• Décembre 2006, deuxième.

      L’hôpital de jour fermait les deux dernières semaines de ce mois et je continuai à y aller ; je ne voulais pas rester à la maison, seule, sans activité. Avec nos quelques aides et le dévouement désespéré ,désemparé de SeN, je tins jour après jour. 

    La position assise dans la voiture m’était insupportable et j’étais désormais allongée sur le brancard . Sous la pluie, sous la neige, dans le froid, dans la rue pentue, avec des ambulanciers se démenant pour que je fusse au mieux. L’escalier étroit, les marches multiples, le fauteuil ou le brancard s’échappant, glissant entre leurs mains… Katia, Emilie, Ali et d'autres, ambulanciers, tous n’ont pas la reconnaissance de leurs qualités.

      Raphi assistait à ma déchéance et il ne savait que faire. Il a tout essayé, entre manipulations, massages, ostéopathie. Nos conversations  étaient profondes, touchant à l’immensité des potentialités de l’esprit ; sait –il combien j’appréciais me retrouver entre ses bras quand il me portait ? Car il ne faiblissait pas et je me sentais en sécurité. 

    En ergo, je voulais à tout prix finir mon panier avant les vacances et je fis au plus vite, comptant sur Maud, Myriam et Lorette  pour corriger mes erreurs quand je n’y voyais rien. Je l’emportai le dernier jour encore mouillé de sa teinte, enquiquinant les ambulanciers avec ce truc intransportable. SeN le mit à la cave car il sentait trop fort et il y resta des mois…

    Myriam m’aida également un jour pour aller aux toilettes ; je ne pouvais me déplacer et encore moins me sonder; mes bras commençaient à trembler, mon buste ne se tenait plus, ma vue ne me permettait pas de  voir mon reflet dans un miroir ; elle n’a pas hésité, très professionnelle. Les larmes qui me vinrent furent vite ravalées, elle a su dire et faire ce qu’il fallait pour me soulager.

    En Adelo, je finis ma peinture après quelques hésitations sous l’œil bienveillant de l’adorable et admirable Michel.

    Etrange obstination à vouloir à tout prix terminer ce que j’avais commencé en arrivant dans ce service.

      La deuxième cure m’assomma, m’enfonça plus profondément. N’y tenant plus, dépitée à l’idée de recevoir un nouveau coup, je me rendis entre deux séances vers le secrétariat de neurologie tant bien que mal ; même en fauteuil roulant, j’avais du mal à me déplacer. J’attendis mon tour, discrète et soumise, fataliste. Doucement, je demandai à la secrétaire de laisser un mot de ma part : «  Dites lui, s’il vous plait, que ça ne va pas, au contraire. » Elle nota mon nom sans mot dire et je repartis sans perspective.

    Peu après, je fus demandée auprès de Gilles.

    Il me reçut chaleureusement, humblement, comme à son habitude. Je lui expliquai combien les cures m’avaient affaiblie, les troubles qui s’installaient chaque jour. Il prit des notes et me parla précautionneusement :

    «  Si vous êtes d’accord, je vous propose d’aller voir un professeur à Strasbourg qui pourra nous renseigner sur la suite des événements car là, je crois que votre cas dépasse mes compétences. » Oh ! Un médecin qui reconnait ses limites et qui délègue ? Gilles, vous avez toute ma reconnaissance ! J’acceptai, évidemment et le rendez-vous fut fixé au 22 décembre. Je commençai à compter chaque jour pour y arriver, chaque heure gagnée, tenue m’en rapprochait, je voulais savoir.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Août 2008 à 11:05
    mariev
    tes récits me filent un coup à double tranchant à chaque fois ; probablement les émotions duelles que tu as traversées : la peur / souffrance / tristesse d'un côté, et la force et la volonté de faire et d'espérer de l'autre
    j'aime découvrir ton parcours tel que tu as décidé de nous le présenter, parce qu'il empêche tout à fait la pitié, la curiosité malsaine, la complaisance à se sentir heureux et chanceux en se "vautrant" dans ton "malheur"; non, on ressort ... touché, certes, et aussi serein, un peu plus déterminé pour soi-même, et bien sûr, plein d'espérance pour toi
    merci encore, à chaque fois, merci
    :)
    2
    Vendredi 8 Août 2008 à 11:41
    fée des agrumes
    J'espère plein d'espérances pour tous !
    c'est le but.
    Parce que la vie et belle et précieuse.
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