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Logistique d'une escapade parisienne.
Ceux qui me connaissent savent que je suis une grande fan de la chanteuse islandaise Björk.
Je la connais depuis 20 ans et son premier album Debut, véritable coup de foudre à la télévision au temps du Top 50. J'ai tous ces albums, quelques remix, concerts et clips. Je l'ai vue en 2002 à Lausanne, en 2007 à Paléo festival de Nyon ( récit prévu quand la mouche me piquera). Elle a été également le révélateur de la profonde sensibilité commune entre SeN et moi dont j'ai eu grand mal à faire le deuil. Mon fiston a emmené son deuxième album Post à la maternelle tant il l'aimait et s'est vexé quand la maîtresse a refusé de l'écouter parce que ce n'était pas de la musique pour les enfants... Bref, Björk est une partie de ma vie intérieure. Je sais qu'elle est très particulière et ne fait absolument pas consensus. D'ailleurs, mon amoureux qui ne la connaissait pas reste dubitatif. C'est une belle expérience que de la lui faire découvrir et il lui appartient de s'y retrouver à ses goûts ou non.
Avec son dernier album Biophilia, elle fait encore preuve de son talent, de son originalité, de son audace, y exprime son amour païen de la vie avec des moyens technologiques de pointe, chantant les fondamentaux humains dans ce qu'ils ont de primitifs... enfin, c'est ainsi que je le sens, avis tout à fait personnel.
J'avais découvert trop tard, dépitée ses passages à Lyon et Nîmes en 2012, l'occasion eut été si belle de la voir et de retrouver en même temps mes amies. De toute façon, toutes les places ont été vendues en moins d'une heure. Surveillant du coin de l’œil ses nouvelles via un réseau social, je pris connaissance de ses passages en Suisse et en France, à Paris. Ni une, ni deux, je guettais le jour d'ouverture des ventes de billet à l'heure pile annoncée pour capter des places. Fiston n'avait pas envie de venir ( à 16 ans, il ne sort pas avec sa mèère), mon amoureux est loin pour raisons professionnelles et peu dans mon entourage sont adeptes encore moins au point de partir en lointain voyage pour la voir. Mon amie de 20 ans, Magali fut la seule à répondre à mon appel. J'avais donc deux places à attraper ce qui n'est pas peu dire.
Sur un premier site, je voyais les minutes s'écouler sans qu'il ne se passât rien alors, je filai sur un autre et bien que seulement dix minutes d'ouverture des ventes avaient passé, les premiers gradins étaient déjà complets! J'achetai vite fait les deux premières places proposées avec une légère appréhension sur leur positions, se déplacer à Paris et n'y rien voir, ce serait plutôt ballot. Je refis quelques essais dans les minutes suivantes et quarante- cinq minutes après l'ouverture des ventes, c'était complet. Parallèlement, je tentai de contacter le Zénith pour connaître les conditions d'accès aux personnes handicapées sans que jamais aucune réponse ne me parvint. J'avais bien tenté la même aventure pour le Cirque en chantier plus intimiste mais là aussi, aucune réponse, aucune information même pas sur la vente des places. Je m'en remis donc à la vie, au hasard.
Quelques jours plus tard, je farfouillais sur le site de la Sncf pour des billets de trains pas trop coûteux. Si je suis contre la course type TGV avec tout ce que cela implique de dysfonctionnements, je fus ravie de voir que le temps de trajet a été diminué de moitié pour aller à Paris et pour ce genre d'escapade, c'est plus que bienvenu. Grâce à mon amoureux, nous avions un appartement pour nous toutes seules à mi- chemin entre la gare et le Zénith, frais d'hôtel en moins et confort indéniable, plus un plan complet de la ville. Tout était prêt et bouclé début février soit plus d'un mois avant la date du 8 mars. Super! J'étais confiante et heureuse.
Plusieurs jours avant le départ, je m'occupai de mon corps, je caressai mon ventre en demandant à mon système urinaire de m'accorder ces jours de répit, je demandai à mes jambes de tenir le coup pour la marche et les remous de voyage afin de profiter pleinement de cette escapade folle. Je pris soin d'emmener ce dont j'avais besoin ainsi que de quoi manger correctement, léger et sain. Zou!L'aventure commença et ce fut magique!
Les voyages en train se passèrent sans encombre: usage des toilettes normal ( un par trajet) , sans enchaîner avec une infection, longue assise sans souffrir, déplacements tranquilles dans les couloirs, les escaliers, les gares. Au retour, les dernières minutes furent cependant plus difficiles car en me levant à l'arrivée, je sentis que le corps était rouillé, que des articulations me faisaient mal mais ô surprise! Savez- vous pourquoi? C'étaient des courbatures! j'avais tellement marché dans le XIXe arrondissement que mon corps se remettait de son courageux périple à pied! Certes, s'il me prend de vouloir visiter à nouveau la capitale, le Vélib sera un trésor inestimable car ces deux jours de marche m'ont montré que je ne saurais en faire plus... pour l'instant mais quelle joie! Quel sentiment immense de liberté et de victoire que d'avoir marché de la gare à l'appartement, de l'appartement au Zénith et pareil au sortir du concert, le lendemain pour rejoindre la gare! Entre une heure et demie et deux heures de marche!!! A un moment, je remarquai déconcertée que mon amie avait du mal à me suivre, j'avais une longueur d'avance sur elle et je m'arrêtai étonnée de tant de vivacité et de force dans mes jambes. Pas de pression de la vessie, ni de fuite, pas de jambes tremblantes et désynchronisées! Pendant tout le concert, je ne subis aucune pression ou inconfort. Il n'y eut que vers la fin quand je dansai et sautai sur les chansons puissantes de clôture que je dus me rasseoir pour apaiser ma vessie bousculée et secouée. Je sortis de la salle lentement vers les toilettes assaillies et à longue file, dans l'urgence avec la crainte de ne pouvoir me retenir en piétinant. Je partis rapidement dans les toilettes pour hommes, cabine à porte cassée dont personne ne voulait et je me soulageais suffisamment, sans fuite pour ensuite rentrer à pied sans encombre corporelle. C'était magique!
Malgré les innombrables possibilités de visites, nous gardâmes le lendemain matin à papoter et traîner comme du temps de nos vingt ans; nous étions tout de même fatiguées et soucieuses de profiter du calme de l'appartement au milieu de tant d'agitation. Ce fut également une sacrée expérience que de nous retrouver dans cette promiscuité, il y avait belle lurette que nous n’avions pas partagé tant de temps. Je redécouvrais mon amie intensément.
Également, je constatai à nouveau la force de ce qui se joue à l'intérieur de soi. J'ai souvent entendu dire que les Parisiens sont malpolis, enfermés sur eux- mêmes, indifférents aux autres, que les quartiers populaires ( et cosmopolites que nous avons traversés) étaient à éviter, qu'il ne fallait pas traîner le soir dehors, etc.. Et là, sans que nous ne demandions quoi que ce fut, une petite dame vint nous guider pour trouver plus facilement le chemin, des agents de sécurité de l'immeuble nous indiquèrent où aller, personne ne nous importuna, nous avions des bonjour et des pardon en pagaille, j'aimais semer les miens au gré des croisements de regard. En trouvant une baguette dans une boulangerie ouverte à 23h, je remerciai les personnes présentes et saluai leur courage à travailler si tard. Ils furent déstabilises et reconnaissants, j'étais heureuse de leur faire ce cadeau alors que nous en avions tant eu ces deux jours. Il n'est pas question de naïveté, c'est une énergie qui circule, se nourrit, s'échange, se partage et émane. Il nous appartient de la cultiver.
Au retour, la fatigue était évidente sans être envahissante, une fatigue commune finalement. J'eus en outre, encore assez d'énergie pour un saut au magasin bio où je dépensai comme jamais ( réserves de longue durée multi domaines), un autre chez mes amies puis prévins fiston de mon arrivée dans les minutes suivantes histoire qu'il débarrassât son bazar. A mon arrivée, il monta les courses et nous finîmes à la pizzeria car je n'avais absolument aucune envie de faire la cuisine après pareille aventure. Pendant 24 heures, il ne me lâcha pas, avoua que je lui avais manqué. Tout rentra dans l'ordre quand je réalisai qu'il n'avait rien mangé d'autre pendant mon absence que du riz, des bonbons et bu du soda devant l'ordinateur. Étrangement, dès la soirée, j'eus des fuites, une vessie capricieuse, des impériosités, mon corps me joua quelques tours et je pris le parti de vivre au ralenti le dimanche en prévision de la semaine laborieuse. Pourtant, linge à laver, suspendre ou repasser en pagaille, aspirateur et menus mitonnés après les deux précédents jours à régime léger me rappellèrent cette chance inestimable que j'ai de pouvoir mener à bien chaque jour de ma vie avec tant d'énergie et de mouvements.
Cette expédition est un cadeau, une joie, une victoire dont j'apprécie chaque élément, chaque seconde d'autant que les circonstances se sont révélées bénéfiques, j'avais par exemple l'argent à cet instant précis alors qu'habituellement, je vis très chichement. Elle est la preuve que je vis, que les portes sont ouvertes, grandement. Y a t-il seulement encore des murs? L'envie folle de multiplier les projets, les péripéties grandit, s'amplifie, en particulier avec mon amoureux qui, quand il est là, accepte, s'adapte, m'accompagne et m'épaule devant ce que d'autres qualifiaient d'obstacles insurmontables... même quand il n'est pas là vu que de loin, très loin, il prend soin de moi, me file des tuyaux, me pousse, m'indique de bonnes pistes.
Merci à vous qui avez illuminé mon périple de vos aides, merci à toi mon corps, merci à toi mon chéri, merci à toi mon amie Magali, merci à toi Björk, merci à toi la vie!
Quant au concert en lui- même, je vous en parlerai plus tard. Patience!
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Commentaires
Tout simplement bravo, c'était chouette de te lire