• Ecriture en Communication Non Violente ( cnv)

    Dans mon sac, j’avais cette petite lettre pour le père de SeN. J’aurais aimé en écrire une pour tous mais une des bases de la cnv est de rester précis et concret afin que l’interlocuteur puisse parfaitement comprendre la situation évoquée. Avec des généralités type, j’aimerais que tu m’écoutes plus ou depuis que je te connais, c’est foireux. Je n’avais donc que la lettre pour lui consécutivement à ma fuite du vendredi. Je ne la recopie pas ici parce que c’est personnel et je tiens à la garder entre lui et moi uniquement (même si j’espère toujours, dans mon optimisme chronique que l’énergie envoyée par elle fasse écho chez d’autres). Je m’en sers toutefois pour montrer concrètement comment procéder dans la non violence. Bien sûr, un grand merci à Nadine qui m’a accompagnée heureusement dans cette démarche.

    La cnv est simple de prime abord : dans une situation concrète et précise, observer les ressentis, identifier les besoins et faire (ou aider à) faire une demande. Quand c’est par rapport à soi, il s’agit d’être en empathie avec soi pour comprendre ce qui se joue pour soi dans cette situation ; quand il s’agit d’accompagner autrui, c’est une présence à l’autre sans dirigisme pour l’aider à préciser la situation, ses ressentis, ses besoins.

    Le piège récurrent est le jugement, nous ne mesurons absolument pas à quel point nous sommes conditionnés par le jugement porté en toute circonstances. Dans la cnv, il s’agit de baisser les armes, d’offrir le partage, de laisser la place et la responsabilité à chacun, de rester chez soi.

    Je peux vous garantir qu’au début, c’est très déstabilisant ! De nature empathique, j’étais dans une confusion interne,  court-circuitée par l’éducation et les comportements induits par l’environnement, principalement la non- écoute de soi, la non prise en considération des besoins humains par nos sociétés trop souvent culpabilisatrices. Reconnaître le jugement est ardu, laborieux ; reconnaître que les réactions sont dues à des besoins non satisfaits, relèvent du choix de celui qui les vit, ce n’est vraiment pas rien. Bon, je suis néophyte, j’avance laborieusement, c’est évident, je n’en reste pas moins persuadée que je suis dans le juste, le vrai. C’est la seule solution à mes yeux pour en finir avec le mal-être et les incompréhensions génératrices de violence. 

    J’entends souvent que la cnv n’est possible qu’avec des personnes ouvertes. Non. Les pros sont capables de démonter des haines ancestrales, ressassées. Un néophyte tel que moi sait simplement que si l’autre réagit violemment, c’est parce qu’un jugement m’a échappé ou que j’e n’ai pas été claire et précise ; ce sont les risques du tâtonnement. Néanmoins, venir vers l’autre dans une attitude complètement différente est déstabilisant, la danse prend un tout autre rythme. Si effectivement la relation ne se crée pas et que les murs subsistent, il s’agit d’accepter que l’autre a le droit de refuser d’entrer en relation authentique, souvent par peur, par besoin de temps, et surtout être empathique avec soi- même, accepter d’être mécontent ou triste de cet échec sans se juger.

    La théorie est faussement simple et évidente ; dans la pratique, c’est une autre paire de manches autrement plus complexe. Voilà pourquoi dans le fatras de mes émotions, j’ai demandé de l’aide à Nadine.

     

    Ainsi, sur le dessus de la lettre, j’invite à la lecture sans l’imposer avec une phrase type : j’aimerais partager quelque chose de personnel avec vous, l’accepteriez- vous ? Je laisse le choix et je l’accepte parce que cela ne relève plus de ma responsabilité. J’offre le cadeau, l’autre a le droit de le prendre ou non. Dans les conversations, c’est du même ordre : je ressens telle ou telle émotion et j’aimerais la partager avec toi, est- ce que tu es d’accord ?

    A l’intérieur de la lettre, je pars de la situation concrète de ce vendredi en précisant la date, le lieu et les circonstances, sans jugement, en simple observation. Puis j’embraye sur mes ressentis à ce moment (c’était un mélange de frustration, colère, tristesse). J’explique ensuite que j’aurais aimé lui en parler mais qu’à cet instant, c’était trop douloureux, que je n’en étais pas capable aussi, je me suis enfuie.

    Ma phrase «  Je me casse » prend tout son sens dans ce contexte ! Je ne suis guère coutumière de ce registre langagier, elle m’avait étonnée moi-même. Après avoir mis en mot mes ressentis, j’ai compris qu’elle est sortie parce que je me cassais à l’intérieur prise par la peur de ne pouvoir contenir les émotions que me tenaillaient et me brouillaient l’esprit. Et j’ai pris la fuite pour me protéger, pour LES protéger eux aussi !!! Au final, je demande simplement à ce qu’il ne m’en veuille pas.

    Il lui appartient de la lire ou non, d’y prêter attention ou non, cela relève de son choix. Quant à moi, j’évoquai à Nadine mes craintes qu’il ne la regarde pas suite aux événements. Elle sourit en précisant : «  Tu lui as montré ce que tu avais de vivant en toi, tu lui as fait un cadeau. Maintenant, c’est à lui de voir ; toi, tu as fait ce qui te semblait important, juste. » C’est beau non ? Tellement beau que je suis allée dans ce village ce dimanche matin heureuse, le cœur plus léger, en paix.

     

    Et pourtant…

    « Préambule au récit d’un dimanche particulier.Scandale aux élections. »

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