• Réentrainement à l’effort.

    Dans mes jeunes années scolaires, je détestais courir. Je me suis planquée pendant les cours d’endurance, les cross souffrant quand je tentais d’en faire plus qu’à l’accoutumée. Autant je rêvais de danser, bouger en souplesse, autant j’ai été une vraie tire-au-flanc dans la course, de vitesse ou d’ endurance. Ces échecs répétés m’avaient poursuivie pendant des années après le bac et je restais avec cette insatisfaction, cette frustration non pour prouver quelque chose à quelqu’un mais pour me prouver que j’en étais capable.

    Je n’étais pas pour autant inactive, je marchais beaucoup, en toute occasion, je me déplaçais à vélo, c’était naturel. Pendant 5 ans, j’ai habité au 5e étage sans ascenseur avec tout le barda et le garçon petit à porter, séance de step au moins biquotidienne. J’ai bataillé contre vents et marées seule dans des transports en tout genre souvent complètement irrationnels. Puis, je me mis à faire du roller. Le mouvement, la glisse m’intéressaient, les sensations internes me régalaient, pendant des heures et des kilomètres, doucement, à mon rythme. Vint ensuite la natation où j’alignais les longueurs doucement intensément. L’énergie folle de mon fiston me poussait quand la paresse me prenait sporadiquement et je l’ai entrainé dans des aventures physiques de tout poil. En grandissant, ses capacités grandissaient également et nous allions toujours plus loin. Je me mis donc naturellement à courir.

    Avec l’aide de mon amie Sandrine, marathonienne de naissance, je commençai mon entrainement. En 2006, je battais tous mes records et me sentais bienheureuse d’avoir pu aller au-delà de mes rejets passés, je prenais plaisir à me dépenser physiquement, à évacuer le stress par ce biais. Au printemps, c’est par le sport que la maladie donna ses premiers signes. Perte de la course, perte de la marche, perte de la vue… Huit mois de fauteuil roulant, d’autres en béquilles, le réapprentissage de tous les mouvements du corps après l’alitement de plusieurs semaines, le rude combat pour s’asseoir, pour se lever, pour remarcher… Il me restait chevillé au corps le désir de pouvoir à nouveau courir… un rêve ?

    J’en parlai à Solange lors de notre entrevue à l’été 2009, elle m’inscrit dans la foulée à des séances de réentrainement à l’effort avec ma copine Valérie. Super !

    Démarrage fin août pour cinq semaines. A raison de deux séances hebdomadaires, nous nous retrouvions pour notre plus grand bonheur toutes les deux à se laisser diriger par l’équipe sans compter que je pouvais en profiter pour saluer mes anciens compagnons en ergo, kiné, au service, en adelo. Petit groupe de quatre, il y avait une bonne ambiance, chacun vaquant à ses tâches selon ses capacités. Première séance de test : je fus heureuse d’apprendre que j’étais presque dans les normes de valides. Waouh ! Au rythme de ma marche, l’encadrant me dit que je n’étais pas loin de la course. Je m’enthousiasmai, je me pris à espérer pouvoir courir au bout des six semaines.

    Question souplesse, rien à redire ! J’étais Elastigirl du temps de ma rééducation, je constatai néanmoins que je pouvais l’améliorer, le corps étant en demande d’étirements. (Le grand écart n’est pas un problème pour moi. Avec un peu d’échauffement, je descends sans souci jusqu’au sol. Oui). Question endurance et muscles, c’est une autre paire de manches. Pas vraiment musclée avant la maladie, les mois d’immobilisme n’avaient rien arrangé... Encore qu’avec la mobilisation des bras en raison de mes incapacités motrices, j’avais remarqué qu’ils avaient pris du volume. La natation avait préparé le travail précédemment, dans mon dos également et ces efforts avaient été porteurs lors de mes paralysies. A approfondir. Mes jambes, mes fesses, elles, avaient fondues. Je garde en mémoire cette phrase d’Élodie: « Le corps a une mémoire. Si vous l’avez bien traité, il s’en souviendra. » C’était suffisant pour ne pas se laisser aller au fatalisme.

    Les séances étaient partagées entre 20 minutes de vèlo (avec l’accent d’un des encadrants) et des exercices de renforcement musculaire.

     Je remarquai qu’avec la fatigue, ma vue se brouillait alors que le corps, lui, ne semblait pas l’exprimer; musculairement sur le coup, mon équilibre n’était pas très stable en bout de séance et il m’arrivait de tituber légèrement vers le taxi ambulance. Je compris pareillement qu’il n’était pas raisonnable d’arriver avec deux ou trois heures de travaux de bricolage dans les pattes ; cela dépassait mes capacités.

    Par contre, j’étais fofolle à essayer toutes ces machineries de salle de sport repérées quand je passais en fauteuil devant la salle, rêvant de pouvoir les utiliser un jour. Sans compter qu’à la moindre occasion, nous papotions et pouffions Valérie et moi. J’ai donc pédalé, marché sur le tapis, soulevé des poids avec les bras, les jambes, tiré sur les muscles assise, à la barre… C’était réconfortant d’autant qu’au bout des séances, les résultats étaient notoires… sauf que je ne me sens pas capable de courir. Ma vessie ne supporte pas le choc des foulées et mes jambes me semblent désorganisées par le mouvement. Sniff.

     Rapidement, Kévin, un camarade du groupe me surnomma Titi à cause de mon tee-shirt avec le petit oiseau narquois ; il aimait me retrouver et plaisanter avec moi qui ne suis pas en reste dans ce genre de débat. D’ailleurs, les encadrants apprirent rapidement à me connaître, mes péripéties originales, après les avoir déroutés, devinrent coutumières. Raphi qui passait me saluer à chaque séance souriait en coin, il me connaissait, lui. Nous en avons profité pour échanger ces petits mots, ces gestes, ces silences complices incroyablement riches. Solange est passée nous encourager tous avec son punch habituel.

    Un plaisir.

    J’ai véritablement passé des moments bénéfiques pendant que je déménageais et travaillais laborieusement dans l’appartement à rénover.

    (Panel de mes aventures sportives pour le prochain article, il y a de quoi sourire.)

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 4 Février 2010 à 15:52
    cybione
    Tiens, moi aussi n'étais pas sportive (comment aimer le sport quand en collège, je me mesurais avec des jeunes plus âgés que moi, malingre de surcroît ?
    Très récemment, je me suis (re)mise à la musculation et à la frappe et je pense que je ne saurais plus me passer de ces efforts...
    Evidemment, le but n'est pas le même, mais quel plaisir de se dépenser physiquement, enfin !
    2
    Jeudi 4 Février 2010 à 18:32
    Philippe
    Le sport...
    Quels biens mauvais souvenirs. C'est bien simple depuis mon entrée en 6è, j'ai fait une allergie. J'habitais encore à Montreuil (93) - banlieu ouvrière - et je me faisais systématiquement engueulé par les "camarades de jeux" lorsque je n'attrapais pas leur babale comme il faut, ou ne la renvoyais ni dans la bonne direction, ni assez fortn ni... bref, les "sports co" c'était pas mon truc.

    Autant j'aimais la natation - tout le jeudi matin (à l'époque) - autant j'avais horreur de l'ambiance agressive qui régnait en cours de gym. J'en ai été dégouté à vie.
    Il n'y a qu'après le bac que je me suis mis au sport... pour faire de l'aviron. Ca c'était prodigieux en skif (tout seul), en 4 ou en 8 barré... Il n'y a que là que j'ai aimé le sport.
    Oups... j'allais oublié aussi le ski de fond dans les forêts désertes du Jura.

    Ca ne fait pas de moi un sportif. Loin de là.
    La seule chose que j'aimais bien c'était la devise de Pierre de COUBERTIN... l'important, c'est de participer. Ce genre de réplique était rarement du gout de mes camarades ... MDR (le smiley rieur ne veut pas s'insérer).

    Bonne course alors.
    3
    Jeudi 4 Février 2010 à 18:45
    Annie
    Pas grand chose à dire sur le sport, j'ai oublié ce qu'est être valide. Pourtant, ce que j'étais bonne en natation! cela, oui, me manque!
    4
    Samedi 6 Février 2010 à 07:30
    Annie
    Si, je flotte sur le dos...
    Ou bien, accrochée à une planche en polystyrène je bats des pieds et j'avance.
    C'est ce que je vais aller faire régulièrement à la piscine d'eau de mer de la thalasso, pas loin de chez moi. Sinon en mer, je me baigne uniquement en compagnie, les vagues me déstabilisant.
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    5
    Troll des forêts
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 12:04
    Troll des forêts
    J'avais toujours très mal vécu le cross obligatoire que l'on nous imposait chaque automne au collège. Comment pouvions-nous donc courrir, comme ça, un jour, 3 km dans le froid sans entraînement??  Quelle connerie!
    Maintenant, je ne suis toujours pas sportive mais j'ai découvert l'aérobic, au début c'est dur mais après quelques semaines, on y prend goût et hop on apprécie! C'est surtout que je le fais avec des gens qui sont comme moi...
    Et puis, la natation, oui, toujours, et encore!  :)
    6
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Jeudi 15 Août 2013 à 16:29

    A Cybione:

    C'était le moment et cela venait de toi.
    Ce que je trouve dommage en classe, ce sont les programmes imposés; ce serait tellement chouette de pouvoir se donner à fond dans le sport qui intéresse. Comme les langues, il suffit de commencer par un qui plait et la suite vient .. ou non. Seulement, souvent par manque de matériel, c'est l'endurance qui est mise à toutes les sauces. Dire que je n'avais ni bonne chaussure, ni tenue vraiment chouette...
    Et puis, il faut faire avec des camarades qui ne sont pas toujours très sympas! Comment faire un sport collectif quand la majorité ne songe qu'à écraser l'autre pour se ramener le plus de point?
    ... Quand un prof veut vraiment un bon esprit, il a les moyens de le générer. pas toujours évident.
    Quant au manque, je le sens lourdement avec le roller... je n'ose pas m'y remettre, l'équilibre y est si important.
    Il me reste le Qi gong.
    Réponse de fée des agrumes le 04/02/2010 à 20h18
     
    A Philippe:
    Ramer, j'avais beaucoup aimé ça en canoé!!! Glisser sur l'eau, un délice. Malheureusement, ma peau fine accumulait les ampoules sur les pouces!!
    les sports collectifs? Tout dépend de l'équipe et de l'esprit qui y règne... en classe, il y a trop souvent une compétition détestable, de celui qui écrasera le plus l'autre pour avoir un bonnne note... et c'est vraiment pas chouette à vivre!
    Pas sportif? Tes journées de travail  font de toi certainement un grand coureur de fond!
    Réponse de fée des agrumes le 04/02/2010 à 20h23
     
    A Annie:
    1. Je ne sais plus non plus ce qu'est être valide: ne plus penser aux limites, aux douleurs, aux risques de fuite ou de chute...par contre, je pense qu'il est possible d'aménager le sport à ses capacités. Dommage qu'il n'y ait pas plus de lieux adaptés....
    ce n'est vraiment pas possible pour toi de renager?
    Réponse de fée des agrumes le 04/02/2010 à 20h26
    2. L 'eau est souvent un lieu de réconfort pour les handicapés moteurs assujettis à la dure loi de la pesanteur. Je connais un garçon myopathe qui adore s'y baigner; en mer, ses parents lui ont pris une espèce de petit moteur qui le transporte à sa guise.
    Réponse de fée des agrumes le 08/02/2010 à 21h00
     
     
     
    A troll des forêts:

    Le tout est de trouver ce qui nous convient. A l'école, on nous oblige, on nous contraint et si c'est heureux de s'essayer dans plusieurs sports, c'est quand même extra quand ça vient de soi et de ses propres envies/ besoins.
    Réponse de fée des agrumes le 08/02/2010 à 21h02
     
     
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