• Stéphane Hessel est mort. Il était très âgé, c’est dans l'ordre de la vie.

    Je l'ai su très vite ailleurs sur la toile, là où je milite, là où je croise d'autres engagés et militants. Je tiens à le saluer pour son dernier voyage indéfinissable.

    J'aimais entendre cet homme. Ses paroles, ses positions avaient un parfum exaltant empreint de clarté, de lucidité, de conviction. J'aimais sa force intérieure, son goût de l'autre, des autres, de l'au- delà soi. Il était pleinement vivant, tourné constamment vers la vie.

    Je n'ai pas son livre Indignez- Vous, je l'avais lu, prêté par quelqu'un il y a quelques années sans qu'il provoquât en moi d'enthousiaste, j'ai même été surprise qu'il ait tant d'écho puisqu'à mon goût, je le trouvai somme toute consensuel. Est- ce parce que la tâche me paraît si gigantesque que je mets la barre haut dans l'engagement?

    Il n'était qu'un homme. L'immortalité n'étant pas de notre ressort, il sombrera dans les méandres de l'oubli, inévitablement... A moins d'une transmission? Qui saura garder vivante la flamme qu'il animait?

    J'ai foi en l'humain vivant. Elle m'aide à supporter la médiocrité, la lâcheté, les peurs, les fuites, l'illusion et la frénésie généralisées. Elle s'alimente de présences comme celle de Stéphane Hessel. Puisse t-elle ne jamais se tarir.

    Au revoir monsieur, vous allez nous manquer.

     Indignez- vous, Arte

     

     


    votre commentaire
  •  Régulièrement et chaque jour, les centimètres s'accumulent surtout là où il n'y a pas de dégagement. Certains passages se transforment en patinoire, les trottoirs sont peu dégagés, beaucoup oubliant leur responsabilité. Ce n'est déjà pas évident d'y évoluer quand on est valide, qu'il est épique de s'y mouvoir quand les troubles de l'équilibre sont réels, que le corps ne répond pas si naturellement. En fauteuil, je n'en parle même pas. Bah, hors nécessité, le repli chez soi est une solution. Ainsi, étant affaiblie par l'angine, je ne me remue pas à forcer la marche. Il m'est d'ailleurs souvent arrivé ces derniers jours de prendre la voiture pour faire quelques mètres, ce qui m'est habituellement aberrant. Là, je n'avais pas la force de marcher... encore moins dans la neige. Et j'ai constaté.

    Parce que bien des aires de stationnement ne sont pas dégagées, les lignes de marquage deviennent invisibles. Les voitures sont placées aléatoirement, au gré des allées et venues, de la bonne volonté des conducteurs aussi. Et pour les places handicapées, nombreuses sont celles qui n'ont pas de panneaux alors, elles disparaissent sous la neige. Étrangement, leur présence est oubliée. Certes, il suffit de quelques inhabitués des lieux, d'une ignorance sincère pour que la place soit occupée par un valide. Seulement, quand arrive quelqu'un ayant besoin de cette large place pour sortir, évoluer avec un fauteuil, des difficultés à se mouvoir ou encore de la fatigabilité, qu'est- ce qu'elle fait? Occasionnellement, j'ai à me garer plus loin; quand je suis en forme, c'est une expérience positive permettant de réaliser ce que je récupère. Par contre, quand je sais que je vais piétiner un certain temps à tel ou tel endroit ( faire les courses par exemple), avoir à marcher plus loin en sortant demandera à puiser dans les ressources profondes- et je ne parle pas des éventuelles conséquences sur ma vessie capricieuse ou alors, là, en l'occurrence, quand je suis affaiblie par quelque autre maladie de saison, je passe par quelques secondes de profonde lassitude. Surtout au retour. Reprendre la conduite de suite n'est pas judicieux alors, ma foi, je prends du temps, quelques minutes pour me reposer. Sur le plan individuel, ce n'est pas bien grave, je m'adapte, j'ai la chance d'en avoir les moyens. Au delà, je me soucie de ceux qui sont plus entravés et surtout, je m'interroge sur le sens de ces petits riens du quotidien pourtant si révélateurs des choix de société au sens de vivre ensemble. Et oui, je reste fidèle à moi – même. Force est de constater qu'en cas de neige, la priorité est donnée aux grands axes routiers puis aux routes. Les aires de stationnement sont négligées sauf devant les grandes surfaces; dans les villes, les villages, les trottoirs ne sont pas dégagés et les piétons n'ont qu'à se débrouiller surtout que le chasse- neige renvoie sur les côtés ce qu'il a enlevé de la route. Pareillement, que dire du chemin de fer? Combien de retards, d'annulations parce que les voies ne sont pas dégagées? Combien de déplacements quotidiens en train grandement contrariés alors que les voitures circulent allègrement?

    Évidemment, les responsabilités sont variables et multiples ce qui ne permet pas de décision concertée générale, je relève toutefois combien ces choix, dans leur globalité, révèlent les priorités: le véhicule qui va vite pour un humain (hyper?) actif.

    Pourtant, en hiver, il neige et tous ne vivent pas au royaume de la voiture individuelle munis d'une énergie débordante sous le règne de la vitesse.

    Nous aurions tant besoin de prendre le temps de vivre, d'accepter que physiologiquement, l'hiver est la saison du ralenti, du repos, que autrui, à côté, devant, a lui aussi besoin d'être en sécurité sur la voie publique à pied, à vélo, en fauteuil, agile, jeune, âgé, valide, handicapé. L'humanité est multiple, certainement pas stéréotypée. L'oublier, c'est s'amputer soi- même.

     


    2 commentaires
  • A la maison, il accepte sans juger mes cris, tempêtes et pleurs imprévisibles, mes élucubrations et péripéties, ma maladresse, mon joyeux foutoir, mon ado affreux jojo. Il veille sur moi, m'accompagne, fidèle, bon et généreux, dur et ferme pour poser des limites ( ce dont bénéficie grandement mon fiston … et moi par la même occasion). Il est ouvert à mes expériences, mes pistes de réflexions, nous cheminons ensemble alors qu'absolument rien ne nous y prédestinait. Une rencontre par hasard a tout bouleversé.

    Dans le précédent article, je n'ai pas fait mention de son existence. Il est pourtant là pour me soutenir quand je vacille, il m'encourage dans le doute, me remet les pendules à l'heure quand je déraille, s'adapte à mes handicaps constamment, se charge de prendre en charge ce qui m'est trop lourd à gérer, écoute la réalité de ma vie chaotique, me fait rire de ce qui me terrorisait. Bien que souvent loin pour des raisons professionnelles , il se soucie de moi à distance et me gronde gentiment quand je m'obstine dans le n'importe quoi. Si nous nous en faisons voir de toutes les couleurs, ça pétille, fuse, s'accroche et repart car lui comme moi avons décidé, avant de se rencontrer, que la vie méritait d'être vécue pleinement, que désormais les relations seraient authentiques.

    Bé voui, c'est lui, c'est mon amoureux.

    Certes, il baigne encore- un peu, je suis rude- dans l'émerveillement des débuts mais son attitude décidée me déroute complètement, je n'ai pas l'habitude et j'apprends beaucoup de lui. Mes amies qui le rencontrent sont enchantées car un homme comme lui ne court pas les rues. Je n'exagérai pas en disant que j’étais déroutée « parce que ce n'est déjà pas évident de rencontrer une personne au clair avec elle- même mais là, en plus, c'est un homme!». Chaque jour, je me pince pour me rappeler que c'est vrai, que cet homme qui ne ressemble en rien à mon type existe, est présent dans ma vie. De toute façon, quoi qu'il advienne, lui et moi savons que nous partageons là une expérience de transformation irrémédiable.

     A vous qui vous souciez de mon bien- être, sachez donc concrètement, qu'en chair et en os, avec toute sa tête, un homme attentionné, bienveillant, intelligent, ouvert et tolérant veille sur moi.


    3 commentaires
  • J'ai une angine.

    Il y a trois semaines, ma gorge se serra et enfla, je passai cette sensation désagréable à coup de granules homéopathiques contre le rhume en deux jours. Continuant de subir des caprices de pipi, je mis sur eux la raison de ma grande fatigue persistante. A la danse, il y a quinze jours, je me traînais par terre après 45 minutes de pratique laborieuse et finis pas m'asseoir le long du mur, les jambes cassées, répétant des passages hâtifs aux toilettes. Dans les jours suivants, ma gorge se remit à enfler, avaler ma salive devenait un calvaire et j'y jetai un œil distrait à l'occasion d'une belle lumière dans le dos.. Ola, des points blancs et un fond de bouche triplé de volume... Ferais- je une angine? Je ne me souviens pas en avoir faite; il y a longtemps? Dans l'enfance? J'étais plutôt championne en sinusite. J’essayai quelques remèdes à la maison, sans grand résultat. Un rendez- vous se libéra chez notre médecin très chargée pour fiston se plaignant de douleurs au dos, j'en profitai pour lui demander de jeter un œil sur ma gorge... et elle me gronda de ne pas être venue plus tôt.

    - Tu ne voudrais pas faire une pause?

    - Une pause, comment ça?

    Lever le pied au travail

    - Bah, je fais trois fois trois heures par semaine et je me fatigue plus à la maison alors, je préfère y aller.

    Premier traitement efficace deux jours puis rebelote. Mes heures de travail étaient très spéciales, entre ma gorge serrée, ma tête vaseuse et mon corps traînant. Je demandai de la sollicitude et doucement, je tins le cap avec la coopération de mes apprenants. En plus, la super ventilation pompe à chaleur à la maison ne fonctionne pas, il fait frais ou étouffant selon les pièces, la chaudière d'une salle au travail est en panne depuis presque un mois. Nous y étudiâmes dans le froid trois semaines et desormais, je transporte à travers la rue mon bardas de livres, cahiers, paperasses, stylos, magnétophones en allers- et- venues fréquents. J'y mets un cœur vaillant tout en passant par des phases amorphes à bailler et errer dans la salle, parmi les stagiaires, sans énergie. Dans une autre, c'est surchauffé. Après quatre jours et une après- midi de somnolence au travail, je retournai chez le médecin.
    Qu'est- ce que je suis fatiguée! Je pourrai dormir toute la journée
    Ce n'est pas étonnant vu ton état.
    Nouveau traitement et une ordonnance d'antibiotiques s'il ne fonctionne pas. Étant allergique à certaines pénicillines, c’est à réfléchir et trouver. Constatant une amélioration avec le deuxième traitement, je ne cherchai pas les antibiotiques, heureuse de les éviter... et la nuit dernière fut particulièrement pénible. J'étouffais, ne pouvais plus respirer couchée sur le dos. J'ai peut- être dormi trois heures et inondé le lit au matin. Aujourd'hui, je traîne, me repose et pleure pour rien, épuisée, appréhendant d'avaler quoi que ce soit tellement c'est douloureux. II est temps de passer aux antibiotiques avec l'espoir de sortir de ce fatras.

    Les hivers précédents, j'étais peu malade, est- ce parce que je prends moins le temps de pratiquer le taï chi ou le Qi gong? Je suis lasse, préparer le concours dans l'agitation des derniers mois a été éprouvant. En outre, avoir connu une maladie grave et la sensation de mourir m'amène à relativiser les bobos du quotidien et qui sait, à minimiser certaines affections. Me voilà donc en bel état. La situation est d'autant plus paradoxale qu'à côté de mes traitements contre le rhume, les infections urinaires, l'angine et autres banalités, je continue celui contre la maladie de Devic, immunosuppresseur. Comment voulez- vous que le corps s'y retrouve? J'ai probablement un grand besoin de calme et de repos. Tiens, mon programme est déjà chargé, j'ai à puiser des forces pour aller à la pharmacie alors que je n'ai qu'une envie : me légumer au lit ou sur le canapé... ZZzzz  smile_dormir.gif


    3 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires