• Musiques du 13 novembre.

    Cette journée était d’emblée particulière, mouvementée, je m’y étais retrouvée entourée de personnes malmenées par des événements personnels venues se réfugier chez moi, cherchant l’écoute, l’attention et le soin que je sais donner. J’étais donc déjà remuée depuis plusieurs heures quand fiston, rivé à l’ordinateur de sa chambre entra catastrophé dès les premières informations dans le salon pour m'interpeller. Je  sus très vite ce qu’il se passait, nous qui n’avons pas la télévision.  

    Nous restâmes attentifs jusque tard dans la nuit, tétanisés.  Dans ma chambre, heureusement, je suis branchée sur France Culture et j’ai été ravie de ne pas subir le bombardement des informations en direct profitant des Nuits de France Culture. Je suivais via l’application du journal le Monde, refusant de regarder les vidéos ou d’entendre les témoignages directs. Non par lâcheté, ceux qui me connaissent savent que je n’en suis pas mais parce que je ne voulais pas m’effondrer dans les émotions brutes. Je ne pus que difficilement verbaliser ces quelques mots ailleurs, foudroyée par l’éclair des lendemains de terreur, il était 1h59, juste avant de m’écrouler dans un sommeil haché:

     

    Merde merde merde!!! Déjà ça pue! Je crains un écho en décembre ... Haine contre haine, intolérance contre intolérance, qui peut se réjouir de cette perspective? Je ne peux pas pleurer ni crier, j'hésite entre vomir et courir rappeler partout que nous avons aussi le choix d'aller vers la rencontre, le partage, la solidarité... Le monde est ce que nous en faisons, le monde est ce que nous pensons.  

     

    Au matin, j’étais retournée  par le flot de ce que je pressens, pensées d’hier et d’aujourd’hui, la fatigue liée aux émotions de la veille, aux événements, à une nuit écourtée et agitée par une vessie capricieuse. Pareillement, je refusais les images, les vidéos, les témoignages recueillis en direct, c’était trop insupportable, me déchirant le coeur et l’âme, me submergeant de larmes incontrôlables. Je leur préférais les émissions de France Culture avec ce recul caractéristique et les articles écrits. Cela n’empêche pas, loin de là, l’implication et des mots se sont agencés dans ma caboche. Il y a d’abord ceux- ci, en vrac pour évoquer ma bande son des événements, d’autres suivront, plus tard, quand j’aurai su les mettre en ordre.

    Voici donc ma bande son de ces derniers jours:

    Aux premières informations, alors que je comprenais ce qu’il se passait, il y eut Serge  Reggiani, Les loups sont entrés dans Paris en flash immédiat:

    Un long silence suivit car j’étais aux pensées que je vous rapporterai plus tard et tout à coup, ce soir, j’eus envie d’écouter Serge Gainsbourg, Aux armes et caetera car certaines paroles de la Marseillaise résonnaient d’un ton particulier à mes oreilles avec l’écho des attentats du 13 novembre.

     

     

    Et enfin, là, alors que le sommeil me rattrape, m’embrouille, c’est la voix de Jean Ferrat chantant Aragon qui met du baume à mon coeur.

     

    Pardon, je les préfère aux bruits des explosions, des tirs, des sirènes, aux cris, à la panique, à ces voix de témoins terrorisés, choqués… Mon ami Boris souffle à mon oreille alors que j’écris ces mots, je passe par un filtre pour rendre la douleur audible, l’art  permet de partager sans blesser autrui, de transcender afin d’aller vers la résilience. Nous en avons tous tellement besoin car nous avons tous désormais à cultiver la rencontre, le partage, la tolérance, la solidarité et surtout pas à alimenter la peur, la violence et la haine.  


    A suivre.

    « Eau au moulin. Discrimination. Résistance! »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :