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Sorties cinéma, deuxième: une famille brésilienne de Walter Salles
Les événements s'accélèrent et je ne suis plus le rythme ! Du coup, les textes se bousculent dans ma tête où grouillent des flots de pensées, je vis pleinement mes ressentis physiques, émotionnels autant dire que chaque jour est une explosion de vie, d'énergie puissante pas facilement canalisable. Et le temps me manque pour écrire.
Je résiste encore aujourd'hui afin de rester cohérente, il n'en reste pas moins que le fil de ce blog éclate en des milliers de directions qui ne sont que le reflet de ma réappropriation du monde dans une identité retrouvée tant sur le plan physique, que mental, émotionnel et peut être bien spirituel. Je vais donc vous parler de ce film vu samedi dernier, toute seule. (quand je vous dis que je ne suis pas consensuelle, héhé).
L'histoire est très simple, une femme élève seule ses quatre garçons, nés de pères différents et attend un cinquième bébé. Leur vie est dure comme elle peut l'être à Sao Paulo quand on ne nait pas dans les classes privilégiées. Elle fait des ménages et lutte quotidiennement pour rester digne. Ses garçons se cherchent dans un Brésil où la pauvreté est une réalité quotidienne omniprésente conjuguée à l'indifférence. Chacun chemine sur sa voie, plus ou moins seul, la vie en famille se réduisant à se croiser dans le tout petit appartement, devant la télévision ou dans la cuisine. Ils n'en restent pas moins des relations solidaires, jalouses, d'entre aide plus ou moins acceptée, de soutien et de rejet, d'affection et d'incompréhension.
L'ainé met tous ses espoirs dans le football jusqu'à truquer ses papiers et mentir pour entrer dans une école, le second flirte avec des petits délinquants, tente de gagner sa vie en tant que coursier sur un scooter et hésite entre ses responsabilités de jeune père et ses envies de liberté. Le troisième se fige dans la religion au sein d'un groupe évangéliste, contenant laborieusement sa révolte, sa violence, ses désirs, ses frustrations. Le quatrième, noir, passe son temps dans les bus en quête de son père dont il ne sait rien.
Misère du Brésil, misère universelle et lutte perpétuelle pour survivre avec l'espoir d'exister, de trouver et justifier sa place parmi les hommes. Quête d'identité et balancement entre espoir et désespoir, révolte et abattement, acceptation et colère.
Les images sont belles, de cette beauté trouvée dans la misère où il n'y a que grisaille, ciel sombre et saleté, béton et poussières. C'est la beauté des êtres oubliés et ignorés : beauté des visages, beauté des larmes, beauté des sourires, beauté des mains, beauté des corps, beauté des sentiments. Quand la misère n'est pas exploitée pour rassurer les nantis sur leur sort confortable, quand elle est révélatrice de la dignité des êtres à vouloir rester humains malgré les barrières incessamment jetées sur leur route.
Ce film est tout simplement magnifique.
Nous étions deux spectatrices dans une grande salle, deux seulement quand la médiocrité remplit les salles à coup de publicité. De loin en loin, nous avons discuté, échangé uniquement avant le commencement car à la fin, ce film m'a laissée collée dans mon siège plusieurs minutes, submergée que j'étais par cette merveille, ce final puissant où l'élan vers la vie de ces personnages résonne profondément en moi. En avant !
Il m'aura fallu plus de 20 minutes pour atterrir, sur le chemin du retour.
J'étais venue découvrir Sao Paulo où vivent deux de mes amies, Ana et Thatianne, je désirais être plus proche d'elles. Je suis repartie emplie d'humanité, renforcée dans mes pensées sur la communauté et l'universalité des hommes, plus présente encore au sein de notre humanité.
Ah que j'aime le cinéma alternatif et ces chemins de traverse...
Ici, l'avis enthousiaste d'un professionnel... (euh, je crois)
Tags : beaute, vie, fil, misere, moins
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Commentaires
Commentaires
Quelle bonne nouvelle...
Cette autonomie, la vue qui revient, splendide!
Toute mon affection!
(Sur le film: Je me sens un peu beaucoup privilégiée de vivre en France, quand même)
Mes sorties seule ne t'échappent pas, forcément.
Là aussi, un cadeau des cieux.
Aujourd'hui, je me suis contentée de "slumdog millionnaire" que j'ai trouvé très bien quand même ;-)
Le portugais parlé par les Brésiliens fait danser tout l'être, c'est si attirant que j'ai envie de m'y mettre prochainement.. après mes lancés en anglais, allemand, turc et russe ( je suis folledingue! )
J'ai loupé trop de films confrontée à mes incapacités et le marasme alentour, je compte bien me rattraper!
C'est la liberté d'avoir le choix sans dépendre de sourds aveugles, de ces bien- pensants qui savent mieux que moi ce qui est bénéfique pour moi.
Maintenant, je me jette dans les nouvelles opportunités avec une profonde délectation, crois- moi.
et zut, mon haut-parleur a rendu l'âme
pas zut ... j'aime te lire!! ;)
Je me limiterai à qquns seulement, et pourtant ce n'est pas le temps de commenter qui me manque mais...
1/ J'imagine le bonheur que tu vis avec cette "nouvelle naissance". Avoir la possibilité de "profiter" de la vie et de ce qui doit la remplir, à savoir "les autres" et non... "les biens matériels", produits de la société de consommation.
En te lisant je me suis fait la remarque que je vis précisément l'inverse de toi. Tu "éclos", je me referme...
2/ J'aime bien ta reflexion sur le cinéma "pour les nuls".
Vivant seul dans un hameau de 6 maisons (habitées), j'ai été invité en début d'année à ce qui semble être une tradition, à savoir un "apéritif dinatoire" (les prolos aiment singer les bourgeois). C'est donc à tour de rôle d'organiser l'apéro et de "recevoir". Nous avons donc passés 6 soirées ensemble (11 adultes) et je suis sidéré des sujets de conversation qui ont été abordés. La majeure partie du temps "ils" se sont échangés les répliques "cultes" des derniers navets du cinéma ! "Des chtis", à je ne sais quel autre niaiserie !
Il y aurait eu tellement de sujets de conversation...
- Il y a une famille d'agriculteur. Le fils célibataire (33 ans), exploite avec sa mère (60 ans) veuve, une petite exploitation laitière. La fille, célibataire -elle aussi- (35 ans) est infirmière à Vannes. Il y avait matière à conversation : la crise de l'agriculture, du monde hospitalier...
- un couple d'ex-parisiens, installé ici depuis 3 ans héberge la belle-mère (veuve retraitée) qui n'a plus les moyens de vivre seule. Le type est "artisan menuisier".
- les autres....
Tout ce petit monde sait que j'ai vécu et travaillé près de 10 ans en Afrique, que j'ai eu un parcours atypique. He bien des crises de rire sont provoquées par les "Chtis" ou de FUNES... c'est affligeant ! Les seules ouvertures sur l'extérieur que ces "braves gens" ont, c'est... TF1 !
Mon Dieu... pardonnez leur, car ils ne savent pas.
Comment qu'il disait l'autre ?
Ah oui...
Heureux les simples d'esprit, bla bla bla...
Mieux vaut ne pas mettre le nez à la fenêtre si on veut ignorer le malheur.
Bien à toi.
Parler du cinéma ou échanger des répliques cultes ne veut pas forcément dire qu'ils n'ont rien d'autre à dire... ils avaient peut-être juste envie de s'évader un peu de leur quotidien morose... j'imagine que les agriculteurs qui ont des difficultés dans leur travail n'ont pas forcément envie d'en reparler le soir, peut-être juste envie de se détendre...
Et sinon quand on s'ennuie dans une conversation, on peut aussi soi-même lancer un autre sujet... pourquoi n'as-tu pas parlé avec eux des choses qui t'intéressent?
Je crois que tu ne connais pas Philippe. Il vit en ermitage après des années de luttes, entre désillusion et amertume.
il chemine âprement portant un regard cru sur le monde qui l'entoure parce qu'écorché vif. Pourtant, sa loquacité me laisse entrevoir encore des espérances, à moins que mon regard ne soit déformé par mon fol espoir. Il résiste comme il peut.
"Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien"
chante Cantat dans Tostaky, écho probable à Philippe.
Et pi, entre personnes intelligentes, on finit toujours par se comprendre.
(finalement, à ne plus avoir de blog, on vient s'étaler sur celui des autres... ).
Ce n'est pas faute d'avoir tenté d'aborder des sujets de conversation dans ces 6 soirées, mais dans ce genre d'assistance, un rien "franchouillarde", il y a toujours un abruti à grande gueule qui "tient le crachoir" et il est souvent plus aisé pour nombre de nos concitoyens de se vautrer dans la "banalité" plutôt qu'affronter la réalité.
Je veux juste rappeler cette citation dont je ne connais pas l'auteur : "le sot qui n'a rien à dire est plus bavard que celui qui a parcouru le monde".
Parfois, se taire, c'est ce qu'on appelle "la sagesse".
On me trouvera certainement bien prétencieux. Tant pis... j'assume.
Tu chemines et ici, j'espère qu'il n'y a pas de jugement. Chacun est pris pour ce qu'il est.
De loin en loin, nous nous saluons et le reste m'importe peu.