• Travaux incroyables, 5

    Consécutivement aux articles précédents évoquant ces menus travaux effectués dans la maison et cette rencontre inopinée résolvant ma problématique du découpage de planches, je suis revenue en pensée vers ces travaux incroyables mentionnés ici, , et . J’avais envisagé l’écriture de cet article il y a plusieurs mois mais les événements ont bousculé le fil de mes écritures et publications. Logiquement, j’y reviens donc en parallèle des précédents.

    N’ayant que peu de revenu, je dépasse ces obstacles en développant ma créativité et mon adaptabilité. Dans la nouvelle cuisine, par exemple, à l’heure où les aménagements épurés sont à la mode, je multiplie les étagères ouvertes où je range les objets en mouvement perpétuel. Avec des équerres et des planches de bois brut, j’installai ces aménagements peu coûteux parfaitement adaptables à mes pérégrinations nomades. Pour diverses raisons, j’ai tâtonné maladroitement, j’ai jugé à l’œil, plus ou moins et inévitablement, les étagères ne sont pas de niveau exact. Le décalage sur quelques millimètres est effectif et mes étagères sont légèrement de travers ; pareillement, un des tableaux est en houle. Si pour l’un, le décalage est notoire, les autres penchants sont subtils et seul l’œil observateur les remarque. Je n’avais cependant aucune envie de tout enlever, de boucher les trous, de repercer et refixer… seulement pour un jeu de quelques millimètres. Aussi, je laissai joyeusement mes étagères de travers.

    Un jour d’automne, alors qu’il ramenait quelque objet, SeN entama les critiques sur le désordre de la maison, le travers des étagères répétant la nécessité de recommencer, critiquant vertement mes choix, assénant ses jugements sur le bazar généralisé, l’immensité des tâches où je m’étais engagée. Blabla. Tranquillement et fermement, je fermai ce jeu malsain.

    « Écoute- moi bien ! Ici, c’est chez moi et je fais ce que je veux. Tu es le bienvenu, la porte reste ouverte mais tes principes et les principes de tes parents restent là-bas, à l’entrée, je n’en veux pas ! Je ne suis pas partie pour que tu me les ramènes! C’est toi qui a besoin que ce soit parfait, c’est toi qui a besoin que ce soit de niveau et aligné, au millimètre, ce n’est pas moi. Ces étagères de travers ne me gênent absolument pas et au contraire, je les aime telles qu’elles sont parce que je les ai posées moi- même avec les moyens du bord, parce qu’elles sont à l’image de ma façon de vivre, sur les voies de traverses, en dehors de principes. Et j’en suis fière ».

    C’en fut définitivement terminé.

     

    Que ce soit lui ou qui ce soit, je pose mes limites, je m’accorde la place qui est la mienne et je démêle l’embrouillamini des besoins respectifs. Le jugement asséné n’est que le reflet d’un besoin insatisfait de celui qui juge et n’a rien à voir avec son destinataire. Il en est fini des fusions mortifères où chacun se noie dans son propre flou et projette sur autrui ce qu’il ne peut identifier chez lui. Cet autre qui provoque telle ou telle réaction n’est de toute manière qu’un déclencheur, la réaction que nous avons relève de notre choix et nullement de la responsabilité de cet autre.  RESTER CHEZ SOI est une règle fondamentale tout comme les questions : « Quand je vois, entends ceci ou cela, qu’est- ce que cela provoque chez moi ? Quels sont mes émotions et sentiments ? De quoi ai- je besoin  ici et maintenant ? En quoi cette expérience parle de ma propre histoire ? ». Plus ce cheminement faussement compliqué est pratiqué, plus il devient naturel puis quand nous nous sommes donné cette empathie dont nous avons tous besoin, nous avons la possibilité d’avoir de l’empathie pour cet autre qui nous a secoué, il est aisé d’accorder de la place à ses besoins insatisfaits. La relation devient authentique, véritable et la violence s’étiole, s’évanouit, par enchantement.

    J’ai changé de cap devant l’idée concrète de la mort, j’ai pris en main mon destin, il n’est absolument plus question de revenir aux poisons du passé, je suis dorénavant pleinement dans la vie.

     

     

     

     

     

    « Bricolages de juillet, prologue.Par delà l’injure, le besoin. »

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  • Commentaires

    1
    Je transfère
    Jeudi 15 Août 2013 à 22:22

    Commentaires

    Laisser les chieurs là où ils sont (c'est leur droit de rester dans leurs carcans), et nous, s'amuser ! Vive la fantaisie ! Sans elle, on étouffe !

    Commentaire n°1 posté par Coq le 08/08/2010 à 14h19

    C'est exactement ça! Voilà pourquoi je me suis enfuie!!!

    Comme je le disais en réponse à Annie à l'article précédent, il a des besoins énormes et ne sait pas les identifier ( personne ne le lui apppris, ce n'est pas courant dans nos éducations malheureusement), comment pouvait- il me laisser de la place quand lui- même n'accorde pas de place à ses propres besoins?

    Un jugement émis n'est toujours que la marque d'un besoin insatisfait de celui qui l'énonce; comprendre ça change radicalement la vie! En  réagissant à mon bazar et ces travers d'étagère, il parle d'un besoin qui lui appartient (ordre, rigueur, ... ?)  insatisfait; mes travers le lui rappellent et le ramènent à ses angoisses.  Absolument rien à voir avec moi! Et basta!

    Réponse de fée des agrumes le 08/08/2010 à 16h13
     

    Sans critique aucune -bien au contraire - vous me semblez aussi exigeante pour les autres que pour vous même ! Tout le monde n'a pas eu "la chance" d'avoir eu vos emm.... Sont elles le chemin incontournable pour accéder à pareilles sagesse et lucidité ? Sinon, ça s'apprend où ? bon, d'accord, il faut une haute dose de gniaque, mais encore ?

     

    Commentaire n°2 posté par mirabelle le 08/08/2010 à 18h25

    Je ne sais pas si je suis exigeante avec les autres,qu'est- ce qui vous fait dire ça? 

    Réponse de fée des agrumes le 08/08/2010 à 20h45
     

    Pardon, féee des agrumes, de loin (je n'assistais pas à la scène bien sûr) il m'avait juste semblé que vous ne vouliez pas des critiques que ce monsieur, seN, vous 'assénait' ou dans lesquelles il semblait - volontairement ou non je n'en sais rien - vouloir vous enfermer.

    J'ai infiniment apprécié la façon dont vous recadiez les choses de votre point de vue, et à partir de vos besoins dont vous étiez remarquablement consciente, mais j'étais un peu mal à l'aise à la pensée que lui arrivait avec son propre point de vue, plus naïf peut-être, peut être moins lucidement analysé, et donc plus difficile pour lui de s'en sortir sans vous blesser ni être bléssé lui-même. Enfin je ne sais pas. Je crois avoir été dans cette situation où l'on s'en tire mieux que l'autre selon les apparences mais cela ne me satisfait pas à 100% car je peux avoir mal compris sa remarque. C'est tout. Je ne suis pas sûre de bien m'exprimer là mais c'est tout ce que je peux en dire pour l'instant. 

    Bonne nuit à vous !

    Commentaire n°3 posté par mirabelle le 08/08/2010 à 22h23

    Ne vous excusez pas, pour commencer, je sens bien qu'il y a qqch qui vous préoccupe dans cet épisode et c'est tout à votre honneur de poser des questions. 

    Dans cette situation, s'expose une réalité forte de mon parcours commun avec SeN. Longtemps, j'ai tu mes besoins, je les ai ignorés, je ne me suis pas respectée. Avec le choc de la maladie, s'est accéléré un processus entamé auparavant et j'ai réalisé à quel point nos relations étaient toxiques. Chacun d'entre nous mettait sur le tapis relationnel une histoire douloureuse du passé et nos besoins étaient tellement énormes que nous ne pouvions reconnaître seulement ceux de l'autre. J'ai tenté de fonder le couple sur d'autres bases plus saines, il a refusé, bousculé, effrayé par la tâche et la remise en question. Je suis partie dès que l'occasion s'est présentée. Désormais, je ne veux plus  de relations malsaines, insudieuses aussi quand il revient avec ses besoins énormes insatisfaits et qu'il lance ses jugements et critiques, je dis stop. Je peux lui laisser la place et nous avons eu qq instants authentiques, parfois... Pourtant, il préfère rester aux modèles ancestraux et se rassurer dans ses habitudes; c'est son droit, son choix, c'est ce dont il a besoin maintenant. Je sais néanmoins que cela ne me corespond pas et donc, je vis ma vie ailleurs et autrement.

    Ceci dit, je sens que c'est en lui qu'une part de vous s'exprime, quelle est-elle? Pourquoi? ...

    Si vous préférez, écrivez- moi sur l'adresse courriel en marge, je vous accompagnerai avec joie.

    Réponse de fée des agrumes le 09/08/2010 à 12h02
     

    Merci, fée des agrumes, vous avez tout juste !

    Je crois que vous m'avez aussi donné une précieuse clé dans le billet de ce jour, pour ça aussi, merci !

    Commentaire n°4 posté par mirabelle le 09/08/2010 à 12h18

     

    Réponse de fée des agrumes le 09/08/2010 à 13h29
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