• Dans les jours suivants ces agitations d'été, je décidai de vaquer à des occupations plus calmes et me lançai dans un projet de couture traînant depuis belle lurette. Évidemment, mon lit servit d'établi où s'étalèrent des tissus dans la nuance choisie. Alors que je me relevai de m'y être penchée en réflexion d'agencement de motif et couleur, je sentis une douleur lancinante dans le bas du dos. Aïe Aïe! Payai- je le prix de mes grands travaux? Par hasard, j'avais rendez- vous en rééducation avec Solange les jours suivants et bien que décidée à évoquer la question de ce scooter pour mes déplacements de longue durée en virée ou en ville dont nous avions parlé auparavant, mon dos occupa toute la séance. Je lui en parlai du bout des lèvres, n'y attachant pas grande importance évoquant à peine une douleur persistante à chaque relevé. J'eus droit à une série d'exercices sous son œil avisé: roulement, déroulement, pencher à droite, à gauche... Le verdict fut sans appel: toutes les lombaires étaient raides et ne s'enroulaient pas normalement. « Est- ce dû à la maladie? Quelque chose que nous n'aurions pas vu jusqu'à aujourd'hui? A moins que ce ne se soit installé avec le temps?» se demanda t-elle. Je ne pipai mot quant à mes activités estivales déraisonnables, je comprenais mes raideurs en danse orientale. Elle préconisa des séances de kiné mais pas avec n'importe qui. En ville, nul ne lui semblait apte à cette prise en charge, elle partit donc en quête d'une Emmanuelle intervenant à l'hôpital directement et le programme de séances commença peu après. Je retrouvai des lieux connus et profitai de l'expédition pour revoir de temps en temps Raphi ou Michel, le transport en vsl n'étant cependant guère propice à des plages de partage autre qu'écourtés. Je fis logiquement la connaissance d'Emmanuelle.

    Certains critiquent l'attitude hermétique et méfiante des médecins en France; s'il en existe quantité, je peux affirmer à contrario que nombre d'autres sont ouverts et curieux de ce qu'il se passe en d'autres représentations médicales et mes séances avec Emmanuelle en sont une preuve évidente: elle pratique la médecine chinoise en plus de la kiné traditionnelle.

    D'abord, elle testa mes mouvements de dos, me donna des exercices d'assouplissements à faire lentement chaque jour de la semaine, le but étant de les pratiquer très finement. Ce fut particulièrement efficace et bien que débloquée depuis, il m'arrive de les répéter quand je sais avoir malmené mes lombaires. Ensuite, elle m'examina façon médecine chinoise et j'entendis quelques déclarations intéressantes.

    -  Sur le plan énergétique, tous les points sont ouverts, c'est harmonieux; par contre, le corps est faible, à plat. Honnêtement, sans le Qi Gong et le Taï chi, vous ne tiendriez pas debout.( Ah ben tiens, je suis dans le bon alors! Mes perceptions intuitives sont justes).

    -  Surtout, maintenez le bas du ventre et du dos toujours au chaud! Bien des maux dont vous souffrez viennent de ce froid glacial qui vous habite ici. ( Pour rappel, c'est à ce niveau qu'a commencé la maladie,après bien des douleurs et travers dans ce secteur depuis longtemps, mes soucis d'évacuation sont de pareille localisation)

    -  Les reins sont faibles. Si vous faîtes des exercices de Qi Gong sur eux, vous serez bien quelques heures puis ensuite épuisée parce qu'en travaillant sur eux, vous les videz. Votre centre énergétique va alors être très sollicité pour compenser la perte et se mettre en surchauffe la nuit pour recharger les organes et le corps.

    -  Ah, c'est pour cela alors qu'il m'arrive de transpirer à grosses gouttes la nuit! (Aucun médecin n'avait d'explication sur ce phénomène, Gilles ayant vaguement mentionné une atteinte du système neuro- végétatif).

    -  Travaillez plutôt sur la rate, elle renforcera les reins sans les épuiser.

    -  Il y a de la colère par là, en général vis- à- vis du père. (Même pas étonnée! Merci la psychanalyse et ses bienfaits évidents!)

    -  En médecine chinoise, quand un enfant est conçu, on raconte que son âme arrive sous la forme d'un oiseau. L'enfant attendu et désiré est un grand et bel oiseau aux ailes déployées. Vous, vous étiez un tout petit venu là par hasard, se faufilant en douce. (Bis précédent)

    -  Vous ne vous vous êtes jamais sentie à votre place dans la famille, ce n'est d'ailleurs pas votre famille. ( En lien avec la deuxième remarque puisque c'est dans cette zone que se localise l'héritage familial en médecine chinoise. J'ai très tôt senti que j’étais malade de ma famille., il est vital de me libérer des fidélités toxiques et acceptation passées afin de briser une chaîne de souffrance)

    -  Et qu'est- ce que je peux faire alors?

    -  Changez- en. ( Génétique et administration sont indéfectibles, c'est changer l'énergie qui circule entre nous qui est essentiel et surtout, prendre soin de moi pour soulager chacun, montrer que d'autres voies existent)

    Elle évoqua ses propres questions et doutes, je partageai mes expériences et connaissances en accompagnement. Nous parlâmes du couple, de mon célibat vécu tranquillement et non hermétiquement.

    -  Vous n'avez pas besoin du couple finalement, parce que vous vous nourrissez vous- même.

    -  C'est évident que je ne veux plus de ces relations où chacun attend de l'autre qu'il comble ses béances, ses manques, ses ratés. Je veux des relations authentiques et équilibrées.

    Je lui parlai de mon fiston et de ses douleurs physiques- lui aussi en a plein le dos. Elle accepta de le recevoir et s'il fut déçu de ne pas être plus soulagé physiquement, la rencontre fut fort judicieuse. Elle repéra, à lui couper la chique, sa fracture du petit doigt de l'an passé et ses soucis intestinaux de la semaine précédente. Ses évocations de guerre furent éclairantes sur son sentiment profond de solitude et de dévastation, angoisses inhérentes à son parcours d'enfant bousculé par la vie très tôt. Si la maladie qui me toucha l'a profondément marqué (qui ne le serait pas?), il est d'autres événements traumatiques à résilier. Répéter joie, respect et compassion avec visualisation d'un rond rouge me parut très révélateur, mission quasi impossible pour lui.

     

    Ces démarches permettent d'ouvrir des pistes de réflexion, de méditation et de détachement. Souvent, il suffit d'un dit extérieur pour déterminer clairement des sentiments diffus et flous puis tourner la page, de mettre de la clarté en soi par confirmation ou infirmation. Certaine que nous sommes êtres complexes, tributaires de notre corps et de notre esprit, ces pratiques ouvrent à sa globalité, à l'interaction corps- esprit, éventuellement âme quand il y a foi en elle. Comme le raconte si joliment mon ami Boris, nous avons tous besoin de donner du sens à ce que nous ressentons et vivons. La maladie, ses aléas, ses à- côté, la place que je lui accorde prennent le sens que je leur donne dans le contexte d'évolution qui est le mien. J’ensorcelle mon monde et mesure quotidiennement de plus en plus la réalité de cet ensorcellement par chacun d'entre nous. De manière abrupte et réductrice, j'affirme que tout est idéologie. Le monde est ce que nous pensons, la relation à l'autre, à soi, les événements également. Le regard porté sur mon aventure par Emmanuelle apporte des références autres et nouvelles, elles n'en restent pas moins cohérentes et inhérentes au parcours qui est le mien. C'est une rencontre dans l'ordre des événements.

     

    Prologue:

    Le partage fut équitable, je pense car elle me proposa son aide pour déménager, me relança deux fois et garde le contact via sms régulièrement. Elle est venue démonter mes armoires et étagères accompagnée mais ça, c'est une autre histoire qui viendra en son temps, plus tard, peut- être.

     


    2 commentaires
  • Je fais vite en passant entre deux parce que le temps est compté là. Je vous invite à regarder ce reportage d'Arte visible encore quelques jours:

    http://videos.arte.tv/fr/videos/quand_l_esprit_guerit_le_corps-4267406.html

     

    Vous m'y reconnaitrez p'têt bien en écho à mes tartines d'ici.   

     

    A bientôt pour d'autres péripéties.. dès que le temps d'ordi disponible sera suffisant. 


    3 commentaires
  • Dans ma démarche intérieure en mouvement perpétuel, je me penche depuis plusieurs mois sur mon rapport à l’argent, au matériel et ces trucs- là. Ils me préoccupent face aux factures, aux  empêchements et limitations alors que je les oublie au quotidien étant d’un naturel peu enclin à la propriété, la possession (je résume pour rester en boutade).  Depuis quelques jours, j’ai donc décidé de réciter en mantra une phrase afin de m’y pencher tout en y méditant :

    Je mérite l’abondance et l’abondance vient à moi.

    Nous méritons l’abondance, fiston et moi, et l’abondance vient à nous.

    Et depuis deux semaines, nous connaissons l’abondance: l’abondance de poux !!

    Ce sont les premiers pour lui, mes méthodes l’en avaient protégé toute son enfance, je n’en ai pas eu depuis 30 ans ou moins.

    Ainsi, j’entame mes vacances sur un gros ménage général avec lavage des draps et linges en pagaille (abondance, abondance), les huiles sur la tête qu’elles soient grasses pour étouffer les bestioles ou essentielles pour les éloigner, les tuer,  les lavages fortement vinaigrés de nos têtes envahies et les passages réguliers du peigne fin afin d’éliminer les macabés et écraser impitoyablement les survivants délogés. La tâche est fastidieuse et laborieuse mais si la fatigue me rattrape, je constate avec joie que ma résistance s’est renforcée, les heures debout ou à courir à gauche à droite s’allongent et je viens à bout du bazar comme une grande, toute seule.

     

    Un cadeau ces poux ? Peut- être bien pour m’inciter à méditer sur la formulation des demandes à l’univers. Alors, je repars avec d’autres mantras :

    Je mérite l’abondance matérielle et l’abondance matérielle vient à moi

    Nous méritons l’abondance matérielle et l’abondance matérielle vient à nous.

     

    Quelle sera la prochaine surprise ?

     

    Vous avez des idées, vous, de formulation de demandes ? C’est un exercice faussement simple, croyez- moi.


    7 commentaires
  • Comme pour le texte avec le 100e singe, il m’est arrivé ces jours-ci une aventure similaire.

    Au cours de quelque divagation sur la toile, j’avais entendu parler d’un livre, La Société toxique de Pryska Ducoeurjoly, je l’avais réservé au Médiabus puis oublié. Lors du dernier passage, il était disponible et j’en entamai la lecture (un compte- rendu viendra dans le flot de toutes mes lectures et écoutes débordant de partout, en son temps). Dans la deuxième partie, je fus interpellée par un chapitre sur le chlorure de magnésium et ses propriétés. Largement utilisé avant l’apparition de la pénicilline (à laquelle je suis allergique d’ailleurs), il est peu coûteux et soigne une foule de maladies, tracas et troubles. En référence, l’auteur citait un petit bouquin de Marie- France Muller, Le chlorure de magnésium, un remède miracle méconnu, Jouvence éditions 2010. Je me renseignai auprès de la pharmacie pour en connaître les différentes formes, leur prix, je prévus d’en discuter sérieusement avec mon médecin traitant. Les jours passèrent, sans plus.

    Lundi dernier, en raison d’un rendez- vous médical, je me trouvai non loin d’un magasin bio où j’aime aller acheter des produits en vrac nettement moins chers et sans emballage plastique. Je dis non loin mais je ne sais comment tout à coup, j’ai bifurqué sur des routes inconnues, tourné quelque part, retrouvé une route connue pour arriver à ce magasin presque inopinément. J’y divaguais puisque j’avais forcément oublié ma liste à la maison, n’ayant pas prévu ce détour. Je remplis mon panier trop petit, toute heureuse de faire des réserves de légumineuses, graines, riz et autres babioles introuvables ailleurs. Comme il devenait trop lourd (et porter lourd = pipi urgent immédiat), je le laissai dans un coin afin de parcourir le magasin, histoire de faire le tour. Et là, devant moi, sur le rayon des livres largement garni, un tout petit livre me sauta aux yeux… Son titre : le chlorure de magnésium ! Ni une, ni deux, je l’embarquai.

    95 pages de lecture fort intéressante pour 4.90 euros et des solutions à bien de mes petits et grands maux ! Depuis, je n’arrête pas d’en parler autour de moi, d’éveiller les esprits à son existence. Bientôt viendra l’expérimentation car si la vie a placé ce petit livre en telle évidence, sous mes yeux, par hasard, c’est p’têt bien parce qu’il y a là quelque chose de bon pour moi.

    offre-un-arc-en-ciel.gif

     

    Si vous tentez l’expérience, voulez- vous bien m’en dire quelques mots ? D’ici là, quelques renseignements se proposent aux curieux par ici

     


    1 commentaire
  • L’année dernière, j’avais commencé à la demande de Solange (voir ici pour rappel). L’expérience fut enrichissante et belle, je me réjouissais de la réitérer. Je m’étonnai de la rapidité avec laquelle je fus contactée, je pensais plutôt y revenir en juin.  Je me demandais comment allait se dérouler la séquence selon mon état, le groupe, l’énergie circulant à cet instant. Autant ne pas s’en faire. Je m’y rendis plus fatiguée qu’à la première et les idées étaient donc moins claires ; un flou étreignant ma p’tite tête, je craignais quelque peu d’être brouillonne.

    L’accueil fut aussi plaisant qu’en juin, il y  eut seulement un cafouillage de salle à l’arrivée. Changement in extrémis alors que la personne s’était déjà présentée. « On efface tout et on recommence » lançai- je taquine. Dans cette salle, je n’étais pas face aux élèves, les chaises étant en cercle et seules deux étudiantes avaient une table, chargées de prendre des notes. Je m’installai remarquant que le tableau était loin derrière, tant pis. Présentation générale et rapide, explication succincte de la maladie, récit de mon parcours : diagnostic difficile, le choc et l’éventualité d’une mort rapide, la perte des capacités physiques, le cataclysme dans la vie tant interne qu’externe, la relation aux soignants, aux médecins, la violence institutionnelle, les aléas avec l’entourage, la lutte âpre pour changer les modes relationnels, le quotidien, la volonté de vivre pleinement le temps qui m’est imparti et le combat permanent, long, opiniâtre afin de retrouver ce qui avait été perdu physiquement, les deuils et ruptures, la souffrance de mon fiston, la psychanalyse, les rencontres réelles et virtuelles, la méditation, le Qi gong, la danse orientale, les limitations physiques persistantes, la communication non violente… En vrac, jalonné de « Que vous dire ? » signe de ma fatigue.

    Quelques questions survinrent, j’y répondis avec l’impression vague que la fatigue était là, subtile, fugace encombrant ma volonté de clarté. Ce ne devait pas être flagrant ou gênant puisque je vis des visages intéressés, interpellés, en réflexion, des larmes, des sourires béats.

     La question du handicap invisible fut heureusement largement abordée et la prise de conscience évidente.

    -       Nous avons tous des mythes sur le handicap, j’en avais aussi avant la maladie. Avec ma petite vessie, j’ai souvent utilisé les toilettes pour handicapés quand je ne pouvais plus attendre. Seulement, quand j’étais en fauteuil, j’ai mesuré bien des aberrations : les crochets pour vestes ou la réserve de papier trop hauts par exemple. Et surtout, une personne handicapée est obligée de s’asseoir sur la cuvette, elle ne peut pas faire d’acrobaties pour se l’éviter et pour peu qu’elle ait besoin de se sonder, il suffit qu’une dizaine de personnes soient passées avant, elle attrape de suite un germe. Dans mon cas, par exemple, tout usage de toilettes publiques entraine une infection. Je ne vous parle même pas de l’état de certains lieux que j’ai vus, inondés, sales, inaccessibles…

    -       Là où j’habite, des travaux importants ont été faits devant la gare pour la rendre accessible, ils ont mis des clous pour les aveugles aux passages... et à côté de cela, ailleurs, absolument rien n’est aménagé et AUCUN logement dans la bourgade n’est adapté pour une personne en fauteuil. Qu’est- ce à dire ?   

    -       Quand je titube sur mes jambes ou que je perds l’équilibre, j’en ai entendu des « Tu as bu ou quoi ? » pas méchants, certes mais révélateurs du manque de conscience. Tout comme au travail où malgré mes demandes répétées, certains, me voyant sur pieds, agile et pleine d’énergie oublient mes limites et ont repris, par exemple, l’habitude d’écrire au stylo bleu fin sur des étiquettes rouges ou verte les rendant quasi illisibles pour moi.

    -       Que ce soit au Qi Gong ou à la danse orientale, j’explique d’entrée mes soucis et demande du temps, un rythme propre afin de pratiquer certains exercices ; je ne dis pas que les profs s’en fichent, je dis seulement qu’ils n’ont pas conscience de la réalité de mes handicaps quand ils insistent et insistent en répétant que j’ai à m’entrainer plus. Ils ont raison, je le sais, j’ai seulement besoin d’un temps supplémentaire, demande qu’ils n’entendent pas véritablement d’emblée.

    Une femme pensa à voix haute, éclairée par mes récits :

    -       Quand j’arrive aux caisses du supermarché et que la prioritaire pour femmes enceintes et personnes handicapées a la file la plus courte, je regarde autour et j’y vais si je ne vois personne. Si quelqu’un concerné arrive, je lui cède bien sûr la place. Mais chez vous, ça ne se voit pas !, reconnaissant ainsi l’illusion de nos représentations.

     

    -         Et je n’ai pas forcément envie de brandir ma carte d’invalidité pour justifier de ma place. (Oui, oui Annie  ), lui répondis- je tranquillement.

    Elle fit une autre remarque dont j’ai oublié la formulation (était- ce sur l’utilité d’être égoïste ?) qui me permit d’aborder la réflexion de Yolande. «  Demandons- nous, avant de choisir, ce qui motive véritablement notre choix : est- ce la peur qui nous guide ou ce dont nous avons besoin véritablement ? ». Les airs interrogateurs m’invitèrent à développer :

    -       Il parait que nous vivons dans une société de plus en plus égoïste et individualiste. Ce sont nos peurs de perdre, d’être spolié, trompé, écrasé qui gouvernent notre société parce que nous n’occupons pas notre place et que cela arrange bien les dirigeants (je jouais la scène physiquement en me recroquevillant sur moi- même) « Olala, j’ai peur de celui- là, il m’en veut, il envahit mon espace, il m’agresse, j’ai peur, j’ai peur ». Ce n’est pas mon cas. J’accueille l’autre, je lui laisse sa place car je sais que j’ai la mienne (je lâchais la tension et occupai l’espace de mes bras, de mes jambes étendus).

    J’ai également beaucoup insisté sur la présence à l’instant : «  Soyez à ce que vous êtes* ».  Les perceptions du temps varient :

    Pour l’inconscient, le temps n’existe pas, c’est pourquoi ce qui nous arrive par exemple dans la petite enfance reste d’actualité tout au long de notre vie.

    Notre mental nous promène des millions d’années avant, des millions d’années après, il nous trimballe à tout bout de champ d’un temps à l’autre, d’hier à demain, de l’avant à l’après.

    Le corps est le seul à vivre au présent, il nous y ramène constamment et grâce à lui, nous pouvons vivre l’ici et maintenant pleinement et sortir ainsi des spirales infernales du quotidien.

    -  Voyez- vous, je suis choquée quand j’entends « Je ferai ça quand je serai à la retraite » parce que la vie est fragile, elle ne tient qu’à un fil et tout peut basculer à tout moment, elle passe très vite et nous croyons avoir le temps. Nous n’avons pas le temps. Ce qu’il y a vivre, il y a à le vivre maintenant.

    Cependant, et j’espère que ce message est passé, le plus important à mes yeux fut le bénéfice apporté par la communication non violente. J’ai répété et répété l’importance des besoins, de la prise de conscience que l’agressivité, l’injure, l’attitude désagréable d’autrui ne sont que le reflet d’un besoin non satisfait, besoin qui n’a pas besoin d’être satisfait mais simplement d’être entendu et reconnu. «  Dans votre pratique professionnelle, vu l’évolution de vos conditions de travail, vous y serez confrontés, c’est certain. Il est fondamental de comprendre que ce que vous vous prenez dans la figure de la part des patients, des collègues, de la hiérarchie n’a rien de personnel, ce ne sont que des foules de besoins non identifiés, non satisfaits. Alors, d’abord et en priorité, il s’agit d’être au clair avec vous- même, de reconnaître vos propres besoins, leur accorder leur place, vous écouter, vous accorder de l’empathie, prendre soin de vous non de la façon hyper narcissique et égoïste telle que nous le vend la société actuelle mais pleinement, profondément. Comment voulez- vous être relié aux autres si vous n’êtes pas relié à vous- même ? Comment avoir conscience des besoins d’autrui quand on n’a pas conscience des siens ? Comment accorder de la place à l’autre quand on n’occupe pas la sienne ? ». Telle fut ma réponse à un jeune homme qui me demanda ce que j’avais à dire à eux, futurs soignants. Déroutant peut- être bien d’entendre combien il est important de s’occuper de soi pour pouvoir s’occuper d’autrui.

    J’espère m’exprimer clairement afin de ne pas laisser croire que je suis à donner des leçons, des directives. Comme tout ce que j’écris ici, plus ou moins maladroitement, je ne parle que ce que je vis, expérimente et de mon ensorcèlement du monde. Je réfléchis, médite et aime à le partage en témoignage d’un parcours de vie personnel. D’ailleurs, je n’ai pas l’impression que les élèves infirmiers l’aient pris pour des leçons de morale, au contraire, c’est un moment très particulier de partage, sincère, puissant et riche. Authentique.

    A la fin des deux heures, la prof résuma en évoquant des séquences de cours : «  Nous sommes passés de la une – elle m’expliqua : celle de la prise en charge physique de la personne- à la six- celle concernant la psychologie. » reconnaissant que c’était la façon d’enseigner en séparant artificiellement. Je souris et remarquai :

    « Un bébé humain nourri, soigné, habillé et qui n’est pas regardé ou caressé se laisse mourir. Quand la mort est là, nous ne nous posons pas la question de savoir : vais-je d’abord mourir émotionnellement, psychiquement, mentalement ou physiquement ? » Quand nous mourons, nous mourons entièrement et notre univers disparait. C’est la globalité de l’être humain qui est à prendre en compte. »

    Il y eut quelques échanges plus proches avec quelques-uns à la fin de la séance et je fus heureuse de voir que les deux garçons du groupe étaient particulièrement intéressés, ouverts.  A nouveau, j’insistai sur mon envie d’avoir un retour des élèves, de ce qu’ils en avaient retenus, de ce qu’ils en faisaient. L’aurai- je cette fois-ci ? En tout cas, je les remercie tous grandement de  ce partage chaleureux et foncièrement humain. Magnifique bain d'énergie. 

     

    * En me relisant, je constate que je me suis trompée en écrivant l'article, je voulais dire "Soyez à ce que vous faîtes"... Intéressant, n'est- ce pas?


    1 commentaire
  • Lors d’une des dernières séances avec Raphi,  une collègue vint le saluer. Par des circonstances oubliées, nous en arrivâmes à parler des activités de son mari, il apprenait la géobiologie. Ayant déjà entendu parler des caractéristiques telluriques, je saisis l’occasion et demandai s’il lui était possible de passer à la maison afin d’en faire un diagnostic. Par intermédiaires variés, il reçut ma demande et l’accepta. J’étais ravie et curieuse.

    SeN n’apprécia pas et ronchonna, méfiant. Je lui avais pourtant depuis longtemps parlé du malaise entre ces murs, de mon ressenti vis-à- vis des anciens propriétaires, des questions soulevées par les lieux et nos états piteux, il s’en souciait peu ; pour lui, c’était des foutaises. Je ne décommandai pas le rendez- vous, têtue.

    Ce monsieur arriva timidement. Il avait son attirail, s’excusa d’avoir mis du temps à trouver et de n’être qu’un débutant, je balayai le tout enthousiaste. Il commença par les chambres.

    Chez fiston : deux failles dont une faisait un embranchement. Merde alors, le lit était en plein dessus ! Du déménagement s’imposait. Etait- ce une des explications à son sommeil mauvais ?  L’air de rien, il y  avait peu de place non néfaste dans la pièce, ça commençait bien.

    Dans notre chambre : les deux failles y continuaient, il  y avait en plus une rivière en diagonale et un nœud machin dont j’ai oublié le nom. Ce n’était pas gagné non plus. Notre lit était en plein dessus et je restai incrédule quand je constatai qu’à la sécante faille- rivière se trouvait le bas de mon dos ! (un lien avec le début de la maladie en L5-S1 ?) Flûte crotte. Je voyais le visage de SeN se fermer encore plus, agacé, contrarié.

    Forcément, en bas, nous retrouvions les mêmes éléments et il s’avéra ainsi que la maison était difficile à aménager. En plus, elle était d’un niveau énergétique très bas et tous les trois, nous étions complètement à plat. Fiston résistait par sa jeunesse, j’étais très bas et SeN juste en dessous de la limite. Il me fit un nettoyage direct que refusa SeN, fiston lui se débina profitant du manque de temps de notre visiteur. Il me demanda ensuite si la maison était ancienne :

    -       Une centaine d’années malgré les apparences puisque des travaux d’aménagements ont été effectués dans les années 70. Pourquoi ?  

    -       Oh, il y a eu beaucoup de disputes ici. Je vais vous nettoyer ça aussi.

    Nous échangeâmes quelques phrases plus discrètement loin d’un SeN contrôlant. Je m’interrogeai sur les conséquences de ce qu’il avait constaté et le lien possible avec mon état des derniers mois. «  Je ne dis pas que c’est ce qui vous a rendue malade. Je dis que c’est un facteur supplémentaire venu s’ajouter à ce que vous aviez par ailleurs ». Hum…

    Il resta deux heures et refusa de se faire rémunérer. Comme il m’avait donné un petit objet de ré-énergisation, j’insistai pour le lui payer ainsi que l’essence du déplacement, il céda. Je le remerciai vivement et chaleureusement puis il partit.

    Evidement, SeN critiqua et critiqua, refusant catégoriquement de prêter la moindre importance à ses dires. J’étais fatiguée de mon nettoyage mais trouvai la force de lui rétorquer que j’agirai en conséquence.

    De suite, j’ai déménagé le lit de mon fiston. L’emplacement semblait incongru, il n’en restait pas moins le seul possible. Quelques jours plus tard, comme SeN refusait de changer quoi que ce fût, j’installai un lit- futon pour moi dans notre chambre avec Anne, l’aide à domicile. Cette idée lui plut encore moins aussi, en rentrant, il finit par mettre le lit là où je l’avais décidé. Dorénavant, au rez- de- chaussée, j’évitais de m’asseoir là où passaient les failles.

    Le plus surprenant ne vint pas directement de cette visite, plutôt de certaines réactions. Anne ne s’étonna pas et me dit très pragmatique et rationnelle que les failles étaient tout à fait normales du fait qu’une carrière de pierre était dans le village ; les explosions et l’exploitation remuaient certainement les sous- sols. Bé voui.

    Mon voisin me raconta que lui connaissait très bien la rivière qui passait sous la maison ; autrefois, au coin arrière, il y avait un puits qu’il avait contribué à combler.

    Mon médecin expliqua que tout point positif a un point négatif ; la montagne réputée très positive du village avait certainement le sien situé alentour de la maison.

    Etonnamment, des voisins racontèrent les malheurs de la rue, des maux de tête incompréhensibles, des dépressions, des conflits, des drames, des maladies. Ma voisine parla également d’un imam qui lui avait donné un rituel en vue de purifier leur maison… Je reliai le tout spontanément et irrationnellement.

    La semaine suivant la visite, la femme de notre géobiologiste m’interpella dans les couloirs de l’hôpital. Elle m’expliqua que son mari avait senti la méfiance de SeN et n’avait osé me parler d’autres choses. Elle se défendit de partir dans des délires ésotériques et acceptait que je n’y prêtasse pas attention mais son mari tenait absolument à ce que je sache que la maison était pleine d’entités, moi- même en portant au moins deux. Ces âmes n’avaient pas trouvé l’énergie de monter au ciel et s’étaient greffées sur moi afin d’y pomper mon énergie. Il m’avait nettoyée, nettoyé la maison et la savait propre pour quelques temps. Mouai, là, c’est un autre domaine où je ne m’aventurerai pas, le doute cependant m’étreint aux sensations et discours d’anciens.

    Non que j’adhère totalement et aveuglément à ces hypothèses, je ne voyais là que la confirmation d’une perception malsaine de ces lieux. Il était évident que je n’y trainerais pas d’autant que s’y ajoutaient les aléas évoqués dans les possibilités de la maison (portes et fenêtres, caves et greniers, etc.). SeN quant à lui n’y attacha aucune importance soufflant à une seule occasion que depuis que nous avions déplacé le lit, il n’avait plus mal aux jambes. 

    Maintenant, il a remis le lit sur les failles, il ne tient pas à quitter ces murs reniant ce qu’il m’avait dit quand je m’étais installée avec lui (c’était sensé être provisoire en attendant mieux, cinq ans tout au plus). Qu’à cela ne lui tienne ! Je suis partie après cinq ans, contrainte par la maladie d’y rester trois ans supplémentaires. Dans le nouveau logement, une amie géobiologiste est venue: le lieu est positif, il n’y a aucune faille, une rivière passe dans un coin sans intérêt et j’avais un nettoyage à faire dans ma chambre, une personne malade y ayant longtemps vécu.  Au cours d’une conversation anodine, une voisine évoqua l’existence de la rivière et une ambulance constamment à la porte pour un homme très malade vivant dans cet appartement. Bingo !

    Alors oui, désormais, je ne place plus les lits sans savoir ce que réservent les sous sols. Oui, nous vivons dans  un HLM, petit trois pièces, en bazar, en travaux et nous y sommes tellement mieux que dans cette foutue maison aux multiples possibilités.


    4 commentaires
  • A notre dernière entrevue, Solange m’avait proposé d’intervenir auprès d’élèves infirmiers en première année, dans le cadre d’une unité de valeur de leur examen portant sur le handicap, la maladie chronique au quotidien. J’avais accepté, enthousiaste.

    Lors des échanges téléphoniques préliminaires avec l’école, j’eus quelques indications générales : le thème avait été étudié en cours, des recherches en amont demandées avant l’entretien, je n’avais qu’à me présenter rapidement, répondre aux questions, échanger avec les élèves. La promo de 160 élèves étant divisée en groupe de trente environ pour les cours  non magistraux, nous étions plusieurs intervenants.

    Les semaines passèrent, je ne m’en préoccupais outre mesure, m’interrogeant vaguement sur ce que j’allais dire.  La réflexion engendrée par l’écriture du blog se révélait particulièrement intéressante dans ce contexte, l’esprit clair, les problématiques définies, les illustrations et explications ordonnées.

     

    Jeudi dernier, je me jetai allègrement dans l’inconnu, ravie de l’aventure, confiante et nullement intimidée.

     Intervenants et enseignants se retrouvèrent à l‘accueil puis chacun partit vers son groupe. Je me retrouvai dans une grande salle, petit amphithéâtre dont les tables avaient été repoussées. Deux, trois chaises vides faisaient face à celles occupées par les étudiants, en demi- cercles. Grand bonjour en entrant avec le sourire, petite remarque sur la solennité de l’agencement, je cherchai mes marques et naturellement, je me coulai avec aisance dans le contexte. En préambule, j’expliquai que je ne pouvais rester longtemps assise ou debout, que j’avais besoin de bouger ; je posai mes affaires et englobai d’un regard mes interlocuteurs. Après mes prénom et âge, d’emblée, je pris le contre- pied de ce qui leur avait été annoncé : non, je n’ai pas une sclérose en plaques mais une maladie ou syndrome de Devic, maladie rare du système nerveux central touchant le nerf optique et la moelle épinière.  

    J’expliquai ses caractéristiques, ses particularités, le parcours pénible coutumier des personnes atteintes d’une rareté,  le cataclysme qu’elle avait provoqué dans ma petite existence, l’idée de tumeur initiale qui m’avait acculée à l’éventualité d’une mort rapide «  Non, non, ce n’est pas possible, je ne peux pas mourir maintenant, j’ai encore tellement de choses à régler ! », la prise de conscience de ma finitude,

    « - La finitude ?

    - Oui, parce qu’il y a mourir et il y la finitude. A notre mort, le cerveau meurt avec tout ce que nous sommes, ce que nous avons appris, expérimenté, ressenti. Chaque être qui meurt, c’est un monde, un univers entier qui meurt. Nous survivons dans le souvenir de nos proches, dans ce que nous avons transmis et peu à peu, lentement, s’installe l’oubli définitif. »

    le corps qui s’échappe à grande vitesse, la perte de mes jambes, de ma vue jusqu’à cet état terrible de janvier 2007, le rétrécissement de mon environnement jusqu’à l’extrême où ne compte plus que la présence de quelqu’un serrant la main,

     la mitoxantrone, bénéfique qui permet le ré élargissement de mon monde, la rage de vivre, de ne plus rien gâcher, de jouir pleinement de ce que la vie offre, ici et maintenant,

    l’impact sur l’entourage, les bouleversements internes engendrés par le choc, la psychanalyse,

    « Dans ce cataclysme, j’ai rencontré quelqu’un et ce quelqu’un, c’était moi »

    la douleur, la souffrance, l’incompréhensions de certains médecins, la violence institutionnelle subie,

    « Les meilleurs traitements du monde et les progrès de la médecine indéniables ne valent qu’avec la prise en compte de la globalité de l’être, de sa profonde humanité. »

    la beauté des rencontres avec d’autres, mon ami Boris, la force du lien, l’humanité si puissante,

    « Nous ne sommes rien sans le lien à autrui. Nous tous ici avons été confrontés à des épreuves, si nous sommes encore vivants, c’est que nous avons trouvé quelque part, en quelqu’un la force de continuer à vivre. »

    les notions de besoins, d’empathie,

    « Soyons empathique avec autrui en comprenant que l’agressivité, l’amertume, le désarroi sont les reflets de besoins insatisfaits qui n’ont pas à voir avec nous ; soyons surtout empathique avec nous- même. »

    le handicap, les adaptations, le quotidien en aveugle physique et aux capacités réduites quand à l’interne, l’acuité est vive et la marche entamée,

    « Comment recevoir si nous ne demandons pas ? Chaque fois que j’ai sollicité de l’aide, dans la rue, au supermarché, ailleurs, personne n’a refusé et ils me donnaient avec joie. »

    En vrac, ordonné ou plus fouillis, je racontais ma perception de cette épreuve, de ce qu’elle avait engendré en moi, des conséquences collatérales à la maladie, aux handicaps,  l’importance du ici et maintenant, la méditation, le Qi Gong.  

    Pèle- mêle de ce que j’ai exprimé dans le flot de mes pensées. Pointillé au hasard de ma mémoire.

    En condensé, j’ai relaté ce qui jalonne ce blog, au gré des circonstances et de la ligne générale de mon récit.

      J’observais les visages, les postures, répondis à quelques questions. Devant leur silence, je les interrogeai à mon tour sur leurs impressions, invitai à l’ouverture la plus grande démontrant mon absence de tabou. L’enseignante elle- même restait silencieuse. Je revins à leurs préparations, elles se révélèrent totalement obsolètes : «  Nous pensions à un récit du type j’ai droit à … et j’ai…, à des questions très terre à terre et finalement, vous nous avez emmenés complètement ailleurs, dans l’ordre de l’humain, du philosophique ». J’insistai à nouveau, taquine, une étudiante demanda à me prendre dans ses bras ; évidemment, chaleureusement je l’accueillis. Je vis des larmes couler d’émotion, c’était fort. « Je ne suis pas venue pour vous faire pleurer, je suis là pour vous rappeler de ne jamais douter de l’humain qui est en vous. Si j’ai pu  apporter quelque chose à quelques uns parmi vous, j’en suis comblée. Je suis là pour offrir ; accepter ou refuser ne relèvent pas de moi, c’est à vous de choisir, à votre convenance.»

    L’enseignante dit que j’emplissais l’espace de ma présence, par mes gestes ouverts et amples, que je vibrais d’émotions intenses qui touchaient au cœur, qu’avec mon témoignage, je donnai une réalité palpable aux théories enseignées en cours. Etonnant pour une personne à la faille narcissique si profonde, remarquai- je en boutade.

    Suivit un partage de délicieux gâteaux au chocolat, de boissons que je dégustai avec joie. Peu vinrent vers moi, nous échangeâmes  toutefois rapidement deux ou trois points plus pratiques dans le registre d’une vie avec le handicap, du fossé existant entre les discours et la réalité parce que je n’étais pas là pour occulter ces travers de la société. Le groupe reprenait ses affinités et non affinités habituelles pour des conversations plus feutrées, il semblait cependant que chacun avait à digérer ces heures partagées. Des idées fusèrent pour relater l’expérience aux autres groupes (suite du travail demandé aux étudiants) ne pouvais- je carrément revenir ? , que chacun s’exprime et non pas seulement quelques uns… Je répétai simplement l’accueil que je gardais à quiconque désirant me contacter. En fin de goûter, un étudiant proposa de monter un projet vidéo autour de mon témoignage après les partiels, cet été ; une dizaine de camarades s’y rallièrent. L’entrevue était prévue sur deux heures, je suis partie au bout de trois ; certains m’accompagnèrent jusqu’à ma voiture, nous nous échangions des remerciements mutuels chaleureux sous un ciel lumineux. Je réalisai à peine ce qu’il se passait, toute à ma joie d’avoir été pleinement à ma tâche.

     

    Aujourd’hui, à l’écriture de cet article, je ne suis pas certaine d’avoir réellement pu exprimer ce qu’il s’est passé. J’ai offert sincèrement, authentiquement mon expérience en partage répétant à l’envi le libre choix de chacun à l’accepter ou non. Pourquoi d’ailleurs y suis- je allée ? Répéter combien la vie est précieuse, fugace et fragile, revenir à l’essence de notre humanité, (ap)porter l’espoir, dépasser les clivages, prôner la tolérance, l’humanisme… Incarner le changement que je souhaiterais voir dans le monde (citation de Gandhi). Que sais- je ?

    Maintenant, ma curiosité est titillée à l’idée de découvrir ce que les élèves en feront.

    Affaire à suivre.


    1 commentaire
  • Depuis quelques mois, je ne cherche qu’à profiter de chaque jour offert dans ses mouvements aléatoires. Etonnamment, de nombreuses péripéties surviennent tranquillement, d’elles- mêmes alors que je n’ai absolument rien fait pour les provoquer.

    Dans le registre peu commun, j’ai rencontré Pierre Rabhi en vrai de vrai, Matthias Malzieu s’est présenté à nos côtés aux Eurockéennes par exemple et je n’aspirais à aucune autre surprise de ce type puisque je suis ravie de ce que la vie offre quotidiennement… Pourtant, il m’est arrivé un truc extraordinaire que j’ai encore à ce jour du mal à réaliser, résultat d’un concours de petits riens posés ça et là, plus ou moins par hasard. Je vous raconte d’abord les circonstances.

    Je recevais régulièrement des demandes d’amis réels plus ou moins proches géographiquement via Facebook. Je les ai ignorées jugeant ce support sans intérêt jusqu’à ce que des personnes effectivement éloignées me  le demandent ; je me suis alors inscrite avec pour seul but de les regarder de loin et éventuellement donner un petit signe de temps en temps afin de montrer que je pense à eux. Mon inscription fut d’autant plus discrète que j’y ai pris un pseudo, ni ai mis aucune information personnelle. Au départ, je m’y ennuyai, secouée sporadiquement par un jeu d’aquarium virtuel qui tarauda mon garçon quelques semaines. Ensuite, je parcourus les échos de quelques amis du monde, partageai des infos militantes ou culturelles avec joie au fur et à mesure que je trouvais des organismes, des actions concrètes : Greenpeace et Stop nucléaire, Colibri et Pierre Rabhi, Amnesty international et ses actions, des concerts, des expositions, des manifestations. Je ne collectionne pas les amis, je tiens à préserver mon intimité ; quand des inconnus se présentent par des liens externes, je discute en préambule sur leurs motivations à demander ma présence dans leur liste puis j’accepte ... ou non. Facebook n’est rien d’autre que ce que nous en faisons. Un outil.

    Peu de temps après l’ouverture de ma session, je vis sur le site de la Planète Bleue un lien vers Facebook,  j’en profitai pour m’y promener grâce à mon inscription récente et laissai un message à l’intention d’Yves Blanc, inopinément, inconséquemment.

    Yves Blanc est journaliste,  producteur et réalisateur ; il  arpente depuis 15 ans les meilleurs programmes radio / télé : Megamix sur Arte, Culture Club sur France Inter, Fondu Au Noir sur Radio France, Les Aiguilles Dans Le Rouge sur Radio Nova et Couleur3, Les Coins du Globe sur RSR La Première, La Planète Bleue sur Couleur3, Radio Nova, Radio Canada et Radio Monaco. Il collabore également à plusieurs journaux, notamment Sciences et Avenir, et dirige la collection de disques La Planète Bleue. Il est également l’auteur d’un roman futuriste, Les guetteurs du passé (Favre, 2010).

    J’écoute La Planète bleue depuis une bonne dizaine d’années, j’ai  les six volumes de ses compilations de musiques rares (le premier est un collector désormais). J’aime sa voix chaude et envoutante, ces musiques improbables qu’il dégotte au quatre coins du monde, les sujets qu’il aborde et dont nul autre ne parle. Pointu, exigeant, son émission est devenue un rituel hebdomadaire (vous pouvez réécouter les dernières ici, en podcast), ces disques des trésors de découverte permanente Je suis une inconditionnelle et j’étais comblée de simplement déposer une bafouille sur son mur, de loin en loin.

    Peu après, je reçus un message via Facebook avec une demande d’ajout à la liste d’amis. Légèrement méfiante, je jouai des mots pour vérifier si c’était bien lui (la toile est un lieu où manipulations et mensonges sont aisés à mettre en œuvre impunément). Echanges d’adresse électroniques, basique puis, rassurée, je me lançai. Passage régulier sur son Facebook où il n’aime pas collectionner les amis superficiellement, j’y laissai quelques réflexions dans la limite des caractères possibles suite à ses émissions ; parfois, je lui envoyais un message plus long par courriel évoquant des lectures et des parallèles avec les sujets abordés. Et finalement, un jour, par concours de circonstances, nous nous connectâmes en même temps sur Facebook ; par le biais de la messagerie instantanée, nous échangeâmes quelques mots... et nous nous retrouvâmes au téléphone !!!

    Waouh ! J’étais toute retournée quand j’entendis sa voix en direct, là, à MON  téléphone !  C’était étrange, quasi irrationnel pour moi. Je bafouillais quelque peu, terriblement intimidée, il posa quelques questions et écouta de toute son attention. Je fus enthousiaste, certes mais en le quittant, je me dis que j’avais de quoi passer pour une gourde. D’ailleurs, après ces émotions, j’eus besoin de plusieurs heures pour atterrir. C’est malin.

    Au deuxième échange téléphonique, je lui parlai de Pierre Rabhi qu’il ne connaissait pas et je m’étalai en lui expliquant la vision de ce grand monsieur si discret. Scroumpfff, j’étais intimidée et je m’empêtrais piteusement. Fiasco à mes yeux total. Retour en force de la gourde, pensai-je.

    J’écrivis quelques mots par ci par là, sans réponses ; après mes exploits au téléphone, pas étonnant. Je baignais à fond dans ma faille narcissique, c’est évident ; au bout du compte, je lui envoyai un courriel où j’évoquai ma timidité maladroite qui desservait Pierre Rabhi avec quelques liens vers ses sites. Basta.

     

    Je cheminai alors sur cette expérience incroyable et me rebiffai : Non, je ne suis pas une gourdasse sans cervelle, au contraire ! Ne m’a-t-on pas dit que j’étais TROP intelligente ? (hihihi c’est la meilleure celle-là ... comme le jour où nous nous sommes fait traiter d’intellos fiston et moi pfff). Yves Blanc côtoie tant de monde, il a besoin de prendre son temps pour approcher les êtres, il vit ces rencontres avec ses propres fonctionnements. Il est parfaitement capable de mesurer l’intelligence d’un interlocuteur. Si je suis toujours dans sa liste d’amis restreinte, c’est qu’il trouve par chez moi un truc intéressant. Blablablablabla. Bref, je divaguais et tentais de m’occuper de moi, intérieurement, très  heureuse toutefois d’avoir pu partager avec lui quelques instants dans le flot de nos quotidiens.

    La semaine dernière, surprise, un message de lui. Avec un clin d’œil, il me dit que Pierre Rabhi est dans le film de Coline Serreau. Tout à coup, le soleil éclaire mon interne et je me sens très très fière !  La connexion était faite, des uns aux autres, ça me suffisait amplement.

    Désormais, je continue mes mots de ci de là, je réagis, j’interpelle, je questionne, j’offre mes représentations ; il en fera ce qu’il voudra, chez lui. Je suis néanmoins tellement fière de moi d’avoir ce lien, de contribuer à la réflexion aussi infimes et futiles soient mes interventions. Nous parlerons peut être ensemble en d’autres occasions, au téléphone, en vrai, qui sait ?  Je n’attends rien, je profite pleinement de ce cadeau ici et maintenant.

    Merci monsieur Yves Blanc ! Vous contribuez aussi à combler ma foutue faille narcissique !

    Naturellement, spontanément, en lâchant, en cheminant, en nettoyant, j’évolue et indubitablement, l’externe suit.

    Quelle merveilleuse aventure que de vivre, d’exister et d’être !  

     


    6 commentaires
  • Après la conversation sur les rêves, nous fîmes des exercices en mouvement afin de prendre conscience de notre place dans l’univers et oui, rien que ça.

    Marcher à quatre pattes comme des primates que nous sommes en chahutant, se poussant, se frottant, s’arrêter, faire la course, rire, crier et interdiction de parler pour lâcher le mental ! Ressentir la limite du corps dans l’espace ainsi que celle de l’autre. Ensuite, nous nous sommes mises debout pour déambuler dans la pièce au hasard. L’animatrice bougeait vivement lors de ces exercices quand nous étions timides et incertaines. Après, elle nous mit quelques objets sur la tête : boules remplies de graines, bâtons, « pour marcher droit, le regard portant au loin  et ainsi prendre conscience que notre corps occupe l’espace depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, appréhender le monde de toute sa hauteur, quelle qu’elle soit, unique ». Elle évoqua le manque de maintien dans notre culture par opposition aux femmes habituées à porter des objets sur la tête. Ici, nous vivons courbés, le regard au sol, fermés au monde, aux autres. S’astreindre à reprendre notre hauteur pour réaliser ce que nous mesurons, retrouver naturellement cette verticalité qui est la nôtre. Première étape.

    Vinrent ensuite les ressentis de la marche. Réaliser que ce ne sont pas nos jambes qui nous font avancer mais notre BASSIN (d’ailleurs, au retour, quel ne fut pas mon étonnement quand mon fiston me taquina sur ma découverte parce que lui le savait).  Avec cette perception de mouvement interne, j’avais l’impression de revenir à une danse chaloupée et douce, naturelle et confortable. Mes fesses et mes hanches suivaient, la taille, le balancement des bras… Prise de conscience d’autant plus forte qu’après huit mois en fauteuil, il m’avait fallu tout réapprendre sans cependant réaliser dans mon combat que le bassin jouait ce rôle essentiel. Avec les premières lésions sur la moelle au niveau du sacrum, c’était véritablement le plus profond de mon être qui avait été frappé ; aux racines de ma colonne vertébrale, la maladie fauchait mes bases. Et là, dans ce petit stage de deux jours je revenais au sens de l’équilibre, au centre, au creux de ce bassin. Je n’ai décidément pas d’alternative à ce recentrage perpétuel.

     Nous assistâmes à un office dans l’église de l’abbaye. Je n’y étais guère obligée, nous avions le choix ; je n’en avais jamais vu, j’étais curieuse, c’était l’occasion. J’écoutai les chants, les lectures, j’observai les moines derrière leur barrière. Dans ma tête, je les reliais aux images du Nom de la Rose, à mes études d’histoire. Que de questions traversèrent mon esprit sur cet engagement total ! Partant dans des pensées, je revins aux mouvements de mon bassin dans les levers et assises,  état particulier que celui d’être là en cet instant précis, présente à mon corps et à ces chants. Les souvenirs me renvoient à une espèce de symbiose quasi mystique.  Pour une agnostique, c’est pas banal !

    Repas de midi. En dessert, j’y gloutonnai des pommes fraîches et des noix sous les rires des autres hôtes ; ma réputation était faite.  

    Après, nous sommes sorties. Deuxième étape. Au soleil, pieds nus dans l’herbe coupée, au vent, sous les nuages, debout, assises, couchées. Fermer les yeux, sentir la terre, le vent par la peau, écouter les bruits alentour, réaliser le poids du corps couché sur le sol de tout son long, les bras et les jambes écartés,  étrange sensation que d’être écrasée ainsi sous le ciel ! Vibrer, trembler, frissonner, sentir l’air frais entrant dans les narines, sa chaleur quand il en sort ; retrouver les battements de son cœur, le flux du sang dans les veines. Nouvelle expérience quasi mystique de fusion avec l’univers en ce qui me concerne ! J’eus besoin de plusieurs minutes pour quitter cet état particulier. Puis nous exécutâmes des exercices de contorsions des bras, des jambes,  de la nuque «pour libérer les tensions ». C’était très agréable, mon corps souple et auparavant sportif l’apprécie toujours. Les kinés avaient mobilisés mes membres déconnectés, nous avions cheminé ensemble vers la récupération des fonctions motrices ; en cet instant, je mesurais mon parcours incroyable. Si le corps garde des séquelles dans certains fonctionnements, j’étais déjà à une toute autre échelle : je travaillais pour libérer les tensions, celles qui existaient AVANT la maladie. Punaise, quelle veine !

    Peu à peu, notre temps commun s’écoula, l’heure de rendre les clefs des chambres approchait. Nous nous retrouvâmes à l’intérieur pour établir un bilan en clôture de ces heures passées ensemble. L’animatrice expliqua que chacun de ses stages étaient différents selon le nombre et la personnalité des participants. Cette fois- ci, le maître mot qui lui vint à l’esprit fut PARTAGE. Car, oui, nous avions partagé nos parcours de vie et c’était très émouvant d’être en communion toutes quand nous ne nous connaissions pas le samedi matin. Je fus très étonnée par la première intervention: «  Avant toute chose, je tenais à te remercier pour cette énergie que tu dégages, cette joie de vivre éclatante et débordante! ». Sous les sourires et les regards, je me sentis toute petite... et tellement heureuse d’avoir pu apporter de cette lumière à mes compagnes. Je rebondis pour les remercier à mon tour de ce beau weekend tout à fait à l’image de ce que j’en avais pressenti. La donation, le don, le partage ne pouvaient être plus beau programme. Il était étrange de se quitter, de revenir à la vie de l’extérieur le corps et la tête pleins de tant d’expériences. Toutes nous émîmes le désir de renouveler l’expérience et je songeais à Nadine ou Yolande qui apprécieraient certainement ce genre d’activités. Je vidai mon porte monnaie pour l’animatrice : « Ici et maintenant, je peux vous donner ça ». 35 euros qu’elle accepta avec humilité, précisant à nouveau que j’avais à donner sans me porter préjudice. Question d’équilibre. (Il y en a d’autres qui mériteraient une telle leçon.. sarcastique.gif ).

     Le retour en voiture fut particulier, éthéré. Chez ma mère où je récupérai mon fiston, je me sentis en total décalage, j’étais abasourdie peut- être.

    Je ne revins pas indemne de ce stage.

    Les sujets abordés dans nos conversations cheminèrent. La vie, la mort, la présence, le mental, les émotions, les besoins fondamentaux, la relation à l’autre, au monde, les capacités incroyables du corps à se régénérer. Par ce stage, je  mesurai à quel point j’avais médité pendant les heures noires de la maladie, la force insoupçonnée que j’avais déployée en me recentrant malgré la dégringolade, l’éviction du mental devenue réflexe de survie, les visualisations de mes membres quand ils étaient devenus fantômes à mon esprit, les visualisations des parcours de mes influx nerveux engendrant des réactions... Décidément, je n’en reviens toujours pas de ce que cette foutue maladie a provoqué de puissance vivifiante en moi !

    Par ailleurs, ma nuque était nouée depuis des lustres au point qu’habituée aux raideurs, je n’en avais pas conscience. Quelques remarques de thérapeute y avaient porté mon attention. J’avais pris le temps de  réaliser la tension elle- même puis, j’avais eu besoin de nombreuses années pour envisager de la dénouer. Je cherchais, je cherchais. Avec quelques exercices de Qi Gong spécifiques et ces étirements, ce ne pouvait qu’être  qu’une question de temps  pensai-je. Régulièrement donc, je pratiquais sans m’attacher à ce que le miracle se produise. Un soir, en cours de Qi Gong, tout à coup, subitement, l’éclair se fit dans la pénombre de la salle : ma nuque était dénouée ! Après toutes ces années. ENFIN ! Pourtant, croyez- le ou non, je n’y attachais pas d’importance, c’était dans l’ordre des événements. A sa place. Parfaitement.  Dorénavant, je sens quand elle se tend, je l’entoure de ma pensée en baume et je lâche, je lâche. Naturellement.

    La présence est devenue une discipline en ce qui me concerne, constamment.

     Etre présente à ce que je fais, ici et maintenant. En toute circonstance.

    C’est loin d’être facile, perpétuel recommencement que de repositionner le mental à sa place. Je ne vois néanmoins pas d’autre voie. C’est par ce biais également que j’accompagne mon fiston dans son adolescence et ses tourments. Avec la cnv, le pôvre, il est verni. Sa mère est folle… et pleine de vie !


    brass-e-de-fleurs.gif


    5 commentaires

  • Le sommeil ne me vint pas aisément, j’étais quelque peu préoccupée par des pensées multiples, variées, floues et indéfinissables. Je me rendis compte avoir dormi  une à deux heures plus tard en me réveillant brutalement, secouée par une envie URGENTE d’aller faire pipi.  Que faire ? Non seulement j’étais fâchée d’être malmenée par ce système urinaire capricieux, mais en plus, je décomposai en une seconde l’immense tâche représentée par le simple fait d’aller aux toilettes :

    Sauter du lit, enfiler les chaussures, traverser la chambre, ouvrir la porte, courir jusqu’au bout du couloir où se trouvaient les commodités, ouvrir la porte du local, trouver la lumière,  marcher le long d’un petit corridor, ouvrir la porte d’un des cabinets, vérifier l’état de la cuvette et la présence du papier, soulever la chemise de nuit, descendre la culotte, relâcher enfin les muscles tenus en étau désespérément jusqu’à cet instant final, se rhabiller, se laver les mains, traverser en sens inverse le petit corridor, le long couloir, rentrer dans la chambre et se recoucher ... le tout accompagné des portes et parquets grinçants, ET l’obligation de silence. La pire éventualité restait l’inondation incontrôlée en milieu de parcours, catastrophe absolue puisque j’ignorai totalement où se trouvait le matériel de nettoyage. Parcourir tout l’étage trempée jusqu’aux pieds pour d’abord me laver et me sécher puis partir en quête d’une serpillère et d’un seau, non, non ! Une galère embarrassante dont je ne voulais pas.

    N’y tenant plus, je pris la décision d’aller au principal directement et tant pis pour les principes ! Je me levai, attrapai rapidement la chaise du bureau, la plaçai à la gauche du lavabo, grimpai dessus pour m’accroupir au- dessus de la cuvette en acrobatie. Pzzzzi, ni fuite ni souci ni bruit. Petit rinçage général et retour au dodo soulagée.

    Deux heures plus tard. NON !!! Même besoin urgent. Avais- je donc trop bu en fin de journée ? En colère, je retournai au lavabo- pot- de- chambre en acrobate,  trop heureuse de ne pas avoir à réitérer les péripéties à travers les couloirs piégés. Ouf. Retour au dodo, agacée contre ma vessie jouant sa mauvaise tête. Pouvais-je dormir désormais d’une traite jusqu’au matin après ces vidanges répétées? Tu parles ! Deux heures après, nouveau besoin URGENT.

    1h30, 3h30, 5h30, 7h30 à pipis urgents. Pfffff

    Au dernier, je décidai de ne plus me recoucher. Dans la belle lumière matinale, je rangeai la chambre, mes affaires, m‘apprêtai ; les fenêtres grandes ouvertes sur la clarté extérieure, je pratiquai tous les exercices de Qi Gong me passant par la tête ; c’était bon, c’était beau.

    L’heure de service du petit déjeuner arrivant, je descendis. Salutations aux autres convives et présence à ce que je mangeais dont les sempiternelles noix favorites.

    Etrangement, je n’étais pas fatiguée.

    Quand nous reprîmes le cours de nos activités dans le cadre spécifique du stage, l’animatrice nous demanda comment s’étaient déroulées nos nuits. Avions- nous eu des rêves particuliers ? Pour l’une, ce fut un rêve d’accouchement, celui d’une petite fille ; pour l’autre, elle se retrouvait en classe comme autrefois à écrire sur le tableau devant une assemblée. Quant à moi, j’évoquai les pensées floues et l’agitation de la vessie vaguement, l’absence de rêve. «  Et bien, voyez- vous, ce que nous faisons ensemble mobilise les tréfonds de l’être, ce qu’il y a de plus profond ; logiquement, la nuit révèle ce mouvement interne entamé ». Nous discutâmes du sens de ces rêves en partage entre rire et larmes, profonde réflexion aux résonnances lointaines.

    Quelle nuit mes amis!


    5 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique