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Derniers fragments d’un long voyage, Christiane Singer
Elle cherche un carnet, poussée par l'envie d'y écrire ce qui la traverse en ces jours où le corps traîne un malaise diffus et le retrouve derrière un canapé. Viennent quelques mots Ce qu'il y a à vivre, il va falloir le vivre.
Brutalement, un jeune médecin lui annonce l'inéluctable échéance, « Il vous reste tout au plus six mois à vivre ». Le couperet tombe. Alors, elle décide d'écrire au fil des jours cette aventure qui la mènera à son ultime expérience de vie.
Après le choc, passent les étapes du deuil de soi et de l'avenir au-delà de ces six mois en va- et- vient, l'imminence de la vie qu'il reste, l'urgence à la vivre pleinement. La souffrance et la douleur sont évoquées de ci de là, avec sobriété et pudeur, les peurs allant et venant, fatalement. Elle leur donne sens dans une marche extraordinaire vers une merveilleuse transition menant ailleurs Toute chose, aussi minuscule, insignifiante soit-elle dans le quotidien est transfigurée, devient sublime, de cette grandeur de la vie que nous ne voyons pas dans l'agitation quotidienne. Chaque personne devient lumière d'amour et de générosité car dans ces circonstances tous s'accordent le droit d'aimer complètement, sans frein.
Parce que la marche vers la mort s'accompagne d'un dépouillement progressif, s'opère un retour vers l'intérieur de soi et l'essentiel : cette caresse, cette fleur, ce mot, ce bruit, ce goût, cette couleur, cette odeur et surtout, principalement ce lien à l'autre qui nous habite. L'être s'ouvre au monde abattant les murs aveugles d'une vie sans fin, l'être s'ouvre à lui- même et l'immensité de l'univers en soi.
C'est un terrible contexte de mort et de souffrance, de déchirement et de séparation et pourtant, ce livre est un trésor d'humanité, il respire l'amour de la vie, un amour qui traverse chaque pore de la peau, d'un amour qui entre, d'un amour qui sort. Récit bouleversant à l'écriture fine et subtile, j'envie à cette femme sa foi en un après vie, en un dieu d'amour qu'elle évoque sans lourdeur, sans nom, sans préjugés ou dogme.
C'est de Michel en Adelo que j'y suis venue, presque par hasard. Il l'a connue, rencontrée et cette femme dégageait un rayonnement extraordinaire, hommage à la vie, hymne à sa gloire et sa beauté, ode à sa préciosité. Ce dernier livre de Christiane Singer est l'aboutissement d'une vie consacrée à faire re découvrir ce bien unique et merveilleux qu'est notre vie, la richesse que nous portons tous au creux de notre être. Est-il judicieux d'attendre d'être tout près de la mort pour le réaliser enfin ?
Je suis la personne la plus importante du monde,
leitmotiv à se répéter chaque matin, c'est urgent, croyez moi.
Tags : vie, sens, amour, mot, vivre
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Commentaires
En fait dès la naissance nous sommes "condamnés" à mourir. Autant aimer la vie "comme si on devait mourir demain" comme dirait Michel Fugain.
Je suis ennuyée avec "into the wild", que j'ai acheté après avoir lu ton article dessus. Je le prends, je lis, je le repose. Je crois que je n'arriverai pas à le lire, il me semble négatif et j'ai envie de vivre en pleine lumière. C'est comme la télé, j'évite tout ce qui est laid, triste, négatif, autant dire que je ne la regarde pratiquement pas. J'ai envie de m'entourer de beau, de lumineux, de sourire.
C'est pour ça que je viens chez toi, si riche et sensible.
Les livres de Christiane Singer que j'ai lus baignent dans cette lumière, ton message est en totale harmonie avec ce qu'elle écrit. Aussi terrible que soit le sujet de ce livre- là.
Quand l'ombre nous a entouré, c'est normal de chercher la lumière, nous en avons tous tant besoin.
En tout cas, je suis ravie de te savoir là, fidèle. Tes mots sont si enrichissants... tes recettes aussi , dans un autre registre !
Que de "à quoi bon" ?
Effectivement, ton conseil est judicieux, se répéter jour après jour qu'on est la personne la plus importante du monde...
Bien à toi.
Pour ton bien.
Que ferais-je s'il me restait 6 mois à vivre, je vais y réfléchir je crois... ;-)
J'ai parfois ce sentiment devant les années passées et finalement, je me dis que j'ai eu besoin de passer par là pour arriver où je suis. Le temps permet de se défaire de nos obstinations inconscientes; il importe seulement, je crois, de ne pas se réveiller trop tard... ou pire pas du tout.
Ce qui nous semble négatif mainteant peut se révéler si positif et inversement. Simplement s'approprier sa vie est déjà une belle tâche.