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Tuyauterie
Dans une foire bio, un stand sur l’irrigation colonique m’avait peu intéressée, je n’en voyais pas l’intérêt. A quoi ça peut bien servir ?
J’avais préféré goûter des fèves de cacao brutes
Quelques mois plus tard, une femme en parla évoquant la pollution par l’alimentation et les modes de vie modernes : l’’irrigation colonique permettrait de nettoyer en profondeur, de purifier l’organisme.
Mouais, bof.
Avec la maladie, l’idée me revint, pourquoi pas ? Et vu l’incapacité des sphincters à se relâcher, ce ne pouvait que me faire du bien. Je me lançai.
Les trois premières séances se font à un mois d’intervalle puis une par an ; je commençai en octobre 2006, espérant que tous mes efforts me seraient bénéfiques et me protègeraient.
Jeûne assez radical quelques jours avant et c’est parti.
Je rencontrai Anne- Catherine infirmière de son état qui expliqua le côlon, les appareils, la séance, les bienfaits de l’irrigation.
Nous fîmes connaissance, échangeâmes des opinions, des expériences. Elle ne connaissait pas la maladie, me parla d’un monsieur de la région si intelligent atteint d’une sclérose qui le paralysait complètement ne perdant ni sa capacité à publier des écrits scientifiques, ni son sens de l’humour féroce. J’appréciais le moment, entre musique douce, attentions multiples, massages et détentes. Je fus également libérée, soulagée pour quelques jours.
La deuxième séance fut plus difficile, je devais être portée, ne pouvant plus faire mes transferts. Je retrouvai Anne-Catherine avec plaisir, bichonnée pendant presque une heure. Elle était très étonnée de la vitesse de ma dégradation physique ; ce n’était pas une sclérose en plaques, c’était trop violent... Incapable de contrôler mon corps, nous nous retrouvâmes dans une situation pénible, j’en étais tellement désolée parfaitement lucide quant à ma non- responsabilité. Elle fut tellement désolée de n’avoir pas su anticiper la situation. Elle avait tellement envie de prendre soin de moi, je n’étais pas sur son secteur et elle s’en dépitait. Je lui louai les mérites de sœur Thérèse pour la rassurer.
A la troisième séance, SeN ne voulait pas m’emmener, j’étais en trop mauvais état. J’ai insisté, je me sentais si bien après, il a cédé.
Je ne m’étends pas sur la pénibilité du déplacement, elle est facilement imaginable pour qui a lu mes derniers articles (nous étions en décembre 2006)
Anne- Catherine était bouleversée de me voir si mal et elle fut d’une générosité extrême, je fus très touchée, nous étions comme de vieilles amies. En ces temps si pénibles, avec l’incertitude de ma survie, je me nourrissais de ce genre de rencontre, j’y trouvais l’essentiel de ce dont j’avais besoin pour tenir, encore et encore, du confort pour quelques jours, du réconfort à durée illimitée.
Les mois de 2007 passèrent avec leurs lots d’événements et je ne pus y retourner avant 2008. Mon premier coup de fil trouva un répondeur, je me présentai très classiquement entre nom, prénom et domicile, il y a tant de personnes à gérer, elle ne se souvient pas de moi, pourquoi plus que d’une autre.
Dans les jours suivants, elle rappela ; la voix emplie d’émotion. Elle me tutoyait comme si nous nous étions toujours connues, elle demanda de mes nouvelles, de celles de SeN et de fiston, elle souffla de soulagement à l’écoute de mes expériences et se déversa de toute l’inquiétude eue pour moi pendant des mois : « Qu’est- ce qu’elle devient ? Comment va-t-elle ? Vit- elle encore ? Dans quel état ? La reverrai- je un jour ? Comment la retrouver ? Prendre des nouvelles. et quelles nouvelles ? ». Je sentais qu’elle était sincère et l’idée de me revoir l’enchantait. Quand j’arrivai, elle me sauta dans les bras, littéralement et m’embrassa de tout son cœur, les yeux pleins de larmes. Il n’est pas nécessaire de parler dans ces circonstances et je la serrai simplement dans mes bras, heureuse de son amitié, heureuse d’être là, de la voir, la sentir et de lui parler.
SeN s’éclipsa et nous eûmes tout le loisir de converser. Je lui racontai mes péripéties, mes questionnements, mes doutes, mes douloureux constats, l’état de ma conscience ; elle me confia sa vie, ses interrogations, sa quête de sérénité, ses joies, ses peines. C’était une véritable communion d’âmes.
Evidement, je fus choyée, évidement la séance fit le plus grand bien à mon pauvre corps malmené, engorgé de médicaments et substances puissantes. Soulagement, bien- être dans l’instant, dans la durée, la dignité partagée surtout.
Que penser de l’irrigation côlonique ?
L’élimination est un besoin fondamental, je l’ai désormais amplement compris. Nettoyage en profondeur pour se débarrasser des toxines ? Préparation et réparation aux traitements ? Peut être…
Il y a quelques mois, dans une Histoire des excréments sur Arte (et oui, je fais partie des 7% de Français qui regardent Arte !), un psychiatre expliquait que le côlon propre était un fantasme, qu’un côlon n’avait pas à être propre, cette idée révélait autre chose. Ce n’est pas ce que je recherchais non plus. Je reste donc dans le doute, le flou total et ignore ce que ces séances m’apportent sur le plan médical. Par contre, je sais que j’ai rencontré une femme formidable, généreuse, attentionnée, sincère qui m’a offert ce qu’elle avait de meilleur. J’y ai gagné un soulagement tant physique que psychique, l’un n’allant pas sans l’autre.
Tags : moi, seance, fut, bien, d’un
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Commentaires
J'avoue que je ne tenterais pas la décontamination colonique, et pour le nettoyage cérébral il n'y a pas grand chose chez les lointains descendants d'Hypocrate. Tant pis pour moi.
Grosse bise !
Fabien
Merci de me prévenir je m'embrouille un peu parfois ;-) bennes les !
Ah, je suis chez Daniel ? Bonjour Daniel.
Mais bon, la référence principale, c'est quand même toi.
;-)
Je suis bien chez Fée des agrumes ?
C'est génial quand on se trompe, on devrait se tromper plus souvent.A Mariev:
A Chris spé:
Ne sois pas si modeste. Nul ne mesure l'impact qu'il a sur l'autre.
A Fabien:
1. Pas trop épineux , sinon on ne peut plus s'asseoir ! Parmi les descendants d'Hippocrate, tu peux tjs essayer Freud et sa clique :
Et t'as vu mes références ? heim? Fortiche la fée !
Bonne journée2. une erreur?
3. Non mais tu fais exprès là?
4. Carole la luciole ?
5. Tu ne crois pas si bien dire
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j'étais fan de Arte, surtout à ses débuts
Salut à toi, Fée :)