-
Cauchemar de Darwin et Soleil vert en famille.
Profitant de l'aubaine des braderies en tout genre sur les dvd, je remplis mon étagère des films qui m'ont plu et /ou marquée avec cette envie de les revoir à ma guise. Dans le dernière pile, mon fiston a été intrigué par la couverture du cauchemar de Darwin. Il tournait autour, posait des questions sur ce poisson se transformant en fusil et émit à plusieurs reprises le désir de le regarder. Je lui expliquai qu'il n'y avait pas de problème cependant,
- Je te préviens, c'est très dur.
- Il parle de quoi exactement ?
- Il montre comment un poisson introduit dans un environnement qui n'était pas le sien a bouleversé tout un écosystème et la vie des hommes.
- C'est vrai alors ?
- Oui, c'est un documentaire, pas un film qui raconte une histoire inventée.
Deux jours plus tard, en rentrant du collège, il me salua vite fait et déclara qu'il voulait voir à cet instant le cauchemar de Darwin. Nous nous installâmes dans le salon et le film commença.
La Tanzanie, les avions dans le ciel ou abandonnés au bord des pistes, le lac, la ville d'une modernité. laide « C'est ça le berceau de l'humanité ? ! » s'exclama le fiston, je haussai les épaules en silence. Au fur et à mesure des images, il s'agita sur le canapé, je lui demandai de se calmer, il râla. Quelques rares questions plus évocatrices de ses sentiments que d'une réelle démarche de compréhension intellectuelle fusèrent. Quand arrivèrent les témoignages des enfants des rues, il devint intenable.
- Je t'avais prévenu que c'était dur, est- ce que tu voudrais qu'on arrête là ?
- Oh, maman, je préfère le regarder en plusieurs fois, là c'est trop pour moi.
Son intérêt se porta alors sur Soleil vert. Mêmes questions. Je lui expliquai seulement que c'était un vieux film imaginant les conséquences de la surexploitation humaine sur terre. « Si tu veux, c'est la suite du Cauchemar de Darwin, un monde à la Wall-E habité d'humains. » Forcément, cela l'intéressait.
Il resta collé devant l'écran pendant tout le film et à la fin, il était stupéfait. Cette fiction d'anticipation le marqua tant qu'il en parla autour de lui et voulut le montrer à une de ses amies. Il lui appartient désormais de cheminer.
New York 2022. Les hommes vivent dans les villes, les quelques fermes subsistant sont de véritables forteresses où personne ne peut entrer. Tout est bétonné, fermé, sale, poussiéreux, le ciel est bouché et engorgé de nuages noirs constamment. La foule est omniprésente, après le couvre-feu, chacun dort sur un coin d'escalier, dans un couloir et la majorité de l'humanité se nourrit de plaquettes synthétiques rouges, jaunes, vertes. Seuls quelques nantis ont encore accès aux dernières plantes vivantes existantes, à un appartement, à la nourriture. Des femmes font partie du mobilier des appartements de nantis, les hommes peuvent en profiter au même titre qu'un canapé ou une télévision. Le meurtre d'un de ces nantis conduit un policier, Thorn (Charlton Heston) à faire son enquête qu'il tient de bout en bout malgré les pressions qui voudraient étouffer l'affaire. Avec lui, nous découvrons ce monde glauque et effarant.
La violence perpétuelle s'accompagne d'une politique impitoyable où toute révolte est réprimée sans discussion, les hommes sont écrasés, ramassés à la pelleteuse quand les plus riches vivent dans la sécurité, le luxe et le confort. Thorn parcourt les beaux appartements des grands, ceux des petits chefs, la misère de la masse, les bureaux, les rares lieux d'assistance. Il s'exaspère du discours de son vieux camarade relatant sans cesse ses souvenirs du temps où le monde était beau, où les hommes mangeaient des fruits, des légumes, de la viande, du poisson, où l'eau était abondante (prendre une douche est un luxe inestimable). Il ne l'a jamais connu et reste sans voix, émerveillé par les films de la nature d'autrefois quand son ami va se faire mourir dans un centre spécialisé où terminent tous les humains de la planète. Un gobelet, le film et la musique que vous voulez, 20 minutes et c'est fini. Puis le corps disparait.
Thorn enquête, dénoue les méandres d'une société sans s'en étonner puisqu'il y vit depuis toujours, il ne tient qu'à sa volonté du travail bien fait. Cependant, un secret terrible se dévoile lentement. Thorn suit le corps de son vieil ami à son ultime demeure. Il se faufile entre les milices armées dans une usine surprotégée et en remontant la chaîne industrielle, il découvre LA vérité : l'humanité est nourrie dans son immense majorité par la chair humaine, la chair des cadavres des morts recyclés en Soleil rouge jaune ou vert.
Il n'y a plus d'espace fertile pour nourrir les hommes de plantes ou d'animaux, c'est la seule alternative que les autorités ont trouvé pour subvenir au besoin élémentaire de s'alimenter.
Evidemment, ce film de 1973 est très marqué par l'esthétique de cette époque. Coiffures, tenues et canons physiques des personnages parlent des goûts des années 70, le mobilier est présenté dans ce qu'il y avait de plus moderne, décors similaires à ceux des films de Kubrick, les objets technologiques sont des anticipations de ce qui était connu. Néanmoins, il ne perd nullement de sa puissance d'évocation.
Evoluant dans cet univers incroyable, les humains n'en restent pas moins humains contrairement à d'autres films d'anticipation où ils semblent déshumanisés. Cette proximité sensible renforce l'impact de cette découverte terrifiante. La vérité est si lourde et terrible que personne ne peut le croire, seuls les profiteurs du système pérennisent ce cannibalisme social généralisé parce qu'il leur permet d'avoir accès à une vie plus confortable sur un plan individuel. Pareillement, il met en scène les dérives forcenées de l'âpreté au confort de quelques uns au mépris d'autres, l'individualisme et l'égoïsme de ceux qui possèdent ou de ceux qui bafouent toute considération de l'autre pour entrer dans le cercle restreint des privilégiés.
Au regard de nos modes de vie actuel, des balafres de l'humanité sur cette minuscule planète unique et précieuse pour notre espèce, ce film, toujours d'actualité, fait froid dans le dos sur notre espèce et sa capacité à s'autodétruire, s'auto dévorer.
Tags : film, humains, hommes, humanite, darwin
-
Commentaires
Commentaires
pour changer le monde, commençons par nous changer nous- mêmes.
Tout ce qui est à ma portée, je le fais, c'est un choix de vie pas forcément facile mais j'en suis fière.
C'est une question de responsabilité.
maintenant que tu mets un coup de projecteur, alors que je vis un bouleversement suite à la vision du film militant "Earthlings" ... je me demande dans quelle mesure "Soleil Vert" n'a pas été une des premières choses à me façonner dans ma conscience écologique, en même temps que certains enseignements de mon papa à l'époque
Plus que jamais, ce film est d'actualité, quand on voit les prévisions démographiques terrifiantes (environ 9 milliards dans une vingtaine d'années, 17 milliards d'ici la fin du siècle ....). Se pose le problème aigu (et désespérément tabou) de la politique nataliste ... entre autres
belle fulgurance que d'avoir dit à ton fils qu'il est, en quelque sorte, la suite du "Cauchemar de Darwin" ... de la réalité à la fiction, le fil est désormais ténu concernant certains scénarii d'anticipation
arf ...
(marrant, accessoirement, comme tu navigues pas loin de mes eaux ... je comptais me le procurer en dvd dès ma paye tombée )
Pour la petite hisoire, il semblerait que le cauchemar de Darwin soit totalement bidouillé et faux aux dernières nouvelles.
C'est ce que j'avais entendu il y a quelques temps : le réalisateur admettait sa fraude.
Ceci dit, son thème reste vrai, même s'il est (peut-être) inventé ici, il restera malheureusement d'actualité ailleurs, la soif de richesses de certains restant sans limites.
Je crois en la force de l'éducation par la curiosité, la réflexion, la parole ouverte, la tolérance et la mise en danger "sécurisée", j'en parlerai certainement un de ces jours, je n'ai pas osé le mettre ici, dans la foulée.
A bientôt.
Mieux vaut éduquer les neurones de nos loupiots plutôt que de leur inculquer -de force- des connaissances dont ils ne voient pas l'intérêt.
En réponse au commentaire de mariev et aux prévisions démographiques, je vais dire quelque chose d'atroce. heureusement qu'il y a le sida et autres épidémies. Quand j'étais Au collège, on prédisait une explosion démographique pour l'Afrique, et à présent, à cause du sida, ou grâce à lui, on en est loin. La population africaine stagne.
Je considère notre planète comme une entité à part entière, Gaia, qui peut très bien se défendre contre les parasites que nous sommes. Les parasites sont souvent nécessaires, mais quand ils deviennent trop nombreux, l'organisme sur le dos duquel ils vivent, tombe malade. Gaia a les moyens de se défendre. Un tremblement de terre, un tsunami, comme un chien qui se gratte...
C'est affreux je sais. Je n'aimerais pas voir mes enfants emportés dans une vague de tsunami ou écrasés dans les débris de leur école...
La seule chose que j'ai envie d'ajouter est que ce ne sont pas les Africains qui épuisent la Terre , ce sont les modes de vie et comportements des Occidentaux.
Pourquoi alors ne serait- ce pas d'eux que Gaïa se débarasserait?
Ce sont eux qui pompent les richesses, les dilapident, les gaspillent sans voir plus loin que leur petit confort égoîste. Si parasites il y a , ce sont eux.
non, ce n'est pas affreux ... il va bien falloir se décider à briser ce tabou!!
reste à bien choisir les mots pour en parler, à super bien réfléchir à ce que l'on veut dire avant de le faire ... là, tout de suite, je serais tentée de dire que c'est bien dommage que ce soit l'Afrique qui soit la première (et quasi-unique) victime de cette "régulation", d'autant qu'elle n'est pas si naturelle, pas vraiment "gaïesque", car c'est bien la poignée de gouvernants africains despotes avec le refus de l'Occident d'apporter une aide réelle, qui condamnent ce continent à s'étioler dans une souffrance épouvantable
Afrique, berceau de l'humanité ...
La corruption est une plaie en Afrique, alimentée par l'âpreté au gain.
Qu'ils soient africains ou d'autres contients, qu'importe; ils ne servent qu'eux même au mépris de l'intérêt collectif.
Les humains ne sont pas stupides, toute population finit par se réguler d'elle même démographiquement. Le jour où la mortalité infantile ne sera plus catastrophique en Afrique, ils feront moins d'enfants. Sur la longue durée, la démographie reste le meilleur moyen pour démontrer l'intelligence instinctive des hommes. Aucune population n'a de comportement différent dans ce domaine, quelque soit la culture. Quand la mortalité baisse, la natalité reste forte qq temps ( c'est la transition démographique) puis les naissances se régulent automatiquement. Moins d'enfants parce qu'ils ne meurent plus, et plus les parents les bichonnent .
voir Emmanuel Todd démographe qui a fait de très bons livres récemment à ce sujet.
http://www.herodote.net/articles/article.php?histoire=personneTodd
et comment fiston s'en tire-t-il des problèmes de maths posés par Harmonie?
j'ai vu avec plaisir que tu t'en régalais, cool ;)
Aujourd'hui, il n'était pas disposé, je vais remettre ça dès demain et je te raconterai!!
La difficulté d'être humain? Beau sujet.
Simplement pour dire qu'il y a eu un excellent reportage sur france inter ce matin, Interception, à propos du Cameroun et du copain à Sarkozy, Bolloré qui y fait son petit commerce pourri. A écouter de toute urgence.
ben moi, j'ai regardé l'émission littéraire de la 5, où Jean Rolin venait parler de son livre "Un chien mort après lui", où il parle des chiens errants. J'ai appris pleins de trucs! Les chiens errants ont toujours existé, et bien qu'il se garde de systématiser la chose, Monsieur Rolin a pu constater qu'en certaines occurrences, les massacres de chiens errants ont précédé des guerres / génocides et autres vilénies humaines ... Intéressant, non?
Bonne aprem, belles maths, et bisous!
;)
La violence s'exprime sous divers aspects, peu importe la victime finalement.
Emmanuel Todd a fait de très fines observations uniquement d'après la démographie, avant la guerre de 14, la chute de l'union soviétique... Très intéressant.
Même si en Europe, des intérêts économiques, financiers et politiques nuisent à la préservation de la planète, la prise de conscience est bien là. Elle est même très (trop?) à la mode.
De plus, la religion et ses prises de position natalistes a un faible impact sur l'opinion publique. Nous sommes peu, mais nous vivons bien. Il faut juste encore quelques réajustements des habitudes. (Je me refuse à acheter des fraises venues d'Espagne, j'attends sagement le mois de mai pour en manger...)
Il est évident que les personnes ayant connu ou connaissant des conditions de vie difficiles aspirent aux mêmes modes de vie que celui des occidentaux dans les pays riches. Pourquoi eux devraient- ils être mesurés aux portes de l'abondance sous prétexte que les occidentaux ont pillé et saccagé les ressources de la planète?
Il est tard et j'ai du mal à mettre les idées en place, me restent en tête les notions d'intelligence et de responsabilté. La société de consommation, nous en revenons bien, ils en reviendront certainement aussi.
il est temps que la communauté humaine dans son ensemble travaille à la survie de tous dans un premier temps puis dans un bien être minimum généralisé avec toutes les décisions que cela nécessite en terme de renoncement pour certains ou de mobilisation pour d'autres. Est- ce que nous voulons réellement d'un monde où seule ne compte que la loi de celui qui a face à celui qui n'a pas?
Il n'est pas possible de vivre dans de telles différences parce que les plus défavorisés finiront par se révolter, qu'ils soient dans des pays pauvres ou dans des pays riches d'ailleurs... à moins d'instaurer une tyrannie effrayante de répression.
Je suis déjà scandalisée par ces beaux quartieres qui s'enferment avec des milices privées pour se protéger des pauvres qui passent parfois seulement . Franchement, où allons- nous? C'est quoi ce merdier? Nos enfants méritent-ils que nous leur offrions une telle perspective? Et si demain, ils ont un accident de la vie et se retrouvent parmi les pauvres, devront-ils subir l'exclusion voire l'éradication sous prétexte qu'ils sont pauvres?
Nous nous connaissons bien, depuis longtemps, je sais que nous nous rejoignons pour ce qui est de la richesse humaine, nos voies se croisent et se recoupent bien qu'ayant des formulations différentes.Toutes deux avons l'espoir que l'humanité gagne en conscience et évolue vers plus de sagesse.
Inexorable espoir depuis la nuit des temps.
Bon, je vais me coucher là, j'ai peur de dire n'importe quoi...
A bientôt ma belle, de vive voix peut être...
Pour ce qui est de la Chine c'est malheureusement beaucoup les Occidentaux qui sont venus polluer chez eux avec leurs usines, encouragés par le gouvernement Chinois attiré par leurs richesses... pas sûre que les victimes du tremblement de terre soient réellement responsables de la pollution de leur pays... Mais bon, c'est un long débat et j'ai la flemme de me lancer dedans ;-)
Le débat est effectivement vaste et sans fin, ce qui importe est que chacun fasse ce qu'il peut autour de lui pour rendre son monde plus solidaire, fraternel, juste et toussa.
Magali et toi avez en commun d'être toutes deux mariées avec un Chinois. Les vies sont très diférentes et c'est passionnant de suivre vos parcours respectifs si proches et pourtant si différents.
Deux ensorcellements du monde.
Le Sichuan est une des provinces qui souffre le plus de la déforestation et où vivent les derniers pandas, dont l'habitat est de plus en plus réduit.
Je pense que le problème de la pollution est aussi une problématique de pensée marxiste où l'humain prime sur la nature, et de pensée très chinoise confucéenne, où la culture prime aussi sur la nature. Les Chinois ne sont absolument pas choqués par les OGM par exemple, et j'ai toujours en mémoire un dessin animé pour enfants où le héros détruisait une forêt entière pour se débarasser de ses ennemis, en provoquant une pluie acide. J'ai été très choquée et me suis interrogée sur l'avenir de ce pays si les jeunes Chinois étaient gavés de ce genre de choses.
Reste à savoir s'ils vont pouvoir avoir un peu d'esprit critique ou pas.. bien que le système opprime les consciences.
Pourtant, je sais qu'il y a des alternatives tant sur le plan idéologiques que sur le plan écologique. Et pi, qu'adviendra t-il si les acheteurs de produits chinois se rebiffent et se mettent à boycoter des produits issus d'industries très polluantes, où les droits fondamentaux sont écrasés? Surtout si d'autres pays offrent les mêmes prix avec en prime un comportement plus responsable sur le plan planétaire et humain?
La Chine est une cocotte minute sous pression qui ne tient que par la dictature. Combien de temps les autorités pourront- elles écraser et réprimer les révoltes sociales par exemple? L'Inde est une démocratie qui fonctionne pas très loin
Enfin, j'espère que les changements actuels seront porteurs d'un mieux pour tous.
En ce qui me concerne, je ne me laisse pas aller au désespoir ni au nihilisme fataliste, la vie et trop belle.
Nous avons tout en main pour faire de nos vies un enchantement, pour soi, pour les autres.
oui, bon d'accord, je suis une idéaliste, je le reconnais...
C'est bien que ton fils ait envie de voir ce genre de films ;-)
Je ne connais pas le film dont tu parles, le syndrome chinois: il parle de quoi?
okay pour le barbecue chez moi avec Coq, quand vous voulez (ai répondu chez elle) ;)
Quant à la conversation, elle fut effectivement vive et passionnante. Le vécu de chacune est différent, le regard posé pareillement et quand même, c'est ensemble, grâce à nos différences que nous avançons
Coucou du matin très bienvenu!
Cela me fera un beau cadeau d'anniversaire
je vous envoie des mails!
hi! hi!
oui, y'a une grosse gare à 30 minutes (TGV) et une petite gare à 5 minutes, mais ça te ferait faire un changement désagréable
bise ;)
J'ai même vu un documentaire sur les déjections humaines ( arte) où un chercheur japonais expliquait commet il étudiait la possibilité de tranformer nos cacas en VIANDE!!!!!!!