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Réentrainement à l’effort. 3e.
J’ai du répit dans l’agitation des dernières semaines et comme véritablement ma vie est un tourbillon, je me dépêche de relater mes péripéties lors de ces cinq semaines sportives avant que d’autres aventures rocambolesques ne viennent chambouler mes prévisions de récit (j’en ai déjà plein ma besace, mince !)
Donc, Valérie et moi étions dans ce petit groupe composé de quatre personnes. Les entraineurs ne nous connaissaient pas au départ ; ils eurent le loisir de découvrir chacune de nos personnalités. Evidemment, je ne suis pas en reste avec ma spontanéité qui me fait lâcher sans plus y penser ce qui me passe par la tête.
L’entrée en matière fut percutante d’emblée. Comme nous vaquions à nos exercices, je remarquai que les pantalons du personnel de l’hôpital avaient une étiquette à l’arrière sur la fesse droite. La tenue complète est portée avec une blouse recouvrant habituellement ce détail ; là, les entraineurs portent des tee- shirts et dans l’amélioration de ma vue (étiquette claire sur pantalon blanc vu d’assez loin, c’en est une belle preuve !), il me sauta aux yeux. Immédiatement, je m’en exclamai tout sourire: « Ola, nous sommes obligés de regarder vos fesses pour savoir comment vous vous appelez ! ». Je n’y avais mis aucune pensée particulière, notant simplement cette évidence et je m’étonnai d’entendre quelques rires fuser alors que l’entraineur parut déstabilisé ; il lui fallut quelques secondes pour revenir à ce qu’il faisait sur une machine. La suite m’échappe, je reste cantonnée à mes ressentis quand je réalisai ce que d’autres pouvaient porter sur ce genre de réflexion… Bah, cela est de leur ressort, moi, je ne suis pas mécontente de regarder ces étiquettes surtout avec des fessiers joliment galbés. Les hommes ne regardent-ils pas les femmes en priorité dans les yeux ? A vrai dire, je m’en fiche. Quand je n’y voyais rien, je n’ai eu que la confirmation de pensées d’avant la maladie, en paroles empruntées à Saint- Exupéry.
Studieuses malgré l’apparence de nos papotages (très sérieux qui plus est!), Valérie et moi comptions nos mouvements en tenant le fil du sujet. Avec les pauses et la fin des tâches consignées, nous attendions que les éducateurs fussent disponibles, et voilà que nous entendîmes que nous étions des tire-au-flanc !! Le terme exact m’échappe, c’était quelque chose dans ce champ lexical. Je ris et ajoutai bravement qu’une femme est multitâche ce qui n’est pas le cas des hommes. Evidemment, ce n’était pas tombé dans les oreilles de sourds et quand je me retrouvai en d’autres circonstances sur le vèlo contrariée par le cardio (il viendra plus tard celui-là, c’est épique !), j’attendis patiemment qu’il eut fini son travail avec un autre patient. Ce grand gaillard musclé au possible arriva de sa grosse voix chaude en notant simplement : « Et bien, vous voyez que les hommes aussi peuvent faire plusieurs choses en même temps ». Je ne pus retenir mes mots, avec un grand sourire: « J’ai attendu patiemment que vous finissiez là-bas afin que vous puissiez venir vous occuper de moi, c’est une chose après l’autre non ? ». Sans vouloir préjuger de sa réaction, je remarquai simplement un léger trouble dans son activité, il lui fallut quelques secondes pour revenir au réglage technique à effectuer sur les appareils que j’utilisais. De toute façon, ils ont très vite remarqué que je n’étais pas une méchante, j’ai l’esprit affuté et la langue pendue certes, mais je ne suis nullement ingrate de l’attention qui m’est portée, au contraire ! J’aime simplement m’amuser, partager, échanger. En outre, ils avaient trouvé le truc, avec le temps, ils n’arrêtaient pas d’augmenter la densité de mes exercices… En me crevant, ils me clouaient le bec… et Valérie de noter « Tu es fatiguée, on ne t’entend plus ». Scroumpf… Plus nous avancions dans les séances, plus je repartais la vue faible et les jambes désarticulées.
Les séances de vèlo étaient toutes effectuées avec un cardio sans fil porté dans une sorte de large ceinture élastique. Les entraineurs y surveillent la résistance du cœur afin de mesurer les limites à l’effort, à l’endurance. Rapidement, ils augmentèrent durée et résistance de mes pédalages, mon cœur a parait- il de sacrées capacités. « Ça se voit que vous étiez sportive avant » J’étais fière, au moins mes efforts passés n’avaient pas été inutiles. Néanmoins, ce contrôle devint rocambolesque. Non seulement il n’y avait aucune ceinture à ma taille (j’ai une taille de guêpe !!), il fallait multiplier les astuces pour maintenir le cardio à la bonne place, mais en prime, il ne fonctionnait pas. Du jamais vu à leur dire ! J’expliquai que j’étais coutumière des situations improbables et singulières : un art de vivre. Que pourrais- je envisager d’autre ? C’est récurrent et tellement amusant… (enfin, pas toujours). Chaque séance devint le théâtre d’un nouvel épisode dans les péripéties du cardio sur mon petit cœur malicieux.
Premièrement, il eut des jeux de mots en perdu, brisé ou sans devant le néant des informations. Suivirent les rires avec les chiffres anarchiques qui s’affichaient, disparaissaient et revenaient très différents des précédents. Le mouvement succéda aux discours et je passais 10 à 20 minutes à marcher du vélo au robinet, du robinet au vélo (mouillé, le cardio capte mieux). L’un des entraineurs versa le contenu d’une petite bouteille d’eau sur le capteur ; j’étais trempée, ça ne fonctionna pas. Il y eut les essais multiples et variés de placement du module, par moi, par les entraineurs avec la ceinture trop lâche à resserrer constamment.
D’autres groupes de passage dans la salle s’amusaient de nos échanges d’un bout à l’autre de la pièce : «- Ça marche ? - Non. - Et maintenant ? - Toujours pas… Attendez, il y a quelque chose ! Ah non, c’est reparti. » Etc. L’un, finalement, s’obligea à compter manuellement mes pulsations cardiaques.
Je changeais de vélo, à plusieurs reprises (l’écran affichant les données est entre les guidons). Celui qui avait fonctionné avec le monsieur précédent quelques secondes auparavant s’arrêtait dès que je m’installai.
Vive la technologie, moi je vous’l’dis !
Ce fut donc à l’aveuglette que nous avançâmes pendant ces cinq semaines d’entrainement.
C’est un fait, j’ai le chic de déstabiliser et ce sans calcul ; c’est naturel, spontané. Ceux qui ne me connaissent pas ignorent souvent comment interpréter mes paroles. Quand des machines ou des éléments hors de ma portée s’y mettent, je ne peux qu’en rire et je continue naturellement mon petit bonhomme de chemin avec fantaisie.
Tags : c’est, moi, cardio, sans, entraineurs
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Commentaires
1cybioneJeudi 25 Février 2010 à 14:39RépondreA Cybione:
Quel autre choix?Réponse de fée des agrumes le 26/02/2010 à 13h58A Annie:Je ne doute absolument pas de ta force!!!
Réponse de fée des agrumes le 26/02/2010 à 13h58
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