• Allées et venues en psychanalyse. 3

    (1 est ici et 2 .)

     

    Après le séjour dans le service de Solange et mon retour à la maison, je repris le cours des séances en hôpital de jour et dans la reconquête de la vie, de MA vie, je repartis dans la psychothérapie tête baissée avide de ne pas rater l'occasion de régler enfin mes contes (homophone utilisé à bon escient).  Racontant les merveilleuses rencontres des derniers mois, le travail entamé avec Elodie, les possibilités de vie nouvelle offertes, je rayonnai au point que la psychiatre me demanda si elle m'était encore utile. Je ne l'entendais pas de cette oreille, il était hors de question que je m'arrêtasse en si bon chemin !

     

    Heureusement, elle put faire passer la psychanalyse sous l' ald avec prise en charge du transport ; l'aventure repartit de plus belle. La matérialité était un frein trop important au regard de ma situation de grand dénuement. Les vannes pouvaient s'ouvrir.

     

    Quelle tâche ! Quel labeur !

    C'est un énorme travail de fond balayant toutes les certitudes et les mythes construits par le mental au cours de la vie, de ce mental qui contribue sournoisement, insidieusement à pérenniser l'emprisonnement dans des fonctionnements malsains afin de se persuader qu'il a raison, qu'il contrôle, qu'il sait, omniscient et omnipotent . La maladie abattait tout et dans cette tempête, je ne voyais plus que moi, seule, démunie et nue au sein d'un déchaînement de calamités répétées, de fantômes hurlants en silence et de démons dévorants. Entre terreur, désespoir, rage, révolte, abattement, soulagement, bonheur, recentrage, sérénité, je passe par tous les états émotionnels. Quand je crois avoir fait le tour de la question, une mystérieuse phrase vient réveiller des démons profonds qui ravagent tout sur leur passage. Les yeux s'ouvrent sur les actes, les choix, les objets même du quotidien et tout prend sens.

     

    Comment ai- je pu vivre dans une telle illusion ? de telles fadaises ?

     

    Certains morts ressurgissent des limbes du passé rôdant en dépit de leur disparition ancienne. Tout comme eux, les  vivants perdent les masques que je leur attribuais inconsciemment.

    La beauté et la chaleur des uns se dévoilent au grand jour éclairant le monde d'une pureté limpide et amoureuse, les travers perfides des non dits reviennent en pleine figure avec  violence.  De ceux qui m'ont rendu malade,  je vois désormais clairement le visage et les crochets auxquels j'ai pu raccrocher mes repères de fille perdue et déchirée par leurs travers. Je réalise ainsi nos responsabilités respectives dans la nocivité de nos relations parce qu'à travers eux, je rejouais (je mets le passé instinctivement) la même petite chanson malsaine apprise d'ascendants intoxiqués par leurs propres ascendants. .. une chaîne de vies pleines de drames et de désastres enfouis, jamais dits.

    C'est si ténu, si pernicieux. Nul n'est  coupable, nous en sommes néanmoins simplement tous complices, nourrisseurs perpétuels de schémas toxiques et sans issue. Dans l'aveuglement généralisé, la fuite, nous restons  inconscients de ce que nous léguons aux descendants avec les meilleurs sentiments du monde.

     

    « Je rejoue mes airs malsains avec  la complicité de ceux qui à travers moi rejouent leurs propres  airs malsains. »

     

    Saleté de disque rayé inlassablement répété.

     

     


    Prêtez attention aux paroles.

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Je transfère
    Dimanche 11 Août 2013 à 20:01

    Commentaires

    Tu n'as pas idée comme cette chanson me parle en ce moment!
    Commentaire n°1 posté par Magali le 02/02/2009 à 19h11
     
    Réponse de fée des agrumes le 02/02/2009 à 22h18
     
    Un travail qui semble avoir porté ses fruits, avec paradoxalement de gros problèmes visuels somatiques qui t'ont éclairée et appremment ouvert les yeux ;-)
    Commentaire n°2 posté par pandora le 02/02/2009 à 20h58
    Tu touches là exactement et précisément une des questions centrales.
    Perdre la vue et enfin ouvrir les yeux principalement sur moi,
    l'intuition que la vue reviendra quand j'aurai les idées claires. 
    La maladie ne peut être niée, elle est là... peut être qu'en d'autres circonstances, elle aurati pu dormir.. toute ma vie.
    Mystère de l'humain et de son psychisme.
    Réponse de fée des agrumes le 02/02/2009 à 22h25
    Peut-on guérir autrement que par la "souffrance" ?
    Freud ne disait-il pas que nous étions tous des névrosés?
    Je ne pense pas qu'il y ait d'en "dehors" - comme l'idéologie.
    Commentaire n°3 posté par troll des forêts le 02/02/2009 à 21h50
    Pour se libérer des travers inconscients, l'analyse permet de revivre les traumas. Inévitablement, la case souffrance est repassée mais cette fois-ci pour le sortir et s'en débarasser parce que le trauma est devenu conscient.
    Bien sûr que nous sommes tous névrosés, la névrose devient un "mal" quand elle empêche de vivre sa vie.
    Que veux- tu dire par ce dehors?
    Si c'est ce que je pense, j'en parlerai avec l'histoire de la patate chaude...
     Tu veux bien expliciter ton idée?
    A bientôt
     
    Réponse de fée des agrumes le 02/02/2009 à 22h37
    "Nul n'est coupable, nous en sommes néammoins tous complices"... Oui, bien vu...
    Commentaire n°4 posté par Coq le 03/02/2009 à 00h45
    Il parait que je réfléchis trop... tu crois?
    Réponse de fée des agrumes le 03/02/2009 à 13h00
    parfois, assez fugacement, j'approche cet état où morts / vivants tombent le masque
    je persiste ... l'adversité est terriblement révélatrice, salvatrice
    je n'ai pour adversaire que moi-même, et je me dis que ça n'en vaut pas la peine
    mais Fée des Agrumes veille!!!   ;)
    Commentaire n°5 posté par mariev le 03/02/2009 à 21h05
    Je chemine, tu chemines, nous cheminons.
    Réponse de fée des agrumes le 04/02/2009 à 11h56
    Quand on étudie l'idéologie, on tente de se place "en dehors" de l'idéologie mais peut on jamais en sortir ?- puisque tout est toujours idéologique... J'ai la même idée (impression) quand il s'agit de tout mettre à jour, de tout rendre conscient. Sort -on vraiment de l'inconscient? Ce qui devient alors conscient, est-ce un hasard? Question philosophique: qu'est-ce qui vient en premier, l'oeuf ou la poule? (ouh la la ça fume!!) LOL :)
    Commentaire n°6 posté par Troll des forêts le 03/02/2009 à 22h28
    Sortir tout est impossible, l'inconscient est tellement vaste et surprenant qu'il est impossible d'en faire le tour.
    Rien n'est jamais acquis puisqu'au détour des événements, un petit rien parfois apparemment anodin va réveiller un recoin longtemps caché.
    Ce qui rejaillit en tel ou tel instant est révélateur de ce qui se joue à cet instant et non pas un autre.
    La première leçon est bien que nous ne maîtrisons rien, que notre mental et notre conscience sont insignifiants face à l'inconscient .
    Humilité n'est pas le maître mot des sages sans raison.
    Enfin, je ne suis pas spécialisée, je ne peux parler que de mon expérience.
    Réponse de fée des agrumes le 04/02/2009 à 12h04
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