• Et bouquel final, la venue de Coq et Mariev.

    Quand Mariev me demanda si elles pouvaient venir quelques jours, je fus enchantée à l'idée de les gâter. Goûter en vrai mes préparations culinaires semblait un beau programme et Mariev réclama une tamagouille. Par un concours de circonstances heureux, suite à une envie de coq au vin depuis quelques semaines, je venais de recevoir mes volailles fermières locales. Un coq  de 2 kilos était une belle pièce adaptée à leur visite.

     N'ayant jamais cuisiné ce plat, je demandai à ma mère de venir me montrer comment s'y prendre ce qu'elle accepta immédiatement. Elle est un grand gourmet, gourmande, et où qu'elle aille, elle se soucie systématiquement de ce qui est à manger. Si en prime, c'est pour accueillir des invités, elle est enthousiaste de partager ses talents. Elle vint donc quelques heures avant elles avec un pot de crème (elle sait que je n'en ai pas en général) et elle me donna les consignes. Evidemment, elle maugréa contre mes limitations en matière grasse privilégiant l'huile au beurre et autre arrangement à ma manière. Elle avait apporté aussi des nouilles spéciales alors que je me préoccupais des haricots beurre à cuire à la vapeur au dessus de la viande. Bref, deux ensorcellements en croisement et adaptation plus ou moins facile. Ma foi, nous sommes complémentaires d'autant que le résultat fut une belle réussite. La sauce était onctueuse et bien que me doutant de la dose énorme de crème versée, je me régalai de ce plat.


    Quand Mariev et Coq arrivèrent, elles n'avaient qu'à mettre les pieds sous la table et je leur interdis de se préoccuper de quoi que ce fut ; j'aime recevoir et bichonner mes visiteurs. Regardez par exemple la table du petit déjeuner chez moi, n'est- ce pas royal ?


     


    En dessert, j'avais fait des coupes de melon, pastèque et kiwi avec un fond de fromage blanc aux fruits rouges du jardin, du miel de tilleul, une goutte de rhum. des céréales croustillantes et des amandes effilées. Très rafraichissant après des heures passées dans la chaleur de la voiture... Et il y avait cette expérience en biscuit bizarre dont Mariev trouva l'ingrédient principal.

    J'avais envie de faire un biscuit léger et d'utiliser ce cadre inox acheté le mois dernier; une idée subite de montage me prit. Je préparai une pâte à génoise à ma façon remplaçant sucre blanc par sucre complet, farine par farine d'épeautre, fécule et poudre d'amandes. Je la cuis  10 minutes au four à plat comme pour un biscuit roulé et je me cassai la tête pour la garniture. Je demandai alentour ce qui faisait envie et mise à par la pâte aux noisettes, rien ne vint aux esprits. Je farfouillai à gauche, à droite, versai du caramel liquide sur le biscuit du dessous  et retrouva une purée de mangue dans le congélateur. Zou, dans une casserole avec du sucre complet. J'ajoutai du jus de clémentine et de l'agar- agar pour rigidifier le tout. Pourtant, comme je craignais que les goûts ne soient trop spéciaux, j'ai ajouté une mixture de lait de chèvre, lait de soja et fécule, la pâte a épaissi en chauffant. J'ai préparé mon montage avec le carré inox et attendu que cela refroidisse.

    Quand je le servis, il n'était pas assez froid à mon goût et je les laissai deviner ce qu'il y avait dedans. C'était indéfinissable, hihi. Ma mère jugea qu'il n'avait pas de goût forcément. Mariev trouva la mangue et personne n'en dit plus. Consciente que mes expériences sont très particulières, je ne savais pas trop si elles aimaient ; j'étais pourtant satisfaite du résultat. Il ne restait qu'à le mettre au frigo pour le lendemain.

    Comme je l'avais supposé, il fut effectivement meilleur, plus froid et en le gloutonnant dans mes recherches gustatives intérieures, je fis un lien fulgurant avec la noix de coco. Ni une, ni deux, j'en saupoudrai le dessus et m'extasiai sur le résultat dans mon délire intérieur personnel. Découpé en petite bouchée, je le trouvai beau. «  Oui, je sais, je suis une pauvre fille à m'extasier sur quelques bouts de gâteaux ! » m'exclamai- je en riant. Les filles me contredirent, elles trouvaient cette attitude très positive. Il est vrai que je ne suis pas blasée des joies simples de l'existence.

     

     


    Nous avons mangé le coq pendant trois jours et avec ce genre de plat, plus c'est réchauffé, meilleur c'est ; personne n'avait faim  ou envie de chercher quelque chose à grignoter pendant la journée... sauf le vorace garçon de 12 ans avec ses sandwiches à la Scoubidou d'avant dodo (pain grillé, saucisse à tartiner, olives noires, fromage, cornichon, ketchup, mayonnaise).


    Il nous a fait des frites avec la super friteuse,

    je leur ai préparé une soupe au yaourt à la turque ainsi que des cigarettes oseille et feta ; elles étaient enchantées. Notre dernier repas ensemble était constitué des restes des plats précédents et nous nous sommes léché les doigts toutes les trois.

    J'étais heureuse de vider mes casseroles et de remplir leurs estomacs.


    Bien sûr, nous n'avons pas que manger, nous nous sommes promenés, nous avons discuté et partagé tant et tant d'autres nourritures immatérielles.

     Fiston était tout fou de les recevoir, il les attendit toute la journée comptant les heures, campa devant la maison au moins une heure pour les accueillir et elles le chassèrent tard le soir pour pouvoir dormir. Il avait tellement envie de les revoir, de partager.

     Son attitude m'étonna à nouveau.  Lui d'habitude si sauvage, si farouche et écorché vif m'avait surprise par la facilité avec laquelle il les avait rencontrées lors de notre weekend du 1er mai chez Mariev ( voir les articles Magique escapade) ; chez nous, il était avide de montrer, partager.  Inévitablement, quelques accrochages survinrent du fait de ce débordement d'enthousiasme, cependant, je me fiai à la communication non violente et aux acquis des dernières années afin de comprendre ce qu'il se joua entre notamment Mariev et lui. C'est fastidieux, ardu, la démarche hésitante, tâtonnante laisse entrevoir des flous inhabituels, déstabilisants. Néanmoins, je mesure l'éclairage nouveau sur nos attitudes, le relâchement troublant et bénéfique en résultant.


    Etranges ces rencontres dues aux « hasards » de la toile.

     Nous ne nous connaissons ni par le corps, ni par les gestes, ni par la voix, ni par des lieux partagés... Nos inconscients, nos esprits, nos émotions se croisent et se font écho pour des raisons qui nous échappent. Etant chacune sincères, les accrochages d'intime en intime se sont tissé presque malgré nous. Il est  quasi irrationnel de se trouver ensuite de corps à corps parce que la rencontre se fait à l'envers. Dans la vie quotidienne, la surface et les mouvements servent les inconscients de l'un à l'autre sans se dire ; peu à peu, l'interne se dévoile selon les enjeux mis sur le tapis relationnel, partage des émotions et pensées, prise de conscience ou non du jeu interactif et de ses enjeux. Quand sur nos blogs nous partageons nos pensées, nous mettons notre intime entre les mots, les lignes. Les sujets, les mots posés, les expressions, les réflexions se dispersent sur les ondes, glissant sur celui- ci, accrochant sur celui-là. Quelle part de nous se reflète dans cet autre « virtuel » ? Pourquoi celle-ci et pas celle- là ? La rencontre ne se fait pas par hasard, elle est le reflet d'une part de soi, de notre cheminement dans notre vie.

     Logiquement, naturellement, l'interaction dans les lieux et les activités se mettent en place, les relations, les échanges verbaux ou de circonstances ne s'encombrent plus des façades, l'essentiel et le central sont connus, l'intimité de la toile se concrétise dans le réel. Ainsi, il est arrivé que ces accrochages circonstanciels prennent un tout autre sens que dans un quotidien classique. Dans ces gestes ou ces mots, je vois, je ressens cet interne entrevu entre ses mots, entre ses préoccupations évoquées sur son blog ; dans ces échanges parfois mouvementés, je retrouve ce que j'ai vu à travers son écriture et ses images. Est-ce par mes expériences passées, les clefs offertes par la communication non violente que je pose un regard autre sur les éléments de notre réel commun? Toujours est -il qu'après une petite scène lors d'une visite d'église, je pris quelques minutes afin de donner du sens à ce que j'avais ressenti. Coq et Mariev étaient dans le flou puisque mes paroles étaient incohérentes. Finalement, j'eus envie de les embrasser de mon être après que nous eussions pris le temps de parler.

     Nous sommes prisonniers des jugements qui jalonnent nos existences, nous coupant de nous- même et donc des autres.  Par ce partage d'intime via le net, nous savions chacune qu'il y a autre chose que les apparences, les circonstances et parce que les barrières habituelles n'ont pas lieu d'être dans de telles rencontres, aussi laborieux que ce pût l'être, nous avons avancé ensemble.  Donner, recevoir, prendre du recul ,dépasser les principes pour aller au principal, exister et être parmi d'autres, la voie ouverte par le net avec des relations authentiques laisse entrevoir la multitude de nos possibilités humaines et l'enchantement que nous pouvons faire de nos vies.

    Merci les filles !

    Mon seul regret est que Pandora n'était pas là, la réalité du temps et de l'espace a tranché, ce n'est néanmoins que partie remise. La vie est trop parfaite pour que moi pauvre petite humaine je puisse me permettre de juger les circonstances injustes ou inappropriées.


     Mariev et Coq ont illuminé la maison, elles étaient là comme habituelles. Elles m'habitent, je les habite. Une évidence que j'ai déjà remarquée avec quelques autres personnes pareillement. Où que j'aille, où que je bouge, ces personnes sont avec moi et remplissent mon intérieur. Elles ne me sont pas étrangères, elles font partie de moi. A l'image de ce que je suis maintenant.

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  • Commentaires

    1
    coq
    Mardi 28 Juillet 2009 à 20:24
    coq
    Ca fait quelque temps que j'ai lu ton article, et je n'ai toujours pas posté de commentaire, parce que je voulais écrire quelque chose d'intelligent, et rien ne me venait.
    Je voulais juste dire que, comme la dernière fois, j'ai passé un excellent moment avec vous, un de ces moments où on se sent plus vivant, où tout semble plus lumineux, où tout est possible...
    Je ne sais pas à quoi est due cette sorte d'alchimie, mais quand je sors de quelques jours passés avec vous, je me sens comme grandie, et plus forte...
    Je terminerai mon petit commentaire en disant que j'ai pensé à toi l'autre jour, parce que j'ai fait une "tamagouille" chez mes parents, avec les ingrédients que j'ai pu trouver, au feeling, et c'était TRES bon! J'te raconterai ça à l'occasion...
    Bises
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    2
    Mercredi 29 Juillet 2009 à 19:51
    Galatée
    Fée des agrumes,
    fée des cuisines,
    fée des lumières,
    oui,
    tu es bien une fée...
    :-)
    Et je l'embrasse, ma fée
    très très très fort !!!
    3
    pandora
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 12:06
    pandora
    Moi aussi j'aurais aimé être là et partager ces moments... Ce n'est que partie remise, on se bloque une date à mon retour de trek ?

    4
    mariev
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 12:06
    mariev
    Ma foi, j'ai peu de temps pour relire, et réfléchir ... Ne me vient que ce "commentaire" : les accrochages se sont avérés aussi lumineux que le reste du séjour chez toi. Et nous cheminons ..;  ;)
    5
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Mardi 13 Août 2013 à 17:49

    A Coq:

    Je suis impatiente de savoir ce que tu as mis dans cette tamagouille !
    Pour le reste, c'est vraiment une alchimie, oui: quant à savoir d'où elle vient, c'est un mystère dont nos êtres profonds ont seuls la clef.
    Réponse de fée des agrumes le 29/07/2009 à 19h59
     
    A Galatée:
    Réponse de fée des agrumes le 29/07/2009 à 20h14
     
    A Pandora:
    Fais moi signe à ton retour !!!
    Réponse de fée des agrumes le 29/07/2009 à 20h02
     
    A Mariev:
    Ensemble, et c'est ce qui est merveilleux
    Réponse de fée des agrumes le 29/07/2009 à 20h14
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