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Je me remets doucement. Tout doucement. Ma voix déraille sporadiquement et j'ai souvent besoin de calmer les grattouilles de la gorge à coup de bonbon. Bon sang! Qui eût cru que ces petites choses de ci de là pouvaient traîner sur trois semaines aussi laborieusement? Le traitement immunosuppresseur est probablement une explication rationnelle. Et je reste si lasse. S'il n'y avait ma vessie sensible pour me sortir du lit, j'y traînerais longuement de tôt le soir à plus tard le matin. C'est fou.
Pendant plusieurs jours, je me suis pourtant reposée. J'ai renoncé à un cours, mon obstination au suivant se teinta de quintes de toux incessantes m'empêchant de parler ce qui est plutôt gênant dans l'enseignement. Il y eut deux jours à lenteur généralisée, tricoter un rang, finir péniblement le deuxième et prendre le temps de se reposer avant d'y revenir... Se reposer d'avoir tricoter?!! OUI OUI, j'en étais là! J'ai regardé des épisodes en pagaille, somnolant sur la table, affalée dans mes bras. J'espérais vadrouiller, picoler, picorer et m'amuser en bonne compagnie pour mes 41 ans et finalement, je me suis légumée, amorphe chez moi. J'ai annulé une tournée à multiples visites envisagées depuis des semaines à la rencontre de personnes chères pas vues depuis des années. Près de 8 heures de route en quatre jours? Je ne m'en sentais pas le courage, le train étant tellement compliqué sur certaines lignes, j'ai tout lâché à contre- cœur raisonnable. C'était objectivement au delà de mes forces.
Je réussis à suivre la deuxième journée de formation à 150 km après quinze jours de convalescence; c'était nettement moins éprouvant qu'à la première bien que je n'échappai pas à un germe attrapé dans le train ou sur le lieu de formation. Je courus aux toilettes très souvent; par intuition, j'avais les bons remèdes sous la main et au soir, je ne sentis pas les brûlures. Au retour, j'allai danser à l'écoute de mes capacités pour retrouver mes copines, cette si belle ambiance et la joie de mouvoir le corps en ondulations libératoires. C'était quelque peu brouillon, je ne participai pas à la dernière chorégraphie certes mais cela me fit grand bien. Bon, d'accord, le lendemain, j'étais lessivée et je baillai tout l'après- midi amusant ainsi les stagiaires, changeant de la toux précédente.
Les cheveux rasés repoussent par dessus la cicatrice, elle se perd en eux, se fait invisible. Quand je suis énervée, frappée par l'attitude de certains proches, des tensions me traversent le crâne en suivant son chemin, j'aimerais mieux que cette sensation disparaisse et ne s'éternise pas. Je n'ai aucune envie de ce genre de prise de tête au sens propre.
Mon amoureux arrivé par surprise, avec fermeté, embarqua l'armoire pour la déchetterie. Je réussis à sauver les portes en massif et les fonds, pas les corniches malheureusement, « Cette armoire est empreinte de mauvaises ondes et de trucs à virer!» argumenta t-il. Je rattrapai quelques pièces métalliques avant la bascule dans la benne puis lui fus grandement reconnaissante de m'en avoir enfin libérée.
Peu à peu, je retrouve mes forces, je déambule, marche. Le corps se remet et me rappelle de temps en temps par des coups de fatigue que le dodo réparateur est une nécessité pertinente. Si l'histoire de l'armoire est réglée, la prise de tête familiale, elle, persiste. A moins qu'il n'y ait là une coïncidence, un écho? Force est de constater que je reste encombrée de liens malsains, l'armoire n'étant que la surface émergée d'un iceberg. Je l'ai traînée une dizaine d'années, sur trois logements différents, la montant, la démontant, la remontant, tâchant de la préserver, de la réparer, de la rénover. Je me la pris sur la tête violemment, son sort fut alors réglé et mon amoureux s'y est mis. Ce fut salvateur. Un révélateur. Parce que son débarras, finalement, laissa indifférent. Pourquoi m'en ferais- je alors? Quoi qu'il en soi, un événement ces derniers jours a suivi l'épisode armoire ramenant sur le tapis les mêmes enjeux. Je tâcherai de vous raconter cela quand ma caboche aura réussi à mettre en mot cette expérience. Ou pas.
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Depuis la chute de l'armoire sur ma tête, d'autres éléments se sont ajoutés. Je les jugeai liés au hasard, à la météo, sans conséquences, temporaires et rapidement oubliés.. Et ben, je me suis trompée.
Le samedi suivant mon raccommodage, je déambulai en ville, sous le crachin, dans l'air glacial. Au soir, j'avais un rhume du tonnerre et cette sensation désagréable de froid permanent à l'intérieur, celle d'étouffer sous la couette en sueur. Le dimanche, je reniflais, me mouchais, éternuais à tout va et m'interrogeais sur ma capacité à aller en formation le lendemain: à 150 km de chez moi, voyage en train très matinal, sept heures de réflexion puis retour en fin de journée, était- ce faisable dans mon état? En plus du traumatisme crânien ( sans compter Devic et compagnie). Je lâchai la préparation d'un casse- croûte froid en raison d'une envie légitime de manger chaud à mi- journée et me laissai porter par la volonté d'assister enfin à une information sérieuse sur la dyslexie attendue depuis des années. Je partis donc le lendemain très tôt et … dormis tout le long du voyage, au retour, en milieu d'après- midi entre les éternuements et le mouchage. Je réussis à suivre, réagir, participer de temps en temps et prendre contact avec Colette, médecin traitant pour enlever les fils de mon cuir chevelu ( et oui, ce n'est plus l'hôpital qui le fait, histoire de rentabilité des actes). Au soir, j'étais dans un état second avec une énergie insoupçonnée pour remonter jusqu'au cabinet médical à pied, sous la pluie et sentir toutefois ma vessie courageuse toute la journée me lâcher à mi- chemin. Pfff, tant pis, je n'avais pas la force de rentrer chez moi me changer, nous ferions avec ( en plus, je m'étais risqué à porter un pantalon) . Somnolence dans la salle d'attente et entretien plaisant habituel. Le retrait des fils m'inquiétait, il se déroula tranquillement et je m'étonnai de ma résistance aux tripatouillages. A posteriori, je me dis que ma sensibilité aux sutures avait été en fait liée au traumatisme, à la chair à vif, je n'étais peut- être pas si douillette. Bah, peu m'importait, j'avais surtout envie de rentrer me coucher. Je repartis avec une ordonnance pour contrecarrer mon rhume et celui du fiston resté au lit.
Mardi, j'allai travailler après m'être interrogée sur ma capacité physique à tenir ces heures mouvementées et demandai à l'univers de m'amener des stagiaires calmes, concentrés et autonomes. Je retrouvai une partie d'équipe et nous constatâmes tous que j'avais les idées brouillonnes, une légère désorientation. Ma voix en prime s'étiolait au fil des heures. Au soir, je ne pouvais plus parler, aucun son ne sortait de ma bouche. Mon garçon ne m'avait jamais vue ainsi et se fit moins revendicatif, partageant avec moi le silence et les murmures.
Mercredi, j'annulai mes cours particuliers, me fit remonter les bretelles par ma sœur, mon amoureux fâché de m'entendre dire que j'irai travailler le lendemain. La journée passa dans une espèce de flou général. Signe révélateur: quand je suis mal en point, j'ai envie de me légumer dans le lit ou sur le canapé et de regarder des films ou des séries sur écran. «Oulala oui, maman, là, tu ne vas pas bien! » répétait mon garçon surpris de ma si faible activité.
Le lendemain, nous obtînmes un opportun rendez- vous chez Colette grâce à l'oubli d'autres patients. Fiston avait un gros rhume, une vilaine toux, il eut la semaine et un traitement. A mon tour, elle me questionna sur les symptômes, chercha les points douloureux sur les voies ORL. Rien ne réagissait, j'évoquai alors plutôt une douleur tirant des pommettes vers les oreilles. Elle réagit de suite et me demanda si l'arrière des yeux me tirait, « Non, pas que je sache». Elle posa ses doigts et je fis « Aïe aïe! » , je ne soupçonnai pas l'intensité de cette douleur.
Ce qu'elle expliqua ensuite me fit sourire parce que bien qu'inhabituel, c'était cohérent pour qui se penche sur la médecine chinoise ( pour rappel, Colette est généraliste spécialisée en homéopathie- acupuncture): le coup de la semaine passée avait complètement détraqué les énergies de la tête, désharmonisant celles de l'intérieur et celles de l'extérieur, ouvrant toutes les portes aux infections et autres réjouissances. En prime, j'étais à plat énergétiquement. C'était clair. J'avais à soigner et mon rhume, et ma gorge, et ma vessie ( puisqu'évidemment, utiliser des toilettes publiques dans le train, sur le lieu de formation avait entraîné une belle infection à fuites quasi permanentes) et mes énergies. Besoin urgent de repos. Mon garçon remarqua que je ne demandai pas d'arrêt de travail, c'était une question délicate.
J'allai travailler le lendemain pour prévenir les stagiaires, mettre des affiches sur mes absence à venir et malgré mon extinction de voix, je tins le coup avec cinq personnes et un débat oral sur la situation économique de la région. Malin.
Repos vendredi? Vous voulez rire! Amorphe, j'accompagnai ma mère et ma sœur à gauche à droite sans un merci et rentrai abattue.
Depuis, je suis en activité minimum. J'ai prévu de ne pas aller travailler lundi, de prendre le temps de voir comment évolue mon état pour décider de mon activité du mardi. J'ai la flemme de faire du Qi gong, c'est dire combien je suis raplapla. Dormir? Quelle galère! Avec ma vessie infectée, je me lève trois, quatre fois par nuit. Quand j'essaie de parler, mon garçon s'écrie: « Arrête MAMAN, on dirait un zombie! Ça fait peur!!! » Déjà que j'erre toute la journée comme une âme en peine. Le pire, c'est que je n'ai aucun goût et alors que je me réjouissais d'un feuilleté aux orties, de tisanes, de grog, tout est morne et fade. Il y a de quoi déprimer. Du coup, j'ai eu envie de me refaire la série Six feet under. Elle passe mon temps alors que je tricote avec peine, fais des coutures ratées, des essais infructueux de création.
Ben voilà, après le traumatisme, j'avais certes fait doucement, écouté le corps, renoncé à mes cours de danse, à certaines marches ou agitations, mais j'avais fait du nettoyage, de la menuiserie, du remue- ménage, en gros, encore trop. Et la semaine suivante, je me suis retrouvée très affaiblie d'où tous ces aléas de santé.
Vraiment, ça ne me réussit pas le coup de l'armoire sur la tête. Et le corps a ses raisons. Est- ce que cela me rentrera dans le crâne? A moins qu'il n'y ait encore autre chose... avec cette foutue armoire qui n'est pas la mienne, comme le remarqua Colette. Cette chute d'armoire a décidément remué et ébranlé bien des trucs qui traînaient. il était peut- être temps de s'y pencher. Enfin, pour le moment, je glande et c'est bien comme ça, maintenant.
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La semaine dernière, mon amoureux était de passage dans les environs pour quelques heures; nous en profitâmes pour se voir car avec son travail, il est par monts, par vaux et ne sait où il sera le lendemain... ou le surlendemain.
Quand je débarquai, je remarquai son inhabituelle barbe de deux jours. Il me répondit par « Oui, et toi, tu bourgeonnes». C'était vrai. Sur l'aile de mon nez, une petite pastille rouge flamboyait et au coin de mon menton, un joli monticule s'enflammait. « C'est que j'arrive à mon ovulation, demain ou après demain alors j'envoie des signes, attention attention danger! A moins que ce ne soit un appel? Et puis, c'est le printemps, après tout, je bourgeonne comme les arbres, c'est de saison. » J'avais bien tenté de calmer le jeu avec des crèmes empruntées à mon fils, cela n'avait fait qu'aggraver le cas et la surface de la peau pelait, en plus. Autant dire que j'étais resplendissante.
Je remarquai, au cours de nos heures ensemble, qu'il y attardai son regard de temps en temps, je le taquinai: « Heureusement que je ne me teins pas les cheveux sinon on croira que tu sors avec une adolescente», lui qui n'a fréquenté que des femmes plus âgées ( je suis une bizarrerie dans sa vie). Et puis, je lui demandai s'il était déçu.
- C'est que je n'ai pas l'habitude de te voir comme ça.
- Il va falloir t'y faire parce qu'entre mes cycles hormonaux et les traitements médicaux, je bourgeonne! Vivement la ménopause sinon?!
J'ai bien compris un peu plus tard, au cours d'une réunion de communication non violente dont le sujet était la réaction du partenaire face aux diverses imperfections de l'autre ( boutons, poils et compagnie) que ne me voyant que peu, il avait besoin de me retrouver belle et lumineuse afin de repartir avec ce souvenir pour les longues journées loin de moi d'après. C'est le besoin de beauté. Tout à fait légitime. Toujours est- il que nous nous séparâmes en fin d'après- midi avec ces contrariants boutons en mémoire. Pour le besoin de beauté, ma foi, on reviendra.
Deux heures plus tard, l'armoire me tombait dessus. Un coin de tête fut rasé, mon cuir chevelu raccommodé, j'étais pleine de sang et avec l'interdiction de me laver les cheveux pendant sept jours. Pour sûr, là, il y en avait de la beauté, de la beauté au naturel. Au moins, il ne me voyait pas au téléphone.. encore que d'autres événements survinrent depuis et même à distance, il savoure désormais ma voix ... d'outre- tombe, quand elle veut bien lâcher un son. ( à suivre).
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Lundi dernier, je me réjouissais de ramener fiston en camp pour quatre jours, je comptais bien profiter pleinement de ce temps précieux d'autant que j'avais quelques jours de vacances. Après l'avoir déposé, je filai voir mon amoureux de passage rapide dans la région, visitai des amis sur le chemin du retour et me hâtai de rentrer pour manger un bout avant de partir à la danse. A mon arrivée, comme d'habitude, j'ouvris la porte du garage et constatai, surprise un carton traînant au milieu du lieu; c'étaient les décorations de Noël. D'où venait- il? Comment était- il arrivé là? Je lui cherchai une place non encombrante afin de rentrer la voiture tranquillement et tout à coup, patatras! le dessus des étagères tomba. Je me hâtai de ramasser le panier et les cassettes éparpillées au sol, sentant vaguement une douleur à la tête suite à un choc. Je continuai mon rangement agacée en constatant les pièces d'une armoire démontée également éparpillées. Certains morceaux avaient cassé dans la chute et furieuse, je me dis qu'enfin, j'allais trouver là un bon prétexte pour me débarrasser de ce truc fourgué par ma mère et que je traînais depuis une dizaine d'années.
C'était l'armoire de ma sœur. Autrefois, je l'avais demandée pour mon garçon, elles avaient refusé. J'en avais achetée une autre et quelques mois plus tard, elle me revint parce qu'aucune n'avait de place pour la stocker. Je n'osais pas la jeter, ma sœur pouvait en avoir besoin, elle fut même réparée. La proposition de la vendre n'avait pas fait long feu, ce qu’elles en voulaient était beaucoup trop élevé. Je me la coltinai donc depuis des années et j'étais déjà bien énervée d'avoir à la déménager et la stocker alors qu'elle n'était pas à moi. Ce jour- là, je décidai que c'en serait fini.
Comme ma voiture encombrait le passage, je me dépêchai de remonter les grandes planches en hauteur et poussai sur les côtés le dessus, le dessous trop lourds pour mes petits bras pas musclés. Je sentis alors comme des cheveux me chatouillant le visage et tentai de les repousser d'un geste rapide. Ma main revint moite, poisseuse et j'y découvris du sang dégoulinant; je cherchai vite quelques mouchoirs afin de finir mon désencombrement puis sentis des brûlures sur ma tête, le liquide coulant sur mes joues abondamment. J'appelai ma sœur: « Je me suis pris ton armoire sur la tête, je saigne beaucoup, tu veux bien venir voir si c'est léger ou important?» Elle accepta et un quart d'heure plus tard, quand j'avais tout rangé, nous nous retrouvâmes chez moi. Elle regarda mon crâne, n'y trouva que de belles bosses; ma tête, mes cheveux et mon visage étaient pleins de sang. Elle préféra que je visse un médecin. Mon généraliste n'était pas là, nous partîmes donc aux urgences bien que je ne le jugeai pas si opportun, ressortant du coup, ma voiture si laborieusement rangée ( je conduisis puisque ma sœur n'a pas le permis).
Une serviette humide sur la tête pour arrêter les saignements et la douleur lancinante, je débarquai. La télévision de la salle d'attente m’insupporta, j'avais de légères nausées et finis par me réfugier dans un coin. Après une demie heure, je fus installée dans une pièce. L'infirmière me questionna. Les traitements et la maladie bizarre la troublèrent puis elle chercha ma plaie, n'y vis pas grand chose dans la bouillasse sang- cheveux. Le médecin fut plus rapide et s'exclama: « Ah, oui! Là, vous avez une belle plaie! Vous vous êtes fait ça comment? Vous préférez des agrafes ou des sutures?» Six points environ. Aïe, aïe! Mon corps se tendit. Avant la maladie, je n'étais pas douillette, je ne craignais ni piqûres, ni prises de sang, ni sutures; depuis les mois terribles de 2006 et 2007, je n'en peux plus et rien que l'idée de passer à quelques pointes médicales, je suis remuée. L'infirmière me rasa la partie concernée en s'excusant de massacrer ma chevelure: « C'est que je ne suis pas coiffeuse! ».J'étais chez le coiffeur la semaine dernière.
Une première pulvérisation d’anesthésiant n'y suffit pas, je sifflai à la première couture, ils vidèrent gentiment tout le flacon. Je sentais l'aiguille, entendais le bruit des ciseaux... Brr! Mon corps était tendu, j'avais beau respirer et poser mon esprit ailleurs, je n'étais qu'à la couture de mon cuir chevelu. Six points. Nous discutâmes de ma vaccination anti- tétanique dont je n'étais guère assurée puis j'eus droit à une information sur le traumatisme crânien. Je pensai: « Bé voui, c'est évident, après un tel coup, c'est un traumatisme crânien. » Je lui dis:« Voyez- vous, c'est mon troisième.» expliquai- je à la personne qui me tendait la feuille. A la lecture des consignes, je souris intérieurement: obligation de se reposer absolument pendant 24 h sans télévision, ni jeux vidéos, interdiction de rester seule les premières 48 h... cause toujours. Finalement, je ris en évoquant ma nouvelle coupe: « Je vais me faire des mèches roses et être punk quelques temps.» Je ramenai ma sœur chez elle et rentrai. Impossible de joindre ma mère. J'appelai mon amoureux en route déjà pour son travail à l'autre bout de la France. C'était certain, à son retour, il viendra pour dégager cette foutue armoire sans demander quoique ce soit et encore moins attendre l'accord de ma mère ou de ma sœur. Cette dernière d'ailleurs s'était agacée quand je lui avais dit que c'était son armoire qui m'était tombée dessus, comme si elle – même en était encombrée. Ma mère m'étonna en affirmant qu'elle serait effectivement mieux à la déchetterie. Elle, oui, elle! Combien de fois avais -je pourtant entendu qu'elle avait été si chère en son temps? Après tout, cette armoire nous encombrait toutes.
Je n'ai évidemment pas été accompagnée pendant 48h. Des coups de fil rapides de ma mère et ma sœur pour s'assurer que j'allai bien, des visites prévues auparavant permirent quelques heures de compagnie. Tout alla bien.
24h de repos absolu? J'avoue que j'ai tenté de m'y mettre... et puis, ma maison était en bazar, j'attendais de la visite le lendemain. Finalement, à l'écoute de mon corps, tranquillement, je m'y suis mise. Le premier soir, je regardai quelques vidéos sur la toile pour rester assise, passai ensuite l'aspirateur doucement, fis les poussières en gros, récurai les sols en escargot. Dodo réparateur dans l'ordre et le propre, c'est bon aussi. Le lendemain, je ne préparai pas le biscuit prévu à l'origine, juste quelques pommes cuites et une galette surgelée au four, je débarrassai et mis la table tout l'après- midi; au soir, tout fut prêt sans que j'ai à en payer le moindre prix. Quand la tête tournait, la nausée montait ou autre conséquences, je m'arrêtais, me reposais.
Le mercredi, j'allai à trente kilomètres pour des cours particuliers sur trois heures plus la discussion avec les parents autour d'un thé jusqu'à 19h30 sans encombre. Le jeudi matin, avec mon médecin Colette, nous opérâmes la remise à jour de ma vaccination anti- tétanique en urgence ( dépassée depuis seize ans..). Entre mes menuiseries et tripatouillages dans la terre, plus l'armoire sur la tête ( aux pièces métalliques pointues), cela nous sembla à propos. Attentionnée elle me piqua avec une très grande douceur ce dont je lui suis très reconnaissante. N'avait- elle pas largement souri quand je lui dis que depuis la maladie j'étais devenue douillette? Moi qui racontai la chute d'une armoire sur ma tête en riant? Je vadrouillai vingt- cinq bonnes minutes entre le cabinet, la pharmacie et un détour agréable au marché hebdomadaire. L'après- midi, j'entamai les grands travaux dans la chambre du fiston: consolidation de la porte de son armoire, démontage de son grand meuble inadapté à la petite chambre avec bien sûr, les transports de livres, matériaux et caisses inhérents à la tâche. Le vendredi, je restai plus tranquille devant ma machine à coudre et finis la soirée avec un garçon malade, désespéré d'aller se coucher au regard du capharnaüm sur son lit. Samedi, scie sauteuse et perceuse chauffèrent dans des travaux importants. L'après- midi, je circulai en ville à la recherche de mousseline pour un énième costume de danse puis assistai à un concert. Dimanche, continuation des travaux dans la chambre du fiston avec en prime, un rhume et un état légèrement fiévreux. Lundi, formation à 150 km toute la journée, arriverai- je à danser au soir?, mardi reprise du travail... et éventuellement, un temps pour me faire enlever les fils ( aïe aïe!?)
Pendant sept jours, je n'ai pas le droit de me laver la tête ce qui est dérangeant vu que j'ai été inondée de sang, le coiffage est plus que délicat, la pose sur l'oreiller au dodo précautionneux... et ça gratte, ça pique! En attendant, je prends patience et protège mon coin de crâne rasé avec un béret. Je lave mon linge inondé de sang m'étonnant à chaque découverte de la quantité déversée et raconte allègrement cette dernière péripétie en riant tant je la trouve grotesque sentant bien qu'au fond de moi, je m'en fiche. Jeter l'armoire, subir les pointes médicales me préoccupent plus que la blessure, c'est vrai. Enfin, voici ma belle cicatrice prise à l'aveugle au retour de l'hôpital:
A y réfléchir, je suis raccommodée de partout: sous les cheveux, le sourcil, dans la main droite, sur le ventre, sans compter les blessures non suturées ( et qui l'auraient été si j'avais été menée à l'hôpital). Il n'y a pas à discuter, c'est évident, je serai bientôt prête à jouer un rôle dans un film de Tim Burton.
Enfin, mon garçon est quand même un peu secoué et quand il me voit m'agiter chaque jour à mes divers travaux, il me charrie et lève les yeux au ciel sur sa mère qui décidément n'en rate pas une. Allez, vous avez le droit de me gronder... en même temps, je suis une vraie tête de mule...
ps: J'ai réussi un écho à ma précédente couture ( cf ici). Si sens il y a, c'est que vraiment, ça suffit de s'encombrer des vieilleries des autres, il est grand temps de virer cette armoire.
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Mon amoureux est un homme intelligent; curieux et ouvert, il aime apprendre constamment. Quand il se penche sur un sujet, consciencieux, il s’attelle à en faire le tour. Il évolue dans un système mental similaire au mien avec 50 000 idées à l'heure toutes plus originales, inattendues, novatrices les unes que les autres, une soif de découvrir et un esprit critique souvent pertinent. Bousculé par la vie, il n'a pas pu faire les études qu'il aurait voulu et c'est empiriquement qu'il a construit sa culture et ses connaissances générales en plus de capacités en mécanique de formation initiale et/ ou acquises par l'expérience professionnelle. Autant dire que sa caboche est en effervescence.
Je me régale. Nos conversations et partages d'expériences concrètes sont des feux d'artifices qui me ravissent. Ensemble, nous construisons, déconstruisons, rebondissons dans tous les sens. Les accrochages sont évidemment inévitables, ils me bouleversent mais jusqu'à présent, je suis rassurée car constamment, nous en reparlons, nous y mettons de la clarté et nous cherchons au- delà de l'apparence pour finalement en faire un nouvel apprentissage constructif et sain ensemble. J'ai été déroutée au tout début de notre rencontre car pour lui, était l'évidence: quand il m'a vue, il a su. Je n'étais pas dans ces certitudes du tout et pourtant, plus nous discutions, plus j'étais ahurie: un tel homme existe t-il vraiment? Quelques amies au départ y ont vu une exagération, un enthousiasme de femme amoureuse ce en quoi je ne me reconnaissais pas. Sceptique, j'ai d'abord cru à du plat, à des stratégies de séduction et plus les interactions se multipliaient, plus je réalisai qu'il était sincère, respectueux, authentique sans jamais avoir la moindre parole ou le moindre geste déplacés. Il m'a laissé toute la place. C'était très déroutant. Petit à petit, je me suis laissée apprivoiser et désormais, nous vivons une sacrée belle aventure ensemble sous le regard heureux de mon fiston et de mes amies qui l'ont rencontré. Car oui, en plus, il enchante mon fiston, mes amies! Oui, oui, un tel homme existe!
Dans mon humanité, des peurs surviennent. Je n'ai pas dit rapidement, par exemple, que j'étais malade et handicapée. Quand j'y fis une vague allusion, il m'avoua le savoir déjà pour avoir trouvé mon blog. Comme je l'interrogeais sur ce point, il eut cette belle réponse ( qu'il me répéta lors d'épisodes où mes soucis physiques se manifestèrent violemment): « La maladie et les handicaps, ce sont la maladie et les handicaps, ce n'est pas toi. La vie n'est pas une maladie, tu n'es pas une maladie, tu l'as bien écrit toi- même. ». Quand j'entends son récit de vie, j'ai également la peur de l'ennui. Comme en tout domaine, il a été, avec les femmes, curieux, ouvert, découvreur et s'il est au clair et respectueux avec elles, il avoue son ennui quand il a fait le tour de la question. Aïe aïe! Cela arrivera t-il avec moi aussi? Il y a peu, je le lui en parlai alors que nous trafiquions chacun dans notre coin de cuisine, il redressait un de mes montages aléatoires de travers, je préparais le repas. Ma phrase terminée, il se redressa tout sourire et me lança:
« Quand je te vois faire la cuisine, là maintenant au milieu de ton nettoyage d'émaux envers et contre toutes les représentations habituelles de la cuisine, je me dis que je suis très loin d'avoir fait le tour de la question et j'en ai pour au moins trente ans sans même être certain d'y voir le bout.»
En vrac, de gauche à droite, d'avant en arrière: embout de l'arrosoir que je garde près de l'évier pour récupérer l'eau sans produit en vue d'arroser les plantes, boutons triés et lavés dans le lot d'émaux, vaisselle utilisée pour le rinçage et l’égouttage des émaux, bocal de cornichon sans cornichon dont je garde le vinaigre pour détartrer les toilettes ( après filtrage et chauffage intensif), piles d’émaux lavés ou en cours de lavage plus ou moins rangés par forme, marc de café en attente de passage au compost ou en débouchage des tuyauterie... à moins que je ne l'utilise en peeling?, bouteille en plastique en attente d'être transformée en réservoir d'eau pour plantes, sachets plastiques nettoyés pour être ramenés à l'Amap de légumes histoire de les réutiliser et réutiliser encore, salade impeccable pour le repas, miettes de chocolat maison en attente d’être mangées avec encore un peu de vaisselle à mettre au lave- vaisselle ( vraiment , j'ai autre chose à faire que de la vaisselle non mais!).. euh, c’est tout je crois...
Bon, il a été rapidement mis dans le bain ( et c'est le cas de le dire):
Quand il me vit danser avec mes amies à la soirée de notre rencontre , il en resta bouche bée. ( Il me trouvait vivante et complètement indifférente au regard des autres.)
Il se prit une ou deux vestes et discuta avec moi de surprise en surprise ce même soir … et les jours, les semaines suivants.
A ma première visite chez lui, je débarquai avec deux truites et des légumes à cuisiner dans mon panier ( normal pour moi vu que j'arrivai un dimanche en prévenant trop tard pour lui laisser le temps de préparer quoi que ce fut), un bidon de purin de lombric (où il mit le nez pour savoir ce que c'était alors que je filai in extremis aux toilettes en arrivée précipitée) et un sac de vieilles chaussettes à coudre en personnages imaginaires.
Au premier repas chez moi, j'ai porté mon plus vieux jeans et un pull rétréci informe quand mes amies de la danse m'avaient poussée à me faire belle en me donnant une robe pimpante.
J'ai inondé son lit, son appartement et il a déjà souvent baigné dans mes fuites nocturnes, matinales, marquages et baptêmes dont il nous fait rire.
Vinrent la vision de mon joyeux foutoir entre mes tissus, mes livres, mes musiques, mes matériaux, mes travaux en création, en cours, achevés, notre façon de vivre à fiston et moi avec nos engueulades, nos embrassades, mes humeurs, mes péripéties. Ajoutez- y qu'il lit régulièrement des passages de mon blog.
L'autre jour, il a été surpris de trouver de l'aspirine dans ma salle de bains alors que je n'ai habituellement que de l'homéopathie:
- Tiens, tu as de l'aspirine toi?
- Oh, oui, répondis- je désinvolte, c'est pour détacher le linge.
Sourires complices suivis de quelques minutes de silence. Il enchaîna:
- Dis, tu n'aurais pas de la lessive?
- Oui, ça dépend, c'est pour quoi faire au juste?
- Bah, j'ai mal à la tête là.
Éclats de rire.
Alors, oui, peut- être bien qu'il en prend pour trente ans, supportera t-il ces péripéties et élucubrations?
Toujours est- il que je suis preneuse parce que pour l'instant, tout est ouvert, plein de surprises, de joie, de projets, dans la logique du gros nettoyage de fond opéré depuis des années. C'est tellement vivant, je voudrais ne plus en sortir.
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Trop important à mes yeux pour passer à côté d'un tel article:
La méditation augmenterait la compassion.
♥ ♥ ♥
Il n'y a pas de restriction!!
L'assise n'est pas une obligation, être présent à nos gestes du quotidien est déjà une méditation ( et c'est loin d'être facile). Au début, rien que quelques secondes de temps en temps font le plus grand bien... et après, c'est tellement savoureux que cela en devient une évidence comme de manger, boire ou dormir.Je file, ce soir, c'est spectacle de danse! Mon amoureux nous verra en vrai pour la première fois. Nous ne sommes pas trop au point avec les chorégraphies mais vraiment, il n'y a là que joie, partage et une belle énergie ( quand prendrais- je le temps de vous parler de cette belle aventure?).
Ce qu'il y a à vivre, je vais le vivre ( Christiane Singer) ... En présence, c'est tellement bon!!!
Mes pensées vous accompagnent, amis lecteurs.
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Il y a des moments où vraiment, j'ai en marre et si je n'explose pas pour des prétextes à la noix, j'ai des envies tonitruantes à l’intérieur et j'aimerais:
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Envoyer promener tout le monde, leur dire que je n'en ai rien à faire de leurs problèmes, que moi aussi j'en ai et que j'ai largement assez à faire avec eux.
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En finir avec l'empathie, l'écoute. Ne plus utiliser d'énergie pour faire la part des choses.
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Prendre les critiques, jugements, attaques à mon égard ou envers d'autres pour moi et exploser avec des arguments à la con pour défendre des pulsions sans intelligence.
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Hurler et juger à mon tour sans vergogne et sans aucune place pour l'autre.
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Me coller dans un fauteuil roulant et n'en plus bouger.
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Faire des scandales quand les places et les toilettes adaptées sont inexistantes, non opérationnelles ou occupées par des valides.
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Gueuler à tous les endroits inaccessibles où je veux aller.
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Pisser devant tous les endroits ou personnes qui ne me donnent pas l'accès aux toilettes quand j'en ai besoin.
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Exiger d'obtenir des compensations à chaque manquement en allant taper sur la table à gauche à droite en me souciant uniquement de mon intérêt personnel et immédiat sans penser à quoi que ce soit d'autre que ma personne, par exemple: une aide – ménagère prise en charge complètement que j'exploiterais allègrement, un logement adapté à mes besoins, des revenus décents, etc.
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Manger tout et n'importe quoi en se fichant complètement de ce qui est bon ou pas pour la maladie, le corps, l’environnement.
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Faire des scènes dès que je suis contrariée, que les autres ne font pas ce que je considère comme important
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Arrêter de réfléchir, de se poser pour faire le tour d'une question et n'y aller qu'avec des jugements à l'emporte- pièce de façon totalement irrationnelle et insensible.
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N'avoir que des falloir et devoir à la bouche.
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Ne parler que des autres, me faire des films sur leurs paroles, leurs actes, leurs gestes sans chercher à comprendre en quoi cela parle de moi.
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Ne m'exprimer qu'avec des tu, tu tu, tu qui tuent.
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Ne penser qu'à moi, moi et encore moi, sans me soucier des autres, des conséquences de mes actes et choix, être égoïste, avare, misanthrope, intolérante. Ne jurer que par des clichés faciles, des raccourcis, des trucs entendus dans la bouche d'autres sans esprit critique et rester butée sur des principes, des idées toutes faites.
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Financiariser le moindre de mes services ou partage tout en faisant moins que le minimum dans une mauvaise foi totale.
Sans scrupule et tous, tout le temps!
En gros, finalement, devenir plus affreuse que la Tatie Danièle de Chatilliez.
Oui, parfois, j'aimerais...
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Au milieu de la salle, trônait une petite scène. Depuis nos places, je craignai l’obstruction par deux espèces de grands poteaux et observai de loin l'artiste d'entrée, une amie de Björk bidouillant ses ordinateurs puis au dessus, un cercle d'écrans montrèrent les constellations de l'univers de Biophilia. La salle se remplit lentement, l'ouverture n’intéressait pas grand monde, il régnait un brouhaha de pas plus ou moins hâtifs, de paroles échangées. Certains mangeaient, d'autres buvaient, certains se promenaient, s’installaient, repartaient, revenaient, beaucoup discutaient. Le temps passa doucement et quand tout à coup, la lumière changea, des cris montèrent en vague, les choristes entrèrent en scène dans une quasi obscurité puis ce fut le tour de Björk. Les lumières étaient faibles, quelques rayons illuminaient les vêtements, la perruque monumentale, les musiciens, les instruments. Les écrans passaient des animations terrestres, galactiques, sanguines, végétales, marines au gré des chansons. Se succédaient des tableaux divers où les artistes se plaçaient en ordre différents selon les chansons: en cercle, concentrés au milieu de la scène, en face de l'un ou l'autre côté de la scène. Björk était loin, je ne voyais pas beaucoup de détails, je me dis que décidément, il serait grand temps que je me trouve une paire de jumelles de théâtre, la maladie a endommagé ma vue et je passe à côté de bien des éléments. Enfin, là, en l'occurrence, Björk se faufila, se mêla, gesticula, dansa, souvent dans des recoins, dans l'obscurité, des lumières faibles ou au contraire éclatantes. Elle entonna tous les titres de son dernier album dans un ordre choisi pour le spectacle entrecoupés de quelques titres de précédents albums: Unravel de Homogenic, Mouth's Craddle, where is the line de Medulla, One day de Debut, Declare independance de Volta. Comme à son habitude, les titres montaient en puissance et le final explosa avec Nattura. Elle salua et disparut comme elle était apparue. Il y avait eu une petite pause de quelques minutes entre- temps, la présentation des choristes et musiciens. Je m'amusai à noter que son accent islandais est particulièrement prononcé quand elle parle alors qu'il est bien plus discret quand elle chante, une spécifié commune à de nombreux chanteurs.
Les deux poteaux étaient en fait des instruments avec des bras dont le mouvement engendre des sons d'air et nous étions finalement bien placées; de loin, j'ai aperçu les autres instruments fabriqués pour l'occasion avec leurs sons particuliers dont une espèce d'orgue inédit. Elle a modifié les orchestrations de certains titres comme One Day avec seulement sa voix et une percussion déjà entendue dans son concert débranché de Londres.
J'ai été surprise par le public: quasiment statique et silencieux mis à part quelques agités très localisés. Majoritairement, personne ne bougeait et presque toute la foule écoutait religieusement. Les applaudissements, les cris étaient ponctuels sur les moments d'arrivée, de sortie, après chaque chanson. En fin de concert, Björk fit se lever le public et l'invita à danser, sans grand succès. A Declare independance, les bras se levaient, évidement, en chœur mais les corps ne sautaient ou ne dansaient pas véritablement. Avec ses musiques, je suis pleinement dedans, ma familiarité est telle que je vis les notes, les rythmes, les paroles, je sais ce qui arrive, quand, comment aussi, c'est plus fort que moi, j'ai envie de chanter à tue tête, de danser. Là, je me suis ( un peu) retenue au milieu du silence et du calme alentour, c'était étrange.
J'avais mon appareil photo dans le sac à main et je n'en ai faite aucune. La seule tentative n'aboutit pas car j'étais à chaque seconde dans le concert et n'en voulais rien manquer. Nous avions été invités à ne pas filmer ou photographier en entrée, des photos étant disponibles sur le site bjork.com en téléchargement gratuit ( elles ne sont pas terribles d'ailleurs je trouve pour des soit- disant photos professionnelles). Quelques appareils se levaient sporadiquement et des vidéos sont visibles sur la toile, vous trouverez facilement, si cela vous intéresse, des extraits du Cirque en chantier par exemple. Je constatai de ce fait que la programmation des titres n'était pas identique à chaque date et je savourai d'autant plus ce 8 mars car elle y joua certains de mes morceaux préférés comme One Day, Mouth's cradle ou Unravel.
Pour conclure, je dirai que j'ai été enchantée, ravie et heureuse d'avoir fait le déplacement. Si des impondérables liés à sa personnalité se répètent, Björk change complètement l'ambiance de ces concerts selon l'album dernièrement sorti et ce sont des découvertes constamment renouvelées avec sa capacité à transformer ses morceaux plus anciens d'autant qu'elle a de l'audace et tente des expériences originales, hors des sentiers communs. Certains qualifient sa musique et ce concert de cérébral. Il est vrai que la symbolique y est forte, peu commune, il y a une profonde réflexion derrière chacun des éléments et pourtant, je trouve qu'elle touche à ce qu'il y a de plus primitif en l'humain et son rapport à la terre, la nature, sa propre nature. Les émotions sont puissantes, voire exacerbées, les images du corps, des cellules, des couches ou plaques terrestres, des océans, des étoiles, des constellations renvoient du plus petit au plus grand et ramène l'humain à sa place d’élément d'un tout. «I’m no fucking Buddhist but this is enlightenment» dit -elle dans Alarm Call d'Homogénic, elle se déclare sans religion, je la sens païenne, elle transpire la foi en tout ce qui est vivant, bouge, se transforme. Enfin, quoi qu'il en soit, je suis conquise depuis vingt ans, elle me déçoit rarement, mon avis n'a alors absolument aucune valeur parce que je suis totalement partiale. J'avais simplement envie de partager avec qui voudra s'attarder en ces terres conquises.
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Ma sœur, pour s'amuser, a voulu me faire passer quelques tests de QI sur la toile. Je l'ai fait sans envie, en mangeant, de loin... et j'arrive à des résultats entre 130 et 139. D'après eux, je fais partie des 2% de la population à intelligence supérieure...
Déjà, je suis sceptique sur un test basé uniquement sur le langage et le logico- mathématique ensuite, la notion même de Qi est limite obsolète désormais.
Enfin, quand je vois comment certains qui se croient si forts intellectuellement se vendent un peu partout alors que je les trouve médiocres, je me dis que je suis certainement très stupide parce que je suis incapable de me vendre.
Après tout, l'intelligence est aussi une notion relative.Parenthèses refermées sur un sujet dont je reparlerai certainement en son temps.
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Ceux qui me connaissent savent que je suis une grande fan de la chanteuse islandaise Björk.
Je la connais depuis 20 ans et son premier album Debut, véritable coup de foudre à la télévision au temps du Top 50. J'ai tous ces albums, quelques remix, concerts et clips. Je l'ai vue en 2002 à Lausanne, en 2007 à Paléo festival de Nyon ( récit prévu quand la mouche me piquera). Elle a été également le révélateur de la profonde sensibilité commune entre SeN et moi dont j'ai eu grand mal à faire le deuil. Mon fiston a emmené son deuxième album Post à la maternelle tant il l'aimait et s'est vexé quand la maîtresse a refusé de l'écouter parce que ce n'était pas de la musique pour les enfants... Bref, Björk est une partie de ma vie intérieure. Je sais qu'elle est très particulière et ne fait absolument pas consensus. D'ailleurs, mon amoureux qui ne la connaissait pas reste dubitatif. C'est une belle expérience que de la lui faire découvrir et il lui appartient de s'y retrouver à ses goûts ou non.
Avec son dernier album Biophilia, elle fait encore preuve de son talent, de son originalité, de son audace, y exprime son amour païen de la vie avec des moyens technologiques de pointe, chantant les fondamentaux humains dans ce qu'ils ont de primitifs... enfin, c'est ainsi que je le sens, avis tout à fait personnel.
J'avais découvert trop tard, dépitée ses passages à Lyon et Nîmes en 2012, l'occasion eut été si belle de la voir et de retrouver en même temps mes amies. De toute façon, toutes les places ont été vendues en moins d'une heure. Surveillant du coin de l’œil ses nouvelles via un réseau social, je pris connaissance de ses passages en Suisse et en France, à Paris. Ni une, ni deux, je guettais le jour d'ouverture des ventes de billet à l'heure pile annoncée pour capter des places. Fiston n'avait pas envie de venir ( à 16 ans, il ne sort pas avec sa mèère), mon amoureux est loin pour raisons professionnelles et peu dans mon entourage sont adeptes encore moins au point de partir en lointain voyage pour la voir. Mon amie de 20 ans, Magali fut la seule à répondre à mon appel. J'avais donc deux places à attraper ce qui n'est pas peu dire.
Sur un premier site, je voyais les minutes s'écouler sans qu'il ne se passât rien alors, je filai sur un autre et bien que seulement dix minutes d'ouverture des ventes avaient passé, les premiers gradins étaient déjà complets! J'achetai vite fait les deux premières places proposées avec une légère appréhension sur leur positions, se déplacer à Paris et n'y rien voir, ce serait plutôt ballot. Je refis quelques essais dans les minutes suivantes et quarante- cinq minutes après l'ouverture des ventes, c'était complet. Parallèlement, je tentai de contacter le Zénith pour connaître les conditions d'accès aux personnes handicapées sans que jamais aucune réponse ne me parvint. J'avais bien tenté la même aventure pour le Cirque en chantier plus intimiste mais là aussi, aucune réponse, aucune information même pas sur la vente des places. Je m'en remis donc à la vie, au hasard.
Quelques jours plus tard, je farfouillais sur le site de la Sncf pour des billets de trains pas trop coûteux. Si je suis contre la course type TGV avec tout ce que cela implique de dysfonctionnements, je fus ravie de voir que le temps de trajet a été diminué de moitié pour aller à Paris et pour ce genre d'escapade, c'est plus que bienvenu. Grâce à mon amoureux, nous avions un appartement pour nous toutes seules à mi- chemin entre la gare et le Zénith, frais d'hôtel en moins et confort indéniable, plus un plan complet de la ville. Tout était prêt et bouclé début février soit plus d'un mois avant la date du 8 mars. Super! J'étais confiante et heureuse.
Plusieurs jours avant le départ, je m'occupai de mon corps, je caressai mon ventre en demandant à mon système urinaire de m'accorder ces jours de répit, je demandai à mes jambes de tenir le coup pour la marche et les remous de voyage afin de profiter pleinement de cette escapade folle. Je pris soin d'emmener ce dont j'avais besoin ainsi que de quoi manger correctement, léger et sain. Zou!L'aventure commença et ce fut magique!
Les voyages en train se passèrent sans encombre: usage des toilettes normal ( un par trajet) , sans enchaîner avec une infection, longue assise sans souffrir, déplacements tranquilles dans les couloirs, les escaliers, les gares. Au retour, les dernières minutes furent cependant plus difficiles car en me levant à l'arrivée, je sentis que le corps était rouillé, que des articulations me faisaient mal mais ô surprise! Savez- vous pourquoi? C'étaient des courbatures! j'avais tellement marché dans le XIXe arrondissement que mon corps se remettait de son courageux périple à pied! Certes, s'il me prend de vouloir visiter à nouveau la capitale, le Vélib sera un trésor inestimable car ces deux jours de marche m'ont montré que je ne saurais en faire plus... pour l'instant mais quelle joie! Quel sentiment immense de liberté et de victoire que d'avoir marché de la gare à l'appartement, de l'appartement au Zénith et pareil au sortir du concert, le lendemain pour rejoindre la gare! Entre une heure et demie et deux heures de marche!!! A un moment, je remarquai déconcertée que mon amie avait du mal à me suivre, j'avais une longueur d'avance sur elle et je m'arrêtai étonnée de tant de vivacité et de force dans mes jambes. Pas de pression de la vessie, ni de fuite, pas de jambes tremblantes et désynchronisées! Pendant tout le concert, je ne subis aucune pression ou inconfort. Il n'y eut que vers la fin quand je dansai et sautai sur les chansons puissantes de clôture que je dus me rasseoir pour apaiser ma vessie bousculée et secouée. Je sortis de la salle lentement vers les toilettes assaillies et à longue file, dans l'urgence avec la crainte de ne pouvoir me retenir en piétinant. Je partis rapidement dans les toilettes pour hommes, cabine à porte cassée dont personne ne voulait et je me soulageais suffisamment, sans fuite pour ensuite rentrer à pied sans encombre corporelle. C'était magique!
Malgré les innombrables possibilités de visites, nous gardâmes le lendemain matin à papoter et traîner comme du temps de nos vingt ans; nous étions tout de même fatiguées et soucieuses de profiter du calme de l'appartement au milieu de tant d'agitation. Ce fut également une sacrée expérience que de nous retrouver dans cette promiscuité, il y avait belle lurette que nous n’avions pas partagé tant de temps. Je redécouvrais mon amie intensément.
Également, je constatai à nouveau la force de ce qui se joue à l'intérieur de soi. J'ai souvent entendu dire que les Parisiens sont malpolis, enfermés sur eux- mêmes, indifférents aux autres, que les quartiers populaires ( et cosmopolites que nous avons traversés) étaient à éviter, qu'il ne fallait pas traîner le soir dehors, etc.. Et là, sans que nous ne demandions quoi que ce fut, une petite dame vint nous guider pour trouver plus facilement le chemin, des agents de sécurité de l'immeuble nous indiquèrent où aller, personne ne nous importuna, nous avions des bonjour et des pardon en pagaille, j'aimais semer les miens au gré des croisements de regard. En trouvant une baguette dans une boulangerie ouverte à 23h, je remerciai les personnes présentes et saluai leur courage à travailler si tard. Ils furent déstabilises et reconnaissants, j'étais heureuse de leur faire ce cadeau alors que nous en avions tant eu ces deux jours. Il n'est pas question de naïveté, c'est une énergie qui circule, se nourrit, s'échange, se partage et émane. Il nous appartient de la cultiver.
Au retour, la fatigue était évidente sans être envahissante, une fatigue commune finalement. J'eus en outre, encore assez d'énergie pour un saut au magasin bio où je dépensai comme jamais ( réserves de longue durée multi domaines), un autre chez mes amies puis prévins fiston de mon arrivée dans les minutes suivantes histoire qu'il débarrassât son bazar. A mon arrivée, il monta les courses et nous finîmes à la pizzeria car je n'avais absolument aucune envie de faire la cuisine après pareille aventure. Pendant 24 heures, il ne me lâcha pas, avoua que je lui avais manqué. Tout rentra dans l'ordre quand je réalisai qu'il n'avait rien mangé d'autre pendant mon absence que du riz, des bonbons et bu du soda devant l'ordinateur. Étrangement, dès la soirée, j'eus des fuites, une vessie capricieuse, des impériosités, mon corps me joua quelques tours et je pris le parti de vivre au ralenti le dimanche en prévision de la semaine laborieuse. Pourtant, linge à laver, suspendre ou repasser en pagaille, aspirateur et menus mitonnés après les deux précédents jours à régime léger me rappellèrent cette chance inestimable que j'ai de pouvoir mener à bien chaque jour de ma vie avec tant d'énergie et de mouvements.
Cette expédition est un cadeau, une joie, une victoire dont j'apprécie chaque élément, chaque seconde d'autant que les circonstances se sont révélées bénéfiques, j'avais par exemple l'argent à cet instant précis alors qu'habituellement, je vis très chichement. Elle est la preuve que je vis, que les portes sont ouvertes, grandement. Y a t-il seulement encore des murs? L'envie folle de multiplier les projets, les péripéties grandit, s'amplifie, en particulier avec mon amoureux qui, quand il est là, accepte, s'adapte, m'accompagne et m'épaule devant ce que d'autres qualifiaient d'obstacles insurmontables... même quand il n'est pas là vu que de loin, très loin, il prend soin de moi, me file des tuyaux, me pousse, m'indique de bonnes pistes.
Merci à vous qui avez illuminé mon périple de vos aides, merci à toi mon corps, merci à toi mon chéri, merci à toi mon amie Magali, merci à toi Björk, merci à toi la vie!
Quant au concert en lui- même, je vous en parlerai plus tard. Patience!
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