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Manger aux Restos.
Cet hiver, les circonstances administratives ont fait que les obligations logement payées, mon budget alimentation était réduit à quasiment rien, je me suis donc inscrite aux Restos du cœur. Mon garçon, heureusement mange à la cantine pour laquelle j’ai obtenu une aide. Restait à assurer mon quotidien et les repas où il était à la maison ; ce n’était pas une sinécure. Etant d’un naturel frugal, j’ai passé l’hiver à me contenter de peu et à multiplier les ingéniosités afin de ne pas sombrer dans la morosité. Voici donc une chronique Miam miam toute particulière.
Parmi les dernières courses effectuées à l’automne, j’avais acheté 25 kilos de pommes de terre pour notre plus grande satisfaction. Nous avons tenu longtemps sur elles multipliant les préparations et les accompagnements. Ainsi, j’ai régulièrement mangé des pommes de terre et des légumes secs.
En potée, en purée, sautées, en salade, en soupe, aux lentilles vertes, brunes ou corail, aux haricots cocos, rouges, petits pois, pois chiches, fèves, nos incontournables frites à la super friteuse. Tout y est passé au gré des possibilités selon les arrivages d’accompagnement.
Pareillement, j’ai mangé du riz aux multiples variations : thaï, basmati, blanc, complet, rouge, rond. Comme avec les pommes de terre, je les ai accompagnés de légumes secs, me contentant de temps en temps d’un simple bol agrémenté de beurre ou d’huile.
Régulièrement, nous recevions des conserves de sardines ou de thon, des steaks hachés, des filets de poissons simples ou panés, des bâtonnets de poulet frits, des œufs, rarement des côtes de porc ou des morceaux de poulet. Dans de telles circonstances, il m’était impossible de vérifier les compositions et origines des produits, nous avons donc mangé sans y regarder.
Heureusement, il m’arrivait de pouvoir faire quelques courses et j’y prenais ce sur quoi je ne voulais pas céder : des huiles de qualité, quelques produits laitiers de chèvre ou brebis, des farines et/ou graines biologiques, rarement des légumes trop coûteux. Pourtant, ces derniers manquaient affreusement. Les boites reçues n’étaient pas fameuses, standards alors que nous préférons les fins voire extra- fins. Les petits pois par exemple furent délaissés en dehors d’un passage en soupe moulinée. Par contre, je reçus un gros quart de chou blanc impossible à manger dans les temps d’autant que mon garçon n’est pas amateur. Je me lançai dans une expérience que je vous laisse deviner (je lui consacrerai un article tant je suis contente).
Ma mère ramenait de temps en temps de la salade pour le cochon d’Inde si difficile à nourrir en cette période maigre et sans herbe sur les pelouses ; je m’arrangeais systématiquement pour la nettoyer correctement afin de ne laisser à la bestiole que les déchets. Par ailleurs, j’ai reçu quelques coups de pouce de ci de là, par quelques proches pour ce qui est des légumes, de la viande, de bon cœur, jamais par pitié. De toute façon, ceux –là ont su s’y prendre , autrement, je n’aurais pas accepté.
Nous avons eu des pâtes en pagaille ! Je n’en pouvais plus, je ne savais plus ou les ranger ; leur consommation étant limitée chez nous, j’en arrivai à les distribuer autour de moi pour arriver à fermer la porte du buffet. Il en fut de même avec le lait, des fromages, certains yaourts ou crèmes dessert. Tous ces laitages de vache ne sont pas la panacée pour nos foies.
Les soupes en sachet ont satisfait mon fiston heureux de se les préparer. Les boites de raviolis ou les plats surgelés genre lasagne ou hachis ont été gloutonnés joyeusement pendant les premières semaines puisque ce genre de produits ne se trouvaient pas auparavant dans nos réserves, ils avaient le goût de l’interdit ou du rare. Peu à peu, il s’en détacha. Comme je lui demandai pourquoi il ne les mangeait plus, il avoua qu’au début, il était content et que finalement, ce n’était pas bon. Ne lui en déplaise, j’étais fière de lui et de moi. C’est que le garçon a été éduqué au goût et aux produits de qualité, héhé.
Au repas de fin d’année du travail, j’avais raflé les restes des feuilletés et terrines de l’apéro ; dans la foulée, une de mes collègues, adorable Michèle, m’apporta des restes d’un repas quelconque : sandwiches à profusion. Avec une soupe maison, nous nous sommes nourris plusieurs jours de la sorte et cela m’a fait de belles vacances de préparation et vaisselle, héhé. Bon, j’avoue que je finis par sortir la garniture du pain et/ou du beurre, saturation générale rapide pour moi. Mon garçon se plaignait souvent de ne pas avoir des sandwiches souvent (des achetés évidemment, pour faire comme les autres) du coup, là, il a eu une telle cure qu’il en fut dégoûté. Désormais, il est ravi de préparer les siens lui- même ou de profiter des casse-croûte que lui prépare sa mêêêêre… Vilaine Môman !
Les fruits étaient extrêmement rares, en boite majoritairement. Souvent flétris, je cuisinais les pommes, les poires afin de ne pas les jeter. Avec les oranges, je fis un gâteau au chocolat apprécié de mes convives. Nous nous sommes régalés des confitures maison données par des particuliers certainement.
Souvent, je rendis certains produits aux restos sachant pertinemment que nous ne les mangerions pas. Ils ne s’en vexaient pas comme d’autres, ouf.
L’expérience ne fut pas particulièrement pénible vu que mon garçon mangeait suffisamment à la cantine. En l’occurrence, il m’expliqua qu’il se remplissait autant que possible la panse là- bas afin de ne pas trop manger à la maison. J’ai aussi trouvé des tranches de pain dans ses poches, bon moyen de se rassurer plus ou moins face à la peur du manque. Sacré bonhomme ! Quant à moi, j’étais frustrée par l’absence de légumes, de certaines viandes, de l’impossibilité de choisir les produits certes, mais à postériori, je suis ô combien satisfaite d’avoir surmonté l’épreuve tranquillement. Ce fut une sorte de jeûne initiatique, une phase de renoncement, de repli sur l’essentiel. Le bonheur de retrouver des produits frais, choisis (légumes, viande par exemple) n’en prit que plus de valeur. Une belle réflexion également sur notre société.
Maintenant, ma situation est débloquée, je peux choisir mes produits tout en continuant de privilégier un mode de vie sobre en priorité. L’hiver prochain se fera autrement car, ça y est, je suis fière de le dire : je suis inscrite à une AMAP !! Je fais partie des financeurs d’une installation de jeune agriculteur biologique en échange des paniers tout au long de l’année. Fée des agrumes, éternelle fêlée des légumes.
Tags : produits, legumes, j’ai, d’un, bon
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Commentaires
Merci pour cet article qui nous permet de relativiser toute situation semblant désespérée.
Bisous
A Cybione:
5 kilos d'oignons??!! Que de tartes et soupes en perspective... et tous les agréments possibles!
Dire que la France est un El dorado pour de multiples populations dans le monde... savent- ils seulement?
Réponse de fée des agrumes le 13/06/2010 à 22h16A kdfr:C'est que j'ai essayé de rendre le quotidien agréable malgré les soucis financiers. Nous avons tous besoin de beau.
Réponse de fée des agrumes le 16/06/2010 à 16h31A Annie:Ravie de te retrouver sur la blogosphère! J'attends tes articles. Gros smack à toi!!Réponse de fée des agrumes le 18/06/2010 à 11h14
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Heureuse de voir que tu t'en est sortie.
Nous aussi avons émargé, non aux restos du coeur, trop loins (il fallait aller dans la grande ville la plus proche, à 1 heure de route) mais aux colis alimentaires distribués par notre mairie.
Nous avons pu ainsi récuperer des aliments dont personne ne voulait (un sac de 5 kg d'oignons, par exemple), mangés en 1 mois : nous non plus ne sommes pas (trop) habitués aux plats préparés aux xomposants indistincts.
La roue tourne, heureusement, et je te souhaite qu'elle tourne bien pour toi/vous.