• De manière informelle et privée, nous nous retrouvons tous les premiers mardis du mois pour une réunion de Communication Non Violente. Vient qui veut, comme il est avec ses valises. Nous partageons, échangeons, questionnons, revisitons les événements sous l'angle de la cnv. C'est riche, émouvant, puissant, épuisant et ô combien bénéfique! Au premier mardi de janvier, nous nous retrouvâmes donc en comité de quatre. Je n'avais pas le sentiment d'avoir besoin de mettre sur le tapis les événements de ma fin d'année, j'avais l'impression que j'avais fait un grand chemin seule en laissant la place, en observant, tout au plus avais- je à informer mes camarades de ce qu'il s'était passé et de ce que j'en avais fait aussi, laissai- je la place à l'une de mes amies jusqu'à ce que son sujet soit éclairci. L'heure passant, je me dis que ce n'était pas la peine d'en rajouter en vrac parce que je me débrouillais seule et que je ne voulais pas charger la soirée outre mesure. Son sujet conclu, mon amie introduisit le mien annonçant que c'était du lourd et j'en souris. Je balayai l'air d'une main désinvolte puis entamai le récit: l'intervention chirurgicale et le retour mouvementé à la maison, le Noël avec ma mère, la visite de fiston chez les parents de SeN, le décès d'Anaïs, les absences et silences du réveillon... Je passai par des états divers et changeants selon ce que je racontai: le détachement vis- à- vis du passage à l'hôpital, l'exaspération au retour, le choc, abasourdie sur l'état de ma mère, la consternation à propos de la visite du fiston puis une déferlante de larmes au récit du décès d'Anaïs, la déception et la colère des silence et absence d'un lointain prétendu chéri. J’ignorais combien tout cela me pesait, ce qu’avaient été leurs impacts. Mes camarades et amies passèrent un long moment à m'écouter puis évoquèrent leurs émotions. Elles étaient touchées en plein cœur de l'attention que j'avais portée à ma mère prenant soin d'elle au sens entier, elles mesurèrent mes angoisses face à la maladie dont la réalité est impitoyable malgré toute l'énergie, la force et la volonté que je mets à vivre pleinement et surtout, l'une d'elle eut cette remarque: « Finalement, alors que tu sortais de l'hôpital, sous le coup de l'intervention et de l'anesthésie générale, tu avais un grand besoin de calme, d'attention, de soins et tu as passé ton temps à t'occuper des autres, à gérer leurs problèmes.» Et ben oui.

    C'est bien joli de vouloir vivre dignement malgré la situation sociale bancale, la maladie, ses conséquences et les handicaps; c'est bien joli de vouloir vivre en conscience de l'importance des sentiments, besoins et de la bienveillance. Seulement, ces choix ont une conséquence perverse: les autres ignorent ou oublient ce à quoi je suis confrontée au quotidien. Et comme les besoins de bienveillance en chacun sont énormes, beaucoup s'engouffrent dans la porte que je leur ouvre trop heureux d'être acceptés et écoutés. S'y ajoute la volonté de prendre soin de moi- même, de laisser de la place à mes sentiments, besoins, à chercher en moi les ressources pour aller au- delà des questions soulevées, à être responsable et autonome, j'en oublie que j'ai aussi besoin des autres, qu'il est bon de s'en remettre à autrui, de se soulager, de déléguer, de décharger. Si je n'oublie pas que la vie est courte, fragile, que tout peut basculer n'importe quand, n'importe où, que je suis gravement malade, que je suis handicapée, j'oublie que moi aussi, j'ai besoin de l'on prenne soin de moi, j'ai aussi besoin d'être bichonnée. La mort d’Anaïs a été une claque parce qu'elle me ramenait justement au poids de ce que je vis et cherche à anesthésier, c'est fort probable. Prendre soin des autres et oublier l'ampleur de ce à quoi j'aspire tout au fond.

    Dans ma bouche, j'ai de petites dents mal alignées, décalées dans une toute petite mâchoire étroite et resserrée. La dentosophie ne me dit pas autre chose que ce souci récurrent de place que je n'ose pas prendre. Cela peut paraître fou quand on me voit évoluer et pourtant, le corps, lui, ne ment pas et balaie toutes les stratégies que je mets en place pour aller au- delà de ce qui me dérange. La vie est juste, elle envoie ce dont nous avons besoin, il n'y a que nous pour être injustes, aveugles, obstinés ou fuyants.

    « Nous n'en avons jamais terminé avec nous- même» disait la psychiatre, pff! La vie est décidément une sacrée aventure intérieure.


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    Nous ne sommes rien les uns sans les autres.


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  • En préambule, je reviens sur l'année passée. Suite aux alertes d'orage, l'entrée m'avait été refusée pour voir The Cure et Justice. Furieuse, je ne comptais pas laisser passer aussi, contactai- je une association afin de demander des explications, en vain. A minima, une place fut promise par les organisateurs pour l'édition suivante, je demandai mon dû bien que cela ne compensât pas le préjudice en terme de déplacement inutile et frustration d'avoir raté des concerts très attendus et je partis sur trois jours, l'édition 2013 en comportant quatre pour la première fois.

    Question logistique, la route est longue, certes, je la préfère toutefois à un dodo sur place dans un camping peu adapté à ma situation ( et croyez- moi, avant la maladie, j'étais une grande adepte des campements en pleine nature, façon survie). J'en profitai pour retenter ma chance en covoiturage depuis un site spécialisé. Je proposai ma vieille voiture sur ces six voyages et deux contacts se concrétisèrent. Ce fut un avantage financier inespéré et l’aventure de la rencontre de nouvelles têtes. La première était une bavarde enchantée d'avoir trouvé une personne comme moi; au retour, je fus heureuse de l'avoir en bla bla permanent, je ne risquais pas de m'endormir alors que la fatigue était vraiment présente. La seconde fut une jeune fille avec qui je ne rencontrai aucun souci, nous accordâmes nos violons à merveille. Une de ses amies nous rejoignit pour le retour et tout le monde fut ravi.

    A mes arrivées, je passai sans encombre les barrières d'accès aux voies spéciales et marchai vaillamment tout du long jusqu'à rejoindre le stand de la MDPH car les navettes m'échappaient ou étaient pleines. J'y retrouvai quelques têtes connues et notamment l'un des piliers de l'organisation. Il fut enchanté de me revoir, « Tu nous as manqué l'année dernière!» s'exclama t-il en racontant à ceux qui ne me connaissaient pas que j'étais très organisée, que mes programmes musicaux valaient la peine d'être suivis car je permettais des découvertes intéressantes. Je lui relatai alors mes mésaventures encore fâchée. « Pourquoi ne m'as- tu pas appelé? Je te faisais entrer!». Ben, c’est que je n'avais plus de numéro, aurais- je seulement pensé à le faire face au bazar de ce soir- là? Au fil des conversations, j'appris que si le concert de Cure était beau, il avait eu deux heures de retard, duré plus de deux heures, ce qui se révéla pénible d'autant que l'environnement était dégradé en raison des pluies, de la boue. Celui de Justice passa donc très tard et la soirée s'avéra interminable. Ma foi, cela aida à avaler la pilule amère. Munie de mon programme des trois jours en double exemplaire, je n'eus aucun souci à trouver des bras pour me transporter en joëllette ou me tenir le bras dans les foules après 22h 30, heure de retour définitif au stand des roulettes tout terrain. Mes acolytes furent enchantés de m'accompagner tandis qu'ils me firent découvrir de bons concerts auxquels je ne pensais pas venir à l'origine. C'était un très chouette moment de partage.

    La configuration du site avait changé et certaines plates- formes déplacées; l'une ou l'autre se révéla assez éloignée des scènes, heureusement, ma vue était récupérée... et je n'avais pas pensé aux jumelles; une petite paire type théâtre me trotte dans la tête depuis un bout de temps sans que je ne me décide à l'acheter, c'est malin. Pareillement, j'oubliai de recharger les piles de mon appareil- photo, il lâcha avant les derniers gros concerts du dimanche, ballot, vraiment. Au large de la grande scène, devant les stands interminables de nourriture, le sol était boueux et glissant. Tard, au premier soir, je voulais aller à la scène en arrière et comme les véhicules étaient rangés, j'avais un accompagnateur au bras duquel je m'accrochais. Mon équilibre amoindri n'apprécie pas la foule et là, c'était collé- serré en mouvement et donc périlleux. Sans un solide appui, j'étais par terre; pourtant, j'observai l’absence d'attention de la majorité des gens; malgré son tee- shirt explicite d'accompagnateur pour personnes handicapées ( et chez moi, cela ne se voit pas, en prime), nul ne prenait seulement la peine de ne pas nous bousculer; il y eut également des commentaires déplacés de la part de quelque alcoolisé mais bon, je les ai oubliés, trop coutumière de ce genre de réaction sans intérêt. Également, il y eut un petit incident sur la plate- forme de la grande scène. Nous avions laissé notre véhicule plus loin et arrivâmes à pied devant la sécurité; je montrai mon bracelet et la dame nous laissa passer. Je m'amusai à danser sur une ou deux chansons profitant de la musique entraînante et de la place disponible avant de me remettre en chaise, les jambes à ménager pour tenir toute la soirée, la vessie chatouilleuse. Mon accompagnateur me rejoignit ensuite pour me raconter que la dame de la sécurité s'était cru grugée par une personne malhonnête en me voyant sautiller et danser. Il avait pris le temps de lui expliquer qu'elle n'avait pas à juger, que bien des handicaps ne se voyaient pas, que j'étais de cette catégorie. Je n'ai pas à la blâmer de faire son travail avec exigence, elle n'est de toute façon que la représentation standard de ces mythes que nous avons tous sur le handicap ( j'en avais tant moi aussi avant d'y être confrontée). En l’occurrence, lors du concert de Blur, alors que j'avais l'intention d'en profiter pleinement, je fus ramenée à ma réalité physique. Sur les trois jours, j'avais mesuré mes efforts, pris garde de ne pas risquer l'infection dans des toilettes à l'hygiène désastreuse, prenant même des traitements préventifs, les impériosités vaillamment affrontées, mais au dernier concert, j'eus droit au bouquet final. Après la première chanson où je dansai joyeusement, je sentis ma vessie hurler. Bien qu'ayant pris mes précautions auparavant, elle ne me laissa pas tranquille. Je résistai en fermant les écoutilles au maximum, m'accroupissant au sol pour éviter la fuite. Rien n'y fit. Je renonçai à danser, me glissai en un coin un peu isolé, tentai de protéger mes vêtements en ouvrant le passage au jet ( vive les jupes! Le pantalon est une catastrophe dans ces cas-là) et cela finit en flaque. Le sol et moi fûmes inondés, heureusement discrètement. Cependant, ces odeurs d'urines, les vêtements et chaussures mouillés m'irritèrent grandement tant pour le concert que pour le retour. Par chance, je n'avais pas de covoiturage ce soir- là, je n'avais donc qu'à espérer que ce ne soit ni visible, ni odorant pour les voisins de marche et navette de retour. A peine chez moi, je me précipitai vers la douche, trop heureuse d'en finir avec ces désagréments décidément très agaçants.

    Dans d'autres registres, je croisai à la station de la navette- aller, une jeune femme vêtue façon gothique; elle portait une jupe à empiècement simili cuir avec une bordure en tulle rose fluo façon tutu court qui me tapa dans l’œil. Je le lui dis et nous échangeâmes quelques mots. Ces vêtements, m'expliqua t- elle, étaient coûteux et comme j'ajoutai que je me ferais bien la même en d'autres couleurs, elle lança immédiatement que je pourrais lui en faire une aussi; elle me demanda mon Facebook seulement, avec mon pseudo, il n'est pas facile à retenir pour qui ne parle pas russe et je ne pensai pas possible de se retrouver. Pourtant, quand je revins quelques heures plus tard à ma voiture, je trouvai un petit prospectus de magasin de vêtements gothiques de la région sous mon essuie- glace gauche. Je compris son origine et le gardai. Quelques minutes plus tard, alors que je roulais à 90 sur une portion de route sans bas- côté, j'entendis un battement et découvris un deuxième papier sous l'essuie- glace droit. Merdalors! Impossible de m'arrêter ici! Je ralentis et guettai un lieu d'arrêt parce qu'en plus, il y avait plusieurs voitures derrière moi. J'entrevis une écriture manuscrite et pensai que c’était un mot de la jeune femme rencontrée à l'arrivée. Je tenais vraiment à le récupérer mais les circonstances ne s'y prêtèrent guère: le papier s'envola à mon grand dam emportant avec lui l'espoir de la contacter. Dommage.

    Alors que nous attendions au stand MDPH entre deux concerts, nous observâmes en silence la foule déambulant devant nous. L'un des accompagnateurs s'étonna de voir passer des personnes à l'âge bien mûr. Il y avait quelques grand- parents accompagnant leurs petits- enfants adolescents ( j'avais d'ailleurs discuté avec une grand- mère -nounou au hasard de la foule) et des festivaliers en couple, groupe ou solitaires à cheveux blancs majoritaires. Sa remarque me fit sourire et je lui dis simplement: « Les Eurockéennes ont 25 ans cette année, ceux qui venaient au début ont désormais 25 ans de plus, c'est simple, si on fait le calcul, d'arriver à des cinquante ans et plus. ». Cette mixité me plaît et il n'y a pas de raison, je fus bien surprise de constater qu'à 41 ans, je connaissais mieux la musique actuelle que certains jeunes accompagnateurs; la curiosité a du bon. Par contre, j'ai été interpellée par des parents emmenant de jeunes enfants en ces lieux de gros bruits néfastes aux oreilles. Il y avait même une jeune femme avec un bébé dans les bras. Il est vrai que le public évolue au fil des heures, l'après- midi est familiale, le début de soirée différent et je n'ai qu'aperçu les étalages des dernières heures de la nuit entre les roupilleurs, les bourrés, les fumeurs défoncés et autres extrémistes de festival.



    En conclusion, je dirai que l'aventure fut belle et riche, comme chaque année, ces trois jours une nouvelle expérience. La pause du samedi se révéla une bénédiction pour reposer le corps de ce vacarme, de l'hygiène douteuse et de la fatigue consécutive aux déplacements, veillées et autres gymnastiques. C'est incroyable ce que le corps encaisse lors de ce genre de sortie! Si j'y suis allée avec joie, j'en suis repartie avec soulagement, j'avais pris ma dose de concert pour l'année. Certains s'étonnent que j'y aille seule, je m'étonne que cela les étonne parce que si j'attendais sur quelqu'un, je n'irai pas. Il y a toujours quelqu'un à rencontrer, des partages impromptus, plus ou moins longs, l'ambiance y est bonne enfant, je n'ai aucune raison d'avoir peur et l'équipe MDPH fait un travail des plus appréciables. J'aime profiter de l'aubaine d'aligner autant de concerts à ce prix, m'y plonger, regarder la foule bouger, s'étirer, se condenser, passer les personnalités multiples et les attitudes infinies, découvrir les artistes en vrai, dans leurs gestuelles, leur présence sur scène. Mon seul regret est de ne pas pouvoir danser à ma guise, ma vessie étant une vraie rabat- joie hypersensible. Pour finir, ma principale remarque pour cette édition 2013, sur un plan uniquement personnel, est que je mesure le défilé des ans. Bien des festivaliers pouvaient être mes enfants déjà et alors que je discutais avec des accompagnateurs d'à peu près mon âge, nous avions des souvenirs musicaux lointains calculés en décennie. Blur, Skunk Anansie, the Smashing pumpkings, Jamiroquaï sont en piste depuis belle lurette et c'est drôle de voir dans le public des personnes plus âgées chanter et danser sur la musique de leur adolescence parmi des jeunots ne connaissant parfois pas le groupe. Au lieu d'angoisser, j'aime mieux me dire: « Vite, vite, profitons au maximum du présent! La vie humaine ne tient qu'à si peu de choses et n'est qu'une étincelle fugace dans l'immensité de l'univers. » Ce ne sont donc ni l'âge, ni les handicaps, ni la maladie qui vont m'empêcher d'y aller à fond, ce qu'il y a à vivre, je vais le vivre. Au moins, quand arrivera l'impossibilité, je n'aurai pas le regret d'être passée à côté de ce que j'aime. Je parie qu'en plus, cela ne vous surprend absolument pas.


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  • Des ganglions enflés dans la gorge chaque mois depuis mai avec systématiquement un traitement pour calmer la douleur, pouvoir simplement avaler ou ouvrir la mandibule, traitement dont l'effet d'ailleurs dure au mieux quinze jours.

    Une grande fatigue depuis début août qui me fait traîner chaque jour parce que je suis bornée sinon, je resterais au lit ou au fauteuil pendant des heures sans même manger.

    Dans la logique suite, une grande tristesse qui ne me quitte pas, me tire des larmes n'importe quand pour n'importe quoi ou sans raison.

    Un visage très pâle au quotidien, livide certaines heures au point que je m'effraie moi- même. En prime, des cernes violettes ou noires sous les yeux creusant plus ou moins mes traits selon mon état de fatigue plus ou moins marqué.

    Quelques kilos en moins perdus apparemment vite puisque j'ai trouvé de nouvelles vergetures très marquées.

    Le dernier contrôle sanguin dans le cadre du suivi des traitements à endormir Devic note des globules blancs à la limite de la barrière maximale alors que je prends un immunosuppresseur ( surtout les monocytes qui la dépassent).

    Au travail, je passe mon temps à lutter pour ne pas aller dormir quelque part, je baille constamment et les stagiaires ne cessent de me demander si je suis fatiguée ou si je vais bien.

    Et il y a des rêves, étranges, histoires violentes de querelles, incestes, agressions, accidents, fuites, chutes. Par expérience, je sais que ce n'est pas bon signe d'autant que j'ai fait un cauchemar ( dont j'ai oublié le contenu) qui m'a réveillée presque dans un cri, en sursaut il y a quelques semaines.

    Je tâche d'éviter les films- catastrophes dont est capable le mental bien qu'il m'arrive de pleurer à l'idée d'avoir à affronter une nouvelle épreuve lourde et difficile parce que cela m'effraie grandement; je sais par expérience que la vie peut basculer d'une minute à l'autre.

    Si j'ai enfin réussi à nettoyer la maison, à faire quelques travaux manuels hier et aujourd'hui, j'en ai assez parce que chaque activité me coûte. Il est temps d'insister auprès du médecin pour aller voir où se trouve la raison de mon état et y remédier. Pourvu qu'il ne s'agisse que d'une infection quelconque à soigner avec un traitement basique efficace! Demain, j'appelle. Quitte à dire que c'est urgent.

     


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  • Régulièrement, l'entourage s'étonne de mon activité, se soucie de ma fatigabilité, certains vont jusqu'à me gronder de tant de mouvements et de travaux. Mon fiston parfois s'écrie: « Maman, ralentis, je ne te suis plus! ». Il y a quelques semaines, mon chéri me grondait parce que je donnais des cours particuliers le dimanche après une semaine bien chargée. Ceux qui ne savent pas la maladie sont surpris quand tout à coup, je m'assois, demande à me reposer, à m'allonger en fermant les yeux quelques minutes ou que je décline un mouvement parce que ce n'est pas le moment pour moi... surtout s'ils ne me connaissent que par mes activités quotidiennes. Ces réactions m'ont permis de mettre de la clarté sur ce sujet.

    En ce qui me concerne, le jour de repos hebdomadaire après une semaine de labeur, des vacances régulières, trimestrielles ou annuelles sur une année sont totalement inefficaces parce que le temps est chevillé à mon corps, je le vis donc au présent. Je suis bien embêtée par les plans à longues échéances; ils m'obligent à l'exigence. Un rendez- vous pris à l'avance se prépare en conséquence avec mesure dans les activités précédentes, la prise de boisson, de médicaments. Je n'ai pas d'autres choix sinon les aléas ne tarderont pas à contrecarrer mes plans ou à y ajouter des contraintes supplémentaires. Dans un quotidien à impondérables réguliers, je fais de même notamment en ce qui concerne le travail, les courses ou les activités physiques. Quand je sais que les stagiaires m'attendent avec trois heures de cours à tenir ou des cours particuliers avec des jeunes récalcitrants, la tête ailleurs, inconscients des enjeux de leur problématique et des parents inquiets, je m'oblige à la même exigence.

    Chaque déplacement est une aventure en raison de mes tracas de vessie; il est nécessaire de réfléchir à une tenue appropriée et pratique, de prévoir les remèdes aux infections et accidents, de se soucier des solutions toilettes en situation périlleuse ( la ville étant de ce point de vue une catastrophe en raison de l'absence de lieux d'aisance libres d'accès et propres), de penser aux charges éventuelles à porter, aux efforts à fournir dans la danse ou les escaliers, les montées. C'est loin d'être facile d'autant qu'avant, je pouvais partir à la seconde au loin, en péripétie, sur un coup de tête. Je n'ai pas tant changé, j'ai néanmoins besoin désormais d'y réfléchir et de m'organiser efficacement, suffisamment à l'avance.

    Porter les bassines de linge, descendre le chat, chercher le courrier, passer l'aspirateur ou la serpillière, faire la vaisselle, préparer les repas, faire le ménage ou le repassage, aller chercher du pain à la boulangerie au coin de la rue ou les denrées des amaps en bas de chez moi ne sont que quelques unes des activités nécessitant de l'attention. Quoi de plus rageant que d'être en pleine rue, les bras pleins avec une vessie qui crie sa surdose et réclame son soulagement en urgence! ( souvenir d'une sortie au musée ici, par exemple). J'ai donc une approche différente du labeur, du repos, de la fatigue et de l'effort.

    A ceux qui s'étonnent de mon obstination à l'activité, je réponds désormais ceci: « Quand ça va, je m'active; quand ça ne va plus, je me repose puis, j'y retourne. ».

    Être au présent à l'écoute du corps, sa nécessaire connaissance impliquent d-e:

    • éviter les plans à longue échéance qui compliquent la vie en raison de leurs exigences logistiques ou d'accepter et faire accepter de les changer au dernier moment parce que la donne du corps a changé

    • renoncer à des activités ou sorties quand elles induisent une dépense d'énergie que je n'ai pas à cet instant ou qui puiseraient sur les réserves nécessaires à une autre impondérable ou plus importante

    • accepter d'être spectateur plutôt qu'acteur, comme lors des virées avec les copines de la danse que je regarde s'amuser et danser. J'aimerais en être si souvent, j'ai appris cependant à apprécier le spectacle de leur joie pendant que je reste assise à me reposer, à calmer des jambes incontrôlables ou une vessie chatouilleuse avec des toilettes difficiles d'accès

    • mesurer les efforts pour tenir sur la durée, au quotidien, lors des sorties ou emblématique, lors des cours de danse où je ne mets pas toute la conviction désirée par la prof dans les exercices ou répétitions

    • sentir l'énergie quand elle est là pour réaliser telle ou telle tâche, ralentir quand elle diminue et s'arrêter quand elle est à bout de souffle.

    Cela donne un rythme en alternance variable au gré des circonstances, des nuits, de l'impact des médicaments, de la météo, des températures, des petits tracas de santé ou de vie, de la saison, de la coopération ou non de l'entourage, de ma capacité à récupérer sur l'instant. Il existe tellement de raisons que je ne me fie plus qu'à mon ressenti au fil des jours, des heures, des minutes. Je sais pour l'avoir vécu que forcer a ses conséquences: vague infection longue à faire partir, coup de massue me clouant sur place, j'ai été jusqu'à l'évanouissement qui s'annonce ou éclair claquant subitement. Autant dire qu'il ne fait pas bon tirer sur la corde.

    Une petite voix intérieure me souffle que c'est loin d'être stupide vu que malgré toutes les entraves, je finis par en faire bien plus que certains valides, en pleine forme, avec tous leurs moyens.

    Dans un marché aux puces, j'ai trouvé, par hasard, un petit livre, Vivre le temps autrement, de Pierre Pradervand, édition Jouvence. Lu en une demi- journée, il m'a fait sourire tout du long: je suis déjà à ce qu'il relate. Lecture qui permet de faire le point sur une fin d'étape.

    Si le cœur vous en dit, penchez- y vous et peut- être que vous penserez à moi, avec le même sourire que celui qui m'a traversée.



    Désormais, il me reste à définir ce que repos signifie dans une vie de Carabosse, quand je serai reposée de ce texte, évidemment. A plus tard...


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  • Trop important à mes yeux pour passer à côté d'un tel article:

     

    La méditation augmenterait la compassion.

     ♥ ♥ ♥
    Il n'y a pas de restriction!!
    L'assise n'est pas une obligation, être présent à nos gestes du quotidien est déjà une méditation ( et c'est loin d'être facile). Au début, rien que quelques secondes de temps en temps font le plus grand bien... et après, c'est tellement savoureux que cela en devient une évidence comme de manger, boire ou dormir.

     

    Je file, ce soir, c'est spectacle de danse! Mon amoureux nous verra en vrai pour la première fois. Nous ne sommes pas trop au point avec les chorégraphies mais vraiment, il n'y a là que joie, partage et une belle énergie ( quand prendrais- je le temps de vous parler de cette belle aventure?).

     

    Ce qu'il y a à vivre, je vais le vivre ( Christiane Singer) ... En présence, c'est tellement bon!!!

     

    Mes pensées vous accompagnent, amis lecteurs.


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  • Ceux qui me connaissent savent que je suis une grande fan de la chanteuse islandaise Björk.

    Je la connais depuis 20 ans et son premier album Debut, véritable coup de foudre à la télévision au temps du Top 50. J'ai tous ces albums, quelques remix, concerts et clips. Je l'ai vue en 2002 à Lausanne, en 2007 à Paléo festival de Nyon ( récit prévu quand la mouche me piquera). Elle a été également le révélateur de la profonde sensibilité commune entre SeN et moi dont j'ai eu grand mal à faire le deuil. Mon fiston a emmené son deuxième album Post à la maternelle tant il l'aimait et s'est vexé quand la maîtresse a refusé de l'écouter parce que ce n'était pas de la musique pour les enfants... Bref, Björk est une partie de ma vie intérieure. Je sais qu'elle est très particulière et ne fait absolument pas consensus. D'ailleurs, mon amoureux qui ne la connaissait pas reste dubitatif. C'est une belle expérience que de la lui faire découvrir et il lui appartient de s'y retrouver à ses goûts ou non.

    Avec son dernier album Biophilia, elle fait encore preuve de son talent, de son originalité, de son audace, y exprime son amour païen de la vie avec des moyens technologiques de pointe, chantant les fondamentaux humains dans ce qu'ils ont de primitifs... enfin, c'est ainsi que je le sens, avis tout à fait personnel.

    J'avais découvert trop tard, dépitée ses passages à Lyon et Nîmes en 2012, l'occasion eut été si belle de la voir et de retrouver en même temps mes amies. De toute façon, toutes les places ont été vendues en moins d'une heure. Surveillant du coin de l’œil ses nouvelles via un réseau social, je pris connaissance de ses passages en Suisse et en France, à Paris. Ni une, ni deux, je guettais le jour d'ouverture des ventes de billet à l'heure pile annoncée pour capter des places. Fiston n'avait pas envie de venir ( à 16 ans, il ne sort pas avec sa mèère), mon amoureux est loin pour raisons professionnelles et peu dans mon entourage sont adeptes encore moins au point de partir en lointain voyage pour la voir. Mon amie de 20 ans, Magali fut la seule à répondre à mon appel. J'avais donc deux places à attraper ce qui n'est pas peu dire.

    Sur un premier site, je voyais les minutes s'écouler sans qu'il ne se passât rien alors, je filai sur un autre et bien que seulement dix minutes d'ouverture des ventes avaient passé, les premiers gradins étaient déjà complets! J'achetai vite fait les deux premières places proposées avec une légère appréhension sur leur positions, se déplacer à Paris et n'y rien voir, ce serait plutôt ballot. Je refis quelques essais dans les minutes suivantes et quarante- cinq minutes après l'ouverture des ventes, c'était complet. Parallèlement, je tentai de contacter le Zénith pour connaître les conditions d'accès aux personnes handicapées sans que jamais aucune réponse ne me parvint. J'avais bien tenté la même aventure pour le Cirque en chantier plus intimiste mais là aussi, aucune réponse, aucune information même pas sur la vente des places. Je m'en remis donc à la vie, au hasard.

    Quelques jours plus tard, je farfouillais sur le site de la Sncf pour des billets de trains pas trop coûteux. Si je suis contre la course type TGV avec tout ce que cela implique de dysfonctionnements, je fus ravie de voir que le temps de trajet a été diminué de moitié pour aller à Paris et pour ce genre d'escapade, c'est plus que bienvenu. Grâce à mon amoureux, nous avions un appartement pour nous toutes seules à mi- chemin entre la gare et le Zénith, frais d'hôtel en moins et confort indéniable, plus un plan complet de la ville. Tout était prêt et bouclé début février soit plus d'un mois avant la date du 8 mars. Super! J'étais confiante et heureuse.

    Plusieurs jours avant le départ, je m'occupai de mon corps, je caressai mon ventre en demandant à mon système urinaire de m'accorder ces jours de répit, je demandai à mes jambes de tenir le coup pour la marche et les remous de voyage afin de profiter pleinement de cette escapade folle. Je pris soin d'emmener ce dont j'avais besoin ainsi que de quoi manger correctement, léger et sain. Zou!L'aventure commença et ce fut magique!

    Les voyages en train se passèrent sans encombre: usage des toilettes normal ( un par trajet) , sans enchaîner avec une infection, longue assise sans souffrir, déplacements tranquilles dans les couloirs, les escaliers, les gares. Au retour, les dernières minutes furent cependant plus difficiles car en me levant à l'arrivée, je sentis que le corps était rouillé, que des articulations me faisaient mal mais ô surprise! Savez- vous pourquoi? C'étaient des courbatures! j'avais tellement marché dans le XIXe arrondissement que mon corps se remettait de son courageux périple à pied! Certes, s'il me prend de vouloir visiter à nouveau la capitale, le Vélib sera un trésor inestimable car ces deux jours de marche m'ont montré que je ne saurais en faire plus... pour l'instant mais quelle joie! Quel sentiment immense de liberté et de victoire que d'avoir marché de la gare à l'appartement, de l'appartement au Zénith et pareil au sortir du concert, le lendemain pour rejoindre la gare! Entre une heure et demie et deux heures de marche!!! A un moment, je remarquai déconcertée que mon amie avait du mal à me suivre, j'avais une longueur d'avance sur elle et je m'arrêtai étonnée de tant de vivacité et de force dans mes jambes. Pas de pression de la vessie, ni de fuite, pas de jambes tremblantes et désynchronisées! Pendant tout le concert, je ne subis aucune pression ou inconfort. Il n'y eut que vers la fin quand je dansai et sautai sur les chansons puissantes de clôture que je dus me rasseoir pour apaiser ma vessie bousculée et secouée. Je sortis de la salle lentement vers les toilettes assaillies et à longue file, dans l'urgence avec la crainte de ne pouvoir me retenir en piétinant. Je partis rapidement dans les toilettes pour hommes, cabine à porte cassée dont personne ne voulait et je me soulageais suffisamment, sans fuite pour ensuite rentrer à pied sans encombre corporelle. C'était magique!

    Malgré les innombrables possibilités de visites, nous gardâmes le lendemain matin à papoter et traîner comme du temps de nos vingt ans; nous étions tout de même fatiguées et soucieuses de profiter du calme de l'appartement au milieu de tant d'agitation. Ce fut également une sacrée expérience que de nous retrouver dans cette promiscuité, il y avait belle lurette que nous n’avions pas partagé tant de temps. Je redécouvrais mon amie intensément.

    Également, je constatai à nouveau la force de ce qui se joue à l'intérieur de soi. J'ai souvent entendu dire que les Parisiens sont malpolis, enfermés sur eux- mêmes, indifférents aux autres, que les quartiers populaires ( et cosmopolites que nous avons traversés) étaient à éviter, qu'il ne fallait pas traîner le soir dehors, etc.. Et là, sans que nous ne demandions quoi que ce fut, une petite dame vint nous guider pour trouver plus facilement le chemin, des agents de sécurité de l'immeuble nous indiquèrent où aller, personne ne nous importuna, nous avions des bonjour et des pardon en pagaille, j'aimais semer les miens au gré des croisements de regard. En trouvant une baguette dans une boulangerie ouverte à 23h, je remerciai les personnes présentes et saluai leur courage à travailler si tard. Ils furent déstabilises et reconnaissants, j'étais heureuse de leur faire ce cadeau alors que nous en avions tant eu ces deux jours. Il n'est pas question de naïveté, c'est une énergie qui circule, se nourrit, s'échange, se partage et émane. Il nous appartient de la cultiver.

    Au retour, la fatigue était évidente sans être envahissante, une fatigue commune finalement. J'eus en outre, encore assez d'énergie pour un saut au magasin bio où je dépensai comme jamais ( réserves de longue durée multi domaines), un autre chez mes amies puis prévins fiston de mon arrivée dans les minutes suivantes histoire qu'il débarrassât son bazar. A mon arrivée, il monta les courses et nous finîmes à la pizzeria car je n'avais absolument aucune envie de faire la cuisine après pareille aventure. Pendant 24 heures, il ne me lâcha pas, avoua que je lui avais manqué. Tout rentra dans l'ordre quand je réalisai qu'il n'avait rien mangé d'autre pendant mon absence que du riz, des bonbons et bu du soda devant l'ordinateur. Étrangement, dès la soirée, j'eus des fuites, une vessie capricieuse, des impériosités, mon corps me joua quelques tours et je pris le parti de vivre au ralenti le dimanche en prévision de la semaine laborieuse. Pourtant, linge à laver, suspendre ou repasser en pagaille, aspirateur et menus mitonnés après les deux précédents jours à régime léger me rappellèrent cette chance inestimable que j'ai de pouvoir mener à bien chaque jour de ma vie avec tant d'énergie et de mouvements.

    Cette expédition est un cadeau, une joie, une victoire dont j'apprécie chaque élément, chaque seconde d'autant que les circonstances se sont révélées bénéfiques, j'avais par exemple l'argent à cet instant précis alors qu'habituellement, je vis très chichement. Elle est la preuve que je vis, que les portes sont ouvertes, grandement. Y a t-il seulement encore des murs? L'envie folle de multiplier les projets, les péripéties grandit, s'amplifie, en particulier avec mon amoureux qui, quand il est là, accepte, s'adapte, m'accompagne et m'épaule devant ce que d'autres qualifiaient d'obstacles insurmontables... même quand il n'est pas là vu que de loin, très loin, il prend soin de moi, me file des tuyaux, me pousse, m'indique de bonnes pistes.

    Merci à vous qui avez illuminé mon périple de vos aides, merci à toi mon corps, merci à toi mon chéri, merci à toi mon amie Magali, merci à toi Björk, merci à toi la vie!

    Quant au concert en lui- même, je vous en parlerai plus tard. Patience!


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  • Je vous propose d'écouter cette magnifique émission radio: Sur les épaules de Darwin de Jean- Claude Ameisen.

    Celle du 8 décembre 2012 m'est toute particulière car elle évoque un thème qui m'interpelle grandement. J'ai déjà lu et relu des articles sur ce sujet, j'ai recoupé ces constations avec ma propre expérience de non- vision, j'en reste toujours autant ébahie et interloquée. Immédiatement, dans ma caboche s'y allient mes petites connaissances en physique quantique, mes lectures de Boris, tant de pistes autres dont je vous épargne la liste. Ma tête grouille ( ce qui en soit mériterait aussi quelques tartines) et je parle trop. Qui voudra écoutera l'émission et nous en reparlerons, ou pas.

    Ce qui m'est certain, c'est que j'ai encore bien à  penser,  méditer, reporter sur mon parcours en ces terres indistinctes.

     


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  • Lors de l'écriture précédente, je gardais en tête des images particulières que je ne voulais pas négliger, elles méritaient néanmoins un traitement de faveur à mes yeux et je ne voulus pas les noyer dans ces récits de fêtes aussi, je leur réserve cette place. J'ai eu quelques belles surprises à l'occasion de cet anniversaire, des surprises de cadeaux.

    Les amis fidèles évidemment surent me toucher et je l'ai grandement apprécié: de belles boucles d'oreille pendantes du Népal que je porte avec joie, un patchwork de cadres photos multicolore pour « y mettre les photos de tes amis qu'en plus, tu pourras agrandir à ta guise et te connaissant, tu as de quoi en faire un mur entier!», du thé précieux, des produits de soin, un magnifique bouquet de fleurs, un dessin dédicacé haut en couleur à fleurs et soleil éclatants. De mes camarades en danse orientale, j'ai reçu une peinture personnelle de fleurs en deux parties et un petit livre doré sur... les fleurs ( C'est drôle comme ce thème a été récurrent en quelques jours).

    Au travail, je fus particulièrement touchée. J'évoque souvent l'engagement que j'y mets, la joie que j'y partage et inévitablement, la portée de mes choix sur ceux qui m'y côtoient; je marque les esprits et comme le dit naturellement mon fiston, il n'y a pas beaucoup de profs qui déchaînent tant les amitiés. Parfois, des années après, je croise des stagiaires qui me reconnaissent, m'ouvrent les bras encore ravis de ce que je leur ai donné. Pendant les 2,5 ans d'arrêt maladie, incessamment, nombre d'entre eux demandaient mon retour et plusieurs ne voulaient étudier qu'avec moi. Il y a également les invitations aux mariages, aux fêtes ou les repas que je ne compte plus, les appels, les messages directs ou indirects malgré les années qui passent, les signes venus parfois de très loin pour me dire combien je leur manque... Bé voui. Alors, bien sûr, dans un tel contexte, il y a les cadeaux. Ils me surprennent systématiquement et me touchent d'autant que je connais les difficultés de certains, bousculés par la violence d'une société inhumaine. Thé et gâteaux d'une, viennoiseries de l'autre sont coutumiers, ils prennent un sens particulier quand il s'agit de marquer le coup de mes 40 ans seulement parce que j'ai fait une vague allusion quelques jours auparavant. Et puis, il y eut carrément une montre qui me laissa sans voix ou encore un très beau stylo. Ces gestes respirent tant la sincérité et la gratitude que je finis souvent par prendre dans mes bras mes bienfaiteurs.

    Il n'y a pas de narcissisme là- dedans, c'est un émerveillement devant la vie, ses richesses, son abondance et je lui envoie toute ma gratitude. Surtout, ces épisodes sont la preuve que nous sommes tous reliés, que la relation authentique est possible qu'une énergie bénéfique nous est accessible, qu'une autre société est possible. C'est à chacun de s'engager et d'agir, c'est à chacun de nourrir l'énergie de vie, de joie, de solidarité, d'amour dont nous avons tous fondamentalement besoin.



    One day, c'est maintenant.

     

     


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  • J'entends souvent « Nos vies sont ce que nous pensons.». Et ben, ma caboche est en activité intensive mode original improbable. Vraiment, je suis à fond dans la vie et même quand le quotidien paraît rodé, il se passe toujours un truc qui fait que je me retrouve dans des aventures incroyables. Les concours de circonstances sont heureux et je savoure le bonheur du lâcher prise au pouvoir si manifeste. Bla bla, je passe à l'essentiel: rien qu'en deux mois, j'ai eu deux rencontres exceptionnelles. Bon d'accord, toute véritable rencontre est exceptionnelle, il n'en reste pas moins qu'il est des personnes que je n'imaginais pas revoir ou rencontrer... par hasard.

    1. J'ai revu Pierre Rabhi ( première rencontre ici) Et oui! Il faisait une conférence dans le secteur et j'y suis allée avec mes amies qui ou ne le connaissait que par moi ou ne le connaissait pas du tout. J’étais heureuse de voir cette immense salle pleine et ravie que mes amies aient pu l'entendre exprimer clairement ce que j'ai parfois bien du mal à expliciter. Devant une telle foule, je n'imaginais pas le trouver bien qu'ayant dans mon sac son livre, Vers la sobriété heureuse que je rêvais de faire dédicacer. Nous étions d'abord au fond puis je réalisai que d'autres places nous étaient réservées plus près de la scène. Zou, en avant les filles! Je scrutais l'horizon du coin de l’œil espérant malgré tout le trouver. A peine étions nous assises qu'il apparut dans un coin entouré de quelques personnes. Ni une, ni deux, j'y allai d'un pas décidé. Ayant une éducation ou un tempérament courtois ( oui, je suis courtoise), je m'approchai en silence afin de ne pas interrompre les échanges en cours et là, devinez ce qu'il advint: c'est Pierre Rabhi lui- même qui me reconnut et m'accueillit chaleureusement en ouvrant les bras pour m'embrasser. Ah lala, quelle joie! De sa part, de toute façon, ce n'est pas étonnant. Évidemment, il ne se souvenait plus de mon prénom et il s'en excusa en expliquant qu'il avait plus la mémoire des visages que des noms. Non mais je n'aillais pas chipoter là! Il fut heureux de me dédicacer son livre et rayonna quand je lui racontai en quelques mots mon engagement: le choix de vie sobre, les amap, les Amanins, la communication bienveillante, entre autre. Il me remercia, comme il est dans ses habitudes et je lui serrai le bras: «Vous faîtes votre part, je fais la mienne. C'est ensemble que nous y arrivons.». C'était magique!... sauf que je l'ai trouvé fatigué. C'est qu’il vieillit ce petit grand monsieur et franchement, la marche du monde n'est pas très encourageante. Sa succession n'est pas garantie, il est des circonstances dont je parlerai ultérieurement qui ne me donnent guère d'illusion, en l'occurrence. Qu'il prenne soin de lui! Je crois le lui avoir dit d'ailleurs avant de le quitter non parce que nous avons besoin de lui mais bien parce qu'il est un être humain qui mérite largement de prendre soin de lui et de profiter pleinement du temps qui est le sien.

    2. En sortant du cours de danse orientale, je m'attardais à discuter avec une de mes camarades. Tout à coup, elle proposa de m'emmener à une foire du livre des environs. Je me renseignai sur la logistique et finis par sauter dans sa voiture toute heureuse de partager ce moment avec elle. Je n'avais aucune idée du programme ou des personnes présentes, Marcel Rufo serait là. Pourquoi pas l'écouter ou le rencontrer? J'avais bien croisé mon cher Boris en ces mêmes lieux. Nous déambulâmes beaucoup, au hasard des rayons et je remercie vessie et jambes d'avoir été si coopératifs. Marcel Rufo avait décommandé et n'était pas présent. Il y avait d'autres personnalités, comment cependant discuter avec elles quand je n'ai pas lu leurs livres? J'échangeai quelques mots joyeux et chaleureux avec Marie- France Hirigoyen  reconnaissant que je n'avais pas lu ses livres, que je ne la connaissais que de loin ( Dommage! Ses études ont de quoi longuement discuter, je suis frustrée, je l'avoue), j'eus un clin d’œil charmeur et charmant de Jean- Pierre Marielle, je ne savais pas quoi dire à Jean- François Kahn, étant plus curieuse des travaux de son frère que des siens, ou à Jean- Michel Ribes, Claude Halmos n'était pas à sa place, tant pis.. et puis à part lui dire que j'apprécie ses interventions sur France Inter, que dire d'autre? Je n'allais pas me forcer sous prétexte que ce sont des notoriétés. Les plus crâneurs ne sont pas forcément ceux que l'on croit d'ailleurs. Par contre, alors que je regardais les affichettes des noms placées au- dessus de la personne, je lus Jean Ziegler. « Est- ce que c'est le Jean Ziegler que je connais?? » m'exclamai- je à haute voix, interpellée. Je regardai ce monsieur, ne le connaissant que de nom et de voix puisque je n'ai pas la télévision et écoute la radio. Quand il prononça quelques mots, je sus que c'était lui. Il était hors de question de manquer l'occasion, je me faufilai discrètement et courtoisement. Je reconnus un des titres des livres exposés et survolais les autres; n'ayant que très peu d'argent prévu normalement pour le pain du mois ( c'est difficile ces temps- ci), je ne pouvais prendre qu'un petit poche, L'empire de la honte prévu à mes lectures depuis belle lurette et basta la peur de manquer! Je patientai pour ma dédicace et lui demandai s'il était d'accord. J'avais remarqué à la dédicace précédente qu'il prenait le temps d'écrire une bafouille recherchée, il me demanda mon métier et quand je lui racontai que j'étais prof de français pour adultes enseignant d'analphabètes étrangers à des diplômés en préparation de concours, il fut enchanté et me félicita ( j'ai souvent entendu dire qu'il y avait de la passion dans ma voix à l'évocation de mon métier et inévitablement, l’engagement que j'y mets est palpable). Nous nous sommes rencontrés, nous étions en relation, c'était évident et merveilleux. Je m'accoudai sur les livres pour aller vers lui et évoquai l'écriture d'un article sur mon blog suite à une de ses intervention sur France Inter. « La question de la faim dans le monde est POLITIQUE! » affirmai- je fermement en soutien à son action. Il écoutait attentivement et m'invita à venir à sa conférence de 18h. Ma camarade suivit enthousiaste. Pendant près d'une heure, il étaya ce qu'il démontre dans son livre, Destruction massive, géopolitique de la faim. En l'écoutant, je me demandai s'il connaissait Pierre Rabhi et quand l'opportunité de poser une question se présenta, je pris la parole. « Qu'est- ce que vous pensez du mouvement des Colibris autour de Pierre Rabhi? ». Question bête s'il en est, j'improvisais vite fait. Il connaissait et me demanda d'expliquer ce que c'était. A nouveau improviser? Voix claire dans le micro, flou de ce qu'il y a à dire, je tâchai de rester dans le sujet de la conférence et évoquai la relocalisation de l'économie, vivre de sa terre en tous lieux, les amap et surtout, avec ma conviction naturelle insoupçonnée sous mes airs de grande mince discrète, j'insistai sur le pouvoir que nous possédons tous à sortir du système que certains nous imposent en prétendant que c'est la seule voix possible: «Malgré les discours et ce qu'on voudrait nous faire croire sous prétexte d'immensité de la tâche, de technicité, de bureaucratie, de crise, de chômage, nous ne sommes pas impuissants, nous avons le pouvoir de choisir et d'agir chacun à notre échelle en refusant de se soumettre, d’acquiescer tacitement. D'abord et avant tout, il y a la nécessité de s'informer afin de décider en pleine conscience d'où l'importance de votre courage et de celui de Pierre Rabhi que j'ai d'ailleurs trouvé fatigué à notre dernière entrevue, ce qui m'inquiète ( là, il dit que Pierre Rabhi était quand même très seul). En ce qui me concerne, mes actes quotidiens sont des actes politiques parce que je ne veux pas mourir en ayant le regret d'avoir participé par mon inaction ou mon consentement tacite à un fonctionnement, un monde inhumain fondé sur une frénésie aveugle sans issue» ( en gros, je ne me rappelle plus exactement ce que j'ai dit). Suivit l'intervention d'un étudiant africain avec des références philosophiques et la question de la révolte violente, était- ce la solution devant tant d'injustices? Jean Ziegler répondit que c'est à chacun d'entre nous, là où le hasard nous a posé d'agir. La fin fut précipitée car la salle devait être préparée pour le lendemain. Il insista pour trouver un lieu où continuer la discussion, je n'avais malheureusement pas le temps ayant déjà largement outrepassé le temps imparti à ma virée surprise du jour. Un homme entama la discussion avec moi à la sortie et je fus ravie de lui recommander Pierre Rabhi facile à trouver sur Internet, c'était très chouette de partager ainsi avec un inconnu. De retour à la maison, fiston m'interrogea sur ma virée, il s'était inquiété en ne me voyant pas rentrer à l'heure convenue:

      « Olala, si tu savais ce qu'il m'est arrivé! J'ai rencontré un grand monsieur, je lui ai parlé, je suis intervenue à sa conférence et c'était d'autant plus improbable que j'y suis allée par hasard sur un coup de tête sans savoir qu'il était là. Et lui- même n'a confirmé sa présence à cet endroit que la veille puisqu'il avait un autre projet normalement! C'est fou, tu te rends compte.» J'expliquai qui il était, son cheval de bataille et montrai la dédicace émouvante qu'il m'avait écrite: « A fée, avec mes vœux de bonheur, mon admiration pour son travail et ma vive solidaire amitié». J'étais heureuse, comblée, toute à ma joie et mon enthousiasme, si reconnaissante à la vie de tant de merveilles. Fiston dubitatif, sourire en coin, se contenta de me dire:

      «Tu sais quoi maman? ça ne m'étonne même pas de toi.»


      Dire que j'ai cru mourir il y a 6 ans! La vie est vraiment une aventure incroyable et je remercie le ciel, chaque jour, du cadeau qu'il m'a fait en me donnant les moyens de réaliser combien il n'appartient qu'à nous de la vivre pleinement dans la joie et la gratitude. Comme le dit souvent Pierre Rabhi: «Nous nous demandons souvent s'il y a une vie après la mort. Ne serait- il pas plus judicieux de se demander s'il y a une vie AVANT la mort?». Sans vanité, empiriquement, je peux affirmer que oui, j'ai une vie avant la mort. Et chaque jour est un enchantement. Merci merci!


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