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Magique escapade, 3e. premier jour.
Voyage en train couchette confortable avec une facilité à dormir et me chauffer le corps, moi, si frileuse habituellement. Mon fiston surexcité (il n'a pas eu assez de gouttes homéopathiques celui-là) sautillait d'un point à l'autre, ne cessait de parler et gesticuler, potentiellement énervant ; mon calme intérieur ne faiblissait pas. Premières conversations avec la multitude des pensées se bousculant dans la bouche ravie de se poser en vibrant les cordes vocales et non du bout des doigts. Arrivée très matinale après une courte bonne nuit au ronron du train et une heure de retard que nous aurions pu passer à dormir, TOUS ! J'avais bien entendu et remarqué une agitation anormale dans la nuit, comment savoir sans communiqué officiel ? Nous regardions le lever de soleil en attendant la gare, l'impression de revenir vers de vieilles connaissances me remplissait l'âme. Mon garçon anxieux et surexcité, dans le contrôle, n'entravait pas ma sérénité.
Nos trouvailles se firent naturellement et j'embrassai Coq, Mariev comme j'avais embrassé Pandora, les entourant d'un bras chaleureux, entre générosité reçue et donnée. Ursule le chien prit corps et je ne fus pas surprise, un véritable cabot canaille adoooooooorable ! Quelques détails se montrèrent subtilement et malgré la vue faible des derniers mois, j'avais l'impression d'avoir toujours vu l'essentiel de ces trois compères virtuelles devenues chair.
Nous roulâmes à la lumière claire et magnifique du matin jusqu'à un oppidum où un petit déjeuner impérial s'offrit à nous entre quelques soubassements de pierre, les herbes sauvages, les cailloux. Les voix chantaient, les corps se mouvaient avec grâce sans s'entrechoquer et en clin d'œil aux circonstances, mon kugelhof à l'épeautre fut entamé. Cette céréale consommée quotidiennement par les Romains nous accompagnait dans la magie de cet instant improbable.
Rapidement, Ursule et mon garçon sympathisèrent dans leur communion de mâââles courant dans tous les sens alors que fiston n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Ils partirent en éclaireurs puis nous firent la visite des lieux pendant que nous nous laissions entrainer par la joie d'être ensemble. Etonnante facilité que fut la nôtre de se parler, étonnante facilité avec laquelle nous nous lançâmes dans le vif de nos sujets virtuels devenus réels. Les voix, leurs échos dans nos têtes, les intonations, les vibrations, les expressions favorites... Prendre corps et se trouver dans l'espace. Une étape dans la reconnaissance mutuelle. Reconnaissance de soi, de l'autre et de tout ce qui est donné depuis des mois. Tout y est, notre première rencontre s'était faite depuis longtemps, les masques n'avaient jamais existé, nous sommes authentiques et sincères.
La déambulation de la journée fut nonchalante, sereine. Les activités se faisaient, les unes complétant les autres. Nos lectures et nos échanges virtuels avaient balayé nos internes et bien que ce fusse notre première rencontre physique, nous partagions depuis des mois nos univers internes ; seules les pudeurs du net tiraient leur révérence dans un climat de confiance mutuelle.
La maison de Mariev est toute à son image, simple et travaillée, les objets posés dans un hasard heureux, des livres partout, partout, partout, son engagement pour la Terre dans les petites choses de la vie qu'elles se mangent ou non. Je m'émus de reconnaitre quelques coins entrevus sur le net, de pouvoir les resituer dans leur ensemble : ce petit bout de cuisine, le jardin rocambolesque avec ses arbres, sa mare aux canards-têtards, son potager, les élucubrations lutinesques, les os d'Ursule. Je souris en découvrant ses arrangements de petits cailloux sur les étagères, quelques images re- connues sur son ordinateur. Désormais, il ne me coûtera rien de la voir devant son écran et je m'en réjouis. J'ai aimé retrouver dans cette maison ce que je connais de Mariev : sa générosité, son authenticité, sa simplicité, sa procrastinisation, sa curiosité, ses questions, ses quêtes, sa chaleur, sa convivialité, son enthousiasme, ses doutes, ses hésitations entre l'ordre et le bazar organisé. Merci Mariev de nous avoir accueillies sur ton territoire comme des reines, tes petites attentions ont chauffé nos cœurs (je me permets de parler pour les autres là, hihi)
Dans l'après- midi, nous partîmes à la plage. Il faisait bon, l'eau était froide, l'occasion trop belle : Pandora et moi nous baignâmes joyeusement sous l'objectif de Mariev et l'œil croqueur de Coq. Au cœur des eaux froides, nous échangeâmes, encore et encore, inlassablement. Entre l'ici et maintenant en Méditerranée, je voyageai en pensée avec elle dans ses trecks en haute altitude, trop heureuse de cette communion de pensée.
Comme je grelottais, je sortis réchauffer mon corps transi sous les rayons du soleil. Variable caméléon, ma peau était bleue, violette, mes doigts jaunes, plus proche finalement de l'elfe que de la fée en ces circonstances. Le système nerveux traumatisé par la maladie avait peine à réguler la foule de tâches à gérer en ces conditions particulières alors que je me sentais si calme.
Je vous assure, je n'avais pas froid, tout l'intérieur était chaud et doux.Fiston barbotait, gratouillait le sable, tout fou à sa première véritable sortie plage. Dans son monde, il jouait des vagues, des trous, du vent, des rigoles, des coquillages poussant des cris au froid des eaux. Aussi foufou que sa mère.
Au soir, en pyjama ou chemise de nuit, barbecue arrosé de vins délicieux. « J'ai le ventre vide alors je ne réponds de rien ! » m'exclamai-je en me resservant ; je n'ai pas souvenir d'avoir autant bu, nous étions toutes si guillerettes, les paroles entrecoupées de rire. L'ambiance était si bonne enfant, comment aurais-je pu rester dans ma sobriété habituelle alors que nous partagions ces instants dans une générosité unanime ? Vers 22h, le fiston qui attendait pourtant à manger décréta qu'il allait se coucher. Ce comportement complètement inhabituel chez lui ne m'étonna guère, il avait passé près de 24h sans dormir. Le corps a ses limites mon gaillard héhé ! Nous devisâmes tard dans la soirée de tout et de rien, joyeusement, sérieusement, retrouvant nos centres d'intérêts, naturellement. Avant le dodo, brossage des dents à plusieurs en concert des plus cocasses. Incroyable partage spontané d'intimité.
Je m'étonnai de ne pas être fatiguée en me couchant et le sommeil fut réparateur ; je n'eus à me lever qu'une seule fois.
Magique.
Tags : corps, premier, moi, avais, autre
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Commentaires
Commentaires
Est-ce qu'entre hommes blogueurs cela aurait été de même?
Quoi qu'il en soit, nous sommes toutes enchantées, au sens premier.
Nous avons aussi parlé de toi, vois-tu
Pour moi aussi c'était tout chaud, tout doux à l'intérieur :-) on était vraiment à l'unisson :-)
hum ... j'ai un peu rougi à un moment, mais en même temps, j'ai souri, je suis contente, il semble que quels que soient mes propres aléas, ma maison reflète le fond de mon "affaire", et ça a toujours été ainsi dans mes "intérieurs" ... rassurant, revigorant ;)
merci
;)
Et quel talent pour décrire cette journée qui semble en avoir duré plusieurs !