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Au revoir rééducation, bonjour maison , juillet 2007.
Après avoir terminé les séances de mitoxantrone, je continuais tranquillement mes activités en hôpital de jour, heureuse des capacités retrouvées. En ergo, je terminai la mosaïque et me réjouissais de commencer la peinture sur soie; avec Raphi super kiné, je perfectionnais mes capacités; la psycho- motricité tomba vite à l’eau en raison des absences de celle qui avait pris le relai d’Elodie.
Un rendez- vous avec Solange était prévu avant les vacances d’été du service et je m’y rendis guillerette. Au regard de mon état, nous nous interrogeâmes sur la suite de mon programme : continuer ou arrêter là ? Bien que regrettant de quitter ma troupe sympathique, j’en avais assez des déplacements interminables et je comptais profiter des vacances pour aborder la refonte de nos relations familiales avec SeN et fiston à temps plein pensant vaguement que je n’avais pu donner à cette tâche l’énergie et le temps nécessaires. A nouveau, je fis passer les autres avant moi et décidai d’arrêter la rééducation ce jour. Des séances de kiné en cabinet libéral prenaient le relai, l’infirmière continuait ses passages réguliers pour les contrôles sanguins, que pouvais- je risquer ? Surtout que mes progrès physiques m’avaient laissé croire que l’aide à la toilette et à la tenue de la maison n’étaient plus nécessaires. J’espérais même reprendre le travail à la rentrée de septembre sur un poste aménagé.
A l’annonce de la nouvelle, Maud ergo s’exclama: « Oh, c’est si brutal ! ». Je terminais la semaine et m’en allais, les au revoir étaient donc raccourcis alors que cela faisait presque un an que nous cheminions ensemble avec en commun ce parcours de plongée en enfer et de remontée quasi miraculeuse. Pas si simple.
A la dernière séance, je fis mon petit tour avec quelques cadeaux, principalement des livres en écho à des conversations passées. C’était ma façon de remercier et d’opérer un passage sur une autre voie en douceur. Ils en furent à demi étonnés ; me connaissant, ils me savent capables de ce genre de gestes d’autant que le choix avait du sens de part nos relations et leurs personnalités. Michel en Adelo fut également touché de me savoir sur le départ, nous craignions tous de se perdre complètement. Je comptais sur mes passages réguliers en consultation pour les saluer, je laissai aux circonstances de nous porter vers ce qui était bon pour chacun d’entre nous.
Quoi qu’il en soit, il était temps de passer à une autre étape.
Alors que le corps se délitait, que je me sentais partir vers des rives terribles et inconnues, mon univers se rétrécissait. Au fur et à mesure des pertes physiques, je me détachais des sphères lointaines d’abord la politique ou les relations formelles, puis les préoccupations du quotidien au point qu’aux dernières pires heures, n’avaient plus d’importance que la présence même silencieuse d’une personne bienveillante près de moi, un regard, une main ou une voix doux. Pareillement, mon intérêt s’agrandit avec les récupérations physiques, la rage de vivre et d’agir m’étreignait. En cet été 2007, j’en étais à vouloir re fonder ma vie personnelle, à préparer mon retour dans la vie professionnelle et sociale. J’avais une multitude de projets et ce fut le cœur vaillant et volontaire que je quittai les compagnons de ces mois incroyables. Elodie m’avait prévenue : une personne qui descend très bas rejoue les étapes de son développement, là, en l’occurrence, je quittai un nid afin d’affronter- et ce ne n’est pas peu dire- le quotidien.
Tags : passees, moi, relations, vie, autre
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Encore des parallèles entre nous, nos vécus!
Bisous!