• Norvège, août 2006

      Il y a des occasions à ne pas rater et celle-ci en fut une. Je n’apprécie aucunement les voyages formatés où l’on ne fait que déplacer les modes de vie et de vue ; le contact avec les habitants du lieu parcouru me parait essentiel. Aussi, quand mon amie Sabine nous invita pour son mariage avec Kaspar, en Norvège, j’avais envisagé de profiter de l’aubaine pour organiser des vacances sportives et culturelles. En prévision, j’avais acheté tout le matériel de camping portatif pour randonneurs et des guides du routard afin de parcourir l’Allemagne, le Danemark et la Norvège en baroudeurs. La route ennuyait SeN, je cédai sur l’avion et préparai un programme d’entraînement sur plusieurs semaines afin de nous habituer  à des expéditions de haut vol. Avec les aléas de la santé, tout fut chamboulé et finalement, nous décidâmes de partir avec Martine et ses enfants, direction  Bergen 2e ville de  Norvège en avion, bus et voiture.

    Le séjour en soi fut très agréable. Nous logeâmes en auberge de jeunesse au cœur de la ville avec vue sur le port depuis la terrasse, nous visitâmes ce qui fit envie : le quai  de Bryggen  et le musée hanséatique , la Mariakirken, église remarquable du pays, Fløyljellet les hauteurs et son panorama, le marché aux poissons, le port, les quartiers aux maisons de bois, la léproserie ( moi seule), l’aquarium, le train de Myrdal à Flåm sillonnant  entre montagnes escarpées et vallées encaissées, le Nærøyfjord, classé au patrimoine de l’Unesco, avec cette brume qui créait une ambiance très fantastique, à la Tolkien . Nous prîmes les bus, le ferry pour rejoindre la cérémonie sur une île dans une petite église en bois, avec des membres de la famille norvégienne en costumes traditionnels.

    Le repas très convivial était multinational, nos jeunes mariés ayant vécu aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, d’abord dans leur vie respective puis ensemble. Le buffet était fondé sur la nature et la tradition norvégienne. Il y avait un petit groupe de musiciens très couleur locale. Après la fête, nous dormîmes sous la tente au bord d’un bras de mer, réveil aux cris des mouettes, petit déjeuner entre pelouse et berge.

    Mon plus beau souvenir reste les deux jours sur l’île familiale du marié. A la nuit tombée, nous prîmes une petite barque à moteur et nous traversâmes les bras de mer dans l’obscurité, à la lumière des astres du ciel, entre les îlots pour rejoindre une petite cabane de pêcheur afin d’y passer la nuit. Au matin, nous cueillîmes des myrtilles, fiston délogea des crabes sous les galets et je me dorai au soleil sur le ponton en grignotant. Cet après-midi, je pris un bain autour de l’île, trop heureuse de ne pas avoir à subir les troubles qui me contraignaient tout au long du séjour : fuites urinaires, pertes d’équilibre, fatigue, oubliés dans l’eau de mer fraîche ! Car, oui, la maladie ne me lâchait pas  Très vite, peut être en raison de l’usage des toilettes collectives, je commençai à avoir des troubles urinaires. Ma petite tenue pour le mariage fut inondée et dans un coin, je pleurai si désolée de ne pouvoir profiter tranquillement de ces instants uniques, tenaillée par le triste constat de la maladie se rappelant sans cesse à moi. Chaque jour, je passais mon temps à essayer de gérer les vêtements, à courir aux toilettes, souvent trop tard. A mon grand dépit, je souillai le tapis de nos hôtes, mais que faire ? Comment expliquer une situation que nous ne comprenions pas nous-même ?  Je dus prendre une après midi pour aller aux urgences, le sang dans les urines ne présageant rien de bon, la douleur devenait insupportable. Souvenir très  particulier entre cette consultation en anglais, quand néophyte, on ne comprend pas toujours le jargon médical dans sa propre langue et les gentilles remontrances de la caissière de l’hôpital me sermonnant sur mon absence de carte internationale de Sécu… 

     Combien de fois ai-je perdu l’équilibre dans la marche ? Je ne saurais dire. Fatiguée de la marche, je semblais ivre, titubant dans la rue, à m’excuser auprès des personnes que je bousculais. J’avais dansé au mariage car j’aime danser depuis ma plus tendre enfance et je ne pouvais imaginer rester sur ma chaise. Malheureusement, je ne pus plus retourner à la tente, SeN dut me soutenir tout du long, mes jambes me lâchant sans cesse.

      De retour à la maison, je fus très fatiguée, ce voyage m’avait coûté.( physiquement et pas seulement financièrement parce que le coût de la vie en Norvège est de notoriété !)  Evidemment, seul SeN savait ce que j’avais enduré, il n’était pas question d’entacher la joie des mariés et de leurs convives.

     

    Avec le temps, j’ai compris quelle victoire a été ce séjour. Parce que la maladie ne m’a pas freinée dans ma volonté d’en savourer chaque instant, j’ai marché et visité ce que nous voulions, j’ai participé au mariage de mon amie, j’ai empli ma tête de souvenirs agréables et il me faut un effort pour me remémorer les mauvais passages. Il a pris d’autant plus de valeur qu’au retour,  la dégringolade s’est accélérée.

    Merci à Sabine et Kaspar, à Martine indécrottable optimiste et à tous ceux qui par leur simple présence m’ont offert un si précieux cadeau. Quant à SeN et mon garçon, je leur consacrerai un article particulier, il y a tant à dire de leurs mérites.

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