaient en place toutes seules. Ce jour- là, NON. Elles tournèrent et firent des trous trop grands, j'avais l'air fin. Je rebouchai les dégâts au plâtre, repartis frustrée et gardai ce bazar jusqu'à ce qu'un adorable monsieur venu m'aider pour l'emménagement me montra la pince spéciale. Il m'installa les crémaillères et les étagères dans la foulée. Les jours suivants , je filai m'en acheter une car je savais que cet objet était indispensable pour une bricoleuse telle que moi.

    Cet été, la mouche de ce placard me repiqua suite à l'usage quotidien et une conversation avec un voisin. Il était allé chercher des étagères blanches de la bonne taille au magasin de bricolage pas loin et avait aménagé son placard «pour que ce soit propre et net». Hum... Chez moi, c'est plutôt brocante. Du coup, je descendis au garage farfouiller dans mes reliquats et remontais avec quelques bouts inutilisés lors des travaux que vous verrez plus tard. Au grand dam des perfectionnistes, j'ai à nouveau bidouillé un truc. Une vis au milieu des deux pour les assembler et je rallongeai les étagères supérieures sur la longueur ce qui donne cet effet :

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    Faire du sur mesure nécessitait de nouvelles planches, de nouvelles équerres et je n'avais pas envie de me lancer dans cet ouvrage alors, forcément, mon bricolage fait et fera l'affaire tant que je n'aurai pas d'autre mouche piquante. La seule contrainte est que le jeu de balance est nécessaire afin de ne pas basculer les étagères. J'avoue que j'aime ces bricolages en à peu près bric à brac. Ils sont porteurs de tant de récits et d'émotions.



    Plus tard, je réalisai que la grande penderie de l'entrée n'était pas appropriée à nos usages; un côté suffisait, autant profiter de l'autre pour y installer des étagères. Suite au démontage du meuble à couture, je découpai de ma scie sauteuse la planche à la bonne dimension, dégottai un bout de planchette en guise de tasseau et récupérai des petits taquets au fond d'une boite. Zou ! Utilisation de ma pince pour les chevilles à placo sur la droite, mèche à bois avec embout pour la bonne profondeur de perçage à gauche( je n'allais quand même pas percer complètement le côté, non mais ! Je suis une bricoleuse du dimanche avertie s'il vous plaît) et ça donne ça :

    les chantier:

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    le tasseau récup :

    DSC00885

    les taquets :

    DSC00886

    l'ensemble fini :

    DSC00887



    Remarquez que tout est droit, de niveau, mes prises de mesures sont justes... C'est que j'ai l'œil.

    Et il y eut les étagères du fiston, celles de ma chambre, celle du salon.

    C'est pas mal pour une nana invalide à plus de 80%, aux petits bras pas musclés non ? Et vous n'avez pas encore vu la suite... héhé.



    A bientôt


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  • Mon ordi et mes documents ne sont pas disponibles d'où ces longs silences.

    C'est l'apanage d'un ordinateur familial et partagé.

    Fiston ado est geek expert qui en plus de monopoliser le pc quand il est là le traficote sans cesse. Je n'ai donc pas accès à mes photos ce qui est très contraignant quand était prévue une approche picturale de mon atelier menuiserie. Ne voulant pas tout mélanger, je me retrouve donc complètement coincée dans mes écritures. Quant à mes propres bidouillages ici, c'est d'un laborieuuux! 

     

    Croisez les doigts pour moi, s'il vous plaît!!! Que le fiston rafistole ses bidouillages et me rende un ordinateur prédisposé à mes écritures alambiquées!!!!... Enfin, si ça vous chante.

     

    A bientôt, j'espère, parce que j'en ai des mille et des cent à vous raconter.


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  • Bazar général ou comment trois mois intenses ne suffirent pas à dégoûter mon garçon du désordre

    Coutumière des tartines à circonvolutions, je préfère sur ce point passer majoritairement par les images. Les mots accompagneront le reportage, quelques explications étant éclairantes à qui s'attarde par ici.

     Dans la maison aux multiples possibilités, alors que j'étais la moins fortunée, j'avais la majorité des meubles à usage commun, en ayant achetés certains spécialement pour cette centaine de mètres carré cloisonnés. Passer aux 65 m² de l'appartement libératoire ne fut pas aisé d'autant qu'il refusa de reprendre les éléments imposants à emploi problématique. Si je l'organisai tant bien que mal profitant des caves, ajoutant même quelques héritages, je ne voulais plus de cet à peu près dans le nouvel appartement de 2012. Je pris donc, comme d'habitude, la situation en main de mes petits bras pas musclés seule non parce que sans aide mais bien parce que je fonctionne à l'impulsion créative. Appeler tôt le matin, tard le soir ou une heure avant n'est guère propice à l'organisation de travaux à plusieurs et j'ai battu le précédent record des aménagements et rangements relatés ici ou .

    Voici donc à quoi ressemblait notre salon à l'arrivée:

    salon-a-l-entree-copie.png

    Pendant que fiston ne s'occupait que du pc, après quelques jours, j'en arrivais là histoire de pouvoir au moins manger:

     

     salon-atelier-menuiserie--copie-.png

     

    Armée d'une scie sauteuse, d'une perceuse et d'un excellent tournevis électrique trouvé par hasard en promotion quand j'en avais tant besoin, je commençais la danse des travaux.

    Pour structurer le propos, j'ai regroupé les sujets par thème, il n'en fut rien temporellement car je tournai d'un atelier à l'autre au gré des disponibilités de matériel, des récupérations, des achats ou d'idées géniales après pauses réflexives, croquis, essais infructueux et occupations ailleurs. Évidemment, la tenue fut toujours tout à fait inappropriée car mouche me pique à l'envi sans prévenir. Parallèlement, je rangeais, triais, donnais, redistribuais, jetais et le quotidien suivait son cours entre le fiston- ado, le travail, les activités, les sorties, les engagements de partout et ces foutues tâches ménagères absolument inintéressantes (je ne parle même pas de la santé).

    Parfois je me demande comment je fais, où je trouve ces volonté et énergie; Merci à la vie de m'avoir si bien pourvue!

    A suivre.


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  •  

    Le syndrome de Devic est une réalité au quotidien en raison des handicaps qui lui sont consécutifs, des limitations, blocages auxquels je suis confrontée constamment, des traitements journaliers, des rendez- vous médicaux réguliers, répétés. Il y a également cette interrogation permanente aux manifestations du corps : est- ce anodin, lié à une séquelle, un retour de la maladie? Et cette conscience que la vie peut basculer rapidement, irrémédiablement n'importe quand. 

     

    Étant de caractère insoumis, je refuse de m'apitoyer, d'entrer en fatalisme, je me bats pour vivre pleinement, repousse, contourne les limites allègrement, opiniâtrement envers et contre tout présupposé facile, confortable. Évidemment, ce tempérament s'exprime dans tous les domaines, certains y voient du courage, d'autres un insupportable comportement déplacé et irrespectueux. Qu'importe, ils parlent d'eux- mêmes, je me positionne, j'agis et souvent, je vais plus loin que nombre de bien- portant en pleine possession de leurs moyens physiques, sociaux, familiaux ou compagnie. Avec cette attitude, il est vrai qu'au premier abord, je n'ai l'air ni malade, ni en handicap, il n'y a qu'en me cotôyant que ces réalités prennent consistance. Si en soi, c'est bon signe, il y a cependant un travers pervers que je ne soupçonnais pas : mon entourage oublie que je suis malade et limitée physiquement. 

     

    Fiston m'en fait voir de toutes les couleurs se fichant royalement de ce que je lui dis ou demande et complique grandement le quotidien avec sa tête de mûle, ses décisions, ses choix de vie anarchiques. Ma mère, physiquement éprouvée, moralement abattue me sollicite sans cesse, tenaillée entre sa culpabilité permanente et son incapacité à sortir de schémas destructeurs. Comme beaucoup d'autres, ils sont tellement envahis de leurs besoins qu'ils en oublient l'existence des besoins de l'autre. Leur ouvrir la porte de la bienveillance peut se révéler destructeur tant leurs demandes sont énormes. Pour ne pas sombrer, il s'agit de se préserver, de poser des limites parfois à forte voix et coups de poing sans oublier de les accompagner pour qu'ils s'occupent eux- mêmes de leurs sentiments- besoins, l'attente étant un poison insidieux des relations au même titre que le jugement.  

     

    Alors, en plus du combat pour vivre dignement, s'ajoute celui de dire mes impondérables, de répéter régulièrement que JE NE PEUX PAS faire comme bon leur semble en tirant sur un corps éprouvé. Ma volonté n'a rien à y voir, j'ai des limites. Courir est par exemple un objectif que je fixe depuis 6 ans  loin d'être gagné, le temps est nécessaire en plus de la chance d'échapper à une résurgence de la maladie. Il y a également la marche prolongée, le piétinement, l'équilibre, la maîtrise des sphincters et des membres, la fatiguabilité, le froid, la chaleur, le soleil, la sensibilité aux germes, la fragilité du système immunitaire.... Chaque jour est une page nouvelle où j'expérimente en écoutant attentivement ce que je ressens de mes capacités à l'instant où l'idée me passe par la tête. Si l'essai est concluant, je sais que j'ai franchi une étape, si c'est râté, je sais qu'un temps supplémentaire est nécessaire. Je ne veux pas en plus ajouter les exigences d'autres en attente permanente. 

     

    Surtout, j'ai pris conscience de ma valeur, du respect que je me dois aussi, il est hors de question que je fasse quelque chose qui me soit néfaste ou qui aille à l'encontre de ce que je ressens.  Ainsi, chaque jour, quand ma mère est à l'hôpital, je monte et descends les cinq étages, je m'occupe de ses bêtes, de son intérieur, j'arrose ses fleurs, je débarrasse ses objets cassés, je réfléchis à lui améliorer son appartement, je lui sors les poubelles, je range et nettoie. Chaque jour, je m'attèle à garder la relation avec mon fils tout en posant les limites et maintenant le cap éducatif. Régulièrement, j'accompagne ma sœur en voiture à gauche, à droite. J'offre également mon écoute, ma présence physique ou au téléphone à qui m'en fait la demande. Toujours dans le respect de mes propres besoins et sentiments que j'écoute, à qui je laisse de la place; je médite, je fais du Qi Gong ou du taï chi chuan, je mets de l'ordre en moi afin d'y voir clair et je fais des demandes, à moi, à l'univers, à mes proches. Il est hors de question de revenir aux schémas mortifères d'autrefois et qui d'autre que moi pourrait poser la limite? 

     

    Prendre soin de soi, c'est prendre soin des autres me répétait Elodie, je le sais désormais. Il est bon de s'en souvenir, de se le répéter régulièrement car il n'y a pas d'autre alternative. 

     


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  • Il y a quelques jours, j'attendais des amis pour un vague rendez- vous évoqué quelques heures auparavant. J'y venais à l'aventure, acceptant tacitement le jeu du flou et ses imprévus. N'ayant nulle envie de rester enfermée dans la voiture, je sortis et divaguais quelques minutes le long de la voie pour finalement m'asseoir en bord de route et attendre.

    Il faisait beau, c'était calme et silencieux. J'appréciais le vide d'humains et voitures alors que ce lieu en déborde à d'autres périodes; je regardais le ciel, les nuages, les oiseaux, les arbres, le feuillage ondoyant au vent, les fleurs, les herbes, les graines, les poussières, les insectes crapahutant à leur vie. J'entendais le souffle, les glissements, les frottements de la nature avec parfois l'éclat criard de l'agitation humaine, je sentais sur ma peau les variations de température dues aux courants d'air, au passage de légers nuages ténus devant le soleil. Si des pensées survenaient diffuses, soudaines, agitées ou lentes, je ne m'y attardais aucunement et les laissais s'étioler dans le vent. J'étais bien, tranquille, en totale présence à ce monde alentour, là, à cet instant, loin de l'agitation des vanités humaines.

    Me revinrent les sentations anciennes de l'enfance où je prenais dès que possible ce temps, assise sur les marches du jardin, allongée dans l'herbe ou au rebord d'une fenêtre afin de regarder le monde. Ces bulles merveilleuses et inoubliables d'autrefois avaient l'identique teneur d'aujourd'hui, suspension du temps et de l'espace, parenthèse à l'égo et l'histoire.  Baignée de la joie de cette expérience, je souris.

    Quelques rares voitures ou passants au loin attirèrent mon attention sporadiquement guettant l'éventuelle arrivée de mes amis et le temps s'écoula doucement. Une pensée pour le fiston resté à la maison m'amena à vérifier l'heure; logiquement, il était temps de manger. Je décidai d'attendre encore un peu en trifouillant mon téléphone: relire d'anciens messages, les trier, en effacer... Et là, je fus happée par cette petite fenêtre de rien du tout. A nouveau, je replongeai dans le temps, dans l'espace, dans l'agitation, les représentations du mental et l'illusion du contrôle. Tout fut réduit, écrasé et je me regardai dubitativement opérer en ces terres contemporaines, fermée à ce qui se passait autour de moi. J'en restai interdite quelques minutes puis je reçus un message: mes amis partaient manger au restaurant où je pouvais les rejoindre, si je voulais. Je déclinai l'invitation et rentrai.

    Je racontai alors l'expérience à mon garçon attentif; peut- être posai- je des questions étranges à ses yeux d'enfant du XXIe siècle inondé de technologie depuis la conception? Quoi qu'il en soit, il est habitué à mes décalages et réflexions originales aussi n'y vit-il certainement rien de particulier ou de neuf. De mon côté, je ne me souviens plus ce qu'il dit ou fit parce que j'étais complètement absorbée par ce vertige d'enfermement dans cette petite fenêtre technologique alors que le monde immense et majestueux m'avait inondé de bonheur et de plénitude juste avant.  L'éclairage fut immense.

    Mes pensées allèrent rapidement à ce flot humain accroché aux fenêtres de téléphone, ordinateur, téléviseur, console. Je les vis les doigts en alerte sur les clavier, portable et autre gadget, les oreilles prises de casque et la bouche au micro. " Comment peuvent- ils véritablement prendre le temps de vivre le présent? de ne rien faire? de MEDITER?"  J'en fus attristée et plongeai d'instinct dans la bienvaillance. Spontanément, je fis la demande à l'univers de donner à chacun la chance de s'ennuyer, de se poser, de regarder le monde et les pensées s'agiter.

    Les fenêtres de la technologie sont grandes ouvertes sur le monde et l'autre, elles permettent de dépasser notre condition spacio- temporelle, de générer des énergies et des liens formidables, c'est vrai; elles ne sont cependant que des objets. Au- delà d'elles, il y a la fenêtre sur le monde ici et maintenant à ouvrir et celle- là touche à l'éternité.

     

     


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