• De Calais...


     

     

    Quelle péripétie !  J'ai vécu avec ce film une aventure rocambolesque!

    J'en avais entendu parler à la radio, de loin, sans y prêter attention. Vint la polémique entre la déclaration de Besson et quelques manifestations des aidants aux migrants dans la région de Calais.   Forcément, par curiosité et opposition, je me mis en tête de le voir rien que pour faire la nique à Besson et Sarko. Parcourant les programmes du cinéma le plus proche, je découvris tristement qu'il était déjà passé et fus fort contrariée quand il me fut expliqué qu'il ne repasserait pas ; les autres salles de la région sont dans une zone où je n'ose pas encore m'aventurer seule en voiture et je ne pus me résoudre à louper ce film. L'aubaine parut belle quand j'allai voir Tokyo Sonata : une séance était prévue la semaine suivante avec en plus une conférence- débat après la projection sous l'égide de la ligue des droits de l'homme locale. Malheureusement, d'autres activités contraignirent mon déplacement et la vague idée de ne le voir qu'à la télévision me traversa l'esprit. Par un heureux hasard,  je m'étonnai de le revoir à nouveau à l'affiche du cinéma le plus proche. Waouh ! Merci Fortuna ! Après des semaines d'aléas, je pouvais ENFIN le voir.

    Etonnée, quasi consternée, je fus seule dans une salle de 300 personnes, tout comme un autre individu à la séance précédente aux dires de la caissière. Invraisemblable, incompréhensible, terrible indifférence à mes yeux.

     

    Simon vit mal la séparation puis le divorce d'avec sa femme. Il divague dans sa propre vie, prisonnier de lui- même et de son incapacité à parler. Bilal, jeune kurde d'Irak a parcouru des milliers de kilomètres dans le but de rejoindre à Londres une jeune fille qu'il aime ; échoué à Calais, il lui reste à atteindre l'Angleterre. Les filiales habituelles lui échappent à cause d'un sac sur la tête, traumatisé qu'il est des tortures subies dans son pays, l'idée de traverser la Manche à la nage le prend, obstinément. A la piscine municipale, il rencontre Simon, maître nageur auprès de qui il prend des leçons de natation. Peu à peu, les liens se créent, les sentiments amers et impuissants font face au non- sens, à l'incompréhension, le désarroi. Simon, muré dans son effroyable silence à lui- même et à l'autre s'engouffre dans cette obsession folle avec l'énergie du désespoir. C'est son propre échec qu'il remet sur la balance en tentant d'accompagner Bilal à réussir où lui- même a échoué. Avec leurs parcours fort différents, ces deux hommes se rencontrent en communion de leurs barrières respectives. Un fil ténu, quasi silencieux, une filiation. L'action désespérée de Bilal tenace et opiniâtre résonne dans les plaies de Simon confronté à ses incapacités.

    Ce film a une issue tragique, inexorablement entre divorce et mariage forcé, échec à 800 mètres de la côte anglaise et mise en examen; l'espoir se noie dans l'absurde.  La faille est béante dans la migration comme dans la réaction des pays subissant ces flux de clandestins. La faille en balafre de l'humanité.

    Les mots se bousculent  dans ma tête sans trouver la moindre forme de phrase, ce film m'a déchiré le cœur. Des acteurs pudiques dont la force et la tension introverties se prennent en pleine figure, la nuit, le gris, les lumières blafardes et criardes, le désarroi, l'obstination désespérée, l'errance, la violence sourde et ouverte, les murs et les incompréhensions, la mer glaciale et cinglante, les hommes numérotés au marqueur, les descentes de police, la bureaucratie cruelle appliquant les lois implacablement ... Comment organiser ces mots ?

    A mon esprit, spontanément, me vient la cruelle fatalité de Dancer in the dark, de Lars van Trier le broyage des êtres dans une vie implacable et froide. Dans cet univers, les facettes des petitesses humaines se dévoilent, se révèlent, dérisoires, sordides, pitoyables... Salutairement, heureusement, parfois, la générosité s'immisce dans ces travers. Par delà les différences d'âge, de culture, de langues, certains se croisent, ne s'ignorent pas, ne se battent pas. Ils se rencontrent. Résistance, révolte face aux absurdités d'une communauté humaine qui oublie son existence.

    Où mènent ces voyages vers l'Angleterre ? A Dirty pretty things, de Stefen Frears ? (Film terrible également)

    Où peut-on aller quand on vient de nulle part? De ce nulle part où la misère, la guerre, l'intolérance, les haines, les incompréhensions portent des hommes  au bout d'eux- mêmes.

    Qu'adviendra t-il de ces millions de réfugiés fuyant les catastrophes dues aux changements climatiques ? Combien de temps les pays les plus riches continueront- ils de s'enfermer derrière des murs sourds de répression en inertie ?  Tellement, tellement de questions m'assaillent, je ne trouve AUCUNE réponse, aucune phrase sensée pour me réapproprier les ressentis consécutifs à ce film.

    Peu à peu, la colère a gagné mon esprit, je me suis fâchée intérieurement des lâchetés et de l'hypocrisie quotidiennes. Comment peut- on décemment laisser ces personnes dans une telle situation ? Pourquoi n'est- il pas possible de les aider à rester chez eux, parmi les leurs, sur leurs terres dans la sérénité ? Pourquoi ne peut- on les aider à être dignes, parmi nous quand leur pays est devenu une tombe pour eux ? Je ne comprends pas, je ne comprends pas. M'enfin, c'est parce que je suis très bête, nous le savons bien. 

    Je ne peux guère agir concrètement face à la désespérance des migrants, je ne peux réagir face à la machinerie atroce de la répression, je suis affreusement démunie. Et pourtant, croyez- moi, je me suis à nouveau sentie si forte.

    Parce que j'estime que c'est une nécessité de s'informer, de regarder le monde au travers d'une multitude de vues, de chercher à comprendre.

    Parce qu'aussi minces soient mes revenus, je donne à Amnesty International et à SOS enfants sans frontières.

     Parce que chaque jour, depuis que je travaille (une dizaine d'années), j'accompagne des personnes de tous les milieux, de tous les pays pour avancer dans la vie, que ce soit par l'apprentissage de la langue écrite ou orale, par la reconstruction de soi à travers la formation continue. Multitude de nationalités, de langues, de cultures, de religion, de professions, d'origines sociales... et dans chacune de ces rencontres infimes, fugaces ou durables, je mets mon cœur et mon énergie. Peut être me suis- je vidée et épuisée dans le don permanent et la maladie le signal d'alarme pour me ramener à moi- même.  Néanmoins, s'il est un regret qui ne me tenaillera jamais, c'est celui de n'avoir rien fait pour rendre le monde plus fraternel et égalitaire.  Au sortir d'un film comme Welcome, je me sens si puissante et riche d'avoir choisi lla voie humaine.

    Intello précaire en ratage total d'après les critères de réussite actuels, est- ce donc là mon étiquette ?

    Je m'en fiche royalement parce que,  punaise, quelle paix, quelle richesse en mon cœur !

     

    Une critique de Libération est ici.

     

     




    Là, il y a une très belle intervention de Philippe Lioret ( à partir de 14:00)



    et ici, une interwiew du réalisateur et des acteurs principaux:



    Histoire de communauté humaine, non?

     

     

     

     

     

     

     


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  •  Un passager du blog, Philippe  (je suis abonnée au club des Philippe ) l'avait évoqué dans un commentaire, laissant un lien. Affreusement curieuse par nature, non pour contrôler mais par émerveillement devant le monde et les capacités humaines, je partis en visite sur ce blog dans la foulée.

     Les premières impressions furent diffuses, j'avais la flemme de lire tous ces articles et je me cantonnai à cliquer sur un lien vers une vidéo. Je faisais autre chose de mes mains, écoutant d'une oreille le débit de parole de ce petit monsieur de 50 kilos tout habillé et mouillé comme il aime à le dire. Très vite, mes deux oreilles se tendirent, mon cerveau se mobilisa et avec joie, je découvris que mon cheminement n'était pas chimérique, illusoire :

     

    un autre monde est possible.

     

    Un monde où l'homme est à sa place, ni dessous, ni dessus, simplement parmi les siens, en harmonie avec la nature et son environnement, humble et riche de sa puissance à réfléchir sur le sens de l'existence.

    Un monde où les relations avec l'autre sont régies sur la coopération, la solidarité, le respect, où l'autre n'est plus un adversaire à combattre, dominer ou vaincre, simplement un être complémentaire.

    Un monde où la terre est considérée et respectée, acceptée dans ses forces et ses faiblesses.

     Un monde où les hommes sont inscrits dans leur territoire, vivant du jardin qu'ils ont construit en s'adaptant au milieu où ils évoluent, libres et conscients de leur responsabilité.

    Un monde où règne la sobriété heureuse.

    Parce que celui où nous évoluons actuellement fonce droit dans le mur !

    Ici, ou là , par exemple, j'ai évoqué mes interrogations sur la décroissance, mes chroniques alimentaires soulèvent systématiquement la question de notre fonctionnement et de notre relation au monde. Je suis en  réflexion profonde depuis aussi loin que le permettent mes souvenirs.  Une entrevue avec un thérapeute en Allemagne avait été significative : ma vie effarante de tourments et de traumatismes  avait généré en moi pour défense l'envie de comprendre, par bonté et par intelligence. (Excusez du peu, c'est lui qui l'a dit). Je sais également que j'ai traversé toutes les blessures fondamentales de l'humain, la vie ne m'ayant rien épargnée gardant inévitablement en moi cette sensibilité et cette compréhension à l'égard de la souffrance des autres (Mon ami Boris sait si bien l'expliquer ). Reste que je ne suis pas égoïste, que j'ai souvent souffert du profit malsain et/ ou inconscient que certains ont su en tirer à mon dépend.  Seule la maladie a pu me faire prendre conscience de mon importance et de la nécessité à prendre ma place parce que je le méritais. Désormais, je vis avec cette conscience de soi sans pour autant perdre le sens du commun. Je continue ma réflexion et comme par enchantement, c'est en cette période que je découvre Pierre Rahbi. Je vous invite donc à visionner, écouter, digérer cette entrevue et à partager votre opinion.

     

     

     

     

    Quant à moi, je fais ce que je peux en moi, de moi, en pleine conscience de ma responsabilité.  N'étant pas dogmatique je change, évolue, n'hésitant pas à revenir sur des opinions quand elles s'avèrent inappropriées, je ne cesse de m'interroger, de regarder sous une multitude d'angles. Ainsi, dans cette démarche d'agro- écologie, d'humanisme, je pose toujours des questions, notamment celle de la place des personnes incapables de travailler la terre parce que handicapées, malades, faibles ou âgées. La solidarité est certainement prépondérante car chacun a quelque savoir à donner à la communauté humaine, je n'ai pourtant pas encore trouvé de réponse dans les textes de Rahbi.

     Je cherche, je chemine et je suis HEUREUSE de trouver quelqu'un qui montre par les faits qu'un autre monde est possible. Fouillez dans les sites de vidéos, vous trouverez une multitude de conférences filmées de ce petit grand monsieur, il a énormément à nous apprendre,  principalement  de ne cesser de réfléchir sur notre place dans ce monde  de ce que nous voulons réellement comme société humaine.

    Puisse t-il vous éclairer dans votre propre cheminement.

    Avancer, reculer, s'arrêter, rencontrer, accepter, refuser, virevolter

     

     

     sortez du carré 


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  • Profitant de l'aubaine des braderies en tout genre sur les dvd, je remplis mon étagère des films qui m'ont plu et /ou marquée avec cette envie de les revoir à ma guise. Dans le dernière pile, mon fiston a été intrigué par la couverture du cauchemar de Darwin. Il tournait autour, posait des questions sur ce poisson  se transformant en fusil et émit à plusieurs reprises le désir de le regarder. Je lui expliquai qu'il n'y avait pas de problème cependant,

    - Je te préviens, c'est très dur.

    - Il parle de quoi exactement ?

    - Il montre comment un poisson introduit dans un environnement qui n'était pas le sien a bouleversé tout un écosystème et la vie des hommes.

    - C'est vrai alors ?

    - Oui, c'est un documentaire, pas un film qui raconte une histoire inventée.


    Deux jours plus tard, en rentrant du collège, il me salua vite fait et déclara qu'il voulait voir à cet instant le cauchemar de Darwin. Nous nous installâmes dans le salon et le film commença.


    La Tanzanie, les avions dans le ciel ou abandonnés au bord  des pistes, le lac, la ville  d'une modernité. laide « C'est ça le berceau de l'humanité ? ! » s'exclama le fiston, je haussai les épaules en silence. Au fur et à mesure des images, il s'agita sur le canapé, je lui demandai de se calmer, il râla. Quelques rares questions plus évocatrices de ses sentiments que d'une réelle démarche de compréhension intellectuelle fusèrent. Quand arrivèrent les témoignages des enfants des rues, il devint intenable.

    -       Je t'avais prévenu que c'était dur, est- ce que tu voudrais qu'on arrête là ?

    -       Oh, maman, je préfère le regarder en plusieurs fois, là c'est trop pour moi.


     

     


    Son intérêt se porta alors sur Soleil vert. Mêmes questions. Je lui expliquai seulement que c'était un vieux film imaginant les conséquences de la surexploitation  humaine sur terre. « Si tu veux, c'est la suite du Cauchemar de Darwin, un monde à la Wall-E habité d'humains. » Forcément, cela l'intéressait.

    Il resta collé devant l'écran pendant tout le film et à la fin, il était stupéfait. Cette fiction d'anticipation le marqua tant qu'il en parla autour de lui et voulut le montrer à une de ses amies. Il lui appartient désormais de cheminer.

    New York 2022. Les hommes vivent dans les villes, les quelques fermes subsistant sont de véritables forteresses où personne ne peut entrer. Tout est bétonné, fermé, sale, poussiéreux, le ciel est bouché et engorgé de nuages noirs constamment. La foule est omniprésente, après le couvre-feu, chacun dort sur un coin d'escalier, dans un couloir et la majorité de l'humanité se nourrit de plaquettes synthétiques rouges, jaunes, vertes.  Seuls quelques nantis ont encore accès aux dernières plantes vivantes existantes, à un appartement, à la nourriture. Des femmes font partie du mobilier des appartements de nantis, les hommes peuvent en profiter au même titre qu'un canapé ou une télévision. Le meurtre d'un de ces nantis conduit un policier, Thorn (Charlton Heston) à faire son enquête qu'il tient de bout en bout malgré les pressions qui voudraient étouffer l'affaire. Avec lui, nous découvrons ce monde glauque et effarant.

    La violence perpétuelle s'accompagne d'une politique impitoyable où toute révolte est réprimée sans discussion, les hommes sont écrasés, ramassés à la pelleteuse quand  les plus riches vivent dans la sécurité, le luxe et le confort. Thorn parcourt les beaux appartements des grands, ceux des petits chefs, la misère de la masse, les bureaux, les rares lieux d'assistance. Il s'exaspère du discours de son vieux camarade relatant sans cesse ses souvenirs du temps où le monde était beau, où les hommes mangeaient des fruits, des légumes, de la viande, du poisson, où l'eau était abondante (prendre une douche est un luxe inestimable). Il ne l'a jamais connu et reste sans voix, émerveillé par les films de la nature d'autrefois quand son ami va se faire mourir dans un centre spécialisé où terminent tous les humains de la planète. Un gobelet, le film et la musique que vous voulez, 20 minutes et c'est fini. Puis le corps disparait.

    Thorn enquête, dénoue les méandres d'une société sans s'en étonner puisqu'il y vit depuis toujours, il ne tient qu'à sa volonté du travail bien fait. Cependant, un secret terrible se dévoile lentement. Thorn suit le corps de son vieil ami à son ultime demeure. Il se faufile entre les milices armées dans une usine surprotégée et en remontant la chaîne industrielle, il découvre  LA vérité : l'humanité est nourrie dans son immense majorité par la chair humaine, la chair des cadavres des morts recyclés en Soleil rouge jaune ou vert.

     Il n'y a plus d'espace fertile pour nourrir les hommes de plantes ou d'animaux,  c'est la seule alternative que les autorités ont trouvé pour subvenir au besoin élémentaire de s'alimenter.


     

     


    Evidemment, ce film de 1973 est très marqué par l'esthétique de cette époque. Coiffures, tenues et canons physiques des personnages parlent des goûts des années 70, le mobilier est présenté dans ce qu'il y avait de plus moderne, décors similaires à ceux des films de Kubrick, les objets technologiques sont des anticipations de ce qui était connu. Néanmoins, il ne perd nullement de sa puissance d'évocation.

    Evoluant dans cet univers incroyable, les humains n'en restent pas moins humains contrairement à d'autres films d'anticipation où ils semblent déshumanisés.  Cette proximité sensible renforce l'impact de cette découverte terrifiante.  La vérité est si lourde et terrible que personne ne peut le croire, seuls les profiteurs du système pérennisent ce cannibalisme social  généralisé parce qu'il leur permet d'avoir accès à une vie plus confortable sur un plan individuel.  Pareillement, il met en scène les dérives forcenées de l'âpreté au confort de quelques uns au mépris d'autres, l'individualisme et l'égoïsme de ceux qui possèdent ou de ceux qui bafouent toute considération de l'autre pour entrer dans le cercle restreint des privilégiés.


     Au regard de nos modes de vie actuel, des balafres de l'humanité sur cette minuscule planète unique et précieuse pour notre espèce, ce film, toujours d'actualité, fait froid dans le dos sur notre espèce et sa capacité à s'autodétruire, s'auto dévorer.

     

     

     


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  • Allez, je sais, je suis une utopiste idéaliste affreusement optimiste. Bien que ce soit une course effrénée vers l'impossible, je ne peux pas m'empêcher d'avoir la larme à l'œil quand je vois ça :

     

    Franchement, ça fait rêver, non ?

     

    Et dire qu'au départ, il n'y avait pas 10 000 homos sapiens, quelque part au Moyen Orient. Depuis maximum 150 000 ans, nous nous traînons sur cette terre vieille de 5 milliards d'années avec les mêmes structures mentales et une diversité incroyable d'interprétation du rapport au monde et à l'autre.

    Evidemment, il y aurait beaucoup à dire sur certaines situations, sur les façons de danser, sur les cadres, les positions des personnes, ceux qui viennent et ceux qui ne viennent pas.. et alors, je m'en fiche aujour'hui parce que j'ai envie de profiter de la magie, de l'idée, de l'instant.

    Puissiez- vous en profiter autant que moi...


    Bonne journée  

     


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  • Ce matin, j'ai pris le petit déjeuner en écoutant de loin  Rue des entrepreneurs sur France Inter ne connaissant pas le sujet. Je finis par comprendre qu'ils parlaient du forum de Davos et de la façon dont était abordée la crise actuelle là- bas. Bof, ce n'est pas idéal au réveil. Mes pensées partirent et je divaguais dans une espèce de semi- veille  quand tout à coup, j'entendis parler de Matthieu Ricard, porte- parole du Dalaï Lama présent lui- aussi à Davos ! Je revins dans l'instant de mon voyage brumeux pour boire les paroles de ce monsieur et je me nourris d'un petit moment de pur bonheur ! Une vague idée me traversa l'esprit sans pour autant y trouver une direction, un sens : comment parler de cette toute petite intervention ?

    J'en étais là, le cerveau ramollo quand en divaguant sur le net, je vis cette petite vidéo. Ni une, ni deux, l'occasion était trop belle et je vous l'offre maintenant.






    Je suis agnostique, je ne peux prétendre savoir quoi que ce soit de l'existence ou non d'une divinité quelconque. Je m'intéresse à l'humanité et ses multiples visages, kaléidoscope magique et surprenant. J'ai foi en l'humain, en ses capacités invraisemblables offertes par l'évolution, je crois en la solidarité et la fraternité, sinon, comment notre espèce aurait-elle pu survivre désarmée tels que nous sommes pour affronter la Nature et ses dangers ? Sans l'intelligence et la coopération, nous aurions disparu depuis longtemps.

    J'en suis intiment convaincue.


     Des anthropologues ont trouvé des restes d'hominidés très anciens (pas des homos sapiens sivousplait! ) dont un des squelettes n'avait plus aucune dent. Grâce à des méthodes scientifiques, ils ont pu dater la perte des dents bien avant le décès et ils se sont posés la question de sa survie dans un milieu sans outil pour mâcher, écraser la nourriture. Ils ont également découvert une usure anormale sur les dents des autres restes et ont alors émis l'hypothèse  que l'édenté avait survécu en se nourrissant des aliments pré mâchés par ses compagnons ce qui implique de nombreuses perceptions pour un cerveau : compassion, entraide, considération de l'autre, adaptabilité, fort lien social. Certainement, les éléments sont ténus et ce n'est qu'une hypothèse mais il me plaît de me remémorer cette anecdote. Je l'ensorcelle, elle nourrit ma foi en l'humain et ces valeurs humanistes.


    Pareillement, je me régale des écrits de mon ami Boris quand il raconte comment le câlin, la tendresse activent des hormones dans le cerveau du bébé permettant ainsi le développement de certaines zones du cerveau. Sans ces stimuli, elles restent atones et l'enfant ne se développe pas. Il peut aller jusqu'à se laisser mourir de faim quand ne manquant pas de soins quotidiens élémentaires les gestes sont accomplis sans tendresse, attention, affectivité. Je me régale également quand il raconte comment des enfants déficients suite à des mauvais traitements rattrapent les autres dès qu'une attention affective leur est portée. Je me régale quand il raconte comment la vieillesse, la maladie d'Alzheimer sont traitées selon les cultures avec des résultats flagrants de différences. Je m'interroge sur la réalité de ce que nous nommons personnalité quand il évoque des personnes malades mentales ou victimes d'accident à la tête dont les cerveaux sont étudiés par IRM. Et j'en oublie, noyée que je suis par le flot de mes pensées.


    Que seraient devenus les hommes sans le partage et la transmission des savoirs, des expériences ?
    Que seraient devenus les hommes dans un égoïsme forcené et un quête de possession perpétuelle ?

     Rien du tout.



    La liberté des hommes est immense, ils sont capables du meilleur comme du pire, du plus beau au plus laid, du plus merveilleux ou plus terrible ; c'est en cela que l'homme est unique. Néanmoins, c'est quand il se croit tout petit qu'il est le plus grand, la vanité étant certainement la plus grande tare humaine à mes yeux.

         Quand un petit moine vient devant les plus grand nantis de la planète porter des idées de partage, de responsabilité, de solidarité, de respect, d'humilité, de conscience, d'altruisme, je repars gonflée d'espérance. Je recharge mes batteries en écoutant ces évidences apparemment si simples et me conforte dans les choix de vie que je fais.


    Nous sommes capables de générer du beau, du merveilleux, de nous rendre  meilleurs les uns les autres
    et je ne veux pas l'oublier, malgré tout


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    J'ai rencontré Caroline à l'hôpital en juin 2006 et elle reste une personne précieuse à mes yeux bien que nous ne nous voyions que trop peu. Revenue du Sénégal avec une pneumonie, elle se faisait soigner pendant que les médecins galéraient sur mon cas. Nous avons sympathisé et je le considère comme une amie. Son diplôme obtenu et rétablie, elle est repartie au Sénégal où elle œuvre avec les enfants des rues afin de leur donner la chance d'avoir une vie moins dure. Elle me fit la grande surprise de venir me voir en rééducation où elle m'avait raconté ses aventures africaines passées et surtout à venir. Nous nous étions retrouvées comme de vieilles amies séparées la veille.

    J'ai reçu d'elle un message l'an passé sur une association qui lutte contre le phénomène des enfants des rues. Je ne peux pas faire grand-chose hormis répondre aux appels lancés par cette association.

     

    J'avais été marquée par un enfant de la rue en Russie en 1990. Pieds nus, en guenilles, il avait repéré notre groupe de jeunes occidentaux et était venu mendier.  Comme nous ne comprenions pas immédiatement, il s'était agrippé à la jambe d'une jeune camarade et ne la lâcha pas tant qu'il ne fut dérangé par la venue d'un agent de police. Il détala à grande vitesse aussi vite qu'il était arrivé.  J'avais été marquée par les images des enfants de la rue dans le Cauchemar de Darwin ne supportant leur condition que grâce à la colle qu'ils inhalaient.

    Et combien d'autres...

    J'ai particulièrement été choquée par un petit reportage sur M6 au sujet de la femme d'affaire qui a fondé Tartine et Chocolat, marque « haute couture » pour  bébés et jeunes enfants. Fortune faite et reconnue pour sa réussite, elle a pris deux ans de vacances et est allée en Mongolie. Elle racontait comment elle avait été choquée par les enfants mongols obligés de dormir dans les égouts en hiver pour avoir un peu de chaleur et comment cette vision avait changé sa vie. De retour en France, elle a vendu son affaire et vit désormais à la campagne (j'ai oublié où, dans le centre, je crois) avec une maison d'hôtes où tout est simple et naturel. Finalement, elle en a fait un lieu de tourisme très coûteux  où viennent quelques vedettes en villégiature. Re business. Je n'ai vraiment pas compris en quoi cette attitude pouvait changer quelque chose à la condition des enfants mongols.  Est- elle vraiment très conne ou est- ce le reportage qui est très con ?  Par cette dénomination relative à la connerie, je pense à hypocrisie, opportunisme, pseudo moralité de gros riches qui utilisent la misère des autres pour se donner bonne conscience, éloge de ces riches montrés en exemple de réussite... Reportage écœurant à mon avis. Révoltant.

    Par contre, cette association agit dans le silence sur le terrain et il y a du travail souvent réalisé avec peu de moyens. Donc, je fais le lien.

     

    A bon entendeur.  

     

     

     

     


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  • Le séjour au service de rééducation dura deux mois. Je n'ai pas vu passer le temps, les journées étaient tellement pleines et riches, j'étais si bien entourée, je revivais gonflée d'espoirs et de la joie d'être vivante avec des possibilités nouvelles quasi inespérées grâce au traitement. J'eus quelques visites dont voici un petit panorama au gré de mes pensées aléatoires.


    Quelques fois, il y eut ma mère fidèle à elle- même, sur le qui vive, à rabâcher les mêmes vieilles histoires et très surprise de la qualité des soins et du respect des patients. Comme d'habitude, elle se soucia des repas et de la nourriture. Chacune de ses questions revenait inévitablement vers ses propres expériences douloureuses de la maladie, elle a été si mal traitée que le traumatisme reste énorme malgré les années qui s'écoulent. J'espère qu'un jour enfin, elle se décidera à prendre la voie de la thérapie afin de soulager le poids de sa vie et de ses relations aux autres, au monde. Au regard de mes activités, elle décida également de fouiller les recoins de son petit appartement  et de me ramener les inachevés... 0lala, je n'ai pas fini ! Certains ouvrages sont en plan depuis 25 ans !. pff Toujours débordée, anxieuse de rouler la nuit et noyée sous des priorités qui m'échappent (acheter du pain et du lait, rassurer ses animaux restés seuls par exemple), elle ne vint pas très souvent et dès que l'amélioration de mon état fut manifeste, elle ne prit plus trop le temps de me visiter. Je la connais suffisamment pour savoir qu'elle n'arrive pas à exprimer ce qu'elle ressent et qu'elle essaie de vivre comme elle peut avec ce qu'elle peut. Plutôt que de m'énerver avec elle, je préfère en sourire et lâcher par ci par là des évidences qui la dérangent parce qu'elle sait très bien, à corps défendant, que je suis dans le vrai.


    Il y eut ma sœur. Je revenais d'une séance de quelque chose et je n'attendais pas de visite. En passant à côté de la salle à vivre commune, j'aperçus la silhouette d'une personne assise sur une chaise et je la saluai d'un bonjour amical. Elle se leva et dans le salut, je reconnus la voix de ma sœur. A un mètre de moi, je n'avais pu la reconnaitre en raison de ma vue très basse. Sans la démarche, sans la silhouette, sans la voix, je ne reconnaissais personne. Situation cocasse plutôt qu'anxiogène, nous préférâmes en rire et nous devisâmes de petits riens pendant quelques heures.


    Il y eut Marina. J'ai déjà évoqué cette femme russe mariée à un anglais et vivant en France. Je l'ai connue à mon travail et en dépit de la barrière de la langue, il existe entre nous un lien des plus affectueux. Nous discutons en français, en russe, en anglais un peu en allemand quand je peux comprendre ou dire, l'essentiel reste entre les mots. Elle était déjà venue et m'avait ratée, cette fois-ci, j'étais dans ma chambre quand elle arriva avec ses deux filles. Quelle joie de la revoir ! Elle m'avait préparé un petit paquet de confiseries russes et me raconta ses aventures avec sa bonne humeur habituelle. Elle a vu et traversé tant d'aventures dans sa jeunesse, entre des deuils et des séparations, elle a connu la vie dans les années soviétiques avec toutes ses aberrations, ses absurdités et ses bonheurs, Marina ne s'effraie pas de la maladie, de la souffrance, elle est toujours présente, à vous rappeler que dans les malheurs persiste la vie et sa beauté. Elle vint me voir plusieurs fois sans prévenir, ne serait- ce que quelques minutes et je ne fus pas étonnée de sa présence, je reconnaissais celle que j'avais pressenti dans mes cours. C'est elle qui  m'invitait quand j'étais en fauteuil trouvant toujours un moyen de me faire entrer chez elle, c'est elle qui me cherche quand je ne peux conduire et se soucie constamment de ma santé et de mon humeur. Fidèle et sensible Marina. Quand les mots lui manquent, elle me parle en russe où je reconnais des marques d'affection et m'embrasse à m'en décrocher la mâchoire. Je l'aime énormément.


    Il y eut Babeth toujours fidèle au poste avec son franc parlé du nord et ses faux airs de dure à cuire.  Elle aussi, comme Marina, je l'ai rencontrée au travail alors qu'elle était dans une image déplorable d'elle - même sur une voie de lutte ardue contre son passé mouvementé. Elle a réussi à avancer et sortir de ses méandres parce qu'elle m'a rencontrée et que je lui ai souvent mis des coups de pied aux fesses lorsqu'elle se dévalorisait. A chaque coup de pompe, elle débarquait et se prenait mes réprimandes affectueuses ; nous sommes devenues amies. Je peux toujours compter sur elle, elle ne fait jamais faux bond et depuis la maladie, elle est présente avec toute sa générosité et sa bonté.


    Il y eut Caroline. J'étais dans ma chambre quand le téléphona sonna. Une voix féminine m'interpella en me demandant si j'étais disponible, je ne la reconnus pas  et interrogeai cette personne qui refusa de me donner son nom me promettant une surprise imminente.  J'étais très déconcertée ; quand elles arrivèrent sur le pas de ma porte, j'explosai de joie en retrouvant Caroline et sa maman que je n'avais plus vues depuis des mois et des mois ! J'ai retrouvé toute leur fantaisie avec un plaisir immense. Sa mère avait une visite à rendre et je restai seule avec Caroline. Nous nous racontâmes les aléas de nos vies respectives, la maladie pour moi, ses projets avec l'Afrique pour elle. Quel ravissement que cet instant ! Ce fut effectivement une magnifique surprise.


    Il y eut Grazia. Rencontrée en neuro, nous avions rapidement sympathisé et supporté ensemble nos lâchages du corps respectifs, se soutenant mutuellement. Elle arriva un soir dans ma chambre en rééducation accompagnée de son mari avec un joli bouquet de fleurs et quelques petits gâteaux. Nous étions heureuses de nous revoir et je lui rappelai qu'en neuro, je lui avais dit qu'elle remarcherait avant moi. Je ne m'étais pas trompée, elle marchait et récupérait heureusement de son attaque. Son mari très prévenant était aux petits soins et ils me touchèrent à nouveau de leur tendresse. Elle n'avait rien perdu de sa gaieté et de sa joie de vivre, ils furent soulagés de me voir en si bonnes voies d'amélioration. Vraiment, je n'oublierai pas son arrivée surprise qui illumina ma soirée. 


    Il y eut Isabelle. Arrivée en trombe, elle m'embrassa chaleureusement et évoqua son soulagement à me découvrir pimpante et requinquée. Elle craignait ce service où quelques années auparavant, elle était venue visiter une amie mal en point suite à un accident. Elle m'offrit un livre lu ayant appris que je ne pouvais plus lire et je fus très touchée de ses attentions inattendues.  Elle s'excusa de ne pas m'avoir offert un lit, un vrai en Norvège quand nous avions campé sur la pelouse à côté de leur location. «Si j'avais su que tu étais malade, je ne t'aurais jamais laissé dormir dehors ! ». Attachante Isabelle.


    Il y eut Magali et ses préoccupations de jeune maman vivant loin de son mari, des cousins dont les plus jeunes étaient intimidés puisqu'ils ne me connaissaient pas encore vraiment, des visites impromptues polies et maladroites dont je salue quand même l'effort, Séb et Sabine.


    Il y en a dont je parlerai en d'autres circonstances en raison de leur caractère spécifique. Il y en a qui auraient pu venir et  ne l'ont pas fait pour des raisons qui leur appartiennent. Je sais surtout que nombreux étaient trop loin, à des milliers de kilomètres et/ou ignorant quelque fois ce par quoi je passais. L'amitié et l'affection en l'adversité ne sont pas ni simples, ni évidentes. Des attentions fugaces, un petit mot faussement anodin au détour des conversations, certaines réactions me montrent qu'ils étaient avec moi, en pensée.


    Nous nous laissons tous déborder par nos quotidiens et des préoccupations domestiques et/ou professionnelles, reportant au lendemain une visite, un appel, une lettre  sous prétexte que... et il arrive pareillement que nous les fuyons plus ou moins consciemment. Je sais seulement que ces attentions sont des bienfaits pour le malade, le blessé quand elles sont sincères et humaines, histoire de liens indicibles et souvent innommables.  Je sais également que si l'irrémédiable arrive, il doit être très pénible, voire insupportable de vivre avec ce geste non fait.


    Ayons le courage de dire simplement : « Je suis près de toi, je ne t'oublie pas, tu existes  toujours à mes yeux quoi qu'il se passe ».

    Parce que sans lien, nous ne sommes rien.


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  • Entre l'élection d'Obama et le 11 novembre, il me vient l'envie de partager une petite histoire racontée dans ma famille depuis quatre générations... et oui, bientôt un siècle. Histoire de transmission et de mise en mot d'un contexte psychologique. Racontée par ma grand-mère maternelle puis ma mère, je l'ai relatée à mon fils qui s'en ravit à chaque récit, la réclamant même régulièrement.


    Ma grand-mère maternelle est née en 1907 dans une vallée au pied des Vosges, en Alsace. Elle était enfant quand la guerre de 14  éclata et leur maison se trouvait sur le chemin qu'empruntaient les soldats pour rejoindre le front. Elle racontait comment ils montaient triomphants et dans leur uniformes reluisants, la fleur au fusil et comment ils redescendaient, les rangs clairsemés, sales, puants, sanguinolents, échevelés, barbus, bouseux. Il y eut d'abord les prussiens aux casques à pointe puis les français et leur uniforme bleu.

     Les batailles dans les Vosges ont été terribles, dévastatrices et les lieux en portent encore les stigmates de nos jours, certains restes ressurgissant après des décennies d'enlisement, les chemins toujours balisés en raison des explosifs enfouis sous la terre.

    A partir de 1917, il y eut des soldats américains et parmi eux, des hommes noirs.

    Comme ils avaient libéré le village, ils furent hébergés dans les familles honorables. Un lieutenant noir se retrouva ainsi chez mes arrière-grands-parents à dormir dans le foin de leur grange avec un compatriote blanc. Ma grand- mère âgée de 10 ans, pareillement à ses parents n'avait jamais vu de noir et elle crut  sa main sale pour la lui avoir serrée. Ils n'avaient pas de langue commune, ils étaient des étrangers, néanmoins, ils se trouvèrent, s'entendirent et se rencontrèrent.

    Mon arrière-grand-mère cuisinait constamment les pommes de terre à l'eau revenues dans la graisse de canard. Les hôtes américains voulurent lui montrer comment les préparer à la mode parisienne et ils versèrent de l'huile dans une casserole pour y cuire des frites. . Quand elle les vit faire, elle poussa des hauts cris : comment pouvait-il utiliser autant d'huile alors qu'ils étaient rationnés ?!!  L'huile d'une année y passa. Ce furent les premières frites de leur vie pour mes arrière- grands-parents et leurs deux fillettes.

    Parce qu'il était officier et parce qu'il avait été accueilli au sein d'une famille qui lui apporta tant de chaleur, le lieutenant noir en guise de remerciement fit valoir ses droits auprès de l'armée et il leur fournit  une belle réserve d'huile.


    Je ne connais pas les détails, beaucoup sont tombés dans l'oubli. Je sais seulement que cette anecdote se raconte en riant, qu'après la guerre, ce lieutenant noir  est retourné dans son pays et que toute la vie de mon arrière-grand-mère, il lui a écrit, régulièrement fidèlement, la remerciant constamment de son accueil.

     Leur amitié a perduré et est entrée dans nos légendes familiales.


    Ce qui est étrange, c'est que dans nos esprits, il était normal qu'un Américain fasse découvrir les frites à une femme française alors qu'un Anglais à qui j'ai raconté cette anecdote s'est amusé à expliquer que les Américains et les Britanniques ont découvert les frites en France avec la guerre de 14.

     Finalement, autant mon arrière-grand-mère que cet homme ont fait la découverte des frites,  les réactions de l'un et de l'autre les ont certainement grandement surpris.


    D'autre part, je suis fière de mon arrière-grand-mère qui a su accueillir cet homme, je suis fière de ma grand-mère qui a été témoin de cet épisode enfant  et qui en a transmis la beauté, je suis fière de ma mère qui a aimé me la raconter, je suis fière de lire le bonheur sur le visage de mon fils écoutant cette histoire les yeux pétillants de joie. Je suis fière d'apprendre que je fais partie de cette famille.


     La communauté noire américaine garde encore le souvenir de la place qui était accordée aux noirs américains venus se battre sur le front en France en 17 alors que chez eux, ils étaient victimes de la ségrégation. Bien sûr, je ne suis ni naïve ; ni ignorante car la France est loin d'avoir été exemplaire avec ses coloniaux, ses immigrés, ses enfants non blancs. Cependant, ces petites histoires de rien alimentent et nourrissent ma foi en l'homme.


    A Béatrice, Léonie et Alphonsine.

    Pourvu qu'Etienne et ses descendants continuent de raconter cette belle histoire de fraternité.


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  • Bien que d'un naturel engagé, je n'aborde pas souvent la politique en ces lieux car je ne suis pas partisane. Cependant, aujourd'hui, je me suis réveillée impatiente de connaître les résultats des élections américaines et c'est la larme à l'œil que j'ai appris la victoire de Barack Obama.

    J'avoue que je craignais que sa couleur de peau ne soit un élément discriminatoire et cette victoire a à mes yeux une valeur symbolique forte. Evidemment, je ne me fais pas d'illusion sur les changements même s'il ne sera pas difficile de faire mieux après le calamiteux Bush. Aucun politique n'a de baguette magique pour sauver l'humanité de ses erreurs et errances et le monde continuera sa routine malgré  cette élection.

    Pourtant, les Etats-uniens ont montré qu'ils étaient capables d'autre chose que du triomphalisme guerrier et marchand, de leur « impérialisme ». Peut être que les tréfonds de leurs travers avec Bush ont eu le mérite de préparer le terrain. En soi, j'y vois déjà un espoir.

    Par ailleurs, Obama est métis, notion qui semble ne pas faire partie de la mentalité américaine puisque qu'il y a les blancs  et les noirs (réducteurs quand on voit le camaïeu des couleurs humaines). Fils d'Africain, il en porte la couleur, sa femme et ses filles sont noires. Quelle extraordinaire revanche pour ces populations opprimées depuis des siècles ! Kunta Kinté et ses descendants avaient marqué mon enfance, le feuilleton Racines (repassé dernièrement sur Arte) m'avait passionnée et choquée. Je ne comprenais pas l'esclavage, la ségrégation, je ne les comprends toujours pas. J'ai grandi dans un milieu multiculturel, les logements sociaux où se mêlent les origines diverses, les villes frontière, les amis du Togo. Je ne me suis jamais étonnée de voir des couleurs de peau différentes, ce n'était pas remarquable pour moi, simplement. Alors, oui, avec l'élection d'Obama, je vois un espoir, celui de la capacité des hommes à dépasser leurs clivages et leurs chimères.  

    Barack Obama est un simple homme, rien de plus, un citoyen  américain principalement. Il a la peau foncée, il a fait  carrière, son parcours est exemplaire ; il réussit parce qu'il est brillant et non parce qu'il est noir. Il ne changera pas le monde ni les hommes. Son élection n'en reste pas moins un symbole et j'ai versé des larmes en regardant les images de cette nuit comme j'ai pleuré de joie en voyant le mur de Berlin tomber et la libération de Nelson Mandela. Obama président des Etats Unis. J'ai une pensée pour tous ces esclaves, ces victimes de la ségrégation et du Ku Klux Klan, à ces citoyens défavorisés de par la couleur de leur peau...  

    En France, la tâche est loin d'être terminée, aux Etats Unis pareillement. Petit à petit, je le crois, les mentalités évoluent et nous n'aurons plus à nous étonner d'avoir des présidents noirs élus par des blancs puisque de toute façon, ces mots n'ont aucun sens, pas plus que de différencier les humains par leur apparence.


    J'ai foi en l'humain, l'humain vivant, porteur de l'héritage de nos ancêtres et porteur des possibles infinis de l'avenir, pour nos descendants.

    Et oui, utopiste.


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  • Voici la copie d'un courriel reçu hier.

    Une bonne nouvelle en arbre qui ne cache pas la forêt mais quand même une bonne nouvelle :


    Briser l'isolement des 4 millions de personnes
    atteintes en France de l'une des 8 000
    maladies rares et méconnues.

     




    196 367 signataires :
    un nouveau Plan Maladies Rares en 2010
    Merci à vous tous et bravo pour votre mobilisation !

    La pétition que nous avons lancée en janvier pour réclamer un Plan d'amélioration en faveur de la prise en charge des personnes atteintes de maladies orphelines, a recueilli près de 200.000 signatures !
     
    Nous avons aujourd'hui l'immense plaisir de vous annoncer que votre soutien à ce vaste mouvement a joué un rôle déterminant puisque, le 10 octobre, le Président de la République a annoncé la mise en œuvre d'un second Plan Maladies Rares en 2010.
     
    Dès la veille, 9 octobre, Madame Bachelot, ministre de la Santé, nous invitait à une réunion dans les prochaines semaines afin de définir le calendrier et la méthode de travail pour définir les axes de ce prochain Plan.
     
    Nous avons, tous ensemble, gagné ce combat essentiel pour les malades et leurs proches !
     
    Nous mettons donc un terme au recueil des signatures de la pétition ; et c'est forts de vos si nombreux soutiens que nous allons participer à la construction de ce nouveau Plan, et à l'accomplissement de toutes nos missions en faveur des malades.
     
     
    Olivia Niclas,
    Présidente de la FMO

         
     
     


     

    FMO - Fédération des Maladies Orphelines - 6, rue Sainte-Lucie - 75015 Paris - Association reconnue d'utilité publique - Tel : 01 43 25 98 00


    Merci à tous ceux qui y ont participé. 


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