• Aléas et contretemps.

    J’étais véritablement déterminée et volontaire quant à mes récits autour de la discrimination… comme pour tant d’autres sujets alors que chaque jour ne fait que 24h avec les besoins basiques répétés et les aléas inhérents à l’aventure de la vie. Celle-ci a rapidement  chamboulé mes projets et c’est avec un large sourire que je me répète continuellement qu’il y a bien de la vanité à croire que nous contrôlons quoi que ce soit. En même temps, vu la foule qui s’exprime, je balaie d’un revers de la main toute pensée sur un quelconque enjeu du blog. Tout cela est finalement très drôle.

     

    Que s’est- il donc passé?

     

    1. Mon garçon a entamé ses études supérieures en septembre.

    Je reste vigilante, attentive, exigeante et impliquée alors qu’il est majeur et d’une attitude formidable ( sauf pendant les vacances où il se laââĉhe!). Il en est très reconnaissant et nous partageons, discutons, avançons ensemble, chacun de notre côté au gré de nos circonstances, joyeusement. Il n’en reste pas moins que ces études en informatiques sont coûteuses, la bourse n’y suffit pas et j’ai déjà vidé un compte- épargne pour qu’il puisse débuter. C’est un investissement sur l’avenir car je lui souhaite d’échapper  à la pauvreté qui nous poursuit parce que nous sommes hors cadres constamment et sans soutien familial, ce qui n’est plus tout à fait son cas.  

     

    2. Le logement annoncé social BBC se révèle sous son véritable jour: un gouffre. Inadapté à notre façon de vivre, d’un espace contrariant, aux multiples malfaçons dont pâtissent tous les locataires, je me raccrochais à ces caractéristiques pour surmonter les limites financières le temps nécessaire. Tu parles! Le dernier décompte des charges a soulevé une vague de protestation générale et accéléré des départs. Lucide quant au poids d’un déménagement surtout dans une région où les logements accessibles sont quasi inexistants, je suis donc embarquée dans le paiement sur des mois de cette dette qui se répétera l’année prochaine dans une espèce de cercle vicieux dû à des absurdités administratives, des coûts locaux élevés, des installations inopérantes. Je dépasse d’une dizaine d’euros les plafonds d‘aides type FSL,  les sommes “prêtées” à des proches pour leur éviter l’expulsion ou les coupures d’électricité, d’eau il y a des mois n’ont pas été remboursées et ces mêmes personnes n’ont évidement pas les moyens de m’aider à recouvrer ces dettes. J’étais déjà précautionneuse avant ce rappel des charges, c’est devenu permanent désormais au point que parfois, je me demande si certains de mes besoins fondamentaux sont satisfaits.

     

    3. Les conséquences de Devic se sont exprimées violemment il y a quelques semaines. Prise dans le flot des événements précités, j’ai soigné de loin des soucis urinaires persistants avec les moyens habituels sur une dizaine de jours observant des variations entre aggravation et amélioration. Suivi un mal au point digestif et une forte fièvre comme je n’en ai plus eu depuis belle lurette qui m’alita brutalement. Avec un médicament pour la baisser, je restai à 38.4°, en dehors, je claquais des dents, tremblais comme une feuille dans la tempête et étais incapable de me mouvoir, de manger et encore moins donc de m’occuper de quoi que ce fut. Contrairement à mes habitudes, j’ai appelé à l’aide car j’étais d’une extrême faiblesse. Ma mère m’emmena chez le médecin où j’attendis que les quatre personnes précédentes passassent ou comment mesurer cette réalité: “Quand une personne est pleinement à son besoin, il n’y aucune place pour le besoin d’autrui”. j’étais couchée sur deux chaises, somnolente, couverte de plusieurs couches, claquant des dents et tremblante… pendant deux heures environ. Quand Colette, médecin hors compétition vit mon état, elle me gronda. Les patients précédents s’étaient dépêchés de la rejoindre, elle ne pouvait donc pas me voir depuis sa porte et je ne lui rappelai pas que la veille, elle n’avait pas entendu quand j’avais parlé de mes soucis au téléphone; elle était débordée à surdité sélective, comme tout un chacun. J’avais insisté le lendemain en expliquant mon état, demandant où aller, elle m’avait casé fort tard dans un emploi du temps surchargé, explosant ses heures de fins de journée. Séance d’acupuncture salvatrice sur tout le ventre et sermon sur mon arrivée un vendredi soir, avec des résultats de laboratoire reportés de ce fait à mardi. Antibiotique au hasard sans pénicilline vu que j'y suis allergique (très pratique) et ordonnance à multiples voies. La pharmacie de garde étant trop loin, je pris ce que j’avais sous la main à la maison et profitai des effets de l’acupuncture. Le lendemain, mon garçon s’occupa de tout: dépôt du prélèvement au labo, quête des médicaments à la pharmacie. Ouf!! Par contre, je gardais le lit continuellement, puisant mes rares forces pour aller aux toilettes ( et quelle galère le sondage quand corps et mains tremblent constamment!), n’avalant au mieux que l’eau à portée de main. Fiston grignotait quelques bricoles et m’apporta un peu de pain, de jambon sans savoir que faire, j’appelai ma soeur à la rescousse. Elle nous força à avaler quelques plats chauds alors que tout m’écoeurait. Ce fut salvateur car à chaque lever, je tournai de l’oeil… à cause de la faim. Une amie passa à l’improviste et nous gronda parce que nous ne l’avions pas appelée, elle l’aide- soignante. Oui, oui. Elle rangea un peu, à mon grand soulagement car l’appartement partait à vau- l’eau.

    Ce cirque dura trois jours et au quatrième, je pus enfin me lever, m’habiller, m’occuper du bazar avec l’aide de six comprimés de paracétamol. Au cinquième, j’allai travailler malgré les avertissements de tous. Heureusement, il y avait des renforts inopinés et mon message sur le tableau mis tout le monde à contribution: “Merci d'être particulièrement indulgent avec votre formatrice ce matin, je suis raplapla et mon cerveau ramollo”. Ils furent compréhensifs et patients alors que j’étais lente et mono tâche, néanmoins efficace et présente. Cela me fit le plus grand bien et quand mon collègue prit le relais, je recommençai à claquer des dents, il était justement  temps de rentrer.

    Au retour, penchée sur les résultats de labo et l’ordonnance, je compris: infection urinaire, foie et vésicule biliaire en détresse. Ben, oui, la moelle épinière abîmée au sacrum engendre des soucis d’évacuation nécessitant sondages et lavements, malmène une vessie initialement fragile, les organes de purge saturent des gros traitements médicamenteux anti- crise de Devic. Voilà un pan de la réalité des conséquences de cette maladie grave, ni plus ni moins.

     

    4. Nous subissons fiston et moi des vols répétés d’argent liquide dans notre appartement depuis plusieurs mois. Sporadiquement, aléatoirement, en fin de mois alors que je suis moi- même en budget fini, quelqu’un entre dans l’appartement, dévalise porte- monnaie, sac et sacoche de l’argent liquide qui s’y trouve, allant parfois jusqu’à prendre quelques misérables centimes, de jour, de nuit, en notre présence. Quand j’en parlai au début, fiston crut que je perdais la tête puis il lui arriva la même mésaventure avec un billet reçu en remerciement d’un service, un billet rangé dans sa sacoche, au pied de son lit, au milieu du capharnaüm de sa chambre impraticable. C’est déroutant, incompréhensible. J’avais bien remarqué que ma clef n’entrait plus si facilement dans la serrure auparavant, je sais que j’ai à changer le barillet pour tenter de nous protéger, ceux- là sont cependant particulièrement coûteux et au regard de la situation financière actuelle, c’est une dépense problématique. J’en ai averti mes voisins, l’une d’elle a subi le même phénomène, les autres ont changé et remis en état un système trois points qui ne fonctionne pas depuis le début des locations. Nous avons essayé, fiston et moi plusieurs stratégies: cacher les billets, les sacs, mettre un carillon bruyant à la porte, etc. Le souci est que ces vols sont aléatoires et il suffit que nous oublions les précautions supplémentaires à celles devenues habituelles (laisser la clef dans la serrure et fermer à double- tour en toute circonstance) pour que le phénomène réapparaisse. La responsable de l’immeuble n’accepte pas ma version, elle persiste à affirmer que c’est mon garçon qui prend l’argent… Se le prendrait- il à lui- même?  J’ai voulu porter plainte, l’agent qui m’a reçue a expliqué que cela ne servirait à rien, qu’ils ne feraient rien si j’étais la seule à en parler. De toute façon, comme il n’y a pas trace d’effraction, l’assurance ne prend rien en charge. Je suis écoeurée. ma situation financière est tellement serrée, je ne me permets aucun écart, je me prive de vitamines, canneberge et autres compléments qui seraient tellement bénéfiques et protecteurs au regard de mon état de santé .. et je subis ces vols des derniers deniers prévus pour les derniers achats alimentaires…

     

    5. Pour finir sur une note plus positive, je me suis lancée dans un projet de robe gothique d’inspiration victorienne. J’avais trois invitation pour fêter Halloween, autant en profiter. Le noir ne m’inspire pas bien que brillant, en tulle, voile, j’ai donc mis un temps fou à savoir ce que j’aimerais. Une amie m’a filé un coup de pouce en montant le tulle sur le mannequin et j’ai pu me lancer... en rajoutant un tissu rouge pour sortir du tout noir. Le costume est en plusieurs pièces utilisables ensemble, de différents manières et indépendamment. Je suis contente de moi. Malheureusement, je n’ai pu le porter parce qu’inachevé à la première invitation, la troisième a été annulée pour crise d’appendicite à intervention en urgence. Puisse la deuxième m’être profitable! Ce serait vraiment dommage de reléguer ce travail au placard pour une durée indéterminée. ( des photos viendront, peut- être).

     

    Au milieu de ce bazar pré- occupant, J’ai mis un temps fou à écrire cet article, j’avais pourtant besoin d’alimenter le blog, certains m’écrivent discrètement en dehors et cela me donne l’énergie et l’envie de continuer, je ne pouvais donc décemment pas le laisser en sommeil plus longtemps. Aux courageux cette longue lecture! En attendant la suite, parce évidemment, j’ai la caboche qui carbure et des années de retard… C’est malin…


    A bientôt?... Pas si sûr, la vie déborde et rien qu’avec mon ménage qui n’est pas fait depuis des lustres vu que je n’en avais pas l’énergie, ni le temps, j’ai un sacré chantier en vue. Quelqu’un pour venir filer un coup de main?

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