• Expérience aléatoire, première

    Je ne comptais pas les jours avant la première perfusion prévue début novembre profitant pleinement des bons moments passés parmi cette super équipe de l’hôpital de jour tiraillée entre espoir et inquiétude. Non vraiment, j’en avais assez vu, supporté, il était temps de s’en sortir ! Et toujours cette étrange sensation que ce n’était pas fini.

    Au détour des conversations entre gastronomie et famille, deux brins d’osier à tresser, Maud et moi parlions de ce thérapeute en Allemagne, du chamanisme, de la curiosité que cette approche soulève. Je lui parlai de Maud Séjournant (une initiée), de Carlos Castaneda (la référence mondiale trouble), de SainKho Namtchylak (chanteuse de la république de Tuva, descendante de  et chamanes), de Björk et son amie chanteuse de gorge aux accents ancestraux, des Inuits et des enregistrements de Jean Malaurie (et oui, les virages de la pensées lient des éléments bien hétéroclites !).Ajoutons les échanges avec Raphi  sur ses lectures anthroposophiques, mes questionnements en médecine traditionnelle chinoise étudiée et pratiquée par Katia l’ambulancière je voyageais chaque jour très loin. Il est vrai que je ne suis pas en reste quant à la curiosité tant sur le plan intellectuel que sur celui des expérimentations, je créais des ponts d’un monde à l’autre, d’un individu à l’autre.

    Ce fut dans ces circonstances que je reçus les coordonnées d’un praticien en médecine chinoise par l’un, j’en parlai aux autres et nous nous interrogeâmes mutuellement sur la réalité et les possibilités du monde.


    Conduite par SeN, je me rendis donc auprès de cet homme, curieuse d’entendre ce qu’il avait à me dire. Face à des circonstances exceptionnelles et traumatiques, il est humain de chercher tout ce qui est susceptible d’apporter une vision, une opinion, voire une réponse, une solution ; il me garda trois ou quatre heures dans son bureau.

    D’abord, il écouta le récit des derniers mois, le diagnostic de la sclérose en plaques était encore le discours officiel, je lui fis part de mes nombreux doutes. Il déclara rapidement qu’il ne croyait pas dans la sep car le tableau était vraiment très particulier. Il suivit sa procédure et creusa dans les méandres de mon corps et ses perceptions. D’après lui, je pouvais guérir.

    J’avoue que je suis restée très dubitative face à son travail. Il posa une théorie à partir de ce qu’il ressentit et trouva, me donna des remèdes quelque peu déroutants : élixir de fleurs,  carte à méditer,  battements de tambour autour de moi. Je ne peux douter de sa sincérité car il y mettait du cœur, il y croit.

    Il n’avait pas de tarif prédéfini et ne me demanda rien en échange. Je lui donnai une petite somme pour le temps qu’il m’avait consacré. Je ne suis pas certaine d’avoir eu des effets bénéfiques, il eut au moins le mérite de soulever certaines questions sur le passé de la famille et d'occuper une après midi dans une atmosphère fantasmique (entre fantasme et fantastique)


    Ma mère avait été bouleversée avec ma maladie car elle ne cessait de me parler du retour de son père en 1940 (ce qu’elle n’avait pas connu puisqu’elle est née en 47) . En faisant des recoupements et des calculs, je réalisai qu’il était rentré du camp de prisonniers où il avait été déporté à l’âge de 34 ans, l’âge où la maladie se déclara chez moi ; nous avions des troubles identiques d’après le discours de ma mère.

    Je m’étais déjà interrogée sur ces coïncidences et ces éléments avaient motivé ma volonté de passer par une psychanalyse afin de trouver un sens à ces bizarreries du destin. La question de l’abandon avait été soulevée pour mon fils, pour moi bien des années avant ces événements et ce thérapeute donna une version de cet enchevêtrement : la terreur de l’abandon me venait de ma mère qui l’avait reçu de sa mère terrorisée par la déportation de son mari, par la possibilité de se retrouver seule avec les enfants… Ces terreurs n’avaient pas été dites, évacuées et elles se transmettaient génération après génération conduisant inexorablement à des répétitions de mal aises et d’abandon. La psychanalyse donnera d’autres voies de réflexion ; cependant, ce discours me fit énormément de bien car il m’inscrit dans une lignée familiale, je me sentis liée à mes grand- parents maternels perdus trop tôt dans une indifférence de la souffrance que leur départ avait pu me causer. J’étais leur petite- fille et je les sentais profondément en moi, comme si l’arbre se redessinait sous mes yeux. Je savais d’où je venais par eux, j’inscrivais mon fils dans l’arbre… La répétition de leurs souffrances par le corps pouvait être l’affirmation inconsciente des places que nous occupions dans l’histoire familiale.  Est-il étonnant que les premiers signes de la maladie  apparurent sur les racines sacrées, L5/S1 ? …

    L’arbre et ses racines,  Je ne tiens plus debout...


    Ces questions reviendront plus tard dans le récit en raison du travail de fond opéré depuis. Cet homme a été un petit chemin de traverse nécessaire peut être pour m'amener à une voie plus  « rationnelle ». Si ce fut une erreur, elle me fut bénéfique et pleine d’enseignements.

    Et comme me le dit Maud, j’étais leur expérimentatrice !

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 21 Juillet 2008 à 13:35
    mariev
    voilà un chemin à creuser, dont je ne connais pas le nom : la psycho-généalogie, un truc comme ça
    j'y pense depuis quelque temps, à ce "concept"

    finalement, j'aurai tout lu, Fée des Agrumes!
    aujourd'hui, j'ai fait une rencontre, voilà...

    ;)
    2
    fée des agrumes Profil de fée des agrumes
    Dimanche 5 Août 2012 à 13:05

    Pour la psycho généalogie, il y a un très bon auteur, Anne Ancelin Schützenberger. Aïe  mes aieux, par exemple. il n'y a pas de réponses toutes faites mais de vraies questions qui font réfléchir et avancer la recherche.

    Réponse de fée des agrumes le 21/07/2008 à 14h42
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