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    Merci à Maxime pour ce reportage, à mon fiston de me permettre de la conserver et de vous la montrer.

    Que d’autres organisateurs en prennent de la graine !  Quand la volonté est là, il y a de la place pour tous, c’est une question de choix.

    Remarquez que c’est la joëlette et non la géolette, ce sera plus facile de trouver des infos avec le bon nom.

    A bon entendeur, SALUT !

     

     


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  •  Ces jours- ci, nous étions à une manifestation locale organisée par une maison de la nature où mon fiston a passé la majorité de ses vacances depuis l’âge de trois ans. Plusieurs activités étaient prévues depuis le début d’après midi mais je préférai le programme de la soirée.

    Malgré nos couvertures et cachettes, les moustiques sous l’arbre du conte avaient buffet à volonté et notre sang semblait très apprécié. Lutte acharnée en permanence que la multiplicité des boutons ne révèle pas… grrr. A 13 ans, mon garnement, hésitant entre ses restes d’enfance et son rejet d’une sortie familiale en compagnie de sa mêêêre suivit le conteur avec assiduité sous des airs renfrognés. Il finit par me lâcher pendant la diffusion du film après avoir englouti sa glace, pesté contre les aberrations montrées dans les premières minutes puis alla se coucher dans la voiture, en râlant.  Il faisait frisquet sous les étoiles, le projecteur hoqueta malheureusement dans la  dernière demi- heure. Autant dire que je résistais vaillamment pour tenir jusqu’au bout. Parce que je tenais absolument à voir ce film raté dans les salles et dont j’avais pris connaissance sur la toile lors de mes pérégrinations virtuelles.

     Nos enfants nous accuseront, de Jean- Paul Jaud.

     Notre environnement est pollué, empoisonné par les pratiques humaines dont en particulier l’agro chimie. Tout ce que nous ingérons est intoxiqué et les générations à venir seront en plus mauvaise santé, vivront moins longtemps que leurs parents. Le nombre de cancers a augmenté de 93% en 25 ans, celui des enfants atteints de tumeurs et autres maladies explose ainsi que les malformations (+1,1% de cancers chez les enfants par an en France). 70% des cancers sont dus à l’environnement dont 30% à la pollution et 40% à l’alimentation. Les agriculteurs sont de plus en plus malades notamment sur le plan neurologique, les membres de leur famille également. Le constat est alarmant, effrayant. Cancérologues, médecins, chercheurs ont des chiffres, vivent cette abominable réalité au quotidien et poussent les sonnettes d’alarme face à des décideurs politiques, économiques sourds.

    Devant les doutes et les questions éthiques soulevées par cette situation, la municipalité de Barjac prend la décision de rendre la cantine du village exclusivement biologique. Aprement, elle enclenche un processus de fonctionnement différent dans l’approvisionnement de la cuisine avec des producteurs locaux et biologiques, les enfants cultivent un potager avec leur enseignante. Le prix de la cantine n’augmente pas simplement parce que 63% de la population du village n’est pas imposable, le surcoût est inenvisageable. L’acte devient naturellement militant.

    Le film se structure sur un constant parallèle entre le vécu quotidien de cette école, cette commune et les faits, les conséquences dramatiques  de la folie productiviste. Extraits de conférences- débats de scientifiques avec l’égrenage des chiffres, les composants d’un simple goûter décortiqué, témoignages d’agriculteurs empoisonnés ou de parents d’enfants malades de l’environnement alternent avec les simples témoignages des acteurs de la démarche de Barjac.

     

    Sans équivoque, ni concession, parfois stéréotypé tant l’exposé est explicite, ce film est un témoignage, un instantané de la situation aujourd’hui. Nous SAVONS, nous avons les moyens de réagir et… puis quoi ?

    La tâche est immense, nous nous sentons si petits écrasés par le pouvoir du profit, de l’avidité ou de l’aveuglement. Ce film démontre que la mobilisation ne viendra pas des décideurs des grandes instances, c’est à la population d’agir parce qu’elle possède le pouvoir d’élire, d’acheter, de faire des choix conscients à condition d’être informée. Par petites touches sous l’impulsion de quelques esprits, c’est possible. J’ai appris, par exemple, que si les subventions versées aux agriculteurs par la PAC européenne étaient données aux cantines scolaires pour augmenter de 3 euros le prix du repas afin de passer au bio, tout était  bouleversé : les agriculteurs vivent de leur travail et les consommateurs mangent sainement. Si les produits biologiques sont plus chers, c’est simplement du fait qu’ils reçoivent peu de subventions; les produits issus de l’agriculture conventionnelle sont vendus à moindre coût parce que du prix sont déduites les subventions versées par l’Europe  (subventions récupérées par les impôts, évidemment). Vendre les produits à leur coût véritable les alignerait sur les produits biologiques, bêtement.

     Honnêtement, j’ai été agacée. Qui donc voit ce film ? Qui le diffuse ? Ceux qui font la démarche de le regarder sont souvent des convaincus d’emblée, tout comme ceux qui vont voir le dernier film de Coline Serreau.

     Pierre Rabhi tourne et explique si clairement dans ses livres, ses conférences, à travers le monde l’urgence à prendre les décisions pour limiter les dégâts de toute façon inévitables. Et quoi ? Et quoi ???

     Je continue de voir la vie insensée continuer son bonhomme de chemin dans un aveuglement et/ ou une soumission consentis. Les parkings de supermarché ne désemplissent pas, les frigos regorgent de concentrés de chimie, les pauvres bouffent les merdes vendues à bas prix ou données (et je sais de quoi je parle !), les nantis ne veulent souvent pas s’emmerder avec des contraintes d’alimentation et consomment au gré de leurs envies.

    Devant mes placards, mes conserves, mon frigo, à l’heure de préparer les repas, je suis prise de vertiges. Ne suis- je donc qu’une seconde main insinuant le poison petit à petit dans mon corps et le corps de mon enfant ? Si le cancer fait peur, que dire des maladies auto –immunes et neurologiques autrement plus répandues ? Et de la chute du nombre des spermatozoïdes chez les hommes? Jusqu’où pourrons- nous aller ? A quel prix ?

     Homo sapiens sapiens doté d’un cerveau extra- ordinaire sera-t-il la première espèce à causer sa propre perte ?

     


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    Inspired by Iceland Video

     


    Sur Facebook, je suis dans le flot des fans de Björk aussi, je reçois les messages  de son mur.  Aujourd'hui, je découvre cette vidéo chez elle avec ces quelques mots:


    A message from Iceland - please share this with your friends in your country to let the world know that everything is ok in Iceland

     

    J'aime la regarder en boucle parce qu'elle regorge de vitalité, de joie, de ces petits riens qui rendent la vie si précieuse et unique en chacun de nous. Et surtout parce que le catastrophisme des banquiers les concerne eux, que la possible fin de leur monde n'arrête pas la ronde de la vie humaine.

    Rire, aimer, partager, respirer à plein poumons, admirer le monde qui nous entoure, ne sont- ils pas les plus beaux projets de vie? 

    En ces instants de grâce partagée, je suis heureuse d'être où je suis, ici et maintenant. Dans ma tête résonnent les mots de Pierre Rabhi...

    Qui eut pu faire le lien entre lui et Björk hormis la fée des agrumes? eclat-de-rire.gif

     

    (pas envie de rentrer dans de grandes réflexions ce soir, simplement savourer l'instant)


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  • Qu’est- ce que je ris en écoutant les informations à la radio au sujet de ce nuage de cendres bloquant les avions au sol ! Je pouffe allègrement non pour m’amuser sadiquement des désagréments causés aux personnes qui se retrouvent bloquées aux quatre coins du monde mais bien par l’absurdité de la situation dans ce qu’elle révèle de l’impasse dans laquelle s’est fourvoyée l’humanité.

     

    Combien de temps pour que la course des hommes reviennent à une échelle humaine ?  Pierre Rabhi ne cesse de le répéter : la technologie donne une puissance énorme aux humains alors que dans sa tête, il n’a pas évolué d’un iota. Alexandre ou Napoléon ne pouvaient aller plus vite que leur cheval et de nos jours, le moindre imbécile peut rouler à grande vitesse, parcourir la Terre en quelques heures du moment qu’il en a les moyens financiers.

    Les hommes ont toujours voyagé, Homo sapiens sapiens  a conquis tous les espaces habitables fussent- ils extrêmes. Les méditerranéens ont échangés qu’ils soient Grecs, Phéniciens, Egyptiens, Etrusques, … ; ils ont migrés, ils ont fondé des colonies. La culture s’est partagée, s’est nourrie d’une rive à l’autre, les guerres également. Les Espagnols et les Portugais ont parcouru tous les océans, les Vikings pareillement. Marco Polo a traversé le continent eurasien, les Turcs et les Mongols l’ont conquis les Jésuites ont essaimé sur le globe ... Et combien d’autres qui ne me viennent pas à l’esprit ! Les routes ont constamment été empruntées depuis la nuit des temps. Il n’y a que la vitesse qui a changé.  Comment oublier qu’il y a à peine 60 ans, l’Océan Atlantique ne se parcourait qu’avec des gros bateaux en plusieurs jours ? Que l’extrême orient était atteint grâce au train ? Et le monde tournait.

    Aujourd’hui, un nuage passe et voilà les humains pris au dépourvu. Quelle blague ! Ont- ils donc perdu toute conscience de leur nature ?

    Me vient pareillement cette autre question : combien de temps faudrait –il pour que l’économie telle qu’elle est conçue actuellement s’écroule ? Parce que les avions ne transportent pas que des touristes, des politiques, des vedettes ou des hommes d’affaire. Les avions transportent des marchandises technologiques, médicales, alimentaires  entre autres. Que deviendront les étals de supermarchés sans les raisins, les pommes du Chili ou d’Argentine, les ananas d’Afrique ? Je caricature, certes, néanmoins, qui donc se soucie actuellement de vérifier d’où viennent les produits qu’il achète et comment ils ont été transportés ? Que deviennent les entreprises sans la fourniture de leur matériel de travail, sans compter les personnels entrant dans le jeu des négociations ? D’aucun me diront : « Oui mais il y a les bateaux, les camions ! »… Oui, oui, c’est vrai. Et bloom, plus de pétrole ? Ah ah, désolée, je ris à gorge déployée.

    Ne serait- il pas temps de revenir à plus de bon sens, simplement ?

    Pleurer sur les changements climatiques, voter écolo, trier ses déchets, consommer local et bio, d’accord, nous faisons ce que nous pouvons à notre échelle d’après ce que nous pensons juste avec également l’information que nous voulons bien entendre. Mais qui renoncera à certains luxes du quotidien pour ne plus cautionner l’exploitation irrationnelle d’autres hommes ou de la planète ?

    Agir à son échelle, petitement, doucement, consciemment, sortir du système, revendiquer auprès de nos décideurs une action globale, générale opiniâtrement ! Nous avons la chance de vivre en démocratie, pourquoi donc ne pouvons- nous lui rendre son  essence primale ? Je ne pense certainement pas à un nivellement par le bas mais  à une prise de conscience de nos responsabilités individuelles et collectives. Ainsi, je trouve une transition parfaite pour l’article suivant au sujet d’un film militant à voir à tout prix : Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau.

    Evidement que le sujet est vaste et je n’ai nulle prétention à en faire le tour dans ces quelques lignes. J’ai simplement la tête dans un nuage qui me fait rire.


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  • Dans mon sac, j’avais cette petite lettre pour le père de SeN. J’aurais aimé en écrire une pour tous mais une des bases de la cnv est de rester précis et concret afin que l’interlocuteur puisse parfaitement comprendre la situation évoquée. Avec des généralités type, j’aimerais que tu m’écoutes plus ou depuis que je te connais, c’est foireux. Je n’avais donc que la lettre pour lui consécutivement à ma fuite du vendredi. Je ne la recopie pas ici parce que c’est personnel et je tiens à la garder entre lui et moi uniquement (même si j’espère toujours, dans mon optimisme chronique que l’énergie envoyée par elle fasse écho chez d’autres). Je m’en sers toutefois pour montrer concrètement comment procéder dans la non violence. Bien sûr, un grand merci à Nadine qui m’a accompagnée heureusement dans cette démarche.

    La cnv est simple de prime abord : dans une situation concrète et précise, observer les ressentis, identifier les besoins et faire (ou aider à) faire une demande. Quand c’est par rapport à soi, il s’agit d’être en empathie avec soi pour comprendre ce qui se joue pour soi dans cette situation ; quand il s’agit d’accompagner autrui, c’est une présence à l’autre sans dirigisme pour l’aider à préciser la situation, ses ressentis, ses besoins.

    Le piège récurrent est le jugement, nous ne mesurons absolument pas à quel point nous sommes conditionnés par le jugement porté en toute circonstances. Dans la cnv, il s’agit de baisser les armes, d’offrir le partage, de laisser la place et la responsabilité à chacun, de rester chez soi.

    Je peux vous garantir qu’au début, c’est très déstabilisant ! De nature empathique, j’étais dans une confusion interne,  court-circuitée par l’éducation et les comportements induits par l’environnement, principalement la non- écoute de soi, la non prise en considération des besoins humains par nos sociétés trop souvent culpabilisatrices. Reconnaître le jugement est ardu, laborieux ; reconnaître que les réactions sont dues à des besoins non satisfaits, relèvent du choix de celui qui les vit, ce n’est vraiment pas rien. Bon, je suis néophyte, j’avance laborieusement, c’est évident, je n’en reste pas moins persuadée que je suis dans le juste, le vrai. C’est la seule solution à mes yeux pour en finir avec le mal-être et les incompréhensions génératrices de violence. 

    J’entends souvent que la cnv n’est possible qu’avec des personnes ouvertes. Non. Les pros sont capables de démonter des haines ancestrales, ressassées. Un néophyte tel que moi sait simplement que si l’autre réagit violemment, c’est parce qu’un jugement m’a échappé ou que j’e n’ai pas été claire et précise ; ce sont les risques du tâtonnement. Néanmoins, venir vers l’autre dans une attitude complètement différente est déstabilisant, la danse prend un tout autre rythme. Si effectivement la relation ne se crée pas et que les murs subsistent, il s’agit d’accepter que l’autre a le droit de refuser d’entrer en relation authentique, souvent par peur, par besoin de temps, et surtout être empathique avec soi- même, accepter d’être mécontent ou triste de cet échec sans se juger.

    La théorie est faussement simple et évidente ; dans la pratique, c’est une autre paire de manches autrement plus complexe. Voilà pourquoi dans le fatras de mes émotions, j’ai demandé de l’aide à Nadine.

     

    Ainsi, sur le dessus de la lettre, j’invite à la lecture sans l’imposer avec une phrase type : j’aimerais partager quelque chose de personnel avec vous, l’accepteriez- vous ? Je laisse le choix et je l’accepte parce que cela ne relève plus de ma responsabilité. J’offre le cadeau, l’autre a le droit de le prendre ou non. Dans les conversations, c’est du même ordre : je ressens telle ou telle émotion et j’aimerais la partager avec toi, est- ce que tu es d’accord ?

    A l’intérieur de la lettre, je pars de la situation concrète de ce vendredi en précisant la date, le lieu et les circonstances, sans jugement, en simple observation. Puis j’embraye sur mes ressentis à ce moment (c’était un mélange de frustration, colère, tristesse). J’explique ensuite que j’aurais aimé lui en parler mais qu’à cet instant, c’était trop douloureux, que je n’en étais pas capable aussi, je me suis enfuie.

    Ma phrase «  Je me casse » prend tout son sens dans ce contexte ! Je ne suis guère coutumière de ce registre langagier, elle m’avait étonnée moi-même. Après avoir mis en mot mes ressentis, j’ai compris qu’elle est sortie parce que je me cassais à l’intérieur prise par la peur de ne pouvoir contenir les émotions que me tenaillaient et me brouillaient l’esprit. Et j’ai pris la fuite pour me protéger, pour LES protéger eux aussi !!! Au final, je demande simplement à ce qu’il ne m’en veuille pas.

    Il lui appartient de la lire ou non, d’y prêter attention ou non, cela relève de son choix. Quant à moi, j’évoquai à Nadine mes craintes qu’il ne la regarde pas suite aux événements. Elle sourit en précisant : «  Tu lui as montré ce que tu avais de vivant en toi, tu lui as fait un cadeau. Maintenant, c’est à lui de voir ; toi, tu as fait ce qui te semblait important, juste. » C’est beau non ? Tellement beau que je suis allée dans ce village ce dimanche matin heureuse, le cœur plus léger, en paix.

     

    Et pourtant…


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  • Ce matin, je me réveillai avec l’émission de Nicolas Demorand sur France Inter et l’invitée du jour : Elisabeth Badinter. Son Dernier livre, Le conflit : la femme et la mère est sous les feux de l’actualité.

    Les positions de cette femme m’intéressent depuis de nombreuses années, je la trouve claire, ferme, lucide, intelligente et courageuse. N’ayant lu aucun de ces ouvrages, j’ai néanmoins parcouru quelques uns de ses articles, écouté ses interventions avec intérêt, survolé en loin son livre, L’amour en plus, sur l’amour maternel. En la découvrant au réveil, ma curiosité se piqua et je ne quittai pas mon poste de radio de toute la matinée. Très vite, je me mis en colère, les pensées fusant dans ma petite caboche.

     

    Elisabeth Badinter expliquait combien le phénomène écologique recelait de perversités potentielles. La promotion des couches lavables, d’un retour à la nature avec une femme s’occupant des enfants qu’elle allaite puis nourrit de bio cuisiné elle-même, le rejet des biberons, du lait maternisé et des petits pots, la méfiance des produits chimiques de la pilule notamment, sont potentiellement dangereux dans la mesure où ils peuvent dénier l’émancipation de la femme. Elle rappela fort justement combien l’apparition des protections jetables de tout acabit  a libéré nos grand- mères  de lourdes corvées.  Elle s’insurge des pressions exercées sur les femmes les amputant de leur droit de choisir : choisir de ne pas avoir d’enfant, d’avorter, d’accoucher avec ou sans péridurale, d’allaiter ou non, de travailler ou non avec de jeunes enfants. Elle nota les cas de l’Allemagne,  des pays scandinaves où la péridurale n’est pas proposée, voire même fortement déconseillée (impact de la mentalité luthérienne et son approche de la souffrance ). Elle s’insurge du silence pendant la campagne des régionales sur les carences flagrantes de structures d’accueil du petit enfant compliquant grandement la vie des femmes, de la fermeture progressive des centres d’IVG ; elle se scandalise de la culpabilisation incessante des femmes quelque soit leur choix et ce pour des raisons dogmatiques. Parce que oui, les femmes sont trimbalées d’un dogme à l’autre ! Il suffit de d’observer comment les jeunes mères sont conseillées sur l’attitude à avoir envers les enfants : tous les vingt ou trente ans, les modes changent radicalement et les mères sont constamment culpabilisées insidieusement de mal faire : il faut les coucher comme-ci, il faut les allaiter comme ça, il faut les laisser crier, surtout pas les laisser seul en cas de pleurs, il faut réguler les tétées ou les biberons à heure fixe, donner à la demande, interdiction formelle de le prendre au lit avec vous, ou non, non, prenez –le sans crainte… etc. etc. Pourquoi les femmes ne peuvent- elles pas simplement avoir confiance en elles ?

    Sous couvert d’écologie, des dérives naturalistes rétrogrades s’insinuent lentement dans les esprits.

     

    Elle expliqua également comment avec la crise économique des vingt- trente dernières années, la situation des femmes régresse. Par les conditions d’emploi et de salaire qui leur sont faites (80% des femmes qui travaillent occupent un emploi à temps partiel dont elles ne peuvent pas vivre décemment), nombre d’entre elles se retrouvent cantonnées au foyer. En outre, d’après une étude de novembre 2009 (INED je crois), 80% des tâches domestiques et parentales sont effectuées par les femmes qu’elles occupent un emploi ou non !

    Par ailleurs, elle dénonça les jugements portés sur les femmes pour leurs choix de vie, pour leur tenue vestimentaire surtout dans les cités et les préjugés qui en découlent, l’instrumentalisation de l’Islam pour justifier la soumission des jeunes filles, femmes à la décision des hommes.

    Elle appelle à la vigilance, à la réflexion sur la liberté des femmes dans la société, à leur place sans les culpabiliser systématiquement de leur décision, à ne pas baisser la garde devant les grignotages des droits si durement acquis.

     

    Ce qui me mit en colère ce matin, ce fut la levée de bouclier de certains intervenants défendant leurs opinions sur l’allaitement, l’accouchement naturel l’alimentation bio, les couches lavables, le renoncement volontaire à l’emploi pour se consacrer exclusivement au foyer, aux enfants. J’avais l’impression qu’ils n’avaient pas écouté les propos d’Elisabeth Badinter : l’art et la manière de jeter de l’huile sur le feu alors qu’il n’y a pas d’opposition d’opinion !!  Merde alors, que veulent donc dire ces clivages ??!! N’ont-ils pas entendu qu’elle ne cherche aucunement à proposer un modèle d’existence aux femmes ? Qu’elle ne cherche qu’à défendre le droit des femmes à CHOISIR LIBREMENT leur destin ? Qu’elle appelle  à garder notre attention en éveil pour ne pas laisser s’installer des idées ébranlant insidieusement les droits des femmes ?

     

    Actuellement, l’idéal de vie passe par la possession matérielle et un style Bourgeois Bohème avec une écologie d’aisés à la mode (manger, s’habiller bio, utiliser des voitures hybrides ou électriques, maison écolo et consorts). Avec des idées très consensuelles sur la sauvegarde ou la préservation de la planète, les critiques contre cette mode passent mal et vicieusement, s’en suivent des jugements, des enfermements.

    Toutefois, en contexte, chacun d’entre nous fait face à des situations complexes en variation infinie liée à nos histoires, nos éducations, nos responsabilités conscientes ou inconscientes ; nous faisons également en fonction de nos moyens économiques et sociaux, des circonstances historiques. Avec ou sans conjoint, avec de bons revenus ou à peine de quoi vivre, une famille présente ou non, la paix ou la guerre, les discriminations, les maladies, les accidents, les décisions sont complètement différentes. Les Restos du cœur ne distribuent pas de nourriture bio, les logements loués aux personnes ric-rac ne sont pas bioclimatiques,  il n’est pas question de rénover les HLM dans cette optique, la mixité sociale ne se fait pas dans l’espace, les femmes supportant seules la charge des enfants n’ont pas les mêmes possibilités que celles qui gagnent bien ou sont accompagnées de conjoint « confortable », tous ne peuvent composter, faire un potager ou aller acheter chez le producteur local… ces impossibilités en font-elles des citoyens irresponsables ? Certainement pas ! Alors, je m’énerve quand j’entends ces bobos parler de leur engagement écologique, incapables de simplement écouter les interrogations d’une femme avisée. (cf. d’ailleurs ce superbe article de Pierre Rabhi ici)

     

    Cette journée de colère et de réflexion, suite à l’écoute des avis variés entendus  à la moindre occasion à la radio m’a ramenée également à une hypothèse qui me trotte dans la tête depuis quelques années : la dichotomie des femmes.

    Sournoisement et  insupportablement à mes yeux, elles tiennent des discours  revendicatifs sur leur liberté, leur autonomie, leur indépendance, leur épanouissement pendant que concrètement, elles sont complètement dépendantes de leur conjoint ! S’il leur arrive de se séparer, elles se dépêchent d’en trouver un autre par peur d’être seules face aux aléas de la vie. Il y a également ces mères qui enferment leur fils, leur fille dans des schémas sclérosés ou mortifères les empêchant de vivre pleinement leur vie avec les meilleures sentiments du monde simplement parce qu’elles ne veulent ou ne peuvent se défaire elles- mêmes de leurs chimères ou parce qu’elles acceptent de pérenniser un système qui les a fait souffrir. Je pense par exemple à certaines coutumes traditionnelles : les mères ont été mariées vierges à des hommes qu’elles n’ont pas choisi, elles ont subi leur vie en silence et quand leur propre fille est en âge de se marier, elles tentent de lui faire subir le même sort. Si certaines se rebiffent, elles doivent mener un combat de longue haleine pour échapper au joug de ces traditions. Je ne donne pas de nom précis mais je peux garantir que j’ai vu de mes propres yeux ce genre de situation !

    Il y a pareillement cette non- acceptation du célibat, du non- désir d’enfant, de l’homosexualité, des décisions de mariage ou divorce, de séparation, de dénoncer des violences subies. Toutes ces situations engendrent une violence rare des femmes envers d’autres femmes et cette violence- là, je la trouve insupportable et révoltante.

     

     A mon humble avis - qui ne compte absolument pas-, j’affirme que le sort des femmes s’améliorera véritablement quand les femmes elles- mêmes en finiront avec les préjugés dans lesquels elles restent enfermées. Cela nécessite une prise de conscience, de l’énergie, de la volonté, du courage. Pourquoi n’en sommes- nous pas toutes capables comme Elisabeth Badinter? A quand une éducation sérieuse des enfants, garçons et filles, pour sortir des représentations sexistes ? Des livres où les femmes ne sont plus cantonnées à des rôles subalternes ? Quand les femmes sortiront-elles des rôles auxquels elles s’identifient inconsciemment en continuant de clamer leur affranchissement ?

    Dans mon cas, je suis une adepte d'alternatives écologiques telles que les protections lavables, les coupes menstruelles, allaiter son enfant, manger bio, cuisiner ses plats ; je n'en perds pas pour autant mon esprit critique quant aux dérives possibles de ce genre de choix. J'élève seule mon garçon envers et contre tous les jugements entendus de ci de là, de la part de femmes également, très dures avec des arguments psycho- moraux; j'ai réussi un diplôme avec mention en étant enceinte et jeune maman, j'ai travaillé tout en allaitant mon bébé, j'ai fait face à toutes les difficultés économiques d'une femme seule. Diplômée du supérieur, précaire de l'Éducation Nationale, je n'ai jamais renoncé à mon emploi accumulant les contrats à temps partiel avec un salaire équivalent au mieux au SMIC alors qu’avec une vie de dépendance ou d’assistance, j’aurais été plus soutenue ou connu une vie matérielle plus facile (en travaillant, je gagnais moins qu’avec une allocation parent isolé !!!) . Les hommes croisés ont été inopérants enfermés dans des comportements induits par LEURS MERES incapables de les sortir de leur giron. Je n’ai pas renoncé à retrouver ma liberté devant leurs incapacités aussi effrayante que puisse être mon insécurité matérielle en recommençant seule. J’ai pris des décisions aux conséquences pénibles et laborieuses pour ne pas devenir dépendante ou prisonnière de la volonté d’autres, à quel prix? Dans quelle mesure suis- je véritablement considérée dans la société actuelle? Je ne revendique ni avantage, ni étendard, je m’attèle seulement à ouvrir ma conscience, à me libérer des jugements lâchés inconsciemment par d’autres parce que je ne choisis pas de vivre comme eux. Non, je ne suis pas une conne parce que j’ai pris le parti de la liberté !

    Ensuite, je m'interroge grandement:

    Quand est- ce que véritablement  les femmes elles- mêmes se libèreront des représentations chimériques de leur  place dans la société? N’y a-t-il pas un véritable travail de fond à opérer pour considérer socialement les femmes décidant de leur vie hors des clivages communément établis (en l'occurrence le couple, la maternité exclusive ou le carriérisme). Autrefois, ces femmes- là étaient nommées sorcières et brûlées sur le bûcher. Aujourd’hui, ne tente t- on pas de les consumer par d’autres voies ?

    Et puis, zut, qu’hommes et femmes s’éveillent ! Ce qui est fait pour les uns l’est pour tous !

     

    Pour réécouter les émissions de cette journée, c'est .

     

    La question est vaste et je n'en ai pas fait le tour. Je suis en colère, je me révolte, c'est mon humanité, l'énergie de mon coeur et de mon esprit, non destructive, belle et bien constructive, l'indignation, comme l'écrit si justement Pierre Rabhi.

     

     

     


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  •  Suite en nouvel appartement camping

     Au bout de plusieurs semaines, enfin, je pus récupérer mon réfrigérateur, il était temps, je commençais à en avoir marre des échanges de glaçons et des changements d’eau froide. Autrefois, il y avait des chambres froides creusées sous la terre, je ne pouvais en venir à cette extrémité, la cave n’étant pas non plus suffisamment fraîche. Ouf, le réfrigérateur reste une très belle invention dont je ne me passe qu’en cas extrême.

     Par contre, question cuisson, je restai sans solution.

    La plaque que j’avais amenée dans la maison était désormais dans la cuisine qu’il avait faite pour moi, elle n’était pas adaptée à cette nouvelle pièce non aménagée (vous avez déjà vu un cuisine aménagée dans des HLM vous ?). Je n’avais pas envie de m’endetter pour acheter une cuisinière multifonction, pas envie non plus d’en acheter une basique sans un minimum de confort. Commença alors ma quête.

    Ma mère ne comprenait pas ma démarche, elle ne cessait de me montrer des cuisinières neuves dans les supermarchés en développant son idée : « Au moins, elle est neuve et propre, tu as une garantie, blabla. » Je ne cédai pas et finis par la convaincre de m’emmener chez Envie dans la ville la plus proche.

     Envie est une chaîne d’électroménager d’occasion. Ils récupèrent les appareils cassés, abîmés, au rebut chez les vendeurs de neuf ; leurs salariés, en réinsertion, les nettoient, les réparent. Rénovés, ils sont revendus à un prix nettement inférieur par rapport à du neuf.

    Durant mes premières années de fac, je passais souvent devant leur boutique étonnée par les prix affichés. Pourquoi donc achetions- nous du neuf plein pot quand cette alternative existait ? Je pensais m’adresser à eux pour ma première installation ; les circonstances de vie m’ont emportée ailleurs.

    De retour dans la région plusieurs années après, repartant de zéro seule avec mon fiston tout petit, je me renseignai et fus déçue d’apprendre que la garantie n’était que de six mois sans livraison possible. Habitant au 5e étage sans ascenseur- ah les HLM ! - je me voyais mal monter un réfrigérateur, une machine à laver toute seule (j’avais déjà fait la table, les chaises, les lits, pas mal de cartons et le reste avec quelque amis venus à la rescousse une après- midi). Je partis donc vers un supermarché qui livrait gratuitement et garantissait deux ans. Tant pis.

    Envie ne me quitta point la tête puisque dès que je sus que je déménageais pour un logement en laissant mes plaques dans ma prétendue cuisine, je cherchai sur la toile leur coordonnées. Ils n’avaient pas changé d’adresse et belle surprise, la garantie était passée à un an ! Et il était possible de se faire livrer avec un tarif selon la distance. Ni une ni deux, nous y allâmes fiston, ma mère et moi (je n’osais pas en ces temps rouler en ville craignant de ne pas voir assez dans la cohue avec ma vue convalescente) ;

    Nous déambulâmes dans les rayons, ma mère était étonnée mais n’arrivait pas à lâcher ses préjugés critiquant les prix. Fiston s’enticha d’une cuisinière, il voulait en finir vite. Si elle avait effectivement de nombreuses fonctions intéressantes, son apparence était véritablement vieillotte, non désuète (ce que j’aime) ; je n’accrochai pas. Par contre, il y  en avait une autre qui m’avait tapé dans l’œil : plateau en verre noir, brûleurs joliment dessinés, couleurs mates et harmonieuses, à mon goût. Malheureusement, les buses- injecteurs de gaz n’étaient qu’au gaz butane et chez moi, c’était du gaz de ville. Mince !

    Il était impossible de réserver l’appareil le temps de trouver les autres buses, je pris le risque, tant qu’à faire, je méritai une belle cuisinière et j’ouvrai le jeu.

    Plusieurs jours, je cherchai à gauche, je cherchai à droite et trouvai un revendeur qui me garantit la possibilité de commander. Zou, je retournai au magasin Envie pour acheter la belle cuisinière… Elle était exactement là où je l’avais laissée. La vendeuse m’expliqua qu’ils avaient très rarement des soucis avec les cuisinières, cela finit par me convaincre et je repartis avec un flexible gaz de ville, la facture payée et une date de livraison. Heureuse. Ma mère n’était pas convaincue, vexée peut être, cela m’importait peu. Elle évoqua néanmoins la possibilité de m’offrir un sèche-linge d’Envie pour Noël. Héhé, ses préjugés se démontaient légèrement.

     Nous étions en pleins travaux avec Kévin quand l’équipe arriva chez moi ce premier octobre 2009. Je les accueillis comme à mon accoutumée et ils installèrent l’appareil avec le tuyau ce qu’ils ne faisaient pas normalement. Quelques mots échangés en bonne ambiance, papier signé et je me retrouvai avec ma belle cuisinière ! Déjà, j’imaginais les merveilles possibles avec pareille machine, je voyais les pizze géantes, les gratins, les terrines, les tajines mitonnés, les poissons, les volailles au tourne broche, les tartes, les cakes, les gâteaux petits et grands dans le four et le panel des expériences sur les plaques de gaz : sautés à la poêle, viandes grillées, et surtout, mon thé à la turque avec PICT2059mon çaydanlik !!! Je ne l’ai pas embrassée, non non, je me suis hâtée de préparer le thé.. MMMMMmmmmmm… Une joie véritable que de le savourer après ces semaines de thé en sachet nettement moins bon que celui-là.

     Kévin arriva armé de son pinceau, le visage heureux.

    -      C’est un vrai plaisir de te voir comme ça ! Tu as un de ces sourires !

    -      Ah bon ?

    -      Ben oui, tu ne t’es pas  rendue compte comme tout le monde était ravi?

    -      Euh, non…

    -      Les livreurs étaient tout joyeux, tu n’as pas vu ? Il faut dire que tu étais tellement contente de recevoir ta cuisinère que tu nous as tous rendus heureux !

    C’est peut- être là qu’est ma magie, hihi. J’ai l’enthousiasme communicatif.

    Et voilà, l’aventure avec ma nouvelle vieille cuisinière était entamée ! J’ai reçu les injecteurs la semaine suivante, les ai changés toute seule comme une grande. Désormais, je la bichonne tous les jours toujours plus satisfaite de l’avoir choisie : je mérite d’avoir une belle cuisinière fût-elle d’occasion. Et cela pour un tiers du prix d’une neuve avec les mêmes fonctionnalités. Economique et écologique, écolonomique, mot d’ordre chez fée des agrumes au logis.

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    lus tard, avec l’histoire des étagères à venir, je souris en constatant que j’étais une vraie pôv fille, je me satisfais de ces vieilleries récupérées et retapées quand le mot d’ordre est au bonheur dans la consommation.

    Et ben, moi, je dis MERDE à la société de consommation !

     


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  • Samedi soir, profitant s’une accalmie de neige, je suis allée au supermarché local pour y chercher quelques bricoles manquantes dans les placards. Sortant de la voiture, un jeune homme m’interpela des journaux « Sans abri » sous le  bras. Je ne compris pas ce qu’il disait notant un petit accent étranger (je suis dans le métier des langues, déformation professionnelle). N’ayant que quelques centimes dans le porte- monnaie, je les lui donnai en ajoutant que ce n’était véritablement qu’une solution d’urgence. Fut- ce parce que je me souciai de lui qu’il me raconta son parcours dans un français correct ?

    J’appris ainsi qu’il était moldave, citoyen européen, 23 ans, marié, un enfant de 13 mois. Volontaire, il avait quitté son pays qui ne lui offrait aucune possibilité d’emploi, de vie décente pour la France « parce qu’on peut y travailler et que c’est une terre de liberté » (Welcome). Avec sa famille, ils n’avaient droit à aucune aide sociale n’ayant qu’un titre de séjour touristique de trois mois qu’ils renouvelaient en rentrant régulièrement au pays. Il travaillait sporadiquement au noir, dans le bâtiment, les jardins, de ces travaux physiques durs ; sans même une promesse d’embauche légale, il n’avait accès à aucun droit.  Il était acculé ce mois- ci pour le paiement du loyer, le propriétaire réclamant son dû quotidiennement. Samedi, il lui manquait 40 euros.

    Je n’ai pas le goût d’entrer dans des considérations politiques ou sociales sur ce sujet, je lâche seulement en passant que je m’attriste de voir une Europe du fric se construire si rapidement quand l’Europe sociale peine si lamentablement. Je ne souhaite parler que de cet échange. Quelques minutes dans nos vies. Minutes de rien.

     Je sentais son désarroi, la peur d’être à la rue avec sa femme et son fils. L’urgence. Il grelottait de froid et je n’ai pas les moyens de l’aider. Il n’insistait pas, expliquait seulement et comme je l’écoutais, il tentait de dénouer son corps  tendu par le froid et les soucis. Finalement, il entra avec moi dans le supermarché, j’avais accepté de lui acheter un petit poulet pour le repas du soir. Il prit un premier prix très abordable et refusa le paquet de pâtes et la boite de champignons que je voulais ajouter, il préférait une bouteille de shampoing justifiant son choix « le moins cher ». Je lui pris le tout « Au moins, vous pourrez manger correctement ce soir avec votre famille ». Je lus sur son visage de la considération à mon égard.

    Si j’étais heureuse de l’aider, je sentais des peurs troubles  en moi non que je me méfiais de lui- il était très correct, courtois-  plutôt un sentiment diffus de confusion au point que je me perdis dans les rayons, je ne trouvai rien, je cherchai ma carte bancaire à la caisse cinq bonnes minutes. Quelque chose me perturbait. A la sortie, nous échangeâmes quelques mots et convînmes d’un rendez- vous lundi matin, je voulais lui donner des adresses pour obtenir de l’aide à l’emploi alors qu’il restait obnubilé par l’urgence du paiement du loyer. Il repartit avec son petit sachet reconnaissant, « J’ai vu votre cœur ».

     Rentrée chez moi, je restai avec ce mal- être ne trouvant décidément aucune formulation claire. Je dormis mal, tiraillée entre mon envie d’aider et cette peur floue. Emmaüs me traversa l’esprit et au réveil, je cherchai l’adresse de la communauté la plus proche ainsi que celle des restos du cœur de son secteur. Je restai avec ces questionnements jusqu’au lundi et ce fut avec 50 minutes de retard que je retournai devant le supermarché ; évidemment, je ne le retrouvai pas. Je m’occupai de mes affaires personnelles l’esprit embrouillé quand enfin je pus formuler ma peur : je n’ai pas peur de lui, j’ai peur de MOI.

    Peur de ne pouvoir contenir mon désir d’aider, de donner par delà mes limites, peur d’être victime de mon abnégation.

    Je ne sais si je le recroiserai  un jour, son visage, sa voix, les mouvements de son corps restent dans ma mémoire ; je suis heureuse d’avoir donné quand d’autres plus aisés lui ont tourné le dos. Je suis  heureuse également de ne pas l’avoir retrouvé, aurais-je pu stopper mes élans de cœur ? N’était- ce pas un acte manqué de toute façon ?

     

     

     


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  • http://www.calins-gratuits.com/index.php


    Chaque fois que je regarde ces vidéos, je suis émue, à en pleurer de joie!!!





      Chalom! 
    Alekoum salam!  

     

     



     

     

     

      Le monde est ce que nous en faisons.





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  • Les années passées sur les bancs d'université ont inscrit des réflexes rapidement mobilisés dans de telles circonstances : c'était plus fort que moi, je n'ai pu m'empêcher d'inscrire à l'arrière de mon agenda ce qui me semblait important. En plus, j'ai pensé que ce serait une bonne idée d'en faire un article afin de partager cette réflexion trop peu connue du grand public. Voici donc mon petit rapport de conférence tout personnel


    Il s'agit de concilier l'histoire humaine et la nature ou plutôt de la REconcilier. Actuellement, il y a une véritable crise spirituelle parce quye nous ne sommes plus inspirés par la vie. Il est temps de dépasser le langage élémentaire (emploi, croissance, etc.). Le monde est une entité reliée, tout est un et nous avons à aller vers quelque chose de plus élevé. Nous avons la chance de vivre sur une planète vivante, la seule peut être dans l'immensité de l'univers, c'est un don extraordinaire dont nous n'avons pas la vision parce que notre conscience n'est pas assez élevée. Nous avons besoin d'être dans une conscience profonde de cette unité alors que l'homme a tout fragmenté avec des barricades, des frontières parce qu'il porte une peur, celle de l'insécurité ce qui logiquement entraine la quête éperdue de sécurité par le pouvoir, l'argent, la possession.

    L'écologie est un état d'esprit entier par rapport à l'univers dont l'homme fait partie pour créer une symphonie. Or l'impact de l'humanité a généré des déséquilibres. Déjà en 1949, était publié La planète au pillage d'Osborn,  annonçant tout ce dont nous sommes témoins actuellement. En 1961, Le printemps silencieux de Rachel Carson démontrait déjà la perversité de l'utilisation des pesticides (silencieux parce qu'il n'y a plus d'oiseau).

    Qui a lu ces livres ?

    Le paradigme technologique a donné des moyens considérables  à l'impact de l'humanité sur l'environnement et l'homme en est grisé, enfermé dans le matérialisme. Il est déconnecté, ne fonctionne plus que par le mental ; il n'écoute plus ni ses intuitions ni ses sens, il est devenu rigide quand la nature, notre nature est faite de souplesse et d'adaptation.

     

    Autrefois, la nature régulait parce toutes les civilisations étaient fondées sur l'agriculture. A partir des XVIIe-  XVIIIe siècles et l'apparition de la notion de raison, l'humanité est passée brutalement d'un paradigme à l'autre et nous sommes encore sous ce choc.

    L'homme cherche au cœur de la terre les métaux, le pétrole, le gaz pour entretenir la mécanisation par l'explosion et la combustion lui conférant ainsi une très grande efficacité. Nous sommes passés du cheval animal au cheval mécanique. Celui- ci  grise nos esprits parce que notre conscience n'a pas évolué au même rythme pendant que nous nous retrouvons avec des outils efficaces comme jamais dans notre histoire.

     

    Nous nous prétendons rationnels. Cependant, nous utilisons une tonne de voiture pour déplacer 60 kilos de personne, l'espace se disperse entre l'habitation, l'école, le travail, le ravitaillement, nous sommes devenus complètement dépendants du pétrole et de l'électricité dans une société où la voiture est indispensable. C'est complètement irrationnel car dans le principe même, ce fonctionnement n'est ni fiable ni pérennisable. Nous sommes dans des aberrations, des contradictions totales.

    Les bases de nos sociétés industrielles sont l'inventivité, le capital, la force de travail et le Tiers Monde. Ce dernier est spolié, exploité avec ce constat effrayant : les 4/5 des ressources de la planète sont utilisées par 1/5 de l'humanité.

    Actuellement, le seul objectif est de produire de l'argent, tout est basé sur la seule finance. L'argent en soi n'est pas néfaste, il apporte un bien- être supplémentaire, il dynamise les échanges. L'aberration est que désormais l'argent ne sert plus qu'à produire de l'argent et le problème nait de ce capitalisme. Tout est détraqué et nous nous retrouvons dans l'anthropophagie par la compétivité et ne nous n'allons qu'à la violence, la multiplication des frontières, l'entretien de relations armées. Un Barack Obama par exemple laisse présager un humanisme en gestation, il semble être non plus dans l'affrontement mais dans une politique de la main tendue ( à suivre).

     

    Il s'agit désormais de revoir toute la sémantique en général, l'économie n'est pas l'argent par exemple, la carrière n'est pas la vie. Et que dire de la tragédie de la subordination de la femme dans l'humanité !? Il est urgent de sortir de la politique de la domination.

    Le temps n'est pas de l'argent, c'est du temps humain, un temps donné à chacun d'entre nous pour évoluer entre notre naissance et notre mort. La notion de politique est également à revoir complètement. En écho à L'utopie de Thomas More, il est question de libérer l'esprit de la notion d'impossible parce que  l'utopie n'est pas la chimère. La science elle- même est coupée de son ressenti quand tous les plus grands scientifiques ont ouvert les voies en se fiant à leurs intuitions. Il s'agit de sortir du réalisme, du carcan pour croire en son rêve.

     

    Mettons les moyens financiers au service de la vie et non plus au service de la seule finance, sortons de l'aliénation de l'homme par le travail.

    La notion de qualifications utiles à la société tronque complètement les dés, la philosophie, l'histoire par exemple n'y ont aucune valeur. La société pyramidale instaure le travail en institution et un partage non équitable. Il n'y a pas de problème à ce qu'un dirigeant gagne plus que ces ouvriers, il est question que tous les membres de la société puissent avoir une vie digne quelque soit leur place dans la pyramide et non l'accumulation uniquement pour certains.

     

    Il n'est nullement question d'économie dans le système actuel parce qu'où il y a déchets, il y a une société dispendieuse et non une économie. La généralisation des incarnations dans des lieux fermés engendre l'aliénation, la multiplication des rebus matériels et pire encore, des rebus sociaux. Si on regarde la France, les aides de l'Etat ne sont que du secourisme social, aucun de ces aidés n'a les moyens d'assurer son existence. Imaginons que toutes les aides soient supprimées, que toutes les associations caritatives ferment, que reste t-il ? Une grande misère et cette incapacité à assurer son existence. Il est nécessaire que chacun devienne un acteur social et pour cela, l'homme doit être remis au cœur de la société. Toutes ces souffrances liées à l'indigence n'engendrent de toute façon que la révolte, inévitablement.

     

    Par ailleurs, une énorme crise alimentaire se prépare en raison de l'érosion des sols, les terres capables de nous nourrir se réduisent de plus en plus, l'air et l'eau sont pollués, 60% de la biodiversité domestique a disparu, le nombre des paysans ne cesse de se réduire dans une société urbanisée. La politique agricole file dans des impasses telles que les OGM, la chimie des engrais, les hybrides entrainant la stérilité des cultures et des grains, soumettant les paysans à la merci des grandes industries chimiques. Les marchés économiques sont générateurs de différences criantes. Aujourd'hui, le stock alimentaire mondial est très limité, moins d'un mois. Il n'y a de productions que pour des personnes solvables puisque tout est basé uniquement sur l'argent et les dominations se pérennisent par l'argent. S'y ajoutent les changements climatiques. La sécurité et la salubrité alimentaires sont des nécessités car désormais, la production humaine est inappropriée tant dans sa nature que sa qualité.

     

    Face à cette consommation inéquitable, s'oppose la sobriété heureuse. La seule question que nous avons à nous poser est :

    « Qu'est- ce que j'ai coûté à la vie ? »

    L'argent remplace la vie dans le système actuel, la richesse n'est basée que sur les PNB, PIB, nous sommes coupés de nos ressources.

    A côté de cela, 2 milliards d'êtres humaines manquent du nécessaire ; il y a urgence à résoudre les problèmes fondamentaux, structurels. L'humanité s'est campé dans l'égoïsme, la cruauté, le manque de générosité, elle est devenue inhumaine provoquant par là un mal être généralisé.

    Le travail a un sens, être un travailleur non ; il s'agit de mettre en avant l'usage et non la valeur économique.

    Comment réorganiser notre société ? En changeant de paradigme, en la fondant sur le bonheur et la joie.

    Nous sommes génocidaires par anticipation dans la docilité alors que l'indignation est nécessaire, une indignation constructive, en gardant le contact avec la communauté humaine.

    Le monde est hostile ; quand l'enfant vient au monde il est ouvert à toutes les possibilités et au fur et à mesure, devant la présentation anxiogène de son environnement, il se ferme et vit dans l'angoisse. Avec l''obligation de travailler pour réussir sa vie, ces agressions incessantes n'entraînent qu' angoisse, mal être et violence.

    Nous prenons le risque de nous cloisonner dans une dictature de l'écologie. Avoir une voiture hybride, une maison éco biologique, manger bio etc. n'empêchent pas d'exploiter son voisin. Cette voie n'est pas une solution.

     

    Nous avons à reconstruire le monde en changeant les modes relationnels, la relation à soi, la relation à l'autre, la relation à la nature, prendre conscience, être au clair, évoluer dans un humanisme actif et éclairé. Dostoïevski a écrit « Et si la beauté pouvait sauver le monde ? », la clef est là : la beauté de la compassion, de la générosité, de l'amour.

     


    Quand il eut fini son exposé, le public resta sans voix et les questions sollicitées mirent du temps à venir parce que sa conception est aboutie, réfléchie. Tout était si limpide que mes questions sur la place des personnes incapables de travailler la terre n'avaient plus lieu d'être. Dans une société fondée sur l'humain, nous n'avons même pas besoin de nous poser cette question. 

    Je l'interrogeai néanmoins sur la viande citant Jean Ziegler ancien rapporteur de l'Onu sur la question de la faim (voir ici  en d'autres circonstances déjà évoqué) : « Si nous devenions tous végétariens, plus personne sur terre n'aurait faim »). Forcément, la réponse était donnée dans les premières secondes : c'est la production industrielle hors sol de la viande à boucherie qui est un non- sens avec des animaux concentrés coupés de la nature et un standardisation dangereuse des espèces ; par ailleurs, multiplier les apports de protéines en consommant aussi des protéines végétales par exemple est une évidence. 

    Ma question a amené une femme à intervenir non pour poser une question mais pour mettre en avant son végétarisme et en prôner les avantages. Le public a décroché devant cet exposé et Pierre Rabhi a simplement expliqué comment lui- même ne pouvait être végétarien, « Restons à l'écoute de notre corps, ce qui est bon pour l'un ne l'est pas un autre. » Forcément.

    Quelqu'un l'interrogea sur la démographie galopante des humains, il expliqua qu'il ne prônait évidemment pas une prolifération sans limite puisque notre terre est limitée. La démographie, dit-il, est à prendre dans un système global où le partage et l'équité sont valeurs fondamentales. L'humanité doit rester dans la mesure de ses ressources. Il en profita pour noter qu'une agriculture écologique n'implique aucune dépense au départ permettant à tous de se nourrir avec des aliments biologiques.

    Une femme exprima sa révolte face aux politiques, « Ne pourrions- nous pas les poursuivre en justice ? Que faire face à une telle corruption du système ? » Pierre Rabhi l'écouta et répondit posément : « Madame, nous avons les politiques que nous méritons » sans colère ni vindication. Il expliqua que là aussi, preuve était faite de la nécessité de refonder la société sur d'autres bases, la politique fonctionnant de paire avec les travers du système actuel.  

    Une autre fit part de son désarroi, de son sentiment d'impuissance, de son isolement, du rejet qu'elle ressentait en raison de ses choix. Pierre Rabhi l'invita a continuer son chemin, à persévérer en fréquentant des lieux où elle trouvera certainement d'autres personnes dans la même démarche. Rappelant son association Colibris, il expliquait que petit à petit, les choses changent grâce à l'action de tous ceux qui se regroupent en réseau.

    Quelques producteurs locaux firent part de leur engagement parfois payé au prix fort. Une femme de l'association organisatrice de la conférence intervint, la voix tremblante d'émotion pour dire l'espoir qu'elle mettait dans la jeunesse et de la nécessité d'informer et former. Les banques solidaires furent évoquées, l'invitation à consommer local maintes fois répétée.

    Quelqu'un demanda ce qu'il pouvait faire à son niveau afin de ne plus contribuer à ce système caduque, Pierre Rabhi donna cette fulgurance : nous avons le devoir de désobéissance !

    Cultiver son potager, quand c'et possible  est un acte de résistance, par exemple. Nous devons nous organiser quotidiennement pour ne plus être dépendants des multinationales contrôlant ce système anthropophage à deux vitesses, entre ceux qui travaillent à la sueur de leur front et ceux qui dépensent le fruit de ce travail.

    Ouvrir les consciences est une nécessité parce qu'il en va bêtement de la survie de notre espèce .


    Le discours de Pierre Rahbi est cohérent, logique, il a réellement fait le tour de la question, étudié toutes les voies possibles ce que j'espère avoir transmis dans ces notes.

    Je lui suis reconnaissante d'exister,

     je lui suis reconnaissante de montrer qu'il est possible de vivre en intelligence ensemble, sur cette planète minuscule dont trop d'hommes se croient les propriétaires,

    je lui suis reconnaissante de tisser des liens entre tous ceux qui s'interrogent sur notre place et se sentent trop souvent désemparés et seuls devant l'immensité de la vanité humaine.

    Cette rencontre n'a fait que me conforter dans des choix humains et essentiels. Je sais que je ne suis pas une folle chimérique, preuve en est faite,  je suis une utopiste à la conscience en marche œuvrant pour la communauté humaine en son ensemble.  Qu'est- ce que je suis fière de moi !

     

    Et vous qui suivez mes réflexions, vous pouvez l'être aussi parce qu 'il faut s'accrocher, hihi.


     


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