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Sous le coup de l'armoire
Depuis la chute de l'armoire sur ma tête, d'autres éléments se sont ajoutés. Je les jugeai liés au hasard, à la météo, sans conséquences, temporaires et rapidement oubliés.. Et ben, je me suis trompée.
Le samedi suivant mon raccommodage, je déambulai en ville, sous le crachin, dans l'air glacial. Au soir, j'avais un rhume du tonnerre et cette sensation désagréable de froid permanent à l'intérieur, celle d'étouffer sous la couette en sueur. Le dimanche, je reniflais, me mouchais, éternuais à tout va et m'interrogeais sur ma capacité à aller en formation le lendemain: à 150 km de chez moi, voyage en train très matinal, sept heures de réflexion puis retour en fin de journée, était- ce faisable dans mon état? En plus du traumatisme crânien ( sans compter Devic et compagnie). Je lâchai la préparation d'un casse- croûte froid en raison d'une envie légitime de manger chaud à mi- journée et me laissai porter par la volonté d'assister enfin à une information sérieuse sur la dyslexie attendue depuis des années. Je partis donc le lendemain très tôt et … dormis tout le long du voyage, au retour, en milieu d'après- midi entre les éternuements et le mouchage. Je réussis à suivre, réagir, participer de temps en temps et prendre contact avec Colette, médecin traitant pour enlever les fils de mon cuir chevelu ( et oui, ce n'est plus l'hôpital qui le fait, histoire de rentabilité des actes). Au soir, j'étais dans un état second avec une énergie insoupçonnée pour remonter jusqu'au cabinet médical à pied, sous la pluie et sentir toutefois ma vessie courageuse toute la journée me lâcher à mi- chemin. Pfff, tant pis, je n'avais pas la force de rentrer chez moi me changer, nous ferions avec ( en plus, je m'étais risqué à porter un pantalon) . Somnolence dans la salle d'attente et entretien plaisant habituel. Le retrait des fils m'inquiétait, il se déroula tranquillement et je m'étonnai de ma résistance aux tripatouillages. A posteriori, je me dis que ma sensibilité aux sutures avait été en fait liée au traumatisme, à la chair à vif, je n'étais peut- être pas si douillette. Bah, peu m'importait, j'avais surtout envie de rentrer me coucher. Je repartis avec une ordonnance pour contrecarrer mon rhume et celui du fiston resté au lit.
Mardi, j'allai travailler après m'être interrogée sur ma capacité physique à tenir ces heures mouvementées et demandai à l'univers de m'amener des stagiaires calmes, concentrés et autonomes. Je retrouvai une partie d'équipe et nous constatâmes tous que j'avais les idées brouillonnes, une légère désorientation. Ma voix en prime s'étiolait au fil des heures. Au soir, je ne pouvais plus parler, aucun son ne sortait de ma bouche. Mon garçon ne m'avait jamais vue ainsi et se fit moins revendicatif, partageant avec moi le silence et les murmures.
Mercredi, j'annulai mes cours particuliers, me fit remonter les bretelles par ma sœur, mon amoureux fâché de m'entendre dire que j'irai travailler le lendemain. La journée passa dans une espèce de flou général. Signe révélateur: quand je suis mal en point, j'ai envie de me légumer dans le lit ou sur le canapé et de regarder des films ou des séries sur écran. «Oulala oui, maman, là, tu ne vas pas bien! » répétait mon garçon surpris de ma si faible activité.
Le lendemain, nous obtînmes un opportun rendez- vous chez Colette grâce à l'oubli d'autres patients. Fiston avait un gros rhume, une vilaine toux, il eut la semaine et un traitement. A mon tour, elle me questionna sur les symptômes, chercha les points douloureux sur les voies ORL. Rien ne réagissait, j'évoquai alors plutôt une douleur tirant des pommettes vers les oreilles. Elle réagit de suite et me demanda si l'arrière des yeux me tirait, « Non, pas que je sache». Elle posa ses doigts et je fis « Aïe aïe! » , je ne soupçonnai pas l'intensité de cette douleur.
Ce qu'elle expliqua ensuite me fit sourire parce que bien qu'inhabituel, c'était cohérent pour qui se penche sur la médecine chinoise ( pour rappel, Colette est généraliste spécialisée en homéopathie- acupuncture): le coup de la semaine passée avait complètement détraqué les énergies de la tête, désharmonisant celles de l'intérieur et celles de l'extérieur, ouvrant toutes les portes aux infections et autres réjouissances. En prime, j'étais à plat énergétiquement. C'était clair. J'avais à soigner et mon rhume, et ma gorge, et ma vessie ( puisqu'évidemment, utiliser des toilettes publiques dans le train, sur le lieu de formation avait entraîné une belle infection à fuites quasi permanentes) et mes énergies. Besoin urgent de repos. Mon garçon remarqua que je ne demandai pas d'arrêt de travail, c'était une question délicate.
J'allai travailler le lendemain pour prévenir les stagiaires, mettre des affiches sur mes absence à venir et malgré mon extinction de voix, je tins le coup avec cinq personnes et un débat oral sur la situation économique de la région. Malin.
Repos vendredi? Vous voulez rire! Amorphe, j'accompagnai ma mère et ma sœur à gauche à droite sans un merci et rentrai abattue.
Depuis, je suis en activité minimum. J'ai prévu de ne pas aller travailler lundi, de prendre le temps de voir comment évolue mon état pour décider de mon activité du mardi. J'ai la flemme de faire du Qi gong, c'est dire combien je suis raplapla. Dormir? Quelle galère! Avec ma vessie infectée, je me lève trois, quatre fois par nuit. Quand j'essaie de parler, mon garçon s'écrie: « Arrête MAMAN, on dirait un zombie! Ça fait peur!!! » Déjà que j'erre toute la journée comme une âme en peine. Le pire, c'est que je n'ai aucun goût et alors que je me réjouissais d'un feuilleté aux orties, de tisanes, de grog, tout est morne et fade. Il y a de quoi déprimer. Du coup, j'ai eu envie de me refaire la série Six feet under. Elle passe mon temps alors que je tricote avec peine, fais des coutures ratées, des essais infructueux de création.
Ben voilà, après le traumatisme, j'avais certes fait doucement, écouté le corps, renoncé à mes cours de danse, à certaines marches ou agitations, mais j'avais fait du nettoyage, de la menuiserie, du remue- ménage, en gros, encore trop. Et la semaine suivante, je me suis retrouvée très affaiblie d'où tous ces aléas de santé.
Vraiment, ça ne me réussit pas le coup de l'armoire sur la tête. Et le corps a ses raisons. Est- ce que cela me rentrera dans le crâne? A moins qu'il n'y ait encore autre chose... avec cette foutue armoire qui n'est pas la mienne, comme le remarqua Colette. Cette chute d'armoire a décidément remué et ébranlé bien des trucs qui traînaient. il était peut- être temps de s'y pencher. Enfin, pour le moment, je glande et c'est bien comme ça, maintenant.
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Commentaires
Tout n'est pas perdu puisque reste l'envie, l'énergie d'observer, de comprendre et peut-être, au bout du compte ... de désosser enfin le coup de cette fichue armoire ! ça viendra, en laissant du temps au temps. bon courage, fée au milieu des gravas, nous savons que vous en avez quand vous savez prendre soin de vous ! merci pour la leçon.
La tête de mule est dure... Alors, oui, vraiment, il n'y pas d'autre solution que de laisser faire le temps.
Tiens, je ne connaissais pas le coup de l'armoire !
(Mauvaise) blague mise à part, je te souhaite un bon rétablissement.
Et il est vrai que la météo actuelle n'aide guère, au contraire : rhumes et grippes reviennent à la charge.
Bon courage !
Oh! J'ai eu du mal à voir ton blog pendant un moment et là je réalise mon retard! je reviens te lire au plus tôt, au milieu de mon agitation quotidienne.
Je t'embrasse!!!