• Il neige.

     Régulièrement et chaque jour, les centimètres s'accumulent surtout là où il n'y a pas de dégagement. Certains passages se transforment en patinoire, les trottoirs sont peu dégagés, beaucoup oubliant leur responsabilité. Ce n'est déjà pas évident d'y évoluer quand on est valide, qu'il est épique de s'y mouvoir quand les troubles de l'équilibre sont réels, que le corps ne répond pas si naturellement. En fauteuil, je n'en parle même pas. Bah, hors nécessité, le repli chez soi est une solution. Ainsi, étant affaiblie par l'angine, je ne me remue pas à forcer la marche. Il m'est d'ailleurs souvent arrivé ces derniers jours de prendre la voiture pour faire quelques mètres, ce qui m'est habituellement aberrant. Là, je n'avais pas la force de marcher... encore moins dans la neige. Et j'ai constaté.

    Parce que bien des aires de stationnement ne sont pas dégagées, les lignes de marquage deviennent invisibles. Les voitures sont placées aléatoirement, au gré des allées et venues, de la bonne volonté des conducteurs aussi. Et pour les places handicapées, nombreuses sont celles qui n'ont pas de panneaux alors, elles disparaissent sous la neige. Étrangement, leur présence est oubliée. Certes, il suffit de quelques inhabitués des lieux, d'une ignorance sincère pour que la place soit occupée par un valide. Seulement, quand arrive quelqu'un ayant besoin de cette large place pour sortir, évoluer avec un fauteuil, des difficultés à se mouvoir ou encore de la fatigabilité, qu'est- ce qu'elle fait? Occasionnellement, j'ai à me garer plus loin; quand je suis en forme, c'est une expérience positive permettant de réaliser ce que je récupère. Par contre, quand je sais que je vais piétiner un certain temps à tel ou tel endroit ( faire les courses par exemple), avoir à marcher plus loin en sortant demandera à puiser dans les ressources profondes- et je ne parle pas des éventuelles conséquences sur ma vessie capricieuse ou alors, là, en l'occurrence, quand je suis affaiblie par quelque autre maladie de saison, je passe par quelques secondes de profonde lassitude. Surtout au retour. Reprendre la conduite de suite n'est pas judicieux alors, ma foi, je prends du temps, quelques minutes pour me reposer. Sur le plan individuel, ce n'est pas bien grave, je m'adapte, j'ai la chance d'en avoir les moyens. Au delà, je me soucie de ceux qui sont plus entravés et surtout, je m'interroge sur le sens de ces petits riens du quotidien pourtant si révélateurs des choix de société au sens de vivre ensemble. Et oui, je reste fidèle à moi – même. Force est de constater qu'en cas de neige, la priorité est donnée aux grands axes routiers puis aux routes. Les aires de stationnement sont négligées sauf devant les grandes surfaces; dans les villes, les villages, les trottoirs ne sont pas dégagés et les piétons n'ont qu'à se débrouiller surtout que le chasse- neige renvoie sur les côtés ce qu'il a enlevé de la route. Pareillement, que dire du chemin de fer? Combien de retards, d'annulations parce que les voies ne sont pas dégagées? Combien de déplacements quotidiens en train grandement contrariés alors que les voitures circulent allègrement?

    Évidemment, les responsabilités sont variables et multiples ce qui ne permet pas de décision concertée générale, je relève toutefois combien ces choix, dans leur globalité, révèlent les priorités: le véhicule qui va vite pour un humain (hyper?) actif.

    Pourtant, en hiver, il neige et tous ne vivent pas au royaume de la voiture individuelle munis d'une énergie débordante sous le règne de la vitesse.

    Nous aurions tant besoin de prendre le temps de vivre, d'accepter que physiologiquement, l'hiver est la saison du ralenti, du repos, que autrui, à côté, devant, a lui aussi besoin d'être en sécurité sur la voie publique à pied, à vélo, en fauteuil, agile, jeune, âgé, valide, handicapé. L'humanité est multiple, certainement pas stéréotypée. L'oublier, c'est s'amputer soi- même.

     

    « Il est làAu revoir monsieur. »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Février 2013 à 21:40

    C'est sur, la neige complique beaucoup mes déplacements mais c'est plus fort que tout, quand il neige , je suis heureuse. Nostalgie de mon enfance à la montagne? Paysages féériques? Malgré les retards dans les transports, l'annulation de certains rendez-vous, rien à faire, rien entame ma bonne humeur face à la neige. C'est vrai que c'est parfois le seul grain de sable  qui nous oblige à prendre le temps puisque tout se paralyse pour quelques heures. Prendre le temps, enfin...

    2
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Jeudi 28 Février 2013 à 14:12

    Joli grain de sable, n'est- ce pas? Le souci est que les humains s'obstinent à aller vite malgré tout..

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