• A midi, tarte chaude maison. Pâte toujours expérimentale avec des mélanges d’ingrédients, cette fois-ci, farines  d’épeautre et de sarrasin, avec un petit peu de beure, de la margarine d’olive bio, de l’huile de tournesol 1ère pression à froid (Vous sentiriez la différence ! c’est assez incroyable !), bicarbonate omniprésent dans ma cuisine pour ses bienfaits et eau. Garnie de lardons, de champignons et d’oignons (revenus à la poêle au préalable, une pratique de ma sœur, goûteuse), d’ail, de fromage de chèvre, de noix, de ciboulette,  d’œuf battu avec des laits de soja et de chèvre, noix de muscade ;.. Mais où vais- je trouver de telles idées ?  + salades verte, carottes et betterave crues râpées ( idée piquée à Delphine, grande goûteuse aussi devant l'éternel, merci ma belle!)..

    Quelqu’un a dit qu’une bonne cuisinière est toujours un peu sorcière.. Entre chimie intuitive, et alchimie,  quête et recherche, adaptation et réflexion, il y a bien de ça. 

     

    Au soir, après une après midi à dessert chez des amis, les gaillards ont fait léger : döner kebab.  Sans commentaire… Salades et petits morceaux animaliers de ci de là pour moi…

     

    Je me pose une question à la réponse évidente : notre façon de manger ne serait –elle pas le reflet de notre façon de vivre ?


    3 commentaires
  •  

    A faire l’effort de penser à  ce que je cuisine, je réalise combien chaque repas est conçu dans l’urgence, avec les moyens du  bord, réfléchissant constamment à ce qu’il y a dans les  placards. Je pense que c’est devenu problématique non plus en raison des restrictions financières longtemps mon lot quotidien mais bien parce que je ne peux plus  faire les courses à ma guise. Il n’y a pas même une boulangerie dans le village, le premier petit commerce est  à au moins 10 km; je ne peux conduire ou me déplacer en vélo seule. Un peu de jardin heureusement m’aide.. aussi petit soit-il. Comment pourrais-je en faire un plus grand, seule  d’ailleurs? C’est déjà une belle victoire d’avoir celui là, face à la maladie et aux désapprobations d’autres. 

    Que d’enjeux en de si petites naturalités essentielles…

     

    A midi , pavé de saumon à l’oseille du jardin. Arrosé de cette huile d’olive parfumée maison au basilic et d’un jus de citron, c’était très fin accompagné… de frites ! pour faire plaisir au garçonnet.. Les gaillards  ont parachevé le tout avec du ketchup ou une sauce industrielle toute faite. Sacrilège à mes yeux !

     Au soir, bidouillage : restes de saumon de midi froid, avec des « sigara börek » façon moi. Ce sont à l’origine des petits farcis de Turquie en pâte fine avec du poireau, du fromage, des herbes diverses ou autres. J’utilise souvent des feuilles de brick’ Je n’arrive pas à étaler la pâte aussi finement que nécessaire !) Ce soir, j’y ai mis du yaourt à l’ail, du lait de soja, un œuf et des épinards. ‘Bien fermer et cuire dans la poêle ou le four). Avec un peu de salade verte, le tour est joué. Ouf, encore des estomacs pleins jusqu’à demain.

     

    Je suis quelque peu gênée par la consommation bi-quotidienne de protéines animales. C’est trop et pour nous et pour tous. Jean Siegler (ancien rapporteur de l’ONU sur la question de la faim) le dit ; si nous devenions tous végétarien, il n’y aurait plus de faim dans le monde. C’est aberrant et contre productif de manger tant de viande. Mes tentatives déguisées restent souvent vaines, il y a systématiquement quelqu’un pour sortir du jambon ou des boites de sardines… pffffff

     

    A propos, mon garçon n’a pas daigné manger son saumon et quand il a débarrassé, il a demandé s’il devait le jeter. J’ai répondu qu’un animal était mort pour donner sa chair, était- ce pour finir à la poubelle, SeN de renchérir que nous avions travaillé pour l’acheter. Mon garçon continua : et des gens ont travaillé pour l’élever,  le pêcher, nous l’amener.

    Dans nos sociétés de consommation où nous sommes si éloignés de la réalité concrète de la quête de nourriture, il est bon de se souvenir de ces petits riens, non ?

     

     


    3 commentaires
  •  

    Mais pourquoi ce chapitre me ramène t-il vers les ergo ?

     

     Elles se reconnaîtront

     

     

    1. Ossobuco à la tomate avec pommes de terre primeur, salade verte (du jardin)

    Restaient un fond de sauce, de petits bouts de viande non mangés et  quelques pommes de terre, j’ai mitonné, pour le soir, une potée en ajoutant de l’eau, une courgette  en cube et des lentilles corail.

    Arrivée surprise de ma mère et grillades improvisées :  brochettes de canard avec ananas, demi poivron et champignon frais, deux saucisses fumées ; salade verte/ tomate arrosée de l’huile d’olive parfumée au basilic et à l’ail frais, fromage de chèvre..

     Périlleux de trouver un repas pour quatre in extrémis…

     

    2. Préparation par SeN de filets de poisson blanc enfarinés cuits au beurre. Ajout de riz parfumé et d’une julienne de légumes agrémentée.

    Repas vite improvisé en raison de ma sortie matinale à la recherche de mon bidon de pulpe d’Aloès. Je commence une cure histoire de voir si je peux en tirer profit… Encore un test.

    Le soir, retour de la potée tomates. Si mes gaillards n’en veulent pas, je la mixe et ça passera en soupe, et toc !


    Savez- vous que l’eau de cuisson des pommes de terre est un désherbant naturel ? Autant manger des patates que de larguer ces produits hautement toxiques vendus en libre service dans les supermarchés ! Une honte d’ailleurs !


    2 commentaires
  • Nouveau chapitre au titre néologique parce que je me rends compte que je suis une vraie écriturienne (entre écriture et Epicure):D Joueuse de mots et d’astuces langagières, je me régale à écrire ces articles, mes journées s’en remplissant jusqu’à y penser au  réveil, au coucher.. Queneau, Queneau quand tu nous tiens ! 

    L’idée de ce chapitre m’avait traversée il y a longtemps et les émeutes de la faim m’ont tant choquée que je m’étais interdite de faire la liste de mes repas d’occidental en pays riche quand d’autres mourraient de faim. Finalement, ce sera un bon moyen pour moi d’avoir du recul sur mes comportements alimentaires, mon rapport à la nourriture et voir enfin si j’arrive à appliquer mes idées dans la pratique : bien manger gustativement et nutritionnellement en  se contentant de peu par solidarité envers la communauté humaine.

    Il y aura aussi mes tentatives d’application de principes raisonnables  pour une vie simple, frugale à l’impact le plus moindre possible sur l’environnement. ( à venir un compte rendu de lecture  de Michel Serres dans cet ordre d’idées).

    De la décroissance et autre in appropriation. :P


    votre commentaire
  •  

    Horrible souvenir que cette fin d’année quand j’y repense.

    Horrible pour tous ceux qui m‘entouraient et assistaient impuissants à ma chute inexorable.

    Je vous préviens, les articles sur ce mois de décembre seront durs.

     

    La deuxième cure d’Andoxan ne me rassurait pas du tout et ce fut inquiète que j’y allai  Les trajets en voiture, même en ambulance sont  agitateurs de vessie, conjugués au stress des transferts dans les escaliers de la maison, à la montée et à la descente de voiture, portée, transbahutée.  Ainsi,  à peine dans la chambre d’hôpital, je demandai de l’aide pour aller aux toilettes car il m’était difficile de faire mes transferts seule sans craindre la chute. L’infirmière n’était pas disponible de suite en raison d’une recrudescence de tâches et j’attendis. Seulement, quand le corps s’échappe, il y a des urgences ; ne tenant plus, craignant encore une inondation, je pris le risque. C’était le même scénario à chaque fois : préparer le matériel de sondage, se laver les mains (quand il ne faut pas encore nettoyer les toilettes), passer sur la cuvette, se déshabiller, se sonder et même chose en sens inverse. Essayez donc de le faire quasiment aveugle et sans possibilité de commander les jambes. Entre le fauteuil et la cuvette, malgré toutes mes précautions, je tombai, glissant lentement sur le sol, tordant mes pauvres pieds et jambes sous le poids du corps sans que je pusse faire quoi que ce fut pour l’éviter ; ma vessie se vida sous le choc, j’avais tout gagné, bravo. Il me fallut sonner pour appeler quelqu’un, je ne pouvais rien faire, pas même enlever les nœuds et contorsions de mes jambes. Une aide- soignante répondit, repartit chercher de l’aide et l’infirmière, Céline, connue depuis l’hospitalisation d’août arriva en s’excusant de n’avoir pu venir plus vite, elle était tellement confuse. Je m’excusai à mon tour de n’avoir pu attendre. Ce n’était la faute de personne de toute façon. Elles n’arrivèrent pas à me soulever à deux, j’étais tellement enchevêtrée ; vite, le soulève-malade était juste dans le couloir, autant en profiter. Une troisième l’amena et elles commencèrent à m’entourer du harnais. Zou, le bouton et le bras commença à me porter. Arrivé à mi- hauteur, voilà que mon corps se mit à glisser entre les sangles, j’étais trop menue, trop mince et les mesures standard ne pouvaient pas me contenir ; je recommençai à tomber ; tout fut à refaire. Trois personnes étaient avec moi, cherchant des solutions dans l’urgence, une belle agitation ; le soulève-malade fut écarté et comme il n’y avait rien à faire, Céline m’attrapa dans ses bras et dans un effort suprême me souleva du sol pour me remettre dans le fauteuil. Je n’avais rien dit, je faisais de mon mieux pour coopérer, je finis par la remercier. Enfin, il fut possible de s’occuper de moi. De penser à leur dévouement, j’en ai encore chaud au cœur 

    Je fus installée dans le lit et comme il était ingérable de faire face aux conséquences du produit de rinçage, en particulier, une sonde permanente fut posée. Contrôle du cœur, du sang et dès que les résultats furent connus, la perfusion fut posée. Je ne saurais dire ce qu’il se passait, le produit entrait et mon corps se délitait. Au soir, j’étais allongée, anéantie, le monde n’avait plus de place, je n’avais que ma souffrance diffuse et sourde, une souffrance hurlant à l’intérieur. SeN vint me voir et je finis par fondre en larmes, désespérée, appelant à l’aide, sachant pourtant pertinemment qu’il ne pouvait rien faire ; j’avais tellement besoin de sentir une présence chaleureuse tout près de moi. L’infirmière du soir nous trouva ainsi, figés dans la douleur et l’impuissance. Elle s’en soucia et nous invita à parler au  médecin. Avions – nous le choix ? Le chef de service était présent ce soir-là et il préconisa de prendre une substance pour soutenir le moral : «  Dans la sclérose en plaques, c’est primordial, le moral doit absolument tenir ! ». Il était volontaire, persuadé que c’était une question de déprime, je me pliais à sa consigne sans y croire sentant bien que mes sensations n’avaient pas de poids face à la science. Nous espérions que ce fusse si simple : déprime, pilule magique et pfu, c’est reparti ! Il m’avait paru froid et distant ; quand il sortit de la chambre, j’entrevis un regard plus humain ; dans son métier, il est normal de se protéger. Nul n’est à l’abri de l’erreur dit l’adage, le demi-Lexomil fondit sous ma langue et je passai l’une de mes plus mauvaises nuits, tenaillée entre détresse, souffrance et tourments. Force est de constater que tous les anti- dépresseurs ou anxiolytiques me sont néfastes, peut être bien parce que je n’en ai pas besoin ?

    A compter de ce deuxième traitement, mon état se dégrada continuellement, de jour en jour, inexorablement. Dans les quinze jours, je fus incapable de me tenir assise.

     Je repense aux espérances chimériques dans le traitement de ceux qui suivaient ma mésaventure de loin quand je le sentais me détruire. Comment leur expliquer que c’étaient leurs propres angoisses qu’ils cherchaient à calmer face à ma déconfiture, miroir de la fragilité de la vie, de leur propre vie ? Ô combien exaspérant  et si inutile d’expliquer.

    Ce fut pendant cette hospitalisation que des membres de la famille revinrent après des années de silence. Si pour certains, je ne doute pas de la volonté de me soutenir, il en est d’autres qui m’amènent à m’interroger. Je ne me gênai pas pour remarquer qu’il était quelque peu désastreux de ne se voir que pour les drames, maladies, enterrements et catastrophes. Cela a-t-il eu une répercussion ? Il y en eut pour me parler d’eux pendant toute la visite, leurs petits soucis étaient tellement plus importants que l’essentiel. Centrés sur eux- mêmes, je les plains, leur vie doit être bien misérable.

    Je me souviens également de ce dimanche, il faisait nuit, la ville s’animait dans les préparatifs des fêtes de fin d’année et j’étais clouée au lit. Les illuminations dans la nuit, les odeurs de marrons et vin chaud, les musiques, les couleurs et la quête des cadeaux à emballer dans les papiers multicolores me manquaient tellement. Hors de la vie ? Mon dernier Noël si triste ?  


    2 commentaires
  • Très vite, Solange m’avait prescrit des aides et des soins à domicile. Je rencontrai une assistante sociale, une chargée d’insertion pour le retour au travail… J’étais consciente de ce qui se passait concrètement, cela ne m’empêcha pas d’avoir l’impression d’être face à des êtres venus d’ailleurs s’exprimant dans une forme de langue  étrange. Je sentis la volonté de faire ce qu’il y avait de mieux pour moi, d’adapter ma vie avec le handicap. Je  ne pensais pas que j'étais handicapée, j’étais malade et je ne me suis jamais imaginée en fauteuil à vie, dans cet état. Je me souviens avoir pleuré, débordée par toutes ces informations si lointaines de ce que je pouvais imaginer de mes 34 ans. N’ avais- je pas entendu sans cesse dans la bouche de SeN que nous étions jeunes, que nous avions le temps ? Et là, je me retrouvais confrontée à des situations de dépendance.

    La vie n’est pas un fleuve tranquille, je le savais depuis toujours, avec cette vie, ma vie emplie d’épreuves, de pertes, de batailles pénibles, de blessures profondes inscrites dans l’inconscient personnel et familial. J’avais cru quelques années auparavant que rien de pire ne pouvait m’arriver et l’atteinte passait en cet instant par le corps ; mon propre corps qui me lâche alors que je croyais pouvoir compter sur lui, que j’avais confiance en ces ressources, mon propre système immunitaire devenu fou attaquant mon système nerveux… Incompréhensible, une baffe comme on ne s’en prend que peu. .

    Les infirmières les plus proches étaient les sœurs missionnaires, je les avais naturellement contactées et ainsi, je fis la connaissance de sœur Thérèse . Originaire d’Inde, elle consacre sa vie à Dieu et aux autres. Dans nos contrées, il est commun d’imaginer un occidental aller aider les pauvres des pays du Tiers-monde et je fus impressionnée par ce petit bout de femme venu de si loin ; après tout, la souffrance et la bonté sont  universelles ; il n ‘est question que de communauté humaine. Toute douce, énergique, délicate et pétillante, elle partagea ma dégringolade effreinée au fil des jours. Au début, elle m’aidait, m’accompagnait dans mes tâches matinales les semaines où SeN était du matin et ne pouvait le faire. Je faisais tout ce que je pouvais seule, elle s’occupait d’être mes yeux et mes jambes. Nous avons beaucoup discuté de nos vies respectives et j’étais heureuse de l’entendre me parler de son pays, de sa famille, de la difficulté d’être loin d’eux , de  son arrivée en France : la barrière de la langue, la  différence de culture, l’isolement en cette région enclavée… Nous riions souvent ensemble, nous nous sommes rencontrées et elle a été un réconfort pour moi.

    Face aux événements, j’avais réalisé que je ne croyais ni en Dieu, ni en la religion mais toutes ses paroles résonnent encore en moi. Quand certains événements me renvoient à des idées plus sombres, je me souviens de ce qu’elle a dit, paroles d’évangile et de sa foi, parole de ma foi en elle. Je ne l’oublierai jamais.

     

     Après ma première cure, je devins donc incapable de me dresser sur mes jambes, de faire mes transferts, sœur Thérèse toute menue ne put plus me soutenir et elle ne cessait de nous dire qu’il fallait prendre contact avec un autre organisme où ils se déplaçaient à deux pour porter les malades. Très vite je me retrouvai complètement tributaire des autres pour les actes les plus élémentaires de la vie. Ma mère commença à venir plus souvent pour nous aider, Fiston se débrouillait au maximum seul, SeN  courait dans tous les sens pour trouver des solutions, faire tourner la maison. Il fabriquait des rampes, il déplaçait les meubles, il me portait, me lavait, nous nourrissait. Sa mère faisait le linge, une aide à domicile s’occupait de faire les sols et le repassage, la vie prenait un tournant des plus incroyables, je ne maîtrisais plus rien, absolument rien, ma propre vie m’échappait. Je m’accrochais à mon rythme avec les séances en hôpital de jour, avec les heures passées en compagnie de quelqu’un car seule, je ne pouvais rien faire, pas de télévision pas d’ordinateur ni d’internet, pas de lecture, pas d’activité minutieuse, pas de tâches ménagère, rien, rien , rien que la radio et l’impossibilité de changer les stations car je ne voyais pas les touches de la télécommandes et n’avais jamais songé à les apprendre par cœur. La présence de quelqu’un me faisait du bien , je me sentais encore un peu dans la vie et je recevais chacune de leur attention comme un cadeau inestimable. Sans grande conviction, luttant chaque jour pour me raccrocher aux petits riens, je me retrouvai donc en décembre pour la deuxième cure.


    2 commentaires
  • Le rendez- vous pour la première cure d’Endoxan arriva. Nous mettions tous des espérances dans ce traitement et quand l’infirmière ( Christelle je crois) vint me mettre la perfusion, je pensais fort à tous ceux qui avaient promis de croiser les doigts pour que cela marchât. Je le lui dis  : « Si vous saviez combien de personnes sont enA pensées avec moi maintenant, en cet instant ! » Ma chère Sandrine des Vosges toujours fidèle et attentionnée m’avait téléphoné avant et me rappela encore après, elle ne me lâcha jamais, constamment soucieuse de mon état tant physique que psychique .

    Dans l’immédiat, je ne remarquai rien.

    L’Endoxan est une chimiothérapie, les doses utilisées pour ce type de maladies ne sont pas aussi fortes que pour les cancers, elle n’en perd rien en effets secondaires. Colette m’avait prescrit une batterie de choc afin de ne pas trop pâtir de ses conséquences et protéger mon foie. (Elle travaille dans le service d’oncologie depuis des années, elle sait y faire). Cure de Desmodium et de granules dans l’indifférence des professionnels toujours sceptiques.

    De cette première cure, je me souviens surtout de la contrainte que furent les allers-retours incessants aux toilettes quand le produit de rinçage passait dans le corps. Ce fut un véritable combat que de se dépêcher de passer du lit au fauteuil, de rouler jusqu’au lavabo, de passer à  la cuvette, de se déshabiller, de passer du fauteuil au siège, de se sonder, re-belotte dans l’autre sens, et recommencer dans la demie heure,  pendant plusieurs heures, avec toujours la potence et la perfusion en place… pfff …Je me disais que si le jeu en valait la peine, ce ne serait que peu de contraintes, vite oubliées en allant mieux.

    Les deux jours d’hospitalisation se finirent et  je continuai sur la lancée : kiné et ergo l’après-midi. Je plaisantai avec l’équipe,  Maud en particulier, tressant le panier en osier si agréable à monter sans y voir. Tout à coup, je sentis une fatigue lourde m’abattre, en quelques secondes; je me sentis défaillir et  demandai à me rasseoir dans le fauteuil ; je ne me sentais pas bien. Ce jour-là fut le dernier avant plusieurs mois où je pus me tenir debout.

    Avant cette cure, je me dressais sur mes jambes, me tenant à quelque chose pour atteindre les objets en hauteur, je pouvais assez facilement faire mes transferts. Après, j’en fus incapable, je me sentis glisser doucement vers un autre écueil.

    Les jours passaient; insidieusement, mon état se dégradait lentement. Inquiète,  j’en parlai à Gilles qui m’expliqua que les effets pouvaient se faire attendre, qu’il n’y avait pas lieu pour l’instant de juger de l’efficacité du traitement. Je ne doutais pas de la personne mais désormais, je n’avais plus confiance dans l’Endoxan, j’avais la sensation qu’il me faisait plus de mal que de bien. Je le sentais dans mon corps qui me criait son désaccord ; très bizarre à vivre. Ma tête essayait de raisonner, de prendre patience… la dichotomie se creusait.

    La vannerie se fit assise, Raphi adapta la kiné à mon corps désormais incapable de compter sur ses jambes- pivots ; il essaya de maintenir la souplesse des membres pour qu’ils évitassent de se contracter trop violemment, remettant inlassablement le squelette en place, testant des pratiques apprises en ostéopathie, massant pour relâcher les contractures. Toujours à l’écoute de mon être dans sa globalité, chacun y mettait son cœur.

    La vie à la maison se compliqua, les déplacements également.  Fut-ce ce mois  que je me retrouvai debout dans l’escalier  incapable de lever les jambes? Je ne sais plus. Toujours est-il que ce jour-là, l’ambulancière dut porter chacun de mes pieds d’une marche à l’autre pour que je pusse rentrer chez moi. Il n’y avait personne pour me porter et nous nous arrangeâmes de la sorte. Quelle atroce supplice que de voir ses pieds incapables de répondre au moindre ordre venu du cerveau ! Le corps qui s’échappe et devient étranger à son être… Dès lors, il fallut deux ambulanciers pour me porter dans les escaliers.

     


    2 commentaires
  • Voici quelques images de notre expédition aux Eurock.

       




    Sharon Jones & the dap kings ( sans jumelles)


    The Wombat


    Camille avait le soleil pour se cacher des photos amateurs. Dommage.

    En mouvement et son très mauvais.. Limite psychédélique... Non, nous n'avons ni bu, ni fumé.. encore qu'avec les odeurs de chichon, nous en avons peut être inhalé malgré nous...

    Sant Old Gold

    *
    The Wombat, court, long et batterie en mélange

     




    Pardon aux puristes, c'est juste pour rigoler! Et si ça bouge, c'est parce que nous dansons.

    votre commentaire
  •  

    Trop fâchée d’avoir raté l’édition 2007 (Je ne verrai jamais les Rita !!!), j’ai beaucoup parlé de mon envie d’y aller cette fois-ci. Après des tergiversations inintéressantes parce que révélatrices d’autres choses, je me suis retrouvée avec mon amie Babeth, sa fille et mon fiston en partance pour Belfort. Quelques désagréments ne prendront pas de place dans cet article car ils sont vraiment passés bien loin derrière tout le reste. Cette année encore, je fus ravie. Baptême d’Eurock pour Babeth  et les enfants, des concerts formidables, des rencontres, une organisation du tonnerre.

    Grâce à SeN, j’ai sélectionné les groupes parmi ceux dont les noms ne me disaient rien. Fiston et moi voulions voir Camille, j’avais repéré un groupe classé Soul. Je me retrouvai avec un programme très organisé, les concerts se suivant de près avec des plages de répit pour d’autres activités.

     

    Camille,  chanson, 18h00

    Fidèle à elle- même, pleine d’audace et de créativité. Une modestie même à quitter la scène ou son  devant pour laisser place à ceux qui l’accompagnent, sautant et dansant avec une énergie incroyable, une large palette de sons, de tons. Beaucoup d’humour et d’auto dérision. Deux choristes féminines, deux hommes sur des estrades tapant des mains et des pieds avec une synchronie parfaite, deux énergumènes capables de produire des sons inimaginables dans la bouche d’un humain ; comme ce japonais ayant travaillé sur Médulla de Björk. Voici les ingrédients de ce spectacle vitaminé et original. Je connais peu d’artistes capables de tant d’audace. Après, on aime ou non, c’est personnel.

     

    Sharon Jones & the dap kings, soul, 19h10

    De la soul de qualité! Ce fut une belle surprise de se retrouver dans cette ambiance avec une grande équipe menée tambour battant par un petit bout de femme énergique et puissant tant dans la voix que dans le geste. Le public était porté, transporté. Entre les cuivres, les percussions, la musique avait la chaleur de la musique noire américaine porteuse aussi de toute leur histoire. Aretha Franklin, Otis Reding, James Brown, Eta James et consorts  ont traversé mon esprit tout du long, c’est dire.

     

    Phoebe killdeer & the short straws, folk : 20h20

    Pour passer le temps entre deux. Présence sur scène de la chanteuse, assez classique  cependant; pas très transcendant à mon goût, pour les amateurs. Je n’en garde pas vraiment un grand souvenir moins d’une semaine plus tard.

     

    Lady Saw & the scrucialists, ragga dance hall : 22h30

    Voilà  autre chose, une vraie surprise. Je ne connaissais pas, ni le groupe, ni le genre, à peine une vague idée de ce que cela pouvait être. Et je fus ravie. Encore une chanteuse avec une forte présence sur scène qui évince complètement les musiciens, pour preuve cette sorte de prière a capelle en fin de concert très émouvante, influence du gospel et de la musique noire évidente. Très entraînant et fort émotionnellement. Envie de danser et de partager le monde dans un élan d’universalisme, envie de lutter aussi contre les injustices.

     

    Santogold, electro pop : 21h30

    Complètement différent. Très électro avec trois chanteuses, un dj (du moins ce que j’ai vu). Une mise en scène étrange, peu commune. Ne bougeaient que ceux qui participaient au morceau, au passage. Les autres chanteuses muettes restaient statiques, comme des statues ; elles se mettaient à bouger en ouvrant la bouche. De loin, avec mes moyens j’ai mis du temps à comprendre, je croyais que c’étaient des espèces d’images ou de mannequins.  Du laser et des lumières évidemment. Une très bonne ambiance très dansante et énergique. Un vrai plaisir.

     

    The Wombat, pop rock : 23h40

    Waouh ! Du vrai, du pur ! Une énergie communicative, du ressort, un public transporté et dynamité ! La foule qui saute et danse unanime au son d’une musique explosive ! A faire se lever les morts ! Un régal qui donne  du punch, l’envie de croquer la vie à pleines dents. On en ressort gonflé à bloc malgré l’heure tardive. Et j’ai dansé, dansé ! Comment y résister ?

     

    Maintenant, je tiens à tirer mon chapeau à toute l’infrastructure mise en place pour les personnes handicapées. J’avais déjà profité en 2006 du parking près de l’entrée, de l’accès VIP, des plates- formes, surtout de celle de la grande scène très bien placée.  Et cette année, il y avait en plus un stand de l’ AAAL pour les personnes mal/ non voyantes où toute une équipe disponible nous a accueillis chaleureusement. J’ai été accompagnée par un guide sur les plates- formes, il portait la chaise que j’avais demandée et trouvée sans problème. Il ouvrait la voie parmi les festivaliers vautrés sur le sol ou entassés sur certaines plates- formes. Fermez les yeux rien qu’à demi et essayez de trouver votre chemin dans une telle foule, sur un terrain accidenté. Parce que le handicap invisible n’est pas plus facile à gérer.  J’avais emmené les jumelles de ma sœur trop frustrée de ne pas avoir vu Björk à Nyon et Emilie Simon à Colmar. J’ai pu profiter pleinement de ces concerts. Merci à vous tous.

    Il est clair qu’il y a encore des progrès à faire : l’accès à toutes les scènes n’est pas aisé, surtout pour les personnes en fauteuil, les déplacements sur le site relèvent du tout terrain parfois, impossible seul, les festivaliers ne rechignent aucunement à faire de la place quand cela leur est demandé mais est- il nécessaire de se justifier pour pouvoir passer ? et les toilettes ! c’est décidément récurent, partout et toujours. J’ai prévu de faire un article uniquement sur le sujet car un valide ne se rend pas compte de ce qui s’y joue. Des toilettes à usage réservé et à l’hygiène irréprochable seraient idéales, un jour peut- être ? Je ne désespère pas.

     

    Notion spéciale à mes accompagnateurs : Babeth qui comprend tout sans que j’aie à lui expliquer quoi que ce soit, anticipant même certains besoins, sa fille Coralie, adorable, jamais égocentrique, soucieuse d’autrui et mon zozo de garçon qui décidément m’étonnera toujours par sa générosité et son dévouement. Il a voulu porter le  gros sac et la chaise, il a couru seul parmi cette foule sur le site pour chercher ce dont j’avais besoin, faire la queue pour faire quelques achats, … Sacré bonhomme !

    Anecdote :

    Pendant que nous  étions à un concert qu’il n’a pas voulu voir fiston est resté au stand de l’AAAL, sagement à nous attendre.  Une foule est arrivée et comme il s’interrogeait, il lui a été expliqué que c’était une chanteuse ; il ne la connait pas et nous ne saurons pas qui c’était. Il l’a vu signer des autographes, faire des photos et sa conclusion : " Ils en font des histoires alors que finalement ce ne sont que des gens qui ont réussi dans leur vie. "  Il a avoué qu’il aurait préféré que ce soit Camille pour lui demander une  signature, ou alors Emilie Simon et si c’était Björk, il serait tombé dans les pommes.

     

    En conclusion, je reviendrai chaque fois que le programme me plaira et je n’attendrai plus sur quelqu’un  pour organiser ces sorties  Il n’y a d’impossibilité que celles que l’on s’impose … ET HOURRA A LA VIE !

     


    2 commentaires
  • Titre improbable, il s’en faut et pourtant, quelle découverte ! J’étais curieuse de ce qu’il pouvait contenir, devinant sous cette dénomination une forme d’ironie envers certains grands parleurs qui étalent leur culture à tout va… Et bien non.

    La structure d’ensemble est très universitaire, l’énonciation pédagogique si je puis dire ; il y a le plan habituel des dissertations ou des compositions avec annonce d’une idée, son explication, son illustration et une conclusion, des chapitres très structurés et clairement définis. En cela, ce peut ne pas être accessible à tout public. Pourtant, chaque idée proposée devient limpide et évidente grâce aux exemples  et surtout parce qu’il y a dans les mots une grande sensibilité, une ouverture formidable sur l’être, de l’apparence à la profondeur. Parce que ce que nous lisons est révélateur de ce que nous sommes, ce que nous ne lisons pas également. S’établissent des bibliothèques intérieures, implicites au sein de la personne, de son groupe social, de la nation, voire de l’humanité.

    Entre non-lecteur cultivé et lecteur ignare, le premier a les moyens de replacer l’œuvre, son auteur dans son contexte (littéraire, historique, sociologique, culturel et j’en passe…), il  peut se faire  une idée du contenu du livre non lu  alors que le deuxième,  ingurgitant des écrits à la chaîne en simple tue-le-temps ou collection  ignorant le dit- contexte n’en soupçonnera ni les enjeux, ni les desseins, ni la valeur.

    Ne voyez pas là la réflexion d’une espèce d’intello pédant(e) !

     Car ce n’est ni ce que dit le livre, ni ce que je veux dire. L’ignorant qui s’instruit et apprend à toutes sources est la base de toute personne cultivée. (Je ne m’étends pas sur l’acuité d’esprit de chacun, une personne « cultivée » n’étant pas forcément intelligente, dévidoir de savoirs accumulés sachant souvent manipuler les esprits naïfs ou ignorants...), non. L’inculte curieux de connaître une œuvre au delà d’elle seule n’aura pas à la lire pour la saisir. Parce que il n’est pas nécessaire de lire les livres pour les connaître, il est nécessaire de savoir d’où ils viennent, ce que d’autres en ont dit, nécessaire d’avoir la connaissance générale autour de l’œuvre.  En elles-mêmes, nos lectures parlent de nous, elles sont des reflets de nos  intérieurs en ce qu’ils ont de plus secret. Et c’est en ça que la lecture relève plus de la quête de soi que de la nécessité d’accumuler des listes de livres lus.

    Ainsi, cet essai fait prendre conscience de notre rapport au soi, à l’autre et à notre environnement, à l’image que nous percevons et à  l’image que nous voulons donner, consciemment ou non.

    Alors, oui, si vous voulez faire ce voyage incroyable et surprenant, allez y, lisez cet essai, voyagez au plus loin des représentations habituelles du livre et de la culture, pour revenir finalement, après un passage dans l’immensité au creux de notre plus profonde intimité. Vous  n’écouterez plus les discours habituels sur la lecture et la culture de la même manière, les discours des grands donneurs de leçons sur ce qu’il est nécessaire de lire ou connaître vous feront bien sourire..

    Il se peut que cet essai vous apporte autre chose de bien différent et ce n’est pas un problème ; je parle de moi maintenant, vous parlerez de vous… Et puis, l’important est de susciter la réflexion sur le rapport à la connaissance, sans que le livre soit lu par tous les protagonistes ; l’échange des idées et des représentations n’y trouvent qu’un prétexte. Finalement, ne le lisez pas et cherchez à la découvrir par le regard d’autres qui ne l’ont pas forcément lus.. ;)

     Au bout du compte, je pense  aussi que cette démarche sur la lecture vaut pour toute création  culturelle.  A vous de voir. 


    4 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires