• Je fonctionne en dilettante avec l'ordinateur ces derniers jours, je vis et profite des instants préparant de grands changements de vie très prochainement. Au jour le jour. Aussi, aujourd’hui et dans la mollesse estivale, je vous demande de trouver ce qu’est cette mixture :



     

    A vous qui me lisez, vous savez que je suis une curieuse butineuse et que mes recherches créatives s’épanchent également dans la cuisine. Qu’ai-je donc encore bien pu manigancer dans mon antre mystérieux ?

     

    Coq et Mariev, je me demande si je ne vous l’ai pas montré, alors, ne lâchez pas trop vite le morceau si c’est le cas !! S’il vous plait !


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  • Il y a quelques semaines, j’ai pensé avec agacement que je ne lisais pas suffisamment à mon goût.

    Je me couchais aux heures habituelles et la fatigue de la journée me coupait les moyens de continuer la lecture du livre de chevet. Je n’avais pas l’impression d’avancer alors que la liste des livres qui m’attiraient ne cessait d’augmenter. Les insomnies sporadiques ne sont guère propices à la lecture d’autant que chaque plage de sommeil m’est hautement précieuse ; rester ne serait- ce que couchée sans rien faire est un instant de repos appréciable. Les levers répétés dans la nuit pour filer aux toilettes quand mon système urinaire manifeste son mal être m’ont amenée à en mesurer la préciosité.

     Cependant, à côté de l’ordinateur, une pile de livres et de disques s’élève, ils attendent leurs comptes- rendus de lecture , les listes des œuvres empruntées à la médiathèque sont interminables, bourrées au maximum, entre les kilos ramenés à la maison et la liste des réservations inlassablement pleine au point que je suis allée grossir celle du fiston.

    Que se passe t-il alors ?

     Et bien, je lis sans cesse, dans chaque pièce, à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la maison en bourrant mon sac à la moindre sortie à attente, j’écoute avec délectation les livres lus du bibliobus… Je suis curieuse par nature, boulimique de toute connaissance depuis fort fort longtemps, j’ai des souvenirs même de lecture dans la rue, en marchant, c’est dire. Là, j’ai des mois d’aveuglement à rattraper, des mois de renoncement !!!

     Il y a également du recentrage dans mes préjugés d’autrefois. Désormais, j’ai pris conscience que lire est une activité infinie et liée aux circonstances, à notre moi ici et maintenant. Nul n’est tenu de lire par obligation en dehors d’une voie scolaire… La lecture de cet essai  Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?  m’a éclairée. Je ne mets plus d’échelle de valeur.

    Les études des livres de techniques en travaux manuels, de jardinage ou de cuisine nourrissent ma culture au même titre que les livres de linguistique, de philosophie, d’histoire ou de psychologie. C’est également mon moi intérieur qui s’exprime inconsciemment dans les choix spontanés des livres lus pris à la va- vite au bibliobus.

     Je vis mes amis, j’existe et je nourris mon être parce que je suis en pleine renaissance depuis ces jours de janvier 2007 où le traitement a eu ses premiers effets. S’il m’est parfois difficile de garder la ligne générale du blog, submergée que je suis par les événements du présent, je tâche de rester cohérente.

     Au quotidien, je savoure avec joie l’écriture au passé des récits des heures sombres de la  maladie.  Certes, nul médecin ne peut me garantir que j’en ai fini avec elle, elle est tapie au creux de mon corps comme l’évoquait un rêve dont je parlerai en son temps, je vis quotidiennement avec ses conséquences physiques, elle a néanmoins donné la mesure de mon existence, chacune des petites choses que je peux faire relève du miracle ; je lui en serais quasiment reconnaissante. Maladie de Devic, maladie de vie… slurps, au risque de choquer.

     Avec mon fiston, nous évoquons nos peurs,  nous parlons du passé, du présent, et du futur. Des pages se tournent et les bouleversements intérieurs des derniers mois portent ma vue vers d’autres horizons. Chaque jour est un cadeau, il est temps den finir avec le gâchis.

    Inévitablement, mes orientations me conduisent vers d’autres optiques, je rencontre des personnes différentes, mes relations changent et je me sens vivante comme jamais.

     Ainsi, je lis, j’écoute, je dévore ! Et ces œuvres lues, écoutées ou vues qui jalonnent mon quotidien, inévitablement, parlent de ce que je suis et de mon cheminement.

    Un seul livre lu il y a longtemps dont le compte- rendu est prêt depuis des mois attend son heure. Rien qu’à son titre, il criait pour moi. Pour vous aussi, fidèles lecteurs, il prendra son sens.

    Dans des mélanges spatio-temporels, je parle de mon cheminement. Les articles en récit de la maladie n’arrivent pas par hasard non plus.  Si cohérence il y a dans mes divagations épistolières vers vous, elle ne se trouve qu’en moi. N’est- ce pas un merveilleux soulagement que de s’accepter dans son humanité imparfaite, partiale, aléatoire et faillible ?


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    Dans un autre registre, nous avons vu également le dernier Pixar dont nous sommes des inconditionnels depuis leurs débuts.

     Le court métrage d’entrée est une véritable poésie en image, hommage à l’imaginaire et aux rêves:

     Les enfants rapportés par les cigognes sont fabriqués par les nuages. L’un d’eux est sombre, il ne fabrique que des bébés atroces : crocodile, requin, porc- épique, anguille électrique, mouflon et j’en passe ; la pauvre cigogne s’en prend plein les plumes et regarde les bébés chien ou chat avec envie. Leur association n’en reste pas moins unique et magnifique, indispensable. C’est drôle, émouvant et touchant. Un régal.

     Quant au film, il s’agit de l’histoire de Karl, 78 ans décidé à réaliser le rêve promis à sa femme récemment décédée. Avec des ballons gonflés à l’hélium, il échappe à la maison de retraite de justesse pour rejoindre un lieu enchanteur d’Amérique du Sud.  Il embarque malgré lui un jeune scout grassouillet de 8 ans , Russell expert en secourisme de salon et bonnes actions galvaudées. A l’arrivée, ils rencontrent un oiseau extraordinaire que le garçon surnomme Kevin (il se révèle être une fiiiiiiille maman de trois petits) et un chien parlant dévoué et lourdaud.  L’aventure prend un tour inattendu de par ces rencontres. Le héros extraordinaire de l’enfance de Karl est retrouvé et descend de son piédestal de par son obstination de la gloire et de la revanche au détriment de la vie et de ses beautés. L’équipe improbable zigzague entre actions et situations multiples, certitudes et doutes pour finalement arriver à se sauver les uns les autres dans l’instant et dans la vie.

    Dans le registre émotions, les personnages et les situations sont souvent comiques et cocasses. Par exemple,  l’escouade des chiens est efficace, oui et oh combien grotesque avec ses réflexes de chiens malgré l‘image qui leur est donnée dans un premier temps, le chien Doug est un bêta attachant prêt à aimer qui voudra de lui. Comme dans tous les Pixar, les personnages secondaires sont les plus drôles.

    Si l’histoire est assez standard avec les valeurs et représentations américaines habituelles, j’avoue avoir PLEURE comme une vraie fontaine pendant les séquences consacrées à Karl : le résumé de sa vie pendant les premières minutes, la vie heureuse et riche avec sa femme merveilleuse malgré les épreuves, ses questionnements et obstinations face au temps inexorable qui s’écoule, le passé qui nous échappe, les deuils qui jalonnent l’ existence, c’est beau, c’est émouvant et j’ai vidé au moins un litre d’eau salée la gorge serrée en les visionnant.

    Vraiment, Pixar est fortiche… même s’il est impossible de sortir des sempiternelles valeurs américaines posées en valeurs universelles. Heureusement, nous nous régalons également de Miyasaki, Tim Burton et Ocelot.  Par la multiplicité des regards, c’est un monde plus riche et beau que nous découvrons. Kaléidoscope de l’humanité.

     


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  • A défaut de partir en vacances, j’essaie d’occuper le fiston tant qu’il est encore possible de l’entraîner dans des aventures avec sa mèèère. Il en est certaines que je ferai sans lui quand il sera plus grand, en attendant, elles restent des sorties familiales.

    Parmi les multiples de cet été (la joie de récupérer des capacités physiques héhé), il y a nos rituelles séances de cinéma. Ma mère et ma sœur aiment les dessins animés et nous en avons vu bien avant l’arrivée du fiston, les occasions font les larrons.

    La première se fit à l’occasion de la sortie de L’âge de glace 3.

    J’aime énormément le premier opus et je ne rate pas les aventures de Scrat l’écureuil en passion dingue avec son gland. 

    Celui- ci a une histoire peu originale, tirée par les cheveux, nous n’échappons pas aux stéréotypes. Par contre, les aventures  entre  Scrat, Scratina et le gland (dont certains plans laissent supposer qu'il éprouve des sentiments tels que tristesse, jalousie, bonheur... c'est très cocasse), quelques florilèges dans les dialogues et les portraits de personnages amusent grandement d’autant que le film est parsemé de gags hilarants. Le personnage de Buck en aventurier devenu quasiment fou dans le monde souterrain des dinosaures est délirant. Et que dire de l’épisode dans le squelette – téléphérique où les personnages sont enivrés par les gaz, en fou rire et voix aigües. Quand à l’instinct maternel de Cid le paresseux avec ses trois bébés tyrannosaures, il reste fidèle à lui- même avec ses travers habituels qui le rendent si attachant.

    C’est un film pour se détendre et rire de bon cœur, pour rien, pour le plaisir de rire, bêtement. Et qu’est- ce que ça fait du bien !

    Quelques images pour les amateurs:

     

     

     

     

     

      











     


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  • En parcourant les blogs amis, je lisais ce matin l’article de Pandora quand le fiston me demanda qui était cette fée des carottes dont elle parlait. D’après le contexte d’énonciation, je lui répondis que c’était moi.

     - Oh ben…  ton nom, c'est fée des agrumes.

    - Oui, mais on a bien le droit de changer non ?

    - Pourquoi elle ne t’a pas appelée fée des légumes… ou encore mieux félée des légumes ?


     

    Elle est bonne celle- là, vous ne trouvez pas ? 

     

    Pandora  s’est un peu emmêlé les doigts certes mais qu’est- ce que nous pouvons nous amuser de ce « lapsus ».  Merci à toi, Pandora.


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  • Lors de mes séjours prolongés en hôpital, j’ai profité pleinement des séances d’ergo et des phases Adelo entourée de personnes épatantes : Lorette, Maud, Michel, Myriam, Noémie. Avec elles, pas la peine de s’étendre sur mes difficultés, elles proposaient, je faisais et si je coinçais, elles étaient là pour m’accompagner… et non faire à ma place.  De nombreuses conversations dans les services portaient sur mes activités diverses et variées avant la maladie ou encore sur mon obstination à continuer celles à ma portée malgré la chute incessante et la perte de la vue. Parce que oui, je le dis sans peine, le plus douloureux pour moi a été de perdre la vue. Avec celle de perdre l’usage de mes mains, c’était ma plus grande peur et inévitablement, je suis tombée dedans allègrement. La psychanalyse a désormais donné du sens à ces peurs et c’est avec ironie que je les regarde à postériori. Reste que je suis folle  et pour mes vieilles connaissances, ce n’est pas une découverte liée à la maladie.

     Jusqu’à 14- 15 ans, j’étais enfermée en moi- même, figée par des souffrances non dites  puis, j’ai explosé contre l’écrasement que je ressentais. Alors, pendant des années, j’ai survécu en m’agrippant au moindre crochet trouvé avec plus ou moins de bonheur et de réussite. Il y eut des choix malheureux et des expériences très malsaines. Pourtant, malgré les aléas terribles de la vie et de mes choix inconscients, je n’ai jamais cessé instinctivement de trouver des solutions à mes comportements morbides récurrents. L’une des voies choisies a été la création de bric et de broc.

    La problématique permanente de la précarité matérielle a empêché des expressions telles que la musique, la danse ou quelques autres techniques spécifiques, j’ai fait selon les moyens du bord et je compensais le manque d’argent par l’ingéniosité et la débrouillardise. C’est devenu un choix de vie en sobriété heureuse.  Comme je le disais déjà ici, je passe des heures à apprendre des techniques, je suis affreusement curieuse et quand enfin je comprends comment quelque chose fonctionne, je fonce à l’aventure, incapable de me contenter de copiage.

     Au retour de l’hôpital en mars 2007, l’entreprise de démolition précédente avait permis de laisser la place à le reconstruction grâce notamment aux progrès médicaux. Dans mon auto destruction programmée de long cours, inconsciemment, la dernière phase était contredite par cette chance inespérés et je saisis par instinct cette pulsion  vers la vie. Etrangement, ce fut dans les pires situations que j’avais une chance incroyable. J’ai joué avec le feu trop longtemps dorénavant, je ne me malmène  plus mais avant de brûler les étapes, je reviens à cette explosion de création au retour à la maison.

    L’oxygène des rencontres et des travaux à l’hôpital m’avait droguée, je me fermai aux tumultes de la maison et des relations toxiques en m’engouffrant dans l’interne de mon âme consolidée par les rencontres des derniers mois.

     Dans un premier temps, j’ai farfouillé tous les recoins de la maison en quête des activités possibles avec mes handicaps- ma capacité d’adaptation m’étonne moi- même- tout en testant régulièrement mes capacités d’après l’évolution de mon état. Dans mon joyeux foutoir, il y a forcément toujours à faire. N’avais- je pas réussi à terminer tous ces ouvrages aux pires heures de la maladie ?

    J’ai remué toute la maison en roulant partout avec mon fauteuil, j’ai envahi les tables, les coins, les moindres espaces à ma portée de mes travaux  en pensée, en cours ou en finition. Je réclamais les objets relégués pendant mon absence dans des recoins inaccessibles à ma vue ou mon fauteuil avec une obstination forcenée. C’était ma façon personnelle de dire que j’existais ! Et oui, déjà en deuxième phase. Je vivais et je m’attelais à exister. 

     Mon premier ouvrage fut une boite en boite à peindre.


     

    SeN me l’avait offerte à un Noël plusieurs années auparavant avec un lot de pinceaux et de peinture. Je n’avais jamais pris le temps de mettre en couleur sur pièce le dessin africain auquel j’avais pensé. La première esquisse du projet était prête depuis longtemps, elle était désertique, morte et vide : un village de huttes abandonnées  sur une terre sèche et aride, des armes posées contre la façade (Je mettrai le dessin plus tard dans l'article, l'est emballé quelque part, mince). J’ai poncé le bois et  commencé par les fonds. Une couche, deux couches. Puis j’ai reproduis le dessin initial en gros… Les pinceaux furent à peine dans mes mains que je me suis lancée dans une aventure toute à fait différente de l’initiale, portée par ma vue intérieure quand mes yeux ne voyaient quasiment rien ( 1 et 3 dixièmes respectifs). 

     

    Sous les poils de martre, les couleurs ont explosé, un fleuve s’est dessiné, le village oublia ses armes, trouva un grenier à grains et s’entoura de potager, de culture, de puits. Des personnages en silhouettes vivifièrent le paysage, un homme et deux enfants, deux femmes porteuses d’enfant et de jarres. La lumière et des couleurs chaudes. L’opulence, une explosion de vie. Après le vernis, j’ai habillé l’intérieur de serviettes en papier au vernis colle.

     

     

    Cette boite florissante est devenue la réserve à chocolat.


     

    Je ne pouvais pas faire plus explicite,  ce n’était néanmoins qu’un début

     Je me demande systématiquement en regardant les œuvres de cette époque comment j’ai fait.  Je ne trouve que la voie de mon intuition pour l’expliquer, une voie intérieure, profonde, chaude et puissante. Indicible. 

     


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  • De juin 2006 à janvier 2007, je sentais ma fin venir.

     Les pertes et les renoncements cheminaient en moi, je me préparais à mourir, épuisée, anéantie, abasourdie par ce pied de nez atroce de la vie. Une sérénité abominable me laissait accepter les événements avec de temps en temps des crises de révoltes et de larmes face à l’abandon subi par mon entourage, la terreur de les quitter à jamais. Je m’étais trouvée réduite à l’extrême dénuement, je vivais chaque instant dans l’ici et maintenant.

     Quand la première perfusion de chimio fit effet, ce fut une explosion d’espoir, un tremplin formidable qui me repoussa vers la vie. Cette chance inespérée ne méritait pas d’être gâchée par des travers anciens ; un ras- de- marée avait balayé mon existence, il était temps de cesser la souffrance, il était temps de  reconquérir et mon corps, et mon psychisme, et mon âme.

    Vivre, exister, être, tel était mon programme.

     Dans cette logique, je m’étais lancée tête baissée dans la rééducation, je travaillais sans relâche à mon retour à la maison, impatiente de repartir sur des bases plus saines dans l’aventure de  notre petite famille. Le choc du retour fut d’autant plus violent que je réalisai malheureusement la persistance des anciens fonctionnements entre les murs de la maison, théâtre d’enjeux inconscients malsains. Reprenant le cours de la psychanalyse dès que je fus à nouveau transportable, je continuais les grands travaux avec l’expérience des derniers mois. Je ressentais que quelque chose de profond s’était opéré en moi, je ne voulais plus de ces schémas destructeurs sur lesquels j’avais inconsciemment basé mon existence.  J’étais à la frontière, entre deux univers, celui d’avant et celui à venir. Une transition périlleuse, mouvante, instable, une marche dans un brouillard épais avec pour seul repère la lumière redécouverte en moi grâce aux rencontres merveilleuses des derniers mois.

    J’étais différente, de part la maladie désormais partie intégrante de moi, de part l’expérience acquise, de part la richesse des rencontres en ces périodes si sombres, de part la personne que j’avais découverte dans cette aventure folle. Mes yeux s'ouvraient, lentement.

     L’ambiance à la maison était décidément trop lourde, destructrice, les sorties en hôpital de jour des bouteilles d’oxygène dans ce quotidien tranchant et violent. Les séances en Adelo, en ergo devenaient trop courtes, je sentais que j’avais BESOIN de créer, en appel vers/de la vie.

     La souffrance physique m’avait recentrée sur mon corps, cette ambiance délétère me recentrait sur mon interne immatériel. Ce fut alors une explosion de créations en instinct de survie, en plongée et course effrénée dans la vie, pour sortir de la mortification des schémas anciens…  mais cela, je l’ignorais. J’ai simplement foncé sans réfléchir, mue par une voix profonde de mon plus fort intérieur.

     


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  • Si vous étiez submergés par le cours du temps et le flot des textes, aujourd’hui se rétablit le lien: je raccroche les possibilités de la maison au chemin de croix de la maladie de Devic. 

    Les possibilités de la maison ne sont pas de simples déversoirs en règlements de contes revanchards et vindicatifs, ils sont le reflet d’un parcours interne lent et violent sur des années, une véritable voie initiatique avec tout ce qu’elle entraîne de mises en dangers et d’éclairs foudroyants par l’ouverture de l'esprit; ils n’ont jamais quitté le récit de mon parcours dans la maladie. 

    Souvenez- vous, en janvier de cette année, j’évoquai mon retour à la maison après les deux mois d’hospitalisation et les premières perfusions de chimiothérapies prometteuses. Aux derniers jours de l’hiver 2007, j’étais donc à nouveau entre ces murs.

    Depuis le fauteuil, tournant et roulant sur l’espace qui m’était accessible, je farfouillais les coins et recoins à travers le brouillard omniprésent de mes yeux ; malgré ce flou généralisé, l’univers domestique se montrait sous un œil neuf.

      L’organisation de la vie sans moi se fit connaître peu à peu ; je pus ainsi mesurer le dévouement de la mère de SeN. Elle avait pris soin de mon fiston pendant deux mois, presque tous les jours de la semaine, il avait mangé et dormi chez eux, elle s’occupait de l’accompagner sur ce petit bout de chemin douloureux. Elle avait également pris en charge le linge afin d’assister son fils dans les tâches domestiques.

    A mon retour, mon garçon fut heureux de m’avoir à nouveau près de lui… et il fut déçu de  ne plus pouvoir passer autant de temps auprès d’elle ; l’attention qu’elle lui avait portée l’avait comblé. L’idée de se retrouver constamment à la maison ne l’enchantait guère, je le sentais tendu, fuyant, sur le qui vive, en alerte constante, écorché vif.   La transition avait été brutale car du jour au lendemain, il fut décrété qu'il n'irait plus, elle avait des soucis de santé, elle avait besoin de temps pour souffler et j'étais là, pourquoi continuerait- il à y aller ? 

    Je retrouvai le bazar entrevu lors de mes sorties de février, un bazar régnant dans tout le rez- de- chaussée d’autant plus surprenant que SeN avait une réputation d’ordre et de rigueur. Ce n’était quand même pas mon fiston (un bordélique comme moi, ma mère, ma sœur) qui était responsable du désordre total de la maison ? Je n’osais pas imaginer ce qui se trouvait à l’étage alors que je n’y montais plus depuis sept mois. Je présageai d’autant plus le pire que chacune de mes demandes à propos d’un objet quelconque introuvable en bas restait sans suite. Question dans un premier temps anodine, elle devenait plus énervante à chaque demande restée sans réponse. Aucun ne pouvait me dire où se trouvait telle ou telle chose, je commençai par me fâcher, pestant contre leur fuite à ne pas m’aider à la retrouver en bas, leur fuite à ne pas monter à l’étage, leur fuite à chercher en bougonnant et en revenant systématiquement bredouilles de leurs petites recherches. Je ne comprenais pas pourquoi les objets n’étaient pas remis à leur place quand ils les utilisaient, je ne comprenais pas pourquoi, malgré les explications réitérées sur mes yeux très faibles, les objets n’étaient pas à leur place... celle qui leur avait été attribuée depuis longtemps ou celle que je leur donnais en ces instants par adaptation aux handicaps.  L’agacement puis la colère bouillonnèrent en moi.

    Je me fâchai sur le manque total de considération à l’égard de mes limites physiques. Ils faisaient de leur mieux, oui, bien sûr, mais dans LEUR intérêt. Chacune de mes explications et de mes pratiques quotidiennes devenaient un enjeu de territoire.  Quoi de pire que quelqu’un qui décide ce qu’il  estime important ou utile pour vous, ne tenant pas compte de ce que vous dites et répétez ? La révolte grandissait au creux de mon être.

      Je n’oublierai pas cette scène où depuis mon fauteuil: je roulais d’un endroit à l’autre en quête des travaux à ma portée, je me sentais débordée du bonheur de reprendre possession de ma vie lorsque je vis SeN, affalé dans son fauteuil, amorphe, enfoncé sur lui- même dans une attitude d’abattement général. Ce fut un choc, un éclair fulgurant dans mon ciel qui déchira mes aveuglements.

     Etait- cela notre vie ? 

    Le bazar généralisé, l’incapacité de tous à me trouver ce que je cherchais, la désorganisation,  les disputes incessantes, l’isolement de mon fils et l’attitude de SeN, victime de sa difficulté à affronter ce qu’il ne pouvait maîtriser. Courant dans tous les sens, colmatant maladroitement les fissures de la matérialité des événements, il était incapable de prendre du temps, pour moi, pour fiston, fermé sur son monde, seul et agressif envers nous quand nous n’allions pas dans son sens ou quand nous le dérangions dans sa routine. Aucun repas, aucun devoir, aucune des tâches quotidiennes engageant les trois personnes ne se passaient tranquillement; inévitablement, des querelles et des drames se jouaient. Mon fils en rajoutait dans le mélo, SeN perdait toute patience attendant de lui qu’il fût autonome… et moi, j’étais là, abasourdie, tentant vainement de calmer le jeu, jetant parfois de l’huile sur le feu, révoltée de certaines attitudes ou certains mots.

    Epuisée par les traitements, la maladie, je ne me sentais pas de force pour venir à bout de ces fonctionnements malsains, stériles et sans issue.

    Le décalage entre ce que je pensais être possible désormais et la réalité de notre vie était incommensurable.

     

    Comme me l’avait dit Elodie, à quoi servait- il que je me jetasse sur la  ligne de front ?

    Cette maladie n’était- elle pas survenue en cri d’alarme suprême d’un ras-le- bol général face à une situation ignorée, non dite ?

    L’impasse, l’impasse.

    Fatalement, seul ce mot me permet de nommer notre réalité quotidienne.


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  • A l'étage, se trouvent  le grenier déjà évoqué et deux chambres. L'une est de forme standard avec une fenêtre orientée sud et la seconde, une grande pièce au sol, aménagée dans un grenier par les anciens locataires avec une petite fenêtre orientée à l'est, deux côtés sont largement mansardés et une poutre traverse celui de droite.

    Lors de la première visite de la maison, j'observai la grande surface de ces pièces et les papiers douteux mal posés.  Sans revendiquer quoi que ce fût, j'écoutais  les remarques et réflexions quant à la répartition des chambres. Certes, mon garçon eut pu bénéficier d'un immense espace tout à lui pour y inventer son univers en répartissant un coin dodo, un autre pour jouer et un dernier pour travailler, la petite chambre standard m'avait parue largement suffisante pour des adultes. L'inverse fut décrété « parce qu'il n'y a pas de raison à ce que l'enfant ait plus que les adultes ». Ma foi, pensai-je, il sera très content avec celle-là, il n'en a jamais eu d'aussi grande.

     La chambre attribuée au fiston ne fut pas spécialement le théâtre de conflits  inconscients car elle fut dévolue explicitement au même titre que la pièce du rez- de- chaussée devenue mon atelier. Tant que nous ne touchons pas aux biens non déménageables  appartenant clairement aux propriétaires, nous pouvons en jouir à notre guise sans crainte de jugement.  Ainsi, en lutte perpétuelle contre le fatalisme et la fatigue ambiants des travaux de l'été 2004, je résistai ardemment pour en changer les papiers peints. Je pris tout en charge seule puisque ma décision était jugée exagérée et inappropriée. Je  découvris avec exaspération qu'ici, comme dans la cuisine, se trouvaient deux papiers l'un par-dessus l'autre malgré la parole donnée des anciens locataires d'avoir enlevé l'ancien. Ce dernier par ailleurs était moisi et dans ce désagrément, je trouvai avec plaisir la facilité de le décoller. Décollage, peinture,,recollage, je ne me souviens plus des circonstances des travaux, mon obstination mal supportée prend toute la place dans ma mémoire.

     La chambre devint une belle pièce d'autant que je confectionnai des rideaux avec de la toile de jeans épaisse pour occulter la lumière : le volet extérieur en bois était tellement branlant qu'il était quasiment impossible d'espérer en profiter sans qu'il ne se décomposât lui- même. Il fut d'ailleurs jeté à bas quand le sapin du jardin fut abattu en 2007, il contribuait allègrement à l'image d'une façade de maison abandonnée (le qu'en-dira-t-on en meneur absolu)

    Cinq ans sans volet s'écoulèrent pour mon garçon. Il ne s'en plaignit guère et au détour d'une conversation anodine il y a peu, il clama son exaspération contre la pluie battante, le vent sur les carreaux qui lui faisaient peur, contre la fenêtre sans battant intermédiaire et le vacarme venu de la rue tous les jours (la façade sud se prend tous les courants de vents, d'air, de bruits)  Effectivement, il y avait de quoi se fâcher, cette pièce est un frigo en hiver et un four en été ; hormis par la fenêtre ouverte, il n'y a aucune circulation d'air.

    Ce fut dans la concertation que je plaçai les meubles réfléchissant à leur utilisation. Quelques années passèrent et je finis par déplacer l'armoire afin de pouvoir y ranger son linge malgré le bazar généralisé au sol, nous changeâmes pareillement le lit de place car fiston dormait mal.  Son lit mezzanine très utile dans les anciennes petites chambres devint le théâtre de conflits répétés car il s'y réfugiait souvent, y traînait le matin et nous ne pouvions l'y saisir ; il fut descendu arbitrairement. Pourtant, il fallut encore le déplacer après la visite d'un géo biologiste, cette chambre est traversée de deux failles dont une fait une branche. Il est désormais entre les deux dans une situation peu pratique, aucun autre lieu n'étant possible pour les éviter.

    Depuis que la maladie est arrivée, mon garçon en a définitivement fini avec les caprices du matin, il se lève désormais seul suffisamment tôt pour  déjeuner, s'habiller, préparer ses affaires et s'occuper de ci de là. J'ai demandé à ce que le lit fut remonté pour lui installer un bureau dessous... Rien à faire, inévitablement.

    Etant donné l'invasion des livres dans sa chambre- mon fiston a hérité du travers de la lecture comme sa mère-,  SeN lui fabriqua une belle bibliothèque que je couvris simplement de cire d'abeille, dégoûtée des produits toxiques vendus librement à tout venant dans les magasins de bricolage. Les piles de livres n'en continuent pas moins d'envahir l'espace autour de son lit. Finalement, je n'y rentre quasiment plus. A 12 ans, qu'il se débrouille avec ses propres travers !

    Cette chambre ne porte pas tant de conflit parce qu'en dehors de fiston et moi,  nul ne s'en est soucié. Ma mère et ma sœur, quand elles viennent, en inspectent l'ordre et la propreté pour le taquiner sur son désordre ; depuis qu'il est au collège, je toque avant d'entrer. Nous n'avons donc pas de territorialisation inconsciente de l'espace, il nous est consciemment dévolu. Les conflits soulevés sont dus aux éléments relevant de la propriété inconsciente portée sur le non déménageable.

     La symbolique de cet espace m'éclata alors que j'étais à l'hôpital au début 2007. L'hiver était froid et mon garçon continuait de porter ses vêtements d'été. El., mère de SeN, prenait soin quotidiennement de lui en mon absence et dans sa bonté habituelle, elle l'embarqua au magasin pour le vêtir plus chaudement sans rien me demander. Fiston fut heureux de ces attentions chaleureuses et fier de me montrer ses nouveaux vêtements. Incrédule, je posai la question des vêtements que je lui avais achetés l'été précédent pour l'hiver et qui étaient dans son armoire, dans sa chambre. A ma grande consternation, j'entendis que PERSONNE n'avait songé à regarder au fond des étagères et de la penderie! Il était donc plus facile de courir au magasin plutôt que de farfouiller dans cette armoire ?! Dès que mes jambes me permirent de monter à l'étage, je retournai dans la chambre et sortis toute la panoplie d'habits chauds pour l'hiver en pestant. Si le geste et l'intention sont très honorables et reçoivent toute ma reconnaissance, cet épisode m'a abasourdie puis  a généré chez moi une colère sourde.

    Pendant les deux mois d'absence de mon hospitalisation, que s'était-il donc passé dans cette maison ? 


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  • Quand Mariev me demanda si elles pouvaient venir quelques jours, je fus enchantée à l'idée de les gâter. Goûter en vrai mes préparations culinaires semblait un beau programme et Mariev réclama une tamagouille. Par un concours de circonstances heureux, suite à une envie de coq au vin depuis quelques semaines, je venais de recevoir mes volailles fermières locales. Un coq  de 2 kilos était une belle pièce adaptée à leur visite.

     N'ayant jamais cuisiné ce plat, je demandai à ma mère de venir me montrer comment s'y prendre ce qu'elle accepta immédiatement. Elle est un grand gourmet, gourmande, et où qu'elle aille, elle se soucie systématiquement de ce qui est à manger. Si en prime, c'est pour accueillir des invités, elle est enthousiaste de partager ses talents. Elle vint donc quelques heures avant elles avec un pot de crème (elle sait que je n'en ai pas en général) et elle me donna les consignes. Evidemment, elle maugréa contre mes limitations en matière grasse privilégiant l'huile au beurre et autre arrangement à ma manière. Elle avait apporté aussi des nouilles spéciales alors que je me préoccupais des haricots beurre à cuire à la vapeur au dessus de la viande. Bref, deux ensorcellements en croisement et adaptation plus ou moins facile. Ma foi, nous sommes complémentaires d'autant que le résultat fut une belle réussite. La sauce était onctueuse et bien que me doutant de la dose énorme de crème versée, je me régalai de ce plat.


    Quand Mariev et Coq arrivèrent, elles n'avaient qu'à mettre les pieds sous la table et je leur interdis de se préoccuper de quoi que ce fut ; j'aime recevoir et bichonner mes visiteurs. Regardez par exemple la table du petit déjeuner chez moi, n'est- ce pas royal ?


     


    En dessert, j'avais fait des coupes de melon, pastèque et kiwi avec un fond de fromage blanc aux fruits rouges du jardin, du miel de tilleul, une goutte de rhum. des céréales croustillantes et des amandes effilées. Très rafraichissant après des heures passées dans la chaleur de la voiture... Et il y avait cette expérience en biscuit bizarre dont Mariev trouva l'ingrédient principal.

    J'avais envie de faire un biscuit léger et d'utiliser ce cadre inox acheté le mois dernier; une idée subite de montage me prit. Je préparai une pâte à génoise à ma façon remplaçant sucre blanc par sucre complet, farine par farine d'épeautre, fécule et poudre d'amandes. Je la cuis  10 minutes au four à plat comme pour un biscuit roulé et je me cassai la tête pour la garniture. Je demandai alentour ce qui faisait envie et mise à par la pâte aux noisettes, rien ne vint aux esprits. Je farfouillai à gauche, à droite, versai du caramel liquide sur le biscuit du dessous  et retrouva une purée de mangue dans le congélateur. Zou, dans une casserole avec du sucre complet. J'ajoutai du jus de clémentine et de l'agar- agar pour rigidifier le tout. Pourtant, comme je craignais que les goûts ne soient trop spéciaux, j'ai ajouté une mixture de lait de chèvre, lait de soja et fécule, la pâte a épaissi en chauffant. J'ai préparé mon montage avec le carré inox et attendu que cela refroidisse.

    Quand je le servis, il n'était pas assez froid à mon goût et je les laissai deviner ce qu'il y avait dedans. C'était indéfinissable, hihi. Ma mère jugea qu'il n'avait pas de goût forcément. Mariev trouva la mangue et personne n'en dit plus. Consciente que mes expériences sont très particulières, je ne savais pas trop si elles aimaient ; j'étais pourtant satisfaite du résultat. Il ne restait qu'à le mettre au frigo pour le lendemain.

    Comme je l'avais supposé, il fut effectivement meilleur, plus froid et en le gloutonnant dans mes recherches gustatives intérieures, je fis un lien fulgurant avec la noix de coco. Ni une, ni deux, j'en saupoudrai le dessus et m'extasiai sur le résultat dans mon délire intérieur personnel. Découpé en petite bouchée, je le trouvai beau. «  Oui, je sais, je suis une pauvre fille à m'extasier sur quelques bouts de gâteaux ! » m'exclamai- je en riant. Les filles me contredirent, elles trouvaient cette attitude très positive. Il est vrai que je ne suis pas blasée des joies simples de l'existence.

     

     


    Nous avons mangé le coq pendant trois jours et avec ce genre de plat, plus c'est réchauffé, meilleur c'est ; personne n'avait faim  ou envie de chercher quelque chose à grignoter pendant la journée... sauf le vorace garçon de 12 ans avec ses sandwiches à la Scoubidou d'avant dodo (pain grillé, saucisse à tartiner, olives noires, fromage, cornichon, ketchup, mayonnaise).


    Il nous a fait des frites avec la super friteuse,

    je leur ai préparé une soupe au yaourt à la turque ainsi que des cigarettes oseille et feta ; elles étaient enchantées. Notre dernier repas ensemble était constitué des restes des plats précédents et nous nous sommes léché les doigts toutes les trois.

    J'étais heureuse de vider mes casseroles et de remplir leurs estomacs.


    Bien sûr, nous n'avons pas que manger, nous nous sommes promenés, nous avons discuté et partagé tant et tant d'autres nourritures immatérielles.

     Fiston était tout fou de les recevoir, il les attendit toute la journée comptant les heures, campa devant la maison au moins une heure pour les accueillir et elles le chassèrent tard le soir pour pouvoir dormir. Il avait tellement envie de les revoir, de partager.

     Son attitude m'étonna à nouveau.  Lui d'habitude si sauvage, si farouche et écorché vif m'avait surprise par la facilité avec laquelle il les avait rencontrées lors de notre weekend du 1er mai chez Mariev ( voir les articles Magique escapade) ; chez nous, il était avide de montrer, partager.  Inévitablement, quelques accrochages survinrent du fait de ce débordement d'enthousiasme, cependant, je me fiai à la communication non violente et aux acquis des dernières années afin de comprendre ce qu'il se joua entre notamment Mariev et lui. C'est fastidieux, ardu, la démarche hésitante, tâtonnante laisse entrevoir des flous inhabituels, déstabilisants. Néanmoins, je mesure l'éclairage nouveau sur nos attitudes, le relâchement troublant et bénéfique en résultant.


    Etranges ces rencontres dues aux « hasards » de la toile.

     Nous ne nous connaissons ni par le corps, ni par les gestes, ni par la voix, ni par des lieux partagés... Nos inconscients, nos esprits, nos émotions se croisent et se font écho pour des raisons qui nous échappent. Etant chacune sincères, les accrochages d'intime en intime se sont tissé presque malgré nous. Il est  quasi irrationnel de se trouver ensuite de corps à corps parce que la rencontre se fait à l'envers. Dans la vie quotidienne, la surface et les mouvements servent les inconscients de l'un à l'autre sans se dire ; peu à peu, l'interne se dévoile selon les enjeux mis sur le tapis relationnel, partage des émotions et pensées, prise de conscience ou non du jeu interactif et de ses enjeux. Quand sur nos blogs nous partageons nos pensées, nous mettons notre intime entre les mots, les lignes. Les sujets, les mots posés, les expressions, les réflexions se dispersent sur les ondes, glissant sur celui- ci, accrochant sur celui-là. Quelle part de nous se reflète dans cet autre « virtuel » ? Pourquoi celle-ci et pas celle- là ? La rencontre ne se fait pas par hasard, elle est le reflet d'une part de soi, de notre cheminement dans notre vie.

     Logiquement, naturellement, l'interaction dans les lieux et les activités se mettent en place, les relations, les échanges verbaux ou de circonstances ne s'encombrent plus des façades, l'essentiel et le central sont connus, l'intimité de la toile se concrétise dans le réel. Ainsi, il est arrivé que ces accrochages circonstanciels prennent un tout autre sens que dans un quotidien classique. Dans ces gestes ou ces mots, je vois, je ressens cet interne entrevu entre ses mots, entre ses préoccupations évoquées sur son blog ; dans ces échanges parfois mouvementés, je retrouve ce que j'ai vu à travers son écriture et ses images. Est-ce par mes expériences passées, les clefs offertes par la communication non violente que je pose un regard autre sur les éléments de notre réel commun? Toujours est -il qu'après une petite scène lors d'une visite d'église, je pris quelques minutes afin de donner du sens à ce que j'avais ressenti. Coq et Mariev étaient dans le flou puisque mes paroles étaient incohérentes. Finalement, j'eus envie de les embrasser de mon être après que nous eussions pris le temps de parler.

     Nous sommes prisonniers des jugements qui jalonnent nos existences, nous coupant de nous- même et donc des autres.  Par ce partage d'intime via le net, nous savions chacune qu'il y a autre chose que les apparences, les circonstances et parce que les barrières habituelles n'ont pas lieu d'être dans de telles rencontres, aussi laborieux que ce pût l'être, nous avons avancé ensemble.  Donner, recevoir, prendre du recul ,dépasser les principes pour aller au principal, exister et être parmi d'autres, la voie ouverte par le net avec des relations authentiques laisse entrevoir la multitude de nos possibilités humaines et l'enchantement que nous pouvons faire de nos vies.

    Merci les filles !

    Mon seul regret est que Pandora n'était pas là, la réalité du temps et de l'espace a tranché, ce n'est néanmoins que partie remise. La vie est trop parfaite pour que moi pauvre petite humaine je puisse me permettre de juger les circonstances injustes ou inappropriées.


     Mariev et Coq ont illuminé la maison, elles étaient là comme habituelles. Elles m'habitent, je les habite. Une évidence que j'ai déjà remarquée avec quelques autres personnes pareillement. Où que j'aille, où que je bouge, ces personnes sont avec moi et remplissent mon intérieur. Elles ne me sont pas étrangères, elles font partie de moi. A l'image de ce que je suis maintenant.


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