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En fin de semaine, un des camarades de mon garçon s’installa chez nous trois jours. Je fus plus ou moins mise sur le fait établi, ces énergumènes prenant des décisions en douce, me laissant face aux limites qu’ils posaient eux- mêmes, jouant sur les horaires de trains, des obligations relevant de leur univers. Autant le dire d’emblée, ce fut épique et je pestais régulièrement de la difficulté à supporter ces deux adolescents. Ils tentèrent quotidiennement de déroger aux rythmes de vie, je les acculais à leurs responsabilités refusant par exemple de cautionner les heures passées devant les écrans en les en chassant vertement ou de préparer des repas à leur entière convenance alors qu’ils ne daignaient pas se présenter à table.
Je les ai emmenés patiner en ville lors d’une petite manifestation de la MJC locale, je les ai traînés à des concerts en grange. Si la première activité leur convint, ils passèrent les trois ou quatre heures des concerts enfermés dans la voiture à écouter leur radio et jouer à la console. Vive l’aération intensive quand deux bouillons d’hormones se calfeutrent dans la chambre ou la voiture ! Je mis presque deux jours à me remettre de ces aventures. J’insistai et insiste afin que ce type de séjour n’excède pas les 24h, au-delà, cela devient inflammable ! Cependant, ces expéditions m’ont permis de me trouver en situation fort instructives.
A la journée de patinage, je n’ai pas résisté à l’envie de remonter sur des rollers. Avant la maladie, je patinais énormément, sur des kilomètres à mon rythme non en vitesse, en mouvement. Je montais, descendais, tournais, virevoltais, avançais, reculais, chutais ; je songeais à trouver un club de patinage acrobatique. Pendant les années terribles, je ne perdis pas de vue les rollers sachant pertinemment que les priorités restaient la marche puis la course. L’occasion ce jour- là fut trop belle et je demandai l’aide de l’encadrant expliquant rapidement ma trajectoire. A peine les chaussures enfilées, je ressentis les travers de mon équilibre et les séquelles de la maladie. Comment simplement positionner les pieds dans les chaussures ? J’ai tenté maladroitement de me lever, de tenir debout, d’avancer… Aïe Aïe ! Je tanguais, titubais, trop heureuse d’avoir le jeune homme à bout de bras. Il me guida, m’expliqua que le mouvement était bon mais que j’avais certainement des appréhensions quant aux chutes. La proprioception de mes pieds étant loin d’être opérante, j’avais de grandes difficultés à me positionner et me représenter dans l’espace. Ces quelques minutes passées sur roulettes furent une sorte d’initiation éprouvante en jalon du parcours de mon corps.
Les jours suivants, je restais avec le souvenir de sensations étranges où le monde s’échappait, divaguait hors de mes possibilités physiques. Amère expérience qui renvoie à mes pertes. Je retenterai l’expérience, évidemment, la guerrière que je suis ne reste pas sur ce demi- échec mais j’ai parfaitement senti en mon corps que ce n’était pas le moment, il est nécessaire d’attendre. Après tout, je ne recommence que très lentement à trottiner sur quelques mètres, il n’est pas temps de patiner.
Les concerts en grange furent très agréables ; il y eut du folk, un groupe chansonnier puis de la musique irlandaise ; le cadre était très agréable et surprenant. Jugez plutôt :
A l’arrivée, je m’étais garée près de l’entrée ne me sentant guère capable de marcher principalement en fin de soirée jusqu’à une voiture rangée en bout de longue file. Les garçons vinrent rapidement me signaler que je risquai une amende, un pompier (ils ne virent que l’uniforme) tournant autour de ma vieille bagnole mécontent d’avoir été collé à l’arrière. Quand j’arrivai, je lui expliquai que je ne pouvais marcher à l’autre bout de l’entrée ; il me raconta qu’en tant que bénévole, il avait besoin de l’accès à son coffre facilement en raison du matériel de secours qui s’y trouvait. Je le sentais agacé, irrité, à la limite de la colère, je ne me démontai pas et tranquillement l’accompagnai jusqu’aux véhicules. Je lui proposai d’échanger les places et quand il vit le macaron handicapé sur le tableau de bord, il se fit plus doux : « Oh, je n’avais pas percuté ». Je ne lui laissai pas le temps de s’excuser ajoutant doucement en souriant qu’entre personnes intelligentes, il est toujours possible de s’arranger. Zou ! L’affaire était réglée dans le calme et chacun de nos besoins réciproques furent comblés, que demander de plus ?
La soirée se passa tranquillement entre mes camarades et la rencontre d’une ancienne collègue de ma mère qui s’enquit longuement de ma santé n’ayant eu que les échos de mes dégringolades et récupérations laborieuses. Je la rassurai et nous partageâmes à plusieurs un condensé de nos vies. Sincèrement, authentiquement.
Plus tard, alors que j’étais plongée dans la musique entraînante irlandaise aspirant à danser parmi les agités du devant de la scène, je vis plus loin un visage qui me fixait, me faisait de grands et vifs saluts ; complètement inattendue, c’était Solange. Spontanément, je l’embrassai et elle me présenta son mari. Parce qu’elle s’en inquiétait n’ayant pas eu de retour, je leur racontai mon expérience à l’Ifsi. Elle fut enchantée; dans ses yeux et ceux de son mari, je vis des étincelles pétillantes de joie.
Je rentrai tard avec mes deux loustics impatients, jugeant la musique de vieux (pour ce qu’ils en avaient entendu, je crois que c’était simplement une opposition formelle). A nouveau, je m’extasiai sur le mouvement général de mon existence, les changements qui s’opéraient naturellement autour de moi, ces rencontres belles et authentiques vécues pleinement.
Je suis véritablement passée dans une autre dimension.
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Dans la famille, nous sommes de grands amateurs des films d’animation Pixar, courts ou longs métrages. Nous attendions le troisième opus de Toy Story depuis l’annonce de sa sortie parce que les deux premiers nous avaient plu. Aussi, le 14 juillet, fiston tint absolument à aller le voir et j’acceptai facilement.
Il est coutumier que les suites soient médiocre, heureusement, Pixar n’est pas de ce genre et nous nous sommes régalés.
Andy a grandi et se prépare à partir à l’université ; chargé de ranger sa chambre, il trie ses jouets entre ceux à jeter, ceux à donner et ceux à mettre au grenier. Woody l’accompagnera, les autres seront mis dans un sac destiné au grenier. Suite à une méprise, ils se retrouvent dans une crèche dont le monde des jouets est dirigé par Lotso, gros ours parfumé à la fraise. Derrière une belle image idyllique, se cache en fait un régime autoritaire. La troupe des jouets d’Andy se prépare à l’évasion.
Comme d’habitude, les niveaux de lecture sont multiples, régalant ainsi chaque tranche d’âge. Il y a l’aventure et ses péripéties, les astuces et parallèles en clin d’œil à des références variées, les sous- entendus subtils. Il y a de quoi rire aux éclats avec le délirant défilé vestimentaire de Ken, les séances de tortures de Barbie avec ses tenues favorites, un Buzz l’éclair version espagnole fantastique. Il y a de quoi pleurer (et je suis une véritable madeleine en la matière !) avec l’épisode à l’incinérateur à déchets en profonde réflexion sur la fin de l’existence, la disparition.
Le plan d’évasion est plein de trésors d’ingéniosité, les dialogues sont piquants et enlevés avec quelques surprises comme par exemple une phrase de Barbie que tous les spectateurs adultes ne sont pas forcément capables de comprendre.
Le temps qui passe, la fin de l’enfance, la blessure de l’abandon et de ce que chacun en fait, la transmission, la solidarité, la fidélité, notre responsabilité dans le choix de société … et oui, il y a tout cela dans Toy Story 3.
Evidemment, la qualité graphique est au rendez- vous, la technologie évoluant si rapidement que les animateurs eux- mêmes reconnaissent le fossé existant entre le premier opus et ce troisième.
Bref, nous sommes ressortis de la salle enchantés, avec la certitude que nous le regarderons encore et encore avec un plaisir identique. Et puis, mon garçon n’a pas manqué, parmi les jouets, un Totoro en peluche, clin d’œil aux films de Hayao Miyazaki dont nous sommes également de grands amateurs. Il n’est guère étonnant que nos univers mentaux se croisent et se reconnaissent, instinctivement, intuitivement.
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Depuis que j’ai été malade et physiquement réduite, j’ai décidé de lâcher prise sur ce domaine. S’il préfère le bazar et la saleté dans sa chambre, cela le regarde, la seule condition est qu’elle ne déborde pas. Ce n’est pas forcément gagné étant moi- même en permanence dans un bordel artistique du fait de mes activités multiples et variées, c’est malin. Pourtant, la mouche du rangement et du nettoyage nous pique sporadiquement. J’ai la mienne, hebdomadaire plutôt nettoyage que rangement d’ailleurs, il a la sienne à quelques reprises au cours de l’année. Le dernier épisode est particulièrement remarquable puisqu’il engendra quelques éclats de rire bienfaisants.
Je soupçonne mon garçon d’être rapidement dépassé par la grandeur de la tâche aussi apprécie t-il vivement que je l’aide ne serait- ce qu’en lui indiquant les étapes du processus. Ce jour-là, il fut donc piqué par sa mouche du ménage et la musique en boucle dans sa chambre, il s’y attela ; régulièrement, il venait me tenir un rapport de ses activités.
D’emblée, je l’entendis éternuer à plusieurs reprises souriant en coin, parfaitement lucide quant à la poussière accumulée pendant des semaines dans cette zone sinistrée. A son premier passage enthousiaste, je lui conseillai d’ouvrir la fenêtre en grand afin d’évacuer la poussière ; il m’écouta sans broncher.
Boom boom, l’agitation se poursuivit en fanfare, je ne m’en mêlai pas.
Il revint sérieux :
- Olala, maman, je me demande qui vit dans cette pièce ! Si tu savais tout ce que je trouve !
- Qui donc à ton avis ? répondis- je tout sourire (C’est que je sais parfaitement, garçon, ce que ces fouilles archéologiques révèlent de « trésors » incroyables). Comme je le fixais, il partit en rire lui aussi.
- Oh, un sacré cochon !, en se montrant du doigt.
Le petit exposé des trouvailles nous amusa soulevant des exclamations plus fortes à chacune d’elle ; je fis mine par exemple de m’étonner de retrouver des emballages de nourriture disparue de mes placards et dont j’ignorais le devenir, emballages vides, forcément. « Aurions- nous emporté avec nous ce vilain lutin qui s’ingéniait à dévorer, voler, salir, déranger dans la maison ? » Il repartit riant en simple slip, ayant trop chaud de tant d’agitation.
La reprise des éternuements se fit de plus belle rapidement, j’insistai sur l’ouverture de toutes les fenêtres, il m’expliqua que c’était le cas puis je l’entendis farfouiller dans la salle de bains. « Qu’est- ce qu’il manigance encore le loustic ? » ; la phrase à peine formulée à mon esprit, je le vis entrer en trombe avec son masque de plongée sur le visage. Gros éclat de rire !
- Qu’est- ce que c’est ça ?
- Maman, c’est pour pouvoir respirer quand je range !
- Ah … et c’est pour prendre de l’air que tu reviens régulièrement ici alors ?
- Oui, oui, c’est exactement ça, comme en plongée !
Il inspira un grand coup et fila en retenant son souffle dans sa chambre. Après quelque remue- ménage, il revint reprendre de l’air... et ainsi, de respiration en respiration, mon coco rangea et nettoya sa chambre.
Quel fou rire ! En plus, j’étais enchantée de le voir capable de cultiver l’auto dérision, bon signe à mes yeux.
« Allez maman, tu raconteras ça sur ton blog, heim ? Que ton garçon met un masque de plongée quand il range sa chambre tellement il y a de poussière ! ».
Je vous l’dis, plutôt que de s’engueuler, bordéliques et négligents, enchantez le quotidien,
A vos masques,
Prêts ?
RANGEZ !!!!!!!
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Attention, cet article est autorisé à condition que nous cliquions sur un lien qu'il me donnera plus tard.
En illustration du rangement- nettoyage de la chambre du fiston, voici, en exemple significatif de ce que je trouve lors de mes grands travaux.
De loin, que vois- je caché là, maladroitement ?
De plus près,
Arg ! Et oui, une boite vide de concentré de tomate !
Dire que j’ai aspiré partout des résidus de nouilles chinoises, ramassé des sachets de pâtes et tortellini vides ou encore cinq emballages de tablettes de chocolat dans son lit planqués sous l’oreiller, des paquets de gâteaux écrasés dans les recoins…
Le pôvre garçon, obligé de se cacher pour manger !
Enfin, heureusement, je n’ai pas retrouvé de bols de yaourt ou fromage blanc à la cuillère indécollable ou des peaux de banane, trognons pourris et/ ou desséchés.
L’art et la manière de territorialiser son espace. Déjà qu’il fait dans la résistance chimique avec ses odeurs d’ado.
Une anecdote à suivre dans la même optique qui nous fit bien rire. Heureusement, il lui arrive de pratiquer l'auto dérision...
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Mon garçon est en vacances. Derrière la banalité de ces quelques mots se cache un quotidien complexe et mouvementé. Quand ce ne sont pas les jeux sur console, c’est l’ordinateur. Afin d’éviter l’enfermement consécutif à ces activités solitaires et sédentaires, je m’efforce de l’occuper. Vaillance et courage sont nécessités en pareilles circonstances; Dieu merci, j’ai la capacité de mobiliser mes forces créatives et physiques dans ce but.
D’abord, il est allé en camp de vacances pendant 8 jours où ils ont travaillé à l’élaboration d’un milieu naturel, la mare, avec pour objectif de permettre le retour d’espèces sauvages sur le site. OUF !! Non seulement il a travaillé dur mais en plus, j’ai été tranquille toute la semaine ! La veille de son départ, nous courûmes précipitamment au supermarché acheter un vélo, le sien étant désormais inadapté à sa taille augmentant quasiment de jour en jour ; au premier jour, je retournai avec tous ses oublis de sac aussi importants que la casquette, les lunettes de soleil, la crème solaire, l’anti moustique ou le gilet. Fâchée de sa désinvolture et consciente de ses angoisses, je le larguai entre deux dates d’Eurockéennes avec un plaisir non dissimulé. Gniark, gniark.
Vivotant à mon rythme, tranquillement, j’ai savouré ce laps de temps béni et souriais intérieurement en constatant que mon fiston ne me manqua absolument pas en 8 jours ; il se rappela à mon souvenir vaguement le vendredi. Toutefois, j’ai passé quatre jours à ranger sa chambre, à descendre à la cave ces livres et jeux de petit garçon, découvrant cyniquement les emballages cachés dans les moindres recoins ou les résidus de quelque nourriture piquée en douce lors de ses fringales violentes. Il est des pages à tourner au fil des ans, le garçon curieux et inventif laisse la place à un ado vorace, préoccupé par ses hormones.
La grosse chaleur de ces journées m’incita à une grande nonchalance. Je faisais à ma guise, selon les circonstances, lentement. Quelques épisodes de série en streaming, boulot, manger, et puis ? Lire, écouter, broder, se promener, ranger, nettoyer, écrire, profiter pleinement de la sérénité du quotidien. L’air de rien, ces symboles victorieux des récupérations des derniers mois donnent à chacun de ces actes une puissance d’évocation illuminant mes journées.
Il y eut pareillement ces heures passées avec mon amie Roberta sur une terrasse à discuter de son pays, le Vénézuéla, de la France, des mentalités différentes, des peurs et du cloisonnement en découlant. Une femme nous rejoint sur la fin, parfaite inconnue demandant simplement à s’asseoir pour boire son café ; elle nous raconta sa vie, ses enfants, son premier petit enfant à venir, ses questions. Roberta n’en revenait pas, jamais elle n’avait vécu pareille expérience, ravie de quitter les esprits chagrins fréquemment rencontrés. Je ris en ajoutant : « Vois- tu, c’est ainsi que je vis ». Bien que totalement confiante dans l’intelligence de Roberta, cet épisode lui montra concrètement la réalité de ma vie désormais et je suis ravie d’avoir partagé ces instants de grâce avec elle.
Il y eut la virée avec Valérie à écouter de la musique en totale découverte dont je me suis régalée. Nous avons partagé quelques nouilles aux lardons sur place et papoté à tire la rigot joyeusement. Je commençais ce soir- là à mesurer combien mon entourage est en mutation. En lâchant prise, en opérant le grand ménage interne, j’ai totalement changé les énergies alentour et soit je fréquente des personnes très différentes, soit mes relations évoluent différemment avec mes vieux amis. Je vis en présence, libre, consciente avec d’autres, ouverts et en réflexion vivante non plus dans des cloisonnements, des enfermements, des rituels devenus vides et stériles.
Il y eut mes retrouvailles avec Sophie. Après des années de silence et d’éloignement du fait des circonstances, nous nous sommes retrouvées par hasard à l’Amap lors de la première distribution des paniers. Journée merveilleuse que celle- ci où je croisais à chaque étape de mon parcours une nouvelle personne! Nous avons nagé dans leur piscine, j’ai rencontré sa nouvelle famille, découvert avec admiration la maison qu’elle a construite de ses mains avec son mari, nous avons partagé nos pérégrinations des dernières années avec les retranchements, les peines, les découvertes et les joies qui les jalonnèrent.
J’ai ensuite cherché mon garçon à la fin de son camp. Il fut le seul à ne pas embrasser le parent venu le récupérer, grognon et renfermé, il fut néanmoins le seul à ranger ses sacs et vélo, seul dans notre petite vieille voiture. Les câlins vinrent plus tard, dans l’intimité, il n’est guère propice aux épanchements en public, ce sauvageon.
Les jours suivants, nous avons glandouillé vaquant chacun à nos occupations, lui traînant perpétuellement au lit, fatigué des lourds travaux du camp dont je n’appris la teneur qu’en pointillé. Je suis fière de constater qu’il ne rechigne pas à la tâche dès qu’elle a du sens. Je lui laissai quelques jours de rien avec cependant cette remarque : comment prétendre être paresseux quand l’art de ne rien faire est impossible à mettre en œuvre ?
A suivre.
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Merci à Maxime pour ce reportage, à mon fiston de me permettre de la conserver et de vous la montrer.
Que d’autres organisateurs en prennent de la graine ! Quand la volonté est là, il y a de la place pour tous, c’est une question de choix.
Remarquez que c’est la joëlette et non la géolette, ce sera plus facile de trouver des infos avec le bon nom.
A bon entendeur, SALUT !
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Aux Eurockéennes, selon les scènes, les plates- formes sont disposées différemment, en général, au sein des voies habituelles des festivaliers. Celle de la grande scène, par contre, n’est accessible qu’après avoir passé plusieurs contrôles parce qu’accessible depuis la voie VIP presse, artiste et autres égos. L’année dernière, Mathias Malzieu était venu discrètement parmi nous, simplement ; cette année, ce fut Mika.
Dans l’après- midi, une accompagnatrice aima me raconta comment Yannick, l’un de ses camarades l’avait croisé dans le secteur presse et trouvé très sympa, accessible. Mika avait raconté qu’il était inquiet pour le concert, ses musiciens étant tous malades suite à l’ingestion d’une tambouille achetée sur le site la veille. Dans ma caboche, aléatoirement, passa l’envie de le voir de mes propres yeux ce que j’effaçais rapidement ; intuitivement, une petite voix me dit qu’il était du genre à nous rendre visite. Je précise que je n’en suis pas fan, j’aime quelques uns de ses titres joyeux sans plus parce que légers et entraînants. N’y songeant plus, je profitai du spectacle en folle dingue que je suis, sautant et dansant malgré mes pertes d’équilibre et mon corps mécontent de tant d’agitation. L’interlude en urgence aux toilettes alors que le rythme commençait à m’entrainer fut une nécessité. Après ce rasoir caprice de vessie, je me suis lâchée joyeusement.
C’était débordant de vie et d’énergie. Une phrase accrocha mon attention en particulier. Il mimait une saynète avec les musiciens et choristes tous couchés en silence ; il continuait de parler dans le micro invitant le public à sauter en vue de réveiller les « morts » sur scène. Et soudain, j’entendis ceci :
« A trois, ceux qui nous entendent et ceux qui le peuvent, je vous demande de sauter ! ». Cling ! Ce fut un éclair et je m’exclamai intérieurement « Ah, il y a de la conscience là- derrière ».
Le concert terminé, je me relevai dans le but de rejoindre le fauteuil laissé plus loin en économie de place et marchai cahin- cahan pressée de retrouver mon amie qui n’avait pu me rejoindre sur la plate- forme. J’allais me rasseoir quand j’entendis des cris et observai de l’agitation, « C’est Mika, c’est Mika, il viiiiiiiiiiient ! ». Interloquée, je m’avançai en tirant le fauteuil derrière moi laborieusement ne voyant rien d’autre qu’une tête bouclée, un haut de front assailli d’une masse d’énergumènes excités. Tout à un coup, un jeune homme du staff se précipita vers moi :
- Vous y arrivez ?
- Bah, je me débrouille tant bien que mal vous voyez.
- Je vais vous aider, asseyez- vous, je vous emmène.
Je n’ai rien compris et vivement, il me conduisit vers Mika que je ne voyais toujours pas hormis ses cheveux et le blanc de son tee-shirt au milieu d’une cohorte d’agités, « Et moi qui n’ai qu’un appareil photo pourri ! » soufflai- je abasourdie; il était avec une jeune femme en fauteuil à quelques mètres et nous attendîmes notre tour.
J’ai été atterrée par le comportement des personnes alentour, se bousculant, se précipitant, renversant quiconque se trouvait sur leur chemin. J’eus peur pour ma sécurité, la sécurité d’autres devant tant d’irrationalité. Un jeune homme se rua devant le fauteuil avec son appareil photo manquant de me renverser, mon chevalier servant le repoussa, l’interpella, je restai bouche bée. Tout à coup, ce fut la cohue autour de moi, Mika mit son bras sur mes épaules en se penchant vers moi et posa pour une photo. En face, des appareils, des flashs, des regards fixés sur nous (ben oui, je dis nous au sujet de Mika et moi ). Ma seule phrase à la con fut : « Mais qui va me donner la photo ? Qui va me donner la photo ? » J’étais complètement ahurie songeant uniquement à mes amis et lecteurs du blog. Mika insista auprès d’une photographe : « Tu lui donneras la photo ! ». Je ne vis que son bras sur l’accoudoir gauche du fauteuil et le saisis rapidement en serrant légèrement : « Merci pour votre joie de vivre » il me souffla un merci en repartant. Le temps que je tournasse la tête, il était à nouveau dans un flot de personnes agglutinées autour de lui, je ne l’avais pas même vu, il n’était pour moi qu’un bras bronzé, chaud et humide de transpiration. Le jeune homme du staff était enchanté, il l’avait embrassé, la jeune fille du fauteuil était toute rose de plaisir d’avoir été embrassée elle- aussi. Je restai incrédule.
Alentour, la foule, les appels, les exclamations, les trépidations, les cris, les interpellations, la masse telle des mouches en essaim sur lui. J’évoquai le lâcher prise et remerciai le jeune homme de m’avoir prise en charge ; il fut surpris et me dit spirituelle. La photographe vint vers moi et nous échangeâmes des adresses courriel pour la photo. Finalement, je les embrassai tous les deux répétant à l’envi que j’étais heureuse de les rencontrer eux, tout autant que Mika. Ils souriaient lumineusement.
Il resta plusieurs minutes sur la plate- forme ; une petite fille trépignait en bas, horrifiée à l’idée de manquer son autographe ce que je lui formulai. Elle plongea ses yeux dans les miens inquiète et je lui montrai mes doigts croisés à son attention. Je la revis plus tard sautillante de joie : « Alors, tu l’as eu ?- Elle fit oui de la tête- Ah, je suis vraiment contente pour toi » ; elle et ses parents me sourirent, ébahis me souhaitant à plusieurs reprises une bonne soirée. Finalement, Mika redescendit dans la foule désormais contrôlée par les vigiles « ça suffit maintenant » entendis-je. Dommage, j’espérais le voir. Tant pis.
J’échangeai quelques derniers mots chaleureux avec mon chevalier servant heureux d’être sur la photo lui aussi : « Vous aurez un souvenir de cet instant à nous trois » puis je repartis vers mon amie.
Cet épisode de quelques minutes fugaces provoqua en moi une multitude de pensées et sensations qui ne cessent de passer et repasser dans ma tête, avec amertume. Le comportement des gens m’a choqué, je n’ai absolument pas apprécié d’avoir cette agitation autour de moi, agitation qui m’a spoliée d’un échange avec Mika… parce que oui, dans ma grande débilité, j’aurais mille fois préféré plonger mes yeux dans les siens plutôt que d’avoir cette foutue photo. Cette quête effrénée de l’image m’a dégoutée, où donc sont les relations humaines là- dedans ? Et croyez- le ou non, quand j’ai vu Mika monter sur la plate- forme assailli par ces agités, j’ai eu affreusement mal au cœur pour lui ; je sentais en mon fort intérieur l’immense solitude des personnes célèbres : Comment rencontrer un autre dans ces circonstances ?
Les attentions de mon chevalier servant inattendu m’ont nourri le cœur, cette petite fille heureuse de son autographe, les yeux pétillants de cette jeune femme embrassée par Mika, le message chaleureux et généreux de la photographe à l’envoi de la photo resteront longtemps dans ma mémoire. Mika, lui, sera un bras chaud et humide que j’ai touché sincèrement.
Quant à la photo, je m’y trouve affreuse, instantané de ma consternation, de mes inquiétudes de sécurité, de mon effarement devant l’irrationalité de la foule. Voyez plutôt mon chevalier servant à l’arrière… et Mika forcément photogénique.
Quelle expérience en tout cas, moi je vous l’dis! Je n'ai pas fini d'y penser.
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Je l’ai connue il y a plusieurs années alors qu’elle était jeune fille au pair dans la région. En quête de cours de français, elle était venue chez moi et nous avions sympathisé. Inévitablement, Ana est repartie à Sao Paulo. Ce n’est jamais facile et une partie de mon cœur est partie avec elle au Brésil. Heureusement, Facebook nous réunit malgré les kilomètres et les décalages horaires, je m’efforce de lire le portugais que je ne connais pas et je raffole de ses photos.
Dernièrement, alors que j’échangeais avec Janaïna (brésilienne installée en Suisse que j’espérais revoir au concert) au sujet d’Hindi Zahra , Ana m’interrogea sur ces Eurockéennes. Du coup, armée de mon appareil énervant, je lui ai concocté un petit reportage afin de lui montrer l’ambiance, le site, le décor. Comme elle les as déjà vues avec mes commentaires sur Facebook, il ne me reste plus qu’à les montrer ici, aussi mauvaises puissent être certaines. Pour une réussie, combien de tentatives avortées! Ces appareils laissent rarement la place à la spontanéité… à moins que je ne sache pas m’en servir. Les logiciels correcteurs sont d’un compliqué en prime et il fait trop chaud pour rester à se creuser la tête devant l’ordi…
Voici donc, mon hommage à Ana, par delà les mers et les heures. Parce qu'elle est avec moi.
La foule, la foule, sous le soleil et dans la chaleur.
Dans ses allers-et- venues
Devant les toilettes et le distributeur de billets, côte à côte,
Les vues depuis quelques unes des plates-formes
Quelques concerts,
De jour,
Mika
Ethiopiques
Emilie Simon
Au crépuscule,
Hindi Zahra et El Tambura
De nuit,
Lcd Sound System
The Hives
Massive Attack
Dans le bruit. Boom boom boom. Quand les basses résonnent dans les cages thoraciques. en coeur.
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Aux Eurock., j’aime l’ambiance bon enfant, le mélange des genres, des générations, y croiser d’autres représentations du monde. Il y a les bourrés, les fumeurs de chichon, de cigarettes, les coincés, les hésitants, les débridés, les discrets, les braillards, les excités, et tant d’autres. Nous y venons avec des intentions diverses, par curiosité, par goût de l’ambiance, par intérêt pour quelques artistes en particulier, pour accompagner, découvrir, partager, s’amuser… Que sais-je ? J’aime regarder la foule, les attitudes, les comportements, je souris devant cette multitude d’individus uniques. De ce flot humain, je ne peux que relater mon propre périple.
Le premier jour, à mon arrivée, mes handicaps invisibles m’ont amené à justifier mes passages en lieux privilégiés avec la carte d’invalidité à chaque porte. Après m’avoir parlé rudement, ils devenaient doux et souriants. J’ai marché tout du long de la voie externe sous la chaleur et suis arrivée sur les rotules au stand d’accueil des handicapés. J’y retrouvai des accompagnateurs de l’an passé ravis de me revoir. Rapide tutoiement, soucis de ma personne, enthousiasme de recommencer l’aventure ensemble. Retrouvaille également avec la géolette, espèce de pousse- pousse tout terrain très agréable dans ce genre d’expédition parce que nous y sommes plus hauts que sur un fauteuil.
Vous imaginez- vous assis au milieu d’une foule mouvante ?
En fauteuil, nous ne sommes visibles que de près et dans la cohue, je suis constamment soucieuse de mon intégrité physique et de celle de ceux qui rencontrent le fauteuil, surtout les repose- pieds.
La prise en charge aux Eurock est très chouette. En 2008, j’avais promu l’AAL lors de mes pérégrinations accompagnées. En 2009, j’avais entamé l’utilisation de la géolette avec joie; ce samedi, je suis repartie avec pour un petit tour. Croyez- le ou non, je n’ai pas arrêté d’autoriser les photos, les films, j’ai été interviewée par France Bleue, par un reporter télé au sujet de mon expérience des Eurock au point qu’un gars sur la plate- forme du chapiteau m’a demandé en boutade s’il pouvait avoir un autographe parce que j’étais une vraie star. Ben non, je suis devenue la porte- parole de la géolette. Au journaliste qui me filma, je lançai un « C’est que j’ai besoin d’une maquilleuse aux Eurockéennes maintenant! ».
Ma campagne a été efficace... parce que finalement, dimanche, je n’ai pas pu en bénéficier. Pourtant, que j’étais heureuse de lire le bonheur de ceux qui l’essayaient à leur tour !
Ma vessie a été incroyablement sage le samedi, j’en fus étonnée. Etait- ce parce qu’il faisait tellement chaud que la transpiration moite, permanente de cette lourde journée évacuait mes liquides ? Les toilettes n’étaient pas si nécessaires, tant mieux ! Le dimanche, par contre, elle se révéla plus capricieuse et je passai très souvent aux toilettes (D’ailleurs, j’y faisais le ménage en arrivant et les rendais systématiquement plus propres que je ne les avais trouvées). Je lui en veux de m’avoir oppressée lors d’une chanson explosive de Mika (je l’ai entendu s’exclamer « Putain, je me suis fait mal au cul ! » Il est tombé je crois). Elle m’empêcha également de danser et sauter sur ses chansons entraînantes. Passage précipité en pestant intérieurement pour me soulager et après, je m’en suis donné à cœur joie malgré les déséquilibres et les muscles pas trop contents d’être tout à coup si vivement sollicités : comme une folle, j’ai dansé et sauté, sauté coincée entre d’autres fauteuils plus que bienvenus en cas de perte d’équilibre. Un monsieur notamment à ma gauche s’est beaucoup amusé de me rattraper de temps à autre en me prêtant son épaule. (je suis en orange sur la photo en début de concert). Ma réputation dans notre petite troupe n’était plus à faire, je les avais déjà soufflés en dansant sur El Tambura et Hindi Zahra la veille. Cette jeune fille, amie d’un accompagnateur partagea ce petit moment joyeux, me déclarant son maître de danse (orientale). C’était génial !
En plus, ce qui est vraiment pratique dans ces spectacles, c’est que le son est tellement fort que je peux péter allègrement sans crainte de gêner qui que ce soit- c’est à peine si on s’entend causer.
Le samedi, j’étais venue avec mon panier repas perso me méfiant des stands certes intéressants (cuisines d’horizons multiples) mais dont l’hygiène ne m’inspire pas toujours (cf. l’article suivant à propos des musiciens de Mika, hihi) ; Voyez l’état de ma salade !!! Elle était cuite par la chaleur !!
Le dimanche, je suis allée m’acheter une barquette de saumon norvégien préparé avec du riz, des légumes et une sauce au pesto, miam miam. J’ai décidé de traverser le couloir séparant les stands toute seule, à pied, embarquant le fauteuil en déambulateur. Parce qu’il y a une foule incessante qui va-et-vient là. Au retour, j’ai posé la barquette sur le siège car il ne m’est guère aisé de marcher en tenant quelque chose dans mes deux mains et il était hors de question que je prisse le risque de faire tomber mon saumon en cas de bousculade involontaire, non mais ! Je suis revenue tout sourire avec cette image cocasse en tête « ça mérite une photo pour le blog », nous nous y sommes repris à trois ou quatre reprises avec mon appareil énervant pour vous montrer la scène.
A nouveau, j’ai constaté combien la langue des signes est utile dans ces circonstances, j’essayai de suivre les conversations des accompagnateurs bavardant par ce biais dans le vacarme ambiant. J’ai tellement envie de m’y mettre, scrogneugneu ! En plus, j’ai découvert qu’il existait des casques spéciaux pour les malentendants leur permettant de suivre les concerts comme tout un chacun grâce à un système s’adaptant à leur appareil auditif. La technologie là, elle est plus que bénéfique.
Comme les autres années, j’entendis des réflexions lors de mes déplacements en géolette sur la paresse de l’utilisateur. Ce genre de jugement me fait dorénavant sourire parce que celui qui l’émet est certainement insatisfait de lui- même, de sa fatigue ou autre truc qui lui appartient. La samedi, alors que nous nous rendions à la plage en géolette, un jeune homme coinça la roue gauche de son pied. Nous restâmes tous pendant quelques secondes interdits devant ce geste, il souriait et nous regardait muet. Je fixai son pied puis levai les yeux vers lui attendant un mot, une explication, curieuse de comprendre. Il n’en eut pas le temps, l’une des accompagnateurs le repoussa fermement agacée. « Non mais c’est quoi ce comportement ! » s’exclama t- elle outrée. Je me demande si ce jeune homme savait pour qui étaient ces géolettes ; situation typique de non- communication.
J’ai vu des valides utiliser les toilettes pour handicapés constamment ; ma foi, je laisse la place à leur besoin, que me servirait de les rouspéter ou de m’en énerver ?
Dans la foule, j’étais réconfortée d’être accompagnée lors de mes déplacements à pied ou en fauteuil. Le terrain est accidenté, la foule mouvante et je ne suis pas rassurée seule dans cette cohue alors que mon équilibre n’est pas fameux ou que mes bras pas musclés forcent sur les roues dans les chemins en herbe ou gravier. Je me sens pleinement vivante entourée par ces attentions et à postériori, je suis atterrée devant toutes ces années passées à me détester, me dénigrer. Qu’est- ce que nous pouvons être stupides nous pauvres humains !
Mon amie Sabine venue de Norvège pour quelques jours se décida à me rejoindre ce dimanche soir pour quelques concerts de fin de journée ; il nous fut pratique de se retrouver dans cette foule avec les repères que je lui avais indiqués : les plates- formes, le stand d’accueil des handicapés. Faufilée sur la voie externe, elle ne put me rejoindre pour Mika mais s’annonça au stand où mon nom fut reconnu immédiatement, en plus j’y avais laissé mon chapeau. Nous nous promenâmes ensemble sur le site avec le fauteuil en papotant, riant sur la descente de la pente avant la grande scène, elle profita pleinement de Massive Attack depuis la plate- forme et nous rentrâmes heureuses de ce beau souvenir supplémentaire à nos 21 années d’amitié.
SeN se présenta avant Massiv Attack pour échanger quelques mots, j’étais heureuse de le voir ici mais aucun de ses compagnons que je connais pourtant n’étaient près de lui pour que je les salue, dommage. S’il me déteste pour certaines choses, il sait à qui il a affaire et mon enthousiasme à le rencontrer ne le surprit qu’à moitié.
Pour conclure sur mon expérience personnelle de ces Eurock, je dirai que j’ai passé un très bon moment en compagnie de ces accompagnateurs souvent adorables et prévenants. Dans ces conditions, je n’ai aucun remord à payer plein pot mon billet. Ces rencontres parfois fugaces me renforcent dans l’idée que nous avons tous les moyens de rendre le monde plus beau, plus généreux ; la bienveillance est véritablement la seule voie possible. Donner, recevoir, partager. Quel beau programme! Là-dessus, me passent par la tête toutes les personnes rencontrées depuis 2006, et si après tout c’était moi qui attirais la bienveillance avec mes bras grands ouverts en confiance ? Olala, cela me ramène à tant d’autres épisodes ! Mon univers interne foisonne, j’ai tant à raconter, c’est malin…
Prochainement, quelques photos en vrac et ensuite, le récit d’un événement très particulier des Eurock 2010.
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Cette édition a été motivée par Emilie Simon et Massive Attack de passage le samedi et le dimanche, je décidai donc d’y aller deux jours. Seule. Quiconque désirant me rejoindre était bienvenu, je savais que je trouverais sur le site des accompagnateurs sympathiques et bienveillants, aussi, je n’avais aucune inquiétude.
Coutumière de l’impromptu, j’ai à nouveau vécu quelques péripéties incroyables au point qu’au lendemain de ces deux jours, je suis légèrement assommée, de sommeil, d’incrédulité ou quelque autre ressenti non identifié là. Je pense que le temps me sera nécessaire pour mettre en mots ordonnés et clairs mes pensées ; je ferai donc plusieurs séquences.
En premier lieu, je me contenterai de faire le tour des concerts sélectionnés, des hasards des déambulations d’une scène à l’autre, c’est un cadre nécessaire en ces heures aléatoires et brumeuses internes.
Samedi 3 juillet :
1. Broken Social Scene.
Difficile d’ouvrir les festivités, ce collectif n’a pas accroché mon attention, je me souviens seulement qu’ils étaient 6 sur scène, que c’était du pop rock habituel, rien de transcendant. De toute façon, j’avais la tête ailleurs: mettre de la crème solaire, ajuster le chapeau, regarder le paysage, discuter avec les accompagnateurs, les autres festivaliers présents sur la plate- forme. Sous la chaleur, je souriais intérieurement de ces étalages de chair humaine entre les gars torse nu, tête couverte et les filles en short et maillot. Quel choc ce serait pour nos arrière- grands- parents ! J’observais la diversité des faciès et corpulences, les attitudes, les interactions avec détachement, constamment ébahie de la multiplicité des êtres. Effluves de chichon, les gobelets remplis de boisons diverses brandis en danse et gesticulation… Je me mettais dans l’ambiance, doucement avec un fond musical.
- 2. Emilie Simon.
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Là, j’étais en d’autres terres. Elle était l’origine de ma venue ce jour et je me réjouissais de la revoir à nouveau. Néanmoins, j’étais agacée de ne que l’apercevoir. La plate- forme sous le chapiteau est plus éloignée de la scène, elle était habillée en foncé dans un décor sombre aux lumières virevoltantes certes mais peu contrastantes. Finalement, je n’ai eu de place que pour sa musique et sa voix. Je reconnus évidemment les titres et expliquai à mes accompagnateurs son parcours, ses albums bien que dans le son soit très fort dans ces circonstances. Elle a joué principalement des extraits de son nouvel album, Big machine avec des jeux de lumière envolés et riches. Fleur de saison en acoustique et Opium en remix trop long à mon goût. Ils n’étaient que trois sur scène et je n’ai pas retrouvé les originalités des spectacles précédents. Les chansons ne m’ont pas déçue, je suis convaincue, le show peut- être un peu après tout. Elle a revendiqué d’ailleurs cette approche plus directe et frontale dans une interview entendue le lendemain sur Couleur 3.
- 3. Hindi Zahra et el Tambura
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C’était la deuxième excuse pour venir le samedi : une expérience spéciale pour les Eurock entre la chanteuse berbère et les tambours d’Egypte. Un régal pour l’amatrice de musique du monde que je suis ! Chants, danses, alternances et mélanges des registres ; c’était envolé, rythmique, joyeux, j’ai dansé avec entrain.
- 4. General Elektrics
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Traîner dans le stand pour manger et papoter, organiser les prises en charges pour tous m’ont empêché d’en profiter et quand nous étions prêts à y aller, le concert était terminé. Dommage, il y avait des morceaux détonants et une ambiance terrible. J’ai écouté deux ou trois titres de loin, tant pis, ce sera pour une autre occasion.
- 5. The XX
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J’avais prévu de les écouter et les circonstances ne s’y sont pas prêtées alors je les ai entendus de loin. Forcément ça n’aide pas à se mettre dans le bain.
- 5. The Hives
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J’y suis allée par curiosité connaissant leur titre phare. Ils ont commencé en retard, une grosse averse nous a trempés et je me suis demandé si j’allais traîner longtemps sur le site sentant une lassitude m’envahir. Finalement, je suis restée et j’ai découvert une mise en scène concise, des tenues originales. C’était puissant et le chanteur avait une présence incroyable sur scène (je l’ai mis en parallèle avec Mick Jagger, en pensée furtive). Après deux bons tiers du spectacle, à minuit, j’avais ma dose et je suis partie sur la scène suivante.
- 6. Ghinzu
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Ambiance du tonnerre et morceaux envolés. La fatigue a été plus forte que moi ; au bout de quelques titres, je suis partie. Au moins je les aurai aperçus.
Dimanche 4 juillet :
Après une courte nuit et une petite sieste, je suis repartie en piste pour la deuxième séance.
- 1. The drums
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C’était chouette, les titres enthousiastes, diversifiés, le chanteur essayait de mobiliser le public en entrée de la journée ce qui est loin d’être facile. Bonne petite mise en bouche après tout.
- 2. Ethiopiques
Classé soul, j’avais grandement envie d’aller goûter à ce groupe éthiopien et heureusement, leur spectacle était plus long que celui des Drums. J’entrainais Yannick l’accompagnateur dans cette belle et courte aventure. Ce fut un délice entrainant et joyeux. C’est là qu’il me dit que j’avais de belles sélections depuis l’année dernière qu’il m’accompagne dans mes pérégrinations festivalières. Héhé.
- 3. Julian Casablancas
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Membre des Strokes, il joue ici seul. Si le registre me plait en général, j’ai été contrariée par le son et les basses trop fortes cassant la mélodie.
- 4. LCD Sound System
Pure électro, je me suis remuée sur leurs titres mouvementés et scandés. Ça m’a plu, j’étais contente. J’ai loupé la fin pour rejoindre la grande scène où les places pour voir Mika depuis la plate- forme étaient comptées.
- 5. Mika
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Je n’ai pas de disques ni même de titres de Mika chez moi. J’aime les chansons gaies et énergiques passant sur les ondes sans toutefois aller jusqu’à acheter quoi que ce soit. J’avais envie d’aller m’amuser pressentant une forte présence sur scène. Je n’ai pas été déçue, vraiment. Non seulement les décors et les costumes étaient travaillés dans un univers à la Lewis Carrol en plus, c’est un spectacle total qui nous a été offert. Il saute, danse et bouge avec une énergie folle, il implique le public pleinement dans le déroulement du show (vers la fin, il me semble qu’il a fait monter un gars du public sur scène pour participer aux tambours et chorégraphie). Un univers coloré, explosif, lumineux, une bouffée de joie de vivre revitalisante qui a soulevé le public. J’ai sauté et dansé autant que possible, ravie de partager cet instant avec la foule ; combien de mes compagnons handicapés se sont levés ou ont dansé du haut du corps dans leur fauteuil ? C’était une communion vivifiante et joyeuse avec un Mika généreux, heureux d’être là, déchaîné, humble et authentique.
Après le spectacle, il s’est produit un petit événement qui mérite à lui seul un article tant il est remarquable. Je n’en dis pas plus, ce sera pour plus tard. Patience.
- 6. Massive Attack
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Heureusement, il y avait une plage d’une heure entre Mika et ce groupe de trip hop parce que le contraste est important. Leur dernier passage n’avait pas été folichon à ce que j’avais entendu et cela m’avait réconfortée. Avec un nouvel album sorti après 7 ans de silence, c’était une bonne occasion d’en profiter. Scène sombre illuminée de laser et images reportées à l’arrière, j’ai été surprise par les chiffres et libellés exposés : en français, sur des sujets d’actualité en France et dans le monde, des parallèles effrayants sur la folie des hommes entre la frénésie consumériste et le désastre des conditions de vie de la majorité des humains sur la planète, les dangers environnementaux et l’irrationalité humaine dilapidatrice des ressources, évocation de faits divers « people » et autres aberrations politiques. J’avoue que j’ai préféré les lâcher afin de jouir pleinement de la musique planante. C’était hypnotique, profondément interne. J’avais envie de me mettre au Qi Gong là, tout de suite. Bon, d’accord, j’en suis adepte depuis plusieurs années et il m’est aisé d'y entrer avec délectation. Une plongée en transe forte savoureuse, en terrain conquis ? Et oui.
Petit tour musical de ces deux journées qui me laisse un goût de reviens-y (si les programmations me conviennent). C’est une sélection toute personnelle faite parfois au prix d’un choix cornélien, il est malheureusement impossible de tout voir sur 3 jours, 5 scènes et 75 concerts.
Ces artistes ont des destins variables, plus ou moins longs, avec plus ou moins de bonheur et de postérité ; il n’empêche que je suis fière de constater qu’à presque 40 berges, je suis toujours en piste sur l’actualité musicale, que mon oreille reste ouverte et affutée.
A suivre…
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