• Second Life.

    Ma chère amie Lili en est une fan depuis plus d’un an et lors d’une visite chez elle, elle nous montra ce  monde virtuel avec un réel enthousiasme. N’ayant que de trop rares occasions de la rencontrer, j’y vis une possibilité. Je téléchargeai le jeu et créai mon avatar quelques jours plus tard. Puis ce fut la grande découverte, sans apriori.

    Lili est mon guide et me conseille, m’assiste, me présente du monde. Je la suis et prends mes marques dans cet univers si particulier. Les premières rencontres m’apportèrent des rudiments  afin d’affiner mes repères et après quelques égarements, j’y pris goût. Entre blog, apprentissage de la dactylo et Second live, finalement, je me retrouve à ne plus vraiment décoller de l’écran de mon ardi, chaque jour est nouveau et porteur de découvertes.

    J’évacue par l’écriture et me défoule en virtuel.


    Quel plaisir de se lâcher sans craindre de choquer qui que ce soit tout simplement parce que tout le monde se lâche. SL est un monde virtuel qui peut faire craindre le pire en termes de faux semblants, je pense que, néanmoins, chaque participant a accès à ses propres  profondeurs et à celles des autres. Qui veut tenter de berner est vite rattrapé par son naturel et les personnalités réelles se révèlent. Les avatars en soi sont déjà très parlants sur les fantasmes de son propriétaire, sa représentation de ce qu’il est, de ce qu’il voudrait être. Certes, je suis peut être protégée par ma guide qui m’évite quelques travers et m’informe de certaines  pratiques équivoques.

    Isolés pour de multiples raisons très diverses dans la vraie vie, les rassemblements de sensibilités et les groupes par centre d’intérêts se forment dans Sl, les affinités se font et se défont. Réelle porte ouverte, Sl permet à ceux qui s’y piquent d’avoir accès à des secteurs inexistants dans leur environnement réel ou est une sorte de pied dans la porte pour entrer ensuite dans ce monde en vrai.

    En dehors du fait que je peux être en contact quotidien avec mon amie, je m’éclate à modeler mon avatar, à l’habiller, à le faire voler, à le faire danser, à tenter des expériences que je ne recherche pas  (ou ne peux pas ) dans la réalité : fumer des joints, picoler, et autres gâteries en solo ou à plusieurs, danser sur des musiques improbables, croiser des personnes que je ne rencontrerais pas en réalité, porter des vêtements incroyables, visiter le monde tel qu’il est perçu par d’autres, partager, échanger.

    Souvenirs mémorables de méditation dans l’espace, de taï chi , de vol assise sur un deltaplane dans une cité maya, de fêtes nocturnes, de jeux de mots et corps, très drôles et véritable défouloir. Bien sûr, c’est virtuel, cien sûr, ce n’est que du vent. Et pourtant, il y a un réel plaisir. Isolée dans cette maison mal habitée, dans ce village enclavé, je souffre de l’enferment de cet environnement pauvre. Avant la maladie, je me lâchais dans mon travail, en attendant d’y retourner, je me défoule sur SL.

    La frontière entre réel et virtuel est si ténue. Abstraction faite de la toile, il y a les jeux vidéo, il y a la télévision, il y a la radio, il y a le cinéma,  il y a la lecture, les arts, la musique, la religion, les rêves, les psychotropes, … L’esprit humain a besoin d’imaginaire pour exister ( cerveau pré frontal de l’abstraction, sauf erreur) ; de tout temps, il a su trouver et ouvrir les portes sur l’autre monde qu’il imagine aussi réel que ce qu’il vit quotidiennement. Les dictatures elles seules tuent l’imaginaire des hommes en formatant les représentations de l’idéal tout simplement parce que l’imaginaire est le monde de la liberté absolue.

    Tenue aussi cette frontière quand je vois mon amie s’ouvrir à ce qu’elle est, s’épanouir, doucement parce que sur Sl , elle ose être elle- même. Au bout du compte, cela se voit dans sa vie réelle. Des personnes finissent par se rencontrer et qui sait ce qu’il se passe ensuite ?  Sl est un support actuel, comme d’autres ont pu  être ou le sont.

    Second Live pose les questions :

    Qui suis-je  ? Quelle est ma place ? A quoi aspire-je ?

     

    « Comment vas- tu faire sans ton ordi et Sl pendant ces jours ? »   m’a demandé mon fiston quand nous décidâmes de partir qq jours dans les Vosges. Je lui ai répondu simplement que là-bas, je discuterai, je me promènerai, je ne serai pas seule, SL ne manquerait pas tant que ça. Et oui, ce fut le cas. Ce n’est qu’à l’idée de revenir à la maison que Sl commença à me manquer.

     

    J’en étais à ces  réflexions quand j’en discutai avec la thérapeute. Notre échange m’a amené à corriger quelques mots dans le texte et à porter des nuances sur mes représentations. Ecrire pour le blog et se défouler sur sl sont des portes pour m’échapper de ma prison. Cela m’est bénéfique, cela me fait du bien comme une bouffée d’air prise par-dessus les eaux où je nage. J’évacue, oui, mais je ne me soigne pas, vomir ne soigne pas forcément du poison. Je ne me libère pas, je me soulage temporairement. Parce qu’il y a une donnée primordiale qui ne joue pas dans le monde virtuel de l’internet : je ne donne pas de ma personne. Mon corps en est loin, à l’abri derrière son écran ; ni ma voix, ni mes mouvements, ni mes réactions émotionnelles ne sont visibles.

     C’est une forme de délire partagé, entre fantasmes, angoisses, manipulations tromperies et sincérité, rencontres, , découvertes, ouverture.

    Finalement, il n’ y a rien de mieux que la prise de conscience de soi dans la réalité de notre vie concrète, celle que nous portons en nous de notre naissance à notre mort . Internet  est UN moyen, un seul. La liberté qu’il donne est la même que celle que nous avons tous, dans notre vie, à portée de main bien que cela soit moins sécurisant car il n’est pas possible de couper la machine quand il y a une perturbation, ce truc qui dérange, déstabilise.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Août 2008 à 12:19
    abellion

    Chère Fée des Agrumes,
    c'est Abellion, le modérateur des "Cultureux éclectiques". Je trouve votre blog fort intéressant, et surtout très humain dans votre manière de parler de votre quotidien. Je vous accueille donc avec plaisir dans la communauté.
    J'espère y lire bientôt de beaux articles sortis de votre plume !
    A bientôt sur la blogosphère,
    Abellion.

    2
    Vendredi 8 Août 2008 à 14:34
    fée des agrumes
    Merci de m'avoir accueillie parmi vous.
    Au plaisir de partager.
    3
    Jeudi 4 Septembre 2008 à 07:10
    pandora
    A mon tour de me perdre chez toi et de me rendre compte que nous somes un peu, voisines de galère, sep et Devic étant assez proches...
    Je ne connais pas SL mais je connais bien le virtuel, les jeux videos dans lesquels on se perd, le blog... des endroits où l'on peut passer beaucoup beaucoup de temps mais aussi s'évader;-)
    4
    Lili
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 12:11
    Second Life ne sort pas du néant, il représente la partie visible de l'imaginaire humain, et d'ailleurs s'enrichirait encore plus de participations africaines et asiatiques.  C'est plus qu'un jeu, ça va plus loin qu'un divertissement.
    5
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Samedi 10 Août 2013 à 18:27

    A Pandora:

    Bonjour Pandora et bienvenue par ici. :)
    Sep et Devic sont effectivement de la même famille de saloperie, grrrrrr
    Je connais bien la sep car au début, les médecins m'avaient donné ce diagnostic bien que j'en ai douté jusqu'au bout ( réelle intuition ou refus? ).Toujours est- il que je m'échappe dans le monde virtuel pour supporter mon enfermement. Dans le coin où je vis, il n'y a aucun moyen de transport et rien à au moins 10 km, c'est une prison pour celui qui ne peut se déplacer. Je m'accroche et espère une amélioration de la vue chaque jour.
    En attendant, je voyage de ci de là, avec certains et avec toi...

     

    A Lili: C'est aussi ce que je pense

     

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