• Arnaque.

    L’automne dernier, en plein déménagement, au milieu du bazar généralisé en permanence,  survinrent deux aventures programmées des mois auparavant dans l’ignorance du chambardement de rentrée : un stage dit de psycho généalogie et un autre dans une abbaye. Ces deux expériences faussement proches se révélèrent aux antipodes l’une de l’autre, peut- être à l’image des changements opérés en moi ces dernières années, reflet de la transition d’un état d’esprit à l’autre.

     

    Le premier s’était construit lentement, en pointillé, dans le doute. Des contacts avaient été pris plusieurs années auparavant sans aboutir et je ne savais vraiment pas ce que cette aventure pouvait apporter. Je m’étais laissée embarquée sans plus y penser avec toutefois l’espoir de trouver un écho fructueux à mes lectures d’Annette Ancelin Schützemberger, Aïe mes aïeux ! ou Serge Hefez, Quand la famille s’emmêle. Finalement, les circonstances le firent arriver l’un des rares jours où je pouvais avoir de la main d’œuvre pour déménager du mobilier. Tiraillée, je m’y rendis sans grande conviction, hésitante, mal à l’aise.

    Forcément, j’arrivai en retard, forcément ma vessie fut fort capricieuse et je restai très dubitative devant ce petit groupe et l’animatrice. D’abord, il y eut un tirage de cartes avec des anges (le mien était rouge, puissant, héhé) et un tour de table par ce biais… Mouai. Suivit un topo des plus classiques sur la psychologie et les répétitions familiales, les résonnances entre les vécus et les choix des prénoms... Rien de vraiment neuf me concernant, instructif pour d’autres de l’assemblée apparemment peu au fait de ces études. Je pris mon mal en patience notant quelques bricoles par ci par là.

    L’une des participantes, assise à ma gauche, réalisant que le stage prenait un tour qui ne lui convenait pas finit par s’exprimer maladroitement. Elle se retrouva subitement sous le feu des autres et les interrogatoires de l’animatrice dans un brouhaha désagréable et improductif. J’en eus froid dans le dos ; mes apprentissages en communication non violente éclairaient crument ces échanges malsains. Finalement, elle partit et je fus désolée de cet épisode misérable, abasourdie. Les autres n’étaient pas des mauvaises personnes, elles avaient simplement dansées avec elle dans la NON communication et la violence verbale, défendant leur présence, justifiant la réunion. En discutant avec elles plus tard, j’en appréciai plus d’une avec intérêt mais j’étais choquée de cette entrée en matière. La cerise sur le gâteau fut un lamentable repas des plus médiocres dans un petit resto du coin. Là, c’en était trop pour moi, je payais mon dû et filai pensant revenir le lendemain matin pour y trouver plus d’enseignement. Le malaise ne me quitta pas malgré la présence d’amis pour le déplacement de quelques meubles cette après- midi-là.

    Quand je me réveillai le lendemain, je ne me hâtai point pour respecter les horaires convenus et naturellement, le temps me rattrapa. Je n’y retournai pas avec un vague à l’âme désagréable tout au long de la journée. J’arrachai du papier peint, allai manger avec ma mère et ma sœur, me promenai dans la forêt, l’esprit constamment embrouillé et contrarié par cette histoire.  

     

     Quelques jours plus tard, je reçus un courriel signifiant mon engagement à venir à ce stage  et la réclamation du paiement de la somme convenue (100 euros, j’vousl’dis).

     Par quel sentiment passai- je ? C’est assez flou. Je tentai de comprendre mes contradictions sans trouver une réponse convenable. Je payai entre amertume, colère et frustration. Un sentiment d’avoir été grugée, trompée. Parce que oui, l’information sur le stage avait été des plus vagues et en place d’une étude raisonnée sur la généalogie et ses dates, je m’étais retrouvée avec des élucubrations spirituelles où se mêlaient astrologie, médiumnité, paroles avec les défunts et calculs venus d’où je ne sais.

     La leçon m’aura coûté cher et le fiel de ce bref épisode  reste un souvenir empoisonné. Je ne suis pas près de me pencher sur la numérologie en psychogénéalogie, c’est certain.

     

    Avec le recul, je garde quelques éclaircissements sur des choix de prénoms, principalement la certitude que les humains utilisent des voies innombrables pour garder le contrôle, pour se décharger de leurs responsabilités à chercher des explications hors de soi, en la portant sur d’autres, le tout pour soulager des angoisses mal définies. Errances et déviations dans la difficulté à regarder véritablement le fond de soi.

    Et surtout me revient en écho la phrase de la psychiatre s’exclamant devant certaines de mes expérimentations : «  Mais pourquoi vous lancez- vous là dedans alors que vous savez déjà ! ».  Foutue faille narcissique ! Dans le doute constant  de mes capacités, je me fourvoie dans des travers inutiles et stériles.

    Ce stage est le reflet de ces incertitudes, ce manque de confiance, cette dépréciation, la fuite. Désormais, il n’est plus question de laisser la responsabilité à autre chose/ personne que moi dans ce qu’il advient au fil du temps. Aucune carte, numéro, ligne ou astre ne décide à ma place. Dans ce que la vie envoie, je fais le choix d’agir, réagir ... ou non selon mes propres fonctionnements. Les fidélités familiales relèvent de ce que j’ai choisi, consciemment ou le plus souvent inconsciemment ce qui n’en reste pas moins MON choix.

    Heureusement, le weekend à l’abbaye est une toute autre image révélatrice des changements profonds de perception, d’angle de vue. Paradoxal parcours pour une mécréante agnostique.

    « Jean Ferrat, 1930-2010Préambule au récit d’un dimanche particulier. »

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 18 Mars 2010 à 13:51
    Annie
    La psycho généalogie explique les répétitions sur des générations de maladies, accidents, faits marquants.
    Freud et Jung s'y sont intéressés, et la théorie de l'inconscient collectif de Jung en fait partie.
    Que tu sois tombée sur quelque chose de pas sérieux n'indique pas qu'il n'y a rien à découvrir de ce côté pour toi.
    Personnellement, l'arbre généalogique de ma famillle, établi avec photos, par une personne proche, m'a fait découvrir des liens pour moi avec des évènements familiaux, que je prends en compte.
    Naturellement ça ne dispense pas de faire soi-même les choix de sa vie, c'est juste une aide parmi d'autres.
    2
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Jeudi 15 Août 2013 à 17:56
    Chère Annie,
    Je me suis penchée par la force des événements sur les répétitions familiales; la psychanalyse m'a permis de prendre conscience de certains tabous profondément ancrés dans ma famille. Ouf.
    Réponse de fée des agrumes le 20/03/2010 à 22h03
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