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Après un mois et les fêtes.
En farfouillant de ci de là, je réalisai que le dernier article sur mes expériences alimentaires datait de plus d'un mois. Je dois avouer que l'opulence des festivités et le cérémonial du repas de fêtes avec ses traditionnelles préparations m'ont quelque peu refroidie dans mes curiosités, à moins que ce ne soit la crise de migraine. Je n'en sais rien. Toujours est- il que cette frénésie me ramène indubitablement vers ma propension à déposséder ( cf Michel Serre). Plus le temps passe et plus je reviens des rêves que la société fabrique, comme si ce qui se vendait et s'achetait m'indifférait de plus en plus. Je suis nomade finalement et l'idée de posséder mon lieu de vie m'étouffe, l'accumulation des objets m'encombre. Tant qu'ils n'ont pas d'attrait créatif, je m'en lasse facilement. Dommage que je sois agnostique, autrement, je serais devenue nonne...
Néanmoins, je m'amuse à photographier les assiettes qui m'enchantent et je réalise que ce sont celles qui ont mobilisé ma créativité avec des produits simples et de saison dans des associations inhabituelles. Voici donc les quelques plats qui ont réactivé ma curiosité.
- Pour Noël, je voulais faire léger ; ayant discuté des possibilités poissons avec mon chauffeur grand chef, j'avais des filets de sandre en quantité suffisante. Je l'ai donc préparé en improvisation avec les moyens du bord et quelques idées prises sur le net. Après des coquilles saint jacques toutes prêtes (quand c'est bon et préparé convenablement, je ne me prive pas occasionnellement du tout prêt), j'ai servi des filets de sandre cuits au four avec des pommes de terre rate, de la choucroute au vin blanc et une sauce asperges /girolle. Bien qu'inhabituel, personne n'a rien dit et les assiettes se sont vidées. Le dessert a été apporté par ma mère, bûches chocolat ou fruits exotiques.
- Steack bio au programme amène des variations d'assiette individuelle. J'en ai assez des remarques et gesticulations à table, aussi, je fais le principal et laisse les autres accommoder à leur guise. Ici, la version fée avec riz et salade ,là, version garçon avec riz, pâtes, maïs et purée de brocolis. Stéph a pris simplement des pâtes.
- Œufs au plat, mâche et polenta. Extra rapide à faire, je me suis régalée. La polenta est méconnue je trouve ; il n'y a pas que les pâtes blanches, le riz et les patates. Des œufs également, pochés et servis avec riz et épinards, cela changeait les habitudes. Mon garçon était surpris et n'a rien mangé tant qu'il n'a pas su comment je les avais préparés. J'ai versé sur les épinards du yaourt brebis/chèvre maison et des cubes de concombre dégorgés ; ce chaud froid donnait une originalité à l'ensemble qui me plut. ( Il a suffi que j'entende « Avec de la sauce tomate, comme le fait toujours ma mère » pour que je me lance dans une expérience différente, non mais !) Il y eut aussi une omelette aux herbes avec choux fleur et blanc cuits.
- Délicieux rôti de porc Orloff avec du chou rouge aux marrons et du riz méditerranéen. C'était fondant et doux, mmmmmmm
- Comme le congélateur a besoin d'être dégivré, je le vide doucement. Le chou rouge en était et j'ai retrouvé un sachet de quetsches de l'année dernière ramassées chez le voisin. Une branche a cassé et il ne voulait pas ramasser des fruits non complètement mûrs. Ma mère avait rempli les bassines, je les ai nettoyées et congelées ; en d'autres circonstances, j'aurai fait de la confiture mais ces préparations sont sujet à conflit ( je raconterai en d'autres temps). J'ai décongelé un sachet et ai préparé une tarte tatin en caramélisant les fruits gorgés de jus avec du sucre complet. Saupoudrée de poudre d'amande, elle était succulente et Stéph s'est étonné de ma préparation, soit- disant qu'il ne s'attendait pas à cela de ma part. Ah ?
- Cure de choux, légumes de saison par excellence. Déjà cités plus haut, je les ai servis cru ou cuit, râpé, avec du boudin noir et de la purée, des paupiettes de dinde et une poêlée pommes de terre- carotte, des bouchée aux noix de saint jacques/ reste de lotte dans une sauce au basilic. Ou encore en salade mêlée avec des endives, des champignons et de la mâche. Qui ose dire qu'il n'y a pas de salade en hiver ?
- A propos de la queue de lotte, ce fut un vrai régal que cette préparation toute simple. Cuite au four, lentement, j'ai déglacé le plat avec du jus de citron et servi avec du riz basmati et du chou blanc cuit. Qu'est- ce que c'était bon !
- Côté poisson, nous avons également découvert avec plaisir les filets de harengs fumés accompagnés de salade de pommes de terre cornichons et oignons.
- Suite à des soucis de frigo, endives et mâche ont congelé dans leur boite. Ne pouvant me résoudre à les jeter, j'ai décidé de faire une soupe. Quand en hiver le jarin est sous la neige ou que les herbes sont recroquevillées, j'ai trouvé là une possibilité de soupe d'herbes fameuse ! Quelques pommes terre et bloum, un coup de mixer. Bon, d'accord, je l'ai mangée seule, les hommes étaient peu attirés par la couleur et la légère amertume des endives; tant pis pour eux !
- Des pâtes d'épeautre avec des lamelles de truite fumée et des épinards en branche, recette de Stéph que j'ai améliorée de quelque huile et herbes, c'était trop sec et un peu fadasse. Je salue tout de même ses progrès et ses quelques efforts dans les préparations, quand il s'y met.
- Jours de frigo vide : je ne trouvai que deux tranches de jambon blanc et des endives. .. pour trois. Envie d'endive au jambon frustrée ? Ah non ! j'ai émincé les endives et le jambon et les ai mélangés dans un plat. Sauce béchamel à ma façon avec lait de soja, maïzena et bouillon versée par-dessus et hop, au four. Stéph n'en est pas revenu ! Dans le même registre, j'ai fait un mélange des restes avec des œufs durs ; j'ai versé du riz, des petits pois et de la julienne de légumes dans une sauteuse ; mitonné quelques minutes, c'était presque un plat complet si la quantité avait été suffisante. Et toujours une p'tite salade d'hiver avec.
En conclusion, je dirai simplement que ces articles me permettent de confirmer mes intuitions quant à nos modes alimentaires et mes choix culinaires. Je crois être connectée sur les saisons, les températures et la météo, les produits de saison simples et basiques. Ma famille n'a pas des origines paysannes sur plusieurs décennies pourtant (des ouvriers du textile, des commerçants). Je suis dégoutée des produits raffinés et je préfère manger quelque chose de très simple au goût affirmé que des tas de trucs variés en forme et couleur, stéréotypés en saveur. Quelle chance toutefois d'avoir accès à une telle diversité ! L'effort supplémentaire qui semble nécessaire ne fait décidément pas le poids face à la satisfaction gagnée.
Par ailleurs, je constate que la morosité à table est révélatrice d'une morosité plus générale ; manger sans plaisir avec des mangeurs moroses rend la vie morose. Il m'arrive d'avoir plus de plaisir en étant seule avec mes petits gueuletons qu'avec certains qui passent en coup de vent, se chamaillent et tirent la g... ou avec des grands tralalas pratiqués par certains devant des assiettes pas terribles mais dénommées telles parce que faites dans le resto de la copine des bobos du coin. Pfff
Allez, tout cela n'a vraiment aucune importance et c'est un privilège que de penser à autre chose qu'assurer son prochain repas.
Tags : , riz, endive, salade, preparation
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Commentaires
Commentaires
ch'uis malade, je n'ai pas encore déjeuné ..; et voilà que j'ai faim ... quel tour de magie! (j'allais dire quel tour de force, mais non, il s'agit bien de magie ici)
;)
Quant à la carte, elle est corrigée. j'ai vu de nombreuss fautes de français, crevée et étourdie que j'étais en écrivant ces quelques mots! Mille excuses !
Avec le changement de saison, viendront d'autres produits et j'attends de pouvoir tenter d'autres expériences gustatives
Ma table est toujours ouverte, qu'importe l'heure, je trouverai de quoi faire un petit gueuleton.
"Tu es comme chez nous" m'a dit un soir un collègue d'origine algérienne.. Ah bon?
Bonne nuit réparatrice
Et dire qu'il est des milliers de personnes qui se contente d'un peu de riz... collant !
@+
(voir à ce sujet l'article sur la décroissance)
Tu n'as pas mis de canelle sur tes quetsches ?