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Nous sommes tous mortels, voués à l’oubli et il n’y a absolument rien à faire contre cette réalité.
Quand une personne connue meurt, c’est le flot d’hommages, d’émotions et des références fréquentes à sa part d’inoubliable, d’immortalité. Foutaise. Nous sommes tous destinés à laisser la place à l’absence, au vide puis au néant .
Chanter, écrire, peindre, sculpter, construire, bâtir, transmettre, gagner des millions, évoquer des mots, des oeuvres, faire des enfants, enseigner, rien n’y fait, ce n’est qu’une question de temps. Pour le commun des mortels, il y a la mort puis l’oubli quand tous ceux qui nous ont connus nous oublient ou disparaissent. En deux ou trois générations, au mieux, c’en est fini de notre existence, de nos oeuvres, actes et paroles, de notre présence, de notre héritage. Une vague trace dans l’inconscient, l’Adn. Ceux qui connaissent la célébrité ont un plus grand délai variable selon les circonstances. Ils passent néanmoins eux aussi à la trappe.
Autrefois, dans nos sociétés, la mort était omniprésente. Il y avait les hécatombes dues aux famines, aux épidémies, la mortalité infantile ravageuse, la mort prenait à domicile, parmi les siens puis les morts étaient veillés, les cimetières au centre du village. Aujourd’hui, les malades, les mourants sont mis à l’écart, les cadavres ne se montrent pas. Les vivants s’inventent des histoires pour entamer le deuil, se rassurer, calmer leurs angoisses depuis la nuit des temps et jusque dans des détails intimes, la question de sa propre fin est repoussée. La mort est cependant devenue tabou et foule de stratégies s’élaborent sans cesse, partout pour l’éloigner de nous en se cachant les effets du temps sur les cheveux, le visage, le corps, en se construisant des histoires de jeunesse éternelle, loin des maladies, des handicaps, de la mort, constamment déportés. S’il est heureux de vaincre les maladies et d’offrir au maximum la possibilité de vivre longtemps en bonne santé, il y a dans ces stratégies une rupture avec ce que nous sommes, fondamentalement: des êtres faibles, fragiles, de passage pour un court laps de temps variable. Il n’y a pas d’âge pour mourir, ni d’instant particulier et nos existences ne tiennent qu’à des fils ténus que les Parques coupent aléatoirement, inévitablement, dans la gloire ou pas. .
Bla bla général et empli de banalités.
Sûrement… sauf que j’ai une expérience concrète de la proximité de la mort et de ce qu’elle implique en terme de fin. J’ai réalisé que la mort en soi porte une part de libération quand la souffrance et la douleur sont lourdes, que l’avenir se présente sous des formes abominables. J’ai réalisé que je ne crois en aucune forme de survivance par delà la mort, tout au plus je l’envisage comme le retour des matières, des atomes à l’univers qui me les a prêtés quelques minimes années. Ils retourneront à la terre, aux étoiles. Quelque part chez mon fiston des brins d’Adn hérités de mes ancêtres continueront une route qui ne m’appartient aucunement. J’ai réalisé que j’étais terrifiée à l’idée de quitter ceux que j’aime irrémédiablement, ce qui a fait ma vie concrètement: mes études, mes quêtes, mes lectures, mes apprentissages, mes rencontres, mes expériences, mes livres, mes ouvrages, mes matières, mon univers. Je reste effrayée par la mort non pour elle- même mais parce qu’elle signifie quitter la vie, quitter ma vie.
Quant à la mort d’autrui, j’en mesure le caractère inévitable et terrible également, pleinement parce que justement je ne crois en aucune survivance par delà la mort. J’ai l’urgence de régler les conflits, les non- dits afin d’être en ordre, en paix avec moi- même et autrui. Je suis logiquement attristée d’entendre et voir les broutilles détruire des relations, engendrer des conflits, des rancunes, simplement parce que personne n’a su ou voulu laisser tomber son ego, ses enjeux, son pseudo pouvoir, son contrôle pour aller à la rencontre de l’autre, poser ce qui envenime les âmes et les existences afin de le dépasser ensemble.
A travers la psychanalyse, j’ai mesuré le poids des ancêtres dans ma propre histoire; certains, bien que morts depuis des lustres ( et dont j’ignore tout) ont orienté ma vie non par une volonté propre survivant au delà de leur mort mais par les énergies qu’ils ont émis de leur vivant incrustées dans les inconscients de la lignée puis mes fidélités envers eux avec le chimérique espoir de résoudre ces problèmes ancestraux. A l’aide d’autres supports, j’ai eu des contacts avec des défunts, à plusieurs reprises et j’ai longtemps été perturbée, interdite par ces expériences qui échappent à ma rationalité et mes convictions profondes. C’est la Communication Non Violente qui m’apporta une réponse car en apprenant à se relier à soi, aux autres, il est possible de se relier à nos ancêtres non par une survivance de leur être, leur âme mais par le fait que depuis l’apparition de notre espèce, nous avons tous les mêmes structures mentales, les mêmes besoins, nous faisons les mêmes expériences des sentiments et des émotions et qu’il est donc possible de se relier à eux. Il n’est nullement question, à mes yeux, d’un au delà, d”une existence par delà la mort physique, tout au plus un inconscient collectif comme l’évoque Jung, peut- être...
IL n’en reste pas moins qu’étant agnostique, je sais que je suis incapable d’établir des certitudes; les questions métaphysiques m’échappent. Songer que c’est en mourant que j’obtiendrai des réponses n’est qu’une gymnastique intellectuelle futile car face à ma mort, en 2006, je me sentais poussée vers un mur contre lequel j’allais m’écraser et ne plus rien sentir que l’anéantissement de mon être en quelques secondes puis le néant total si cette notion peut être seulement concevable pour l’esprit humain avec cet ego incapable de penser sa fin.
Et quoi? C’est morbide, agaçant, dérangeant (ou rien du tout)? Surtout pas.
Parce que chaque être qui disparaît, c’est un univers tout entier qui disparaît. Jamais personne d’identique ne reviendra. Son vécu, son ensorcellement du monde s’évanouissent définitivement et irrémédiablement. Plus jamais quelqu’un ne vivra, n’expérimentera, ne créera, ne ressentira comme lui. Sa voix, son odeur s’évanouiront, l’unité qu’il a mis jusque dans ses chaussettes, ses babioles s’envolera. Nous avons alors à célébrer la vie, à mesurer la chance inestimable d’être bien vivant, en compagnie d’êtres chers ou non car tous participent à la vie avec nous, à mesurer les merveilles créées par la nature et l’humanité, respirer pleinement l’air de notre temps, réceptacle de nos ancêtres, creuset de ce qui viendra un demain qui nous échappe forcément, à être vigilant pour que notre passage fugace soit bénéfique à la vie et non destructeur, à être plein de gratitude pour ce qui nous est offert chaque seconde. Aussi, vraiment, il est urgent d’aimer, d’apprécier, de savourer, de mettre de l‘ordre et d’aller à la rencontre de soi et d’autrui, là, dans chaque instant que le temps nous accorde. Il est urgent de célébrer la vie car elle est précieuse, fugace et irremplaçable.
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Je vis encore, et plutôt deux fois qu’une, je vous l’assure. La vie est tellement pleine d’aventures, de péripéties, d’expériences fortes que le temps me manque pour écrire à moins d’un événement incontournable… Ce début d’année en est- il un? Peut être… Je saute du moins sur l’occasion pour glisser quelques voeux.
D’abord, je nous souhaite de n’avoir que les contrariétés du quotidien pour seuls soucis car cela voudra dire que nous ne traversons rien de terrible ou de difficile. Puissions nous ne nous préoccuper que de foutaises pour les mêmes raisons.
Célébrons la vie qui grouille en nous, autour, si près, si loin, précieuse, fragile et pourtant tenace et du coup, les contrariétés et foutaises resteront à leur place sans importance.
Vous comprenez que l’essentiel est entre le lignes, écho à ce que j’écris depuis des années ( ce blog a bientôt 8 ans). Il y a d’autres voix à entendre. Je vous invite, pour ce faire, à écouter cette émission de La tête au carré sur France Inter: L’éducation à la lumière des neurosciences. Après un tour chez les dinosaures, il est question de bienveillance, d’ocytocine, de stress, et de développement du cerveau ( à partir de 17:35). Si vous lisez mon ami Boris, vous initiez à la Communication Non Violente, à la plasticité du cerveau, vous serez en terrain connu. Pour les autres, il y a de quoi s’ouvrir bien des portes. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’expérience universelle.
Puisse cette année voir ce blog se nourrir d’échanges sur ces sujets qui me tiennent à coeur ne serait ce qu’à hauteur de la moitié de ceux qui nourrissent mon quotidien!
J’aimerais tellement que les relations authentiques de chacun de mes jour, concrètes, de vive voix, avec mes amis, ma famille, les apprenants de mon métier de formatrice, des personnes de passage, partout, constamment, par delà les présupposés résonnent ici, avec d’autres voix. Accepteriez- vous de m’y aider en y participant?
A bientôt pour de nouvelles aventures!
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Cette dernière semaine, j’ai entendu souvent sur les ondes ( je n’ai pas la télévision et j’en suis encore plus ravie en de telles circonstances) que les attentats étaient attendus, pressentis, il était malheureusement seulement question de savoir où et quand les terroristes frapperaient. Pendant que les personnes affiliées à cette tâche y travaillaient, nous vivions tranquillement, dans l’insouciance... ou avec la peur du voisin, de l’étranger, du profiteur du système, tous loin de nous et de nos habitudes, fantasmé, porteur de peurs et angoisses indéfinies. Maintenant que notre pays a été touché à deux reprises, en son coeur, en ses valeurs, son humanité, nous avons tous à continuer à vivre, dans la joie, le partage, la chaleur humaine, la solidarité, l’entraide, l’accueil, la rencontre en pleine conscience, actes de RESISTANCE.
Ainsi, j’avais plusieurs sorties prévues pour les 14 et 15 novembre, il m’était évident que je ne renoncerai à aucune sous prétexte de peur ou de sécurité surtout qu’elles sont porteuses de messages nécessaires en ces heures troublées.
1. J’anime depuis plus d’un an un atelier créatif en matériaux récupérés dans une structure aux valeurs de respect de l’humain et de l’environnement. Gratuit, ouvert à tous, chacun y vient avec ses envies, projets, compétences, ou rien et tout est partagé. L’ambiance y est vivifiante, basée sur l’entraide, la coopération, la majorité de ceux qui y viennent repartent enchantés, émerveillés qu’une telle bulle puisse exister. J’en reparlerai plus en détail, peut- être, ultérieurement, toujours est-il que ce samedi 14 novembre, nous sommes arrivés nombreux, le visage tourmenté, préoccupé. Et nous tous sommes repartis soulagés, reconnaissants clôturant l’atelier par des embrassades joyeuses et chaleureuses.
Parce qu’il est nécessaire d’aller à la rencontre, d’accueillir, de partager, de s’entraider, d’alimenter la bienveillance, les valeurs humanistes et non la peur, l’intolérance, la haine.
2. Dimanche, nous sommes parties, mon amie Michèle et moi, en expédition toute la journée. D’abord, le salon Positi’vie afin de participer au forum où je lui ai présenté quelques camarades d’engagement, où nous avons mangé et discuté. L’acte de présence était important d’autant que la foule ne se pressait pas.
Parce qu’il est nécessaire de dire et montrer qu’un autre monde est possible.
Dans la foulée, nous avons visité le 3F Art, salon d’art contemporain. Dans la masse d’oeuvres et d’artistes, nous nous sommes nourries de couleurs, de formes venues de partout, avec des démarches multiples et variées. Après les yeux, vint le tour des oreilles. Parcours mélodieux aux Artisans du son en journée portes ouvertes. Écoutes sur des appareils exceptionnels, partages en foule, conversations émouvantes et authentiques.
Parce que la culture est une arme contre l’obscurantisme.
En ce qui me concerne, rien ne change, mon engagement se renforce de ce qu’il se passe alentour car je refuse d’alimenter ces énergies malsaines dévastatrices, je préfère participer à celle qui nous nourrit TOUS, base essentielle de toute existence humaine, celle sans laquelle nul ne peut vivre, exister et être.
Nous ne sommes rien les uns sans les autres. L’humanité est une aussi, malgré l’horreur de ces événements, il m’arrive de penser à ces parents qui ont perdu leurs enfants devenus meurtriers, à ces jeunes en telle déperdition qu’ils n’ont trouvé que la violence comme réponse à leurs questions, stratégie pour répondre à leurs besoins insatisfaits. Comme le répète mon ami Boris, nous n’avons pas d’autre solution que celle de la rencontre.
En conclusion et pour alimenter votre propre énergie d’amour, d’espérance, je vous invite à revoir le fantastique film de Youssef Chahine, Le destin ( article ici à ce sujet en février 2011) et à écouter cette merveilleuse émission radio du 21 novembre 2015, Sur les épaules de Darwin, Liberté, égalité, fraternité. Rien qu’à la lecture des références sur la page en lien, vous entreverrez la puissance de la parole de Jean- Claude Ameisen, croyez- moi! C’est une des plus belles réponses entendues ces jours- ci. Vous m’en direz des nouvelles, j’espère.
A bientôt alors?
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Cette journée était d’emblée particulière, mouvementée, je m’y étais retrouvée entourée de personnes malmenées par des événements personnels venues se réfugier chez moi, cherchant l’écoute, l’attention et le soin que je sais donner. J’étais donc déjà remuée depuis plusieurs heures quand fiston, rivé à l’ordinateur de sa chambre entra catastrophé dès les premières informations dans le salon pour m'interpeller. Je sus très vite ce qu’il se passait, nous qui n’avons pas la télévision.
Nous restâmes attentifs jusque tard dans la nuit, tétanisés. Dans ma chambre, heureusement, je suis branchée sur France Culture et j’ai été ravie de ne pas subir le bombardement des informations en direct profitant des Nuits de France Culture. Je suivais via l’application du journal le Monde, refusant de regarder les vidéos ou d’entendre les témoignages directs. Non par lâcheté, ceux qui me connaissent savent que je n’en suis pas mais parce que je ne voulais pas m’effondrer dans les émotions brutes. Je ne pus que difficilement verbaliser ces quelques mots ailleurs, foudroyée par l’éclair des lendemains de terreur, il était 1h59, juste avant de m’écrouler dans un sommeil haché:
Merde merde merde!!! Déjà ça pue! Je crains un écho en décembre ... Haine contre haine, intolérance contre intolérance, qui peut se réjouir de cette perspective? Je ne peux pas pleurer ni crier, j'hésite entre vomir et courir rappeler partout que nous avons aussi le choix d'aller vers la rencontre, le partage, la solidarité... Le monde est ce que nous en faisons, le monde est ce que nous pensons.
Au matin, j’étais retournée par le flot de ce que je pressens, pensées d’hier et d’aujourd’hui, la fatigue liée aux émotions de la veille, aux événements, à une nuit écourtée et agitée par une vessie capricieuse. Pareillement, je refusais les images, les vidéos, les témoignages recueillis en direct, c’était trop insupportable, me déchirant le coeur et l’âme, me submergeant de larmes incontrôlables. Je leur préférais les émissions de France Culture avec ce recul caractéristique et les articles écrits. Cela n’empêche pas, loin de là, l’implication et des mots se sont agencés dans ma caboche. Il y a d’abord ceux- ci, en vrac pour évoquer ma bande son des événements, d’autres suivront, plus tard, quand j’aurai su les mettre en ordre.
Voici donc ma bande son de ces derniers jours:
Aux premières informations, alors que je comprenais ce qu’il se passait, il y eut Serge Reggiani, Les loups sont entrés dans Paris en flash immédiat:
Un long silence suivit car j’étais aux pensées que je vous rapporterai plus tard et tout à coup, ce soir, j’eus envie d’écouter Serge Gainsbourg, Aux armes et caetera car certaines paroles de la Marseillaise résonnaient d’un ton particulier à mes oreilles avec l’écho des attentats du 13 novembre.
Et enfin, là, alors que le sommeil me rattrape, m’embrouille, c’est la voix de Jean Ferrat chantant Aragon qui met du baume à mon coeur.
Pardon, je les préfère aux bruits des explosions, des tirs, des sirènes, aux cris, à la panique, à ces voix de témoins terrorisés, choqués… Mon ami Boris souffle à mon oreille alors que j’écris ces mots, je passe par un filtre pour rendre la douleur audible, l’art permet de partager sans blesser autrui, de transcender afin d’aller vers la résilience. Nous en avons tous tellement besoin car nous avons tous désormais à cultiver la rencontre, le partage, la tolérance, la solidarité et surtout pas à alimenter la peur, la violence et la haine.
A suivre.
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Sommes- nous capables de mesurer la discrimination au quotidien? Dès qu’un trouble nous envahit face à telle ou telle situation, c’est qu’il y a effectivement quelque chose de cet ordre. Notre souci est d’avoir des outils pour mettre des mots et ré-agir.
Bien que le silence soit général par ici, cette question ne se tarit pas chez moi, je suis une vieille révoltée, des habitudes si anciennes et profondément ancrées ne se délogent pas si facilement aussi, j’apporte aujourd’hui quelques matières.
J’aborde souvent la problématique de la place accordée aux personnes présentant un handicap physique parce que j’y suis confrontée depuis quelques années. Certes, il y a mon expérience personnelle liée à la maladie et ses conséquences mais également toutes les autres circonstances de vie qui m’ont confrontée à des situations déconcertantes:
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Ma mère était éducatrice spécialisée auprès d’adultes présentant des déficiences mentales; j’ai donc été dans le bain très vite vu qu’elle nous emmenait aux fêtes et sorties de la structure où elle exerçait, le sujet était commun chez nous. En plus, la vie a mis sur mon chemin bien des personnes avec des maladies mentales dont plus d’un sont des proches.
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Elle a divorcé en 1980, nous mettant dans une situation peu commune à l’époque et la difficulté économique alors que la moitié des vacances et un week end sur deux, nous côtoyons des personnes à la situation très confortable. Je suis devenue ainsi la reine des voyages inter- classes sociales côtoyant des SDF jusqu’à des nantis de vieille bourgeoisie, du milieu des affaires, de la politique, des nouveaux riches, sans le moindre souci.
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Elle a eu son premier cancer à 45 ans avec des conséquences que beaucoup ne peuvent même pas imaginer.
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Nous vivions en HLM avec tout le florilège de diversité culturelle que cela implique.
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Dans ma vie professionnelle, je rencontre beaucoup de personnes d’origine étrangère, des gitans, des nomades, des sédentaires, de tout âge, toute couleurs, aux parcours de vie incroyablement diversifiés.
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Je connais des personnes de toutes croyances: chrétiens, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans sunnites, chiites, bouddhistes, hindouistes, croyants, non- croyants, athées, agnostiques, indifférents.
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Je ne sais par quel miracle, je suis constamment en rencontre avec des homosexuels et j’y vis de magnifiques amitiés.
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J’ai le contact facile avec tous; les enfants, les jeunes, les personnes âgées m’apprécient parce que je les écoute, m’adapte à eux et leur laisse la place. Vous avez déjà lu, ici, pour les fidèles, quelques uns de ces partages quand, notamment, des camarades de mon garçon cherchent de l’écoute.
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Je côtoie des analphabètes, des illettrés, des intellectuels, des racistes, des alter-mondialistes, des politiques, …
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Nomade, j’ai habité dans de tout petits villages, de petites, moyennes, très grandes villes et passé bien du temps dans la capitale.
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Pour finir (?), je suis un humain de sexe féminin.
Autant dire que j’en vois, j’en entends! En plus, je suis curieuse, j’écoute et lis beaucoup, avec un tant soit peu de jugeote, le quotidien en devient forcément une source intarissable d’expériences avec des yeux grands ouverts.
Ce matin, j’ai rebondi vivement car, par hasard, je découvris le thème de l’émission, Un jour en France, sur France Inter de 10 à 11h:
La ville est-elle faite par et pour les mecs ? Évidemment! me dis- je spontanément et j’ai été ravie d’entendre les reportages passés ainsi que les intervenants. La problématique de la discrimination abordée ici était tout à fait appropriée aussi, j’invite les lecteurs intéressés à écouter cette émission. Quelque soit votre statut, il y a de quoi alimenter la caboche en réflexion et ouvrir les yeux sur l’environnement.
Personnellement, je parcours les espaces urbains à toute heure et certains s’étonnent de m’entendre raconter comment, par exemple, il m’arrive régulièrement de traverser la ville, à pied, tard, sans crainte. Je n’ai pas peur non plus quand j’attends mon co-voiturage au bord de la route, le soir… tout en remarquant les regards des HOMMES depuis leurs voitures et leurs doutes quant à ma place là. L’un d’eux s’était même arrêté tard dans la nuit après avoir être passé, repassé devant moi. Il semblait pas très sûr de lui et noya son poisson dans une vague préoccupation sur mon besoin de quelque chose… Il n’a pas eu de geste déplacé et cela m’a bien fait rire, il n’empêche que ce genre de situation est révélateur des représentations de la place de la femme dans l’espace public.
A cela, j’ajoute la question cruciale et cruelle de l’accès aux toilettes. Les femmes ont besoin de plus de temps pour utiliser les toilettes, normalement, il serait nécessaire d’en avoir plus pour femmes que pour hommes... et il n’y en a quasiment pas dans l’espace public. Pendant que ces messieurs, eux, peuvent se soulager vite fait dans un coin, sans risque, une femme, elle, a à se déshabiller, en catimini. Imaginez la catégorie handicap+ sondage obligatoire…
Parallèlement, si la question de la mobilité réduite avec ou sans fauteuil est récurrente dans mes propos, je la lie constamment à celle des personnes âgées, de celles poussant chariots, poussettes ou landaus… et logiquement donc, de la place qui leur ai accordée. Nous en arrivons déjà à un espace soit- disant public, appartenant à tous, où les personnes présentant un handicap, un sexe féminin, un âge extrême ( tout petit ou âgé) sont au mieux négligées.
Et les enfants? Dans l’émission, il est question de la puberté entraînant un changement de comportements entre les jeunes, filles et garçons. Et avant? Sérieusement, un photographe comme Doisneau ne pourrait plus exercer, trouver de support enfantin... parce que les enfants, eux aussi, sont de plus en plus exclus de l’espace public. J’argumente personnellement en évoquant ces files et bouchons de voitures devant les écoles aux heures d’entrée et sortie. Les enfants ne jouent quasiment plus dehors, ne marchent plus, que ce soit en ville ou dans les villages. Surtout, on reste chez soi, dans son jardin ou sa cour, on ne déambule plus. Délire? Et bien, lisez ce texte: Comment on a interdit aux enfants de marcher. Vous m’en direz des nouvelles.
Bon, je m’arrête là aujourd’hui. Je reviendrai vers vous avec d’autres références et réflexions plus tard. En attendant, bonne écoute et bonne lecture!
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J’étais véritablement déterminée et volontaire quant à mes récits autour de la discrimination… comme pour tant d’autres sujets alors que chaque jour ne fait que 24h avec les besoins basiques répétés et les aléas inhérents à l’aventure de la vie. Celle-ci a rapidement chamboulé mes projets et c’est avec un large sourire que je me répète continuellement qu’il y a bien de la vanité à croire que nous contrôlons quoi que ce soit. En même temps, vu la foule qui s’exprime, je balaie d’un revers de la main toute pensée sur un quelconque enjeu du blog. Tout cela est finalement très drôle.
Que s’est- il donc passé?
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Mon garçon a entamé ses études supérieures en septembre.
Je reste vigilante, attentive, exigeante et impliquée alors qu’il est majeur et d’une attitude formidable ( sauf pendant les vacances où il se laââĉhe!). Il en est très reconnaissant et nous partageons, discutons, avançons ensemble, chacun de notre côté au gré de nos circonstances, joyeusement. Il n’en reste pas moins que ces études en informatiques sont coûteuses, la bourse n’y suffit pas et j’ai déjà vidé un compte- épargne pour qu’il puisse débuter. C’est un investissement sur l’avenir car je lui souhaite d’échapper à la pauvreté qui nous poursuit parce que nous sommes hors cadres constamment et sans soutien familial, ce qui n’est plus tout à fait son cas.
2. Le logement annoncé social BBC se révèle sous son véritable jour: un gouffre. Inadapté à notre façon de vivre, d’un espace contrariant, aux multiples malfaçons dont pâtissent tous les locataires, je me raccrochais à ces caractéristiques pour surmonter les limites financières le temps nécessaire. Tu parles! Le dernier décompte des charges a soulevé une vague de protestation générale et accéléré des départs. Lucide quant au poids d’un déménagement surtout dans une région où les logements accessibles sont quasi inexistants, je suis donc embarquée dans le paiement sur des mois de cette dette qui se répétera l’année prochaine dans une espèce de cercle vicieux dû à des absurdités administratives, des coûts locaux élevés, des installations inopérantes. Je dépasse d’une dizaine d’euros les plafonds d‘aides type FSL, les sommes “prêtées” à des proches pour leur éviter l’expulsion ou les coupures d’électricité, d’eau il y a des mois n’ont pas été remboursées et ces mêmes personnes n’ont évidement pas les moyens de m’aider à recouvrer ces dettes. J’étais déjà précautionneuse avant ce rappel des charges, c’est devenu permanent désormais au point que parfois, je me demande si certains de mes besoins fondamentaux sont satisfaits.
3. Les conséquences de Devic se sont exprimées violemment il y a quelques semaines. Prise dans le flot des événements précités, j’ai soigné de loin des soucis urinaires persistants avec les moyens habituels sur une dizaine de jours observant des variations entre aggravation et amélioration. Suivi un mal au point digestif et une forte fièvre comme je n’en ai plus eu depuis belle lurette qui m’alita brutalement. Avec un médicament pour la baisser, je restai à 38.4°, en dehors, je claquais des dents, tremblais comme une feuille dans la tempête et étais incapable de me mouvoir, de manger et encore moins donc de m’occuper de quoi que ce fut. Contrairement à mes habitudes, j’ai appelé à l’aide car j’étais d’une extrême faiblesse. Ma mère m’emmena chez le médecin où j’attendis que les quatre personnes précédentes passassent ou comment mesurer cette réalité: “Quand une personne est pleinement à son besoin, il n’y aucune place pour le besoin d’autrui”. j’étais couchée sur deux chaises, somnolente, couverte de plusieurs couches, claquant des dents et tremblante… pendant deux heures environ. Quand Colette, médecin hors compétition vit mon état, elle me gronda. Les patients précédents s’étaient dépêchés de la rejoindre, elle ne pouvait donc pas me voir depuis sa porte et je ne lui rappelai pas que la veille, elle n’avait pas entendu quand j’avais parlé de mes soucis au téléphone; elle était débordée à surdité sélective, comme tout un chacun. J’avais insisté le lendemain en expliquant mon état, demandant où aller, elle m’avait casé fort tard dans un emploi du temps surchargé, explosant ses heures de fins de journée. Séance d’acupuncture salvatrice sur tout le ventre et sermon sur mon arrivée un vendredi soir, avec des résultats de laboratoire reportés de ce fait à mardi. Antibiotique au hasard sans pénicilline vu que j'y suis allergique (très pratique) et ordonnance à multiples voies. La pharmacie de garde étant trop loin, je pris ce que j’avais sous la main à la maison et profitai des effets de l’acupuncture. Le lendemain, mon garçon s’occupa de tout: dépôt du prélèvement au labo, quête des médicaments à la pharmacie. Ouf!! Par contre, je gardais le lit continuellement, puisant mes rares forces pour aller aux toilettes ( et quelle galère le sondage quand corps et mains tremblent constamment!), n’avalant au mieux que l’eau à portée de main. Fiston grignotait quelques bricoles et m’apporta un peu de pain, de jambon sans savoir que faire, j’appelai ma soeur à la rescousse. Elle nous força à avaler quelques plats chauds alors que tout m’écoeurait. Ce fut salvateur car à chaque lever, je tournai de l’oeil… à cause de la faim. Une amie passa à l’improviste et nous gronda parce que nous ne l’avions pas appelée, elle l’aide- soignante. Oui, oui. Elle rangea un peu, à mon grand soulagement car l’appartement partait à vau- l’eau.
Ce cirque dura trois jours et au quatrième, je pus enfin me lever, m’habiller, m’occuper du bazar avec l’aide de six comprimés de paracétamol. Au cinquième, j’allai travailler malgré les avertissements de tous. Heureusement, il y avait des renforts inopinés et mon message sur le tableau mis tout le monde à contribution: “Merci d'être particulièrement indulgent avec votre formatrice ce matin, je suis raplapla et mon cerveau ramollo”. Ils furent compréhensifs et patients alors que j’étais lente et mono tâche, néanmoins efficace et présente. Cela me fit le plus grand bien et quand mon collègue prit le relais, je recommençai à claquer des dents, il était justement temps de rentrer.
Au retour, penchée sur les résultats de labo et l’ordonnance, je compris: infection urinaire, foie et vésicule biliaire en détresse. Ben, oui, la moelle épinière abîmée au sacrum engendre des soucis d’évacuation nécessitant sondages et lavements, malmène une vessie initialement fragile, les organes de purge saturent des gros traitements médicamenteux anti- crise de Devic. Voilà un pan de la réalité des conséquences de cette maladie grave, ni plus ni moins.
4. Nous subissons fiston et moi des vols répétés d’argent liquide dans notre appartement depuis plusieurs mois. Sporadiquement, aléatoirement, en fin de mois alors que je suis moi- même en budget fini, quelqu’un entre dans l’appartement, dévalise porte- monnaie, sac et sacoche de l’argent liquide qui s’y trouve, allant parfois jusqu’à prendre quelques misérables centimes, de jour, de nuit, en notre présence. Quand j’en parlai au début, fiston crut que je perdais la tête puis il lui arriva la même mésaventure avec un billet reçu en remerciement d’un service, un billet rangé dans sa sacoche, au pied de son lit, au milieu du capharnaüm de sa chambre impraticable. C’est déroutant, incompréhensible. J’avais bien remarqué que ma clef n’entrait plus si facilement dans la serrure auparavant, je sais que j’ai à changer le barillet pour tenter de nous protéger, ceux- là sont cependant particulièrement coûteux et au regard de la situation financière actuelle, c’est une dépense problématique. J’en ai averti mes voisins, l’une d’elle a subi le même phénomène, les autres ont changé et remis en état un système trois points qui ne fonctionne pas depuis le début des locations. Nous avons essayé, fiston et moi plusieurs stratégies: cacher les billets, les sacs, mettre un carillon bruyant à la porte, etc. Le souci est que ces vols sont aléatoires et il suffit que nous oublions les précautions supplémentaires à celles devenues habituelles (laisser la clef dans la serrure et fermer à double- tour en toute circonstance) pour que le phénomène réapparaisse. La responsable de l’immeuble n’accepte pas ma version, elle persiste à affirmer que c’est mon garçon qui prend l’argent… Se le prendrait- il à lui- même? J’ai voulu porter plainte, l’agent qui m’a reçue a expliqué que cela ne servirait à rien, qu’ils ne feraient rien si j’étais la seule à en parler. De toute façon, comme il n’y a pas trace d’effraction, l’assurance ne prend rien en charge. Je suis écoeurée. ma situation financière est tellement serrée, je ne me permets aucun écart, je me prive de vitamines, canneberge et autres compléments qui seraient tellement bénéfiques et protecteurs au regard de mon état de santé .. et je subis ces vols des derniers deniers prévus pour les derniers achats alimentaires…
5. Pour finir sur une note plus positive, je me suis lancée dans un projet de robe gothique d’inspiration victorienne. J’avais trois invitation pour fêter Halloween, autant en profiter. Le noir ne m’inspire pas bien que brillant, en tulle, voile, j’ai donc mis un temps fou à savoir ce que j’aimerais. Une amie m’a filé un coup de pouce en montant le tulle sur le mannequin et j’ai pu me lancer... en rajoutant un tissu rouge pour sortir du tout noir. Le costume est en plusieurs pièces utilisables ensemble, de différents manières et indépendamment. Je suis contente de moi. Malheureusement, je n’ai pu le porter parce qu’inachevé à la première invitation, la troisième a été annulée pour crise d’appendicite à intervention en urgence. Puisse la deuxième m’être profitable! Ce serait vraiment dommage de reléguer ce travail au placard pour une durée indéterminée. ( des photos viendront, peut- être).
Au milieu de ce bazar pré- occupant, J’ai mis un temps fou à écrire cet article, j’avais pourtant besoin d’alimenter le blog, certains m’écrivent discrètement en dehors et cela me donne l’énergie et l’envie de continuer, je ne pouvais donc décemment pas le laisser en sommeil plus longtemps. Aux courageux cette longue lecture! En attendant la suite, parce évidemment, j’ai la caboche qui carbure et des années de retard… C’est malin…
A bientôt?... Pas si sûr, la vie déborde et rien qu’avec mon ménage qui n’est pas fait depuis des lustres vu que je n’en avais pas l’énergie, ni le temps, j’ai un sacré chantier en vue. Quelqu’un pour venir filer un coup de main?
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Je vous propose ce jeu parce que je me rends compte que cette problématique me poursuit et que mon texte ouvrant le sujet est bien insuffisant. Je m’inspire de quelques un des exercices que nous avons pratiqués lors de cette formation.
Voici deux questions auxquelles je vous invite à répondre en commentaire:
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Quand vous entendez le mot délinquant, quel type de personne vous vient à l’esprit spontanément?
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Complétez les phrases suivantes:
Qu’est- ce qui aurait été différent dans ma vie si j’avais été…
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un homme ( pour les personnes de sexe féminin)
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une femme ( pour les personnes de sexe masculin)
En anonyme, cela me conviendra parfaitement du moment que vous participez.
Je ferai un retour si cela se justifie (c’est à- dire avec suffisamment de matière), rapatriant les commentaires d’un blog à l’autre afin que nous ayons l’ensemble. D’autres articles sur le thème s’ajouteront quand j’en aurai envie, quoi qu’il en soit des réponses.
Merci d’avance à tous ceux qui s’y attarderont!
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J’aimerais revenir sur cette notion.
Au regard de la définition donnée par le Larousse, je l’ai utilisée à bon escient (deuxième onglet) pourtant, me reviennent très souvent les souvenirs d’une formation suivie il y a quelques années dans le cadre de mon emploi.
Dans un premier temps, les formatrices nous portèrent à réfléchir sur cette notion autour d’images, de phrases, de mots et nous réalisâmes alors les confusions dans les esprits, la puissance dévastatrice des clichés, l’absurdité de la notion de norme (au final, elle se révèle être un homme, blanc, diplômé, à revenus et situations confortables, en bonne santé). La conclusion fut qu’à cette heure, le terme de discrimination avait à être utilisé, dans le domaine public, tel qu’il est défini par la loi (consultable ici) car c’est le seul recours dont nous disposons pour réagir contre elle.
S’en suivit un exposé global de la place de la femme dans la société et les discriminations subies, avec ses tenants et aboutissants. Bien qu’ alertée, consciente, vigilante, de ce fait même souvent jugée extrémiste quand je me permets de dire ce que j’observe, apprends, pense, alors que je suis engagée sur cette voie depuis des années dans l'éducation et l’éveil de mon fiston, mes interventions, informations données à tour de bras auprès de qui veut bien m’entendre, en particulier auprès des femmes que je côtoie dans mes activités de formatrice, j’en suis sortie assommée. De retour à la maison, je ne pus que répéter à mon garçon: “ Tu ne peux pas t’imaginer la chance que tu as d’être né homme!”.
Le deuxième jour, ce fut un exposé sur les discriminations subies par les personnes de couleur, d’origine étrangère.
Lamentable tableau général.
J’aurais beaucoup à en dire, les anecdotes au cours de ces trois jours ne manquèrent pas. Elles nous ont donné le vertige, retranchés dans des coins sombres que nous ne soupçonnions pas, quand nous étions tous engagés dans des démarches sociales aux valeurs humanistes. Il n’empêche que régulièrement, je soulevais la problématique de la discrimination envers les personnes porteuses d’un handicap, posant des questions, interpellant, témoignant d’expériences vécues ou rapportées par d’autres. Les formatrices le reconnurent honnêtement, elles ne connaissaient quasiment rien sur ce sujet, je leur ouvrais des portes d’études à venir; mes camarades de formation eux avouèrent ne pas s’en rendre compte. N’y a t-il pas la loi de 2005? Les emplacements réservés? les aménagements, les aides? ... oui, ils existent... au même titre que l’égalité déclarée entre femmes et hommes, sans distinction de couleur ou d’origine.
La discrimination est si profondément ancrée dans les comportements et les mentalités qu’elle passe souvent inaperçue voire est considérée comme normale ou pire, naturelle.
A la première réunion entre collègues, je fis un retour sur ces journées de formation. Un malaise s'empara de tous quand j’affirmai haut et fort que nous, en tant qu’agents publics, nous avions à dénoncer les discriminations dont nous étions témoins. Force est de constater que la majorité ne sait ce qu’est la discrimination et encore moins réagir, comment alors lutter efficacement contre elle?
Suite à cette formation, j’ai mis en marche un processus de dénonciation de discrimination à mon encontre. Je la raconterai plus tard car ce serait trop long de l’ajouter ici. Elle est tout à fait représentative de la schizophrénie générale où nous vivons et n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
A suivre donc, ici aussi...
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La neuroposture dit que la position assise est toxique, nous avons à être debout ou accroupi, toujours sur nos pieds et non nos fesses. Suite aux conséquences Devic, je le mesure particulièrement au quotidien. Je ne supporte plus de rester assise et j’aime mieux être bien debout que mal assise. Avec la fatigabilité augmentée, je passe en fait de l’une à l’autre selon les besoins, bougeant sans arrêt.
Mon emploi s’y prête bien vu que je vais d’une personne à l’autre, du bureau à la salle d’étude, d’une armoire à l’autre, du poste informatique de droite, à celui de gauche, au téléphone, aux dossiers ou à la photocopieuse, parfois les toilettes selon l’état général et l’heure.
En réunion, projection, conférence, c’est plus complexe. L’assise est tellement profondément ancrée dans nos moeurs que quelqu’un restant debout déstabilise et je me vois proposer sans arrêt une chaise, une place. “Non merci, j’aime mieux rester derrière - ou sur le côté, c’est selon la géographie des lieux- parce que je suis mieux debout qu’assise” est- il nécessaire de répéter.
Chez les amis, je m’arrange pour bouger en me promenant dans les lieux ou en participant l’air de rien. En concert, il y a possibilité de danser, au cinéma, au théâtre, c’est plus compliqué surtout que l’espace n’est guère large alors souvent, je m’installe sur les côtés pour pouvoir gesticuler, me lever ou rejoindre les toilettes sans gêner le public derrière.
Les déplacements en voiture dépassant l’heure sont problématiques d’autant que les vibrations, mouvements, résonnent chez vessie qui s’active et crie à l’improviste, le plus souvent au pire moment.
A la maison, c’est naturel d’aller et venir au gré des besoins vu que j’y fais totalement à ma guise, sans contrainte sociale. Mon garçon rouspète souvent sur mon activité qu’il juge envahissante: “ Tu ne peux pas arrêter de travailler” dit- il régulièrement. De la part d’un adepte revendiqué de la glande, je laisse passer notant toutefois au passage que si je glandais comme lui, il serait le premier mal barré
Il reste que les espaces et le mobilier ne sont pas adaptés.
Sur mon lieu de travail, le rapport de l’ergothérapeute promettait un espace fantastique entre éclairage spécial, poste informatique aménagé, bureau et chaise adaptés. La réalité en resta éloignée et sans mes récupérations, j’aurais vite été mise en situation d’incapacité à exercer. Là, je m’adapte à ce qui est avec opiniâtreté parce que j’ai eu la chance de récupérer, que je suis désormais habituée à faire avec des environnements inappropriés.
Les sanitaires, salles de bains et toilettes en particulier restent un vrai casse - tête, partout, je l’ai souvent relaté.
A la maison, le canapé que je n’utilisais déjà plus vraiment avant ( du fait de l’absence de téléviseur?) est à usage exclusif du fiston et je n’en aurais pas si la voisine ne me l’avait donné. A la cuisine, il est possible d’adapter quelques hauteurs, il reste que les chaises, les tables, les lits sont bas, les bureaux se révèlent être un objet de torture insoupçonné quand les activités pratiquées impliquent son usage important. Je me suis renseignée sur les tables de travail et chaises à hauteur variable; devant les prix, j’ai pris la fuite. J’ai tâché de fabriquer moi- même quelque atelier informatique, coupe, couture, peinture et compagnie, je me retrouve avec un lieu incommode où je reste debout devant mes machines puis fatiguée, je me triture le corps pour arriver à mes fins. J’ai, en particulier, noté ces derniers jours que j’avais beaucoup à raconter pour le blog et que finalement, j’en repoussais l’écriture rien qu’à l’idée de me casser le corps à rester devant l’écran et le clavier. Je suis mal barrée... et si vous attendez des nouvelles régulières ici, vous êtes tout aussi mal barrés.
Je rêve d’aménagements, de rangement, d’un bureau atelier à hauteur adaptée, de siège assis- debout, d’un lave- mains dans les toilettes, d’un lit plus haut, j’aimerais pouvoir me dire que si le fauteuil se la ramène, j’aurais la place pour déambuler, sortir- entrer à ma guise, pouvoir me laver sans crainte, accéder à ce qui m’est important, être en sécurité, pouvoir être aidée. J’y pense et puis, je passe à autre chose parce qu’autrement, je cultiverais des peurs, des angoisses incessantes et inutiles. Je n’ai pas les moyens d’avoir un logement adapté à mes handicaps, la maladie, mon style de vie. Quand il n’y a pas de sou, c’est: prends ce qu’on veut bien te donner, sois- en content, ferme ta bouche et démerde toi. Là dessus, je ne parle pas que de handicap, j’en côtoie assez pour dire que c’est une question globale. L’argent d’ailleurs ne suffit pas toujours, la situation est telle en France, que même ceux qui ont de quoi vivre sont confrontés à des problèmes de logement, d’espace.
J’ai mis près de quatre heures à écrire ce texte, en gesticulant, debout, assise, accroupie sur la chaise, devant l’écran, vaquant de temps en temps à telle ou telle autre activité histoire de dérouiller le corps mal en point dans ces postures, à un bureau mal commode. Pour conclure, parce que je fatigue et que j’aspire à autre chose, je termine ainsi:
Tout autour de nous, règnent des discriminations si profondément ancrées que la majorité ne les voient pas, ne réagit pas. Nous vivons dans des espaces absurdes à l’idéologie univoque, les bâtiments, les espaces portent les représentations de soi, d’autrui, de la société de ceux qui les conçoivent. Souvent, ils ne profitent qu’aux adeptes du profit immédiat sans considération pour les besoins fondamentaux humains.
L’affirmation est radicale, je le sais, c’est un point de vue. Je reviendrai ultérieurement avec des références notables au- delà de ma simple expérience car mes questions s’alimentent aussi de ce que j’entends, de ce que j’observe alentour, de ce que je lis.
A suivre donc.
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Sen en turc signifie tu- toi. Quand j’ai choisi ce pseudo, j’étais en visionnage intensif du Voyage de Chihiro où Sen est le nom de Chihiro dans le monde des esprits où elle se retrouve coincée. Je savais au fond de moi que ce choix avait quelque lien avec la traduction turque mais je me suis cachée longtemps derrière Miyazaki. Comme je n’étais pas entendue au quotidien, j’ai écrit sur la toile avec l’espoir ténu que SeN y comprendrait ce qui ne passait pas dans la vraie vie. Finalement, cela a été le déclencheur de colères violentes jusqu’à des menaces et une rupture définitive à la rancoeur persistante. Je sens depuis un bon bout que ce SeN me dérange aussi, j’ai pris la décision de changer ce pseudo bientôt, au fur et à mesure de l’énergie disponible à ce laborieux et fastidieux ouvrage. Je n’ai pas encore trouvé de remplaçant à ce jour. Sachez néanmoins, vous qui me suivez depuis le début, qui me connaissez en vrai ou qui avez eu le courage de lire l’histoire, que le changement est imminent. Je tâcherai de faire au mieux, j’ai besoin de temps. Déjà, vous êtes avertis.
Cette volonté n’arrive certainement pas par hasard, il y a eu des verbalisations ces derniers mois qui montrent que la résilience est en marche tant pour moi que pour fiston. Paroles entendues, paroles dites, elles sortent et prennent sens. Ce changement de pseudo est l’aboutissement d’un long processus au bout duquel nous arrivons.
En relisant l’article, je réalise également combien le passage par le personnage de Chihiro a du sens dans mes intuitions d’autrefois confirmées depuis. Coincé dans un monde d’esprits, de chimères, est- ce ainsi que je percevais ce SeN avec lequel je cohabitais? Nous avons tous des stratégies pour répondre à nos besoins, celles des membres de cette famille leur permettent de continuer à vivre, elles étaient toxiques pour fiston et moi. Parallèlement, nos stratégies étaient dérangeantes, incompréhensibles, dangereuses pour eux. Pas étonnant que cela ait fini si mal.
Ils ont disparu physiquement de ma vie et par bonheur, je ne les croise plus bien que nous partagions quelques espaces type commerces. Leurs fantômes, incarnations de ce qu’ils représentent dans nos parcours nous hantent à des degrés variables notamment quand des rumeurs nous parviennent, quand d’autres m’en parlent, quand je passe dans ce village, quand des circonstances nous y ramènent. Changer ce pseudonyme est une étape supplémentaire, son choix sera révélateur. La gestation est en cours, son apparition entérinera notre mutation... nos guérisons?
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