• Jardin. 1.

    Derrière ce mot simple, se cache une multitude de questions, démarches et interrogations, des perceptions du monde fort variées. Un jardin n’est jamais anodin, il est le révélateur de celui qui le conduit, de ses propres mains ou à la commande des mains d’autres. Il parle des goûts, des désirs, des choix de vie, des images ou façades de chacun, des modes auxquelles adhèrent ou non les propriétaires, de ses possibilités aussi. IL porte la marque des générations, des cultures, des origines géographiques. Un jardin est un livre ouvert.

    Il y a longtemps (24 janvier 2009, ici) j’avais entamé cette réflexion en publiant des photos du jardin quand je suis arrivée dans cette maison. Non par hasard, je n’ai pu continuer cette analyse ; désormais, le temps me parait convenu. C’est avec lui que je conclurai le laborieux récit de la maison aux multiples possibilités non pour ressasser des rancunes mais bel et bien pour en finir avec le pénible deuil des espérances anéanties et ravagées par les enjeux inconscients d’une relation empoisonnée. N’en déplaise à certains, ce récit amer a tout son sens dans celui du parcours de la maladie. Ils sont intimement liés parce que tel est mon cheminement intérieur, l’un comme l’autre y ont leur sens et leur place. Ils font aussi ce que je suis aujourd’hui par le récit que j’en fais, par mon appropriation intime des événements, par mon ensorcèlement du monde. 

    Le jardin fut l’élément déterminant à ma venue. L’impression première dans la maison avait été mauvaise, je me rassurais de pouvoir profiter pleinement d’un tout petit bout de terre. SeN avait déclaré qu’il s’installait là pour fiston et moi car cela pouvait nous offrir des possibilités positives, le jardin étant assurément une opportunité à mes goûts naturels et champêtres. D’emblée, cependant, il prévint : « Je ne m’en occupe pas », il n’aime pas ça, il préfère de loin d’autres activités. A priori, ce n’était pas grave, je me réjouissais d’y faire ce que bon me semblerait. Je ne mesurais pas l’ampleur de ces circonstances.

    Seule, j’ai commencé le grattage de la terre : j’ai installé des bordures avec des fleurs et des framboisiers, j’ai retourné un coin de terrain pour y installer un potager. Déjà, les critiques fusèrent : je m’y prends mal, c’est tout tordu, ne dépasse pas ce coin parce que je veux le reste pour la détente, pourquoi tu veux faire comme ça ?, Rhô, mais ça ne va donc pas !!!  Mon projet de potager en carré semblait impensable, impossible, insurmontable et je me suis obstinée envers et contre tous. SeN accepta l’achat de planchettes qu’il assembla à ma demande. J’ai continué à démarrer un compost, à refuser les produits chimiques, à nourrir la terre, à me pencher sur les fonctionnements naturels du sol et les cycles lunaires. Je pestais contre ces thuyas abominables, acidifiants et stérilisants. Quand j’expliquai à ces descendants de paysans coupés de la terre qu’une taille radicale s’imposait, ils ne me crurent pas « On ne va pas les tailler alors qu’ils ont tellement de mal à partir ! ». J’ai regardé la lune, insisté et insisté et finalement, elle fut faite. Ils repartirent si vite en hauteur et en épaisseur qu’ils n’en revinrent pas. Ils répétaient à l’envi que je pouvais faire ce que je voulais dans le jardin, ils ne s’en mêlaient pas pourtant mon jardinet un tantinet sauvage ne leur convenait pas, ce n’était pas propre. Je n’eus pas d’aide pour arracher des ronces aux racines profondes et épaisses ou pour quoi que ce fut d’autre d’ailleurs. SeN refit des planches plus hautes à ma demande en pestant après un an des premières.

    Le jardin fit le bonheur de mon fiston qui adorait y cueillir des framboises et des fraises sauvages, il passait des heures dans son riquiqui bac à sable décrié à son installation, nous y mangions souvent en pique- nique ou barbecue improvisés à l’ombre du grand arbre. Malgré le vacarme et les gaz des camions qui accéléraient devant chez nous en semaine, à certaines heures, j’aimais gagner en diversité, observer le retour des fleurs, des abeilles, des papillons, des sauterelles sur ce petit coin de terre autrefois morne et stérile. C’était loin d’être facile je ne doutais pas néanmoins du bien fondé de ma démarche et aspirais à l’installation d’un nichoir à oiseau, d’une petite serre, de petits arbres fruitiers, lançai l’idée de parcelles de pommes de terre, réfléchissais à l’installation d’une balançoire, d’une petite pièce d’eau...., une foule de projets pleins de vie.

    Arriva l’été 2006.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 12 Avril 2011 à 14:14
    Annie

    Quand tu viendras ici en vacances, je t'emploierai à me donner des idées alors!

    Mon jardin ici était nu, jamais entretenu, tout était à créer. Cependant, je n'ai planté que ce que j'étais capable d'entretenir moi-même. A présent que nous sommes deux dans cette maison, l'autre étant prochainement en vente, je me laisse aller à partager et accepte de recevoir de l'aide, nous discutons à deux des choix possibles. Je vois arriver des petits arbres, avec des trous impossibles à creuser pour moi, le composteur, pelle, pioche que je ne saurais utiliser, de multiples fleurs qui font du mal seulement à son dos à "lui". Je réalise que donner ne suffit pas, il faut apprendre ausssi à recevoir.

    Gros bisous!

    2
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Samedi 17 Août 2013 à 22:22

    Faire ensemble, en partage, OUI!

    le jardin est accessible à tous, il s'agit de simplement l'adapter aux possibilités de chacun.

    je me réjouis de le voir opulent, j'ai souvenir de son état initial.

    Réponse de fée des agrumes le 14/04/2011 à 11h40
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