Après avoir rempli quelque formalité administrative, mon amie des Vosges me propose de visiter Neufchâteau, « Et bien oui ! Je ne connais rien de cette ville et ça nous dérouillera les jambes, occupera les enfants ». Nous rentrons dans des petites rues anciennes, les boutiques colorées commencent à se dévoiler au coin du premier croisement.
Mon amie me propose de se renseigner auprès de la mairie sur ce qu’il y a voir et nous revenons sur nos pas afin de prendre un large passage voûté et sombre, les enfants regardent la plaque monument aux morts des deux guerres mondiales puis nous débouchons sur une cour lumineuse et charmante avec des arbustes devant des façades claires et travaillées. Je remarque les belles fenêtres aux cadres sculptés, les fleurs parsemant la façade de couleurs éclatantes. Nous nous dirigeons vers une grande porte voûtée entrouverte quand deux messiers nous interpellent : "Vous venez voir l’escalier? ". De quoi parlent–ils ? Ils se déplacent de quelques mètres, mon amie entame la conversation en remarquant que l’heure n’est pas idéale (il est près de midi), ils en rient et assurent qu’il n’y a aucun problème, ils ne nous enfermeront pas. C’est donc dans une ignorance totale que nous passons le porche de cette petite porte ouvragée blottie dans un coin de la cour.
J’aperçois simplement une plaque indiquant que le lieu est classé monument historique ; quelle aubaine ! J’aime les vieilles pierres. Nous entrons. Et là, merveille, nous découvrons un escalier superbe entièrement sculpté en tout lieu.
Oeil de bœuf au dessus de la porte, plafond sculpté avec cette face de faune au milieu de végétaux, Les premières marches sont couverte d’un plafond aux sculptures géométriques, presque celtiques. Au centre de médaillons, des branches d’arbres en fleurs s’alignent, sagement rangées.
Mais de quand date donc ce lieu ? Je suis enchantée. Un buste imposant trône au bout de l’escalier, qui est- ce ? Jeanne d’Arc ? Nous sommes dans sa région après tout. De grandes fenêtres éclairent ce lieu blanc, grisé par le temps. Je m’interroge sur la date, le XVIe siècle peut être ? Ces sculptures, cette abondance dans la pierre, cela y ressemble. Une ambiance que je crois reconnaitre telle celle vue dans les châteaux de la Loire il y a des années.
Le plafond du petit palier est une explosion de courbes autour d’un motif central fleuri, avec des demi- coquilles, entre saint Jacques et palmettes sur les bords.
L’escalier tourne et s’ouvre sur d’autres marches ; les sculptures du plafond changent encore. Quel foisonnement en si peu d’espace ! Elles conduisent à un autre palier où trônent deux magnifiques portes. Très foncées, entièrement sculptées, elles me renvoient à des images anciennes de l’histoire de France.
Œil de bœuf au dessus, les portes ouvragées de géométrie et de végétaux tout en courbes sont encadrées de demi- colonnes raffinées. J’y retrouve des motifs floraux finement enroulés autour des fûts, branches de quelques plantes orientales (oliviers ?). Des chapiteaux type corinthien, couverts de palmettes éclatent et déploient leurs feuilles de pierre. Une explosion de végétations.
Chaque plafond des volées de marches est orné de sculptures différentes. Je ne me souviens plus de leur ordre d’apparition, impressionnée par la richesse du lieu si discret de l’extérieur.
Il y a des motifs géométriques, quasi celtiques, entrelacs de cercles et droites ou d’ovales et de rectangles, des médaillons avec des bouquets de fleurs en pot s’alignant entre des formes géométriques, ronds encadrés de rectangles…
A l’extérieur, je n’ai pas pu résister à l’envie de photographier la porte d’entrée de cette bâtisse car elle laisse entrevoir les charmes de l’intérieur opulent et raffiné, de cette délicatesse de l’époque où les arts s’inspirent de l’Italie, de Florence. Etant mal voyante et sensible à la lumière, c’est mon amie qui m’a guidée afin de prendre les photos de certains détails inaccessibles à ma vue.
Dans la pénombre du bas, j’ai pu voir les formes générales alors que les détails et les plafonds très éclairés par les grandes fenêtres m’étaient plus flous. Je ne peux donc pas vous en donner une description précise, simplement partager mes sensations sur cet escalier surprenant.
Notes trouvées sur le site de Neufchâteau :
Rue commerçante de Neufchâteau. Au n° 28, l'hôtel de ville occupe un hôtel particulier reconstruit de 1578 à 1594 sur un sous-sol du XVème siècle pour un riche marchand de grains, Jean Mengin de Houdreville : façade décorée, escalier tournant daté de 1594, puits du XVIè s. Dans cette petite ville vosgienne, il y a aussi une très belle place XVIIIe et les ruelles anciennes sont magnifiques.
Fée des Agrumes.
Merci à Fée des Agrumes d'avoir accepté d'écrire ce bel article sur Neufchâteau. Qui ne connaît pas encore cette blogueuse aux talents et intérêts multiples, toujours curieuse de belles rencontres ? C'est un honneur pour ce blog de la publier !
Avec cet article, elle nous montre qu'elle est aussi une dénicheuse de lieux secrets. Elle nous fait découvrir les merveilles de la Renaissance de sa région, et par le même coup nous profitons de sa plume et de ses photos.
Qu'elle en soit mille fois remerciée !
commentaires
fée des agrumes
mariev
Abellion le Polygraphe
enriqueta
Abellion le Polygraphe
Oui, la fée sait découvrir les endroits magiques. Mais quoi de plus normal pour une fée, non ?