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Au bibliobus, à chaque passage, je me jette follement dans le rayon musique avec mes goûts bizarres et mon éclectisme habituel. Cette semaine n'échappa pas à la coutume.
J'ai pioché Brel, Nougaro, Maurice Chevalier, Aznavour, Bashung avec des percussions d'Afrique et des îles du Pacifique, du gospel, des chants Sioux Lakota, des comptines d'Afghanistan, de la musique chinoise, vièle Erhu, des chanteurs de la république de Tuva, la musique des films de Chaplin et des textes lus de Colette à Lorca ou Gary... J'ai réservé tous les albums de Papa Wemba en stock pour le prochain passage. Il y a tellement de choix que je repars à chaque passage avec une vingtaine de disques Hihihi. Evidemment, je n'oubliai pas quelques livres de travaux manuels et des BD pour mon fiston qui les dévore à une vitesse incroyable. Retour avec un sachet de plusieurs kilos ! Je suis terrible et incorrigible.
Dans la journée, je me suis plongée dans ma bibliothèque musicale créée sur l'ordinateur (sans téléchargement illégal, j'ai trop mauvaise conscience). Peu à peu, j'y ai ajouté quelques nouveautés de Souchon à Bowie puis quelques unes de mes bizarreries. Ce faisant, il me vint l'envie d'écouter Amadou et Mariam et je me mis à danser sur ces airs africains entrainants ... en tricotant, s'il vous plait. Suivirent de la musique nord africaine, des percussions d'Afrique, des îles Salomon, du Brésil et me voilà partie dans un de ces états de grâce qui me prend quand j'écoute les musiques que j'aime. D'abord, je dodeline de la tête, suivent les épaules et rapidement, je me mets à danser plus ou moins vivement selon mes possibilités du jour.
Mes pensées vont à travers le monde et je pense à tous ceux que je croise dans ma vie, je voyage d'un bout à l'autre du globe : tour de France, Togo, Mali, Maroc, Algérie, Tunisie, Turquie, Géorgie, Europe centrale, Russie, Ukraine, Norvège, Chine, Corée, Brésil, et j'en passe, j'en passe. Ce matin, en écoutant le crooner Aznavour (surprenante et amusante découverte avec cet emprunt à la Médiathèque), je pensais à Coq ; en écoutant Nougaro, je pensai à Elodie. Décollage sans limite avec mon émission favorite, la planète Bleue dont je collectionne les compilations de musiques improbables. (Grâce à mes recherches au bibliobus, j'ai même réussi à trouver des albums d'artistes dont parle Yves Blanc ! Incroyable !)
Voyez- vous, par exemple, il y a deux jours, mon chauffeur était un réunionnais Nous nous attendions chacun dans un coin sans savoir que nous nous attendions l'un l'autre, nous nous sommes trouvés par hasard ce qui me fit bien rire et je remarquai son accent des îles. Je lui dis que j'aimais la musique créole, l'heure de retour se fit ainsi au son de chansons de là- bas. Avec nos conversations sur son vécu, cet interminable trajet me permit de voyager au- delà du volume de la voiture et illumina la corvée des longs déplacements vers quelque chose d'autre que du commerce. Ceci n'est que l'exemple le plus récent de ce(ux) qui jalonne(nt) mon petit chemin de vie, éternelles rencontres.
La musique me transporte vers d'autres et ce partage irrationnel me donne l'illusion de me rapprocher d'eux malgré les kilomètres qui nous séparent. C'est surtout en ces instants de grâce que je sens bouillonner en moi cet espoir dans le genre humain, cette utopie de la communauté humaine riche de ses différences. Bientôt, je vous raconterai un événement très significatif de ce que ces états de grâce engendrent chez moi et vous réaliserez combien ils me portent, au sens figuré, comme au sens propre. Mes paroles ici ne sont jamais superficielles.
Je vous quitte en écoutant un mélange incroyable de reggae et de raï qui explose de vie. Je ne peux pas le partager avec vous, Deezer est quasi vide de ces mélanges improbables dont je raffole tant. Je vous mets juste Natasha Atlas et une reprise de I put a spell on you pour les curieux et/ ou les amateurs/ avec derrière la version de Nina Simone, pour le contraste...
Bon dimanche à tous, dans la grâce, avec la musique que vous aimez.
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C'était dans cet état d'esprit que je commençais cette année 2009 et c'est avec un certain amusement que je constate à quel point la vie s'offre à moi avec d'autant plus de générosité.
Je n'avais rien prévu à Nouvel an et j'ai passé une très agréable soirée avec mon amie Magali et sa famille, nous avons pu rentrer sans encombre malgré le froid. Il y eut aussi cette invitation, chez mes amis le 1er janvier, qui me remplit de joie et de plénitude.
Je ne m'impose rien dans l'effort physique et j'ai pu mener quelques promenades sans conséquence fâcheuse. Quelques bonjours lancés dans le village accompagnés de vœux ont trouvé des oreilles étonnées et j'ai reçu des retours en tout point de vue chaleureux. Se plaindre de l'égoïsme et de l'enfermement de chacun sur soi en s'enfermement soi- même sous prétexte de se protéger de ces soit- disant égoïstes ne mène nulle part. Que celui qui peut recevoir reçoive. Que celui qui peut donner donne. Ils finiront par se rencontrer, pour leur bienfait respectif.
Nous n'avions pu partager le réveillon comme prévu avec Chantra (encore une ancienne stagiaire avec qui s'est établi un lien d'amitié, origine thaïlandaise) et finalement, nous avons passé une très agréable soirée le 3 janvier autour de spécialités thaï qu'elle a préparées pour nous tous. Nous sommes restés jusqu'à 2 heures du matin partant malgré nous, poussés par le temps qui s'écoule. Je crois que tant les enfants que les adultes ont été ravis de ce moment mémorable. Même Stéph, peu loquace d'habitude a participé et profité des conversations enthousiastes.
Il y a treize ans que le père est mort et sa succession s'éternisait chaque année dans un éternel déterrement et ré-enterrement au gré des courants d'air administratifs, judiciaires. J'avais décidé en décembre d'agir, lassée de ces incessants remue- ménage des morts. Rendez- vous chez le notaire accompagnée de deux membres de la famille sur qui je peux compter. Là, je trouve ENFIN des réponses à mes questions et une solution ; je lis l'apaisement également sur les visages de mes compagnons. Ce dossier compliqué et rébarbatif était délaissé par le notaire qui déclara ne pas avoir eu envie de s'y mettre ( ). Grâce à mon initiative, du moins je l'ensorcèle ainsi, il a été contraint de ressortir le dossier et de notifier les faits successoraux. Quelques démarches suivront et normalement, l'affaire sera réglée dans les prochains mois. Le deuil pourra se terminer alors ... enfin, je l'espère. J'ai fait ma part ; ma sœur et moi n'héritons de rien, je passe donc le flambeau aux personnes concernées, elles en feront ce qu'elles voudront. J'ai mes réponses, advienne que pourra pour le reste.
Et il y a toutes ces petites choses banales qui se succèdent : les marques d'affection inattendues, les mots qui s'échappent et les dialogues établis sur des sujets délicats, ces surprises comme la carte venue de Norvège ( Ah oui, Sabine, j'aimerais vraiment venir vous rendre visite !) ou sur des petits riens comme ce catalogue que je voulais voir depuis des années et qui débarque subitement, gratuitement dans ma boite aux lettres (du matériel de création beaux arts et loisirs créatifs héhé), ces films arrivés dans la maison tout à coup pour notre plus grand bonheur quand certains ne sont guère coutumiers de ce genre d'attention...
Etrange et fugaces impressions.
Peu importe le temps que cela dure, je regarde simplement ce début d'année du coin de l'œil avec un sourire discret sur les lèvres d'autant que les très lents progrès de la vue me permettent de reculer peu à peu de ce que je regarde.
Attendre de l'autre ce qu'il n'est pas prêt à donner ne mène qu'à la frustration et l'impasse.
Attendre de la vie ce que je désire chimériquement ne me permet pas d'avancer sur la voie de la connaissance de soi.
Attendre inconsciemment ce que j'ai la possibilité de chercher moi même n'a rien à voir avec attendre patiemment en pleine connaissance de cause.
Ce n'est pas le désir, moteur de vie qui est critiquable, c'est ce que j'en fais à vouloir ce qui n'est bon ni pour moi, ni pour les autres.
Qu'importe les événements, je chemine.
Bien qu'elle paraisse effrayante, cette voie est riche d'enseignements inestimables.
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La première perfusion avait arrêté la descente, la deuxième mi février me permit de tenir assise indéfiniment, d'abandonner le fauteuil électrique pour un fauteuil manuel et de reprendre possession de quelques moyens élémentaires tels que me laver, m'habiller en partie. Il était convenu avec Solange qu'un retour à la maison n'était envisageable que quand je serai capable de me transférer et de me sonder seule. A la vitesse où le traitement faisait effet, j'avais bon espoir que mon hospitalisation ne durât pas très longtemps.
Dans ce service, tout était adapté et j'étais si bien, entourée, occupée, choyée, heureuse de re- vivre. Pourtant, mon garçon me manquait et je le savais isolé tant dans le village que dans la famille de SeN; certaines phrases dites, certaines attitudes observées auparavant ne me rassuraient pas. Certes, sa mère prenait grand soin de lui, ils s'entendaient et fiston était ravi en sa compagnie ; SeNfaisait certainement de son mieux également, je n'en doutais pas, pris qu'il était entre ses obligations quotidiennes, son travail et les longs longs déplacements pour venir me rendre visite... Malgré tout, je ressentais le besoin de rentrer et de reprendre en mains l'éducation de mon fils, j'avais lâché trop longtemps noyée par la souffrance et l'idée d'une mort prochaine. Désormais, l'espoir d'être encore là pour lui et de lui transmettre ce que je pouvais me tenait.
Par ailleurs, avec l'expérience de l'hôpital, je réalisai l'inadaptation flagrante de la maison à mon état. Cette situation m'était d'autant plus choquante que l'ancienne propriétaire avait vécu là dedans pendant 15 ans hémiplégique avec pour seule aide son mari. Je ne comprends toujours pas comment ils ont pu faire. Enfermée, sans accès pour le fauteuil tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, sans sanitaire adapté, complètement dépendante, le dévouement absolu de son mari qui finit par mourir d'un cancer, elle avait été ensuite placée dans une maison de retraite où elle vécut encore plusieurs années. Je ne pouvais pas imaginer me retrouver ainsi, à la merci du bon vouloir aléatoire d'autres. Non !
Le lit médicalisé deux places n'était pas prêt après des mois de commande, aussi, un lit une place avec matelas adapté fut demandé en attente. Je discutais avec l'assistante sociale, les ergo, les médecins pour organiser la vie quotidienne dans le handicap. Faire venir une infirmière, une équipe pour la toilette, une aide aux mères pour la gestion domestique. Les petits gestes élémentaires de la vie sont ceux qui manquent le plus dans cet état. Il me fallut batailler ardemment avec SeN pour ne pas céder à ses craintes. Il n'aime pas le changement dans son quotidien, ses petites affaires, ses habitudes et encore moins que des étrangers entrent chez lui; il se targua de pouvoir tout gérer lui- même. Il était hors de question que je me laissasse gagner par ces angoisses irraisonnées, nous avions besoin d'aide et je ne voulais pas me retrouver face à ses fatigues, exaspérations et agacements, je ne voulais pas être tributaire des humeurs inévitables de l'entourage confronté à une situation difficile. Fin février, envers et contre tout, le cadre s'organisa. Le programme en hôpital de jour s'élabora à nouveau.
J'eus quelques pincements au cœur inévitables : Cathy avouant en mangeant la charlotte au chocolat en ergo que je leur manquerai , Marie Jo semblant remuée quand je lui dis que je ne serai plus là à son retour de vacances, quitter Elodie car elle ne s'occupait que des personnes hospitalisées à temps plein. Comme Noémie, Marie, les soignants du service, je me réconfortais de les savoir proches ; à mes yeux , je ne les quittai pas complètement ( ils sont d'ailleurs toujours là, en moi) Et puis, j'allais retrouver Raphi, les ambulanciers, la maison, quelques coquetteries du fait de mes affaires à portée de main, la psychanalyse. Je passai à un autre chapitre, gonflée des richesses des deux derniers mois passés en si bonne compagnie. Une nouvelle bataille se préparait, je le savais mais aucune peur n'avait de prise, je me sentais prête à affronter d'autres tempêtes.
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Aujourd'hui, recette médicinale transmise par ma voisine, vue à la télévision turque où un médecin vient donner des conseils tous les vendredis.
Prendre un pot ou un bocal qui se ferme bien, y verser 500ml d'eau. Y ajouter une tête d'ail entière, à peine écrasée de la main, la fine peau ouverte sans l'enlever, un citron coupé en deux, une moitié entière, l'autre débitée en quartier. Couvrir d'un torchon ou de papier alu/ journal et maintenir dans l'obscurité totale sans ouvrir ; remuer simplement chaque jour. Au bout de 10 jours, filtrer.
Ce liquide obtenu se boit à raison de deux cuillérées à soupe dès que vous sentez venir un rhume ou un refroidissement, tous les jours si nécessaire en période de frigore. Radical, je vous assure ! Sous immunosuppresseurs en permanence, je suis très prudente sur les petites maladies anodines qui prennent des proportions effrayantes chez moi et ce remède m'aide grandement à rester tranquille sur le plan orl. La moindre goutte au nez me fait prendre la dose de ce jus.
J'ai utilisé les gousses d'ail et le citron pour cuisiner sans problème. L'acidité du citron fait fondre la peau de l'ail dans l'eau et je n'ai qu'à les écraser avant de les incorporer à mes préparations. Pas folle la bête !
Prenez soin de vous, comme dirait un certain qui se reconnaitra.
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Elle cherche un carnet, poussée par l'envie d'y écrire ce qui la traverse en ces jours où le corps traîne un malaise diffus et le retrouve derrière un canapé. Viennent quelques mots Ce qu'il y a à vivre, il va falloir le vivre.
Brutalement, un jeune médecin lui annonce l'inéluctable échéance, « Il vous reste tout au plus six mois à vivre ». Le couperet tombe. Alors, elle décide d'écrire au fil des jours cette aventure qui la mènera à son ultime expérience de vie.
Après le choc, passent les étapes du deuil de soi et de l'avenir au-delà de ces six mois en va- et- vient, l'imminence de la vie qu'il reste, l'urgence à la vivre pleinement. La souffrance et la douleur sont évoquées de ci de là, avec sobriété et pudeur, les peurs allant et venant, fatalement. Elle leur donne sens dans une marche extraordinaire vers une merveilleuse transition menant ailleurs Toute chose, aussi minuscule, insignifiante soit-elle dans le quotidien est transfigurée, devient sublime, de cette grandeur de la vie que nous ne voyons pas dans l'agitation quotidienne. Chaque personne devient lumière d'amour et de générosité car dans ces circonstances tous s'accordent le droit d'aimer complètement, sans frein.
Parce que la marche vers la mort s'accompagne d'un dépouillement progressif, s'opère un retour vers l'intérieur de soi et l'essentiel : cette caresse, cette fleur, ce mot, ce bruit, ce goût, cette couleur, cette odeur et surtout, principalement ce lien à l'autre qui nous habite. L'être s'ouvre au monde abattant les murs aveugles d'une vie sans fin, l'être s'ouvre à lui- même et l'immensité de l'univers en soi.
C'est un terrible contexte de mort et de souffrance, de déchirement et de séparation et pourtant, ce livre est un trésor d'humanité, il respire l'amour de la vie, un amour qui traverse chaque pore de la peau, d'un amour qui entre, d'un amour qui sort. Récit bouleversant à l'écriture fine et subtile, j'envie à cette femme sa foi en un après vie, en un dieu d'amour qu'elle évoque sans lourdeur, sans nom, sans préjugés ou dogme.
C'est de Michel en Adelo que j'y suis venue, presque par hasard. Il l'a connue, rencontrée et cette femme dégageait un rayonnement extraordinaire, hommage à la vie, hymne à sa gloire et sa beauté, ode à sa préciosité. Ce dernier livre de Christiane Singer est l'aboutissement d'une vie consacrée à faire re découvrir ce bien unique et merveilleux qu'est notre vie, la richesse que nous portons tous au creux de notre être. Est-il judicieux d'attendre d'être tout près de la mort pour le réaliser enfin ?
Je suis la personne la plus importante du monde,
leitmotiv à se répéter chaque matin, c'est urgent, croyez moi.
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Ce fut dans un brouillard épais que j'émergeai ce matin de ce réveillon et les idées me venaient avec lenteur. Pourtant, j'ai dormi suffisamment d'heures d'une traite sans avoir à me lever sous quelconque prétexte ... J'ai lu l'enthousiasme et l'espoir chez beaucoup, la désillusion de certains. Nous aimerions tant tous que cette nouvelle année soit plus ou au moins aussi belle que la précédente. Les vœux sincères remplissent les pages et j'ai du mal à dire quelque chose d'intelligent.
J'avais cherché ces derniers jours à m'échapper de la maison afin de commencer la nouvelle année en bonne compagnie. Nombreux furent ceux qui ne sortaient pas de chez eux, ceux qui ne savaient pas il y a deux jours ce qu'ils feraient de leur soirée. L'idée de me retrouver ici entre ces murs me perdait entre fureur et abattement. Non, je refusai de rester là. Grâce à un concours de circonstances, j'ai pris contact avec mon amie Magali hier matin et nous avons convenu de passer ce réveillon ensemble quand aucun projet ne se réalisait de chaque côté ; plutôt que de rester seul chacun chez soi, autant saisir l'occasion de se retrouver. Partage du repas et arrangements en cas de mauvais temps balisèrent la logistique sans accroc. Ce fut une belle nuit simple et sereine.
Mon fils était ravi d'être là surtout avec son grand ami le mari de mon amie, lui, l'entrepreneur chinois toujours sur le qui vive qui savoure ces festivités à la française, entre foie gras et Sauternes, huîtres et bonne compagnie. Ils ont joué ensemble et échangé ce qui ne se dit pas, la barrière de la langue poussant à d'autres expressions. Fiston s'est également occupé chaleureusement de la petite fille de nos hôtes âgée de trois et demi. « Quand il se sent accepté et aimé, il sait très bien y faire » nota judicieusement ma mère quand je le lui racontai.
J'ai pu discuter et échanger avec mon amie trop rarement vue en raison de mon incapacité à me déplacer et de ses obligations quotidiennes de jeune mère de famille le plus souvent seule. Au milieu des fumées entre brouillard et feux d'artifice, nous avons regardé et écouté les pétarades sur la ville. Quelques minutes d'une respiration profonde qui permet de poser l'an passé et d'entrevoir l'espoir des possibles de la nouvelle année. Respiration fugace, inévitable.
Quelques coups de fil, quelques messages en-chantèrent mon portable avec sa sonnerie d'oiseau et son squiche annonceur de message. J'eus les larmes à l'œil d'émotion en lisant ceux de fidèles qui malgré les mois de silence, d'absence continuent à me saluer chaque année. Je me nourris de ces amitiés fidèles de la même façon que ces flux d'énergie qui me traversent en pratiquant le Qi Gong. Cette après- midi a couronné l'ensemble grâce à une sortie auprès d'amis de 25 ans. Ils ont 79 et 77 ans, simples paysans d'une autre génération, avec leur fille qui a inébranlablement été présente pour échanger nos ressentis. Avec eux, j'ai cherché les vaches au pré, fait les foins, l'herbe, j'étais cahotée dans la remorque du tracteur, nous avons joué dans leur grange et partagé des repas simples et chaleureux. Ils ont adopté mon garçon qui voue un attachement très profond à son pépé. Ma fatigue a disparu en leur compagnie, je suis repartie de chez eux emplie de joie de vivre.
Mes pensées vont vers tous ceux que j'ai croisés et qui m'apportent tant de nos rencontres parfois fugaces. Je mesure la foule qui m'habite et me sens grande de leur présence. Les chimères du passé semblent s'apaiser, se taire devant la richesse et le recul pris ces derniers mois. Je suis dans l'instant, sans regret ni attente.
Finalement, je n'espère rien pour la nouvelle année, je prends mon temps afin de profiter pleinement de ce qui m'est donné. Je bois la vie, je la respire à pleins poumons. Aussi, s'il y a des vœux qui me semblent dignes d'être dits, je vous souhaite à tous d'être pleinement dans votre vie maintenant. Que le désespoir ne vous gagne pas à force de penser à ce qu'il pourrait arriver ou sur ce que vous auriez dû faire. C'est réellement le pire que je vous souhaite pour cette année, semblable à toutes les autres, cette année dont j'espère que vous la ferez vôtre.
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J'ai rencontré Caroline à l'hôpital en juin 2006 et elle reste une personne précieuse à mes yeux bien que nous ne nous voyions que trop peu. Revenue du Sénégal avec une pneumonie, elle se faisait soigner pendant que les médecins galéraient sur mon cas. Nous avons sympathisé et je le considère comme une amie. Son diplôme obtenu et rétablie, elle est repartie au Sénégal où elle œuvre avec les enfants des rues afin de leur donner la chance d'avoir une vie moins dure. Elle me fit la grande surprise de venir me voir en rééducation où elle m'avait raconté ses aventures africaines passées et surtout à venir. Nous nous étions retrouvées comme de vieilles amies séparées la veille.
J'ai reçu d'elle un message l'an passé sur une association qui lutte contre le phénomène des enfants des rues. Je ne peux pas faire grand-chose hormis répondre aux appels lancés par cette association.
J'avais été marquée par un enfant de la rue en Russie en 1990. Pieds nus, en guenilles, il avait repéré notre groupe de jeunes occidentaux et était venu mendier. Comme nous ne comprenions pas immédiatement, il s'était agrippé à la jambe d'une jeune camarade et ne la lâcha pas tant qu'il ne fut dérangé par la venue d'un agent de police. Il détala à grande vitesse aussi vite qu'il était arrivé. J'avais été marquée par les images des enfants de la rue dans le Cauchemar de Darwin ne supportant leur condition que grâce à la colle qu'ils inhalaient.
Et combien d'autres...
J'ai particulièrement été choquée par un petit reportage sur M6 au sujet de la femme d'affaire qui a fondé Tartine et Chocolat, marque « haute couture » pour bébés et jeunes enfants. Fortune faite et reconnue pour sa réussite, elle a pris deux ans de vacances et est allée en Mongolie. Elle racontait comment elle avait été choquée par les enfants mongols obligés de dormir dans les égouts en hiver pour avoir un peu de chaleur et comment cette vision avait changé sa vie. De retour en France, elle a vendu son affaire et vit désormais à la campagne (j'ai oublié où, dans le centre, je crois) avec une maison d'hôtes où tout est simple et naturel. Finalement, elle en a fait un lieu de tourisme très coûteux où viennent quelques vedettes en villégiature. Re business. Je n'ai vraiment pas compris en quoi cette attitude pouvait changer quelque chose à la condition des enfants mongols. Est- elle vraiment très conne ou est- ce le reportage qui est très con ? Par cette dénomination relative à la connerie, je pense à hypocrisie, opportunisme, pseudo moralité de gros riches qui utilisent la misère des autres pour se donner bonne conscience, éloge de ces riches montrés en exemple de réussite... Reportage écœurant à mon avis. Révoltant.
Par contre, cette association agit dans le silence sur le terrain et il y a du travail souvent réalisé avec peu de moyens. Donc, je fais le lien.
A bon entendeur.
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Et voilà, c'est passé.
Avec l'alarme de lundi et cette foutue migraine, j'ai pris bien du recul face à ces festivités et c'est avec un certain étonnement que je constate mon détachement face à des chimères passées. Sans attente particulière, je me suis simplement axée sur le partage et la présence d'autres, physiques ou en pensées. Les tourments de ma mère rejoués incessamment par la nourriture, les travers comportementaux d'autres ont glissé sur moi parce que la migraine de lundi était suffisamment pénible pour me rebuter dans ma capacité à faire l'éponge psychique. A quoi me sert- il de me rendre malade parce que d'autres refusent d'ouvrir les yeux et/ou me renvoient incessamment à des blessures profondes ?
Complètement inutile, inefficace et improductif.
J'ai donc mangé avec modération et plaisir, écoutant les signes du corps, mis des mots sur des enjeux de nourriture et essayé de trouver une issue non culpabilisante à certains fonctionnements anciens. J'ai fait quelques cadeaux simples à ceux dont je savais qu'ils aimeraient ce cadeau- là et non parce que c'est une tradition ou un devoir. Je me suis surtout fait des cadeaux à moi- même. J'ai été gâtée des présents et des absents, des pensées de tous, de la place qu'ils ont pris dans mon univers mental. J'ai aussi eu le plus beau des cadeaux avec la visite surprise de mon amie Idil. De passage dans la région avec ses enfants, elle était là devant ma porte comme envoyée du ciel. Une heure ou deux, un thé de Noël, en précieux bienfait de la vie. Trop peu de temps pour se raconter nos aventures des derniers mois, un temps si riche de la présence physique de l'autre, du son de la voix, des gestes et des attitudes. La chaleur de ces amitiés incompréhensibles. Parce que c'était lui, parce que c'était moi disait Montaigne avec tant de justesse.
Alors, ici et maintenant, je mesure la valeur de ce Noël, l'un des plus sereins de ma vie. Rien n'a changé, j'ai changé. Je regarde le monde d'un autre point et m'étonne des errances passées sans issue qui ne mènent qu'à la frustration. Pourquoi attendre d'autres ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent donner ? Pourquoi espérer qu'ils changent quand il s'agit de me changer moi- même ? Pourquoi prendre sans trier ce qui se déverse de l'un à l'autre alors que je peux choisir ce qui est bon pour moi ou non ?
J'ensorcèle la migraine de la magie de mes pensées afin de lui donner le sens d'un signe, d' 'une mise en garde préalable dans le but de me protéger de ce qui dévore de l'intérieur par des messages inconscients perçus dans la relation à l'autre. Joli conte de Noël.
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Je suis dans le cirage et j'ai quelques difficultés à aligner des idées claires sous les doigts au clavier. Ma tête tape encore de ci de là et quelques hauts me soulèvent le cœur pendant que mon estomac crie sa famine régulièrement :
j'ai fait ma deuxième migraine digestive six mois après la première qui m'avait fauchée subitement en quelques minutes.
C'est un effet secondaire du traitement de suite que je prends chaque jour dans l'espoir de laisser dormir la maladie.
Tout a commencé dimanche soir après la bûche pâtissière aux trois chocolats. J'ai senti presque de suite que j'aurais dû écouter l'intuition qui m'avait soufflé « Attention » ; j'ai voulu être polie envers la personne qui avait amené le gâteau. Un vague sentiment d'écœurement généralisé me prit l'âme. J'eus du mal à m'endormir et dans la nuit, je me réveillai trempée, suant à grosses gouttes. Ces manifestations existaient avant la maladie quand je mangeais quelque plat trop sucré ; avec la chimio et/ ou la maladie, il m'arrive souvent de me réveiller inondée sous ma propre sueur sans raison apparente, réaction corporelle devenue anarchique. Une atteinte du système neuro végétatif, peut être, ont pensé les médecins. Il est très désagréable de se réveiller ainsi, de se changer dans le noir et de retourner dans un lit mouillé, le froid de l'humide traversant la peau violement. J'ai essayé des astuces souvent contrecarrées par le caractère aléatoire de la manifestation, cela ne change rien. Je me rendormis donc après les changements en pensant au programme de la journée du lundi imaginée chargée des tâches ménagères hebdomadaires nécessaires.
Réveil vers 7h des plus désagréables : je descendis prendre mes médicaments. Noyée par une fatigue lourde, je décidai de retourner me coucher avec l'idée de me lever lentement une heure plus tard. A presque 10 heures, ce fut mon garçon qui s'étonna de me trouver encore au lit, je tentai un lever plus énergique. Les odeurs de la cuisine me soulevèrent le cœur ; pressentant la migraine, je pris immédiatement le traitement prescrit lors de la première par Colette (médecin homéopathe très efficace). Arrivèrent les disputes habituelles à propos de broutilles encore et toujours. J'avais beau dire stop, rien n'y fit ce qui n'arrangea nullement mon état. Je quittai la cuisine dans une rage à peine contenue afin de m'isoler et de retrouver un peu de sérénité. Quelques minutes plus tard, après un câlin de mon fiston gêné, je retournai en cuisine où je ne pus avaler qu'un thé de Noël aux épices et un demi -yaourt + lait de soja. Seule et tranquille dans la cuisine, je me nourris très peu et restai assise là, sans bouger, dans un abattement qui ne me ressemble guère. Je trainai en peignoir, ne sachant pas vraiment où me mettre. Je regardai Basil détective privé avec mon garçon ce qui me fit rire un peu. Je remarquai également la qualité des dialogues au vocabulaire des plus châtiés, rien à voir avec la pauvreté de trop nombreux produits pour enfants. Ensuite, je réussis à avaler un bol de bouillon et deux cuillères à soupe de riz complet. Comme j'étais invitée à me secouer et à m'habiller, je tournai les talons et à la surprise de tous, remontai me coucher sans me préoccuper des questions et réflexions qui fusaient.
Tout l'après midi se passa dans un état de sommeil vaseux, je me surpris régulièrement de mon endormissement au réveil brutal consécutif à un bruit, une parole. Les heures s'écoulaient, je dormais et ne répondais plus aux appels. SeN cherchait de la fièvre et voulait me fourguer son sempiternel paracétamol, un léger agacement dans la voix ; fiston venait me faire des petits bisous inquiets. La nuit tomba.
Je sentais que les granules me soulageaient légèrement après la prise, mon état se trainait malgré eux à mon grand désarroi. Rien de mon programme n'avait pu être concrétisé et je n'arrêtai pas de dormir et dormir ; je ne me levais que bousculée par des pipis impérieux m'extirpant de ma torpeur. La nuit tombée, je restai sur le canapé dans l'attente d'un mieux qui ne vint pas constatant à nouveau qu'en cas de faiblesse générale, ma vue s'amoindrissait systématiquement. SeN était démuni et me demandait que faire. Mon ventre commença à grogner, j'avais faim et j'y vis un bon signe, une envie de tisane et de biscottes m'étreignit. L'odeur des œufs me donna envie de vomir et je décidai de prendre ma douche. SeN me guetta par crainte d'une chute. Avec ce traitement immunosuppresseur, le moindre microbe, la moindre infection prend des proportions démesurées chez moi et il m'est souvent arrivé de perdre connaissance, subitement pour un rhume, une gastro ou un refroidissement ; SeN le craint à chaque alerte. J'étais glacée sous l'eau chaude et je ne pus attendre d'avoir un repas prêt, je devais me coucher de suite. Il préféra m'accompagner, mes jambes chancelaient et volaient dans tous les sens, les escaliers en devenaient dangereux à ses yeux. Je me couchais en peignoir et m'endormis très vite, assommée.
Vers 22h 30, un pipi urgent me précipita au rez- de- chaussée ; je tenais à me brosser les dents et le temps de mettre le dentifrice sur la brosse, je me sentis défaillir ; SeN, arrivé à cet instant s'exclama que j'étais toute blanche et je me couchai dans l'urgence sur le tapis de la salle de bains, incapable de me relever. Après quelques interrogations, je décidai de manger un ou deux abricots secs qui me firent du bien, j'avais tout simplement faim. Je me repris et allai manger quelques biscottes dans la cuisine, des forces me revinrent. Nouvelle pression de pipi et je constatai avec dépit qu'une infection urinaire s'ajoutait au tableau. Prise de tous les médicaments et retour au dodo après un brossage des dents sans peine. Dans la nuit, je me réveillai à nouveau trempée, dégoulinante et pleine d'urine. Toilette nocturne dans un semi éveil et retour au lit où le sommeil me gagnait si vite, depuis plus de 24 heures. Je comptai sur un matin revivifiant et ce fut encore au ralenti que je passai ma journée de mardi.
Maintenant, apparemment, je vais mieux, les maux se sont apaisés sur tous les fronts; j'ai pu me promener avec mon garçon dans quelque chemin escarpé, j'ai pu faire mon ménage avec l'aide de tous et je retrouve lentement mes capacités à formuler des pensées plus élargies. La leçon a servi, je l'espère et les repas des fêtes seront placés sous le signe de la modération afin de ne pas repasser par ces instants détestables où tout le corps fiche le camp.
Oui, je suis vivante.
Oui, je marche et je me débrouille au quotidien.
Et oui aussi, la maladie et ses conséquences sont des réalités que je ne peux ignorer, ni mes proches. Les moments de ce type me le rappellent durement.Il est des mythes auxquels j'ai désormais du mal à adhérer parce que le corps toujours me ramène à sa réalité.
A moins que cette migraine digestive conséquence d'un traitement fort ne soit elle aussi le signal d'une situation que mon psychisme n'a pas digéré ? L'interconnexion entre l'inconscient et le corps est décidément un mystère.
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Je suis dans le cirage et j'ai quelques difficultés à aligner des idées claires sous les doigts au clavier. Ma tête tape encore de ci de là et quelques hauts me soulèvent le cœur pendant que mon estomac crie sa famine régulièrement :
j'ai fait ma deuxième migraine digestive six mois après la première qui m'avait fauchée subitement en quelques minutes.
C'est un effet secondaire du traitement de suite que je prends chaque jour dans l'espoir de laisser dormir la maladie.
Tout a commencé dimanche soir après la bûche pâtissière aux trois chocolats. J'ai senti presque de suite que j'aurais dû écouter l'intuition qui m'avait soufflé « Attention » ; j'ai voulu être polie envers la personne qui avait amené le gâteau. Un vague sentiment d'écœurement généralisé me prit l'âme. J'eus du mal à m'endormir et dans la nuit, je me réveillai trempée, suant à grosses gouttes. Ces manifestations existaient avant la maladie quand je mangeais quelque plat trop sucré ; avec la chimio et/ ou la maladie, il m'arrive souvent de me réveiller inondée sous ma propre sueur sans raison apparente, réaction corporelle devenue anarchique. Une atteinte du système neuro végétatif, peut être, ont pensé les médecins. Il est très désagréable de se réveiller ainsi, de se changer dans le noir et de retourner dans un lit mouillé, le froid de l'humide traversant la peau violement. J'ai essayé des astuces souvent contrecarrées par le caractère aléatoire de la manifestation, cela ne change rien. Je me rendormis donc après les changements en pensant au programme de la journée du lundi imaginée chargée des tâches ménagères hebdomadaires nécessaires.
Réveil vers 7h des plus désagréables : je descendis prendre mes médicaments. Noyée par une fatigue lourde, je décidai de retourner me coucher avec l'idée de me lever lentement une heure plus tard. A presque 10 heures, ce fut mon garçon qui s'étonna de me trouver encore au lit, je tentai un lever plus énergique. Les odeurs de la cuisine me soulevèrent le cœur ; pressentant la migraine, je pris immédiatement le traitement prescrit lors de la première par Colette (médecin homéopathe très efficace). Arrivèrent les disputes habituelles à propos de broutilles encore et toujours. J'avais beau dire stop, rien n'y fit ce qui n'arrangea nullement mon état. Je quittai la cuisine dans une rage à peine contenue afin de m'isoler et de retrouver un peu de sérénité. Quelques minutes plus tard, après un câlin de mon fiston gêné, je retournai en cuisine où je ne pus avaler qu'un thé de Noël aux épices et un demi -yaourt + lait de soja. Seule et tranquille dans la cuisine, je me nourris très peu et restai assise là, sans bouger, dans un abattement qui ne me ressemble guère. Je trainai en peignoir, ne sachant pas vraiment où me mettre. Je regardai Basil détective privé avec mon garçon ce qui me fit rire un peu. Je remarquai également la qualité des dialogues au vocabulaire des plus châtiés, rien à voir avec la pauvreté de trop nombreux produits pour enfants. Ensuite, je réussis à avaler un bol de bouillon et deux cuillères à soupe de riz complet. Comme j'étais invitée à me secouer et à m'habiller, je tournai les talons et à la surprise de tous, remontai me coucher sans me préoccuper des questions et réflexions qui fusaient.
Tout l'après midi se passa dans un état de sommeil vaseux, je me surpris régulièrement de mon endormissement au réveil brutal consécutif à un bruit, une parole. Les heures s'écoulaient, je dormais et ne répondais plus aux appels. SeN cherchait de la fièvre et voulait me fourguer son sempiternel paracétamol, un léger agacement dans la voix ; fiston venait me faire des petits bisous inquiets. La nuit tomba.
Je sentais que les granules me soulageaient légèrement après la prise, mon état se trainait malgré eux à mon grand désarroi. Rien de mon programme n'avait pu être concrétisé et je n'arrêtai pas de dormir et dormir ; je ne me levais que bousculée par des pipis impérieux m'extirpant de ma torpeur. La nuit tombée, je restai sur le canapé dans l'attente d'un mieux qui ne vint pas constatant à nouveau qu'en cas de faiblesse générale, ma vue s'amoindrissait systématiquement. SeN était démuni et me demandait que faire. Mon ventre commença à grogner, j'avais faim et j'y vis un bon signe, une envie de tisane et de biscottes m'étreignit. L'odeur des œufs me donna envie de vomir et je décidai de prendre ma douche. SeN me guetta par crainte d'une chute. Avec ce traitement immunosuppresseur, le moindre microbe, la moindre infection prend des proportions démesurées chez moi et il m'est souvent arrivé de perdre connaissance, subitement pour un rhume, une gastro ou un refroidissement ; SeN le craint à chaque alerte. J'étais glacée sous l'eau chaude et je ne pus attendre d'avoir un repas prêt, je devais me coucher de suite. Il préféra m'accompagner, mes jambes chancelaient et volaient dans tous les sens, les escaliers en devenaient dangereux à ses yeux. Je me couchais en peignoir et m'endormis très vite, assommée.
Vers 22h 30, un pipi urgent me précipita au rez- de- chaussée ; je tenais à me brosser les dents et le temps de mettre le dentifrice sur la brosse, je me sentis défaillir ; SeN, arrivé à cet instant s'exclama que j'étais toute blanche et je me couchai dans l'urgence sur le tapis de la salle de bains, incapable de me relever. Après quelques interrogations, je décidai de manger un ou deux abricots secs qui me firent du bien, j'avais tout simplement faim. Je me repris et allai manger quelques biscottes dans la cuisine, des forces me revinrent. Nouvelle pression de pipi et je constatai avec dépit qu'une infection urinaire s'ajoutait au tableau. Prise de tous les médicaments et retour au dodo après un brossage des dents sans peine. Dans la nuit, je me réveillai à nouveau trempée, dégoulinante et pleine d'urine. Toilette nocturne dans un semi éveil et retour au lit où le sommeil me gagnait si vite, depuis plus de 24 heures. Je comptai sur un matin revivifiant et ce fut encore au ralenti que je passai ma journée de mardi.
Maintenant, apparemment, je vais mieux, les maux se sont apaisés sur tous les fronts; j'ai pu me promener avec mon garçon dans quelque chemin escarpé, j'ai pu faire mon ménage avec l'aide de tous et je retrouve lentement mes capacités à formuler des pensées plus élargies. La leçon a servi, je l'espère et les repas des fêtes seront placés sous le signe de la modération afin de ne pas repasser par ces instants détestables où tout le corps fiche le camp.
Oui, je suis vivante.
Oui, je marche et je me débrouille au quotidien.
Et oui aussi, la maladie et ses conséquences sont des réalités que je ne peux ignorer, ni mes proches. Les moments de ce type me le rappellent durement.Il est des mythes auxquels j'ai désormais du mal à adhérer parce que le corps toujours me ramène à sa réalité.
A moins que cette migraine digestive conséquence d'un traitement fort ne soit elle aussi le signal d'une situation que mon psychisme n'a pas digéré ? L'interconnexion entre l'inconscient et le corps est décidément un mystère.
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