• Le traitement faisait son effet. Je me re-trouvais capable de m'asseoir, de me mobiliser et de me re-dresser sur mes jambes. Ma vue restait très faible, je découvrais néanmoins des détails jusqu'alors invisibles ; certains traits de visages devenaient plus distincts, je pouvais reconnaitre les personnes d'un peu plus loin,  la lumière révélait à mes yeux des éclats insoupçonnés et la nuit tombée, je pouvais lire.

    Je re découvrais le monde qui m'entourait.

    A mon entrée dans le service de rééducation, je n'osais en prévoir la sortie. Se ferait-elle ? Ne serait- ce pas mon dernier lieu de passage sur cette terre ? Et si... dans six mois, dans un an ?   Mon état était tel que mon avenir se résumait à atteindre la fin du jour, à revoir une aube. Et pourtant, le traitement eut des effets que je ne crains pas de qualifier de miraculeux.

    Cette chance inouïe de vivre s'offrit en évidence après la première perfusion de mitoxantrone et l'arrêt de la chute me servit de tremplin vers de nouvelles perspectives. Evidemment, quitter ce formidable encadrement me pinçait le cœur, mais je voulais par-dessus tout retourner vers mon fils et SeN, dans une soif immense de profiter de chaque instant en leur compagnie, moi qui avait cru devoir les quitter à jamais quelques semaines plus tôt. Je voulais également retrouver toutes ces affaires que j'avais laissées à la maison, en plan. Après la deuxième perfusion en février, l'amélioration se confirma ; avec Solange, nous nous mîmes d'accord sur un retour au domicile dès que j'eus acquis la capacité de faire mes transferts et de me sonder moi- même .

    Bien qu'ayant réalisé l'inadaptation de la maison à mon état après ces deux mois en hôpital, je ne craignais pas le retour. J'étais en reconquête de moi- même, entourée de personnes compétentes qui n'imaginaient pas me livrer à une vie éloignée de moi. Et puis, surtout, j'avais la foi que SeN avait compris.

    Les sorties pendant les weekends de février avaient indubitablement assuré la transition.  Un lit médicalisé individuel était installé dans l'attente du double commandé des mois auparavant, le siège de bain avaient été prêté par les ergos dès fin 2006. S'ajoutèrent simplement une aide aux mères hebdomadaire et une équipe pour la douche quotidienne du soir. Je n'avais nullement tenu compte des doutes de SeN et demandé pareillement le macaron handicapé pour la voiture. Qui mieux que moi pouvait savoir ce dont j'avais besoin ? Il était hors de question que je me négligeasse pour des raisons d'apparence, de qu'en dira t-on ou de  peurs inconscientes de l'un ou l'autre.

    Par ailleurs, trois fois par semaine, je retrouvais également avec plaisir Raphi, Maud, Myriam en hôpital de jour. Nous reprenions nos activités ensemble après la parenthèse des deux mois et ce fut dans la bonne humeur que nous parcourûmes les mois suivants, occupés que nous étions à mes progrès moteurs et l'avancée de la mosaïque improbable. La certitude de continuer à revoir ceux qui s'étaient occupé de moi pendant l'hospitalisation me confortait. Dans les mêmes locaux, il m'était facile de les rejoindre au moindre trou de l'emploi du temps.  Systématiquement trop courts, ils n'en étaient pas moins précieux. C'est qu'il me fallait me partager entre les soignants du service et Michel d'Adelo dont je ne pouvais me détacher au fil des coqs sous le pinceau (voyez ici pour rappel) .

    Enfin, je rentrai en ce tout début de mars.

    Je constate que je ne garde presque aucun souvenir de ce retour hormis l'électricité heureuse de la préparation du sac final débordant de ce que SeN n'avait pas encore ramené et le vide soudain de la pièce redevenue impersonnelle. Un flottement pour tous.

     Chaque fois que je quitte un endroit, j'ai l'impression d'y laisser quelque chose au regard du temps passé. Un dernier regard, une dernière respiration, je tourne le dos poussée vers devant et ses milliers de possibilités. Une petite seconde qui s'imprègne dans ma mémoire, petite seconde aux conséquences insoupçonnées sur l'instant. La place réellement prise par les lieux que j'ai occupés ne se mesure que subversivement, par les rêves ou au  travers d'un autre lieu, plus tard. L'ensorcèlement était irréalisé à cette époque.

    A la maison, avec le lit adapté, je ne souffris plus de me coucher comme en décembre : avec le retour de quelques unes de mes capacités, je pouvais être autonome pour l'essentiel de mes soins quotidiens. Je constatai les progrès de SeN en cuisine heureuse de quitter les plateaux repas de l'hôpital avec ses emballage plastiques, ses saveurs molles et fades . Sa nourriture n'en restait pas moins rébarbative et je fis tout mon possible pour me remettre à cuisiner et agrémenter les plats de saveurs plus goûteuses. Je repris quelque pouvoir sur les achats  en écrivant les listes de courses, gourmande de retrouver le plaisir de savourer.

    J'essayais de remettre de l'ordre dans la maison, le linge avec l'aide d'Anne l'aide à domicile. Grâce à elle, je pouvais recommencer à prendre en main mon garçon qui se réfugiait dans sa chambre à l'étage quand il voulait m'échapper. Malin, il savait parfaitement qu'incapable de marcher, il m'était impossible de l'y chercher, Anne me soutenait dans les directives, les explications et fiston mesurait ces paroles issues de nos bouches, de la voix ferme et rieuse d'Anne.

    Prise de frénésie et de boulimie de rattrapage, je fouillais les tiroirs et placards à ma portée afin d'y retrouver tous les matériaux achetés depuis longtemps et pas ou peu utilisés. J'avais envie de produire, de produire, histoire de  faire la nique au temps que la maladie m'avait pris, de profiter de celui reçu contrainte par mes incapacités physiques. Inexorablement, certains activités bloquaient à cause de la vue ; coudre, broder, crocheter étaient impossible. Je me lançais en détour dans la peinture ré essayant au fil des semaines d'autres activités en test permanent de mes capacités. Je suis opiniâtre, obstinée et têtue, défauts des plus bénéfiques en des circonstances particulières. Que serais- je devenue défaitiste, peureuse, fuyante, molle ou inconstante ? 

    Cependant, la vie était loin d'être simple, je me battais sans cesse pour repousser les limites, pour me rapproprier le moindre millimètre de ma vie, de mon corps portée par un traitement efficace. Certes, je récupérai mais mes cheveux tombaient (pas les poils par contre, mince !), l'accumulation des perfusions me rendait nauséeuse et faible ; il me fallait chaque fois plus de temps pour encaisser le coup de la dose reçue. La nuit, je me réveillai trempée comme au sortir d'une douche, je me levais 3 ,4 ,5 ,6... fois par nuit pour aller aux toilettes, pour nettoyer, changer de vêtements et/ou le lit, me laver, le tout avec un fauteuil roulant et des transferts incessants. 

    Ma résistance à ces épreuves me dépasse.

    En plus de ces petits aléas médicaux, je me retrouvais dans les méandres de la vie de famille. Malgré ma présence physique, fiston souffrait de mes incapacités. Avec  ma vue faible, comment pouvais- je l'aider à faire ses devoirs, à lire ou signer les papiers de l'école ? Avec mon hémiplégie, comment pouvais-je me promener avec lui, avoir des activités extérieures, aller au cinéma, aux expositions, aux fêtes ? Comment pouvais -je l'assister dans les gestes quotidiens ?

    J'étais là, amoindrie, très loin de la maman sur tous les fronts avec laquelle il avait  grandi. Je restais enfermée constamment, aucun accès n'existant pour un fauteuil roulant. Ce n'était qu'avec deux porteurs que j'osais espérer sortir. Les journées passées en hôpital de jour en devenaient d'autant plus  bénéfiques à tout point de vue car nous ne faisions rien en famille.

    Surtout, reprenant mes marques dans la maison, je commençais à découvrir des détails auparavant invisibles et qui peu à peu me sautaient aux yeux. Le  laborieux chemin de la psychanalyse me menait vers une lumière cruelle, salvatrice et nécessaire.


    1 commentaire
  • En farfouillant de ci de là, je réalisai que le dernier article sur mes expériences alimentaires datait de plus d'un mois. Je dois avouer que l'opulence des festivités et le cérémonial du repas de fêtes avec ses traditionnelles préparations m'ont quelque peu refroidie dans mes curiosités, à moins que ce ne soit la crise de migraine. Je n'en sais rien. Toujours est- il que cette frénésie me ramène indubitablement vers ma propension à déposséder ( cf Michel Serre). Plus le temps passe et plus je reviens des rêves que la société fabrique, comme si ce qui se vendait et s'achetait m'indifférait de plus en plus. Je suis nomade finalement et l'idée de posséder mon lieu de vie m'étouffe, l'accumulation des objets m'encombre. Tant qu'ils n'ont pas d'attrait créatif, je m'en lasse facilement. Dommage que je sois agnostique, autrement, je serais devenue nonne...

    Néanmoins, je m'amuse à photographier les assiettes qui m'enchantent et je réalise que ce sont celles qui ont mobilisé ma créativité avec des produits simples et de saison dans des associations inhabituelles. Voici donc les quelques plats qui ont réactivé ma curiosité.

     

    -       Pour Noël, je voulais faire léger ; ayant discuté des possibilités poissons avec mon chauffeur grand chef, j'avais des filets de sandre en quantité suffisante. Je l'ai donc préparé en improvisation avec les moyens du bord et quelques idées prises sur le net. Après des coquilles saint jacques toutes prêtes (quand c'est bon et préparé convenablement, je ne me prive pas occasionnellement du tout prêt), j'ai servi des filets de sandre cuits au four avec des pommes de terre rate, de la choucroute au vin blanc et une sauce asperges /girolle. Bien qu'inhabituel, personne n'a rien dit et les assiettes se sont vidées. Le dessert a été apporté par ma mère, bûches chocolat ou fruits exotiques.

     

    -       Steack bio au programme amène des variations d'assiette individuelle. J'en ai assez des remarques et gesticulations à table, aussi, je fais le principal et laisse les autres accommoder à leur guise. Ici, la version fée avec riz et salade ,là,  version garçon avec riz, pâtes, maïs et purée de brocolis. Stéph a pris simplement des pâtes.

     

    -       Œufs au plat, mâche et polenta. Extra rapide à faire, je me suis régalée. La polenta est méconnue je trouve ; il n'y a pas que les pâtes blanches, le riz et les patates. Des œufs également, pochés et servis avec riz et épinards, cela changeait les habitudes. Mon garçon était surpris et n'a rien mangé tant qu'il n'a pas su comment je les avais préparés. J'ai versé sur les épinards du yaourt brebis/chèvre maison et des cubes de concombre dégorgés ; ce chaud froid donnait une originalité à l'ensemble qui me plut. ( Il a suffi que j'entende « Avec de la sauce tomate, comme le fait toujours ma mère » pour que je me lance dans une expérience différente, non mais !)  Il y eut aussi une omelette aux herbes avec choux fleur et blanc cuits.

     

    -       Délicieux rôti de porc Orloff avec du chou rouge aux marrons et du riz méditerranéen. C'était fondant et doux, mmmmmmm

     

     

    -       Comme le congélateur a besoin d'être dégivré, je le vide doucement. Le chou rouge en était et j'ai retrouvé un sachet de quetsches de l'année dernière ramassées chez le voisin. Une branche a cassé et il ne voulait pas ramasser des fruits non complètement mûrs. Ma mère avait rempli les bassines, je les ai nettoyées et congelées ; en d'autres circonstances, j'aurai fait de la confiture mais ces préparations  sont sujet à conflit ( je raconterai en d'autres temps). J'ai décongelé un sachet et ai préparé une tarte tatin en caramélisant les fruits gorgés de jus avec du sucre complet. Saupoudrée de poudre d'amande, elle était succulente et Stéph s'est étonné de ma préparation, soit- disant qu'il ne s'attendait pas à cela de ma part. Ah ?

     

     

     

    -       Cure de choux, légumes de saison par excellence. Déjà cités plus haut, je les ai servis cru ou cuit, râpé, avec du boudin noir et de la purée, des paupiettes de dinde et une poêlée pommes de terre- carotte, des bouchée aux noix de saint jacques/ reste de lotte dans une sauce au basilic. Ou encore en salade mêlée avec des endives, des champignons et de la mâche. Qui ose dire qu'il n'y a pas de salade en hiver ?  

     

     

     

    -       A propos de la queue de lotte, ce fut un vrai régal que cette préparation toute simple. Cuite au four, lentement, j'ai déglacé le plat avec du jus de citron  et servi avec du riz basmati et du chou blanc cuit. Qu'est- ce que c'était bon !

     

    -       Côté poisson, nous avons également découvert avec plaisir les filets de harengs fumés accompagnés de salade de pommes de terre cornichons et oignons.

     

     

     

    -        Suite à des soucis de frigo, endives et mâche ont congelé dans leur boite. Ne pouvant me résoudre à les jeter, j'ai décidé de faire une soupe. Quand en hiver le jarin est sous la neige ou que les herbes sont recroquevillées, j'ai trouvé là une possibilité de soupe d'herbes fameuse ! Quelques pommes terre et bloum, un coup de mixer. Bon, d'accord, je  l'ai mangée seule, les hommes étaient peu attirés par la couleur et la légère amertume des endives; tant pis pour eux !

     

    -       Des pâtes d'épeautre avec des lamelles de truite fumée et des épinards en branche, recette de Stéph que j'ai améliorée de quelque huile et herbes, c'était trop sec et un peu fadasse. Je salue tout de même ses progrès et ses quelques efforts dans les préparations, quand il s'y met.

     

    - Jours de frigo vide :  je ne trouvai que deux tranches de jambon blanc et des endives. .. pour trois. Envie d'endive au jambon frustrée ? Ah non ! j'ai émincé les endives et le jambon et les ai mélangés dans un plat. Sauce béchamel à ma façon avec lait de soja, maïzena et bouillon versée par-dessus et hop, au four. Stéph n'en est pas revenu ! Dans le même registre, j'ai fait un mélange des restes avec des œufs durs ; j'ai versé du riz, des petits pois et de la julienne de légumes dans une sauteuse ; mitonné quelques minutes, c'était presque un plat complet si la quantité avait été suffisante. Et toujours une p'tite salade d'hiver avec.

     

    En conclusion, je dirai simplement que ces articles me permettent de confirmer mes intuitions quant à nos modes alimentaires et mes choix culinaires. Je crois être connectée sur les saisons, les températures et la météo, les produits de saison simples et basiques. Ma famille n'a pas des origines paysannes sur plusieurs décennies pourtant (des ouvriers du textile,  des commerçants). Je suis dégoutée des produits raffinés et je préfère manger quelque chose de très simple au goût affirmé que des tas de trucs variés en forme et couleur, stéréotypés en saveur. Quelle chance toutefois d'avoir accès à une telle diversité ! L'effort supplémentaire qui semble nécessaire ne fait décidément pas le poids face à la satisfaction gagnée.

    Par ailleurs, je constate que la morosité à table est révélatrice d'une morosité plus générale ; manger sans plaisir avec des mangeurs moroses rend la vie morose. Il m'arrive d'avoir plus de plaisir en étant seule avec mes petits gueuletons qu'avec certains qui passent en coup de vent, se chamaillent et tirent la g... ou avec des grands tralalas pratiqués par certains devant des assiettes pas terribles mais dénommées telles parce que faites dans le resto de la copine des bobos du coin. Pfff

     

    Allez, tout cela n'a vraiment aucune importance et c'est un privilège que de penser à autre chose qu'assurer son prochain repas.  


    1 commentaire
  • Voici le texte qui m'a entrainée dans la note aux paroles de fée d'hier...


    Sortie acheter le pain au passage de la camionnette bihebdomadaire, elle rentra les bras chargés et s'agenouilla pour défaire ses chaussures. Il vint de sa démarche nonchalante et d'une voix désabusée, le ton ironique, lança :

    -       Ah tiens, bonjour ! Que me vaut ta visite ?

    Elle, toujours agenouillée, incapable de rester la bouche fermée, rétorqua sur un ton plaintif exagéré, feignant la supplication, le regard noir :

    -       Oh, dis, tu veux bien m'héberger quelques temps, je n'ai nulle part où aller ?

    -       Grumpf, pourquoi faire ? Je ne sais pas, enfin, pas vraiment... puisqu' on ne s'entend pas.

    Elle se releva, accrocha sa veste au porte-manteau et avant de tourner les talons, en haussant les épaules, lâcha dans un éclair, comme toutes ses réparties :

    -       Nous ne risquons pas de nous entendre puisque nous ne nous parlons pas.


    C'est une évidence.


    Etonnant non ? 





    1 commentaire
  •  


    Pour l'anecdote, en boutade à certains. Hihi

     

    Il est des circonstances dans la vie d'une fée qui attisent en elle son côté maléfique.

    Non qu'elle soit particulièrement vilaine, elle n'est pas fée des agrumes pour rien, acide, piquante, cinglante (j'avais prévenu à l'accueil). Ses sorts passent par le lancer de répliques virulentes à toutes perches tendues par ses compagnons de route, temporaires, inopinés, constants ou permanents. Ici était une première approche.

     Nombreux sont ceux qui s'y frottent avec plus ou moins de réussite. Mes amis aiment expliquer à ceux qui me découvrent combien je peux dérouter au premier abord, me rendant détestable ou très éclairante. Ou on aime ou on déteste, au moins, tout est clair d'entrée de jeu. Pourtant, est -il possible d'en vouloir à une personne qui ne triche pas et se montre telle qu'elle est, se fichant éperdument de l'hypocrisie généralisée ? Authentique.


     Parce que fée des agrumes remuera ciel et terre pour faire votre bonheur,  parce qu'elle ne manquera pas de remettre à sa place quiconque joue ses grands airs d'égos ou se dévalorise outre mesure, parce qu'elle n'en rate pas une pour dire ce que personne ne veut entendre ou ce petit truc qui enchantera votre instant, fée des agrumes a les caractéristiques  prêtées aux fées.

    Ambivalente, je suis profondément humaine avec pour mon malheur, une lucidité du regard et une intelligence vive vouées à l'humain et ses comportements.


    Ainsi, les petits riens quotidiens prennent tout leur sens et des évidences occultées s'éclairent sous les feux des étincelles verbales.  Elles parsèmeront donc mes allers et venues en ces lieux sans prétention d'être importantes ou utiles, simples dévidoirs et règlements de contes. Il y a aura également quelques perles d'autres êtres féeriques qui ont su dire ce qui importait en cet instant clouant le bec de la fée et l'éclairant grandement sur ses propres travers et faiblesses.


    Quête du sens évidente.

     

    Avez- vous lu l'introduction à ce chapitre avec sa musique?  Revenez y par là   



    1 commentaire
  • Il y a longtemps que ce  sujet me trotte dans la tête, comme tant d'autres qui  vont et viennent dans les méandres de mon esprit aiguisé et réactif. La nourriture a ses enjeux, les objets, les lieux pareillement, toutes nos représentations tiennent de nos ensorcèlements du monde respectifs avec ses rencontres et ses frictions. Le monde n'existe pas en dehors des projections que nous faisons de nous- mêmes sur chaque parcelle de l'interne et de l'externe. Le jardin n'échappe pas à la règle.

     

    Mes plus beaux souvenirs d'enfance tiennent au jardin, qu'il soit potager chez ma grand- mère maternelle avec ses senteurs et ses saveurs de rhubarbe ou  groseilles à maquereaux, ou qu'il soit sauvage comme celui de la grand-mère paternelle avec ses cerises, fraises et oseille sauvages, ses violettes et ses noisettes. Pourtant, je n'ai pas connu le jardin personnel en raison des chemins empruntés où le pavillon individuel et son jardinet n'ont pas de place. J'ai tenté quelque jardin loué qui n'a pas abouti en raison des circonstances de la vie. Tant pis. 

     Je suis venue vivre dans cette maison il y a quatre ans attirée par le petit bout de terre serré entre deux routes. Une envie folle d'en faire un lieu de plaisir et de joie m'a amenée à échafauder des projets en pagaille sans appréhension pour la quantité de travail à fournir. Pourtant, force est de constater que les esprits chagrin n'ont rien compris à ma démarche et c'est contre vent et marée que je me suis lancée dans l'aventure.

    Vous remarquerez en regardant les photos ci-dessous que ce jardin était d'une tristesse affligeante. Les sempiternels thuyas qui bouffent toute la terre à leur pied rendant impossible d'autres plantations à leurs côtés, le gazon affreusement stérile et vide de toute naturalité, le sapin trop grand sur ce tout petit terrain, plus haut que la maison (un choix désastreux qui gâche la beauté de l'arbre) le béton en allée droite et austère.  Evidemment, je ne l'aimais pas sous cette figure, lugubre et monotone.

    Le rêve du petit pavillon avec son gazon propret et sa haie de thuyas pour cacher la pseudo intimité et/ou ses massifs bien délimités et rangés me dégoûte. Où sont les potagers ? les arbres fruitiers ? Je déteste ces jardin stériles, stéréotypés et fades, façade d'une quête de rêves impersonnels et fabriqués par je ne sais quelle bonne moralité.



     

    Ce sont des photos numériques 2008 de photos argentiques 2004, je ne sais pas faire autrement.

    Il y a déjà quelques prémices de mes travaux éparpillés; bac à sable du fiston, bac à compost à qui nous avons fait la fête fiston et moi quand je l'ai installé, des petites plantes en pot ou en terre. Mon bazar était entamé ...

     


    5 commentaires
  • 1 et 2 en amont. 

     

    Pied de nez absurde de l'existence, après quelques mois dans notre charmant logement, SeN nous annonça que la maison que louaient ses parents se vidait; les locataires partaient en juin et il  pensa  y  emménager à leur place. L'espace étant suffisant, il me proposa de le rejoindre. Je restai interdite, son dernier refus m'avait profondément atteinte et je ne me sentais pas l'envie de  recommencer un autre déménagement moins de 5 mois après le précédent. Et nous étions si bien. Il ne me pressa aucunement, me proposa de venir dans un premier temps visiter, je me sentais perdue, tiraillée, mes nuits se firent agitées.

    Je parlai avec fiston qui fut emballé à l'idée de vivre « comme les autres » : une maison, un petit jardin, un « papa » et une maman... peut être une fratrie à venir, il avait bon espoir. De mon côté, l'idée d'avoir un petit bout de terre me tentait, je rêvais de légumes, de fleurs, d'herbes aromatiques... bah, pourquoi ne pas aller voir ?

    Je me souviens de notre arrivée sur le pas de la porte, fiston et moi étions tout excités. Une maison, un jardin ? Cela nous paraissait si inaccessible !  Je sonnai et SeN entrouvrit la porte lentement, nous trépignions. Je frémis sur le seuil.

    Frémissement de mauvais augure : la maison qui s'offrit à moi me glaça le sang.

     

     Je vis un couloir sombre et lugubre, un séjour mauve et jaune du plus mauvais goût, une autre pièce au bleu délavé, une cuisine ringarde et laide des années 60/70 en formica avec des mélanges douteux de gris, noir, brun, des sols dépareillés, une salle de bains tout aussi criarde, un étage mal disposé. Aucun placard, des vieilles fenêtres, la route de chaque côté, pas de place pour garer la voiture, une vieille cave plus que désolée... La maison ne me plut guère, il y régnait une tristesse et une lourdeur des plus désagréables.  Je vis également l'immensité des travaux à venir : papiers, peintures, sanitaires, sols, fenêtres, toit, sous- sol... Je me retrouvai face à un choix dantesque. Je pensais à SeN , à mon garçon, aux biens matériels... je m'écartelai seule.

    «  Je n'ai pas envie de vivre là dedans ! Si je n'y vais pas, SeN ne voudra pas aller ailleurs et je ne pourrai pas être avec lui. Fiston devra encore changer d'école alors soit nous venons cet été soit nous attendrons une année... SeN se meublera et que ferons- nous de nos appareils en double ? Et c'est plus grand, et il y a le jardin.. oui mais c'est aussi la maison des parents de SeN, comment peuvent évoluer les événements en cas de difficulté ? Ils sont adorables, cependant, ils resteront toujours ses parents et nul ne sait ce qu'il vaut tant qu'il n'est pas confronté réellement aux difficultés... ». Je passai des heures et des heures à y réfléchir. SeN ne voulait pas décider pour nous aussi me laissa t-il à mes questions sans rien imposer.

    Finalement, poussée par la matérialité de la vie au quotidien et ma naïveté sur l'amour qui nous unissait, je pris le pari de tenter l'aventure, m'imaginant facile de repartir si l'expérience se révélait désastreuse. J'imposai toutefois de changer cette cuisine horrible. SeN accepta du bout des lèvres, ses parents, propriétaires ne comprirent pas cette exigence, je ne lâchai pas prise.

    Il y eut quelques travaux de rénovation type papiers et peinture auxquels je consacrai des heures et des jours ,travaux sales et pénibles, souvent seule : gratter le papier peint vieux de trente ans que je mouillai avec un pistolet à eau géant emprunté au fiston parce que certains plafonds sont à quatre mètres, poncer les deux couches de papiers de la cuisine + le plâtre, nettoyer l'escalier de l'entrée de ses mousses au vinaigre, farfouiller dans la cave, le grenier afin d'y trier et ranger quelques vieilleries, poncer les planchers à vitrifier, briquer de ci de là... Quelle conne j'ai été quand j'y pense ! Je passai également des heures avec le peintre embauché pour les finitions et nous devisâmes longuement sur l' état des murs, de la maison. A sa façon, il confortait certaines de mes intuitions sans que cela ne me mit du plomd dans la tête. 

    Finalement, nous emménageâmes dans une désorganisation qui ne me sied guère et je me raccrochai à toutes les possibilités à venir.

     Fol espoir éphémère.   


    1 commentaire
  • Mon fiston, à bientôt douze ans, est un dévoreur de bandes dessinées et autres livres ; curieux, ouvert, il est avide de découvertes. Quand j'ai perdu la vue en août 2006, il prit l'initiative de me faire la lecture me sachant attristée de ne plus avoir accès aux curiosités écrites du monde. Ainsi, il me lisait chaque jour un chapitre ou quelques pages tant que je ne pouvais le faire de moi- même... Bon, d'accord, il me lisait ce qui lui plaisait sans trop se soucier de mon intérêt ; c'était parfois très gonflant ; l'intérêt était ailleurs finalement et ce lien avait tout son sens, malgré ses quelques décisions arbitraires. Je le vécus sous cet angle, simplement.  Cette habitude lui est restée partiellement quand un écrit le touche et qu'il a envie de le partager avec moi, enthousiasme pas toujours partagé, je l'avoue quand il s'agit de certains vrais sujets de garçons...

     Au club Contes auquel il participe au collège, une surveillante conteuse ouvre les voies de l'esprit par le biais de lectures dont je reçois systématiquement les échos chaque semaine. Comme elle ne lit pas l'intégralité de l'œuvre, le fiston file au CDI pour l'emprunter et le dévorer dans les jours qui suivent. J'ai pu profiter du Fantôme de Canterville d'Oscar Wilde avec grand plaisir, c'était drôle et une belle entrée en matière à cet auteur dont je n'avais encore rien lu . Il y a quelques jours, il me parla d'un autre livre très drôle qu'il tenait ABSOLUMENT à partager. Je n'y prêtai pas attention et un soir, alors que j'étais fatiguée, il entama la lecture malgré mes protestations « Maman, je suis sûr que ça va te plaire, j't'assure ! ». Gros soupir. Je lâchai prise et il commença. Plus il avança, plus j'accrochai et je devinai un petit livre fort.

    Oscar a dix ans et habite à l'hôpital. Il s'entend à merveille avec sa Mamie Rose qui lui rend visite régulièrement. Oscar a un cancer. A partir d'une idée insufflée par Mamie Rose, il écrit une lettre chaque jour à Dieu où il raconte son parcours, pendant douze jours, ses douze derniers jours.

    C'est beau, c'est émouvant et terriblement drôle ! Les couillons de nains qui croient que Blanche- neige est morte, les infirmières qui entament des airs d'opéra quand elles ne sont pas contentes, le médecin qui prend des airs de chien battu quand il s'avoue impuissant, Dieu dont Oscar ne sait rien et principalement son adresse, Mamie Rose ex- championne de catch, ses compagnons et camarades de jeu ( Bacon, grand brûlé, Einstein à la tête enflée par l'eau qu'elle contient, Pop corn le garçon trop gros, Peggy blue bleue à cause d'une maladie... ), ses parents impuissants et maladroits, la vie, la mort, le don, le prêt et l'émerveillement, la gouaille d'un gamin qui égrène son existence en douze jours pour arriver à 120 ans . Magnifique réflexion sur la condition humaine pleine d'humour et de répliques surprenantes. Une surprise que je ne suis pas prête d'oublier tant ce petit livre faussement simple recèle des trésors d'humanité, de pudeur et de drôlerie. A lire aux enfants, à lire pour soi, à partager sans modération.


    Comme le dit mon ami Boris, c'est par des intermédiaires que nous pouvons parler de nos traumas sans effrayer l'écouteur volontaire ou non, c'est par l'art, le cinéma, la littérature, la musique, la création d'autres que la résilience peut s'entamer. Aborder les questions délicates de la maladie, de l'hôpital, des séparations et de la mort est possible avec ce genre de petit livre précieux. Salvateur pour mon fils et moi, il a de quoi l'être pour qui a la chance de le croiser sur son chemin.


    1 commentaire
  • (Mettez une musique gaie à votre convenance )

     

    La surjeteuse est une machine spéciale complémentaire de la machine à coudre ; elle permet de faire des finitions soignées et de travailler des tissus particuliers tels que le stretch, les extensibles, les voilages, par exemple.

    Il y a plusieurs années, je m'en suis achetée une, toute folle à l'idée des capacités qu'elle recèle. Bon, j'ai pris le modèle de base, les autres étant décidément trop couteuses pour mon petit budget. Elle a pourtant roulé sa bosse à un rythme effréné incapable que je suis de me contenter d'acheter des trucs tout faits.

    La voici donc, MA surjeteuse (obsolète et dépassée désormais)


    Et ce qu'elle permet de faire :


     

     

    Voici maintenant l'enfilage interne :


     

    C'est un vrai casse- tête à vous faire vous arracher les cheveux quand il y a un couac !  Je passais des heures à enfiler à travers les aiguilles, les anneaux, les pinces, les pivots et autres chemins tordus. Un ratage et tout vous pète à la figure au premier tour de manivelle ! Les modèles à enfilage simplifié sont, vous vous en doutez, beaucoup plus chers... Bref, perdant la vue, je perdis la capacité à l'enfiler ce qui me pinça le cœur (longues semaines sans possibilités de coudre  ... pffff... Bah, j'ai fait d'autres travaux)

     

     La machine à coudre a un accessoire pour placer le fil dans le châs de l'aiguille ; il ne m'avait pas du tout intéressé quand je l'ai achetée... La vendeuse m'avait dit : «  Vous verrez qu'un jour, vous serrez contente de l'avoir ! ». Je n'y ai pas prêté attention et maintenant, avec la maladie, je me souviens, à chaque enfilage, de cette phrase... Béni soit cet enfileur !

    Seulement, cette facilité n'existe pas sur la surjeteuse et le pauvre SeN a passé des heures, à son tour, exaspéré et en colère à enfiler cette surjeteuse qu'il déteste !  Le premier modèle à enfilage simplifié est à presque 900 euros ...  Finalement, même le fiston s'y est essayé et pendant des mois, je n'ai rien pu faire avec cette machine... qui finalement avait une pièce cassée... Scrogneugneu !   

    Réparée, elle est revenue et je l'utilisais avec parcimonie, me privant de ses avantages, de crainte de n'avoir personne pour remettre les quatre fils en place.

     

    Aujourd'hui, poussée par mes dernières expériences couturières, je n'ai pas résisté à surjeter mes pièces en tissu éponge.  Surfilée (faire en sorte que le tissu ne s'effiloche plus) et rasée, le travail final est nettement plus agréable à l'usage comme à la vue. Par un concours de circonstances malheureux, mes fils lâchèrent et je me retrouvai affreusement seule devant ma machine inutilisable à mi- parcours. Stéph au travail et le fiston indécollable de son jeu, il ne restait que moi et mes pauvres yeux. Sans m'énerver, avec pour seul objectif d'essayer afin de ne pas rester les bras ballants dans une attitude fataliste que je hais, je commençais ma tâche... Un fil, puis deux en suivant le petit schéma où je ne distingue pas le trait noir du vert, cela semblait être correct. Restaient les aiguilles et le minuscule fil à glisser dans deux châs... humm mm. Je jouais sur les lumières et les ombres, me tournais dans des positions acrobatiques en collant mon nez près du couteau de la machine (j'aime vivre dangereusement finalement hihi). Je pensai avoir réussi, aussi, j'installai tissu, pied et mains, et appuyai sur la pédale m'attendant au lâchage des fils...

     

    « Hééééééééé, ça fonctionne parfaitement !!!!!! Le point est même plus régulier qu'avant. !!!!!!!!!!  »

     Je trottinai comme une folle vers mon garçon et en sautillant, je lui annonçai la GRANDE nouvelle ... qui le laissa indifférent, plongé dans son jeu de stratégie.  Ce fut à peine si je ne dansai pas de joie !!!!!!  Mes yeux, mes yeux me le permettaient ENFIN après des mois de brouillard ! Yeahhhhhh !


    Je soupçonne le Qi Gong de contribuer grandement en l'amélioration de mon état, ce qui relève de mon pur ensorcèlement... et puis, de toute façon, ça m'est égal ! c'est la fête !!!!!!!!!!!!! et je la partage avec vous, inévitablement.

     

    MERCI LA VIE !



    1 commentaire
  •  

     

    Si quelques lecteurs masculins tiennent à lire cet article, je leur tire mon chapeau parce que je vais aborder un sujet qui préoccupe majoritairement les femmes bien qu'l y ait des hommes papa et des incontinents (peut être plus qu'on ne le croit.)

    D'abord, quelques chiffres et le sujet sera évident :Un nourrisson a besoin d'une tonne de couches- culottes avant d'être propre.

     

    Rien qu'en France, en tenant compte du nombre de femmes réglées, de 15 à 49 ans utilisant 3 protections ou tampons par jour pendant 4 jours (et c'est peu je trouve) tous les mois, cela fait 2 304 000 000 protections jetées chaque année.

    Ajoutez- y également les protège-slips changés selon les usages de chacune plus les protections urinaires aux tailles variées et usage divers pour hommes et femmes âgés ou non. Dans le privé et le milieu médical.

     


    Imaginez le nombre de ces déchets sur la planète !


    J'ajoute que  cette production est très polluante, monopolisée par 3 groupes uniquement. Bon, je ne veux pas m'étaler sur les chiffres effrayants que soulève cette problématique, il y a dans ces quelques lignes de quoi faire réfléchir.


    Quand mon fils était petit, j'étais effarée par ces paquets de couches si coûteux et surtout par les gros sacs poubelles puants et encombrants qui se succédaient inexorablement ; je n'avais néanmoins aucune alternative. Plus tard, dans une salle d'attente, je vis une annonce pour les couches lavables et après m'être renseignée, je m'étais juré qu'avec un autre enfant, j'y passerai sans me poser de questions. Ce n'est pas arrivé.


    Avec la maladie, je me suis retrouvée incontinente et perpétuellement gênée par cette conséquence inhérente aux troubles neurologiques.  Je vis à nouveaux les déchets s'accumuler et j'essuyais quelques réflexions sur le coût des protections comme si j'avais besoin de quelqu'un pour m'en rendre compte, m... ! J'aiguillai vers des sous- marques dans un premier temps et je continuai  mes recherches de ci de là sur des changes lavables pour adulte. Heureusement, une de mes amies utilise des couches lavables pour son bébé et j'en discutai avec elle lors d'une de ses visites; elle me montra les différentes parties et m'expliqua que ce n'était pas tellement de travail ;la technologie était aussi passée par là ; les couches lavables n'ont plus rien à voir avec les langes de nos ancêtres. Imperméables, super absorbantes, elles ont de nombreux avantages. (Il y a beaucoup de sites sur le net à ce sujet, il suffit de rentrer couche lavable dans un moteur de recherche). En plus, elles peuvent être fabriquées maison ce qui est loin de me déplaire. Je lui dis alors que je cherchais un produit similaire pour adulte et elle m'aiguilla sur Internet où elle avait vu des protections pour bébé ET pour maman.  Je me hâtai de rentrer protection lavable pour adulte dans un moteur de recherche et me renseignai en comparant les prix. Comme d'habitude, je me remuai les méninges pour trouver le moyen d'en fabriquer moi- même, réfléchissant aux textiles à utiliser : un molleton imperméable ? Quelle matière pour absorber ? Comment fixer l'ensemble ? etc.  Et pfuit, comme par enchantement, avant que je ne commandasse, je trouvai un lien pour fabriquer soi- même ses protections !! Tout était clair désormais et je profitai d'une sortie pour aller chercher du tissu imperméable.  Un mètre en deux couleurs... pour 6 euros, de quoi en faire des dizaines !  Je récupérai une vieille taie d'oreiller toute douce pour le voile intérieur, de vieilles serviettes éponges usées pour l'absorption et je tentai l'aventure. 

    Comme c'est simple à faire ! (cf. en bas avec également des adresses fort utiles) Pourquoi n'y ai- je pas pensé avant ?  Mes premières petites protections terminées, pas folle, je tins absolument à les tester sous le robinet et je constatai avec une grande satisfaction combien elles étaient efficaces. Il est évident que je ne vais pas m'arrêter en si bonne voie et tous les gabarits suivront très prochainement, je réfléchis chaque jour aux  adaptations à mes besoins et mon mode de vie. Par ailleurs, j'ai trouvé des protections lavables  plus absorbantes en cas de gros pépins sur le net ; mon test à gros flux sous le robinet avait été probant et je me sens déculpabilisée de les avoir. Finie la peur d'en manquer ! Finie la peur de jeter l'argent à tour de bras dans ces produits à usage unique en produisant des tonnes de déchets ! Je crois en la communauté humaine et en nos responsabilités respectives les uns envers les autres ; cette démarche va tout à fait dans ce sens.


    Voici mes premiers travaux, la coupe et la préparation des pièces :


    Et là, les premières terminées :



    Vous constaterez que je me suis amusée à faire des finitions en jouant sur les fils rouge et blanc et ne me suis guère ennuyée à faire des ourlets, un simple bourdon autour et basta ! Pour les fixer, j'ai mis des boutons pressions sur certaines (j'ai vidé mes fonds de tiroirs), du velcro pour les autres. C'est vraiment très pratique,!!!!!  Je  les savonne au marseillais, les rince, les essore puis les mets à sécher; le lendemain, c'est prêt pour une nouvelle utilisation: zéro déchets!        

     


    Je brûle les étapes de ce blog pour vous les montrer car la récupération de mes moyens physiques se révèle par mes activités « créatrices ». Là, je vous montre la « fin ». Cependant, je suis tellement contente que je ne peux pas attendre !


    Il existe des solutions alternatives à ces produits typiques de la société de consommation... et en plus, c'est très économique.

    Couche lavable pour bébé, coupe en silicone pour les règles, protections périodiques lavables, changes lavables pour adultes complets ou non contre l'incontinence ( à fabriquer en ajustant la taille évidemment  ou à acheter sur des sites style natureldiscount.com) Quelques liens seulement pour ouvrir la voie aux intéressés parce que le sujet est facile à trouver sur la toile.

    A bon entendeur !


    Ps : mon appareil photo numérique a eu qq problèmes et je ne voulais pas publier sans vous montrer mes œuvres. Scrogneugneu... d'où plusieurs jours de silence inhabituels... bêtement


    1 commentaire
  • La famille.

    Comment définir ce mot ? A-t-il seulement la même signification pour tous ?

    J'ai lu  Serge Hefez, Quand la famille s'emmêle. Étrangement, ce livre réservé au bibliobus est arrivé alors que je l'avais oublié. Il survient sur un champ balayé par les événements, le terreau formé de mes recherches anciennes, labouré par la psychanalyse. Sa lecture est si éclairante, si fertile.

    Psychanalyste spécialisé en thérapie familiale, je l'avais entendu à la radio présenter son travail à la Pitié Salpêtrière. Comme mon ami Boris, j'ai accroché à sa voix, ses mots et la curiosité m'a portée vers sa bibliographie. Cet ouvrage est le premier d'une série à venir, je crois. Il y expose des exemples concrets de famille rencontrées en thérapie et au fur et à mesure ce qui lie ces êtres, dans leurs schémas inconscients, souvent anciens, intergénérationnels et comment la thérapie transforme le non dit insidieux et destructeur en possibilité de relation apaisée.

     Amour et haine se côtoient dans toute relation générant une ambivalence, à la base entre la mère et son enfant nouveau-né.

    Idéalement, cette ambivalence est intériorisée au fil des années puis l'adolescence permet la remise en question de l'héritage parental pour se le réapproprier personnellement, se détacher.

    Idéalement, le gendarme intérieur se construit grâce à celui construit par les parents afin de ne plus avoir besoin d'eux pour se protéger.

    Idéalement, ces cheminements permettent l'individualisation qui entraîne l'autonomie. Devenir soi pour ne plus fusionner avec l'autre, savoir faire la différence entre mes émotions et les siennes, différencier mes besoins, mes désirs des siens, savoir qui je suis...  j'en oublie.

     Idéalement, oui... mais ce n'est pas toujours possible. Alors, par excès d'angoisse suite à un trauma occulté, par excès de projection de soi sur l'autre suite à un ratage dans sa relation au parent, par excès d'amour, excès de haine, de soi, de l'autre, par les jeux répétés depuis longtemps, les êtres s'enchevêtrent et deviennent incapables de se séparer. Malgré les années, les distances, les choix apparemment différents, certains endossent des destins d'ancêtres par loyauté envers cette famille qu'ils craignent de trahir, dont ils craignent d'être rejetés et plus aimés. Ainsi, ils deviennent ce quelqu'un, ce fantôme, ce fantasme rêvé par toutes les parties du groupe. Les liens se tissent, se serrent, deviennent étouffants, destructeurs, auto destructeurs et les vies sont tourmentées, jalonnées de tristesse, de violence, de souffrance. Plus elles sont sourdes, plus le retour est virulent. Les drames surviennent tôt ou tard souvent par des chemins détournés, souvent par les enfants,  leur  adolescence.

    Que la famille soit classique ou recomposée, adoptante ou avec naissance médicalement assistée, mono, homo ou hétéro parentale, la problématique est la même partout parce que chacun des membres baigne dans un univers mental et psychologique commun. Le poids d'un idéal de vie réussie par le bonheur conjugal et familial rend la tâche de vivre ensemble d'autant plus difficile et ardue parce que nous avons tous intériorisé ce mythe de la famille idéale  qui n'existe pas et n'a jamais existé en dehors des fantasmes et représentations morales.

    Familles baignant dans un univers mental traditionnel où dominent les hommes et se séparent les sexes, où le groupe prime sur l'individu, où la société conditionne les vies de chacun, familles de transition où la discussion est intégrée mais la soumission à l'ordre encore prégnante,  familles contemporaines où la société n'intervient plus et où chacun ré- invente sans cesse la façon de vivre ensemble ,  la définition  de famille... Discours réactionnaires sur la chienlit actuelle et le rêve d'un retour à des valeurs  anciennes prétendument salvatrices (Ah si nos ancêtres pouvaient seulement imaginer donner leur avis sur leur condition de vie en famille ! Les moralisateurs  d'aujourd'hui seraient bien décontenancés de les entendre et repartiraient soit dans des délires soit la tête basse).

     L'obligation d'être heureux et en harmonie, vivant tous dans un bain d'amour sans tâche empoissonne nos vies, culpabilisatrice de nos tâtonnements incessants dans la relation à l'autre. Cela n'existe que dans les histoires mièvres. (D'ailleurs, ces prétendues familles parfaites, je les appelle avec ma sœur les bisounours ou les schtroumpfs, hihi.. vilaines que nous sommes). Plus l'image est lisse et proprette en surface, plus la violence est sourde et puissante; l'explosion n'en sera que plus terrible. Au lieu de juger, il me semble plus intelligent de se poser, de regarder, de chercher à comprendre, de défaire les nœuds, de soutenir quiconque prend la peine de se détacher de ses chimères afin de rendre la vie de tous plus sereine, moins violente et de surtout reprendre le dialogue, ensemble, tranquillement. Il est toujours temps de déculpabiliser et de responsabiliser.

     

    Le sujet est vaste et j'en parle certainement mal à travers le prisme de mon ensorcèlement. Je ne peux que constater à nouveau combien nous sommes tributaires de notre inconscient, combien il est le seul maître à bord et avec quelle vanité nous osons nous imaginer plus forts que lui avec notre petit mental, nos raisonnements et nos contes.

     

    Nous sommes tous embarqués dans de frêles embarcations sur une mer déchaînée.


    1 commentaire