• Visites bisannuelles.

    Dans le cadre du suivi de mon état, avec la vigilance exigée, je vois le neurologue deux fois par an, au printemps et à l’automne. Heureusement, ces visites se passent vite avec les habituelles questions, mises au point et l’examen global: se mettre debout les pieds joints, les bras tendus en avant, yeux fermés, yeux ouverts, toucher le nez avec les doigts bras écartés, tests des réflexes aux articulations, passage de l‘objet pointu sur la plante des pieds, suivi du doigt par les yeux, vibration du diapason, quelques pas pieds nus.

    Mises à part quelques périodes à grosses fatigues ou douleurs spéciales,  il y rarement du neuf... et c’est tant mieux.

    J’avais déjà abordé la question de ma fatigue persistante à quelques reprises, expliquant mes conditions de vie, soucis divers avec son lot d’anémie et les épisodes mouvementés du quotidien. En septembre cette année, ce fut un rapide tour de la question de la vie avec ma mère diminuée en besoin d’aide constant. Conseil du médecin, insistant: prendre du fer chaque jour en raison de mes réserves trop faibles ainsi que des vitamines, du magnésium… Sans le dire à voix haute, je pensais seulement “ Oui, quand j’ai des sous”.

    La conversation sur le départ m’amena à glisser cette remarque, négligemment dans un but premier qui m’échappe désormais:

    - Au regard de ce que j’observe chez d’autres malades, je sais que j’ai vraiment de la chance d’être dans l’état où je suis...

    Là, le neurologue plongea ses yeux dans les miens profondément et d’une voix grave, me coupa dans mon envolée:

    - Oui, vous avez BEAUCOUP de chance.

    Touchée par cette inattendue remarque pleine de gravité peu coutumière, je chantai in extremis et joyeusement avant de partir:

    - Et chaque jour,  je rends grâce au ciel pour ce cadeau

    De retour à la maison, je retrouvai ma mère dans notre quotidien habituel.  Comme elle rouspétait et chicanait à mon encontre, je lui relatai l’anecdote. Elle m’écouta à peine, centrée sur ses propres peines et besoins. Piquante et avisée, je balançai d’une voix ferme: “Si j’ai de la chance,  toi, tu en as encore plus parce que je peux m’occuper de toi. Et je peux te garantir que beaucoup d’autres en seraient totalement incapables. D’ailleurs, j’en connais en pleine santé, avec de l’argent, de la place qui ne s’occupent de personne et surtout pas de leurs parents”.

    Et merde.

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