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Vlan, dans les dents!
D'abord, je remercie ici toutes les personnes ayant eu un mot d'encouragement après mes nouvelles raplapla. Je n'ai pas la tête à répondre individuellement, ne vous y attardez pas, s'il vous y plaît, cela n'a rien de personnel. Je suis en effet dans une nouvelle expérience ( ajoutée à toutes les autres évoquées ici ou non) depuis ma dernière visite chez le médecin dont voici le récit:
Mercredi dernier, j'allai donc chez Colette, médecin généraliste hors compétition. A mon arrivée, elle s'émerveilla de ma robe, de ma démarche, de mon allure et me déclara «lumineuse» ce qui me surprit vu mon état des dernières semaines. Bon, j'accorde pour sa décharge avoir repris le traitement contre les ganglions enflés deux jours avant ma venue et j'étais un peu mieux globalement. Je ne dis rien de suite, nous avions du pain sur la planche.
Blabla administratif avec les certificats médicaux de rentrée pour les pratiques sportives de la maisonnée, blabla autour de la famille, échange d'informations sur l'agenda à venir commun ou séparé, de la place à son état ( bé voui, je fais partie de ces patients qui prennent soin de leur médecin) puis j'amenai mes péripéties des dernières semaines. J'expliquai d'abord que l'ordonnance du dernier rendez- vous avait eu quelque effet bénéfique, des tensions s'étaient lâchées ( nous avions remarqué que le gonflement des ganglions correspondait à une date anniversaire d'un truc familial bien pourri, avec de l'argent demandé, des crises et des promesses non tenues) mais tout était revenu le mois suivant. Ensuite, je lui montrai la prise de sang qu'elle jugea très bonne surtout au regard du contexte.
- Ben alors, qu'est- ce que j'ai? d'où est- ce que ça vient? Une dent de sagesse qui pousse?, lui demandai- je, perdue dans ces brumeuses circonstances
- Il est possible que cela provienne de douleurs articulatoires.
N'ayant pas à priori l'expérience de ce genre de réjouissances, je la regardai ahurie. Elle se leva et vint poser ses mains sur les articulations des mâchoires. Un de ses doigts manqua me faire bondir au plafond tant j'eus mal et je me souvins alors que deux jours auparavant, j'avais eu la mâchoire coincée et douloureuse nécessitant une reprise lente du mouvement d'ouverture- fermeture de la mandibule. Il n'y avait pas lieu de chercher plus loin, c'était trouvé. Elle me dit que ces douleurs pouvaient expliquer les ganglions, lançaient dans toute la tête, et fatiguaient énormément, ajoutant au passage que c'était souvent lié à des colères retenues. Je lui racontai dans la foulée comment vers 13 ans, j'avais eu la mâchoire coincée pendant des mois. Les radios n'avaient rien relevé et le radiologue m'avait même malmenée parce que je n'ouvrais pas assez la bouche à son goût pour le cliché ( j'avais mal Ducon). Je ne pouvais plus croquer ni mâcher des aliments durs, c'était très douloureux. Je fus débloquée et soulagée par des infiltrations de chaque côté, tous les samedis pendant deux mois. L'accumulation des événements des années suivantes n'avaient forcément rien arrangé. Je repartis avec une ordonnance pour me requinquer et lâcher ces foutues tensions.
De retour à la maison, une expression- éclair me traversa l'esprit: SERRER LES DENTS. C'est ce que nous disons et très probablement faisons pour retenir, ravaler nos colères, douleurs, cris, pleurs et autres émotions. A force, sur la longue durée, les tensions s'accumulent dans la mâchoire et donc, les douleurs surviennent. Génial! Me voilà vernie.
Par hasard, les jours suivants, alors que nous nous retrouvions entre copines de la danse, nous discutâmes des dents, l'une d'entre nous étant dentiste. Elle découvrait la dentosophie et nous expliqua l'importance des dents dans notre vie non pas seulement pour manger mais également parce qu'elle reflètent ce qui se joue en nous. Je caricature au maximum, qui voudra se renseignera ailleurs, mais ceci est logique: à chaque ressenti, nous réagissons avec notre bouche en serrant les dents, en bougeant la langue, en avalant ou respirant différemment, ces mouvements font bouger nos dents et changent notre mâchoire. Il existe une interaction donc entre notre état psychologique et l'état de notre bouche. Inversement, des dents mal plantées, tordues, manquantes, une mâchoire décalée, trop petite, trop grande, déséquilibrée en somme engendrent des douleurs, des maladies, des troubles du sommeil, de l'attention, entre autres. La dentosophie est une méthode non mutilante, non violente qui permet de rééquilibrer les dents, la mâchoire grâce à une gouttière en caoutchouc portée chaque nuit et plusieurs fois par jour.
Merde alors! C'est que j'ai un conflit avec mes parents dans la bouche moi, un révélateur de bien des enjeux passés et présents.
Vers 10 ans, le dentiste avait signalé le mouvement de mes dents: en haut vers l'avant, en bas vers l'arrière. Il préconisa une orthodontie urgente... ce que ma mère ne jugea pas important et que le père refusa avec des explications du genre « ça abîme les dents, ça ne sert à rien» et autres conneries. A l'époque, les frais étaient pris en charge jusqu'à 12 ans et rien ne se fit. Mes dents continuèrent à bouger et rapidement, je commençais à comprendre la rancune que j'avais contre ces parents inopérants, cette histoire de dents n'étant qu'un révélateur de bien d'autres travers. Quand je commençai à travailler une décennie plus tard, je fis faire des devis et je me pris une grosse claque: deux ans de traitement, arrachage des dents de sagesse, 25 000F de frais non pris en charge par la Sécurité sociale. Rage renouvelée. N'ayant vraiment pas les moyens, je laissai tomber d'autant que je refuse de faire enlever des dents saines. Un deuxième avis préconisa une intervention chirurgicale, non prise en charge également: casser la mâchoire intérieure pour avancer toutes les dents du bas et bloquer ainsi l'avancée des dents du haut. C'en fut fini de mes rêves d'ordre et je tâchai de m'accommoder de ce maigre souci esthétique.
Peu à peu, j'appris que certaines affections orl répétées pouvaient être dues à des dents mal placées. Récemment, ma mère a été envoyée par ses spécialistes se faire arracher toutes les dents. Abîmées et mal plantées, elles seraient responsables des douleurs qui la tenaillent depuis des lustres. Et là, ma mâchoire se remet à faire des siennes plus criantes.
Samedi soir, j'assistai à une conférence sur la dentosophie où un médecin pratiquant la neuroposture était invité également, les deux pratiques étant indissociables. Il nous expliqua comment nous maltraitons notre corps avec des gestes et postures contre nature liés à la culture ce qui, à répétition depuis la naissance et à la longue, engendre troubles et maladies. Il m'est impossible de faire le tour de ces questions, pourtant, je vous assure que sincèrement, j'ai été époustouflée par ce que j'ai vu et entendu. Certains points sont d'une évidence flagrante et je suis principalement choquée de constater que notre système de santé prend en charge des traitements lourds, chers, coûteux pour chacun sans efficacité réelle alors que des méthodes simples et peu / moins onéreuses existent. Grâce à des gestes quotidiens, certains exercices appropriés dans le cas de maladie plus lourde, nous pouvons corriger ces erreurs, permettre à notre corps de se mouvoir pour quoi et comment il a été conçu. Nous avons quasiment tous à virer oreiller, station assise, chaussures trop serrées à talon, soutien- gorge pour les femmes et réapprendre à marcher. Rien que ça. En fin de soirée, je m'entretins avec ce médecin expliquant vaguement mon cas, il demanda à voir mes dents, me prit par les épaules puis droit dans les yeux affirma: «Change de chaussures et occupes- toi de tes dents ma grande! Tu verras, ça ira beaucoup mieux.». Vlan, dans le dents! Avec le dentiste, je discutai du coût d'un traitement en dentosophie.. Aïe aïe! Entre 1500 et 1800 euros l'année. Vlan, dans les dents! Il reconnut que c'était un frein pour beaucoup, qu'il faisait au mieux pour faciliter les paiements et qu'avec ces tarifs, lui- même ne gagnait pas d'argent, ce temps particulier empiétant sur son activité de dentiste traditionnel. Olala, me voilà rentrée dans une nouvelle auberge.
Depuis ces entrefaites, mes ganglions se manifestent à répétition, j'ai mal aux articulations de la mâchoire, surtout à gauche et je suis parfois tellement fatiguée que je résiste pour ne pas pleurer sans raison, pour continuer à travailler, créer, danser, marcher, sortir, vivre. Je prends le traitement de fond sur les tensions et applique quelques préceptes de la neuroposture au quotidien comme lâcher le soutien- gorge à la maison, dormir sans oreiller, éviter la station assise, marcher selon les indications du médecin de samedi, je mets également de la conscience dans ma bouche constatant combien je serre les dents constamment; la dentosophie fait son chemin dans ma caboche. Le corps s'exprime, je tâche de l'écouter, lui laisser de la place et j'apprends. Surtout, je lâche. Résister, s'opposer ne ferait qu'aggraver mon cas. Une nouvelle étape dans la transformation est en marche, je le sens. Celle- ci s'exprimera dans les gestes et surtout sur ma structure physique. Je sais que cela viendra, c'est déjà là et pour la mesurer, je prendrai des photos. De toute façon, notre corps se transforme tout le temps, le mien a dérouillé ( dixit un kiné réflexologue), il mérite que je lui laisse la place qui lui a été refusée des lustres.
A suivre.
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Commentaires
Bonjour,
Je cherchais des informations sur la dentosophie et je suis tombée sur l'un de vos articles, fort intéressant.
Je souffre comme vous de douleurs à la mâchoire, qui irradient sur toute la partie gauche du visage et de fatigue chronique (et de mal-être de façon générale).
On a diagnostiqué il y a un an un syndrome de déficience postural, dû à la paralysie d'un pied dont je souffre depuis la naissance.
Je porte des semelles orthopédiques conçues par un posturologue, des lunettes avec prismes prescrites par une orthoptiste, de depuis 3 semaines, un activateur, proposé par une dentiste pratiquant la dentosophie.
Je me permets de m'adresser à vous pour vous demander si vous vous êtes engagée dans la dentosophie et si oui, si vous en ressentez les effets.
D'autre part, les conseils de la neuroposture, que je viens de découvrir à la lecture de votre article, semblent difficiles à entendre, car ils remettent en cause le confort auquel nous sommes habitués : pas d'oreille, pas de soutien-gorge (je crains aussi que la poitrine ne tombe beaucoup plus vite avec l'âge)... Appliquez-vous toujours ces conseils ? Cela se passe bien ?
Je vous remercie infiniment de votre réponse.
Marie, Bretagne
Bonjour!
Je suis ravie de voir que mes blablas peuvent aider quelqu'un :). Depuis ce temps, il s'est passé bien des choses et notamment la trransformation de ma bouche. Doucement, les dents s'alignent et voilà des lustres que je n'ai plus de douleurs à la mâchoire. Rien que de mettre la gouttière les premiers mois a été bénéfique. Je respire désormais par le nez et non plus par la bouche. Question chaussures, je ne mets plus de talons, le dernier essai d'une heure tout au plus m'a épuisée et j'ai eu hâte de retrouver mes chaussures plates ou encore mieux, mes pieds nus en permanence à l'intérieur. J'ai laissé les oreillers sur le lit, seulement pour glissser ma tête à plat entre eux et combler alentour. S'il m'arrive de m'y remettre plus haut, j'ai vite des torticollis. Je ne supporte plus les soutiens- gorge classiques, je leur préfère des espèces de brassières sans couture à larges bretelles que je ne porte qu'une demi- journée. Je tâche de rester au maximum sur mes pieds, debout, ne m'asseyant que si je suis trop fatiguée.
Mon garçon, sceptique et peu consciencieux a porté l'activateur qq temps et a remarqué très vite un gain physique grâce à la respiration par le nez, il serrait moins les dents. J'aimerais qu'il soit plus régulier mais bon, c'est son choix. l'idée de se voir arracher les dents de sagesse le décidera peut- être.
Il existe un cours de neuroposture pas trop loin et j'envisage d'y faire un essai... j'en saurai plus précisément avec cette expérience.
Voilà en gros ce que je peux vous dire auourd'hui. Auriez- vous d'autres questions? En tout cas, je vous souhaite bonne chance avec ces expériences, notre corps ne ment jamais, il est bon de l'écouter.