• Björk, 8 mars 2013 au Zénith de Paris.

    Au milieu de la salle, trônait une petite scène. Depuis nos places, je craignai l’obstruction par deux espèces de grands poteaux et observai de loin l'artiste d'entrée, une amie de Björk bidouillant ses ordinateurs puis au dessus, un cercle d'écrans montrèrent les constellations de l'univers de Biophilia. La salle se remplit lentement, l'ouverture n’intéressait pas grand monde, il régnait un brouhaha de pas plus ou moins hâtifs, de paroles échangées. Certains mangeaient, d'autres buvaient, certains se promenaient, s’installaient, repartaient, revenaient, beaucoup discutaient. Le temps passa doucement et quand tout à coup, la lumière changea, des cris montèrent en vague, les choristes entrèrent en scène dans une quasi obscurité puis ce fut le tour de Björk. Les lumières étaient faibles, quelques rayons illuminaient les vêtements, la perruque monumentale, les musiciens, les instruments. Les écrans passaient des animations terrestres, galactiques, sanguines, végétales, marines au gré des chansons. Se succédaient des tableaux divers où les artistes se plaçaient en ordre différents selon les chansons: en cercle, concentrés au milieu de la scène, en face de l'un ou l'autre côté de la scène. Björk était loin, je ne voyais pas beaucoup de détails, je me dis que décidément, il serait grand temps que je me trouve une paire de jumelles de théâtre, la maladie a endommagé ma vue et je passe à côté de bien des éléments. Enfin, là, en l'occurrence, Björk se faufila, se mêla, gesticula, dansa, souvent dans des recoins, dans l'obscurité, des lumières faibles ou au contraire éclatantes. Elle entonna tous les titres de son dernier album dans un ordre choisi pour le spectacle entrecoupés de quelques titres de précédents albums: Unravel de Homogenic, Mouth's Craddle, where is the line de Medulla, One day de Debut, Declare independance de Volta. Comme à son habitude, les titres montaient en puissance et le final explosa avec Nattura. Elle salua et disparut comme elle était apparue. Il y avait eu une petite pause de quelques minutes entre- temps, la présentation des choristes et musiciens. Je m'amusai à noter que son accent islandais est particulièrement prononcé quand elle parle alors qu'il est bien plus discret quand elle chante, une spécifié commune à de nombreux chanteurs.

    Les deux poteaux étaient en fait des instruments avec des bras dont le mouvement engendre des sons d'air et nous étions finalement bien placées; de loin, j'ai aperçu les autres instruments fabriqués pour l'occasion avec leurs sons particuliers dont une espèce d'orgue inédit. Elle a modifié les orchestrations de certains titres comme One Day avec seulement sa voix et une percussion déjà entendue dans son concert débranché de Londres.

    J'ai été surprise par le public: quasiment statique et silencieux mis à part quelques agités très localisés. Majoritairement, personne ne bougeait et presque toute la foule écoutait religieusement. Les applaudissements, les cris étaient ponctuels sur les moments d'arrivée, de sortie, après chaque chanson. En fin de concert, Björk fit se lever le public et l'invita à danser, sans grand succès. A Declare independance, les bras se levaient, évidement, en chœur mais les corps ne sautaient ou ne dansaient pas véritablement. Avec ses musiques, je suis pleinement dedans, ma familiarité est telle que je vis les notes, les rythmes, les paroles, je sais ce qui arrive, quand, comment aussi, c'est plus fort que moi, j'ai envie de chanter à tue tête, de danser. Là, je me suis ( un peu) retenue au milieu du silence et du calme alentour, c'était étrange.

    J'avais mon appareil photo dans le sac à main et je n'en ai faite aucune. La seule tentative n'aboutit pas car j'étais à chaque seconde dans le concert et n'en voulais rien manquer. Nous avions été invités à ne pas filmer ou photographier en entrée, des photos étant disponibles sur le site bjork.com en téléchargement gratuit ( elles ne sont pas terribles d'ailleurs je trouve pour des soit- disant photos professionnelles). Quelques appareils se levaient sporadiquement et des vidéos sont visibles sur la toile, vous trouverez facilement, si cela vous intéresse, des extraits du Cirque en chantier par exemple. Je constatai de ce fait que la programmation des titres n'était pas identique à chaque date et je savourai d'autant plus ce 8 mars car elle y joua certains de mes morceaux préférés comme One Day, Mouth's cradle ou Unravel.

    Pour conclure, je dirai que j'ai été enchantée, ravie et heureuse d'avoir fait le déplacement. Si des impondérables liés à sa personnalité se répètent, Björk change complètement l'ambiance de ces concerts selon l'album dernièrement sorti et ce sont des découvertes constamment renouvelées avec sa capacité à transformer ses morceaux plus anciens d'autant qu'elle a de l'audace et tente des expériences originales, hors des sentiers communs. Certains qualifient sa musique et ce concert de cérébral. Il est vrai que la symbolique y est forte, peu commune, il y a une profonde réflexion derrière chacun des éléments et pourtant, je trouve qu'elle touche à ce qu'il y a de plus primitif en l'humain et son rapport à la terre, la nature, sa propre nature. Les émotions sont puissantes, voire exacerbées, les images du corps, des cellules, des couches ou plaques terrestres, des océans, des étoiles, des constellations renvoient du plus petit au plus grand et ramène l'humain à sa place d’élément d'un tout. «I’m no fucking Buddhist but this is enlightenment» dit -elle dans Alarm Call d'Homogénic, elle se déclare sans religion, je la sens païenne, elle transpire la foi en tout ce qui est vivant, bouge, se transforme. Enfin, quoi qu'il en soit, je suis conquise depuis vingt ans, elle me déçoit rarement, mon avis n'a alors absolument aucune valeur parce que je suis totalement partiale. J'avais simplement envie de partager avec qui voudra s'attarder en ces terres conquises. 

     

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