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Quatre plus une.
J'aime le pot au feu. (cf. ici)
Surtout en hiver, quand il fait froid et que je sens ma chaleur interne s'étioler comme la lumière du jour. Aussi, ce fut avec grand plaisir que je le préparai samedi matin dès 8h : remplir la cocotte d'eau, y plonger la viande et l'oignon piqué de clous de girofle, apprêter les légumes, laisser mijoter deux heures doucement puis y plonger les navets boule d'or, carottes, poireau, pommes de terre, céleri- rave, ail . Deux heures à feu doux et un repas des plus savoureux avec des salades et de la moutarde nous régala.
Invités auprès de quelques tables ailleurs, nous le délaissâmes jusqu'au lundi, dans le réfrigérateur. Il fut plus que bienvenu après les agapes riches du weekend et il nous nourrit deux repas supplémentaires avec quelques accompagnements piochés de ci de là, au gré des inspirations de chacun.
Toujours plus goûteux de ses cuissons répétées et douces, sa garniture perdait néanmoins de son opulence et dans un dernier tour des restes, je le rallongeai d'une part de lentilles au lard, d'une endive givrée au fond du frigo. Après quatre jours, il pouvait constituer notre souper du mardi ; je me retrouvai seule devant la casserole, une pensée pour Marina qui aime raconter comment en Russie soviétique, sa mère préparait une grosse casserole de bortch pour la semaine et comment chacun se servait au gré de ses envies. (dans les pays slaves, on mange quand on a fait, sans heure fixe, et oui) . Je servis à grosse louche le bouillon et les légumes à peine coupés, puis je mis la première cuillère dans ma bouche... L'alchimie était parfaite, la soupe inchangée dans ses bases prenait des parfums et des couleurs différents, une saveur particulière. Un régal. Deuxième assiette fumante, deuxième délice. Je décidai de ne me nourrir que de cette réussite improvisée et j'engloutis les dernières cuillères du fond de la casserole. Un œuf au plat et une belle salade de mâche parachevèrent le plaisir et je quittai la table satisfaite et repue. Insouciante.
Les heures passèrent tranquillement, sans plus et avant de me coucher, vers 22h30, je vidai une vessie bien pleine avec l'espoir d'une nuit complète.
Impossible de dormir.
Je sentais une agitation interne qui me tint éveillée jusqu'à plus de minuit et le sommeil vint finalement.
1h15, envie pressante, je zigzague dans mon semi sommeil vers le rez-de-chaussée et les toilettes. Je ne me souviens de rien hormis de l'heure sur le réveil. Ah ! La nuit pouvait être tranquille avec ces deux vidanges si rapprochées. Je m'endormis sereine dans la douce chaleur du lit. .
2h45. Réveil dans l'urgence pour filer aux toilettes, nouvelle vidange en état semi comateux. Je ne me souviens que de l'heure et de mon léger agacement.
3h40. Nouveau sursaut. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour descendre, vidanger et remonter, j'ai oublié. Marchais-je en dormant ? Je ne me souviens que de mon geste irrité pour me recouvrir du drap dans mon besoin de sommeil tranquille.
5h50. Un rêve agité me poussa hors du lit. Nouveau pipi dans des circonstances inconnues, il n'y a que la pression de la vessie prête à exploser, la course en somnambule au bas de l'escalier ; « Mais d'où vient tout ce liquide punaise ?! » L'idée ne me vint pas et j'entendis les cloches sonner dans le village, il était 6h. Dans ces circonstances, j'espérais dormir jusqu' à 9h tranquillement.
8h10. Pas le temps de lambiner, ma vessie me réveillait brutalement, criant son trop plein. Non, là, je ne me recouchai pas, la matinée s'offrait à moi dans ses lueurs hivernales et j'ai toujours tant d'occupations. L'esprit plus éveillé, je commençais à réfléchir aux raisons de ces quatre levers de la nuit et ce réveil impérieux. J'avais vidé ma vessie de plus d'un litre, serait- ce une de ces sempiternelles infections récurrentes survenant systématiquement au pire moment ? Pourtant, je n'ai aucun des symptômes... Perplexe, je pris mes granules et mes médicaments, préparai la table du petit déjeuner et passant devant l'égouttoir à vaisselle, je vis la casserole de la veille... L'étincelle se fit en cet instant et je réalisai que
j'avais avalé plus d'un litre et demi de bouillon !
Il n'était plus nécessaire de chercher les raisons de cette nuit agitée.
Jusqu'à en perdre le sommeil, c'est plus fort que moi, j'aime le pot au feu.
Tags : heure, sommeil, deux, jusqu, vessie
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Commentaires
Commentaires
La gourmandise est un vilain défaut... à ce qui paraît
et encore... je te fais grâce des conséquences et autres sanctions célestes auxquelles tu t'es exposées car je ne me souviens pas de la classification qu'en font les cathos...
Ahhhh... gourmandise... quand tu nous tiens !
Comme une sorte de purge! :)
D'où je suis, je me demande comment et où trouver le bon bout de viande pour faire un pot au feu... dans un pays où ne mange plus que des entrecôtes ou des filets! Et où il est même très difficile de trouver un poulet entier, tellement les gens ne cuisinent pas/plus... Soupir!
1 litre et demi?
A ce stade ce n'est plus de l'amour mais de la hargne ;-)))